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Créons un nouveau type de société humaine - Message 1 - La violence

Discussion dans 'Activisme, théories et révolution sociale' créé par Pilo, 10 Août 2017.

  1. Pilo
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    Pilo Membre du forum

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    Août 2017
    Homme
    France
    Bonjour à Tous,

    J'ai une idée :) Et si on inventait tous ensemble un nouveau type de société, non-violente et altruiste, sans lois, ou tout le monde peut s'exprimer (en parole et en actes) et intéragir de la manière la plus naturelle qui soit ? Et pour aller plus loin, comment établir et ancrer dans la réalité cette nouvelle société, toujours sans violence avec la société actuelle ?

    Belle utopie ! Mais je suis convaincu qu'elle est réalisable !

    J'ai pleins de questions et quelques pistes de réflexion à explorer, en commun. Une société se compose d'individus diverses et variés et je pense que c'est cette diversité qui fait notre force. Il me parait donc impossible pour un individu seul d'inventer un nouveau modèle de société qui convienne à tous. Il nous faut alors réflechir ensemble !

    Mon but en écrivant ces lignes est simple, initier un début de réflexion commune et cohérente qui pourrait nous amener a développer cette nouvelle société humaine tous ensembles. Mais par ou commencer ? Pourquoi ne pas commencer par étudier la violence ? Elle semble omniprésente dans notre société actuelle ! L'individualisme quand on vit en société et tel qu'on le voit aujourd'hui n'est-il pas un forme de violence, brisant le pacte qui est à l'origine d'une société ?

    Je tiens a préciser que je n'ai aucune compétence ou formation particulière à ce sujet et que je ne présente ici que mon opinion personnelle, encore une fois dans le but de stimuler le débat et la discussion.

    LA VIOLENCE


    L’homme est un être vivant. Il nait, respire, se nourrit, grandit, se reproduit et meurt. Comment tout organisme vivant, il fait partie d’un écosystème. La violence est présente chez les organismes vivants dans tout écosystème.

    Pourquoi ? D‘où vient la violence ? A quoi sert-elle ? Existe-t-il des mécanismes pour la contrôler ?

    Tout commence par des besoins.

    LES BESOINS
    D’après Wikipédia, « les besoins recouvrent l'ensemble de tout ce qui apparaît « être nécessaire » à un organisme vivant, que cette nécessité soit consciente ou non. »

    De la matière organique et inorganique comme source de nourriture, du territoire ou un partenaire de reproduction sont quelques exemples de besoins. Si l’un d’eux n’est pas satisfait, la survie et la perpétuation sont impossibles. Il est cependant important de noter la notion d’interprétation individuelle dans cette définition. Un besoin peut apparaitre nécessaire à un organisme vivant sans l’être réellement, du moment qu’il l’interprète comme nécessaire.

    Le besoin de nourriture est commun à tous les organismes vivants dans un écosystème et les lie les uns aux autres à travers la chaine alimentaire, ou les actions des uns impactent les autres à l’infini. L’écosystème apparait comme un système chaotique.

    LA CONTRAINTE
    La nécessité de satisfaire ses propres besoins pour survivre est en soit une contrainte pour un organisme vivant. Mais ce n’est pas la seule. Il dépend de l’écosystème qui l’entoure et dans lequel il puise tout ce qui peut lui permet de les satisfaire.

    Par exemple, la disponibilité des « objets » de satisfaction des besoins peut varier dans le temps (à cause du climat ou d’autres paramètres). Autre exemple, il est impossible pour un organisme vivant de connaitre toutes les situations qui lui permettront de satisfaire ses besoins. Ou encore, l’écosystème est composés d’autres organismes vivants qui ont eux aussi des besoins et créent de la compétition, des conflits. Etc.

    Les besoins créent de la contrainte, qui tout comme eux est aussi soumise à l’interprétation individuelle. Du moment qu’un organisme vivant pense qu’il est contraint, il l’est. Il sera forcé de s’adapter et de modifier son fonctionnement physiologique et son comportement pour y faire face et survivre.

    Comment la contrainte apparente se manifeste-t-elle chez les organismes vivants ? Quel est le lien entre contrainte et changements physiologiques et comportementaux ? Le stress, pour ceux qui peuvent le ressentir, comme certains animaux.

    LE STRESS
    L’étymologie du mot stress est assez révélatrice de son lien avec la contrainte : « de l’anglais stress (« effort intense »), lui-même issu en partie de la réduction du moyen français destresse (« contrainte, affliction, détresse ») et en partie du vieux français estrece (« étroitesse, oppression »), et du latin stringere (« serrer, comprimer, resserrer »). » (Wiktionary).

    Le stress est un phénomène complexe. Hans Selye (1907-1982) a étudié la question du stress et a développé un modèle qui peut aider à mieux comprendre ce phénomène. Le modèle de Selye ou « théorie du syndrome général d'adaptation » est un ensemble de réactions non spécifiques qui apparaissent chez les animaux face à ce qu’ils considèrent comme une agression, grâce au stress. Ce modèle distingue trois phases de réponse. La phase de résistance est la phase principale, ou l’animal est actif pour faire face à la cause du stress perçu, après avoir préparé son organisme a un niveau de fonctionnements interne plus élevé, la phase de préparation. La phase d’épuisement est atteinte si l’agression n’est pas résolue avant le début de l’épuisement des ressources internes. Ce modèle montre que le stress est déclenché par une contrainte apparente, ici une agression, et qu’il va modifier et le fonctionnement physiologique et le comportement d’un organisme vivant.

    Le stress joue un rôle fondamental dans la survie des organismes vivants qui le ressentent. Il leur permet d’adapter leur fonctionnement physiologique et leur comportement en fonction du niveau de contrainte rencontré et ressenti, dans le but d’y faire face efficacement.

    Wikipédia définit le stress comme « […] l'ensemble des réponses d'un organisme soumis à des pressions ou contraintes de la part de son environnement. Ces réponses dépendent toujours de la perception qu'à l'individu des pressions qu'il ressent. »

    Le stress apparait face à toute contrainte apparente. Tout comme les besoins et la contrainte, il est très difficile de définir une liste exhaustive de tout ce qui constitue une cause de stress puisqu’il existe de nombreux facteurs d’évaluation et d’interprétations personnelles.

    Il est aussi très difficile de lister l’ensemble des comportements et réactions physiologiques associées au stress. Le modèle de Selye nous montre que face à une contrainte un organisme vivant peut devenir agressif et attaquer, grâce au stress. L’agression n’est cependant pas la seule modification comportementale résultant du stress. Le niveau de stress joue un rôle important dans ces modifications pour les adapter à chaque situation.

    LA CUMULATION DU STRESS
    Le stress peut être provoqué par de nombreux facteurs en même temps. Par exemple, un animal peut ne pas avoir de territoire de chasse (un besoin) et en conséquence avoir faim (un autre besoin), deux besoins insatisfaits qui devraient provoquer du stress. Or le stress n’est pas booléen ON/OFF, il est gradé pour permettre un ensemble de réponses différentes en fonction de la contrainte perçue. Le niveau de stress global d’un organisme vivant semble être le cumul des niveaux de stress provoqués par chaque facteur individuel.

    ELIMINER LE STRESS
    Tant que la contrainte qui déclenche le stress est présente, le stress est présent à un niveau plus ou moins important. Eliminer la source de la contrainte est le seul moyen d’éliminer complètement le stress qu’il provoque. L’écosystème étant chaotique, il est peu probable que toutes les différentes contraintes soient éliminées durablement en même temps. Il semble improbable que le stress puisse être totalement éliminé chez les organismes vivants qui le ressentent. Il fait partie intégrante de leur être, à tout moment.

    LA VIOLENCE
    Le modèle de Selye montre que l’agressivité peut être un comportement déclenché par le stress, parmi d’autres, ce qui peut mener à une attaque. Or l’attaque est une forme de violence, on peut alors penser que la violence est elle aussi provoquée par le stress, tout comme l’agressivité. Stress et violence seraient indissociables. Toute source de contrainte pourrait créer du stress qui, à partir d’un certain niveau, pourrait mener à un comportement violent.

    POURQUOI LA VIOLENCE ?
    La violence n’est pas inutile ou mauvaise. C’est un comportement qui permet de lutter contre la contrainte ressentie, comme beaucoup d’autres. La violence apparait comme le recourt du désespéré qui devient violent grâce à un niveau de stress élevé pour éliminer la contrainte. Elle n’est ni bien, ni mal en soit. La violence est un comportement parmi d’autres reposant sur le stress, dont le déclenchement est en partie subjectif.

    CONSEQUENCES DE LA VIOLENCE
    La violence est rarement sans conséquences. Une blessure consécutive à un acte violent provoque de la douleur, qui est une forme de contrainte : difficulté de mouvements, difficulté d’approvisionnement, sentiment d’infériorité par rapport à une situation normale. La douleur, en provoquant de la contrainte, est créatrice de stress, qui peut provoquer de la violence. Un animal blessé est souvent plus agressif et potentiellement violent qu’un animal en bonne santé.

    La violence est donc un comportement à double tranchant. Elle peut permettre de résoudre des situations qui semblent insolvables, au risque de conséquences néfastes et difficiles à anticiper pour l’organisme. De plus, ces conséquences néfastes peuvent provoquer de la contrainte et donc du stress et potentiellement de la violence. Il apparait alors une dangereuse boucle de renforcement dans ce schéma : la contrainte génère du stress qui peut générer de la violence, qui peut générer de la contrainte. Une escalade non contrôlée du stress et de la violence est alors possible.

    UNE DEFINITION DE LA VIOLENCE NEFASTE
    La violence apparaitrait en conséquence d’un niveau de stress important pour éliminer la contrainte provoquant ce stress. Elle peut avoir des conséquences néfastes qui vont provoquer de nouvelles contraintes et donc du stress, entrainant les organismes dans une escalade de la violence sans fin qui pourrait compromettre la survie individuelle, ainsi que celle de l’espèce et même celle de l’écosystème.

    On pourrait définir la violence néfaste comme toute action d’un individu agresseur envers un individu agressé qui aura pour conséquence une augmentation du niveau de stress à plus ou moins long terme de l’individu agressé et/ou agresseur, en dehors de l’augmentation du stress associée à la contrainte qui aurait pu motiver l’action violente chez ces deux individus. On notera que l’agresseur et l’agressé peuvent être le même individu.

    La violence peut prendre de nombreuses formes, mais on pourrait les classer en 2 catégories :
    • La violence physique, qui porte atteinte directement à l’intégrité de l’organisme
    • La violence morale, qui regroupe toutes les autres formes de violence hors violence physique
    Un acte de violence peut être de l’une ou de l’autre de ces catégories (un meurtre vs. un vol de tableau), ou les deux (un viol).

    L’EVITEMENT DE LA VIOLENCE

    Pour éviter un embrasement général de la violence qui serait néfaste, les organismes vivants d’un écosystème sont généralement capables de limiter leur niveau de stress résultant de certaines contraintes dans leurs interactions sociales et de conflits.

    Il existe de nombreux mécanismes d’évitement de la violence chez les animaux. Intéressons-nous ici à trois de ces mécanismes en particulier : l’évaluation de l’autre, le rituel et le bouc émissaire.

    L’EVALUATION DE L’AUTRE – L’EVITEMENT SIMPLE
    En situation d’affrontement, un animal peut choisir de fuir pour éviter un affrontement violent et ses conséquences néfastes. Pour y arriver, il évalue son adversaire et s’il considère (inconsciemment ou consciemment) par exemple que le risque de blessure est trop important ou inutile, il peut fuir. La contrainte initiale, le besoin qui a motivé l’affrontement, est toujours présente chez l’animal après sa fuite. Mais il n’aura pas à subir de conséquences néfastes qu’il avait évaluées comme « plus que probables ». Son niveau de stress reste stable après cette interaction de fuite alors qu’il aurait pu augmenter fortement sans.

    LE RITUEL – L’EVITEMENT DANS LA COMPETITION INTRASPECIFIQUE
    Le rituel dans la compétition intraspécifique (affrontement, reproduction) est très présent chez les animaux et permet d’éviter une certaine violence. A la place de se battre, les animaux entrent dans un rituel d’affrontement non violent avec des « règles » bien établies entre les participants grâce à un référent commun à l’espèce, innée et/ou acquis. Ce rituel permet de déterminer un vainqueur et un vaincu sans violence en établissant leur différence.

    Si cette phase d’affrontement ritualisé ne permet pas d’établir une différence, l’affrontement violent peut éclater. Ces affrontements ritualisés sont très présents chez les animaux. On pourrait citer par exemple le chant, certaines démonstrations entre males, les parades sexuelles, etc.

    Le rituel évite aux animaux en compétition de monter à des niveaux de stress trop importants qui pourraient déclencher de la violence néfaste. Il n’évite pas une forme de stress pour le perdant, qui perd toujours, mais il le réduit fortement. Pas de violence néfaste, c’est déjà ça ! De même pour le vainqueur, il n’a pas eu à atteindre les niveaux de stress nécessaires à la violence et l’issue du combat diminue sont niveau de stress général - il a gagné. Si le perdant perd trop, il pourra quand même devenir violent, mais les autres opposants ne seront pas assez violents pour monter aux extrêmes rapidement, grâce au rituel.

    LE BOUC EMISSAIRE – LA SOUPAPE DE SECURITE
    Il existera toujours des situations où le rituel, la fuite et tout autre comportement d’évitement de la violence ne suffiront pas pour contrôler un stress trop intense, particulièrement au sein d’un groupe vivants en interactions constantes. Pour ces cas extrêmes, il existe un « mécanisme de sécurité » très particulier basé sur le mimétisme et décrit par René Girard : le Bouc Emissaire. Ce mécanismes permet un déchargement éclaire et synchronisé du stress au sein d’un groupe, grâce à la violence.

    Tout commence par une situation de stress grandissante au sein d’un groupe. Les raisons de ce stress montant peuvent être très variées mais la conséquence est toujours la même : un niveau extrême d’agressivité chez tous les membres du groupe. Plus le stress augmente, plus l’agressivité se transforme facilement en violence au cours d’interactions. L’affrontement généralisé de tous contre tous n’est plus très loin. C’est dans ce contexte de stress extrême que le Bouc Emissaire apparait.

    Au cours d’une interaction agressive entre deux opposants, la violence éclate. La situation pourrait en reste là mais non, le stress est si intense qu’il stimule une violence mimétique chez les observateurs de la confrontation violente. Ils se rallient contre celui qui semble le plus faible (ou le plus diffèrent du groupe) et participent tous à la violence. Le massacre de groupe commence et se fini en général par de nombreuses blessures chez la victime, voire même parfois par sa mort. La victime a été transformée par le groupe en Bouc Emissaire réceptacle de sa violence, provoqué par le stress général accumulé. Ce déchainement de violence synchronisée provoque une chute générale du stress chez tous les membres du groupes qui y ont participés, qui redescendent alors à des niveaux de stress et donc d’agressivité plus tolérables pour le groupe.

    Maintenant que j'ai pu vous exposer ma vision de la violence, je propose revoir dans un autre post notre société moderne grace a cette vision de la violence.

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    moderne

    Merci de votre lecture ! J'attends tous vos commentaires, démontages, critiques, etc.

    Pilo
     
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