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Médias L’Envolée n° 45, « Les prisonniers ont raison de se révolter ! »

Discussion dans 'Webzine - actualité des luttes et partage d'articles de presse' créé par mc², 22 Novembre 2016.

  1. mc²
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    Août 2014
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    L’article qui suit est extrait du N°45 du journal qui vient de paraître. Il revient sur les nombreux mouvements qui ont secoué les prisons durant les quatre derniers mois… dans l’indifférence quasi générale. Dehors, ça bouge ; dedans ça bouge… mais rien entre les deux, ou si peu.

    Acheter le journal dans sa version papier, s’abonner, c’est nous permettre de continuer cette aventure et d’abonner gratuitement les prisonniers et prisonnières qui en font la demande.

    Cet été, les prisonniers se sont révoltés dans plusieurs taules, déclenchant une vague de mouvements comme on n’en avait pas vu depuis longtemps. Malgré leur importance, ces mouvements sont restés cantonnés aux colonnes « faits divers » de la presse. Quasiment sans aucun relais ou écho en dehors des canaux officiels : pas de proches de prisonniers qui s’expriment, pas de comités de soutien, aucun rassemblement. Rien. La consigne du pouvoir à la presse semble avoir été claire : pas une parole de prisonniers – même pas de ceux qui ont contacté par téléphone le torchon local. Les seules voix que l’on a pu entendre sont comme d’habitude celles des procureurs locaux et des matons syndiqués. Le syndicat de surveillants SPS résume ainsi la situation : « Les détenus ne sont pas dupes et ont bien conscience que le manque d’effectifs leur est favorable pour imposer leur loi. » Face à ce bruit de fond qui couvre les mouvements, reprenons les choses au début en commençant par dire : « Nous sommes d’accord avec les prisonniers. »

    Le 17 juillet, à la maison d’ arrêt d’Osny, une centaine de prisonniers ont refusé de remonter de cellule et ont caillassé les matons. « Pas de revendications » d’après la presse.

    Le 24 juillet, 81 d’entre eux ont refusé de remonter en cellule et ont brûlé des draps en hommage à Adama Traoré tué par des gendarmes le 19 juillet. Ils ont exprimé de manière exemplaire leur conscience de la continuité qu’il y a entre la gestion policière des quartiers populaires et la violence quotidienne exercée par la justice à l’intérieur des prisons.

    Le 28 août – faisant suite à un précédent blocage fin juillet – cent prisonniers de la maison d’arrêt de Villepinte ont bloqué la promenade, vraisemblablement pour dénoncer la gestion des cantines par la Gepsa.

    Le 4 septembre, à la maison d’arrêt d’Angers, une soixante de prisonniers ne sont pas remontés de promenade. Ils ont appelé Ouest-France : « On bloque la prison. Les conditions de détention sont devenues inhumaines. Même un chien ne vivrait pas ici. »

    Le 7 septembre, au centre de détention d’Aiton près de Grenoble, huit prisonniers cassent les toilettes et le téléphone public dans la cour.

    Le 16 octobre, 50 cellules de cette prison ont été saccagées et une trentaine de prisonniers ont mis le feu à leur matelas. Une partie de la prison a été évacuée. « Pas de revendication » d’après la presse.

    Le 12 septembre, au centre pénitentiaire de Vivonne, une soixantaine de prisonniers ont mis le feu à leur cellule ; un bâtiment a brûlé entièrement, le système électrique a cramé et celui de vidéosurveillance a été mis hors circuit. Les prisonniers ont été transférés dans les taules des départements voisins. Une prisonnière de Vivonne nous a écrit à propos de cette mutinerie :

    « Par rapport à la mutinerie qui a eu lieu la semaine dernière au CDH, presque tout ce que nous avons su c’est par les médias, que le mec qui a déclenché la mutinerie avait vu sa perm’ refusée par le directeur alors que le juge lui avait accordée. Qu’ils ont pris les clés à un surveillant, qu’ils ont ouvert les portes des autres prisonniers, qu’ils ont fait sortir les choses et ils ont mis le feu. Que les flics sont rentrés et qu’ils ont « fait le nécessaire » pour stopper la mutinerie. Peut-être deux infos que personne n’a entendu dans les médias : il y a des doutes sur le pourquoi de l’hospitalisation du mec. C’est à cause de la fumée ou à cause des nombreux coups qu’il a pris quand les super flics ont « fait le nécessaire » ? Apparemment on a vu des prisonniers couverts de sang sortir du bâtiment. C’est intéressant de remarquer également que les prisonniers-ères qui étaient témoins dans les cellules étaient contents de voir cet acte de rébellion. Ça a crié, beaucoup et fort, des insultes contre l’AP et la police et des cris de solidarité envers les mutinés. C’était vraiment beau à voir et entendre. Nous sommes convaincu(e)s qu’il y aura des représailles avec le temps. Et pour ceux qui ont fait la mutinerie, la punition va être lourde, ça tout le monde le sait, force et courage les mecs ! Ils utiliseront le prétexte de la mutinerie pour mettre en place d’autres mesures répressives, ou nous enlever des droits, mais nous aurons toujours en nous le plaisir de savoir que Monsieur le directeur a été humilié (leur super prison de haute sécurité célèbre pendant quelques jours parce qu’il y a eu un gros bordel) et peut-être il se souviendra toujours que l’animal humain n’est pas si facile à dresser.»

    Le 25 septembre, au centre pénitentiaire de Valence, trois prisonniers ont volé les clefs de surveillants et ouvert des portes de cellules. Quelques matelas ont brûlé, déclenchant un incendie.

    Le 18 octobre, une trentaine de prisonniers ont refusé de remonter en cellule suite à une fouille au centre pénitentiaire de Liancourt. Ils ont rendu « inopérant le système de vidéosurveillance et ont allumé plusieurs incendies sur la coursive. Ils ont également bloqué les grilles d’accès à l’étage dans le but de retarder l’intervention des personnels.» Les syndicats réclament des poursuites pénales contre « les meneurs de ce mouvement collectif ».

    Le gouvernement s’est servi de ces mouvements pour légitimer sa politique de surpénalisation. Au-delà de la traditionnelle logique sécuritaire des périodes électorales. D’après lui, la surpopulation serait à l’origine de tous les problèmes ; ce serait même le bouillon de culture de la radicalisation en prison, qui met en danger non seulement le personnel pénitentiaire mais la société toute entière. Et ils projettent évidemment la construction de 24 000 nouvelles places… Quelle blague ! Les prisonniers, eux, ne veulent pas plus de prison : ils en veulent moins. Ils veulent pouvoir sortir. Leurs mouvements sont l’expression de leur refus de la politique de (non) aménagement des peines. Déjà à l’été 2015, les prisonniers de Réau, Toulon, Tarascon et Nantes, entre autres, avaient fait circuler des pétitions et des plates-formes : ils dénonçaient une politique qui vise à ce que « plus personne ne sorte ». Nous en avons été les relais dans les précédents numéros. La colère face à ces refus systématiques de transferts, de sorties en permission ou en conditionnelle n’a pas été entendu, et s’est logiquement traduit en mouvements. Le ton s’est durci. Ces mouvements affirment tous une évidence : quand il y a un refus systématique de toute demande par l’administration pénitentiaire, la seule arme qui reste c’est la violence, entre autres brûler sa prison. Si les prisonniers prennent de tels risques – tabassages, transferts, peines supplémentaires… – ce n’est pas par désespoir mais bien pour se faire entendre hors des murs de leur prison. Ces mouvements sont des appels qui cherchent des destinataires. Mais personne ne répond. Pourtant, quand quatre dockers du Havre sont placés en garde à vue pour violences contre flics pendant une manifestation contre la loi travail, le port est immédiatement bloqué, des centaines de personnes protestent devant les commissariats des grandes villes françaises. Quand huit ouvriers de chez Goodyear prennent en otage leur patron et passent en correctionnelle, la CGT pénitentiaire demande la relaxe des huit militants qui ont pris vingt-quatre mois en première instance et déclare : « Les patrons peuvent jeter les travailleurs vers la misère. Mais quand des travailleurs relèvent la tête et ne se laissent pas faire, c’est la prison. » On pense à Fabrice Boromée ou Rachide Boubala qui prennent des peines infinies pour avoir séquestré leur « patron » – en l’occurrence le sous directeur de Condé-sur-Sarthe : quand ce sont les prisonniers qui relèvent la tête, qui ne se laissent pas faire, ils sont certains de prendre des années de prison supplémentaires.

    On se souvient aussi du déménagement de la prison du centre-ville de Poitiers à Vivonne en 2009 : une manifestation avait cassé et tagué les vitrines. « Coucou, c’est nous », disaient des manifestants. Aujourd’hui, c’est au tour des prisonniers de Vivonne de dire à toute une société : « Coucou, on est là ! »

    À quand une conscience commune que nos existences sont liées à la prison ?… Comment ne pas comprendre que la prison n’est pas une institution à part, mais qu’elle est au contraire la réponse de l’État à toutes les luttes, à tous les refus qui prennent un peu d’envergure. Le durcissement des mouvements répond au durcissement des conditions faites aux prisonniers, ils sont le reflet grossi du durcissement actuel des rapports sociaux en général. Il y a une quinzaine d’années, trois prisonniers de la centrale d’Arles s’adressaient à l’ensemble de la société dans un communiqué clandestin à l’occasion de la commémoration de la prétendue abolition de la peine de mort. Ils concluaient leur texte ainsi :

    « Enfin, nous souhaitons adresser un message à tous les jeunes des cités, à tous les enfants du prolétariat et du sous-prolétariat, à tous ceux et celles appartenant à la classe des sacrifiés du système. Hier, vos parents et grands-parents, nos parents et grands-parents, étaient transformés en « chair à canon », envoyés au front pour y crever en défendant des intérêts qui n’étaient pas les leurs. Aujourd’hui, c’est le destin de « chair à prison » qui nous est offert, qui vous est offert. Refusez cette tragédie, refusez cette logique. Prenez conscience de tout cela avant qu’il ne soit trop tard. Car les portes de prison se referment de plus en plus sur vous et de plus en plus longtemps, alors que les véritables délinquants, ceux qui vivent sur le dos de la misère, de notre misère, de toute leur arrogance, se goinfrent en rigolant de nos malheurs, de nos vies sacrifiées. »

    Suite à ces mouvements, il y aura des procès. Nous publierons les dates sur ce site. La moindre des choses est de ne pas laisser ces prisonniers seuls face à des tribunaux qui les condamneront encore et encore… Dans une interview récente, Xavier Mathieu, figure médiatique des Conti, fait le premier pas vers la reconnaissance d’une condition commune entre tous ceux qui se battent contre ce système, libres ou enfermés :

    « J’ai été un pacifiste toute ma vie, un non-violent toute ma vie, mais je ne crois plus au pacifisme. Je crois en la violence ; vous voyez, par exemple, on a pété la sous-préfecture de Compiègne ; ça faisait six semaines qu’on réclamait des négociations. Aucune n’était acceptée, on a pété la sous-préfecture et trois heures après on nous accordait ce qu’on demandait. En face, ils n’ont peur que de ça, que de la violence. Et ça ne dessert rien du tout ; quand j’étais convoqué par la police et mis en garde à vue, les Conti sont descendus dans la rue, ils ont attendu deux heures devant le commissariat, on a signé un papier et on est sortis aussitôt. Y a que ça qui leur fait peur. »

    « Délinquant », c’est le mot dont se sert l’État pour désigner toutes celles et ceux qui contreviennent à son autorité. Le reprendre communément et stupidement à son compte ne fait que créer des divisions entre femmes et hommes de même condition…

    L’Envolée

    https://emissionsradio.rebellyon.info/papillon/autres/Envolée PDF 45 fina compl.pdf
     
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  4. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Le numéro 47 est paru!

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    Edito:
    Sommaire:

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    L'envolée
     
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  6. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    ÉMISSION DE L’ENVOLÉE DU 09 MARS 2018
     
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  8. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    14 morts dans les révoltes, 3 000 libérations annoncées – Des nouvelles de la situation en Italie | L’envolée
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    14 morts dans les révoltes, 3 000 libérations annoncées – Des nouvelles de la situation en Italie | L’envolée – ★ infoLibertaire.net
     
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  10. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    L’Envolée, le 29 janvier 2021
     
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  12. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Cinq ans après les révoltes de Beaumont-sur-Oise, des assises pour l’exemple

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    C’est pourquoi nous appelons toutes les personnes solidaires à se rendre à la cour d’assises du Val-d’Oise* du 21 juin au 10 juillet pour soutenir les accusés. Il ne faut pas les laisser seuls dans une salle pleine d’uniformes – histoire que la justice ne puisse pas faire son sale boulot en catimini.

    *(Depuis la gare du Nord : Ligne H, arrêt Pontoise / Depuis gare Saint-Lazare : Ligne J, arrêt Pontoise / RER C : arrêt Pontoise)

    Cinq ans après les révoltes de Beaumont-sur-Oise, des assises pour l’exemple
     
  13. ninaa
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  14. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Le journal L’Envolée n°53 est sorti !

    Le n°53 du porte-voix des prisonniers et prisonnières, et de leurs proches, qui luttent contre le sort qui leur est fait, est sorti. Il est envoyé gratuitement aux personnes enfermées qui le souhaitent. Pour les autres, vous pouvez trouver les 56 pages du dernier numéro pour 2 euros dans les bonnes crèmeries, ou vous abonner. Toutes les infos en cliquant ici.

    Le journal L’Envolée n°53 est sorti !

    Au sommaire :

    • Le ministère et l’administration pénitentiaire voudraient faire taire l’Envolée, les prisonniers et leurs proches.
    • Lettre de l’Infâme, au quartier d’isolement (QI) de Vendin : « C’est hallucinant les trucs qu’ils inventent pour justifier les actes odieux et injustes ».
    • La peine de mort n’a pas été abolie, c’est la guillotine qui a été supprimée !
    • Lettre de Libre Flot, au QI de Bois d’Arcy : « L’isolement est à la solitude ce que la lobotomie est à la méditation ».
    • « Ici c’est Marseille, bébé » : Des prisonnières des Baumettes contre les violences et le sexisme des matons.
    • Pour un féminisme anticarcéral. Contributions à la réflexion.
    • Le COVID, on pensait que c’était une maladie.
    • L’AP nie l’identité de genre des prisonnier.e.s trans : « En prison c’est homme ou femme ».
    • Tour des structures d’enfermement pour mineurs : le parcours de Jul.
    • Superdupont sucre les remises de peine « dans la dignité ».
    • … et pas mal de brèves.
    Télécharger le numéro

    L’édito de ce numéro 53 :

    Et ça recommence… Quand Olive proposait pour la énième fois de commencer l’édito par cette phrase, on se marrait, mais on ne trouvait pas mieux !
    L’inflation sécuritaire, ça ne date pas d’hier. Alors quand Macron déclare dans la presse que « chaque français verra plus de bleu, de policiers sur le terrain en 2022 ; ça rassure les gens, ça dissuade les délinquants »… ça fait surtout démagogie d’Etat pour les nuls.


    Prétendre en finir avec l’irresponsabilité pénale – vieille obsession inlassablement ressassée par les vengeurs d’Etat ! Faire aboyer son ministre de l’intérieur, petit Thiers des temps modernes qui, étudiant à Science Po, se faisait appeler « El Tiranos » et se vantait de « regarder les strings qui dépassent » ! En donner toujours plus aux condés qui manifestent contre une justice soi-disant laxiste parce qu’elle a osé acquitter quelques gosses dans l’affaire de Viry-Châtillon ! Envoyer son ministre des tribunaux et des prisons à la télé pour faire les gros yeux à Marine Le Pen qui « dit n’importe quoi, moi je vais vous dire ce qu’on a fait : on a pas du tout libéré 15 000 personnes, on en a libéré 6 000, qui étaient à un mois de la fin de leur peine » ! Ce que les prisonniers ne cessent de répéter depuis le premier confinement finit par être confirmé par le ministre lui-même – faux ténor, mais vrai populiste ! Mais bon, campagne présidentielle oblige ; et une campagne, c’est fait pour dire de la merde – oups ! –, pour rassurer les braves gens en les inquiétant à mort !

    Pas surpris, on vous dit !
    Sauf que… les condés qui pleurent, ils viennent à peine d’obtenir une nouvelle loi sécuritaire – le treizième « paquet » quand même depuis 2001 ! Sauf que… l’extrême droite a pris ses quartiers sur les plateaux de télé H24 ! Sauf que… une brochette de vieux militaires puant l’Algérie française menace dans la presse de prendre les armes pour sauver la Patrie ! Sauf que… loi contre le prétendu « séparatisme », avec extension du droit de dissoudre les associations ! Sauf que… fermeture des frontières et six mois en centre de rétention pour les sans-papiers ! Sauf que… nouvelle loi contre le terrorisme dans les tuyaux, avec fichage des internés en psychiatrie… sauf que… sauf que…

    Alors oui, ça continue…
    Mais ça s’accumule, ça s’emballe. Il sent pas bon, l’air du temps ! Il pue la guerre même ! Guerre au terros, aux virus, aux étrangers, aux délinquants… des guerres qui masquent les véritables antagonismes : diviser pour régner.
    Jamais on ne les entend parler de la guerre de classe en cours, dont la réforme du chômage illustre la violence.

    Si en un an, on n’a pas compris grand-chose à ce virus, les gouvernants ont bien compris, eux, comment profiter de l’épidémie. Ils avancent vite contre une population qui s’épuise à intégrer – ou contourner – chaque nouvelle règle avant qu’elle ne soit remplacée par la suivante.
    Comme toujours, les seules vraies « zones de non-droit » sont celles de la grande bourgeoisie qui trinque au champ’ dans des restaurants clandos ambiance Napoléon et se torche le cul avec les règles sanitaires qu’elle impose à une population infantilisée. Des hommes et des femmes envoyé·e·s au turbin dans des conditions toujours plus infâmes dans l’attente d’un hypothétique après. « L’essentiel étant de survivre, acceptez tout ! » Mais il n’y a pas d’après ; juste l’effondrement social qui se poursuit. Juste ça…

    Avec ou sans covid, ce sont toujours les plus pauvres et les immigré·e·s qui meurent d’épuisement, d’isolement, de manque de soins. Comme on meurt toujours en prison dans l’indifférence générale !
    Le covid camoufle cette crise sociale, et fournit de nouveaux moyens légaux d’écraser les soulèvements qu’elle ne manquera pas d’occasionner demain et de réprimer les combines d’une population massivement mise au chômage ! Pas un complot : juste une aubaine pour des gouvernants qui se dotent d’un arsenal sanitaire pour compléter leur arsenal sécuritaire.
    Quand des centaines de milliers de Gilets Jaunes se sont soulevés contre la crise économique qui était déjà là, ce même gouvernement de Versaillais les avait écrasés, mutilés, enfermés ! Le voilà, le sens de la construction de 7000 nouvelles places de prison, de l’autorisation de Flash-balls dans les coursives, de la multiplication du recours à la visioconférence pour les jugements, de la suppression des remises de peine, du maintien des Plexy dans les parloirs… Dans les années à venir, l’Etat, qu’il soit d’extrême droite ou d’extrême centre, voudra enfermer encore plus de monde, plus brutalement, plus longtemps. Enfermer les « classes dangereuses » est un vieux projet ; c’est le leur. Se battre aux côtés des prisonniers, contre la prison et le monde qui la génère : voilà le nôtre.

    La censure que nous venons de subir et le procès qui nous est intenté ne font que renforcer notre détermination à relayer les combats des enfermé·e·s et de leurs proches. « Notre problème c’est pas l’article 24 [qui interdit de filmer la police] c’est le 17 [ la police] », affichaient certains manifestants contre la loi de sécurité globale l’hiver dernier.
    Notre problème, c’est aussi tous les autres articles ; c’est la Loi, en somme. C’est la sécurité. La commune n’est pas morte !



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    La dernière page du numéro 53 :

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  15. ninaa
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    Morts en prison – la justice protège la police – Appel du CRA de Vincennes
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    • Lettre de LibreFlo depuis le QI de Bois d’Arcy, qui nous envoie aussi une petite fiche de lecture du livre « Pour elles toutes »



    • Retour sur la mort de Gourdana en détention, alors que seul un médecin est passé devant le juge la semaine dernière.


    • Retour sur le procès de Mél : la justice protège les policiers


    • Enregistrement d’une prise de parole d’Oumou lors d’une réunion publique à Nantes, avant le procès de 7 surveillants à la suite de la mort de son Frère Sambaly à la prison de Saint martin de Ré fin novembre


    • Appel d’un prisonnier du CRA de Vincennes pour parler des conditions de merde dans cette prison pour sans papier

    Morts en prison – la justice protège la police – Appel du CRA de Vincennes
     
  17. ninaa
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  18. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    « On meurt, nous détenu·e·s isolé·e·s, de mort lente, et parfois même brutale, dans les QI, sachez-le, et insurgez-vous »
    Lettre de l’Infâme sur la soit-disant abolition de la peine de mort et les quartiers d’isolement, publié dans notre dernier bouquin « La Peine de mort n’a jamais été abolie ».

    Quartier d’isolement de Valence,
    14 juin 2021

    J’ai pris à la base 8 ans de prison… À la base ! Mais l’AP et ses bourreaux ont fait leur office ! Très rapidement, l’AP m’a envoyé dans ces cimetières à ciel ouvert que l’on appelle isolements ! Ces lieux où les viles canailles, tout comme les voyous certifiés bonhommes, perdent peu à peu la tête, la santé et trop souvent même la vie par des suicides inexpliqués, que j’estime être des assassinats ! Ce, tout simplement, pour avoir refusé de se faire avaler par une machine bien huilée que l’on nomme administration pénitentiaire !
    Alors, comment pouvoir espérer s’en sortir, avec une vraie volonté sincère pour se « ranger des voitures », quand on est envoyés dans ces bas-fonds de la prison que sont les QI ? Surtout quand on vit et subit l’inacceptable ?
    Qu’est-ce que l’inacceptable, me demanderez-vous ? L’inacceptable, c’est quand tu subis de la part de tes bourreaux des tentatives d’assassinats, car ils ont essayé par trois fois de me tuer véritablement.
    Par trois fois, ils n’y sont pas parvenus, mais j’y ai « laissé des plumes » : AVC, paralysie, membres cassés, etc. Ou encore, quand ces mêmes bourreaux te privent des choses basiques, comme le droit d’écrire vers l’extérieur, de lire, d’être soigné par un médecin. Ou encore te priver d’eau froide quand il y a la canicule, te priver de tes repas, arracher le peu de choses qui te connectent avec l’extérieur et/ou ta vie passée et/ou future, comme les courriers de tes proches, les photos de tes frères et sœurs, etc. Ou encore porter plainte contre toi, pour rallonger ta peine, et comme beaucoup sont des mange-pierres, demander des milliers d’euros de dommages et intérêts quand des mecs comme moi, à force de se faire rabaisser, insulter, frapper, etc., on décide de dire stop, de se rebeller et de se dire : moi, je tends pas l’autre joue !
    Mais tout ça a un prix ! Le prix de la honte ! Le prix que j’ai payé de ces années d’isolement. Financièrement, bien trop… une somme à 6 chiffres, et ce uniquement pour des surveillants ou des détenus-prévôts, car dans mon affaire d’assises, je n’ai pas de dommages et intérêts à payer aux victimes !

    Mais, bien plus que le côté financier, le prix de la honte, c’est celui de ma vie à moi ! Ma vie, en tant qu’homme, en tant qu’être humain !

    À cause de ces gens, de ce contexte mortifère de l’isolement strict, sécuritaire et sécurisé, du fait aussi qu’il n’y a aucun outil pour la réinsertion dans les QI où tu es malmené H24, au lieu d’avoir à effectuer 8 ans, j’en ai 30 sur papier à faire ! 30 ans ! Et, sur ces 30 ans, je ne sais pas combien j’en aurai fait au QI.
    Ces répercussions sont souvent des privations sensorielles d’un autre temps, abjectes, des pressions psychologiques terribles et constantes, et très souvent physiques-psychologiques telles que te mettre de longs moments tout nu au cachot ! Tu perds ainsi, dans cette configuration-là, en étant dépouillé de tes vêtements, ce qui fait en partie de toi un être humain civilisé, et tu te sens avili, d’une façon qu’il me serait impossible de vous décrire tellement je n’ai pas les mots pour exprimer ma peine, ma haine et mon dégoût.

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    Imaginez, qu’à ma place, ce soit vous, vous qui lisez ces lignes, qui subissiez une telle chose !

    Imaginez, 8-10 personnes, parce qu’ils sont 8-10, alors physiquement plus fortes que vous, qui vous dépouillent manu militari dans une violence inouïe de vos vêtements, de tous vos vêtements, et vous laissent ainsi, des jours entiers, dans une cellule de cachot ! Quels sentiments alors ressentiriez-vous, surtout sachant que, même si ça s’est passé réellement, vous n’avez aucun moyen de vous faire justice légalement, pour faire condamner ces gens qui agissent telles des petites frappes de bas-étage ?!
    Et que ressentirez-vous si à un moment tout est fait pour vous priver, des années durant, de vos proches, donc, par effet boule de neige, de visites, et par ce même effet boule de neige, de courriers, et de ce fait aussi, de soutien tant financier que vestimentaire, entre autres choses ?

    Que dire aussi, si à ma place, ce soit vous qu’on prenait au saut du lit pour vous envoyer en psychiatrie, même si vous n’avez pas de problèmes de ce côté-ci, à vous qu’on piquait le cul avec des produits dont les noms bizarres ne vous diront probablement rien, mais qui auraient pour effets de vous faire oublier même le visage de vos proches, que vous n’ayez même pas conscience d’être en vie, à un point tel que vous pissez et chiez sur vous comme si c’était chose normale, et vous n’avez alors même pas l’envie, et encore moins le cerveau en vie, pour vous dire « il faut que je me nettoie » ?
    Que dire encore, si c’était à vous, madame, monsieur – si vous avez la force de vous relever et de vous remettre de tout cela – qu’on ne donne aucun « outil » pour envisager une réinsertion ? Sans de tels « outils » en QI, comment faire pour avoir un jour une perm’ ? Une condi ? Comment ne pas sombrer ?

    Surtout, sachez-le bien : au QI, toute volonté d’alerter sur de telles choses est quasi infaisable quand on n’a aucun soutien. Que ressentiriez-vous, si c’était à vous que de telles choses arrivaient ?


    Je ne vous le souhaite pas, mais gardez en tête que, ça comme le dit la formule pour la prévention sur le SIDA, la prison (tout comme le SIDA), ça n’arrive pas qu’aux autres ! Tous et toutes un jour vous pouvez devoir y faire face.
    Il faut que tout cela bouge ! Et pas demain, pas dans un mois, pas dans un an ! Mais tout de suite ! Mais, ça va faire quarante ans le 9 octobre 2021 que la peine de mort a été soi-disant abolie ! Quelle blague amère ! En toute honnêteté, elle n’a jamais été abolie ! Elle a juste pris d’autres formes, d’autres noms ! Une forme dans sa plus dure réalité : « la torture blanche », silencieuse. Deux principaux noms : quartiers d’isolement, et quartiers disciplinaires, pour leurs formes les plus dures, et les plus violentes ! On meurt, nous détenu·e·s isolé·e·s, de mort lente, et parfois même brutale, dans les QI, sachez-le, et SVP insurgez-vous en, levez-vous, poing tendu, pour dire stop ! Je veux pas faire dans la pleurnicherie, ni dans le mélo, mais sachez que tout ce que j’ai écrit ici, je l’ai subi de plein fouet, personnellement !

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    C’est une réalité. Je suis tombé en prison en 2000, j’avais alors 17 ans 1⁄2 ! J’aurais dû en sortir, max – si j’avais fait ma peine « plein pot » sans RPS ni rien – en 2008 ! On est en 2021, et je suis encore dedans ! Et ma date de libération actuelle est 2030 ! Faute à qui ? À moi ? Non ! Comment une telle chose a-t-elle pu se produire ? Faute à mes geôliers et aux prévôts ! Mes plus belles années parties en fumée à cause de gens mauvais ! Je reprendrais les mots d’un grand monsieur que je ne connais pas personnellement, mais qui, pour moi, est une véritable source de courage au vu de son parcours carcéral et de son refus de se laisser broyer par ce système carcéral et judiciaire, tout comme répressif, qui n’est autre que monsieur Laurent Jacqua qui, un jour de mars 2006 a écrit ceci, retenez-bien : « Sachez, pour votre gouverne, que sur un arrêt de jugement, on trouve la mention suivante : « Au nom du peuple français ». C’est donc en votre nom que sont appliquées toutes ces détentions « spéciales ». C’est aussi en votre nom que les prisonniers subissent la torture blanche dans tous les quartiers d’isolement de France ! Maintenant que vous le savez, l’acceptez-vous ? »
    À cela, je rajouterais humblement : et si c’était vous qui subissiez de telles choses, l’accepteriez-vous ? Hein ?!
    Quoi qu’il en soit, moi, bien qu’ayant subi l’indicible, je suis encore là sur le front ! Et fais et ferai toujours face et front, la tête haute, à mes bourreaux !
    De manière pacifique en 1er lieu et, s’il faut protéger ma vie, par tout moyen légal et/ou illégal, afin de survivre et de ne pas mourir de leurs mains !
    Pour terminer, bien que j’ai perdu bien des gens de ma famille – car la prison a détruit mes liens familiaux –, bien que j’ai physiquement, en 21 ans de cabane, sacrément morflé, que tout le monde sache que je suis encore bel et bien présent, encore debout, et ne laisserai jamais, ô non jamais, rien ni personne me tuer, me rabaisser au rang de « chose », ni faire de moi une marionnette de l’AP !
    Y a pas d’arrangements, et y en aura jamais ! Courage à vous toutes les lionnes incarcérées, les loups incarcérés, les p’tits gremlins incarcérés, et à toutes celles et ceux enfermés partout ailleurs où on enferme en France – genre CRA et compagnie – qui ne se laissent pas marcher sur la tête par ce système meurtrier et assassin, destructeur et déshumanisant. Force, courage et détermination à vous toutes et tous !
    Je suis rien ni personne ! Car, en prison, on est tous et toutes des détenu·e·s anonymes parmi les anonymes.


    Au fait… moi c’est l’Infâme, juste pour info, pour celles et ceux qui me connaissent ! Un anonyme parmi tant d’autres. Et je veux survivre à la prison, pour vivre enfin, en toute liberté… un jour.

    « On meurt, nous détenu·e·s isolé·e·s, de mort lente, et parfois même brutale, dans les QI, sachez-le, et insurgez-vous »
     
  19. ninaa
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  20. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Un article à charge contre les violences en prison met l’administration dans tous ses états
    Le dernier numéro de la revue libertaire « L’Envolée » a été interdit dans toutes les prisons de France. Il relate le procès de surveillants condamnés pour « l’homicide involontaire » d’un détenu. La direction de l’administration pénitentiaire, qui juge l’article « diffamatoire », double cette censure d’une annonce de plainte.

    Camille Polloni

    22 juillet 2022 à 08h29

    Depuis 2001, L’Envolée a sa petite renommée entre les murs malgré son tirage modeste (quelques centaines d’exemplaires, deux à trois fois par an). Cette revue libertaire et anticarcérale, animée par une équipe de bénévoles, publie des courriers de détenus et des analyses très critiques sur l’institution pénitentiaire. Vendu 2 euros dans le commerce, elle est gratuite pour les prisonniers qui souhaitent s’y abonner.

    Les personnes incarcérées auront pourtant du mal à lire le numéro 55, paru en juin. Le directeur de l’administration pénitentiaire, Laurent Ridel, a décidé d’en interdire l’accès aux détenus de « l’ensemble des établissements » français. C’est ce qu’il écrit dans une note datée du 14 juin, signée de sa main pour le compte du ministre de la justice Éric Dupond-Moretti, dont Mediapart a obtenu copie.

    Rarissime, la censure a pour objet un article de six pages, intitulé « Distribution de permis de tuer au tribunal de La Rochelle ». Il s’agit d’un compte-rendu de procès : fin 2021, sept surveillants pénitentiaires étaient jugés pour le décès d’un détenu incarcéré à Saint-Martin-de-Ré, cinq ans plus tôt. Le texte serait « diffamatoire à l’égard de l’administration pénitentiaire » et de ses agents, affirme la note. C’est ce qui permet d’en interdire la distribution en prison.

    En parallèle, la pénitentiaire annonce qu’elle dépose plainte pour « diffamation publique » envers une administration. Ni l’équipe de L’Envolée, ni son avocate n’ont reçu confirmation d’une telle démarche à ce jour.

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    Dans la prison de Fresnes, en juin 2022. © Photo Sébastien Calvet / Mediapart
    Pour comprendre le contexte de l’interdiction et de la plainte, il faut rappeler l’origine de l’affaire. Le 9 août 2016, Sambaly Diabaté, un détenu de 33 ans souffrant de troubles du comportement, refuse de passer un portique qu’il croit « envoûté ». S’ensuit un affrontement physique au cours duquel il mord un gardien.

    Plusieurs surveillants le maîtrisent au sol, le bâillonnent avec une serviette de bain (une pratique interdite depuis 2006), le menottent avec les mains dans le dos et le maintiennent de longues minutes au sol, sur le ventre, avant de le porter à l’horizontale jusque dans une fourgonnette pour le conduire au quartier disciplinaire. Lorsqu’il est enfermé dans la cellule, il est déjà mort, asphyxié.

    En janvier 2022, trois des surveillants poursuivis sont condamnés à des peines de 18 mois à deux ans de prison pour homicide involontaire. Ils devront indemniser la famille de Sambaly Diabaté à hauteur de 165 000 euros. Un quatrième est condamné à un an de prison et cinq ans d’interdiction d’exercer pour violences volontaires : un coup de pied dans la tête du détenu alors qu’il est au sol. Les trois autres surveillants, jugés notamment pour non-assistance à personne en danger, sont relaxés. L’affaire Diabaté, suivie par L’Envolée depuis des années, s’avère particulièrement sensible. Au cours de l’enquête, deux surveillants impliqués se sont suicidés.

    Le caractère « habituel » et « banal » des violences carcérales
    Fidèle à sa ligne éditoriale, héritière du Groupe d’information sur les prisons et du Comité d’action des prisonniers, le journal n’y va pas avec le dos de la cuillère dans sa chronique d’audience.

    Sur un ton tantôt satirique, tantôt pamphlétaire, il raille la « toute-puissance des porte-clés », « la fiction d’une justice impartiale », les magistrats qui « somnolent » ou « le numéro de flûte » de la défense. Afin de mieux dénoncer le caractère « habituel » et « banal » des violences carcérales qui ont abouti, dans cette affaire, à la mort d’un homme dans des conditions sordides.

    C’est justement cette généralisation du propos qui motive la censure. Dans sa note, le directeur de l’administration pénitentiaire s’arrête sur l’une des thèses développées dans l’article : les gestes qui ont causé la mort de Sambaly Diabaté, interdits mais pratiqués par les gardiens, leur auraient été « enseignés à l’école de la matonnerie de Fleury », où sont formés les agents pénitentiaires.

    Pour Laurent Ridel, être accusé d’apprendre à ses recrues des techniques indignes, dangereuses, voire mortelles ne passe pas. Soucieux de défendre « la crédibilité et l’honneur » de ses agents, il dit s’inquiéter du « retentissement important » de telles affirmations auprès des détenus.

    Contactée par Mediapart, l’administration pénitentiaire détaille ce qu’elle entend par là : « Les propos tenus dans ce numéro, eu égard à leur teneur et leur gravité, sont de nature à inciter les personnes détenues incarcérées au sein des établissements pénitentiaires à la haine et à la violence à l’encontre de l’ensemble des personnels pénitentiaires, désignés comme auteurs d’assassinats de personnes détenues, ces comportements étant au surplus présentés comme indissociables de la mission du service public pénitentiaire dès lors que la formation dispensée aux personnels y est manifestement mise en cause. »

    Un recours au tribunal administratif
    De son côté, l’équipe de L’Envolée soutient avoir simplement fait état des arguments avancés à l’audience par les surveillants. Selon Pierre, l’un des animateurs du comité éditorial qui a assisté au procès, les prévenus ont affirmé à la barre que les techniques en cause - pliage, transport à l’horizontale, bâillon - étaient encore utilisées dans les prisons françaises malgré leur interdiction, certains en ayant déjà été témoins au cours de leur carrière. « C’était pour eux un argument de défense qui contribue à leur déresponsabilisation », maintient Pierre.

    La revue s’apprête à déposer un recours au tribunal administratif de Paris pour tenter de faire suspendre puis annuler l’interdiction. Son avocate, Émilie Bonvarlet, regrette que cette « censure directe » n’ait jamais été « signifiée officiellement » aux responsables légaux du journal, informés par des prisonniers. L’avocate déplore enfin que le journal soit rendu « inaccessible à des personnes abonnées et directement intéressées par les informations qu’il contient ».

    D’après l’administration pénitentiaire, la note « fait l’objet d’un affichage en détention » pour en informer les détenus. Qu’en est-il de ceux qui ont reçu L’Envolée avant son interdiction ? Sur le fondement de la note, « tous les exemplaires du numéro 55 qui seraient trouvés en détention seront retirés des cellules ou d’autres lieux où ils se trouveraient (médiathèques, salle d’attente), sans qu’il soit besoin de formaliser une décision de retenue ».

    Des fouilles de cellules ont-elle été organisées pour confisquer le journal ? Sur ce point, l’administration pénitentiaire n’a pas répondu. Selon Pierre, qui s’appuie sur les remontées des abonnés, de telles saisies se sont produites.

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    Dans la prison de Fresnes, en juin 2022. © Photo Sébastien Calvet / Mediapart
    Une telle mesure d’interdiction, généralisée à l’ensemble des prisons françaises, est rarissime et l’administration pénitentiaire confirme que L’Envolée est la seule publication à en avoir fait les frais ces dernières années.

    En janvier 2021, comme l’avait relaté Libération, le numéro 52 de L’Envolée avait été interdit sur les mêmes fondements, en raison d’un dossier sur les morts en prison en partie rédigé par des détenus. La censure s’accompagnait également d’une plainte pour injure et diffamation, dont l’équipe éditoriale se dit « sans nouvelles » depuis.

    Quasiment dès sa création en 2001, le journal s’est heurté à la méfiance de l’administration, généralement à l’occasion d’articles dénonçant des violences carcérales. À l’époque, un directeur de l’administration pénitentiaire nommé Didier Lallement - aujourd’hui plus connu pour son passage à la préfecture de police de Paris - invitait les directeurs de prisons à ne pas distribuer L’Envolée aux détenus abonnés.

    Après lecture attentive des premiers numéros, Didier Lallement fustigeait « l’attitude de contestation systématique » de la revue, source « d’attaques et calomnies violentes ». Sous sa plume, le journal est accusé de faire « l’apologie de détenus dangereux et connus, les érigeant comme victimes innocentes d’un système étatique et judiciaire décrit comme totalitaire ». Ses écrits « mettent en cause l’autorité publique, la confiance que l’on doit avoir en elle et porte atteinte au respect dû à l’administration pénitentiaire ». L’équipe de L’Envolée se souvient que les encouragements du directeur avaient provoqué quelques saisies ponctuelles, mais jamais d’une ampleur nationale.



    Les premières plaintes en diffamation sont arrivées plus tard, au mitan des années 2000. La directrice de publication de l’époque, Denise Le Du, est condamnée à quelques amendes. Non sans avoir opéré une prise de judo sur ses adversaires. Au tribunal de Beauvais, le journal fait témoigner des prisonniers à la barre pour qu’ils redisent tout haut ce qu’ils avaient écrit dans les colonnes de L’Envolée : les conditions de détention minables, le manque d’accès aux soins pour les malades du Sida, les plaintes pour violences contre les Équipes régionales d’intervention et de sécurité (les Eris, créées par Didier Lallement).

    Pendant la quinzaine d’années suivante, L’Envolée n’a plus subi les foudres de la pénitentiaire : ni interdiction, ni nouvelle plainte. « Sur le moment, on l’a analysé comme un changement d’époque, raconte Pierre. On s’est dit qu’ils préféraient ne pas donner trop d’écho à un journal d’opinion au public tout de même limité. Mais l’affaire de Saint-Martin-de-Ré, qui révèle le caractère structurel de la violence, est trop importante à leurs yeux pour qu’ils nous laissent en parler. »

    Camille Polloni
     
  21. ninaa
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  22. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Décembre 12, 2022 – Par L'envolée

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    journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.

    On manque de forces pour faire tourner l'émission radio comme on le souhaiterait en ce moment : que vous soyez prisonnier·e·s, proches, ou révolté·e·s contre l'enfermement et l'AP n'hésitez pas à nous contacter et à passer le mot !
    Direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le jeudi soir à 20h30, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes !

    Pour nous joindre : 07.53.10.31.95(appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à [email protected] et sur instagram, twitter, facebook.

    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières. Le numéro 55 est dispo et déjà censuré par l’Administration pénitentiaire ! Raison de plus pour le faire tourner !

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    Notre bouquin
     
  23. ninaa
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  24. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Le numéro 56 de L’Envolée journal est finalement dispo un peu partout ! Les points de distrib’ sont alimentés au fur et à mesure donc n’hésitez pas à nous contacter ou à contacter les lieux (dispos ici) avant de vous déplacer !

    édito : C’est bon comme ça ?
    Le mois d’août a été marqué par une triste nouvelle : nous avons appris la mort de Romain Leroy, un correspondant de longue date de L’Envolée. Pendant toute la durée de son enfermement, Romain n’a cessé de se battre contre l’administration pénitentiaire (AP). Il a surtout participé à des luttes collectives, dépassant chaque fois que c’était possible l’individualisation imposée par la prison. Chapeau à Adeline, sa compagne, qui l’a soutenu pendant toutes ces années, et a aussi trouvé la détermination d’étendre son soutien à d’autres prisonniers et à leurs proches.
    Bravo l’ami, on oubliera pas tes combats et ta solidarité : bien des prisonniers qui t’ont croisé se souviennent de la force que tu leur as donnée. On se souviendra longtemps de ta prise de parole au procès d’une des révoltes du quartier maison centrale (QMC) de Valence en 2016… Tchao l’ami !
    C’est que dans tous les lieux d’enfermement, la parole est contrôlée à tous les niveaux et, les prisonnièr·e·s le savent bien, la répression s’abat sur celles et ceux qui dénoncent – à des proches, à une association, à une institution… ou à un canard comme L’Envolée – la condition qui leur est imposée. La seule parole autorisée passe par le filtre de questionnaires ou de réunions sur le modèle « consultatif » des états généraux de la justice, où seuls les points de vue acceptables par l’administration sont tolérés.
    Il est évidemment interdit de porter une expression collective dans une pétition ou de créer une association de prisonnier·e·s !
    Alors, quand un journal se fait le porte-voix d’une autre parole, l’AP peut décider de le censurer. C’est arrivé au no 55 de L’Envolée – interdit dans toutes les détentions par une note de l’AP du 14 juin dernier –, comme au no 52 quelques mois auparavant. Cette censure s’est accompagnée d’une répression des prisonnier·e·s abonné·e·s : fouilles de cellule, coups de pression et, à l’occasion, menaces. Le motif, cette fois-ci, c’est qu’il est inacceptable de faire aux prisonnier·e·s le récit véridique du procès des matons qui ont tué Sambaly Diabaté en 2016 à Saint-Martin-de-Ré. Pourquoi ? Parce que ce drame met une fois de plus en évidence le caractère systémique de la violence exercée par des surveillants. Avec une nouveauté effarante : la proc a admis le caractère déshumanisant de la taule – mais à décharge, pour blanchir les geôliers.

    Comment s’étonner de cette censure ? La répression de la parole se durcit dans les lieux d’enfermement, les accusations de « radicalisation » sont devenues monnaie courante, les marges de manœuvre des prisonnier·e·s se sont réduites au fil des années, et les confinements successifs sont encore venus accélérer cette tendance. La prison est un miroir grossissant de ce qui se passe dehors : dissolutions d’associations, banalisation de l’interdiction de manifester et quatorze lois sécuritaires en quatre ans ont mis à mal le peu de libertés collectives qui restent.
    Aujourd’hui, publier le nom d’un fonctionnaire – même pour dénoncer les pires exactions – est passible de poursuites. La « liberté de la presse », c’est la liberté d’invisibiliser certain·e·s pour donner la parole aux dominants et à leurs milices armées. Facile ! La grande majorité des médias est aux mains de milliardaires. Le tournant sécuritaire pris dans les années 1980 permet d’accentuer la précarisation et l’exploitation des travailleurs et des travailleuses afin de préserver les bénéfices des actionnaires et autres patrons.
    Le fascisme est une option de plus en plus prisée chez les possédants, c’est le vieux projet de fomenter une alliance entre les classes populaires blanches et la bourgeoisie contre un ennemi commun : « l’étranger », « l’assisté », « le délinquant »… et toutes celles et ceux qui ne rentrent pas dans leurs cases. Il s’agit de pousser les pauvres à s’entre-déchirer pendant que les riches se partagent le gâteau !
    Bon, la fameuse rentrée sociale aurait pu nous rassurer un peu : raffineries bloquées, multiplication des grèves locales… elle se solde en fait par le passage d’une nouvelle loi pour détruire les droits des chômeurs, le recul annoncé de l’âge de la retraite, la réquisition de travailleuses et de travailleurs. Bref, tout à la sauce libérale-autoritaire du chef Macron. Mais ça n’a rien à voir avec une guerre sociale menée contre les pauvres !
    Dans ce contexte, la énième interdiction de notre petit canard – après celles des numéros 2, puis 6, puis 7, puis
    10, 11, 12, 13, 14, 15, puis 52 – traduit la volonté de liquider un des rares espaces de libre expression collective des prisonniers et des prisonnières… Mais ça n’a rien à voir avec de la censure !

    Suite à un fait divers, on a vu des défilés aux cris d’« immigrés assassins », des appels à la prison à vie par le pantin vedette d’une des chaînes du milliardaire Bolloré. Sur fond de rafles de sans-papiers envoyé·e·s dans les CRA, les associations doivent désormais signer des « contrats d’engagement républicain » pour toucher la moindre subvention et les jeunes sont invité·e·s à s’inscrire au Service national universel pour chanter la Marseillaise en défilant au pas de l’oie en uniforme… Mais ça n’a rien à voir avec du fascisme !
    Les policiers ont tué vingt personnes depuis le début de l’année. Dernier motif à la mode : le refus d’obtempérer.
    Les matons continuent à se transmettre des techniques qui tuent. En cas de problème, même plus besoin de mentir, ils invoquent maintenant « l’effet tunnel ». Le recrutement de 30 000 « réservistes de la police » a déjà commencé, et ils reçoivent en ce moment leur formation de dix jours, initiation au maniement des armes à feu incluse. Le budget du ministère des tribunaux et des prisons décolle à la verticale : plein de thunes pour plus de taules et de matériel répressif…
    Mais ça n’a rien à voir avec une militarisation de l’État sécuritaire ni avec un permis de tuer pour les uniformes !
    D’ailleurs, la France n’est pas un pays de condés, les matons ne torturent pas, les prisonnier·e·s ne se révoltent pas, ils et elles n’écrivent pas non plus… Bref, les miradors, c’est la liberté ! C’est bon comme ça, on n’est plus censuré ?

    Sommaire :
    LETTRES DE LONGUES PEINES
    « Je n’ai désormais plus aucune perspective d’avenir en liberté »
    « Dire à son empoisonneur “je connais t
    a recette” est inutile »

    HOMMAGE A ROMAIN
    « Je veux bien mettre un genou à terre mais pas les deux ! »
    « C’était le seul moyen de faire entendre la parole des longues peines »

    Procès de la mutinerie de Valence
    « À l’intérieur, ils ont pas de liberté, ils ont rien » Entretien avec Adeline

    TUNNEL LILLE-SÉQUEDIN – Procès de matons violents à Lille

    BREVES – Les Baumettes toujours plus invisibilisées – Belles belles !

    DOSSIER KEMI – Lettres sur le mitard et le QI, Communiqué des proches de Mickaël

    KOH-LANTESS POUR CACHER LA HESS

    MAISON D’ARRÊT DE CAEN – « Les bâtiments aux normes de 1945, la mentalité des matons visiblement aussi »
    DESTRUCTION DE LA SANTE DANS LES CRA – Le juge, le flic et le médecin

    CRI D’ALARME D’UNE FAMILLE – Le combat contre la leucémie en prison

    LETTRE D’ITZIAR – « Ici, là ou ailleurs, la taule est une taule »

    Le 56 est dispo en téléchargement ici (cliquez !)

    Le journal coûte 2 euros dehors et il est gratuit pour les prisonniers et prisonnières.
    Abonnez-vous en soutien pour recevoir les futurs numéros, ou pour commander les 55 autres numéros : L’Envolée journal – FPP, 1 rue de la Solidarité – 75019 Paris ou [email protected]
     
  25. ninaa
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  26. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Lettres de Pascale depuis les Baumettes – Mort suspecte d’Alassane Sangare à Fleury – Le n°56 de l’Envolée est arrivé et déjà censuré ! – Aux assises pour une belle

    Janvier 22, 2023 – Par L'envolée

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    ici sur notre site. Lecture d’une lettre sur la censure du numéro précédent, et présentation d’autres articles et lettres du journal. Mais moins d’un mois après sa sortie, une note de l’administration pénitentiaire censure déjà le nouveau numéro. C’est la troisième fois que l’AP censure le journal en deux ans. Autant de raisons de le faire circuler dedans et dehors !
    • Retour sur un procès aux assises suite à une évasion en janvier 2019 lors d’une extraction judiciaire. Trois personnes sont poursuivies pour tentative de meurtre sur porteurs d’uniformes.
    L’Envolée est une émission radio pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. C’est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.

    On manque de forces pour faire tourner l'émission radio comme on le souhaiterait en ce moment : que vous soyez prisonnier·e·s, proches, ou révolté·e·s contre l'enfermement et l'AP n'hésitez pas à nous contacter et à passer le mot !
    Direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le jeudi soir à 20h30, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes !

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    ici sur notre site. Lecture d’une lettre sur la censure du numéro précédent, et présentation d’autres articles et lettres du journal. Mais moins d’un mois après sa sortie, une note de l’administration pénitentiaire censure déjà le nouveau numéro. C’est la troisième fois que l’AP censure le journal en deux ans. Autant de raisons de le faire circuler dedans et dehors !
    • Retour sur un procès aux assises suite à une évasion en janvier 2019 lors d’une extraction judiciaire. Trois personnes sont poursuivies pour tentative de meurtre sur porteurs d’uniformes.
     
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