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Décès de Serge Livrozet, militant contre la prison

Discussion dans 'Discussion générale' créé par ninaa, 30 Novembre 2022.

  1. ninaa
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  2. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    On vient d'apprendre le décès de Serge Livrozzet hier à Nice.

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    LIVROZET Serge, Raymond [Dictionnaire des anarchistes]
    Né le 21 octobre 1939 à Toulon (Var) ; comptable, « perceur de coffres » et écrivain ; adhérent de la CNT et de la Fédération anarchiste, membre fondateur du Comité d’action des prisonniers (CAP) et du journal Libération.

    Serge Livrozet est né de père inconnu (en fait, il a eu deux pères, le génétique et celui de l’état-civil, mais n’en a connu aucun) et de Suzanne Macchiavelli (1911-1995) qui était prostituée, croyante et plutôt de droite. L’engagement ultérieur de Serge Livrozet est en partie dû à un cheminot communiste, amant de sa mère. Il a vécu avec Annie Hout (1943-2004) qui avait participé avec lui à la fondation du journal Libération « de la bonne époque » et activement à la création du Comité d’action des prisonniers. Depuis le décès de cette dernière, il vit avec Agnès Ouin, ancienne militante du CAP et ex-collaboratrice de Libération.

    Avec un diplôme d’études comptables supérieures obtenu en détention, il exerça la comptabilité, soit à son compte, soit en entreprise. De 1965 à 1968, il se consacra à l’écriture et au perçage de coffres. À sa sortie de prison en 1972, il abandonna ses activités de perceur de coffres pour entrer dans le militantisme actif et participer à la création du CAP et de Libération.
    Serge Livrozet commença à travailler à treize ans et demi. Il apprit le métier de plombier. Engagé volontaire à 18 ans dans l’armée de l’air, il devint maître de chien. En 1961, il créa une entreprise de publicité. Escroqué par son associé, il cambriola sa propre société, puis commit des vols dans de riches villas de la Côte d’Azur. Arrêté, il parvint à s’enfuir du commissariat de Nice. Arrêté de nouveau, il fut condamné à cinq ans de prison. Incarcéré à vingt-deux ans à la centrale de Loos-lez-Lille, il y passa le bac. À la suite de quoi l’administration pénitentiaire le bombarda instituteur des détenus.

    Libéré en octobre 1965, il rencontra sa femme et exerça le métier de démonstrateur dans les foires, son casier judiciaire lui interdisant tout autre travail de type commercial. Dès cette époque, il analysa la délinquance d’un point de vue politique, économique et sociologique. Il commence à écrire.
    En 1967, il adhéra à la CNT et s’affirma libertaire. En mai 1968, il fut l’un des premiers à occuper la Sorbonne et fut blessé par une grenade offensive. La tournure des événements le déçut, mais il continua de s’affirmer libertaire. Il décida dès ce moment de « politiser sa criminalité » en choisissant de manière lucide de s’en prendre au capital et à ses coffres-forts, afin de pouvoir créer une entreprise d’édition indépendante lui permettant d’exprimer les idées auxquelles il croyait et croit toujours.

    En décembre 1968, il passa en cour d’assises pour « crime contre la propriété », sans jamais avoir blessé ou menacé qui que ce soit. Il fut condamné à quatre ans de prison. Il effectua la moitié de sa peine à la Santé, le reste à la centrale de Melun. Il profita de ce nouveau séjour en prison pour écrire, étudier et passer le diplôme d’études comptables supérieures. Ce qui ne l’empêcha pas de participer à l’organisation des premières revendications politiques des détenus, notamment dans l’imprimerie de la centrale où, en compagnie d’autres prisonniers, il rédigea un tract dans lequel les détenus étaient appelés à une grève sans violence.

    À sa sortie de prison, en juillet 1972, il rencontra Michel Foucault, avec lequel il correspondait et qui devint son ami. En novembre 1972, ils fondèrent ensemble le Comité d’action des prisonniers (CAP). Farouche opposant à la peine de mort, il cessa sa collaboration à La Cause du peuple, dirigée par Sartre et Serge July, qui réclamait la peine capitale contre le collaborateur Touvier. Il participa à la création de Libération avec Michel Foucault, Maurice Clavel, Jean-Paul Sartre, Marin Karmitz, Claude Mauriac, Philippe Gavi, etc. Un mois plus tard, Serge July, encore maoïste, arriva au journal. Serge Livrozet cessa alors de collaborer à la création de Libération.

    Début 1973, il publia son premier livre au Mercure de France, De la prison à la révolte, préfacé par Michel Foucault, qui parlait à son sujet de « philosophie du peuple ». Pour la première fois, le système carcéral et, surtout, les causes de la délinquance étaient analysés d’un point de vue politique, économique et idéologique par un ex-détenu. Directeur du centre socioculturel de Bièvres de 1973 à 1974, en plein accord et avec le soutien actif du CAP et de l’ensemble du personnel, il accueillit durant plusieurs mois plus de cinquante familles chiliennes réfugiées en France après le coup d’État de Pinochet. En 1976, il participa et organisa avec le CAP la première manifestation contre la peine de mort. Elle rassembla 10 000 personnes à Paris.

    Réhabilité en 1983, il continua de militer, d’écrire, d’animer divers débats, de rédiger et de dire des sketches. Il anima durant plusieurs années une émission hebdomadaire, "Humeur noire", sur Radio libertaire. Au début des années 1990, il adhéra au groupe Berneri de la Fédération anarchiste.

    Accusé en 1986 d’être le « cerveau » d’une contrefaçon de billets de banque pour un montant de 70 millions de francs, il passa une nouvelle fois aux assises, mais fut acquitté en 1989.

    Depuis cette date, Serge Livrozet anime des ateliers d’écriture dans des milieux défavorisés. Ce qui a permis à des élèves du lycée de Saint-Ouen d’écrire Le Poulpe au lycée, édité en 1999 aux éditions Baleine. En 2001, il participa au film L’Emploi du temps de Laurent Cantet.

    Depuis son acquittement, il collabore à divers journaux sous forme de nouvelles ou d’articles d’humeur, tout en préparant son seizième livre.

    LIVROZET Serge, Raymond [Dictionnaire des anarchistes] - Maitron
     
  3. ninaa
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    Salut Serge

    Fondateur, en novembre 1972, du Comité d’action des prisonniers, une association de détenus et d’ex-détenus luttant contre les conditions de détention tout en gardant pour objectif l’abolition des prisons, Serge Livrozet, militant libertaire, est mort le 29 novembre 2022.
    Créateur d’une maison d’édition, Les Lettres libres, il fut lui-même auteur de plusieurs ouvrages, parmi lesquels il convient de détacher l’incontournable De la prison à la révolte.
    Notre association Thank you Ferré, qui ne partageait pas le point de vue de l’opinion publique sur les perceurs de coffres-forts et fabricants de fausse monnaie, délits pour lesquels Serge Livrozet fut condamné, en avait fait son premier trésorier.
    Salut l’ami, et que la terre te soit légère.

    _______________

    * Pour plus d’informations : LIVROZET Serge, Raymond [Dictionnaire des anarchistes] - Maitron
     
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  6. ninaa
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    LA MORT SE MÉRITE SELON SERGE LIVROZET
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    La mort se mérite selon Serge Livrozet – MAGMAA
     
  8. ninaa
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    Hommage à Serge Livrozet : De luttes, de taule et de mots

    Hommage à Serge Livrozet : De luttes, de taule et de mots – Info Libertaire

    Né de père inconnu et de mère prostituée, pauvre et «destiné à être exploité», Serge Livrozet a refusé l’assignation sociale et choisi de «prendre de l’argent où il considérait qu’il y en avait trop». Après une première incarcération, il décide en 1968 de «politiser son illégalité» et devient cambrioleur «de ces gens qui ont les moyens de l’être».

    Incarcéré à 22 ans, celui qui a arrêté l’école à 13 ans passe son bac en prison et devient instituteur de détenus. De nouveau arrêté en 1968 pour «crime contre la propriété» (sic), il passe cette fois le diplôme d’études comptables supérieures [1]. Il crée sa propre maison d’édition et, toujours, il écrit. Le parcours de Serge Livrozet est jalonné de luttes, de taule et de mots.

    Ses activités de perceur de coffre-forts et de militant anarchiste ont largement été documentées et valent de l’être encore. Mais une anecdote cristallise à elle seule tout le sel du personnage, celle qu’il raconte face à la caméra de Nicolas Drolc dans le magnifique film documentaire, «La mort se mérite» [2] : on l’y découvre faisant entrer les ’Difficultés de la langue française’ en contrebande dans l’enceinte des Baumettes. Serge Livrozet raconte cet épisode sourire en coin. Faire entrer en douce un livre en prison n’était pas une mince affaire et ce fut certainement un joli pied de nez à l’administration pour celui qui décrira, dans la rubrique «Le droit de lire» du journal du Comité d’Action des Prisonniers (CAP), comment des prisonniers sont amenés à se mettre en danger pour avoir accès à des livres dont la finalité, ironiquement, est de les améliorer [3].

    Jusqu’aux années 70, en France, les détenus n’ont pas accès à n’importe quels livres. Comme le relate Laurent Audeiryck dans son passionnant mémoire sur le sujet [4], le livre est longtemps vu en prison comme «objet de conquête de la vertu» et les ouvrages «politiques, policiers et polissons» sont dès lors interdits. Mais à la fin des années soixante, la période est à la revendication et certains prisonniers vont batailler pour obtenir des ouvrages qui parlent des conditions de vie en prison ou de révoltes de prisonniers. Qui parlent d’eux. Serge Livrozet accompagnera cette lutte et bien d’autres avec le CAP, co-fondé avec Michel Foucault. C’est d’ailleurs un de ses livres, «De la prison à la révolte» paru en 1972, qui va être commandé deux ans après sa sortie à la Santé par un détenu, Patrick Nouiet. Celui-ci sait parfaitement que le titre figure parmi les interdits, son geste vise précisément à réclamer la liberté de lecture. L’administration refuse et Patrick Nouiet se met en grève de la faim. Il sera soutenu à l’extérieur par une délégation d’écrivains, dont Serge Livrozet, venus manifester devant la Santé avec un haut-parleur [5]. Et l’administration devra céder.
     
  10. ninaa
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  11. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Un journal militant anti-carcéral : le comité d’Action des Prisonniers (CAP) de 1972 à 1980
    Publié le 3 décembre 2022

    Créé par d’anciens détenus, dont Serge Livrozet, Claude Vaudez, Michel Boraley, le C.A.P (Comité d’Action des Prisonniers), est une association lancée fin novembre 1972 qui publie un journal mensuel avec textes d’analyse, informations sur les prisons et lettres de prisonniers. Il y aura 67 numéros jusqu’en 1980.


    • # Mise à jour : 3 décembre 2022 à 11h33
      Serge Livrozet est mort
      Serge Livrozet, militant anarchiste et anticarcéral – notamment au sein du Comité d’Action des Prisonniers – est décédé ce mardi.

    Parmi les collectifs et associations qui se sont mobilisés autour de la lutte anti-carcérale, se trouve le G.I.P (groupe d’information sur les prisons) créé le 8 février 1971, pour porter à l’extérieur des prisons la parole des détenus et faire connaître la réalité carcérale, par exemple en publiant les cahiers de revendication des prisons lors des révoltes de 1971-1972, à Toul, Loos-les-Lille, Fresnes, Nancy, Melun...

    [​IMG]
    Le GIP s’efface peu à peu, laissant les détenus et ex détenus prendre leurs luttes en main. La dissolution du GIP est prononcée en 1972 mais ne sera effective qu’en 1973. A sa suite, naîtra le C.A.P (Comité d’action des prisonniers) fin 1972.

    Naissance du C.A.P
    Serge Livrozet, ancien détenu et actif pendant les révoltes de la centrale de Melun durant l’hiver 1971-1972 rencontre le philosophe Michel Foucault, un des fondateurs du GIP (Groupe d’information sur les prisons) à sa sortie de prison en 1972. Les deux hommes sympathisent. Michel Foucault préfacera le livre de Serge Livrozet paru en 1973, De la prison à la révolte.

    [​IMG]
    Ils fondent ensemble avec d’autres le C.A.P (Comité d’Action des Prisonniers).
    Dans le n°1 (l’ours), les différents rédacteurs sont : Serge Livrozet, Michel Boraley, Michel Foucault, Daniel Defert...

    Revendications du C.A.P
    Le C.A.P fait partie des associations qui se sont mobilisées contre les prisons et pour les droits des prisonniers.

    Le journal affirme dans un numéro :
    «Ainsi que nous avons cru bon de la préciser dans notre dernier numéro, il est vrai que les Comité d’Action des Prisonniers n’émane d’aucun parti ni d’aucun groupe, mais uniquement du mouvement général des prisons, qui a eu lieu aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur au cours de ces vingt-quatre derniers mois.»

    Différents points seront développées au cours des 10 premiers numéros de son journal :

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    • la suppression du casier judiciaire
    • l’interdiction de séjour, de la contrainte par corps et des frais de justice (n°2)
    • la suppression de la peine de mort, de la prison à vie, de la tutelle pénale (n°3)
    • la réorganisation du travail en prison (n°4)
    • la correspondance et le parloir libres (n°5)
    • le droit à des soins médicaux et dentaires corrects (n°6)
    • le droit de recours et de défense des détenus devant l’Administration pénitentiaire (prétoire, libération conditionnelle, mesures de grâce, etc.)
    • et le droit d’association à l’intérieur des prisons (moyen essentiel pour faire valoir les revendications précédentes) (n°7).
    [​IMG]
    Mensuel du Comité d’Action des Prisonniers n°2 du 15 janvier 1973
    Le CAP se distingue au neuvième numéro en réclamant un douzième point : la suppression de la prison.

    Il se définit comme libertaire et non violent. Le journal est mensuel et est tiré à 50 000 exemplaires. Il y aura 67 numéros.

    Publication de lettres de détenus
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    Le premier numéro sort le 11 décembre 1972, peu après la création de l’association. Dans l’éditorial du n°4 (15 mars 1973), le C.A.P revient sur son mode de fonctionnement quant à la publication des lettres des prisonniers et justifie son rôle éditorial par la mission de relais de luttes de prisonniers qu’il s’est fixé :
    «Nous recevons un énorme courrier, un courrier très abondant. Nous n’en avions jamais espéré tant, mais cela nous oblige à faire un choix pour la publication des lettres ou des articles que nous avons pour règle de publier dans leur intégralité. Car nous pensons que les gens concernés doivent prendre la parole sans restriction. Ce rôle de pseudo-censeurs ne nous plaît pas. Pourtant, il existe et nous sommes obligés d’en tenir compte. Le CAP a une ligne d’action précise qui est déterminée par la lutte des prisonniers. Il est donc clair que le choix des textes ira en priorité dans ce sens.»

    En 1977, le C.A.P, en soutien à Taleb Hadjadj, claquemuré au Quartier de Haute sécurité (QHS) de la Santé (Paris) émet par radio. Hadjaj dira du QHS dans un n° de CAP : «"Le QHS est un laminoir. Le QHS n’est pas une prison, c’est une torture".»

    En 1979, le C.A.P est très actif avec la campagne contre les Quartiers de Sécurité Renforcée (QSR) et les QHS (Quartier de haute Sécurité).
    Serge Livrozet et d’autres organiseront une marche à Mende (où se trouvait un QHS) où Mende était décrite comme "chef-lieu de la Lozère et de la torture".

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    Mensuel du Comité d’Action des Prisonniers n°16 du 15 avril 1974
    L’expérience du journal des Prisonniers lancé par le C.A.P durera presque 10 ans. Toutefois, en prison, comme ailleurs, à la fin des années 1970, les luttes collectives s’essoufflent et l’association décide d’arrêter.
    Le dernier numéro du journal titrera : «Le C.A.P, c’est fini!».

    La lutte anti-carcérale continue avec le journal L’Envolée depuis 1988, les émissions de radio Parloir libre (1985-2000), Ras les murs depuis 1989 sur Radio Libertaire et d’autres à découvrir sur le réseau Vive les Mutins.
    A lire aussi les brochures réunies par Infokiosques sur les prisons et la répression.

    Un journal militant anti-carcéral : le comité d'Action des Prisonniers (CAP) de 1972 à 1980
     
  12. ninaa
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  13. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
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  15. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Hommage à Serge Livrozet – Communiqués des prisonniers du quartier semi-liberté de Rennes – Un flic éborgneur en procès
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    ici et ici.


    • Discussion avec Laurent et Christian de l’assemblée des blessés avant le procès aux assises du keuf qui a éborgné Laurent en 2016 la semaine prochaine à Paris.


    L’Envolée est une émission pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. C’est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.

    Hommage à Serge Livrozet – Communiqués des prisonniers du quartier semi-liberté de Rennes – Un flic éborgneur en procès
     
  16. ninaa
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  17. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Notre compagnon Serge Livrozet nous a quitté il y a quelques jours à l'âge de 83 ans.
    Après des années de taules et de mutineries, il créa le Comité d'Action des Prisonniers, notamment avec Jacques Lesage de la Haye.
    Il participa et tenta d'animer les premières revendications politiques des détenu·e·s post-68 pendant toutes les années 70, 80 et après.
    Il anima plusieurs émissions de radio sur Radio Libertaire, pour toujours porter la paroles des personnes
    incarcérées.
    Un des axes de lutte et de réflexion du groupe anarchiste Berneri, dont faisait partie Serge, était de lutter contre toutes les prisons, en commençant par celles de nos certitudes, de nos préjugés, de nos lâchetés au quotidien. Être pour l’abolition de la prison, c’est la victoire de la vie sur la mort.
    Un hommage aura lieu à Paris au cimetière du Père-Lachaise, Salle Maumejan, Mercredi 21 décembre 2022 de 16h à 17h.
    Que la terre te soit légère Serge ! [​IMG]

    #sergelivrozet
     
  18. ninaa
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  19. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    PAR JACQUES LESAGE DE LA HAYE
    QUE LA TERRE TE SOIT LÉGÈRE ! SERGE LIVROZET, L’ANARCHISTE.
    LIEN PERMANENT : HTTPS://MONDE-LIBERTAIRE.NET/INDEX.PHP?ARTICLEN=6915
    Serge Livrozet vient de nous quitter, ce 29 novembre 2022. Il avait 83 ans. Lorsque nous nous sommes connus, en 1971, il venait de sortir de la Centrale de Melun. Moi, j’avais fait mes années de prison à la Centrale de Caen. Nous avons tout de suite partagé une histoire commune. C’était l’époque du Groupe Information Prisons, (GIP) qui avait été créé par Michel Foucault, assisté de nombreux intellectuels comme Pierre Vidal-Naquet et Jacques Donzelot. Très vite, Serge s’est distingué du reste des militants, en criant : « Seuls, les taulards ont le droit de parler de la taule. » Foucault, aidé de Daniel Defert, a créé l’association de Défense des Droits des Détenus (ADDD), qui a duré un an. Serge Livrozet s’est démarqué des intellectuels, en créant, en 1972, le Comité d’Action des Prisonniers (CAP) qui s’est dissout en 1980. Sans tarder, j’ai rejoint ce mouvement, qui me semblait radical, d’autant plus que deux autres ex-prisonniers, Claude Vaudez et Michel Boraley, s’étaient associés à Serge dans cette création.

    Il a aussi participé à la création, en 1974, du Mouvement Marge et, en 1978, du Mouvement d’Emancipation Collective et Individuelle (MECI). En 1990, il a rejoint le Groupe Berneri de la Fédération anarchiste. Il aussi animé pendant plusieurs années une émission sur Radio libertaire, « Humeurs Noires ».

    [​IMG]



    Dès 1972, nous avons partagé beaucoup de combats contre la prison. Le journal des prisonniers, que nous appelions le CAP, comme le groupe qui le publiait, comportait des articles de prisonniers, anciens ou actuels. Nous le vendions la plupart du temps devant les prisons. Cela nous valait des interpellations et, pour beaucoup, le fait d’être relâchés très loin, en rase campagne. Je me souviens de Fresnes et Fleury-Mérogis…

    Ce qui a donné de l’ampleur à notre Comité, c’est la création partout de groupes en province, en Belgique et même en Suisse. Peu de temps après, des révoltes ont éclaté dans de nombreuses prisons, ce qui a entraîné à l’extérieur la création de collectifs à Lille, Lyon, Bordeaux, Nancy, Nantes, Rouen, Le Havre, Rennes et même dans plusieurs pays d’Europe.
    Nous avons été amenés à soutenir le combat de beaucoup de prisonniers et de groupes de détenus qui se sont constitués à Mende, Lille, Clairvaux, Moulins-Izeure et ailleurs. N’oublions pas les coups de gueule de Serge, lors d’une manifestation, criant avec son mégaphone : « Mende, chef-lieu de la Lozère et de la torture » et, lors d’un procès, où il était venu défendre un taulard, à la lecture du jugement, « Pourriture de justice française !»

    Ayant passé son bac en prison, Livrozet avait appris à rédiger aussi bien qu’il parlait. C’est ce qui lui a permis d’écrire quelques livres retentissants. Je retiens, en particulier De la prison à la révolte, son meilleur ouvrage. Il a été le premier de tous ceux qui ont été écrits en France, après lui, sur l’enfermement carcéral. Son second livre, La Rage des murs, est un roman qui reprend les mêmes thèmes de manière plus personnelle.
    Quant à son troisième livre, Diégo, il approfondit l’analogie, car le héros est un chien révolutionnaire…

    Serge, des années plus, tard a créé une maison d’éditions, Les Lettres libres, où il a édité des ouvrages dont il était l’auteur, ainsi que de nombreux autres écrivains. Quelques-uns de ses principaux collaborateurs étaient, comme lui, d’anciens prisonniers.
    C’est ce qui laisse planer un voile confus sur la fin de l’aventure. En effet, il y a eu l’affaire de la fausse monnaie, sept millions de francs de l’époque… Nous n’avons pas pu nous empêcher de penser que Serge Livrozet avait été piégé. Pendant plusieurs semaines, la police était en planque près de la maison d’édition. Trois personnes ont été interpellées, dont Serge.
    Un comité de soutien s’est mis en place. Et, le jour de la mise en bourse de Paribas, une cinquantaine de personnes avait cadenassé toutes les entrées de la Bourse. A 13h, lors de l’ouverture, qui ne s’est pas faite, nous avons balancé des faux billets de théâtre, ramassés précipitamment par les boursicoteurs. ! Bien entendu, Serge a été innocenté et libéré.
    Il importe de rappeler que, passant près d’un car de CRS, j’ai entendu l’un deux dire : « Vous vous rendez compte, les gars, ils ont fermé la bourse ! » Et un autre a répondu : « Ils ont bien fait » !

    Un des axes de lutte et de réflexion du groupe Berneri, dont faisait partie Serge, était de lutter contre toutes les prisons, en commençant par celles de nos certitudes, de nos préjugés, de nos lâchetés au quotidien. Être pour l’abolition de la prison, c’est la victoire de la vie sur la mort.

    Jacques Lesage de la Haye

    A propos de Jacques Lesage de la Haye:

    LESAGE DE LA HAYE Jacques, Marie, Gérard, Jean [Dictionnaire des (...) - Maitron
     
  20. ninaa
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  21. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    SERGE LIVROZET : SI ON NE FAIT PAS VIOLENCE AU POUVOIR, C’EST LUI QUI NOUS FAIT VIOLENCE
    Par La Rédaction, septembre 2018
    Libertaire, ancien taulard, éditeur accusé à tort de faire de sa maison d’édition une usine à faux billets, expert-comptable, écrivain… le moins qu’on puisse dire de Serge Livrozet, c’est qu’il a roulé sa bosse, en a vu de toutes les couleurs. Mais sa couleur préférée, c’est le noir de l’anarchie.

    [​IMG]S
     
  22. ninaa
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    Serge Livrozet n'a pas écrit que sur la prison:

    [​IMG]

    Pour télécharger le livre:

    Lettre d'amour à l'enfant que je n'aurai pas
     

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