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Gorazde

Discussion dans 'BD engagées' créé par Marc poïk, 18 Juin 2017.

  1. Marc poïk
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    Marc poïk Sous l'arbre en feuille la vie est plus jolie Membre actif

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    Déc 2016
    Belgium
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    Goražde est une des trois enclaves musulmanes de Bosnie déclarées « zones de sécurité » par l'ONU pendant la guerre de Yougoslavie. Alors que les deux autres villes (Srebrenica et Žepa) sont tombées sous les attaques de l’ennemi, cette parcelle de terrain entourée de territoires majoritairement serbes est la seule à avoir survécu. En 1995, vers la fin du conflit, le journaliste dessinateur américain Joe Sacco se rend plusieurs fois en Ex-Yougoslavie et témoigne de la situation sur place à travers trois ouvrages : Soba, The Fixer et Goražde.

    Connu du grand public pour ses reportages illustrés sur le conflit israélo-palestinien (Palestine et Gaza 1956), il donne ici la parole aux survivants de cette ville quasiment coupée du monde, reliée à Sarajevo par la « Route Bleue » de l’ONU, sorte de cordon ombilical fort fragile, permettant d’acheminer par intermittence vivres et produits de première nécessité. Optant pour une méthode journalistique identique à ses œuvres précédentes, il s’immisce au sein de la population, partage son quotidien, tout en enquêtant sur des événements du passé.


    Tout en décrivant la situation de la population à la fin du conflit, il revient sur les origines et le déroulement du drame qu’a connu cette région des Balkans en recueillant les témoignages des habitants.
    Mêlés aux événements du présent, ces flashbacks bouleversants font ressortir toute l’horreur de cet affrontement entre voisins. Si l’approche de Joe Sacco permet de partager la peine, la misère et le désarroi des rescapés de ce nettoyage ethnique, sans jamais sombrer dans le pathos, l’auteur parvient également à intégrer et à expliquer les faits historiques de manière claire et didactique.
    En ne proposant que le point de vue d’un des deux camps, le travail de Joe Sacco peut certes paraître un peu partisan. Les Serbes (« Tchetnik c’est enculé ! ») n’ont donc pas le beau rôle, mais cela n’enlève rien à la force de ces témoignages éclairants qui invitent à la réflexion et mettent également le doigt sur les insuffisances de l’ONU et de la politique internationale.

    La mise en images des témoins bosniaques est très efficace et le dessin noir et blanc confère une certaine pudeur aux nombreuses scènes violentes, qui sont néanmoins montrées avec un réalisme parfois insoutenable. Présentées sur fond noir afin d’accentuer leur noirceur, ces images du passé captent la cruauté et l’ignominie du drame qui s’est perpétré loin du regard de la communauté internationale.

     
    allpower apprécie ceci.
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