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Luttes vertes L’Europe prend-elle le chemin de la sortie du nucléaire ?

Discussion dans 'Webzine - actualité des luttes et partage d'articles de presse' créé par Ungovernable, 1 Juin 2011.

  1. C’est décidé : l’Allemagne sortira du nucléaire d’ici 2022. Et elle n’est pas la seule : la Suisse va faire de même. Quant à la Belgique et à l’Espagne, l’abandon de l’atome y est sérieusement débattu. Doit-on donc s’attendre à la fin du nucléaire civil en Europe, au profit d’autres sources d’énergie ? Pas sûr…
    « Après de longues consultations, la coalition s'est mise d'accord pour mettre un terme au recours à l'énergie nucléaire » (Norbert Röttgen, ministre allemand de l'Environnement)

    En Europe, le nucléaire est partout : la France possède 58 réacteurs, la Fédération de Russie, 32, le Royaume-Uni, 19, l’Allemagne, 17, l’Ukraine, 15, la Suède, 10, l’Espagne, 8, la Belgique, 7, la République Tchèque, 6, la Suisse, 5, la Finlande, 4, tout comme la Hongrie et la Slovaquie. La Bulgarie et la Roumanie en détiennent 2, et les Pays-Bas et la Slovénie, 1 (L’Union européenne produit 30 % de son électricité de cette façon). Sans compter les six réacteurs en construction (2 en Bulgarie, 2 en Slovaquie, 1 en France et 1 en Finlande), et les 24 en projet.

    Le Vieux continent semble ainsi totalement dépendant de l’atome. Pour autant, deux pays européens particulièrement inquiets depuis la catastrophe de Fukushima viennent de planifier une sortie progressive du nucléaire : la Suisse, qui fermera sa dernière centrale en 2034 (40 % de son électricité est d’origine atomique), et l’Allemagne, qui a annoncé 2022 (22 %). Ces choix peuvent-ils faire école ?

    Peut-être pour certains Etats : la Belgique, par exemple, mène actuellement d’âpres débats sur une sortie programmée en 2025. En Espagne, on parle de fermer systématiquement toute centrale en fin de vie. En Italie, le gouvernement Berlusconi a été obligé de repousser ses plans pour un retour à l’atome, abandonné après un moratoire en 1986 (année de la catastrophe de Tchernobyl). La Pologne se pose aussi la question. Et en France ?

    « Ce n’est pas le choix de la France »

    Pour Martine Aubry, première secrétaire du PS, « la méthode [allemande] est à suivre. Mme Merkel a pris le problème à bras-le-corps. Elle n’a pas pris une position comme si Fukushima n’existait pas ». Même son de cloche pour Cécile Duflot, secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts, pour qui « penser la société post-nucléaire est un choix politique, pas une raison technique ». Et l’eurodéputée EELV Eva Joly de souligner que la position de la France, pays le plus nucléarisé au monde, « n’est plus tenable ».

    Mais le gouvernement, lui, ne l’entend pas de cette oreille : « Le débat sur l'énergie est naturel et légitime et nous devons nous écouter les uns les autres pour ne pas mettre en cause de manière artificielle un consensus qui a fait la force de notre pays », a déclaré le Premier ministre François Fillon. Comprenez que l’industrie nucléaire française est intouchable, comme l’a rappelé le ministre de l’Energie Eric Besson : « Notre filière nucléaire est un atout industriel majeur pour la France », qui ne serait « pas isolée ». Sur ce dernier point, il n’a pas vraiment tort…

    Le nucléaire a encore de beaux jours devant lui

    La France n’est en effet pas la seule à refuser de renoncer à l’atome. La Suède, notamment, veut se doter de nouvelles centrales pour rénover son parc. Andreas Carlgren, le ministre suédois de l’Environnement, a d’ailleurs vivement critiqué la position de Berlin, affirmant qu’« il y a un risque que l’Allemagne ne parvienne pas à mettre fin aussi rapidement à sa dépendance aux énergies fossiles, notamment l’énergie produite à partir du charbon ». La Grande-Bretagne, la République Tchèque, la Bulgarie, la Slovaquie et la Slovénie ont en outre affirmé leur fidélité à l’atome.

    Et dans le monde ? Le Japon, malgré le drame de Fukushima, n’a aucune intention de sortir du nucléaire. Idem pour les Etats-Unis. Quant à la Chine, elle concrétise en ce moment même quelque 26 nouveaux projets de centrales, et 8 devraient bientôt suivre… Eric Besson a définitivement raison : « Notre monde ne pourra pas se passer du nucléaire au XXIème siècle »…
     
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