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La "menace d'ultra gauche"

Discussion dans 'Politique et débats de société' créé par ninaa, 12 Novembre 2017.

  1. ninaa
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  2. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
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  3. pschrsrgnc
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    Stigmatisations et incompréhensions faciles !
    Un mélange d'idées qui engendrerait des 'affiliations' supposées à tout et n'importe quoi.
    Parmi ce 'méli -mélo des inexactitudes émergent,de ces superpositions amalgamées correspondrait un ensemble, dans ce monde'hétéroclite et phobique' ,la philosophie du cynisme tente ainsi de digérer 'sa démocratie' dans un amalgame conçu !
    (Désigner l'opposition relève de la politique. Sans, elle ne peut exister C'est un puit d'idées!) La formulation du discours 'a intégrer' est disparate et confuse, ambiguë,reléguant 'les stigmates sociétaux' à un autre ordre !Eux qui n'ont aucune vocation à disparaître car :concrets & subit.
    C'est sur une base contestataire qu'est née l'envie de changement !.De ce Charivari, cahin-caha,les ornières laissées ne peuvent être arasée conceptuellement, ses diverses manifestations appartiennent à l'histoire a des moments précis dans un contexte 'difficile'.Notre perception événementielle devient subversive,tronquée par les phobies des un.e.s,l'ignorance ,d'autres calomnient, une communication orientée pour dénigrer, omettant qu'on est tous spectateur, trice.s de ce qui nous environne; un monde multiculturel et ses sujets débattus, initiés.Parmi,est désigné, diffamé, contraint,un flux informatif souhaité, conceptualisé, formel.
    l'intolérance, l'incompréhension, les non- acceptations des différences permettraient une fin de non recevoir.
     
  4. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  5. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    « Menace d'ultra-gauche » : histoire d'une intoxication médiatique et politique
    [​IMG] [​IMG] [​IMG] publié le samedi 4 novembre 2017 à 20:28 | Nantes Revoltée | Share
    Macron a évoqué récemment, dans un discours très officiel une terrifiante "mouvance organisée, structurée et engagée dans une démarche insurrectionnelle". Pas un jour ne passe sans qu'un reportage anxiogène sur « la menace d'ultra-gauche » ou un article à charge sur les mouvements sociaux ne soit diffusé. Ces dernières années, pourtant, nous avons surtout assisté à un durcissement considérable des répressions. Des dizaines de mutilations, voire de morts, causés par les armes de la police. Des assignations à résidence d’écologistes. Des procès de militants accusés sans preuve de « tentatives d'homicide » voir de « terrorisme ». Finalement, en agitant le spectre d'une « menace d'ultra-gauche », le gouvernement justifie et légitime à postériori les attaques qu'il porte à celles et ceux qui lui résistent. Pas l'inverse.

    [​IMG]

    Venons en aux faits. Pour justifier la fuite en avant sécuritaire actuelle, les médias nous répètent à longueur de journée qu'il y aurait une « montée de la radicalité » de la contestation, une « augmentation des violences en manifestation » voire même « une intention de tuer » de la part des manifestants. Bigre. Un tableau effrayant. Mais, même s'ils sont répétés mille fois, ces mensonges ne constitueront jamais des vérités.
    Alors, augmentation de la violence ou pas ? Rapide retour historique sur quelques épisodes de luttes en France contemporaine.

    - A la fin du 19ème siècle des mouvements insurrectionnels émergent partout en France alors que les premiers syndicats, fondés par les anarchistes, prônent l'abolition du capitalisme. Dans la première décennie du 20ème siècle, des affrontements très durs ont lieu un peu partout, notamment à Paris, Limoge, Lille ou Nantes, avec des barricades, échanges de coups de feu et incendies de maisons patronales. Quelques années plus tôt, une partie du mouvement anarchiste s'illustrait par des actions particulièrement déterminées, avec des attaques armées contre le Parlement, la police et les patrons. Les émeutes et les attentats font alors la une de l'actualité de l'époque.

    - Dans l'entre-deux guerres, le mouvement social se restructure, galvanisé par la Révolution russe. La solidarité internationale est forte. En 1925 par exemple, deux anarchistes américains, Sacco et Vanzetti, sont condamnés à mort. Des manifestations de soutien réunissent des dizaines de milliers de personnes en France. Des émeutes éclatent dans plusieurs villes, dont Nantes, où la préfecture reçoit des tirs d'armes à feu. En 1936, un mouvement de grève puissant arrache de nouveaux droits en France, alors que des groupes de militants de toute l'Europe partent en Espagne lutter les armes aux poings contre le fascisme.

    - Après guerre. Dès la Libération, des conflits sociaux extrêmement déterminés éclatent pour réclamer de meilleures conditions pour les travailleurs. En 1947, des grèves insurrectionnelles partent de Paris et du Nord de la France pour s'étendre à tout le pays. Entre autres exemples, un avocat est défenestré du tribunal de Marseille par les grévistes qui réclament la libération de manifestants arrêtés. A Saint-Étienne, 30 000 mineurs affrontent les CRS – qui viennent d'être créés par le gouvernement – et les mettent en déroute. Ils vont jusqu'à capturer certaines compagnies et voler leurs armes ! Dans le Nord, les grévistes font dérailler un train et sabotent des machines, l'armée est envoyée. En 1955, d'autres grèves insurrectionnelles éclatent à Nantes et Saint-Nazaire, avec des affrontements particulièrement violents entre ouvriers métallos et CRS, et l'attaque de la prison et du tribunal de Nantes.

    - Est-il utile de revenir sur Mai 68 ? Des millions de grévistes, une pénurie d'essence et de matières premières, des centaines de barricades, des véhicules incendiés, des milliers de policiers blessés. A Nantes, la préfecture est prise d'assaut, à Lyon, un policier trouve la mort. Partout, des usines et des bâtiments publics sont occupés. Une secousse sociale considérable.

    - Dans les années 1970 et 1980, les luttes anti-nucléaires s'illustrent par leur détermination particulièrement élevée. Des chantiers de centrales nucléaires sont attaqués à l'explosif. En Bretagne, le projet de centrale de Plogoff est abandonné après des années d'affrontements quasi-militaires. Des équipements d'EDF sont sabotés ou incendiés dans toute la France. Une péniche accueillant une exposition pro-nucléaire est coulée à Toulouse par une charge explosive. Des manifestations réunissant des dizaines de milliers de personnes se transforment en émeutes géantes.

    - A la même époque, plusieurs manifestations marquent les esprits. Par exemple l'attaque d'un meeting d'extrême droite à coups de cocktails molotov par une manifestation antifasciste – en 1973 – et une manifestation nationale de sidérurgistes lorrains à Paris marquée par des affrontements très durs et même des braquages, en 1979 !

    - Dans les années 1990, la conflictualité de faiblit pas. En 1994, un mouvement spontané part de la jeunesse. Blocus lycéens et manifestations sauvages. Des émeutes éclatent dans plusieurs métropoles, notamment Lyon, Paris et Nantes, où une armurerie est pillée et des barricades allumées sur le cours des 50 Otages. Les syndicats soutiennent les lycéens inculpés jusque devant les tribunaux. L'année suivante, les grèves de 1995 réunissent des millions de personnes. La gare routière de Nantes est incendiée. A chaque fois, le gouvernement doit reculer et retirer ses projets de lois sous la pression de la rue !

    Ces quelques exemples ne sont qu'un court aperçu - très incomplet - de la constellation d'agitations diverses de ces dernières décennies. Comme vous pourrez le constater, en réalité, le mouvement social n'a jamais été aussi faible que ces dernières années. Les médias, qui décrivent une « montée de la violence » mentent sciemment, et fabriquent un discours parfaitement inverse à la réalité. A la lumière du passé récent, faire croire qu'une poignée d'affrontements ritualisés pendant la Loi Travail et quelques voitures brûlées représenteraient une « nouvelle menace d'ultra-gauche » est une vaste blague.

    Ce qui est une réalité de l'époque actuelle, en revanche, c'est la remilitarisation du maintien de l'ordre. Avec ses nouvelles armes, la police tire à nouveau dans la foule. L'état d'urgence permet à présent aux forces de l'ordre de garder leurs armes à feu en permanence, des manifestants sont très gravement mutilés voire tués, des peines de prison exorbitantes sont distribuées.

    Ce qui est tout aussi réel, ce sont les attaques sans précédent du gouvernement Macron, avec une gouvernance ultra-libérale et violente qui ponctionne directement l'argent public pour le redistribuer aux riches, et qui met méthodiquement à sac l'intégralité des conquêtes sociales.

    Ce qui est réel enfin, c'est la destruction généralisée de la nature et la catastrophe qui arrive, avec l’extinction des espèces, l'empoisonnement des mers et le bétonnage des terres.

    Mais évidemment, le vrai danger semble venir de « l'ultra-gauche ».

    « A une époque de supercherie universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire ». Georges Orwell
     
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  6. Marc poïk
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    Marc poïk Sous l'arbre en feuille la vie est plus jolie Membre actif

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    Politique de la communication. On vit une époque comparable à celle des années trente et la réaction de nos politiques est la même. Pétainisme, fascisme et pourquoi pas après nazisme.
     
  7. pschrsrgnc
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    Ce qui m'énerve, c'est que beaucoup ont 'surfé' sur la vague de la contestation. Ça a été un 'puit' d'idées. permettant un essor,que certains politiques se sont appropriés pour se faire élire où tenter de.
    Maintenant, c'est la stigmatisation.
    On reproche à ceux,celles qui ont dit tout haut, ce que beaucoup pensent tout bas!
    Maintenant dégagé.e.s, çà crache dans la soupe ! :lighting:.
     
  8. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  9. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Ce récapulatif démontre que cette politique de communication et la réaction des politiques remonte à bien plus loin que la deuxième guerre mondiale.

    Il y a de quoi être révoltés par ces procédés mais dans le cas présent jusqu'à preuve du contraire ça n'a rien d'une spécificité fasciste et nazi. Il me semble tout à fait logique que n'importe quel pouvoir, même dans un cadre "démocratique", réagisse même aux premiers signes de contestation radicale. Logique aussi que ce même pouvoir diabolise les contestataires (par exemple en prétendant qu'ils s'en prennent aux familles des flics...).

    En fait ce qui surprend le plus c'est que les médias s'en prennent à un "ennemi intérieur" "d'ultra-gauche" alors que les musulmans et les "jeunes des cités" font tellement bien l'affaire d'habitude?

    L'ennemi intérieur
     
  10. Marc poïk
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    Marc poïk Sous l'arbre en feuille la vie est plus jolie Membre actif

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    Oui sauf que le fascisme est une forme du capitalisme à son extrême exprimée par la droite.
    "
    [​IMG]

    D. Guérin, Fascisme et grand capital, Paris, Libertalia, 2014 (1936), 608 p


    Si le fascisme n’est pas progressif politiquement, il ne l’est pas davantage, contrairement à ce que pensent certains, économiquement. Dégagé de toutes les apparences, de toutes les contradictions qui en obscurcissent le vrai visage, de tous les aspects secondaires qui en dissimulent à tant de gens les aspects essentiels, compte tenu enfin des particularités de chaque pays, le fascisme consiste en l’instauration d’un État fort destiné à prolonger artificiellement le régime économique basé sur la propriété privée des moyens de production et sur le profit. Suivant la formule imagée de Radek, la dictature fasciste, « ce sont des cercles de fer avec lesquels la bourgeoisie essaie de consolider le tonneau défoncé du capitalisme »1.

    Ici il n’est pas inutile de répéter cette précision : le « tonneau » n’a pas été défoncé, contrairement à ce qu’on croit souvent, par l’action révolutionnaire de la classe ouvrière ; le fascisme n’est pas la « réponse de la bourgeoisie à une attaque du prolétariat », mais bien plutôt « l’expression de la décadence de l’économie capitaliste »2. Le tonneau s’est défoncé luimême.

    Le fascisme est un réflexe de défense de la bourgeoisie, sans doute, mais de défense contre la désagrégation de son propre régime beaucoup plus que contre une attaque prolétarienne, à peu près inexistante. La classe ouvrière, en effet, à l’heure de la décomposition de l’économie capitaliste, n’a pas su, paralysée par ses organisations et par ses chefs, conquérir le pouvoir, afin de substituer le socialisme à un régime économique dont ses défenseurs mêmes admettent qu’il a du plomb dans l’aile.

    Sur la nature de cette crise, le fascisme, en effet, ne se fait aucune illusion. « La crise, avoue Mussolini, a pénétré si profondément dans le système qu’elle est devenue une crise de système. Ce n’est plus un trauma, c’est une maladie constitutionnelle »3. Bien qu’il promette démagogiquement la résorption du chômage, la reprise des affaires, le fascisme est, en fait, moins ambitieux. Il s’efforce seulement d’enrayer, par des moyens artificiels, la chute des profits d’un capitalisme privé devenu parasitaire ; il n’a pas, malgré sa verbeuse démagogie, de grands desseins ; il vit à la petite semaine ; il ne vise qu’à renflouer – grâce aux réductions de salaires, aux commandes et aux subventions de l’État, à la mainmise de l’État sur la petite épargne et à l’autarcie – une poignée de magnats monopolisateurs, de grands propriétaires fonciers. Et pour prolonger le règne de cette oligarchie, au prix d’une limitation de la libre entreprise, il accélère la ruine de toutes les couches de la population : salariés, consommateurs, épargnants, paysanstravailleurs, artisans et jusqu’aux industriels produisant des biens de consommation.

    Les gens naïfs qui, hors d’Italie et d’Allemagne, sont tombés dans le piège de la démagogie fasciste et nous ont présenté le fascisme ou le nationalsocialisme comme une sorte de « révolution anticapitaliste », auraient dû méditer la lettre suivante d’un ouvrier, publiée, si extraordinaire que cela puisse paraître, par le Völkischer Beobachter, quotidien du parti nazi : « Personne au courant des questions économiques ne croira que le système capitaliste a disparu. Il est vrai que les méthodes de financement public ont pris un caractère différent – un caractère de coercition. Mais le capital, ou tout au moins ce que l’on comprend généralement par ce mot, n’a jamais été aussi puissant et privilégié qu’à présent […]. L’économie accumule d’énormes profits et réserves ; les travailleurs sont invités à attendre […]. Les gros font des bénéfices, les petits reçoivent des traites sur l’avenir. Si ce n’est pas là du capitalisme dans le sens exact du terme, je voudrais bien savoir ce que capitalisme signifie. Un groupe réalise d’énormes profits aux dépens du reste de la population. C’est ce qu’on est accoutumé d’appeler exploitation capitaliste »4. Un autre correspondant écrit au même journal :

    « Ce n’est pas du nationalsocialisme ; c’est tout simplement du capitalisme. » Et l’organe officiel du parti nazi répond cyniquement que, si le gouvernement s’était avisé de répartir entre les travailleurs les deux milliards et quelques de profits accrus du grand capital, il se serait mis « en opposition flagrante avec l’Économie » [c’est-à-dire le grand capital]5.

    Économiquement, le fascisme n’a donc rien de « progressif ». Il ne « dépasse » pas le capitalisme ; il est, au contraire, une forme de ce que Lénine appelait le capitalisme dépérissant6. Cette période de décomposition du système capitaliste, qui « traîne en longueur »7, le fascisme la fait durer par tous les moyens ; il entretient l’abcès au lieu de l’ouvrir d’un coup de bistouri. Loin de conduire au socialisme, c’estàdire à la collectivisation des moyens de production et à l’autogestion, il consacre tous ses efforts et toutes ses ressources à contrecarrer le mouvement qui, à la faveur de la crise, tend à faire passer toute l’économie privée entre les mains de l’État. Il pousse à son plus haut degré le conflit entre le caractère social de la production et la propriété privée des moyens de production : alors qu’il lui serait possible de socialiser sans coup férir des secteurs entiers de l’économie, il respecte et renfloue, le plus qu’il peut, le capitalisme privé. Il ne conduit pas, même par une voie détournée, au socialisme. Il est l’obstacle suprême au socialisme.


    Par ailleurs, le fascisme ne fait, sur le plan international, qu’aggraver la tendance de l’ensemble du système capitaliste au repliement national, à l’autarcie. En arrachant l’économie à la division internationale du travail, en adaptant les forces productives « au lit de Procuste de l’État national », il introduit « le chaos dans les relations mondiales ». Il crée pour le travail futur de planification socialiste « de colossales difficultés supplémentaires »8.

    En même temps, le fascisme porte à leur plus haut degré de tension les contradictions résultant de l’inégal développement du système capitaliste et hâte ainsi l’heure d’un nouveau partage du monde par la force des armes, l’heure de cette « chute dans la barbarie » que Rosa Luxemburg prévoyait pour le cas où le prolétariat tarderait à remplir son devoir de classe et à édifier le socialisme9.

    Toutefois, il n’est pas exact de dire que le fascisme, c’est la guerre. Le bolchevik Bela Kun dénonçait, il n’y a pas si longtemps, ce mensonge intéressé : « Le mot d’ordre que le fascisme, qui est une des formes politiques de la domination bourgeoise, est la guerre, n’a pas d’autre but que de dégager une fois pour toutes de toute responsabilité un des groupes de puissances impérialistes qui masquent leurs préparatifs de guerre sous des apparences démocratiques et des phrases pacifistes. Le vieux mot d’ordre de l’antimilitarisme marxiste, celui de la lutte révolutionnaire contre la guerre impérialiste, était conçu autrement : Le capitalisme, c’est la guerre »10.



    Une dernière illusion serait à dissiper, si le triomphe du nationalsocialisme en Allemagne ne lui avait porté le coup degrâce : l’illusion que le fascisme serait un phénomène local, un phénomène « spécifiquement italien » ou « particulier aux pays retardataires à prédominance agricole », contre lequel les grandes nations industrielles, les « grandes démocraties occidentales » se trouveraient prémunies.

    Le temps n’est plus où l’Italien Don Sturzo pouvait écrire « qu’en Angleterre, en France, en Allemagne, existe une classe politique résistante et à la hauteur de la tâche » et qu’on n’assisterait « sans doute jamais à une marche sur Londres, sur Paris ou sur Berlin »11, et où Nitti affirmait sérieusement : « Toute entreprise fasciste, dans les pays qui ont atteint un degré élevé de civilisation économique, ne pourrait être qu’une vaine expérience […]. En Allemagne, les partis démocratiques et la république se sont solidement affermis »12.

    Le temps n’est plus où les sociauxdémocrates allemands pouvaient écrire : « Le fascisme, dans sa forme italienne, correspond aux circonstances italiennes. La force organisatrice et la plus haute éducation politique de la classe ouvrière allemande, ainsi que la faiblesse relative des masses non prolétariennes en Allemagne, par comparaison avec l’Italie, rendent impossible chez nous un écrasement aussi brutal de la démocratie »13. Et le bolchevik Martynov : « Le fascisme de type pur sera notre principal ennemi seulement dans les pays arriérés et à moitié agricoles »14.

    En Italie comme en Allemagne, le fascisme a été bien plutôt le produit spécifique du capitalisme le plus évolué, de l’industrie lourde monopolisatrice. Cependant, dans ces deux pays, certaines causes particulières en ont hâté le développement ; en particulier le fait que l’Italie et l’Allemagne se sont trouvées, au lendemain de la guerre, dans la position de nations « prolétaires » en face des nations nanties. Il en est résulté : d’une part, qu’elles ont dû se débattre dans des difficultés économiques aiguës bien avant les puissances industrielles plus favorisées ; d’autre part, que, dans ces pays, il a été particulièrement aisé de greffer l’idée nationale sur l’idée sociale et de fanatiser ainsi les masses populaires.

    Il n’est pas absolument exclu que les mêmes causes profondes qui ont poussé les magnats italiens et allemands à financer les bandes fascistes, puis à porter au pouvoir le fascisme, reproduisent ailleurs les mêmes effets. Çà et là dans le monde, les trusts confient à l’État renforcé – sinon à l’« État fort »– le soin de restaurer leurs profits. On assiste à l’effritement progressif des institutions « démocratiques », à la prolifération d’un fascisme larvé.

    Quant à une dictature fasciste ouverte, la bourgeoisie, instruite par les précédents de l’Italie et de l’Allemagne, hésite à y recourir. Mais peuton affirmer qu’elle y ait définitivement renoncé ?


    De toute façon, la leçon des drames italien et allemand est que le fascisme n’a aucun caractère de fatalité. Le socialisme eût pu et dû l’exorciser s’il s’était arraché à son état de paralysie et d’impuissance ; s’il avait gagné de vitesse son adversaire ; s’il avait conquis, ou pour le moins neutralisé, avant lui, les classes moyennes paupérisées ; s’il s’était emparé, avant le fascisme, du pouvoir – non pour prolonger tant bien que mal le système capitaliste (comme l’ont fait trop de gouvernements portés au pouvoir par la classe ouvrière), mais pour mettre hors d’état de nuire les bailleurs de fonds du fascisme (magnats de l’industrie lourde et grands propriétaires fonciers) : en un mot, s’il avait procédé à la socialisation des industriesclés et à la confiscation des grands domaines. En conclusion, l’antifascisme est illusoire et fragile, qui se borne à la défensive et ne vise pas à abattre le capitalisme luimême.

    Mais telle n’est pas l’optique des « fronts populaires ». Leurs bonimenteurs se cramponnent à la planche pourrie de la démocratie bourgeoise et font risette aux groupes capitalistes les « moins réactionnaires », pour se préserver des « plus réactionnaires ». Ils attendent leur salut d’un Giolitti ou d’un Brüning qui, finalement, les livrera, pieds et poings liés, à un Mussolini ou à un Hitler. S’ils ont le goût du suicide, c’est leur affaire.

    Entre fascisme et socialisme, les autres, ceux qui veulent vivre, ont fait leur choix.
     
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  11. Anarchie 13
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  12. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Ouais, c'est assez intéressant. Après c'est vrai que Macron a pas fait sa campagne sur le sécuritarisme et le racisme mais sur le libéralisme. D'un côté c'est aussi compréhensible. Mais du coup ça veut dire qu'il va falloir faire gaffe ces prochains temps je pense.
     
  13. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  14. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    On s'était déjà posé la question lors de l'affaire Tarnac (en 2009): quel intérêt pour le pouvoir d'aller inventer un nouvel "ennemi intérieur", un nouveau bouc émissaire, nettement moins efficace que le "péril musulman" et les barbares des cités?
    D'ailleurs à l'époque malgré les efforts du gouvernement pour les diaboliser les "anarcho-autonomes" avaient nettement moins fait le buzz que le moindre fait divers impliquant un basané...

    En même temps on ne peut pas exclure que le pouvoir préfère tuer toute vélléité de révolte dans l'oeuf. Ce qui peut être valable autant pour les émeutes dans les cités que pour les "menaces d'ultra-gauche" ou "anarcho-autonomes".

    Archives du Jura libertaire (extraits de l'article ci dessous):


    Échos de la Taïga no 5, 30 juin 2009
    Bulletin d’information du comité de soutien aux inculpés de Tarnac.

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    Publié dans Sabotons l'antiterrorisme
     
  15. Marc poïk
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    Marc poïk Sous l'arbre en feuille la vie est plus jolie Membre actif

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    Oui tout à fait. Je ne le voit que du petit pays ou je réside mais la France fait pareil je pense. Sous prétexte de sécurité on se voit espionné, fiché, répertorié, ce qui était déjà le cas mais là ils passent à une vitesse nettement supérieur. Ils n’attaquent pas de front mais ils sont bien là. On doit faire deux fois plus attention à ce que on écrit ou dit ou fait. La maîtrise du langage est importante dans ces conditions. Si ils perçoivent que on devient une réel menace ils nous écraseront comme des crêpes.
    On vit dans un climat très nauséabond. Même des élus se retrouvent avec des plaintes car ils dénoncent la montée du fascisme comme cet article d’aujourd’hui en Belgique ou
    Des plaintes en diffamation contre Verhofstadt suite à la marche des "fascistes" en Pologne. Je déteste cet élus mais sur ce coup il a raison. Alors imaginez nous anars quand on en arrive à ce point là. En France vous avez peut être moins le sentiment de cette montée du totalitarisme en politique car vous avez un gouvernement qui se dit centriste contrairement à nous ou on subit carrément la propagande digne du fascisme moderne. Mais si on compare Macron et sa politique il n'y a pas grande différence avec nos fachos du nord mis à part que Macron ne revendique pas l'indépendance de la France , il l'a déjà.
    M. Rigouste à raison car depuis l'Algérie la France mais aussi presque tous les états se sont doté d'un outil répressif a faire pâlir n'importe quel totalitaire. Ce n'est pas pour rien que les dictatures d’Amérique du sud l'ont employés.
    On devrait peut être relire nos bases pour mieux comprendre et donc mieux nommer.
    Je vous propose un texte et un mp3 à écouter. Ce sont normalement des choses que on connaît mais ne les a on pas oubliées?
    DANGER: FASCISME OU NOUVEAU FASCISME?
    [URL='https://le-cafe-anarchiste.info/danger-fascisme-nouveau-fascisme/'][/URL]
    Larry Portis, ancien professeur à l’université de Montpellier, étasunien et auteur de plusieurs ouvrages d’histoire sur le syndicalisme et le fascisme, a publié Qu’est-ce que le fascisme ? aux éditions Alternative libertaire. Il nous explique ses motivations et les idées clés de l’ouvrage.
    [URL='https://le-cafe-anarchiste.info/danger-fascisme-nouveau-fascisme/'][/URL]

    [B][/B]
     
  16. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  17. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Je ne sais pas à quels "totalitaires" tu penses?

    Parce que Macron a encore une certaine marge avant de "faire pâlir" Pol Pot, Pinochet, Staline et Hitler...

    Quoi qu'il en soit pas besoin d'attendre une véritable dictature, avec brigades de la mort et massacres de masse pour réagir:

    "Etat d'urgence" suite aux attentats
     
  18. Marc poïk
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    Marc poïk Sous l'arbre en feuille la vie est plus jolie Membre actif

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    J'ai trouvé cet article sur Sarkozy qui conviendrait bien à Macron sur nombres de points
    Nicolas Sarkozy est-il un fasciste ou un proto fasciste ?
     
  19. Marc poïk
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    Marc poïk Sous l'arbre en feuille la vie est plus jolie Membre actif

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    Tu as Pinochet qui a reprit cette méthode issues de la guerre en Algérie. Mais pas que lui , si mes souvenirs sont bon les français ont former les militaires de la dictature en argentine afin qu'ils sachent employer ces méthodes. Et tous les pays européens l'utilisent. Cela n'en fait pas des totalitaires mais qui sait plus tard.
     
  20. pschrsrgnc
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    L'émergence d'un néo-fascisme et sa nouvelle rhétorique 'ratissant' au plus large,essayant d'englober le plus d'adhérents pour s'apporter plus de crédits, arrondissant les angles pour être plus convaincant, plus proche dans un premier temps!
    Renaîtra ensuite plus ,étatique ,répressif,autoritaire & conservateur. Les angles saillants réapparaissant ensuite.?
    Où : Tenter de rasséréner ,d'adoucir pour faire croire à un plus grand ensemble que ces états autoritaires soient humainement favorables !
    Cela donne l'impression que lorsque des états ne sont pas viables ce phénomène 'fiévreux' prend de l'ampleur du aux carences qu'ils,elles s'empressent de designer comme extérieures: Les autres sont responsables de nos maux est; leur premier adage comme d'habitude !!
    L'inquiétude, la psychose,la peur de l'inconnu,la stigmatisation etc...sont leurs arcanes !
     
  21. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  22. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    On utilise souvent "fasciste" comme synonyme "d'autoritaire", "injuste".
    ça m'est arrivé de le faire en réaction à l'apathie des gens face au pouvoir, aux injustices.
    Le hic c'est que ça peut conduire à banaliser ce qu'est réellement le fascisme.
    Si Sarkozy et Macron sont fascistes, comment définir Pol Pot, Pinochet, Staline, Hitler?

    L'outil répressif de la France en est-il à "faire pâlir" celui d'un totalitaire comme Pinochet?

    Pinochet, seize ans de dictature

    Quoi qu'il en soit c'est pas parce qu'il y a bien pire que c'est une raison pour accepter l'injustice, la misère, la prison et les violences policières qui n'ont pas attendu les récentes lois pour être au delà du tolérable.
     
  23. Marc poïk
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    Marc poïk Sous l'arbre en feuille la vie est plus jolie Membre actif

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    Déc 2016
    Belgium
    Je te donne raison Ninaa. Mais je suis influencé par ce qui se passe dans le pays ou je vis ;) Ou on a au pouvoir un parti qui regroupe trop de choses qui conduisent au fascisme; racisme, nationalisme, xénophobie, stigmatisation constante des immigrés et ou d'origine immigré, stigmatisation des anarchistes, communistes, socialistes, francophones. Parti politique qui prône un autoritarisme extrême. Parti qui fonctionne main dans la main avec la fédération des patrons, qu utilise une propagande héritée du nazisme. Qui a des affinités avec des nazis au point d'en chanter des chants , de se rendre à des réunions nazies ou on voit très bien les drapeaux nazis.
    Donc oui ma vue est peut être faussée car je vis dans ce pays et que je vois que la France renforce fortement la coercition et démolit tout ce qui est socialiste.
    Avec l'outil internet ils ont là de quoi cadenasser la population, la contrôler dans ses moindres gestes ou pire. Et on le voit la censure se fait de plus en plus. Moins peut être en France, je ne sais, mais chez moi on ne compte plus les adresses mail disparues, les sites bloqués, les comptes piratés par on se doute les autorités etc. .
    Et la population qui en partie cautionne. Si on regarde les analyses qui traitent du pourquoi de la montée de ces extrêmes il y a de fortes ressemblances avec ce qu'il s'est passé dans les années trente en Allemagne
     
  24. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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    Fev 2014
    France
  25. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    En France aussi le parti fonctionne avec la fédération des patrons, racisme, censure... En revanche pas de stigmatisation des francophones évidemment, ni des communistes et socialistes (en quoi exactement consiste cette "stigmatisation"? - peux-tu donner des éléments plus précis à ce sujet?) mais des immigrés probablement autant.
    Sur le parti au pouvoir en Belgique j'avoue que je ne sais pas grand chose, tu pourrais envoyer des éléments?
     
  26. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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    Fev 2014
    France
  27. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    https://www.infolibertaire.net/retour-du-retour-de-lultragauche/
     
  28. pschrsrgnc
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    pschrsrgnc Guest

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    Vous évoquer les pires tortionnaires, dictateurs !Il doit en manquer ?
    L
    a torture existe depuis des millénaires.
    {En Europe par ex: la bulle pontificale 'ad extirpa' l'instauration contre :les Vaudois,Albigeois,Cathares...lors de l'inquisition et s'ensuivit.Au moyen âge,l'ablation du nez,des oreilles étaient monnaie presque courante.Plus tard,les bannis'B',voleurs'V &W'en récidive. galériens'GAL',pirates'P',faux-sauniers et naufrageurs étaient marqués au fer rouge,essentiellement les joues & le front.Être roué, écartelé en place de grève ne devait pas être une partie de plaisir ! (Des animaux ont même été sacrifié de la sorte au même endroit.Avant le gibet,les brodequins ne devaient pas être agréables!L'Estrapade non plus!
    La charge de bourreau se transmettait de père en fils!Les ordalies: par l'eau(je te balançait à l'eau dans un sac noué et si tu n'avais rien 'à te reprocher',normalement tu devais refaire surface ?Par le feu;ben...fallait pas brûler !}
    Aujourd'hui, lorsque des ablations et autres mutilations sont occasionnées c'est de la torture!Lorsque des escadrons sur armés flinguent,des policiers abattent sans ménagement, les exécutions ratées 'US' qui virent à la torture etc,etc...
    La liste des 'bourreaux' doit être longue et être 'soumis à la question'...."torture "avait été revendiqué par M.Lepen concernant le terrorisme rappelez vous!
     
  29. ninaa
    Offline

    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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    Fev 2014
    France
  30. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Je sais bien que la torture a été pratiquée en Algérie et Indochine par les Français, et plus récemment dans les prisons d'Irak... Et la prison en soi c'est réellement de la torture. Sans parler des Etats Unis qui pratiquent encore la peine de mort...

    Dans le cas présent il est question des lois sécuritaires actuelles en France: je tenais à souligner que l'appareil répressif français aussi inquiétant et pourri soit-il n'en est pas encore à se comparer au nazisme ou au régime de Pinochet... Ce qui ne devrait pas nous empêcher de lutter contre!
     
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