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Egypte: agressions contre les médias étrangers

Discussion dans 'Luttes Internationales' créé par Ungovernable, 4 Février 2011.

  1. Dure journée hier pour les journalistes internationaux qui couvrent la crise qui sévit en Égypte. Certains se sont retrouvés bien malgré eux au beau milieu des affrontements sanglants. Le reporter de Radio-Canada Jean-François Lépine et son caméraman, Sylvain Castonguay, ont été agressés par des manifestants, partisans du président Hosni Moubarak. Le reporter de L'Actualité, Jonathan Pedneault, et même le célèbre journaliste de la chaîne CNN Anderson Cooper ont goûté à la même médecine.

    Si le président égyptien a annoncé son intention de ne pas se représenter aux prochaines élections prévues cet automne, il demeurera tout de même au pouvoir d'ici la tenue du scrutin. La décision, qui a provoqué des dissensions violentes entre les manifestants, a rendu, du coup, l'exercice du métier de journaliste beaucoup plus périlleuse, car les reporters ont été coincés au milieu des émeutes.

    Jean-François Lépine et son caméraman se trouvaient hier à la place Al-Tahrir, au Caire, pour réaliser un reportage sur la situation égyptienne. Ils assistaient à des affrontements entre des partisans et des adversaires de Moubarak lorsque leur interprète a été attaqué par un émeutier.

    «On a commencé à s'en aller tranquillement jusqu'à ce que quelqu'un dans la foule donne un coup de poing en plein visage au caméraman Sylvain Castonguay, a rapporté Jean-François Lépine sur le site internet de Radio-Canada. Et là, il y a eu comme une hystérie collective et, honnêtement, on en a vu, Sylvain et moi, des situations périlleuses, mais là ça a été terrible, incontrôlable. Des dizaines de gens se sont mis à le battre devant nous.»

    Les deux hommes ont été tirés d'affaire grâce à l'intervention de l'armée. «C'est ça qui nous a sauvé la vie, parce que sinon, probablement que la foule nous aurait battus à mort», croit Jean-François Lépine.

    Malgré tout, ils n'ont pas eu de blessures graves, assurait hier Nathalie Moreau, porte-parole de Radio-Canada. «Tout le matériel a été endommagé. Mais s'ils n'avaient pas lâché la caméra, ils y passaient», affirme-t-elle. Encore visiblement sous le choc, le journaliste a déclaré un peu plus tard hier, sur les ondes de RDI, que «la journée avait été d'une rare violence».

    Peu de temps après l'agression, les deux hommes ont regagné leur hôtel, jugeant la situation trop dangereuse et risquée pour se rendre à l'hôpital. Sophie Langlois, une autre journaliste de la SRC dépêchée sur place, et Josée Bellemare, réalisatrice coordonnatrice, les ont rejoints. Jean-François Lépine et Sylvain Castonguay attendaient hier que la poussière retombe un peu pour appeler un médecin.

    Un reporter de L'actualité blessé à la tête

    Un jeune pigiste de L'actualité, Jonathan Pedneault, se trouvait également sur la place Al-Tahrir lorsque la manifestation a dégénéré. Il aurait d'abord trouvé refuge dans un hôtel des environs, puis dans un immeuble adjacent où s'étaient également terrés des manifestants pro-Moubarak. «Des anti-Moubarak auraient tenté de les déloger de là. Il s'est trouvé pris entre deux feux», a expliqué le rédacteur en chef adjoint de L'actualité, Charles Grandmont. «Nous n'avons pas un portrait clair de ce qui s'est passé, mais il semble qu'il ait été assailli lorsqu'il a tenté de quitter les lieux, vers 15 h. Il a été détroussé. On lui a tout volé. Ce sont des militaires qui l'ont emmené dans un hôpital où il a reçu des soins.»

    M. Pedneault a reçu des points de suture à la tête. «Ce fut des heures très stressantes, mais on est extrêmement soulagés qu'il ait été retrouvé et que ses blessures ne semblent pas être graves.»

    Le journaliste de CNN Anderson Cooper a lui aussi vécu des heures difficiles, selon les propos tenus sur Twitter par Steve Brusk, responsable du département politique chez CNN. Lors d'une manifestation, son équipe et lui auraient été encerclés par des partisans de Moubarak. Les membres de l'équipe auraient reçu plusieurs coups à la tête. Ils ont toutefois réussi à prendre leurs jambes à leur cou et à trouver refuge sur le toit d'un immeuble. Personne n'aurait toutefois été grièvement blessé.

    La journaliste de La Presse Michèle Ouimet, envoyée spéciale au Caire, l'a pour sa part échappé belle. Lorsque la situation s'est envenimée, son traducteur l'a tirée par la manche. Ils ont couru pour échapper aux attaques. Du côté de TVA, on affirme que le journaliste Richard Latendresse est sain et sauf et qu'il n'a subi aucune blessure.

    Rapatriement?

    Pour le moment, la SRC n'a pas prévu rapatrier son équipe au pays. Seul le cameraman pourrait décider de rentrer au bercail. Il devrait prendre sa décision aujourd'hui. La diffusion du reportage prévu le 11 février à l'émission Une heure sur terre, animée par Jean-François Lépine, ne serait pas compromise.

    Du côté de L'actualité, Charles Grandmont a affirmé hier soir qu'il était encore trop tôt pour prendre une décision à ce sujet puisqu'il n'avait pas parlé de vive voix à Jonathan Pedneault depuis son admission à l'hôpital.

    - Avec la collaboration de Daphné Cameron



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    Les journalistes étrangers pris pour cible en Égypte


    Le Caire est le théâtre depuis mercredi d'une chasse aux journalistes, molestés par la foule ou emmenés par des policiers en civils. Un des envoyés spéciaux du Figaro a été arrêté ce jeudi non loin d'Alexandrie.

    Place Tahrir au Caire, il ne fait pas bon depuis mercredi avoir l'air d'un étranger. De nombreux journalistes couvrant les affrontements meurtriers au Caire entre partisans et opposants du président égyptien Hosni Moubarak ont rapporté des violences croissantes contre eux.

    Correspondant du Figaro sur place, Tangi Salaün parle d'une politique «délibérée» de ciblage des journalistes :

    C'est dans ce contexte que, jeudi après-midi, l'un des envoyés spéciaux du Figaro a été arrêté par les forces de sécurité égyptiennes à Abou Hamous, une localité située à une cinquantaine de kilomètres d'Alexandrie. Cyrille Louis y effectuait un reportage en compagnie du photographe franco-libanais Paul Assaker. La police locale les a interpellés après qu'ils furent pris à partie par un groupe d'habitants. Ils ont été détenus pendant une partie de la matinée au poste de police de la ville, puis transférés en début d'après-midi aux mains de la Sûreté d'État, à une dizaine de kilomètres d'Abou Hamous. Le Figaro a alerté le Quai d'Orsay et l'ambassade de France au Caire.

    Des journalistes de TF1 arrêtés par des civils armés


    Au Caire, d'autres équipes, de télévision notamment, ont été violemment prises à partie. Un journaliste de la télévision publique suédoise SVT a été «grièvement blessé» à coups de couteau jeudi. Mercredi, trois journalistes qui tournaient pour BFM TV dans un marché ont ainsi été «tabassés pendant un quart d'heure, à coups de bâton, de poings, de pieds», assure Guillaume Dubois, directeur général de la chaîne d'info. «Ils ont été exfiltrés par un convoi de l'armée qui passait par là, puis ils ont passé neuf heures dans une caserne avant d'être reconduits à leur hôtel», poursuit-il. Trois journalistes de France 24 ont également été interpellés mercredi. Ils ont été libérés jeudi soir. Avant d'être arrêtés, «ils ont été pris à partie par des manifestants, l'un a été tabassé à coups de barre de fer et secouru par un passant alors qu'il était sur le point d'être lynché», explique Jean Lesieur, directeur de la rédaction.

    Trois journalistes de TF1 ont également été arrêtés jeudi matin au Caire par des civils armés et conduite vers un lieu indéterminé, a annoncé Catherine Nayl, directrice de l'information de la chaîne.«Nous avons des informations parcellaires. A un moment, on a pu les joindre, et ils nous ont dit qu'il avaient été arrêtés et emmenés par des gens qui ne sont pas en uniformes, des civils, armés jusqu'aux dents, vers un endroit qu'ils n'arrivent pas trop à décrire, mais qui ne ressemble pas un commissariat et plutôt à un ancien hôtel», a expliqué Catherine Nayl.«Ils n'ont a priori pas subi de violences. Ils leur ont demandé de regarder leurs images», a-t-elle ajouté. «Ensuite tout contact a été rompu, nous n'arrivons plus à les joindre sur leur portable depuis la mi-journée».

    «La foule nous aurait battus à mort»


    Pour exfiltrer de la foule en colère un caméraman de la télévision publique Radio-Canada, l'armée égyptienne a même dû intervenir mercredi au coeur de la contestation. «Des dizaines de gens se sont mis à le battre devant nous», témoigne le reporter Jean-François Lépine, décrivant «une hystérie collective». «J'ai décidé de demander à l'armée, qui était devant moi, de m'aider, poursuit ce journaliste aguerri. Là ils sont intervenus militairement pour sortir le caméraman. (...) C'est ça qui nous a sauvé la vie parce que sinon, probablement la foule nous aurait battus à mort». À Bruxelles, le quotidien Le Soir s'inquiète par ailleurs de la disparition de son journaliste Serge Dumont, qui travaille également pour les journaux suisse Le Temps et français la Voix du Nord. Le reporter, de nationalité belge, a été «molesté», «tabassé», puis «emmené par des personnes non identifiées en civil» alors qu'il couvrait une manifestation pro-Moubarak au Caire.

    Ces agressions de journalistes sont le fait, selon Reporters Sans Frontières (RSF), de partisans du chef de l'tat et de policiers infiltrés. «La télévision publique éqyptienne a désigné les journalistes étrangers comme responsables de ce qui se passe, c'est une sorte d'appel au lynchage, non déguisé», explique Thierry Thuillier, directeur des rédactions de France Télévisions. «Ils sont des témoins gênants, on assiste à un tabassage systématique des journalistes étrangers», poursuit-il. Alors que les tats-Unis dénoncent une «campagne concertée» contre les médias étrangers, les rédactions ont demandé à leurs équipes de redoubler de vigilance.







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    (AFP) – Il y a 5 heures

    PARIS — Les Etats-Unis et les Européens ont condamné la multiplication des mesures d'intimidation visant actuellement en Egypte les médias étrangers, dont des journalistes ont été battus par des partisans du président Hosni Moubarak et d'autres interpellés par les forces de l'ordre.

    La liste des reporters victimes ces derniers jours au Caire d'exactions, surtout de la part de personnes qui les accusent de déstabiliser le régime, ne cesse de s'allonger.

    "Je veux dire un mot sur les journalistes pris systématiquement pour cible en Egypte. C'est complètement et totalement inacceptable", a déclaré jeudi le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs, appelant à la libération "immédiate" de ceux qui ont été arrêtés.

    La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a condamné "dans les termes les plus fermes" les agressions dont ont été victimes des journalistes.

    "Les agressions contre les journalistes sont totalement inacceptables", ont estimé les dirigeants des cinq plus grands pays de l'Union européenne (France, Allemagne, Grande-Bretagne, Italie, Espagne) dans une déclaration commune.

    Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a jugé "scandaleuse et totalement inacceptable" la répression en Egypte contre les médias et les défenseurs des droits de l'Homme, jeudi à Berlin.

    La ministre française des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie a condamné "fermement les incidents inacceptables" dont ont été victimes des journalistes et a demandé "d'assurer la sécurité et la liberté d'exercice de la presse".

    Nombre d'incidents "ont mis en cause la sécurité de plusieurs journalistes français, des chaînes de télévision TF1, France 2, BFMTV, France 24, M6 et du journal Le Monde", a souligné le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero.

    Le quotidien parisien Le Figaro a en outre annoncé jeudi l'arrestation de son envoyé spécial à Abou Hamous, une localité située à une cinquantaine de kilomètres d'Alexandrie, en compagnie du photographe franco-libanais Paul Assaker.

    Trois journalistes de la télévision française France 24 qui avaient été interpellés mercredi ont été libérés jeudi soir tandis qu'un reporter de la chaîne franco-allemande Arte, Wissam Charaf, a également été relâché quelques heures après son arrestation à un barrage militaire.

    Un journaliste de la télévision publique suédoise SVT a été "grièvement blessé" à coups de couteau et est hospitalisé au Caire, a annoncé jeudi soir la chaîne, qui était auparavant sans nouvelles de son reporter depuis le milieu de la journée.

    Le journaliste belge Serge Dumont, molesté et arrêté mercredi pendant qu'il couvrait pour le journal Le Soir une manifestation dans la capitale égyptienne, était "libre et en sécurité" dans un hôtel, de même que trois envoyés spéciaux de la chaîne de télévision française France 24 qui avaient également été interpellés au Caire, a indiqué jeudi soir la rédaction du quotidien bruxellois.

    Jeudi, un journaliste de la chaîne de télévision belge néerlandophone VTM et son cameraman ont été interpellés au Caire "au niveau d'un point de contrôle", mais ont été ensuite libérés.

    "Six autres journalistes ont également été arrêtés avec eux. Ils ont été emmenés dans un autre endroit en camionnette et ont finalement été relâchés", a expliqué un responsable de VTM.

    Trois de leurs confrères de la télévision publique polonaise TVP, interpellés jeudi matin ont été relâchés dans la soirée, a annoncé leur employeur. Deux autres avaient peu avant été également relâchés.

    Trois journalistes israéliens avaient eux aussi été appréhendés, puis libérés, avait-on appris mercredi auprès du ministère des Affaires étrangères à Jérusalem.

    Un journaliste de radio et un caméraman de télévision brésiliens ont été arrêtés par la police puis expulsés, selon l'agence officielle Agencia Brasil.

    Un reporter turc a été violemment battu par des partisans d'Hosni Moubarak jeudi à proximité de la place Tahrir, dans le centre de la capitale égyptienne.

    De même, deux journalistes grecs, un envoyé spécial de l'un des principaux quotidiens, Kathimerini, et un photographe ont été blessés mercredi par des manifestants au Caire, a-t-on appris jeudi de source gouvernementale grecque.

    Toujours mercredi, l'armée égyptienne était intervenue à cet endroit pour exfiltrer de la foule en colère un caméraman de la télévision publique Radio-Canada.

    Un journaliste de l'AFP a dû solliciter la protection de deux soldats pour pouvoir quitter la place Tahrir sans encombre, en raison de l'agressivité de militants favorables au régime.

    Deux reporters suédois du quotidien Aftonbladet ont aussi été pris à partie par la foule au cours d'un reportage dans un quartier pauvre du Caire, avant d'être arrêtés, puis relâchés quelques heures plus tard, par un militaire.

    L'organisation de défense de la presse Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé "les violences systématiques et concertées" contre la presse perpétrées par des partisans du président Moubarak.




    Voir aussi:

    Egypte : Al-Jazeera censuré pour sa couverture des manifestations
    http://forums.resistance.tk/message.php?t=9721
     
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