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Guerres & impérialisme Tchétchénie: Le sang coule encore

Discussion dans 'Webzine - actualité des luttes et partage d'articles de presse' créé par Ungovernable, 17 Juillet 2009.

  1. Moins de trois ans après l'assassinat d'Anna Politkovskaïa, une autre figure de la lutte pour les droits de l'Homme en Tchétchénie a été assassinée. Enlevée mercredi à Grozny, la capitale de la province russe, Natalia Estemirova, qui travaillait pour l'ONG Memorial, a été retrouvée sans vie en Ingouchie. Le pouvoir tchétchène de Ramzan Kadirov est mis en cause.

    En 2007, elle avait été la lauréate du premier prix "Anna Politkovskaïa". Deux ans plus tard, Natalia Estemirova a subi le même sort que la journaliste moscovite, assassinée devant chez elle en octobre 2006 et qui payait là le prix de son combat pour une information libre et indépendante du conflit tchétchène. Enlevée mercredi matin à Grozny, la capitale de la province caucasienne, l'informatrice et interprète russe, âgée d'une cinquantaine d'années, a été retrouvée morte quelques heures plus tard dans la république voisine d'Ingouchie. Les deux femmes avaient d'ailleurs enquêté ensemble au sujet des violations des droits de l'Homme dans la région. Et comme pour l'élimination d'Anna Poiltkovskaïa, l'ombre du pouvoir pro-russe de Tchétchénie plane sur la mort Natalia Estemirova.

    L'ONG Memorial, pour laquelle travaillait la victime, nominée au prix Sakharov en 2004, a même accusé le président tchétchène Ramzan Kadirov d'être directement à l'origine de ce crime. "Ramzan avait déjà menacé et insulté Natalia, qu'il considérait comme une ennemie personnelle", a fait savoir mercredi soir le président de l'organisation Oleg Orlov dans un communiqué. Peu de temps avant de mourir, Anna Politkovskaïa avait elle livré un portrait sans concession du trouble leader tchétchène, considéré, et son père avant lui, comme l'exécuteur des basses oeuvres du régime poutinien dans la province rebelle. La journaliste de Novaïa Gazeta voyait en lui "l'insolence rustre et la cruauté masqués par du courage et de l'amabilité", ajoutant que "les Kadirov frappent les hommes et les femmes à partir du moment où ils pensent que c'est nécessaire", au nom de leur fidélité à Moscou.

    Moscou sous pression

    Autant d'accusations qui tranchent aujourd'hui avec les déclarations du principal mis en cause. Dans la journée de mercredi, le trouble leader tchétchène avait en effet condamné avec fermeté le meurtre "monstrueux" de Natalia Estemirova, indiquant que ses bourreaux devaient subir "un châtiment digne des criminels les plus cruels". Dans la foulée, le président russe Dmitri Medvedev, qui avait récemment envoyé un signal fort en accordant une interview à Novaïa Gazeta, symbole de la presse d'opposition dans son pays, s'est dit "indigné" par cet assassinat. Le maître du Kremlin a ordonné qu'une enquête soit ouverte sur ce meurtre.

    A l'étranger, la mort de Natalia Estemirova a soulevé une vague d'indignation. Les Etats-Unis ont fait état de leur "trouble profond" et de leur "tristesse", invitant les autorités russes à "livrer les responsables de ce crime révoltant à la justice et à démontrer que l'anarchie et l'impunité ne seront pas tolérées". Le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, dont le pays assure actuellement la présidence tournante de l'Union européenne a, au nom des 27, condamné "cet acte odieux", mettant là encore la pression sur Moscou afin que toute la lumière soit faite sur ce drame.

    Les organisations de défense des droits de l'Homme se sont elles montrés plus incisives contre le pouvoir russe. "Le meurtre d'Estemirova est une conséquence de l'impunité entretenue par les autorités russes et tchétchènes", a attaqué Amnesty International, rejointe dans cette analyse par Human Right Watch (HRW). "L'assassinat d'une militante des droits de l'homme enlevée en plein Grozny, alors que la sécurité est 'censée' être réinstaurée en Tchétchénie révèle qu'en dépit des déclarations optimistes, la question du Caucase n'est pas réglée", a pour sa part déploré Reporters sans frontières (RSF) dans un communiqué. Ajoutant que Natalia Estemirova avait récemment collaboré avec elle, RSF a révélé que "son témoignage a renforcé notre conviction que le Caucase est au bord du chaos et que les défenseurs des droits de l'Homme comme elle se substituaient avec courage à une presse indépendante en voie de disparition." Et privée aujourd'hui de l'un de ses plus précieux relais dans le Nord-Caucase.

    Jeudi 16 Juillet 2009
    Tchétchénie: Le sang coule encore
    Par Nicolas MOSCOVICI
    leJDD.fr
     
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