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Banlieue Rouge (ZineZine)

Discussion dans 'Archive' créé par Ungovernable, 20 Mai 2007.

  1. Un début en 89, un lien avec les Bérus ?

    Safwan : Non c'était nous qui étions prêt à ce moment-là. On a commencé le groupe tout à fait à l'âge où tout le monde commence un groupe, on avait 16 - 17 ans. On a commencé, puis on se faisait chier en fait. Ça c'est trouvé que c'était la mort des Bérus, je pense que d'une certaine façon, on en a un peu profité parce que c'était dans la foulée. Malgré nous aussi étonnant que cela puisse paraître, on leur ressemblait d'une certaine façon.

    L'analogie était facile. Évidemment François qui était le chanteur des Bérus il a vu tout de suite la comparaison possible et sachant que c'était très en demande, il lançait son label et s'était intéressé à Banlieue Rouge dès le départ ... Ça tombait pile poils pour vous ...


    Safwan : Ouais d'une certain façon oui. C'est sûr que, sur le long terme, je pense que l'on a une identité qui est très différente de celle des Béruriers Noirs. Et je pense que l'on a su avec le temps le prouver, mais malheureusement il y a beaucoup de gens qui restent sur cette idée-là. Enfin c'est vrai que c'était inévitable vue la boîte à rythme, la guitare, les textes engagés, le français. Sauf que nos influences de l'époque n'étaient peut-être pas aussi dirigées vers les Bérus que les gens ont pu le croire.

    Xavier : Nos influences c'était beaucoup des vieux groupes punks français, parce qu'on en n’avait rien à faire de toujours entendre chanter en anglais. C'était une époque où tout ce qui se faisait c'était : Bérus, Ludwig, Parabellum, Cadavres et quelques autres groupes, mais en gros ce n'était que ça....

    C'est vrai que la comparaison était facile mais à la différence des Bérus vous avez su évoluer.


    Safwan : Ah oui, largement. Je pense que la comparaison n'est plus aussi vraie avec les deux guitares, la basse comme elle est, la batterie, on joue un peu plus avec le lyrisme, sur les ambiances. On est beaucoup plus abrasif, hardcore dans ce sens-là que les groupes de cette époque-là ne pouvaient l'être. On a changé un peu mais pas à l'opposé, juste dans une direction qui suit celle initiale.

    On retrouve toujours la présence du rouge dans vos albums. Quelles sont les étiquettes du rouge pour vous ?


    Xavier : C'est une symbolique d'énergie

    Safwan : C'est tout ce qui est chaud, une connotation qui est en rapport avec la chaleur, la colère. Y'a pas de connotation politique pour nous. Dans le sens que d'abord cette connotation-là n'existe pas en Amérique du Nord. On est certainement très gauchiste dans certaines de nos idées, mais on se détache de toutes appartenances politiques.

    Xavier : En quelques mots, je crois que la gauche pose les bons problèmes avec de mauvaises solutions et que c'est pas avec la politique que l'on règle les problèmes au point où l'on en est. Ça fait un siècle que les gens essaient de tout régler avec la politique, ça ne marche pas. Faudrait penser à autre chose. Une démarche plus individuelle, une conscience sociale, savoir que chaque petit geste peut avoir des conséquences à l'échelle mondiale. Tu jettes un papier à terre où tu milites pour le FN où tu fais n'importe quoi. C'est plus politique, c'est plus grave que ça.

    Safwan: C'est vrai que nous "Banlieue Rouge", en venant ici il y a beaucoup de gens qui m'ont dit "ah ouais c'est Banlieue ouvrière qui vote communiste". Banlieue c'est quelque chose d'urbain, quelque chose qui vient de la rue, quelque chose de périphérique aussi en opposition au centre. Par opposition aussi à la musique pop. Et puis le rouge comme on disait c'est la couleur de la colère, la couleur du feu, la couleur du sang, la couleur de la chaleur. C'est ça que l'on revendique par rouge. Et notre musique oui c'est une musique qui a une certaine rage et c'est ça que l'on veut transmettre. Ça fait partie de notre imagerie et de notre identité d'une certaine façon.

    Une voix très présente, très distinctive. Une voix qui démange, qui dérange, un choix volontaire ?


    Safwan : Volontaire ? oui mais enfin je suis pris avec la voix que j'ai, mais c'est une marque de commerce. Sur un album comme "Engrenages" qui au niveau musical était peut-être plus léger, plus radiophonique, plus doux, la voix restait l'élément qui dérangeait. Avec le dernier album "Sous un ciel écarlate", la musique reprend largement son terrain. Le grain de la voix et les paroles font partie intégrante du morceau comme un instrument, comme la basse, la guitare ou la batterie. Oui c'est sûr, cette voix-là est rauque et dérange un petit peu en étant bien gueularde, bien ponctuée. On a un morceau qui s'appelle "Sans réddition" sur le nouvel album et ça dit : "Tu aboies dans ton micro comme les chiens qui mordent" c'est ça où est le groupe. Nous on n'est pas là comme les mignons du rock, on aime faire quelque chose de percutant. Y'a des fois où je chante un peu plus doux, mais notre marque de commerce est une approche un peu plus coup de poing dans la gueule, autant sur la voix que sur la musique.

    Les textes sont de qui ?


    Safwan : On les signe tous ensemble. Chacun a sa spécialité dans le sens où je ne suis pas à même d'écrire des lignes de basse parce que ce n'est pas moi qui est bon à ce niveau-là . Mais la chance que l'on a dans le groupe c'est que tout le monde est créatif et tout le monde a son point de vue. Les textes passent par tout le monde. Si moi j'amène un peu plus de textes parce que c'est ma spécialité, c'est certain que Xavier en écrit une bonne partie aussi. Quand moi je suis un peu perdu, ben je dis "les gars, je veux arriver à ça, qu'est ce que vous comprenez". Tout passe par le filtre du groupe de la même façon que la musique va passer à travers tout le monde. C'est pour ça que l'on a choisis de signer "paroles et musique Banlieue Rouge".

    Xavier : Chacun a sa spécialité. On est à l'autre extrême par rapport aux Rolling Stones où Il y a le chanteur qui fait les paroles, le guitariste qui fait la musique et les autres ferment leurs gueules.

    Safwan : c’est-à-dire que chez nous il n'y a personne qui ferme sa gueule. On fait un global de musique, mais chacun évolue sur son propre truc à partir de l'ensemble, mais, sur l'ensemble, tout le monde s'est mis d'accord. Moi mon instrument, oui c'est les paroles, c'est aussi maintenant la guitare, mais il n'y a pas un texte par exemple que moi je peux avoir écrit et qui n'a pas été soumis au groupe et qu'il n'a pas fait accepter. On est auteurs, compositeurs, interprètes à part entière tous les quatre. Ce qui est pris c'est ce que le groupe entier accepte et ce que le groupe veut présenter.

    Xavier: Il y a presque autant de textes rejetés que de textes acceptés. Si on voulait vraiment jouer tous les morceaux qu'on a écrits, on pourrait sans exagérer sortir une vingtaine d'albums. Ils seraient peut-être mauvais, mais seraient des albums quand même.

    La musique c'est idem ? c'est validé par tous ?

    Safwan : oui encore plus, parce qu'il y a de très bonnes musiques qui ont été présentées mais qui n'avaient rien à voir avec le moment. Si on écrit un morceau aujourd'hui que l'on aime bien mais qui ressemble à ce qu'on faisait au premier album sans rien de nouveau, on va peut-être le faire, mais c'est certain que ce que l'on fait maintenant est prioritaire. Sinon on considère ça comme un recul musical.

    Les textes sont toujours assez fort et assez violents. Un texte comme "non-retour", (Nulle foi en l'avenir, le progrès un élan vers le pire) c'est pas un peu fort ?


    Xavier: C'est très exagéré, mais c'est un peu la perspective de ce morceau-là. Lorsque tu as un questionnement à ce sujet : "Il exagère pas là ?", ce questionnement c'est justement ce qu'on essaye d'amener depuis peut-être "Engrenages" je crois. Sans dire c'est A ou B ou C mais peut-être juste inciter à une réflexion. C'est aussi à prendre dans le contexte où des fois, on sort des énormités volontairement énormes, exactement comme quelqu'un qui va te dire "j'aime autant crever plutôt que de boire de la Kro". Tu ne le prends pas au sérieux, c'est du second degré. Effectivement des fois, on a l'impression que c'est du 1er degré, ca prête à confusion. C'est ce qui fait que des fois d'une chanson à l'autre tu as des contradictions et c'est très bien comme ça. On va pas le démentir. Tu regardes Olaf puis Au cœur de la tempête c'est des trucs sur l'honneur et les deux se contredisent. Dans Olaf ça dit : " Rien à foutre de l'honneur, j'aime autant vivre déshonoré " et puis dans Au cœur de la tempête," ça dit : " Mieux vaut mourir debout que vivre à genoux ". Les deux se contredisent, mais c'est à un moment donné dans un contexte donné. C'est plus au niveau "émotion" que "idée".

    Safwan: Il y a un petit peu des choix qui sont amenés. Je pense que l'idée c'est souvent de déclencher quelque chose. Les textes sont souvent aussi abrasifs que peu l'être la musique et ça aussi c'est volontaire. La musique qui te conforte, qui est facile qui est pre-digéré il y en a toujours et il y en aura toujours. C'est nécessaire, j'imagine d'une certaine façon. Mais ce qu'on fait c'est pas pour toutes les oreilles et si parfois ça embête dérange c'est pour amener à un questionnement. Mais nous malheureusement nous ne sommes pas des prédicateurs ou heureusement. On n’a pas de réponses à tout, mais il y a des choses qui nous embêtent dans la vie et des choses que l'on aime aussi. Faut pas croire que l'on fait juste gueuler, il y a des choses dont on parle et que l'on aime beaucoup. On veut amener l'émotion. Tu vois un morceau comme Coyote il est certain que nous on a une morale à ça, mais si les gens se posent une question et ils arrivent à une conclusion qui est un peu différente. Il n'y a pas une vérité absolue, de bon ou de mauvais à ce niveau-là. Tu en fais ce que tu veux. Nous on fait beaucoup confiance au public pour penser par eux-mêmes, parce qu'on ne s'adresse pas à des cons. Si nous on dit des conneries et attend qu'ils disent "mais qu'est-ce que tu racontes toi".' Mais si on disait quelque chose que l'on estime être bien et qu'ils sont du même avis aussi. Enfin ceci n'empêche pas qu'il y ait des cons qui comprennent très mal.

    Xavier : Tu vois, il y a L'auberge des trépassés qui est vraiment un genre de contee. C'est histoire de la rue un peu que l'on raconte. Pour ceux qui ne connaissent pas, c'est l'histoire d'un mec qui se fait offrir une bière par un inconnu. L'inconnu cherche à le soûler pour l'assommer puis revendre son corps. C'est un truc qui se faisait beaucoup au XV, XVI siècles: revendre des corps à un scientifique pour les disséquer à l'époque où l'église interdisait les autopsies. La morale à la fin de l'histoire c'est : "surtout n'acceptez pas la bière d'un étranger". Il y en a qui sont revenus en demandant ce qu'on avait contre les étrangers ! Il faut remettre les trucs dans le contexte et il faut avoir un minimum de cellules collées ensemble !

    Safwan : Ceci dit les histoires comme ça que l'on raconte, c'est un peu nos fables à nous. Et c'est intéressant pour nous de raconter et de créer, pas juste de revendiquer et de choquer. À une époque on nous a collés : Banlieue Rouge, c'est un groupe anti-raciste, anti-fasciste, etc… Tout à fait on est effectivement contre l'intolérance, mais on n'est pas que ça. On n'est pas seulement des porte-drapeaux. On est des gens qui ont des idées et qui ont envie de raconter des choses. C'est à partir de ça que l'on fonctionne.

    Le Québec est assez loin de nous. La scène francophone au Québec mériterait peut-être d'être plus connue en France. Banlieue Rouge, il n'y a pas de problème mais je pense qu'il y a d'autres groupes qui mériteraient d'être connus, non ?

    Safwan : Ouais je crois aussi. Le problème au Québec c'est d'abord une constance et une solidarité entre les groupes, c'est un petit peu difficile et ça, ça vient d'un problème qui est plus large que ça, c'est qu'il y a très très peu de place pour les groupes, disons qui ont une mentalité un petit peu plus indépendante ou un petit peu plus…j'aime pas trop le terme maintenant mais un petit peu plus alternatif. Le Québec est limité, les promoteurs ont assez peur. Il y a peu de villes où jouer, peu de salles de spectacles. Les gens te considèrent si tu passes à la télé. Pour nous c'est bien on a la chance d'être restés assez longtemps d'avoir fait des preuves, d'avoir gagné un peu le respect et l'intérêt de certaines personnes qui sont en place donc on réussit à faire notre bout de chemin. On a réussi à aller chercher un public et grâce à ce public-là, ils nous ont mieux en vue. Quand tu as beaucoup de monde qui viennent au concert, qui demandent, qui parlent de toi. Évidemment par exemple au niveau de la télé, ils se disent que ça serait bien de les voir en terme de nombre d'écoute. C'est comme ça. Alors que souvent au Québec c'est l'inverse les groupes préfabriqués qui sont promus si tu veux avec la promotion à fond. Avec ça ils vont chercher un public parfois. On a joué un peu le jeu inverse. Ben la base pour nous c'est jouer ce que l'on aime et puis après ça on va voir. Et puis s’il y a des gens qui ont eu de la chance de se faire emboîter le pas tant mieux. Au Québec les groupes de la scène ont tendance à se jalouser un peu les uns les autres, malheureusement. À s'aimer quand tout le monde est dans la merde, et à la minute où il y en a un qui avance un petit peu ça se déteste. Les promoteurs sont souvent pour faire leurs sous et ils en ont rien à péter si tu veux. Au début quand on a commencé, on a beaucoup essayé de faire partie d'une grande scène québécoise qui malheureusement je peux le dire maintenant n'existe pas. A travers tout ça les groupes qui ne sont pas connus, qui sont très intéressants, et qui éventuellement s'ils sont persévérants et continuent dans cette voix-là vous pourrez les rencontrer et entendre parler d'eux. Mais même là en France, c'est pas facile pour tous de venir. Même nous qui sommes à notre quatrième tournée, ça se fait pas tout seul. Tu as aussi beaucoup de gens au Québec, j'imagine que c'est un peu la même chose en France, qui disent "je vais commencer dans le pop, et ces histoires-là sont tellement bas, il me suffit de faire une crête et ça va marcher". Et une fois qu'ils ont leur public, eux ils commencent à changer à faire de petites transitions et des compromis par ci par-là, puis s'infiltrent par le biais des radios, vidéo-clips et émissions de variétés.

    Xavier : Et ils perdent leur public de base.

    Ça me fait justement penser à un morceau du dernier album : Sans réddition.

    Safwan : Sans Réddition est un morceau qui a été cité beaucoup et qui a fait beaucoup de remous au Québec. D'ailleurs ça correspondait à une période où nous, on a décidé de se retourner par rapport à certains tourneurs que l'on avait, par rapport à leur façon de bosser. Ça ne correspondait plus à ce qu'on recherchait, on y retrouvait pas nos intérêts non plus. On a décidé de bouger. Maintenant les choses ont beaucoup changé depuis le combat qu'il y avait entre les majors et les indépendants. Maintenant tout le monde est un petit peu logé à la même enseigne. Je pense que ce qu'il faut retenir c'est qu'un groupe indépendant, c'est un groupe qui réussit à gérer et à prendre en main son groupe et décider de ce qui se passe, qui est capable en fin de compte de choisir et donc d'avoir un contrôle sur ce qu'il fait. A ce niveau-là, je pense que l'on a réussi à rester fidèle à nous-mêmes, mais maintenant à savoir si on a fait les bons choix, ben le temps nous le dira. Mais on réussit à garder un contrôle quel que soit ce qu'on fasse et avec qui on travaillera je pense que l'on a des leçons à tirer à chaque fois. Tu vois cette année on est en France, à la fin on va voir où on en est. Si on est content des gens avec qui on travaille et la manière dont ça c'est déroulé et si ça fait notre affaire on continuera et sinon, on ira ailleurs.

    Xavier : On est capable de se porter garants de nous-mêmes et en général de notre équipe directe, les gens qui gravitent autour de nous, mais au-delà de ça il y a les labels.

    C'est peut-être plus simple des fois de signer sur des majors et de se laisser porter et de ne rien faire ?


    Xavier : il faudrait que l'on essaye, on pourra te répondre.

    Safwan: Il y a beaucoup de gens qui croient qu'en signant sur une grosse compagnie que ça va se faire tout seul, alors que si tu n'as pas compris le mécanisme de base, tu vas te faire entuber comme tout le monde.

    On perd peut-être son identité dans une major, non ?

    Safwan : Pas toujours, et je pense encore une fois où que tu ailles il faut tu sois intelligent et que tu comprennes bien comment ça se passe. Tu peux jouer avec les armes des majors, tu peux jouer avec les armes des indépendants, c'est un peu les mêmes, mais Il faut connaître le jeu déjà.

    La proximité des États-Unis, ça ne vous incite pas à chanter en anglais ?

    Xavier : Non au contraire, c'est exactement l'inverse.

    Safwan : Justement, chanter en français ça permet de nous démarquer un peu.

    Xavier : Au Québec, l'américanisation à outrance, c'est vraiment un truc que l'on voit. On reçoit la télé américaine. Les MacDo, les Burger King il y en a partout. Les villes sont faites en carré avec des immeubles immenses.

    Justement c'est la culture américaine, c'est peut-être plus facile de se vendre en chantant en anglais ?

    Safwan : Probablement. Le nombre de groupes en France qui chantent en anglais avec un anglais pitoyable... C'est drôle parce qu'il y en a qui disent "j'ai rien à dire, j'écris que des conneries". Tant qu'à les écrire, je vais les écrire en anglais. Moi je réponds, ben moi je parle en anglais, d'entendre tes conneries je comprends que tu les dises dans un mauvais en anglais. Nous on est bilingue si on voulait chanter en anglais, on pourrait le faire, mais comme je te dis chanter qu'en français, ça nous identifie. Il y a beaucoup de groupes qui sont bilingues, tant mieux pour eux, moi je ne crache pas dessus. Mais je peux dire que nous, notre identité est francophone. C'est une manière de s'exprimer qui est plus riche comme ça. D'autre part moi, les États-Unis, ça m'intéresse pas. J'ai pas envie d'aller tourner aux États-Unis et de me retrouver en compétition avec 200 000 autres groupes qui sont dans le même créneau que moi.

    Vous avez été quand même été produits par un réalisateur américain ?

    Safwan : Ouais parce que je pense qu'on n’avait pas nous au Québec et même en France il y en a très peu de professionnel du punk rock ou du hardcore. On avait besoin de quelqu'un savait un peu ce qu'on voulait et qui était capable de travailler avec un son un petit peu moins dénudé d'effet. Et Daniel Ray, on te racontera pas de connerie c'était son premier projet francophone. Il a déjà travaillé avec d'autres groupes montréalais mais c'était son premier projet francophone. On a fait venir lui parce que oui il est américain mais comme je te dis c'est quelqu'un de qualifié et bon pour faire ce qu'on voulait. Aux États-Unis, ça fait 20 ans que c'est possible de vivre du punk ou du rock, alors qu'au Québec c'est encore impossible. En France, ça l'est pour quelques groupes, à la limite les Wampas, les Sheriffs et encore là. Il y a eu la Mano Negra à une certaine époque.

    Il y a des trucs comme Lofofora, Hoax qui se dirigent plus vers la scène hardcore et l'anglais pour certains.

    Safwan : On a pu acquérir une certaine technique depuis 20 ans et se dire ok je me dirige là-dedans et je vais pouvoir en vivre et y aller à fond. Il y a 20 ans d'expérience alors que nous on en a 6. Les groupes au Québec qui font ça à temps partiel et qui se spécialisent dans le rock et encore c'est dans le métal la plupart du temps. Tu vois tu parles de Lofofora et Hoax, très bien ils ont une bonne identité ici, je vais pas les critiquer mais je te parle au niveau de Lofofora, ils auront beau aller aux États-Unis avec le type musical qu'ils ont, non seulement ils seront en compétition mais avec des groupes que je pense plus fort qu'eux dans ce genre musical et qui chante en anglais. Ça restera toujours du folklore pour les Américains

    Xavier : Ils prennent ça comme nous on prend les groupes japonais qui font du ska, c'est folklorique. Ça leur fait drôle d'entendre une musique qu'ils croient être les meilleurs à faire dans une langue qui n'est pas la leur.

    Enfin n'empêche que les groupes français qui chantent en français ont les portes des pays anglophones fermés.

    Safwan : C'est sûr, mais tu regardes, Il y a Daniel Ray où des gens qui vont toujours te dire tiens telle personne de la scène ont entendu ce que vous faites et ils aiment bien, mais va savoir jusqu'à quel point c'est vrai et à quel point c'est pas la seule personne qui pense ça. Il y a déjà notre maison de disque qui a une base à San Diego, ils disent "Ah c'est bien votre petit groupe Banlieue Rouge" sauf que produire ce groupe-là c'est une toute autre question. Éventuellement chaque chose en son temps, mais disons que c'est pas notre priorité. Si on réussit à bien développer le bassin que l'on a au Québec, en France, en Belgique, en Suisse, en Allemagne maintenant aussi. La barrière de langue est apparemment maintenant moins présente.

    Ils sont assez ouverts aux groupes français.

    Safwan : Ouais beaucoup. Il y a des Allemands qui se sont déplacés. Ce n'est pas la première tournée où l'on voit des Allemands qui rappliquent à nos concerts. Ça c'est suffisant assez intéressant pour nous je pense. On a une marque à faire c'est d'abord chez nous sur notre terre.

    Un petit mot sur Kassandra ?

    Safwan : Kassandra, ça a marqué les gens. C'est qui cette Kassandra? Kassandra c'est un peu tout le monde. C'est un peu toutes les femmes qui sont passées. C'est tout le monde qui c'est retrouvé dans une situation qui se sentait un petit peu accros, une situation amoureuse. Maintenant je pense que l'on évolue, il y a un morceau "Dernier sourire" qui est un peu dans ce thème-là, un peu différent. Kassandra, c'est aussi un essai au niveau lyrisme de mélanger l'idée de l'amoureux et l'idée du vampirisme. Ca a déjà été fait et c'est amusant de le voir comme ça. Évidemment ça a bien accroché, il y a des gens qui sont venus nous voir : " Oh je m'appelle Kassandra " et tout … Mais les personnes auxquelles on a pensé en écrivant Kassandra c'était chacun d'entre nous nos Kassandra.

    C'était une simple curiosité...Vous avez plusieurs vidéo-clips qui commencent actuellement au Québec et à quand les vidéo clips en France ?

    Safwan : On sait pas. C'est un petit peu dur d'entrer, vu qu'on est là très peu souvent. On a notre dernier vidéo-clip du morceau 'Sous un ciel écarlate' passait très très bien au Québec à notre grand étonnement, parce qu'on avait fait 'Sentinelle' trois ans avant et on y avait mis je pense le double des sous. Au niveau de 'Sous un ciel écarlate' on a écrit le script nous même, c'est très simple et ça transmet l'image du morceau et de Banlieue Rouge On aimerait bien qu'il soit diffusé ici, ça peut passer sur M6 ou ailleurs, mais va falloir qu'on s'y mette sérieusement et surtout qu'il y ait des gens sur le terrain donc en France au près des média comme ça pour nous soutenir ou nous mettre en valeur. Et ça c'est toujours difficile et c’est le problème qui est posé. Notre vidéo, les gens ont bien aimé et il a beaucoup passé au Québec. Encore une fois ce n'est pas une imagerie qui est faite pour tout le monde : des gens tatoués, percés. Il y a le feu. C'est un peu ça notre idée.

    Il y a Banlieue Rouge sur Internet maintenant, c'est un signe d'avenir ?


    Safwan : C'est pareil, c'est tout par des contacts. Banlieue Rouge a toujours fonctionné de cette façon. Il y a plein de trucs que l'on a fait par des amies des contacts. Il y a plein de gens qui nous ont aidé et nous ne serions pas là sans eux. On a une adresse Internet, un site où il est malheureusement assez difficile de se rendre et on va probablement avoir un autre site dans les semaines où les mois qui suivent. Le site qui est actuellement en place est un site fait par un fan que l'on connaît de près. C’est-à-dire que nous on n'y a pas vraiment pris part si ce n'est pour donner des photos, des choses comme ça. CE n'est pas un site officiel de Banlieue Rouge, c'est un site de fan comme beaucoup de groupes en ont.

    Il y a une adresse email dessus, c'est la vôtre ?


    Safwan : Il y a une adresse email effectivement qui est vers l'ordinateur de Jean-François pour ceux qui ont envie de lui raconter des trucs, des conneries, de l'insulter de l'encourager.

    Excellent, ben on s'échangera…


    Xavier : ceci dit, pour répondre à ta question, on aime bien le net parce que ca reste le dernier bastion de l'information non censurée.

    Safwan : C'est sûr, il y a des fafs, des pédophiles tout ce que tu veux mais dans une certaine mesure c'est aux gens de ne pas aller visiter ces sites-là, mais ça reste un truc non-censuré où tu peux vraiment dire ce que tu veux. Tu regardes dans les pays de l'Est c'est avec ça qu'ils sont en train de faire la révolution maintenant. Et c'est une révolution qui va beaucoup plus loin que ce qui a pu se faire jusqu'à maintenant : la révolution de l’information.

    C'est un outil…


    Safwan : Ouais tout à fait c'est un outil comme un autre qui nous permet d'être en ce moment à l'écoute et d'avoir un lien qui est peut-être difficile d'avoir autrement.

    En France on est quand même assez en retard à ce niveau-là….


    Safwan : Ouais mais vous avez autre chose à une époque que nous on n'avait pas. Je pense que ça va se mettre en marche c'est allé très vite au Canada...

    En conclusion, Banlieue Rouge moins sombre, plus gaie un jour ?


    Safwan : Plus sombre c'est juste dans la façon de le voir, mais y'a des notes positives. Tu vois des morceaux comme Comme une flamme trop forte, c'est hyper cool, c'est un morceau joyeux pour faire la fête. Au cœur de la tempête, je crois que c'est la même chose. Tu vois même Quand je serais crevé à la base, il y a des gens qui disent "Au mon dieu c'est sombre", mais en fait ça dit qu'on va pas se faire chier, avant de crever on va vivre. "Beaucoup de gens meurent, mais il y en a peu qui ont vécu".
     
  2. Carøi!
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    Carøi! carøi!

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    Mai 2007
    Vive banlieue rouge! cé tout ske jai a dire