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Contre le Coup d'Etat en Birmanie

Discussion dans 'Luttes Internationales' créé par allpower, 27 Février 2021.

  1. ninaa
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  2. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Birmanie : les crimes contre l'humanité de la junte éclipsés par la guerre en Ukraine

    Le déclenchement de la guerre en Ukraine fait mécaniquement converger les projecteurs de l’actualité aux antipodes de la Birmanie. Le chef de la junte putschiste Minh Aung Hlaing en profite pour rééditer la politique de terreur et de terre brulée expérimentée en 2017 en Arakan par ce même général, alors commandant en chef de l’armée birmane et ministre de la Défense, contre la minorité musulmane rohingya.
    Le 15 mars, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les droits de l’homme a accusé l’armée birmane de s’être livrée à des « violations et à des atteintes systématiques et généralisées aux droits de l’homme », et de montrer un « mépris flagrant pour la vie humaine ». Certaines de ces violations « pourraient être assimilées à des crimes de guerre et à des crimes contre l’humanité », estime l’ONU, qui a pour habitude de laisser le soin aux tribunaux de trancher.
    *Lors des difficultés rencontrées à Khartoum par le général Kitchener, à la tête d’une armée britannique, une grande espérance saisit la cour du roi de Mandalay. Y fut caressé le rêve, en cas de défaite britannique, de reconquête de la Basse Birmanie, déjà colonie de sa gracieuse majesté, la reine Victoria.
    Conformément à une tradition remontant aux rois birmans du XIXème siècle*, les généraux putschistes sont particulièrement réactifs à l’actualité internationale. La junte présidée par le général Minh Aung Hlaing pratique, depuis février 2021, comme seule politique, la brutalité croissante de la répression, avec artillerie, blindés, raids aériens, entre autres. Les projecteurs désormais braqués sur la lointaine Ukraine, il y a pour la junte une occasion à ne pas manquer.

    LA POPULATION DE TOUTE LA BIRMANIE « TRAITÉE » COMME LES ROHINGYAS
    [B][/B]
    Le déclenchement de la guerre en Ukraine, faisant mécaniquement converger les projecteurs de l’actualité aux antipodes de la Birmanie, permet au général Minh Aung Hlaing de rééditer la politique de terreur et de terre brulée expérimentée en 2017 en Arakan par le même général, déjà commandant en chef et ministre de la Défense, contre la minorité musulmane rohingyas.
    Bilan approximatif de l’action de l’armée birmane en 2017 : 700 000 réfugiés toujours entassés dans des camps au Bengladesh, « gérés » tant bien que mal sous la supervision et par les fonds de l’ONU, des dizaines de milliers de morts, et de femmes violées…
    Depuis 2021, contrairement aux précédentes opérations de terre brûlée dont la Tatmadaw, nom officiel de l’armée birmane, est coutumière depuis des décennies dans les zones de minorités ethniques, la maîtrise des technologies de l’information par les résistants facilite la médiatisation des exactions des militaires.
    Voici un résumé des exactions de l’armée birmane dans le centre-ouest de la Birmanie, répertoriées durant les deux premières semaines de ce mois de mars par le réseau DVB (Democratic Voice of Burma) connu pour son professionnalisme. Les corps incinérés de 11 civils, dont quatre jeunes enfants, ont été découverts après que les troupes ont massacré les habitants du village de Letpadaw à Yinmarbin, dans la région de Sagaing.
    La violence dans les townships de Sagaing a récemment atteint des niveaux sans précédent. Après qu’une coupure d’Internet a été imposée à la région le 3 mars, les troupes ont lancé de nombreuses attaques indiscriminées contre les populations civiles. De multiples meurtres et incendies criminels ont été signalés presque chaque jour depuis que les troupes sont stationnées dans la région.
    Les résidents de Letpadaw affirment que des soldats ont mis le feu aux corps de 10 personnes et à deux maisons situées près du monastère de Letpadaw vers 15 heures le 8 mars. Ils affirment en outre avoir découvert le cadavre calciné d’une femme âgée, et déclarent que les recherches se poursuivent pour retrouver d’autres personnes disparues à la suite de l’attaque. On ignore actuellement combien de victimes de ce dernier massacre ont été tuées avant que leur corps ne soit brûlé ou, au contraire, si certaines ont été brûlées vives.
    Un dirigeant des PDF, un groupe de résistance daung minh opérant dans la région, a déclaré à DVB que, le 7 mars, les troupes se sont déployées dans le village de Si Hlaung en vue de lancer des opérations contre les villages voisins. Elles sont entrées dans Letpadaw le 8 mars et ont été contrées par les factions PDF. Les civils qui n’ont pas réussi à fuir ont été massacrés par les soldats qui ont attaqué avec des armes légères et des barrages d’artillerie lourde. Les rapports actuels suggèrent que six autres civils, dont au moins deux enfants, ont été assassinés par les troupes lors d’un incident distinct à Letpadaw le même jour. C’est dans la matinée du 9 mars que les habitants disent avoir découvert les restes carbonisés de onze de leurs concitoyens.
    « Nous sommes revenus après leur départ de notre village et nous avons découvert que deux personnes, une mère et son enfant, faisaient partie des personnes brûlées. L’enfant n’était qu’un bébé. Une autre [victime] n’avait que neuf ans. Nous avons trouvé 11 morts [des cadavres brûlés] jusqu’à présent, mais nous allons poursuivre les recherches dans l’est du village », a déclaré un habitant de Letpadaw au média social People’s Spring Media. Les habitants ont déclaré que, les troupes étant toujours stationnées dans la région, ils craignaient que de violents massacres ne se produisent dans chacun des villages de Yinmarbin dans les jours à venir.
    Ces deux dernières semaines, l’armée s’est livrée à une série d’atrocités dans le canton de Yinmarbin. Le 28 février, les troupes ont pris en otage 80 élèves de l’école primaire du village de Chin Pone, apparemment pour les utiliser comme bouclier humain lors des combats avec les factions de la PDF. Au moins onze civils ont été tués lors de raids sur le village.
    Au cours de la même période, des milliers de maisons de Sagaing ont été incendiées par les militaires dans le cadre d’incendies criminels typiques des campagnes de terre brûlée de l’armée birmane. Des habitants du canton de Kale à Sagaing ont déclaré le 13 mars à la DVB qu’ils pensaient que les soldats commettaient de plus en plus d’atrocités, en partie à cause de leur consommation croissante de yaba, un type de méthamphétamine populaire auprès des soldats de la Tatmadaw.
    PAS D’ASSURANCE DE SURVIE DE LA JUNTE
    L’éloignement des médias ne suffit pas à assurer l’avenir d’une junte dépourvue de toute possibilité de reconquérir ne serait-ce qu’une once d’acceptabilité pour les neuf dixièmes de la population. Le contrôle territorial des différentes organisations de lutte armée progresse, malgré les raids aériens contre des villageois désarmés. La ville de Rangoon, capitale économique, est de plus en plus asphyxiée par d’incessantes coupures d’électricité et d’eau. Le recours aux groupes électrogènes, avec la raréfaction du carburant et la hausse fulgurante de son prix, n’est plus une alternative.
    Les désertions au sein de l’armée birmane se multiplient. Selon des informations – non confirmées à ce jour – plusieurs pelotons, un capitaine et 2 lieutenants, en garnison à Putao, dans le nord de l’État Kachin à l’extrême nord de la Birmanie, sont passés début mars avec armes et bagages du côté des PDF, associés à la KIA, la Kachin Independance Army.
    Les généraux putschistes, Minh Aung Hlaing en tête, ont multiplié les voyages à Moscou depuis un an. Au point de paraître plus poutinien que Poutine. Or l’ambassadeur de la Birmanie à l’ONU a voté, lors de l’Assemblée générale consacrée le 4 mars à la guerre en Ukraine, pour le renforcement des sanctions contre la Russie. La Birmanie fut, au grand dam de la junte, l’un des 94 promoteurs du texte appelant à de sévères sanctions contre la Russie. L’ambassadeur Kyaw Moe Tun est parvenu à conserver le siège et la fonction qui lui avait été confiés par le gouvernement « démocratique » antérieur au coup d’État. Depuis le putsch, l’ambassadeur refuse d’obéir à la junte, et vote selon les instructions reçues du gouvernement d’unité nationale, issu des élections du 8 novembre 2020.
    Par Francis Christophe

    Birmanie : les crimes contre l'humanité de la junte éclipsés par la guerre en Ukraine
     
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  4. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Où va la Birmanie, un an après le coup d’Etat ?
    11/04/2022
    Pour mieux comprendre la situation de la Birmanie un an après le coup d’Etat militaire du 1er février 2021, l'Institut et la Fondation Inalco et Asialyst, le site d'information et d'analyse sur toute l'Asie, vous proposent une conférence.

    Manifestations réprimées dans le sang, opposants et militants enfermés massivement, villages brûlés… Un an après le putsch des militaires qui renversa le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi et mit fin à une décennie de parenthèse démocratique, la Birmanie s'enfonce dans la violence. La cohésion nationale est plus que jamais en danger. La guerre civile n’est plus un risque, elle est une réalité dans au moins une partie du pays : les Etats où les groupes armés ethniques s’opposent aux troupes gouvernementales. Accusée de se comporter en « armée coloniale » contre les 55 millions de Birmans, la Tatmadaw, nom officiel des forces armées du pays, est-elle en train de consolider son emprise absolue sur la Birmanie ou en voie de perdre le pouvoir ?



    TotalEnergies et son partenaire américain Chevron ont annoncé le 21 janvier dernier leur décision de quitter le pays. Ils cèdent leurs parts dans le projet gazier de Yadana, son gisement et ses 370 km de gazoduc vers la Thaïlande, cette immense perfusion en millions de dollars pour la junte. Loin d’être une bonne nouvelle pour les généraux au pouvoir, ce double retrait risque d’amplifier la fuite des investisseurs et donc des capitaux dans une Birmanie isolée de la communauté internationale.


    Même la très consensuelle Asean, l’association des Nations d’Asie du Sud-Est jamais regardante sur les affaires internes de ses Etats-membres, n’a pas reconnu le nouveau régime des militaires présidé par le général Min Aung Hlaing. Un an après le coup d’Etat, ce dernier ne peut compter dans la région que sur le soutien des régimes militaires ou dictatoriaux, notamment la Thaïlande et le Cambodge.

    Cette conférence permettra de mieux comprendre les ressorts et la complexité de la crise birmane depuis un an.


    Intervenants :

    • Bruno Philip, journaliste au journal Le Monde, ancien correspondant à Bangkok - Grand témoin
    • Alexandra de Mersan, enseignante chercheur à l'Inalco, spécialiste de la Birmanie, des migrations et des religions
    • Francis Christophe, journaliste indépendant et spécialiste de la Birmanie, auteur du livre Birmanie, la dictature du Pavot (Picquier, 1998)
    Modérateur :
    • Joris Zylberman, rédacteur en chef d'Asialyst et ancien correspondant en Chine de RFI et France 24.
    Où va la Birmanie, un an après le coup d’Etat ?
     
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  6. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    En Birmanie, plus de 1 600 prisonniers non politiques libérés par la junte

    [​IMG]
    Des Birmans attendent devant la prison d'Insein, dans la région de Yangon, la sortie de prison de leurs proches, le 17 avril 2022. © via Reuters - Assistance association for Myanmar

    La junte militaire au pouvoir en Birmanie a annoncé qu'elle allait libérer, dimanche, plus de 1 600 prisonniers pour marquer la nouvelle année bouddhiste. Aucun prisonnier politique ne figure parmi les libérés.

    Quelque 1 619 prisonniers, dont 32 de nationalité étrangère, ont été "amnistiés" et libérés pour marquer la nouvelle année bouddhiste, a indiqué la télévision d'État en Birmanie, dimanche 17 avril, sans préciser s'il s'agissait uniquement de prisonniers de droit commun ou bien aussi de prisonniers politiques.

    Devant la prison d'Insein à Rangoun, plus d'une centaine de personnes étaient rassemblées, espérant voir libéré un de leur proche prisonnier politique, parfois simple participant aux manifestations anti-junte.

    Cependant, l'un des hommes libérés a déclaré qu'aucun "prisonnier politique ou manifestant ne fait partie de ceux qui sont libérés aujourd'hui". Et les familles déçues se sont peu à peu dispersées.

    La Birmanie connaît de fortes tensions depuis que l'armée a chassé du pouvoir, en février 2021, le gouvernement d'Aung San Suu Kyi. Le coup d'État militaire a déclenché des manifestations massives et une vague d'intense répression.

    Le pays du sud-est de l'Asie amnistie traditionnellement des milliers de prisonniers à l'occasion de la nouvelle année bouddhiste. En 2021, 23 000 prisonniers avaient été libérés. Cet événement a donné lieu, les années précédentes, à de grandes fêtes. Cette année, elles n'ont pas eu lieu, alors que la répression sévit toujours.

    >> À lire aussi : En Birmanie, le chef de la Junte promet d'"anéantir" les opposants

    Avec AFP

    En Birmanie, plus de 1 600 prisonniers non politiques libérés par la junte


     

    Fichiers attachés:

  7. Au 2 juin, 1 883 personnes sont désormais confirmées tuées par ce coup d’État de la junte. C’est le nombre vérifié par l’AAPP (Association d’aide aux prisonniers politiques), le nombre réel de décès est probablement beaucoup plus élevé.

    10 870 personnes sont actuellement en détention. 1 087 personnes ont été condamnées, dont 72 à mort (dont 2 mineurs). 120 ont été condamnées par contumace, dont 41 condamnées à mort par contumace. Au total 113 condamnés à mort. 21 personnes ont été libérées sous caution et 3 035 personnes ont déjà été libérées.

     
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  8. ninaa
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  9. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste


    Birmanie : retour de la peine de mort
     
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    Vu de Bangkok, la Birmanie vient tout juste de rouvrir ses frontières au tourisme ce qui est plutôt mauvais signe car cela indique que la junte aurait terminé son sale travail dans la plupart du pays et ne craindrait plus que des touristes un peu curieux ne soient témoins de ses exactions.
    Quand à l'hypocrite régime thaïlandais lui aussi issu d'une junte, il prétend faire un travail humanitaire en accueillant les réfugiés birmans quand des observateurs internationaux sont sur place mais, là ou il n'y a pas de témoins gênants (c'est à dire sur 99% de la frontière du pays vu que les observateurs internationaux se concentrent sur les villes frontalières de Mae Saï au nord et Mae Sot au centre pour la seule raison que ce sont les seuls endroits à la frontière où l'on trouve de confortables hôtels haut de gamme, de plus, les réfugiés passant la frontière à ces endroits-là sont rares car ce sont les plus surveillés) les militaires thaïs ne se gênent pas pour renvoyer en masse les réfugiés, les forçant même parfois à franchir des champs de mines.
     
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  11. ninaa
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  12. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Une soixantaine de Rohingyas échoués en Thaïlande risquent d'être expulsés en Birmanie

    Une soixantaine de Rohingyas, dont cinq enfants, espéraient arriver en Malaisie après un long trajet en bateau pour fuir leur pays. Ils ont finalement échoué sur une île thaïlandaise. Ils risquent l'expulsion vers la Birmanie, où cette minorité musulmane continue à être persécutée.
    Les passeurs leur avaient fait croire qu'ils étaient arrivés sains et saufs en Malaisie, leur destination finale. Un mensonge. Le groupe s'en est vite rendu compte : il avait échoué sur une île thaïlandaise loin des côtes, Koh Dong, abandonné là par des trafiquants d'êtres humains. Lorsque la police les a trouvés, les 59 Rohingyas étaient affamés, ils n'avaient rien mangé depuis plusieurs jours.

    Aux agents, les réfugiés ont dit avoir payé 1 200 dollars chacun à un passeur pour être amené en Malaisie. Ils avaient quitté la Birmanie et le Bangladesh à bord de trois embarcations avec en tout 178 personnes. Mais les deux premiers bateaux ont été interceptés par la police malaisienne. L'équipage de leur bateau aurait alors décidé de les abandonner sur Koh Dong. Ils risquent d'être expulsés vers la Birmanie.

    Une route d'émigration pour les Rohingyas
    Chaque année, des milliers de Rohingyas prennent la route et risquent leur vie pour atteindre la Malaisie, en passant par la Thaïlande. En mai, les corps de quatorze Rohingyas, dont des enfants, ont été découverts. Ils se sont échoués sur une plage après avoir fui leur pays.

    Une soixantaine de Rohingyas échoués en Thaïlande risquent d'être expulsés en Birmanie

    A propos des Rohingyas: Le génocide dont tout le monde se fout?
     
  13. Un bon p'tit reportage (en VOST uk)...

     
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  14. ninaa
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  15. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Au Myanmar, une maison d'édition fermée pour un livre sur les Rohingyas
    Au Myanmar (Birmanie), les Rohingyas, musulmans sunnites, font l'objet d'une persécution depuis des décennies, d'abord par la dictature, puis par des mouvements bouddhistes extrémistes. Apatrides, ils sont devenus la cible de l'armée birmane, coupable de génocide envers cette population depuis 2016. Et le pouvoir militaire s'assure un contrôle total de l'opinion, pour ne pas sensibiliser au sort des Rohingyas.

    En février 2021, un coup d'État militaire faisait entrer le Myanmar dans une nouvelle phase de dictature, avec de premières semaines particulièrement meurtrières pour la population.

    Plus d'un an après la prise du pouvoir, l'armée maintient une chape de plomb sur la liberté d'expression, pour asseoir sa domination de la population. Le 1er juin dernier, plusieurs journaux d'État annonçaient ainsi la fermeture de la maison d'édition Lwin Oo Sar Pay, basée à Rangoun : le gérant de la structure a été accusé d'avoir violé l'article 8 d'une loi de 1962, qui interdit la publication de contenus censurés.

    L'ouvrage visé porte sur les discriminations que subissent les Rohingyas, et les qualifie même de « génocide », ce que le pouvoir birman nie. Myanmar’s Rohingya Genocide : Identity, History and Hate Speech, de Ronan Lee, chercheur à l'Université de Loughborough (Royaume-Uni), est considéré comme un ouvrage de référence sur le sujet.

    « L'armée du Myanmar a peur de la vérité. Cette effroyable censure est une nouvelle tentative pour dissimuler les faits sur le sort réservé aux Rohingyas », a réagi l'auteur de l'ouvrage sur Twitter.

    La distribution du livre par l'intermédiaire de la page Facebook de l'éditeur aurait alerté les autorités, qui ont annulé la licence de vente accordée à l'éditeur le 28 mai dernier.

    « Lwin Oo Sarpay assurait la distribution de livres sur la politique et l'histoire, signés par des auteurs locaux ou étrangers », a développé un lecteur auprès de Radio Free Asia. « Après cette fermeture, les gens ne pourront plus s'informer sur ce qu'ils devraient savoir. »

    La fermeture de la maison d'édition de Lwin Oo Sarpay fait suite à deux autres interventions militaires visant des maisons d'édition, à savoir les deux structures Shwe Lat and Yan Aung Sarpay et Win To Aung, fermées ces dernières semaines.

    Au Myanmar, une maison d'édition fermée pour un livre sur les Rohingyas
     
  16. Le 7 juin, attaque du commissariat de Kaing Le, dans le canton de Pauk
    par les People's Defense Armed Forces





    Le 8 juin, attaque contre des militaires dans le canton de Tamu
    par les People's Defense Armed Forces


     
  17. ninaa
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  18. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    C’est un rapport accablant pour la junte au pouvoir en Birmanie. Selon le rapporteur des Nations unies pour les droits de l’homme dans ce pays d’Asie, des centaines d’enfants ont été tués et torturés par les forces de sécurité birmanes depuis le coup d’État de 2021. Ces attaques contre des enfants, victimes collatérales ou directes des affrontements, constituent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité aux yeux de l'ONU.

    Selon le rapport rendu public mardi 14 juin, plus de 140 enfants ont été torturés par des militaires, des policiers ou des miliciens depuis le coup d’État militaire du 1er février 2021.

    Les informations réunies par le rapporteur spécial de l’ONU, Tom Andrews, sont terribles et accablantes pour la junte au pouvoir. Selon des témoignages recueillis auprès des agences de l’ONU et d’organisations humanitaires, des mineurs ont été battus à mort ou poignardés ; certains ont eu les ongles et les dents arrachés, d’autres enfin ont subi des simulacres d’exécutions. Le rapporteur estime que plus de 250 000 enfants ont été déplacés et que près de 400 ont été tués.

    « Les attaques incessantes de la junte contre des enfants soulignent la perversité des généraux et leur volonté d’infliger des souffrances à des victimes innocentes pour soumettre la population », peut-on lire dans le communiqué publié par le rapporteur. Celui-ci estime que ces attaques sont constitutives de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité et demande aux pays membres de l’ONU de répondre à la crise en Birmanie avec le même caractère d’urgence que pour la crise en Ukraine.

    Dans un rapport accablant, l'ONU accuse la Birmanie d'avoir torturé des enfants
     
  19. Blek
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  21. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Myanmar : Une décennie de détention pour les Rohingyas

    Myanmar : Une décennie de détention pour les Rohingyas

    La justice n’a toujours pas été rendue pour les crimes contre l’humanité commis à leur encontre depuis 2012
    (Bangkok, le 15 juin 2022) – Depuis une décennie, les autorités du Myanmar détiennent arbitrairement et indéfiniment plus de 135 000 musulmans rohingyas et kamans dans l’État de Rakhine, a déclaré Human Rights Watch dans un dossier web publié aujourd’hui sur son site. S’appuyant sur des entretiens menés avec des Rohingyas et des travailleurs humanitaires entre 2012 et aujourd’hui, Human Rights Watch documente la manière dont les autorités ont amplifié la campagne de nettoyage ethnique lancée en juin 2012, en ségréguant et en confinant une population qu’elles cherchaient depuis longtemps à écarter de la vie quotidienne dans ce pays de confession majoritairement bouddhiste.

    Étayé par des témoignages individuels, des images et des vidéos, le dossier web intitulé « ‘‘Nothing Called Freedom’’ : A Decade of Detention for Rohingya in Myanmar’s Rakhine State » (« ‘‘Tout sauf la liberté’’ : Une décennie de détention pour les Rohingyas dans l’État de Rakhine au Myanmar ») montre comment les crimes contre l’humanité d’apartheid, de persécution et d’emprisonnement perpétrés au Myanmar par les autorités contre les Rohingyas, ont privé ces personnes de leur liberté et menacé leurs vies et moyens de subsistance.

    « L’oppression implacable exercée par la junte du Myanmar à l’encontre du peuple rohingya est le résultat prévisible de l’impunité avec laquelle l’armée a pu mener une campagne de nettoyage ethnique et instaurer un système d’apartheid depuis une décennie », a déclaré Shayna Bauchner, chercheuse auprès de la division Asie à Human Rights Watch. « Les gouvernements préoccupés devraient faire maintenant ce qu’ils auraient dû déjà faire en 2012, à savoir prendre toutes les mesures requises pour que les responsables du Myanmar répondent de leurs crimes graves, et pour que justice soit rendue aux victimes de leurs exactions. »


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    Un jeune homme rohingya photographié derrière une barrière avec des fils de fer barbelé, dans un camp situé dans la banlieue de Sittwe, la capitale de l’État de Rakhine, dans l’ouest du Myanmar, le 25 novembre 2012. © 2012 Paula Bronstein/Getty Images

    À la suite des violences de juin 2012, des responsables de cantons et des gardes-frontières ont commencé à déraciner les Rohingyas pour les contraindre à s’installer dans des camps qui ont rapidement été clôturés à l’aide de fil barbelé et cernés de postes militaires. Les contraintes draconiennes imposées à leurs déplacements, leurs moyens de subsistance et leur accès à l’aide humanitaire et aux soins de santé n’ont fait qu’empirer au cours de la dernière décennie, aggravées par des conditions de vie inhumaines. Les récits des camps et les documents des agences humanitaires révèlent un nombre croissant de décès évitables.

    Les violences de 2012 et les déplacements qui en ont résulté ont coïncidé avec la transition naissante du Myanmar vers un régime civil démocratique. L’oppression accrue, tant dans les politiques que dans les pratiques, a donné libre cours au sentiment antimusulman à travers tout le pays, préparant le terrain aux atrocités militaires plus brutales et organisées de 2016 et 2017. Les gouvernements étrangers, plutôt que de chercher à établir les responsabilités de la violence et de l’apartheid qui en ont résulté, ont commencé à lever les sanctions et à se positionner pour l’ouverture politique et économique du pays.

    Au lieu de cela, en février 2021, les forces de sécurité ont mené un coup d’État et ont détenu les dirigeants civils du pays, faisant basculer à nouveau le Myanmar sous un régime militaire. La junte a répondu à une opposition généralisée par une répression brutale à l’échelle nationale, qui reflète les tactiques employées depuis longtemps dans l’État de Rakhine.

    Le coup d’État a entraîné de nouvelles restrictions de mouvement et le blocage de l’aide aux camps de Rohingyas. La multiplication des tensions et des combats dans l’État de Rakhine entre l’armée du Myanmar et l’Armée du salut des Rohingya de l’Arakan (ARSA) a pris cette communauté en étau.

    Le Conseil des droits de l’homme et les États membres de l’ONU, lors de la table ronde du 15 juin 2022, et dans un projet de résolution sur les Rohingyas, doivent promouvoir une stratégie d’établissement des responsabilités au Myanmar pour mettre fin à l’impunité dont jouit depuis longtemps l’armée pour les graves abus commis.

    « Cette décennie constitue un sinistre jalon pour les 135 000 Rohingyas détenus dans les camps du Myanmar, dont les récits douloureux ne reçoivent guère d’attention internationale », a conclu Shayna Bauchner. « Donner une visibilité à ces histoires et ces images est un moyen de rappeler aux gouvernements le coût humain stupéfiant de l’apartheid et de la persécution. »

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  22. ninaa
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    Bangladesh: manifestation de réfugiés rohingyas pour exiger leur retour en Birmanie

    Des papiers pour attester de leur citoyenneté, afin de pouvoir rentrer chez eux : voilà ce que demandaient les manifestants dimanche. « Être un réfugié, c’est l’enfer, nous ne voulons pas rester dans ces camps, rentrons à la maison », a plaidé dans son discours un des dirigeants de la communauté rohingya, Sayed Ullah.

    Rentrer, pour les Rohingyas, c'est retourner vivre en Birmanie dans les villages de la région de l'Arakan d'où 750 000 personnes ont fui en 2017, un « génocide » de l’armée birmane, selon les termes de l’ONU. Mais pour cela, il faut des papiers. À défaut, ce serait à nouveau l'enfermement dans d'autres camps, prévus par la Birmanie.

    Quelques jours avant ces manifestations, des responsables birmans et bangladais s’étaient réunis pour évoquer la situation pour la première fois depuis trois ans. Le Bangladesh plaide pour le retour des réfugiés en Birmanie. Mais la situation est toujours dans l'impasse.

    Pendant ce temps à Kutupalong, à la frontière birmane, 850 000 réfugiés rohingyas survivent dans une trentaine de camps insalubres. C’est désormais la plus grande concentration de réfugiés au monde.

    Bangladesh: manifestation de réfugiés rohingyas pour exiger leur retour en Birmanie
     
  24. Blek
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    En Thaïlande, le crime de “lèse-majesté” menace les opposants
    Restaurée en novembre 2020, une loi menace de quinze ans d’emprisonnement toute diffamation du roi. Des opposants au gouvernement en font les frais.
    L’article 112 du code pénal thaïlandais, qui protège la monarchie de toute diffamation, a le vent en poupe. Pour un simple tweet, le professeur Piyabutr Saengkanokkul, ancien leader du parti d’opposition Parti du nouvel avenir, né en 2018 et dissous en 2020, vient ainsi d’être entendu par un commissariat de police de Bangkok pour répondre des accusations de lèse-majesté portées contre lui.
    “Piyabutr, universitaire, actuellement secrétaire général du Mouvement progressif, un groupe politique réformiste, a été inculpé à la suite d’un tweet publié en octobre l’année dernière dans lequel il estimait que l’article 112 et certains passages de la Constitution du pays méritaient d’être améliorés afin d’empêcher l’abus du droit pour faire taire les points de vue divergents”, détaille le journal The Diplomat.
    “Finalement, Piyabutr a été inculpé de crime de lèse-majesté pour avoir critiqué le crime de lèse-majesté.”
    C’est le deuxième ancien dirigeant de ce mouvement à être inculpé dans le cadre de l’article 112 du code pénal. “Plus connu comme étant la loi de lèse-majesté, ce texte criminalise toute critique du roi ou de la famille royale et peut conduire à des condamnations allant jusqu’à quinze ans d’emprisonnement”, explique The Diplomat.
    Soupçons de favoritisme
    Le magazine rappelle qu’en avril dernier une autre figure de l’opposition avait subi les conséquences de cette loi, cette fois-ci pour avoir critiqué la politique lutte contre le Covid-19 du gouvernement lors d’un live sur Facebook en janvier 2021, Thanathorn Juangroongruangkit avait fait planer un soupçon de favoritisme concernant l’attribution d’un marché de production de vaccins à Siam Bioscience, une société privée détenue par le roi Rama X. La société avait reçu 20 millions de dollars du gouvernement pour développer sa capacité de production et ainsi fabriquer à la chaîne, pour la population du Sud-Est asiatique, le vaccin britannique AstraZeneca. “Ce que j’ai dit était dans l’intérêt du public et pour protéger l’institution royale”, s’est défendu Thanathorn.
    The Bangkok Post cite le député Rangsiman Rome : “La loi de lèse-majesté a servi de base pour accuser une longue liste d’individus parmi lesquels des influenceurs des réseaux sociaux.”
    Des manifestations ont déjà eu lieu en 2021 pour demander l’abolition de cette loi, qui avait été restaurée en novembre 2020 devant l’ampleur d’une contestation étudiante pro-démocratie.
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    Démocratie. En Thaïlande, le crime de “lèse-majesté” menace les opposants
     
  25. Blek
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    Birmanie. Aung San Suu Kyi mise à l’isolement en prison
    L’ex-dirigeante birmane de 77 ans, en procès depuis son arrestation l’an dernier, a été incarcérée dans une prison de la capitale, Naypyidaw. La junte militaire au pouvoir depuis le coup d’État de février 2021 semble franchir un pas de plus dans la répression.
    L’ancienne chef du gouvernement birman, renversée l’année dernière et jusqu’à présent assignée à résidence, vient d’être transférée dans un complexe pénitentiaire situé dans le quartier de Zabuthiri, à Naypyidaw. “Conformément aux lois pénales […], elle est désormais placée à l’isolement en prison”, a déclaré, jeudi 23 juin, le porte-parole de l’armée, Zaw Min Tun, précisant qu’elle était “bien traitée”, d’après le média numérique birman The Irrawaddy.
    Depuis son arrestation lors du coup d’État du 1er février 2021, Aung San Suu Kyi était tenue au secret à Naypyidaw, accompagnée de plusieurs employés de maison et de son chien Taichido, rappelle Myanmar Now. La lauréate du prix Nobel de la paix en 1991 n’était autorisée à sortir que pour assister aux audiences de son procès-fleuve au terme duquel elle risque plusieurs dizaines d’années de détention. Les audiences se tiennent à huis clos : ses avocats ayant interdiction de parler à la presse ou à des organisations internationales.
    Dans sa cellule, Aung San Suu Kyi demeure seule, sans son chien. Trois gardiennes de prison lui sont néanmoins assignées, selon la BBC, qui rappelle qu’au total 14 000 Birmans ont été arrêtés depuis le coup d’État.
    Manifestation dans le sud du pays
    Des manifestants protestent régulièrement contre l’arrestation d’Aung San Suu Kyi, qui a eu 77 ans dimanche 19 juin, comme ce jeudi à Launglone, une ville du sud de la Birmanie. Sur les réseaux sociaux, la décision de la placer à l’isolement a suscité de nombreuses réactions : Aung San Suu Kyi “a tout sacrifié pour l’amour de son pays et de son peuple, mais [les militaires] sont ingrats et cruels” ; “Libérez Suu Kyi pour qu’elle puisse faire encore de bonnes choses pour notre pays”.
    “Ce que nous voyons est une junte birmane basculant dans une phase beaucoup plus répressive à l’égard d’Aung San Suu Kyi”, a commenté pour l’AFP Phil Robertson, directeur adjoint pour l’Asie de l’ONG Human Rights Watch.
    L’hebdomadaire anglophone de Rangoon Frontier Myanmar explique que l’ancienne dirigeante est accusée d’une multitude d’infractions (violation d’une loi sur les secrets d’État datant de l’époque coloniale, fraude électorale, sédition, corruption, etc.) et a déjà été condamnée à onze ans de détention, notamment pour violation des règles sanitaires liées au Covid-19 et infraction à la loi sur les télécommunications. Sous le régime d’une junte précédente, elle avait passé quinze années en résidence surveillée dans sa propriété familiale de Rangoon, la plus grande ville de Birmanie.
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    Birmanie. Aung San Suu Kyi mise à l’isolement en prison
     
  26. Blek
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    A part les deux films hollywoodiens "Beyond Rangoon" de John Boorman (1995) et "The Lady" de Luc Besson (2011), il n'y a pas beaucoup de films sur la situation politique en Birmanie.
    Une exception cependant, le film autrichien "Twilight Over Burma" réalisé en 2015 par Sabine Derflinger et basé sur l'autobiographie écrite par Inge Sargent, l'épouse d'origine autrichienne de Sao Kya Seng, le dernier prince chan de Hsipaw.
    Ce film, inédit en France, est intéressant à plus d'un titre. Il décrit bien la suite des évènements qui ont menés au coup d'Etat du général Ne Win en 1962 et se place du côté du point de vue des minorités. Plusieurs pages Facebook ont posté une version VO sous titrée en anglais dont celle-là:
     
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  27. Blek
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    Ce film, "Twilight Over Burma", est interdit en Birmanie et en Thaïlande.
     
  28. ninaa
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    Reportage sur Arte:

    Wooh, dessinateur birman en exil - Regarder le documentaire complet | ARTE

    Wooh, dessinateur birman en exil - Regarder le documentaire complet | ARTE


    Lyon BD Festival : réfugié en France, l'auteur birman Wooh raconte sa lutte contre la dictature par le dessin
    Auteur de bande dessinée en Birmanie, Wooh s'est réfugié en France avec Yu, sa femme, après avoir été placé sur la liste noire de la junte militaire au pouvoir. Invité d'honneur du Lyon BD Festival (10-12 juin), il raconte sa lutte par le dessin depuis les bords du Rhône.
    Camille Belsoeur
    France Télévisions Rédaction Culture

    [​IMG]
    Un dessin de Wooh sur les manifestations contre le coup d'Etat du 1er février 2021 en Birmanie. (WOOH)
    Le dessin montre un homme qui dort sur un futon, alors que l'aube pointe son nez par la fenêtre de l'appartement. Le réveil indique 5 heures du matin. Dans quelques minutes, ce 1er février 2021, un coup d'Etat va réveiller les Birmans. Le personnage encore plongé dans le sommeil, c'est Wooh. Le dessinateur, opposant à la junte militaire au pouvoir en Birmanie (aussi appelé Myanmar), raconte dans une BD pas encore éditée sa lutte contre la dictature.

    Ses dizaines de dessins postés sur Facebook depuis le coup d'Etat de 2021, qui a mis fin à une fragile parenthèse démocratique de dix ans dans ce pays d'Asie du Sud-Est, ont valu à Wooh d'être placé sur une liste noire d'opposants. Plus dangereux encore, il travaille depuis un an avec Yu sa femme sur The Green Dogs, un roman graphique qui raconte la lutte du peuple contre la dictature. "Je ne l'ai dit à personne que j'écris ce livre, car c'est trop dangereux en Birmanie", confie Wooh. Il nous reçoit avec Yu dans les locaux de l'association du Lyon BD Festival, nichés sur les quais du Rhône au pied de la colline de la Croix-Rousse. Quand ils travaillent en couple, Wooh et Yu se répartissent le travail. Il dessine, elle colorie.



    [​IMG]
    La couverture du roman graphie de Wooh, qui raconte la lutte civile contre la junte militaire en Birmanie depuis le coup d'Etat de février 2021. (WOOH)


    L'éditeur birman de Wooh ne pouvait pas prendre le risque de publier la BD The Green Dogs en Birmanie. La junte militaire aurait fait interdire l'ouvrage et jeter en prison ses auteurs. Ce n'est qu'à des milliers de kilomètres de Rangoun que l'œuvre pourra peut-être voir le jour.

    À l'aide de réseaux internationaux, Wooh et Yu sont exfiltrés de Birmanie fin 2021. Leur long périple les conduit jusqu'à Lyon. "On a réussi à leur trouver un logement payé par un mécène à partir de janvier 2022", explique Nicolas Piccato, le directeur du Lyon BD Festival, qui leur présente aussi des professionnels du neuvième art. "Depuis le début, on essaye de les mettre en valeur. J'ai demandé un book à Wooh et j'ai présenté ses dessins à deux éditeurs", souffle Nicolas Piccato.

    Wooh et Yu peuvent travailler sereinement sur leur ouvrage The Green Dogs. Le festival leur commande aussi une fresque géante autour de la statue de Louis XIV sur la place Bellecour sur la presqu'île de Lyon. Enfin, les dessins de Wooh seront exposés du 1er juin au 13 juillet à l'université Lumière Lyon 2.



    [​IMG]
    Wooh (à gauche) et Yu (à droite), un couple de dessinateurs birmans. Ils se sont réfugiés en France pour échapper à la junte militaire au pouvoir en Birmanie. (FRANCEINFO / C.Belsoeur)

    En lutte contre les militaires depuis 1996
    Dans l'ancien atelier canut (le nom donné aux ouvriers tisserands de la soie à Lyon au 19e siècle) dans lequel les équipes du Lyon BD Festival ont installé leurs bureaux, Wooh se montre bavard. Yu, plus discrète, l'écoute parler et opine souvent de la tête pour confirmer ses propos.

    Wooh revient sur son engagement de longue date contre la junte militaire. "Je participe depuis longtemps au mouvement contre les militaires. En 1996, j'étais engagé dans le mouvement étudiant contre la dictature. J'avais été mis en prison. Une semaine plus tard, j'avais été contraint de signer des aveux pour être libéré".

    Il reprend la lutte et doit ensuite rester un mois caché dans un grenier pour échapper aux militaires. "Quand j'ai quitté le grenier, je ne pouvais plus marcher. Pendant un mois, j'étais resté immobile. Quand j'ai voulu sortir, mes jambes étaient bloquées".


    Depuis 1996, Wooh a participé régulièrement aux manifestations civiles contre les militaires. Il dessine pour transmettre ses idées. "Entre 2003 et 2018, j'ai participé à 300 séries de BD en tant que dessinateur. Puis en 2020, j'ai publié avec Yu mon premier livre de bande dessinée nommé 'Par-Joung'. Cela parle du mouvement étudiant de 1988". Ce livre a été listé dans les meilleures ventes enregistrées au Myanmar.

    Le dernier coup d'Etat du 1er février 2021 a déclenché une colère encore plus profonde chez Wooh. Dix ans après avoir laissé partiellement la place à un pouvoir civil dirigé par le parti Ligue nationale pour la démocratie (LND) de l'opposante historique Aung San Suu Kyi, les militaires n'ont pas accepté la large victoire du LND aux élections de novembre 2020. Le 1er février 2021, après trois mois de flou, Aung San Suu Kyi est arrêtée par l'armée qui déclare l'état d'urgence pour un an. "En Birmanie, ce n'est pas le premier coup d'Etat. Mais cette fois, il y a beaucoup de jeunes qui participent aux manifestations. On a eu la démocratie pendant 10 ans, donc ce n'est plus pareil. Les gens ne peuvent plus accepter ça. Je pense que nous allons finir par gagner", souffle Wooh.


    [​IMG]
    Une Birmane qui manifeste contre la dictature et dessinée par Wooh. (Wooh)


    Invité au festival de la BD d'Angoulême
    Sur une feuille de papier, Wooh esquisse un croquis. Des sourcils et des yeux sévères apparaissent. Peut-être les traits d'un général birman. Sur ses dessins, l'auteur de BD représente souvent des manifestants qui lèvent trois doigts en l'air. C'est le symbole de la lutte contre la dictature. Il a aussi immortalisé les visages de civils tués par l'armée, comme cette adolescente. "Elle a pris une balle dans la tête. C'est la première victime de la répression qui a commencé en février 2021".

    Yu et Wooh ont déposé une demande pour obtenir le statut de réfugié politique en France. Après sa collaboration avec le festival de la BD de Lyon, Wooh commencera une nouvelle mission de six mois avec le festival d'Angoulême. "On n'est pas arrivé en France sans rien. Tout a été organisé pour nous. On a un logement, j'ai du travail. On est serein".

    Le plus dur pour le couple, c'est d'assister de loin aux exactions de l'armée et à la lutte populaire contre le régime dictatorial. "Il y a des nouvelles vidéos tous les jours sur les réseaux sociaux. On voit ce qui se passe. Mais c'est dur d'être loin. Notre cœur et nos pensées sont là-bas. On souffre de ça, comme tous les gens déracinés pour la même raison".

    Le festival de la BD de Lyon se tient du 10 au 12 juin. Tout le programme est à retrouver sur le site web de l'événement. Du 1er juin au 13 juillet, une exposition est consacrée au travail de Wooh à l'université Lumière Lyon 2.

    Lyon BD Festival : réfugié en France, l'auteur birman Wooh raconte sa lutte contre la dictature par le dessin
     
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  30. ninaa
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    La junte accusée d’utiliser des mines antipersonnel «de façon massive»

    Amnesty International accuse mercredi la junte birmane de commettre des crimes de guerre en posant des mines antipersonnel «de façon massive» dans des villages de l’État de Kayah (est), plongé dans la violence depuis le putsch de février 2021.

    L’ONG de défense des droits de l’homme dénonce un usage «ignoble et cruel» de ces engins explosifs bannis par la convention d’Ottawa, ratifiée en 1997 par plus de 160 pays, mais pas la Birmanie. Au moins 20 villages de cette région frontalière de la Thaïlande sont concernés, ainsi qu’un axe routier important, une église, ou des chemins menant aux champs de riz.

    «Les soldats ont placé des mines terrestres dans la cour d’habitations et à l’entrée des maisons et des sanitaires extérieurs», détaille le rapport, conclusion d’une étude de terrain menée du 25 juin au 8 juillet. «Les mines terrestres placées par l’armée ont tué et gravement blessé des civils et l’utilisation de ces dispositifs a de graves conséquences à long terme, notamment parce qu’elle empêche les personnes déplacées de retourner chez elles et de travailler sur leurs terres», assure Amnesty International, sans donner un nombre de victimes.

    Un coup d’État en février 2021
    «L’utilisation par l’armée de mines terrestres a considérablement augmenté ces derniers mois, en particulier dans le contexte de leur retrait de certaines zones», poursuit l’organisation. Depuis le coup d’État militaire du 1er février 2021 qui a renversé l’ex-dirigeante civile Aung San Suu Kyu, des régions de la Birmanie sont ravagées par les combats opposant l’armée au pouvoir à des milices locales soutenues par certaines factions ethniques rebelles.

    La junte, régulièrement accusée d’atrocités, poursuit une répression sanglante contre ses opposants avec plus de 2000 civils tués et plus de 15’000 arrêtés, selon une ONG locale, l’ONU dénonçant de «probables crimes de guerre et crimes contre l’humanité». En 2017, plus de 740’000 réfugiés de la minorité musulmane rohingya ont trouvé refuge dans des camps de fortune au Bangladesh, fuyant les exactions des militaires, des violences à grande échelle qualifiées en mars de «génocide» par les États-Unis.

    Les mines antipersonnel, les «restes explosifs de guerre» et les «mines improvisées» ont tué en moyenne 19 personnes chaque jour en 2020, 80% des victimes étant des civils, selon le dernier pointage de l’Observatoire des mines Le nombre de victimes en 2020 a bondi de 21%, en raison du ralentissement des efforts de déminage causé par la pandémie de Covid-19, selon cette organisation.

    AFP

    Birmanie – La junte accusée d’utiliser des mines antipersonnel «de façon massive»
     
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