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GODIN | Architecture Unitaire

Discussion dans 'Bibliothèque anarchiste' créé par Marc poïk, 13 Mai 2017.

  1. Marc poïk
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    GODIN | Architecture Unitaire
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    GODIN | Architecture Unitaire

    Il ne s'agissait plus de trouver le remède
    aux abus et aux erreurs de ce monde ;
    il s'agissait de conserver au Peuple la patience
    de la Pauvreté.
    Jean-Baptiste André Godin | 1870
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    Pour une lecture plus agréable,
    notre brochure au format PDF
    est accessible Ici 150 pages: Brochure GODIN - LaboratoireUrbanismeInsurrectionnel_avril 2017.pdf
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    1880, l'industriel multimillionnaire Jean-Baptiste André GODIN lègue son empire, soit le capital, ses deux complexes Manufactures-Cités, les Familistères – de Guise en France et de Bruxelles -, leurs dépendances et les usines, puis sa fortune personnelle en héritage, à l'Association, une coopérative propriété des salariés. Un héritage historique, le seul à ce jour en France, fait par un industriel socialiste disposant d'une fortune considérable [1]. Critiqué par les marxistes, socialistes radicaux et anarchistes, son empire industriel ne représente pas moins un contre-modèle de l’entreprise capitaliste ; une société nouvelle, imparfaite qui a été dénaturée par la caste des coopérateurs privilégiés, l'aristocratie ouvrière, qui plutôt de prolonger et améliorer l'oeuvre sociale, préféra protéger ses acquis sociaux au détriment des Autres.
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    Dans cet affrontement, le Familistère occupe un rôle prépondérant. Car la part du capital que chaque salarié reçoit, annuellement, est calculée selon plusieurs critères, en fonction du mérite, de l'ancienneté, du poste occupé, etc., et pour les catégories les mieux avantagées, dont les « Associés », une des conditions imposées par Godin est d'habiter le Familistère depuis au moins cinq années.
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    Le Familistère n'est qu'une pierre dans l'édifice social de son programme politique, mais ce fut la première, ou plutôt, la seconde après les ateliers ; car il était nécessaire selon Jean-Baptiste Godin, avant tout, de bâtir une cité autonome afin d'expérimenter in vitro les innovations du socialisme, et d'éduquer ses premiers ouvriers, en majorité des pauvres gens issus de milieux défavorisés et de la campagne, analphabètes et, souvent, plongés dans les ténèbres de l’égoïsme. Le Fondateur le déplorait avec amertume : peu avant sa mort – en 1888 -, il évoquait que trente années de vie socialiste au sein du Familistère de Guise – habité en 1860 – avait porté bien peu de fruits rouges.
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    En préambule, il convient de mettre un terme à l'idée répandue depuis longtemps, et aujourd'hui par certains idéologues rétrogrades, qui osent qualifier l'oeuvre de Godin, d'utopie, ou d'utopie réalisée : Jean-Baptiste André Godin s'en défendait, et il rétorquait aux stupides que d'une part le Familistère était bâti, bien ancré dans le réel, et que d'autre part, les avancées, les avantages sociaux étaient bien en pratique dans les ateliers en fonction dans le Palais. Godin est un républicain convaincu, socialiste laïc, ennemi du capitalisme le plus prédateur et partisan d'une r-évolution sociale pacifique il déplore les théories révolutionnaires de Marx, : « La haine du mal n’est pas toujours la science du bien, et c’est là que se trouvent les défauts du communisme », comme il n’approuve pas la Commune de 1871, mais la comprend. Il n'est ni un acharné fouriériste, ni un utopiste illuminé, mais un réformateur social visionnaire, en avance sur son temps.
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    Et la catégorisation de son œuvre dans le domaine des Utopies a été faite dès son époque par l'idéologie bourgeoise conservatrice, apeurée – le mot est juste – par le modèle social Godin et les marxistes : utopie doit être pris, ici, dans le sens péjoratif du terme, servant à dénigrer, voire ridiculiser son projet de société. A ce titre, l'oeuvre de Godin fut considérée au 19e siècle, comme un îlot d'expérimentations socialistes, émergeant de l'océan capitaliste, puis tout au long du 20e siècle, elle fut mise à l'écart, oubliée ou réduite à l'architecture du Familistère.
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    L'oeuvre de Jean-Baptiste Godin n'est pas seulement sociale, c'est un projet politique, une œuvre intégrale, une société, ou plutôt l'embryon d'une nouvelle société socialiste qu'il convient d'améliorer sans cesse, de perfectionner, un modèle pour une République socialiste à venir. Ainsi avant de poursuivre plus en avant, distinguons grossièrement les principales caractéristiques de sa Société, lorsque survient son décès en 1888.
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    Les Familistères – Guise et Laeken
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    . Cité ouvrière autonome autarcique adossée à l'usine.
    . Habitations collectives en location, environ 500 logements modulables ;
    . Loyers calculés en fonction de la superficie, inférieurs aux prix du marché locatif de la région ;
    . Equipements collectifs et services (dont écoles, théâtre, bibliothèque, cafés, buanderies, piscine, salons et terrains de jeux, etc.) ;
    . Economats, magasins patronaux (sur le même principe que les coopératives d'achat) ;
    . Potagers et vergers ;
    . Parc ;
    . Des caisses mutuelles sont accordées exclusivement aux habitants du Familistère, en complément des autres mutuelles : une caisse pour les dames, une caisse de pharmacie, dont les cotisations sont incluses dans le loyer, et une assurance du nécessaire à la subsistance ; pour cette dernière, il s'agit d'une allocation versée aux familles (les veuves avec enfants, par exemple) dont les revenus sont inférieurs à un seuil jugé minimal, ancêtre lointain du Revenu Minimum d'Insertion (RMI). Mais un « secours exceptionnel » est prévu pour les non-Familistériens.
    . Les retraités, les veuves d'ouvriers, sous certaines conditions, peuvent continuer à habiter le Familistère, les appartements du rez-de-chaussée leur étant réservé.
    . Enfin, et ce n'est pas rien, l'union libre (couple non marié) est autorisée, voire préconisée.
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    Organisation politique
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    . Godin, à partir de 1880, assure le transfert progressif de l’ensemble du capital de sa Société, incluant usine, Palais Social et ses annexes, aux salariés remplissant certaines conditions (âge, ancienneté, poste occupé, etc.) de l'entreprise, par la constitution de la Société du Familistère de Guise et de l’Association du Capital et du Travail au Familistère. L’Association est divisée en différentes « catégories sociales » (Participant, Sociétaire et Associé) chacune ayant un certain nombre de droits (dont de vote), de devoirs, de rétribution et d'attribution de postes (siège dans les différents conseils, mutuelles, etc. pour les Associés).
    . Le Conseil de gérance a pour mission d'assister le gérant – Godin - dans le choix de ses décisions, il se compose de directeurs de services et de trois Associés élus par l’assemblée générale des Associés. Les directeurs, nommés ou recrutés par Godin, sont souvent de jeunes diplômés des grandes écoles. Le Conseil de gérance se décompose en trois conseils :
    . Le Conseil du Familistère, pour les questions relatives à la cité.
    . Le Conseil de l’industrie, pour les ateliers.
    . Le Conseil de gérance supervise l'ensemble, et se charge de la stratégie commerciale, des projets de travaux, etc.
    En théorie, les décisions de Jean-Baptiste Godin étaient soumises, selon les questions, au vote d'un conseil, voire à celui de l'assemblée des Associés. Mais la personnalité « écrasante » du Fondateur pesait à ce point, que le vote était acquis d'emblée. Cela étant, le patron Godin est contraint à minima de présenter et d'expliquer ses décisions, choix et orientations.
    . Distribution annuelle du total des bénéfices industriels, du rendement des locations du Familistère, et des bénéfices des économats, après déductions des frais de fonctionnement et de gestion (dont les « dépenses sociales »), d'amortissement, des charges, des impôts, des crédits, etc., aux sociétaires. Grossièrement, le calcul (très complexe) du partage des bénéfices entre les sociétaires imaginé par Godin s'effectue selon les « catégories sociales », le mérite, l'ancienneté, le lieu de résidence, etc., et cette part est distribuée soit en espèces, soit dans le cadre du transfert du capital, en parts du capital, sous forme de « titres d’épargne ». De cette manière Godin perd année après année la propriété du capital ainsi transmise aux salariés (Godin lègue par testament en 1887 sous certaines conditions, y compris post-mortem, sa fortune personnelle à l'Association).
    . Le Conseil de surveillance, composé de trois Associés a pour rôle de surveiller les opérations comptables, et dispose du pouvoir de proposer à l’assemblée générale un vote pour le renvoi de l’administrateur-gérant, c'est-à-dire, les successeurs du Fondateur. Cette procédure des ouvriers contre leur gérant est cependant très limitée.
    . L’assemblée générale annuelle est l'occasion de présenter la situation industrielle et commerciale de l’Association : chiffre d’affaires, bénéfices, investissements, sommes engagées dans des projets de travaux, etc., sont ainsi communiqués sans aucune restriction. Les ordres du jour engagent également des questions et des débats sur la vie quotidienne des salariés. Les Associés peuvent prendre la parole et leur assemblée vote une « motion de confiance » pour approuver ou sanctionner les rapports du gérant et du Conseil de surveillance, puis vote à nouveau pour l'élection membres du conseil de surveillance, des membres élus du conseil de gérance, pour des questions relatives à des modifications des statuts ou du règlement des mutuelles, etc.
    . L’Association a la charge de la direction de la gestion de l’ensemble
    des biens et services communs du Familistère : écoles, nourricerie, théâtre, buanderie-piscine, des magasins coopératifs, et des mutuelles.
    . Les membres de l’Association, « dans le but de se rendre utile à l’œuvre commune et de faciliter l’essor de leurs propres facultés », peuvent se constituer en un « comité d’études » chargé d’étudier certains problèmes ou d’envisager des améliorations potentielles.
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    Organisation du travail
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    . Système de participation ouvrière à la gestion de l’entreprise.
    . Le « Syndicat du travail », est chargé de discuter des salaires et des conditions de travail , géré par neuf élus du Familistère et neuf élus des salariés de l'usine, sorte de délégués du personnel, auprès du gérant. Godin, a sans doute été le premier patron de France – avec l'embryon d’un organe de représentation ouvrière mis en place par l'industriel Léon Harmel, en 1875 - a instauré véritablement la représentation du personnel au sein d'un conseil d'administration et de son « droit » à négocier. Les syndicats ont été autorisé en France en 1884, et sous certaines drastiques conditions.
    . Journée de 10 heures de travail, au lieu de 12, pour les hommes.
    . Instauration du « concours » passage obligé pour un salarié candidat à un poste à responsabilités, un avancement, ou même souhaitant une augmentation de salaire. Épreuve écrite et orale pour le candidat, après la rédaction d'un mémoire présenté au Conseil de gérance. Le recrutement à un poste d’employé, de directeur d'atelier, etc., s'effectue, le plus souvent, par cette méthode, suivie d'élection.
    . Le surveillant d’atelier est élu annuellement par le personnel de chaque atelier, et le Conseil de gérance qui décide en définitive du choix entre les candidats.
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    Avancées sociales
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    . Salaire supérieur de 20 % par rapport aux manufactures de la région ;
    . Système de sociétés mutuelles constitué de caisses de secours, financées en partie par les cotisations prélevées sur les salaires, pour :
    . les blessés, les accidents du travail pris en charge sans conditions ; des indemnités sont versées.
    . les malades ; prise en charge des prestations pour les visites et soins délivrés par un médecin, et allocations journalières versées en compensation de l’absence de salaire pendant la maladie ;
    . les retraités, les invalides du travail, les infirmes ; des allocations, dites « pensions » sont versées aux salariés dans
    l’incapacité de travailler, sous certaines conditions (uniquement pour les salariés ayant 15 ans de service, par exemple) et calculées selon le sexe, en fonction du poste occupé, du salaire, de l'ancienneté, etc.
    . Les cotisations sont obligatoires, prélevées sur les salaires, et sont placées sur un compte au nom du cotisant, reversées, avec intérêts, lorsqu'il prend sa retraite sur sa pension de retraite.
    . Les différentes caisses sont gérées par des comités élus par les habitants du Familistère et les salariés de l’usine.
    . Enseignement laïc, obligatoire, mixte et gratuit.
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    Source: Laboratoire Urbanisme Insurrectionnel: GODIN | Architecture Unitaire
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