Chargement...

Les coulisses des documentaires

Discussion dans 'Discussion générale' créé par ninaa, 8 Décembre 2014.

  1. ninaa
    Offline

    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

    11 199
    1 856
    499
    Fev 2014
    France
  2. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    On a tous entendu parler de documentaires bidonnés: par ex "La cité du mâle"
    http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2010-10-01-Arte
    Mais sans aller aussi loin dans la malhonnêteté, pour avoir témoigné dans un documentaire (sur Arte) j'ai été surprise de la manière dont il était sciemment orienté.
    A décharge de la documentariste, c'est pas évident pour ceux qui témoignent d'accepter de parler pendant des heures pour qu'il ne reste qu'un quart de leurs propos (pas forcément ceux qu'ils auraient eux mêmes choisis).

    En fait, elle savait déjà ce qu'elle voulait démontrer (les "mères au foyer" sont frustrées, donc leurs enfants moins épanouis que ceux des mères qui travaillent) et a choisi les témoins qui allaient dans ce sens.
    Du côté des "mères actives", pas de problème, elles abondaient dans son sens. Sauf que toutes exerçaient des boulots qui les passionnaient (musicienne, journaliste...).
    Côté mères au foyer, je devais représenter la mère au foyer française lambda ce qui est déjà ébouriffant (mais la notion de représentativité d'une catégorie quelle qu'elle soit n'est-elle pas absurde en soi?). La seule autre mère au foyer refusait de se dire frustrée.
    Question: "peux-tu nous parler de tes frustrations de mère au foyer?"
    - Mais je suis pas du tout frustrée, avant j'étais aide soignante dans un hospice et je préfère largement ma situation actuelle.
    Moi: "Quand même ça va pas faire un peu orienté ce genre de questions?"
    La réalisatrice: "Rassure-toi, j'aurais coupé la question au montage!" :ecouteurs:

    Il n'y avait que deux femmes pour représenter les mères françaises "typiques": moi, et Clara Gaymard (présidente de Général electric, femme d'Hervé Gaymard, fille du professeur Lejeune, fondateur de SOS tout petits - et mère de neuf enfants!). Elle y explique qu'il n'y a rien de plus facile que s'occuper d'une famille nombreuse tout en s'épanouissant au travail et le soir elle trouvait encore le temps d'écrire des best sellers et diner aux chandelles avec son ministre (UMP) de mari!
    Quand déjà on est débordée par un ou deux mouflets on se demande comment elle fait? Réponse (en privé) de la réalisatrice: "Elle a une "femme de confiance à demeure" = une bonne à tout faire).
    - Mais pourquoi ne pas avoir mentionné ce "détail" dans le docu?
    - Bah, pour elle c'est tout naturel, est-ce que tu as parlé de ta machine à laver la vaisselle? :ecouteurs:
    - Et pourquoi ne pas avoir donné la parole à des femmes d'un autre milieu social, qui auraient évoqué leurs difficultés matérielles?
    - Je me retrouve dans les problèmes des femmes que j'ai choisies, alors que je ne comprends rien à ceux des ouvrières, précaires...

    (d'ailleurs quand l'équipe est venue chez moi, j'ai eu droit à des commentaires "comment peut-on accepter de faire vivre des gosses dans un tel taudis" "je sais même pas où filmer, cet endroit est immontrable"...)

    Vous me direz pourquoi ai-je accepté de témoigner en même temps que cette vermine? Eh bien je ne l'ai appris qu'en voyant le montage final à la TV. Si je l'avais su j'aurais refusé d'y participer évidemment...
     
  3. Anarchie 13
    Offline

    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

    8 430
    753
    143
    Jan 2009
    France
  4. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Je me demande surtout comment t'as pu témoigné après un tel mépris de l'équipe de tournage... En tout cas moi ça me fait mal pour toi de lire des propos comme ça.
    Enfin bon, ça m'étonne pas des médias ton histoire mais c'est bien de rappeler leurs petites manipulations.
     
  5. Anarchie 13
    Offline

    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

    8 430
    753
    143
    Jan 2009
    France
  6. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Je viens de lire ça :


    http://terrainsdeluttes.ouvaton.org/?p=3486
     
  7. KickTick
    Offline

    KickTick Membre du forum

    1 341
    44
    144
    Mai 2012
    Germany
  8. extrême-gauche, révolutionnaire
    Ha ouais quand même...

    entre les anti-IVG qui se banalisent, le racisme de classe, l'incroyable partialitée...

    c'est chaud quand même.
     
  9. ninaa
    Offline

    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

    11 199
    1 856
    499
    Fev 2014
    France
  10. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    La discussion à propos de la "domination adulte"
    http://forums.resistance.tk/message.php?p=125896#post125896
    m'a fait repenser à l'affaire "Etre et avoir", un doc à succès (deux millions d'entrées...).


    Je l'ai pas vu (et j'en ai vraiment aucune envie!), mais je me rappelle des commentaires quand il est sorti, genre: "Un modeste instit de campagne qui sait apprendre l'essentiel, "être est plus important qu'avoir", bla bla bla.
    Tout le monde est tombé sur le cul quand l'instit a intenté un procès pour toucher sa part du gateau, bientôt suivi par quelques parents d'élèves sur le thème du "contrat de travail".
    Je me rappelle entre autres les réactions des acteurs ("Jouer la comédie c'est un métier, ça ne consiste pas seulement à se laisser suivre par une caméra"). Les documentaristes étaient inquiets que le procès fasse jurisprudence et qu'ils soient obligés de payer ceux qu'ils filmeraient au tarif acteurs.
    Finalement Nicolas Philibert à gagné son procès.
    Pour lire le reste de l'interview:

    http://television.telerama.fr/television/nicolas-philibert,43896.php

    Autre question, les gens qui participent à un documentaire sont-ils toujours réellement conscients des possibles conséquences?

    http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2011/06/14/2522469_etre-et-avoir-10-ans-apres-qu-est-devenu-le-petit-jojo.html
     
  11. ninaa
    Offline

    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

    11 199
    1 856
    499
    Fev 2014
    France
  12. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Interview truquée, fausses barbes"" Inventaire des petits «arrangements» avec la réalité.



    Mister V: "Reportage sur les racailles des cités prêtes à tout pour terroriser la France!"
     
  13. ninaa
    Offline

    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

    11 199
    1 856
    499
    Fev 2014
    France
  14. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Adresse à ceux que la situation ukrainienne fascine

    Paul Dza est reporter indépendant, il revient tout juste d’Ukraine et nous a transmis ce témoignage de ce qu’il y a vu. Non pas de la guerre en cours mais de la manière dont celle-ci est couverte par les journalistes occidentaux sur place.

    [​IMG]

    Photo : Foule de journalistes au cimetière de Lviv (Ukraine), mars 2022 – (c) Paul Dza

    Ce texte est un témoignage se positionnant à chaud, en réaction aux fantasmes que le conflit ukrainien suscite chez certains. Entre amertume et dégoût, contre la fascination morbide qui monte.

    Je me dois avant tout de préciser ma position : travaillant ponctuellement avec une agence photo, je ne me définis pas comme journaliste. À travers la photographie, je peux aborder mes sujets de prédilection situés dans l’espace post-soviétique. Mon travail s’inscrit dans une perspective d’observation, d’analyse et non d’illustration d’actualité “chaude”. Comme lors de chacun de mes reportages, je me suis rendu en Ukraine après une préparation minutieuse durant de longs mois.

    Depuis le 24 février, date à laquelle la Russie a lancé son invasion de l’Ukraine, la densité d’informations à ce sujet n’a pas désempli. La violence destructrice apparaît sur nos écrans dans une accumulation continue d’images, des corps et villes méconnaissables aux foules de réfugiés à perte de vue. Ces scènes, on les a déjà vues des dizaines de fois, on pourrait presque les interchanger si ce n’est que la solidarité était… plus distante. On parle de “loi de la proximité” quant à notre indignation sélective, et elle n’est pas uniquement géographique : elle s’exprime aussi par la rapidité des flux d’information qui nous engloutissent. C’est ainsi la face la plus morbide de l’avancée technologique qui intervient : chacun peut vivre en direct et à la carte les drames de ceux dont il méconnaissaient l’existence jusqu’alors. Et de changer de page lorsque les images lassent par leur similitude. Dans ce flot médiatique incessant, déplaçant l’échelle de la souffrance, quelle place pour le recul ? Un patron d’agence peu scrupuleux déclarait récemment dans Le Monde que « pour un jeune photographe, un conflit à moins de 2000 kilomètres de chez lui, c’est quand même une occasion professionnelle ». Il convient donc de rappeler à celles et ceux qui, happés par l’héroïsation du conflit et poussés par des patrons sans état d’âme, en oublieraient que la guerre cela reste de la ferraille et de la pierre qui volent, des vies et des corps marqués, une part d’humanité anéantie.

    À Lviv, grande ville de l’ouest, les trépieds et caméras filmant en direct sont partout, des balcons d’hôtels de luxe aux quais bondés de la gare. Malaise lorsque dans le chaos de la foule, des familles qui tentent de fuir la guerre sont éblouies par le flash d’une caméra de télévision. Priorité au direct. Entre les sirènes d’alertes anti-aériennes, les habitants tentent de vivre une vie normale tandis que ces spectateurs de circonstances guettent, fouinent, s’impatientent. Refusant pour certains le constat de leur inutilité dans ce conflit romantisé, de nombreux journalistes rejettent la faute sur cette ville historique trop ’calme’ à leur goût, bien loin des images du front. En guise de consolation, ils tentent leur chance sur le morbide terrain de jeu qui leur est accessible, celui des obsèques de soldats. Devenues quotidiennes, elles permettent aux caméras braquées sur les familles de tenter à tout prix de saisir la souffrance au mépris de toute décence. J’y ai vu des familles bousculées, des fleurs écrasées pour une image qui finira au fond d’une carte mémoire. À l’ouverture des cercueils, les pleurs des mères qui enterrent leur fils sont rapidement absorbés par le brouhaha des reporters pressés. Ces scènes s’accumulent, le climat est nauséabond. Dans la foule de journalistes, plusieurs se mettaient ainsi en retrait, les « I can’t do that » se chuchotant au milieu des appareils qui crépitent. Que reste-t-il après la honte ? Journaliste est un métier qui nécessite de la clairvoyance. Dans ce conflit où les reporters indépendants sont livrés à eux-mêmes, il est de leur responsabilité d’arriver avec un bagage important afin de comprendre les enjeux de la situation. Force est de constater que ce n’est pas le cas de tous, alors se pose une question : comment éclairer si l’on n’est pas éclairé soi-même ? Si vous vous voyez déjà dire que vous ’avez fait l’Ukraine’ plutôt que de dire que vous y étiez, passez votre chemin. Il n’est pas question d’élitisme mais d’humilité vis-à-vis de son sujet.

    Alors, à vous qui lisez ces lignes, posez-vous simplement la question : qu’est-ce qui pousse, si ce ne sont les raisons malsaines invoquées par certains, à “ne pas vouloir rater ce moment’ ? Les patrons n’ont que faire de vos vies, tant qu’il y a ’de la matière’. Dans une profession où certains groupes de médias et agences poussent à la concurrence en permanence, où l’on doit faire ses preuves pour quelques heures de reconnaissance, il faut signaler le remarquable engagement de la journaliste Laura-Maï Gaveriaux afin d’équiper des pigistes sur place. Dans ce climat nauséabond, tout passe par l’entraide face à l’exploitation.

    Alors documentez-vous, évitez les images qui s’accumulent et ne font que cultiver une banalisation de la violence brute. Lisez, écoutez celles et ceux qui mettent leurs connaissances au service d’analyses précises. Plutôt que les experts en expertise des plateaux télés, des chercheur.e.s passionnant.e.s sont là pour vous apporter leurs clés de compréhension quasi en temps réel. Il n’y a que ce que l’on ne connaît pas qui fascine. Alors ne vous laissez engloutir ni par le brouhaha malsain d’images ni par la pression concurrentielle de l’information. Revenir traumatisé pour ’y avoir été’ ou alimenter des banques d’images bradées, cela en vaut-il la peine ?

    Une pensée émue à celles et ceux qui ont payé de leur vie la couverture de ce conflit. Une pensée également aux nombreux volontaires et journalistes ukrainiens, pour qui la guerre n’était pas un choix.

    Paul Dza

    Adresse à ceux que la situation ukrainienne fascine – Info Libertaire
     
  15. ninaa
    Offline

    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

    11 199
    1 856
    499
    Fev 2014
    France
  16. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Propagande de Guerre : L’Affaire des Couveuses koweïtiennes (1990)

    En 1990, une vaste campagne de communication est lancée aux Etats-Unis pour inciter le pays à s’engager dans la guerre. L’un de ses points forts, qui marquera profondément l’opinion publique, est l’affaire des incubateurs. Selon des sources koweïtiennes, les soldats irakiens se sont livrés à des atrocités dans les hôpitaux de Koweït City. Ils auraient débranché les alimentations en oxygène des incubateurs et tué les bébés qui s’y trouvaient. Tout cela pour récupérer l’appareillage médical et l’envoyer à Bagdad.

    La rumeur de ces atrocités se propage. Elle devient une quasi-certitude avec les auditions de la commission pour le respect des droits de la personne. Pour la première fois, un témoin direct parle de ces actes de sauvagerie. Il s’agit de Nayirah, une jeune fille de quinze ans.

    Le 14 octobre 1990, une jeune femme koweïtienne, appelée par les médias « l’infirmière Nayirah », témoigne, les larmes aux yeux, devant une commission du Congrès des États-Unis. L’événement est retransmis rapidement par les télévisions du monde entier :

    « Monsieur le président, messieurs les membres de ce comité, je m’appelle Nayirah et je reviens du Koweït. Ma mère et moi étions au Koweït le 2 août pour passer de paisibles vacances. Ma sœur aînée avait accouché le 29 juillet et nous voulions passer quelque temps au Koweït auprès d’elle. […] Pendant que j’étais là, j’ai vu les soldats irakiens entrer dans l’hôpital avec leurs armes. Ils ont tiré sur les bébés des couveuses, ils ont pris les couveuses et ont laissé mourir les bébés sur le sol froid. J’étais horrifiée. Je ne pouvais rien faire et je pensais à mon neveu qui était né prématuré et aurait pu mourir ce jour-là lui aussi. […]

    Les Irakiens ont tout détruit au Koweït. Ils ont vidé les supermarchés de nourriture, les pharmacies de médicaments, les usines de matériel médical, ils ont cambriolé les maisons et torturé des voisins et des amis. J’ai vu un de mes amis après qu’il a été torturé par les Irakiens. Il a 22 ans mais on aurait dit un vieillard. Les Irakiens lui avaient plongé la tête dans un bassin, jusqu’à ce qu’il soit presque noyé. Ils lui ont arraché les ongles. Ils lui ont fait subir des chocs électriques sur les parties sensibles de son corps. Il a beaucoup de chance d’avoir survécu. »


    Ce témoignage, avec d’autres comme ceux conçus par l’agence de communication Rendon Group (en) chargée de superviser la communication du CIA et du Pentagone, a beaucoup ému l’opinion publique internationale et a contribué à ce qu’elle soutienne l’action des puissances occidentales contre les armées de Saddam Hussein lors de la guerre du Golfe.

    En fait, ce témoignage était entièrement faux. (Source)

    La jeune fille, coachée selon certaines sources par Michael Deaver, ancien conseiller en communication de Ronald Reagan, s’appelait al-Ṣabaḥ, et était la fille de l’ambassadeur du Koweït à Washington Saud bin Nasir Al-Sabah. L’association Citizens for a Free Kuwait, organisée par le gouvernement du Koweït exilé, avait commandé cette campagne à la compagnie de relations publiques Hill & Knowlton (pour la somme de 10 millions de dollars).

    [​IMG]
    Photographie de famille sur laquelle l’on retrouve la jeune « Nayirah » (à gauche) et l’ambassadeur Saud Bin Nasir Al-Sabah.

    Il est surprenant que le congrès américain n’ait pas fait une enquête préalable sur l’identité de la jeune fille avant de la laisser « témoigner » devant leur assemblée. La machination a fonctionné grâce à l’intervention de Lauri Fitz-Pegado, qui a convaincu les députés que l’identité n’était pas révélée pour protéger la famille de la jeune femme. Lauri Fitz-Pegado avait travaillé pour le gouvernement auparavant, dans l’Agence de l’Information.

    Par ailleurs, le gouvernement américain aurait payé 14 millions de dollars à cette compagnie pour l’avoir aidé à médiatiser la guerre du Golfe sous un jour favorable à l’intervention occidentale .


    Les audiences sont télévisées par CNN. John Porter, vice-président de la commission, rencontre le jour même le président Bush à qui l’on a montré les images et s’en dit bouleversé. Il utilisera l’affaire des incubateurs dans tous ses discours. Des organisations non gouvernementales, dont Amnesty International, reprennent l’information et donnent le chiffre de 372 bébés tués. L’affaire ne sera pas évoquée moins de sept fois dans le débat au Sénat qui, finalement, vote de justesse (cinq voix) l’intervention militaire. Le Conseil de sécurité de l’ONU consacre une réunion spéciale aux droits de l’homme au Koweït. Là encore, l’affaire des incubateurs est largement citée. Deux jours après, à l’unanimité moins l’abstention de la Chine, le Conseil de sécurité autorise le recours à la force.

    [​IMG]

    J’ai retrouvé par chance cet excellent reportage de Neil Cherofky « To Sell A War » (Vendre une Guerre) qui démontait tout ceci en 1992 :


    (en anglais, mais Youtube peut créer et traduire les sous-titres à la volée (option Sous titres)

    Au début du reportage, John MacArthur, du «Harpers», explique qu’«il fallait vendre la guerre aux Américains pour les convaincre d’y participer». Ce qui fut fait.

    Dès que les Irakiens ont été chassés du Koweït, les organisations non gouvernementales et des organismes comme l’OMS (Organisation mondiale de la santé) envoient sur place des experts pour évaluer les dégâts commis dans les hôpitaux et interroger les personnels médicaux. Tous sont formels: l’affaires des incubateurs n’a jamais existé. Le reportage du Canadien interroge longuement les spécialistes. Ils ne laissent plus aucun doute sur le mensonge. Un responsable d’Amnesty International explique même que son organisation a publié un rectificatif après la guerre pour dire qu’il n’y avait pas eu de bébés tués dans leurs incubateurs.

    Mais il ne s’agit pas que d’une rumeur colportée et reprise. Le reportage démontre la manipulation.

    Au bout des vingt-trois minutes de reportage, le journaliste pose de graves questions, celles des dangers pour la démocratie d’une agence de communication qui fixe les termes d’un débat en les ayant auparavant faussés et qui tente de manipuler par la désinformation toute une opinion publique, avec en ligne de mire la volonté de faire entrer le pays dans la guerre.

    En mars 1991, l’Humanité enquêtait et montrait comment un fait réel avait servi à manipuler l’opinion :

    Fin août un chef de la résistance koweitienne, que l’on dit être un membre de la famille régnante, convoque la presse internationale à Kafhji pour raconter avec force détails les exactions auxquelles se livrent les troupes irakiennes d’occupation. Il évoque le cas de l’hôpital Moubarak qui, comme les quatre autres centres hospitaliers publics de la capitale de l’émirat, aurait été dévasté. Des bébés prématurés sont morts après avoir été arrachés de leur couveuse, précise-t-il.

    L’information est reprise dans le rapport publié en décembre par Amnesty International sur la «situation humanitaire au Koweit sous occupation irakienne». Il y est question de la mort de «300 enfants prématurés».

    Vendredi 1er mars, après enquête auprès des responsables de l’hôpital Moubarak, le médecin-chef militaire français Guy Angel affirme aux journalistes : «l’hôpital n’a pas été dévasté. Il a toujours fonctionné normalement sauf pendant les quatre jours de l’offensive terrestre. Aucun cas d’exaction ne m’a été signalé». Il n’a pas entendu parler de l’affaire des bébés prématurés.

    A l’hôpital nous n’avons rencontré personne qui fût au courant. Directeur adjoint des services de santé de l’Émirat, M. Jehad Al Gharabally, raconte dans «le Monde» des 3 et 4 mars: «Je connais le médecin qui a lancé cette rumeur. Mais aucun hôpital ne m’a signalé de tels actes. En revanche, les Irakiens peu avant leur fuite ont emporté un lot de couveuses à Bagdad. Mais ils ne savaient pas que nous en possédons des stocks importants. Cela ne nous a pas manqué.».
     
  17. Vu le calendrier de l'actualité, ce dernier post loin d'être innocent va clairement dans le sens de Moscou !
    Aucun respect ! Aucune valeur !
     
  18. ninaa
    Offline

    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

    11 199
    1 856
    499
    Fev 2014
    France
  19. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    N'importe quoi
     
  20. Aujourd'hui, le 5 avril 2022, ninaa poste ceci sans donner aucune source...
    Aujourd'hui, le 5 avril 2022, le régime de Poutine parle de propagande et manipulations
    après la découverte de cadavres à Boutcha...


    Quelle coïncidence, n'est-ce pas !

    "N'importe quoi" répond-elle... Moi je n'y vois qu'un foutu irrespect envers les victimes et une volonté de semer le doute sur des crimes de guerre (comme le font depuis des semaines ces connards de pro-poutine)

    Mépris total !!!
     
  21. ninaa
    Offline

    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

    11 199
    1 856
    499
    Fev 2014
    France
  22. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Mais oui bien sûr, c'est parce que je "soutiens Moscou" que j'ai initié et alimenté à de nombreuses reprises le topic "soutien anarchiste à l'Ukraine".

    Soutien anarchiste à l'Ukraine

    L'affaire des couveuses au Koweit est un des plus célèbres mensonges de propagande de guerre des USA.

    Affaire des couveuses au Koweït — Wikipédia

    Concernant les mensonges de propagande de la guerre actuelle, je me garderais bien de prendre parti pour l'une ou l'autre des versions. Poutine est tout aussi capable de mentir pour ses intérêts que le "héros" Zélenski. Une seule chose est certaine pour moi: il n'y a qu'une seule façon de faire la guerre, la sale.
    "Crimes de guerre" c'est un pléonasme.
    Et en temps de guerre on est bien forcés de se méfier de toutes les "informations", de quelque camp qu'elles viennent.
    Lors de la première et de la deuxième guerre en Irak j'ai participé à des collectifs contre la guerre et l'embargo (embargo approuvé par l'ONU et qui a fait des ravages effroyables dans la population irakienne, enfants compris).

    IRAK. Les enfants meurent par milliers

    Déjà à l'époque il fallait sans cesse répondre à ceux qui nous accusaient de "soutenir Saddam Hussein".
    Aujourd'hui, fort heureusement, je ne suis pas la seule anarchiste à ne pas céder au militarisme ambiant.

    Guerre à la guerre

    Dix principes élémentaires
    Dans une série de dix chapitres pédagogiques, Anne Morelli illustre par des exemples chacun des dix principes:
    • nous ne voulons pas la guerre ;
    • le camp adverse est le seul responsable de la guerre ;
    • le chef du camp adverse a le visage du diable (ou « l'affreux de service ») ;
    • c'est une cause noble que nous défendons et non des intérêts particuliers ;
    • l'ennemi provoque sciemment des atrocités, et si nous commettons des bavures c'est involontairement ;
    • l'ennemi utilise des armes non autorisées ;
    • nous subissons très peu de pertes, les pertes de l'ennemi sont énormes ;
    • les artistes et intellectuels soutiennent notre cause ;
    • notre cause a un caractère sacré ;
    • ceux (et celles) qui mettent en doute notre propagande sont des traîtres.
    Morelli répertorie et illustre chacune de ces ficelles, selon « dix commandements » qu’elle a repris à un ouvrage d’Arthur Ponsonby daté de 1928. Il s’agit toujours d’attribuer la responsabilité de la guerre à l’adversaire, de diaboliser son dirigeant (le fameux reductio at hitlerum) et de mettre en avant des motifs humanitaires en attribuant au camp adverse les pires exactions barbares. La grande force de l’ouvrage de Morelli, c’est d’avoir mis tout à plat : toutes les nations et tous les conflits s’entremêlent pour illustrer de communes recettes. Première et deuxième guerre mondiales, Yougoslavie, Irak, Afghanistan… Etats-Unis, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Russie… L’auteur illustre les mensonges et manipulations croisés des vainqueurs comme des vaincus, des alliés comme d’Hitler, indépendamment des rôles et responsabilités que l’on attribue aux uns et aux autres dans le grand théâtre de l’Histoire romanesque et morale. Morelli démontre par ses juxtapositions que l’ampleur de la propagande ne décroit pas avec le temps, comme une vision spontanément progressiste de l’information et de l’histoire tendrait à nous le faire croire. Ces histoires répandues dans la presse britannique de soldats allemands coupant les mains des petits enfants belges pendant la première guerre mondiale sont-elles bien différentes de ces récits de la télévision américaine sur ces bébés koweïtiens arrachés à leurs couveuses par les soldats irakiens ?
    Douter des « informations » qui nous parviennent, particulièrement concernant les pays auxquels notre gouvernement s’oppose, c’est avant tout douter de nous-mêmes, des jugements et réactions émotives que l’appareil médiatique suscite en nous. L’ouvrage de Morelli est à ressortir des bibliothèques régulièrement.

    https://www.mvtpaix.org/wordpress/b...ementaires-de-propagande-de-guerre/?print=pdf
     
  23. Tout est dit !
    Merci !
     
    ninaa apprécie ceci.

Les membres qui ont lu cette discussion dans le dernier mois (Total: 9)

  1. ninaa
  2. Jaf
  3. Ungovernable
  4. allpower
  5. jabali
  6. Alba
  7. Anarchie 13
  8. HarryKill
  9. Ganate