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Guerre à la guerre

Discussion dans 'Discussion générale' créé par ninaa, 30 Mars 2022.

  1. ninaa
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  2. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    C'est clair il y a des femmes encore pire que (certains) hommes, car tous n'ont pas comme toi de fantasmes guerriers.

    Heureusement les statistiques sont formelles, il y en a nettement moins. Question d'éducation sans doute?

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    Au fait, mec, tu n'as pas répondu, c'est très bien de se branler devant des photos de guerre, quand est-ce que tu arrêtes le blablabla et que tu passes pour de vrai aux actes?

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    Ah que c'est beau la guerre!
     
  3. Je te mets des femmes qui luttent et toi tu dis que ces femmes sont "encore pire que (certains) hommes ".
    Et tu conclus par des photos d'une gardienne de prison qui torture... ???
    Du grand n'importe quoi !!!

    Et tu dois vraiment être vexée pour oser en plus sortir ce genre de conneries...
    Really ? J'hallucine !
     
  4. ninaa
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  5. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Tes injures je m'en cogne, mais les crimes de guerre (pléonasme) quel que soit le prétendu "camp du bien" ça me révolte profondément.
    Il n'y a qu'une façon de faire la guerre, la sale. Les fusils qui te font tant triper servent à tuer et à mutiler. Qu'ils soient brandis par un mec ou une femme (ce qui est nettement plus rare, ouf!)

    Ces femmes ne sont pas des "gardiennes de prison" mais bel et bien de "courageuses" soldates américaines (vive le féminisme!) qui défendaient aussi bien que les hommes "leur patrie" et "la démocratie".

    Ces images de guerre n'auraient jamais du être rendues publiques: il aurait fallu en rester aux photos de jolies filles un flingue à la main, en faisant mine d'ignorer à quoi servent les armes de guerre.

    En faisant mine d'ignorer que toutes les guerres comportent leur lot de soi disant "bavures" (viols, tortures, morts de civils).

    En faisant mine d'ignorer que même les soldats du camp adverse sont des êtres humains, qui n'ont pas toujours choisi de se faire tuer et mutiler.

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    Et maintenant les USA osent donner des leçons en matière de crimes de guerre!*

    Crimes de guerre des États-Unis — Wikipédia

    Encore du blablabla, tu ne risques pas grand chose à vanter la guerre!
    Enfin au moins tu ne fais de mal à personne; tu as raison, continues plutôt à poster des photos d'armes devant ton ordinateur.
     
  6. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  7. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Revenons plutôt aux arguments:

    Du pacifisme à la culture de la paix. Les apports des Peace Studies à la construction de la paix
    Le féminisme français à l’épreuve de la guerre. Madeleine Vernet : itinéraire d’une féministe pacifiste
    Anna Norris

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    Cet essai traitera des engagements pacifistes de Madeleine Vernet, l’une grandes voix du féminisme pacifiste français, liée aux mouvements anarcho-syndicalistes et libertaires, qui milita toute sa vie contre la guerre et pour la justice sociale. Nous parlerons tout d’abord de son activisme de 1914 à 1918 à travers ses actions, ses discours et ses écrits. Elle y préconisait un enseignement non dogmatique au delà des classes, des genres, des races et des nationalités, et dénonçait la violence et la guerre pour promouvoir la paix et la fraternité. Enfin, nous porterons notre attention sur le soutien qu’elle apporta entre 1917 et 1918 aux instituteurs démis de leurs fonctions, arrêtés puis jugés coupables de défaitisme et d’anti patriotisme, Marie et François Mayoux et Hélène Brion.

    Extraits:

    Les féministes dissidentes
    Certaines grandes voix du féminisme français vont s’élever ouvertement contre la guerre et continuer de préconiser la paix, dès la déclaration de guerre et tout au long du conflit, bien que ce ne soit pas chose facile à cause de l’aggravation des peines encourues pour propagande défaitiste, pour anti patriotisme ou même pour trahison. Ces féministes pacifistes n’auront d’ailleurs de cesse de prôner la paix et la réconciliation après 1918. C’est par exemple le cas de Gabrielle Duchêne, fondatrice de la section française du Comité international des femmes pour une paix permanente, le Comité de la rue Fondary. Elle sera exclue du Conseil national des femmes françaises, sera constamment surveillée par la police, ses locaux seront souvent perquisitionnés, et ses publications confisquées. D’autres, comme l’institutrice syndicaliste Hélène Brion, se rangeront du côté des pacifistes un peu plus tard et combineront propagande pacifiste et aide aux démunis en organisant des soupes populaires. Hélène Brion, en l’occurrence, paiera très cher son engagement en étant démise de ses fonctions, puis traduite en conseil de guerre et emprisonnée. Pour ces féministes marginales devenues encore plus minoritaires, les idées féministes égalitaires vont de pair avec la recherche de la paix et l’antimilitarisme ; elles vont ainsi mener des actions pacifistes qui s’avéreront lourdes de conséquences pour elles-mêmes et pour leurs proches, sans jamais perdre de vue leur engagement féministe. À leurs yeux, l’éradication de la guerre est indissociable de la lutte pour la libération des femmes ; le pacifisme et le féminisme font partie d’un même combat et d’une même logique. Très affectées par le fait que de nombreuses féministes se soient rangées du côté du nationalisme, elles estiment que leurs camarades se sont laissé leurrer ou manipuler par le discours belliciste et nationaliste, et qu’elles n’ont pas compris qu’il existe un lien entre le pouvoir masculin et la violence.

    7C’est de l’une de ces féministes pacifistes radicales dont nous parlerons ici, Madeleine Vernet, qui mena inlassablement un combat pour la paix et la réconciliation entre les nations avant, pendant et au-delà de la guerre de 1914-1918, jusqu’à sa mort en 1949. Nous ne nous étendrons pas trop en détail sur la biographie de Vernet, pseudonyme de Madeleine Cavelier, ou bien sur ses origines dont on sait qu’elles furent très modestes. Il faut retenir que cette autodidacte est sensibilisée à un très jeune âge par sa mère au sort des orphelins de l’Assistance Publique, et qu’elle est plus particulièrement scandalisée par l’exploitation de cette main-d’œuvre peu éduquée. Elle se lie rapidement aux mouvements anarcho-syndicalistes et communistes libertaires, dont elle va en partie intégrer les théories dans ses idées féministes et suffragistes, sans jamais pourtant adhérer à aucun parti politique. Elle éprouve, comme sa consœur la doctoresse Madeleine Pelletier, une certaine méfiance envers les politiciens et les partis politiques qui, à ses yeux, instrumentalisent les féministes, soutiennent en apparence leurs revendications mais ne font guère avancer la cause des femmes. Elle ne s’associe pas non plus officiellement avec les organisations féministes modérées ou plus radicales dont elle trouve l’idéologie encore trop limitée et trop timide, car elle estime que la plupart d’entre elles ne voient pas le lien qu’il faut établir entre la lutte sociale et l’émancipation des femmes.

    8Vernet trouve en revanche beaucoup d’affinités avec les milieux anarchistes et libertaires et commence à rédiger des articles dans des hebdomadaires anarchistes tels que Les Temps Nouveaux de Jean Grave et Le Libertaire, puis Ce qu’il faut dire de Sébastien Faure. Les théories pédagogiques de Paul Robin et celles de l’école libertaire fondée par Faure, La ruche, vont beaucoup intéresser et inspirer Vernet pour diverses raisons, tant pour le projet pédagogique de ce type d’école que pour son fonctionnement : l’autofinancement, le bénévolat, l’accueil des enfants démunis, la mixité, la laïcité et l’emploi de méthodes pédagogiques inductives sont des concepts qu’elle reprendra et appliquera à son tour, et avec succès.

    Une féministe pacifiste face à la guerre
    • 6 Cité par Geneviève Fraisse, « Et si les mères désertaient la guerre. Madeleine Vernet (1879-1949) (...)
    10Militante pacifiste convaincue, Madeleine Vernet accueille avec angoisse la déclaration de guerre, se désole de la passivité de nombres de pacifistes et s’inquiète du nationalisme et de la germanophobie qui gagnent une bonne partie de la population. Elle quitte Epône pour se rendre à Paris dès le 1er août 1914, espérant encore que les manifestations pacifistes arriveront à arrêter la mobilisation et croyant que la paix est encore possible. Elle se rend pendant plusieurs jours de syndicat en syndicat, mais elle comprend vite que les membres des syndicats se sont eux aussi résignés à l’inéluctabilité de la guerre. Elle rédige pourtant un appel dans le journal Rénovation que les imprimeurs vont refuser de publier. Se rendant à l’évidence que ses actions et celles des autres pacifistes ne pourront pas arrêter la marche de la guerre, elle décide de recueillir dans son orphelinat les enfants sans mère dont le père est mobilisé : « Puisque les hommes s’en allaient ; puisque fous ou conscients, lâches ou héroïques, dominés par les événements ou incapables de leur résister, ils s’en allaient vers le gouffre et vers la mort, une tâche nous restait encore, tâche sacrée et imprescriptible ; sauver les enfants du désastre. À cette tâche au moins, je ne voulais pas faillir »6. À son retour à Epône, elle crée une modeste maison d’édition, L’Avenir Social, qui publiera ses écrits contre la violence et ceux d’autres militantes pacifistes comme Nelly Roussel ou Hélène Brion, ou encore des livres éducatifs, des contes et des poèmes.

    11Parallèlement à son travail éducatif et à la préservation de son orphelinat qui restera ouvert pendant toute la guerre, mais sera déplacé quand les combats seront trop menaçants, Vernet s’évertue à mener de front des actions de propagande pacifiste à travers ses articles dans le journal de Faure Ce qu’il faut dire, en participant à des manifestations, des conférences et en rédigeant des discours qu’elle s’efforcera de faire publier pour laisser la trace écrite de ses paroles et de ses théories, les disséminer, afin d’atteindre un public plus large dans le présent et dans l’avenir.

    12Les théories pacifistes et le projet éducatif que Vernet applique dans L’Orphelinat Ouvrier sont en partie théorisés dans trois ouvrages dont la rédaction et la publication sont provoquées par la guerre et son enlisement, et par les persécutions systématiques dont les instituteurs et institutrices pacifistes sont victimes à partir de 1917, et dont il sera question plus loin. Ses théories sur l’éducation feront l’objet de multiples écrits dans La mère éducatrice, la revue pédagogique qu’elle commence à éditer cette même année et dont la publication durera toute sa vie. Le premier ouvrage au titre éloquent publié en janvier 1917, Vers la Beauté de Vivre! Par la Pensée… Par l’Action, va lui permettre d’énoncer ses idées sur la guerre et l’échec de l’action pacifiste, sur le déclin des valeurs morales et le triomphe du matérialisme et enfin sur l’enseignement qui doit être donné aux enfants, seul moyen de combattre la perte de valeurs morales de la société et d’assurer un avenir de paix. Vernet nous y offre une réflexion à vif sur les événements qui l’entourent et porte un regard critique sur la faiblesse des idéaux et des actions menées par les pacifistes avant la guerre :

    • 7 Madeleine Vernet, Vers la Beauté de Vivre! Par la Pensée… Par l’Action…, Epône, Société d’Edition (...)
    Avons-nous songé combien étaient puériles nos théories d’hier ?- et combien notre idéal était peu solide ?…7

    13Si les mouvements pacifistes se sont retrouvés impuissants face à la guerre, c’est à cause de leur naïveté et de leurs rêves bercés d’illusions. Lucide et critique envers ses camarades et envers elle-même qui croyaient toutes guerres impossibles, leurs moyens d’action lui paraissent rétrospectivement dérisoires :
    Et suivant les tempéraments, on s’endormait dans la quiétude béate du présent où l’on se créait de nobles illusions de fraternité universelle par des manifestations, des champs et des hymnes de paix et de révolte, des déclamations et du lyrisme. Le réveil a été dur8.

    14Mais Vernet n’a pas pour unique propos de fustiger ses camarades : elle propose également d’agir dans le présent et l’avenir pour que le sang versé par les victimes « serve à la rédemption humaine »9 en empêchant à tout prix que le fléau de la guerre ne se reproduise. Mais il faudra cette fois-ci se servir de moyens qui aideront à une refonte totale de la société car, à ses yeux, le mal social et le déclin des valeurs morales sont responsables des malheurs du monde.

    Une société gangrenée

    15Pour Vernet, la société est malade et souffre d’une perte de valeurs morales, rongée par l’argent ; la guerre « est une illustration vivante de cette thèse du triomphe du matérialisme et de la vénalité »10. Cette société est « gangrenée » par plusieurs entités : les détenteurs du capitalisme que constituent les banquiers, les industriels, les hommes d’affaires et les élites dirigeantes, l’État bourgeois. Ce sont eux qui nous gouvernent, ces individus « rongés par la lèpre morale »11, ces « gouverneurs du monde »12 qui n’ont aucun respect pour la vie humaine dont ils se servent « selon les besoins de leur capital »13. Le pouvoir et le capitalisme ont même réussi à pervertir la science et le progrès en les détournant de leur but et s’en servant pour donner la mort et faire du profit au lieu de s’en servir pour le bien de l’humanité.
    16Un troisième pouvoir, celui de l’église et des cléricaux, ayant perdu en partie son hégémonie sur l’enseignement, profite des crises fabriquées par les élites dirigeantes et les capitalistes pour tenter de regagner son influence sur le peuple et faire renaître le fanatisme religieux14. Quant au peuple, s’il est victime des élites et des « usiniers » qui accumulent des fortunes sur son dos, c’est une victime consentante qui tient une part de responsabilité et de complicité dans sa propre déchéance et la déchéance de la société. Le peuple s’est laissé duper par le matérialisme et l’argent : « Gagné par l’appétit du luxe qui a créé chez les grands des consciences de bandits, le peuple devient à son tour avide du gain, des profits, de l’argent »15. Dans ce monde pourri par le profit et l’argent, la science, le machinisme, « l’industrialisation à outrance » n’ont fait qu’asservir davantage l’individu qui se croit naïvement « vainqueur » car il a acquis des biens matériels. Les femmes, gagnées par cette même lèpre morale, se sont elles aussi laissé séduire par le désir de gagner plus d’argent en travaillant dans les usines d’armement. Pour Vernet, les femmes à qui elle attribue un rôle éducateur et pacificateur ont failli à leur tâche et sont devenues porteuses de mort en assumant la fabrication d’armes mortelles : « Les créatrices de vie s’en vont œuvrer pour la mort »16. Et si les femmes croient que la guerre aura un rôle émancipateur pour elles, elles se trompent car elles ne seront pas affranchies par la guerre. Le peuple, qu’il soit homme ou femme, est tombé dans l’inconscience et ne se rend pas compte qu’il est victime d’élites qui le bernent et le manipulent.

    17La guerre est une illustration du triomphe de ce matérialisme car l’État, les capitalistes et les cléricaux ont intérêt à fabriquer des guerres dont ils profitent pour asseoir et renforcer leur pouvoir et leur autorité, et s’enrichir davantage grâce à l’industrie. Le patriotisme vendu par l’État est un faux patriotisme utilisé par les capitalistes et le pouvoir pour déguiser le mercantilisme d’une société tournée vers l’appât du gain. Ces porteurs d’une morale pervertie ont intérêt à maintenir la masse sous leur pouvoir et dans l’ignorance. On inculque à cette population peu éduquée, gavée de distractions médiocres et « populaires » que le bonheur se trouve dans l’argent, au lieu de l’« éveiller à la littérature, les arts […] »17. Vernet estime que le seul moyen de combattre le pouvoir et les élites est le développement intellectuel de la population qui aidera à l’œuvre du développement moral, seul espoir pour changer cette société en perdition.

    18Deux idées dominantes se détachent de son programme : la nécessité de donner une éducation de qualité à tous les jeunes et notamment aux enfants du peuple, et le rôle de l’éducation comme vecteur de paix. Les divisions sociales sont telles que le type d’enseignement divulgué aux enfants du peuple est nettement inférieur : les élèves ne vont généralement jamais au-delà de l’école primaire où on ne leur apprend que le strict minimum, le tout enseigné de manière dogmatique. Cet enseignement rudimentaire ne leur donne donc ni les connaissances nécessaires pour se développer intellectuellement ni les moyens qui leur permettraient de s’élever de leur condition. Là encore, le pouvoir a tout intérêt à maintenir la population dans l’ignorance car elle la maintient ainsi dans la passivité et la soumission. L’exemple de la guerre illustre cette soumission du peuple qui n’a ni le pouvoir ni les moyens de s’opposer à la guerre :

    […] tout était parfaitement organisé pour que la masse n’ait pas besoin de penser. […] Or, tant que la masse ne pensera pas, des fléaux comme celui qui sévit sur nous en ce moment seront toujours possibles »18.

    Le féminisme français à l’épreuve de la guerre. Madeleine Vernet : ...
     
  8. ninaa
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  9. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    « Objectif zéro morts » (chez nous)

    par Sylvie

    Il n’y a qu’une façon de faire la guerre : la sale. (Cavanna, quand il était jeune)

    July n’a pas mâché ses mots dans son éditorial (Libération du 11 septembre 2002) oui à la guerre (contre l’Irak) de 1991, non à celle de 2002 !)

    Parions qu’une fois la guerre commencée, il se trouvera de bonnes raisons pour ramer dans le sens du courant ! Ce genre de revirement éclair serait tout à fait dans sa manière et dans celle des journalistes en général. Puisque ces évènements nous dépassent, feignons d’en être les organisateurs…

    En attendant, la perspective d’une intervention en Irak ne suscite pas le même consensus que pour le Kosovo ou l’Afghanistan. N’empêche. L’antimilitarisme est carrément passé de mode. Tous médias confondus, ou presque, on ergote, on justifie ou on regrette mollement, on y pense… et puis on oublie. L’intendance suit sans discuter, reprenant à son compte une morale furieusement « tendance » : la guerre, remède miracle à l’oppression !

    La morale, en général, c’est bien quand ça ne coûte pas cher, ou quand ce sont les autres qui payent. Et pour un gouvernement, c’est surtout bien quand ça rapporte.

    Seule une poignée d’irréductibles ne désarme pas : non, la guerre n’est pas une solution à quelque problème que ce soit, jamais, nulle part, d’aucune façon ! Le remède est pire que le mal, cela se vérifie toujours ! Mais où sont passés les antimilitaristes radicaux, si nombreux et si virulents il y a seulement trente ans ?

    Question d’air du temps, en partie. Les positions radicales (en général) ne sont plus trop au goût du jour. Tout se tolère, tout se discute, parfois même à gauche de la gauche !

    Mais je crois aussi que les trois derniers conflits mondiaux ont beaucoup aggravé les choses. Chacun d’entre eux constituant un nouveau palier vers le consentement, plus ou moins enthousiaste, aux méfaits des grandes puissances.

    Rappelez-vous ce jour d’octobre 1991. Au petit matin, réveil glauque… Tous les journaux titraient : LA GUERRE ! Dans les rues, les bars, au travail, les gens faisaient vraiment la gueule. Pour les jeunes, c’était la première fois que leur pays se trouvait directement impliqué dans une guerre. Pour les plus âgés, ça devait rappeler de mauvais souvenirs.

    Personne ne pouvait imaginer ce qui, aujourd'hui, semble évident à tout le monde : on peut participer à une guerre sans trop de conséquences visibles pour notre petite nation personnelle. Mais en 1991, la parano allait bon train : et si on envoyait des appelés ? Si « les Arabes » voulaient se venger « chez nous », en posant des bombes, par exemple ? Et si la France se trouvait plongée dans un marasme économique sans précédent ? Si le conflit devait s'étendre à tout le monde arabe ?

    Les médias surfaient joyeusement sur cette inquiétude générale. Les reportages rivalisaient d’informations catastrophistes : l’Irak disposait d’armes quasi surnaturelles, que leur chef, un fou sanguinaire, bouillait d’envie d’utiliser ! « Et si l’Irak gagnait la guerre ? » suggérait même un magazine. Les journaux, la T.V., les radios, avaient ordre officiel d’autocensure. Défense de programmer des films ou des chansons pacifistes, ou pouvant inciter à des actions terroristes (comme La bombe humaine de Téléphone !), défense de montrer des images trop explicites ou de vanter l’insoumission… ce qui soulignait et dramatisait encore plus l’état de guerre. Les restaurants étaient déserts, plus personne n’allait au spectacle ; la trouille au ventre, pas le moral.

    Le soulagement qui suivit le déclenchement des hostilités fut à la mesure de cette peur, savamment orchestrée par le pouvoir et les médias. On craignait de voir débouler des images traumatisantes, comme au Vietnam. Ouf, fausse alerte ! C’était la première fois qu’on nous faisait le coup des « frappes chirurgicales ». Quoi, on s’était fait tant de bile pour ça ? Un pauvre feu d’artifice sur un jeu vidéo ?

    On découvrait, émerveillés, que rien ici n’avait changé. Pas d’attentats. Pas de crash boursier. Presque pas de morts occidentaux. Les Irakiens, bof… C’est bien loin, et puis ils ont l’habitude d’en baver, dans ce genre de bled paumé… Alors un peu plus, un peu moins ! Au lendemain du cessez-le-feu (très relatif pour l’Irak !) une conclusion s’imposait : la guerre, au fond, ça ne mange pas de pain.

    Une fois la fièvre retombée, la presse se décida enfin à révéler divers mensonges : « Eh non, les soldats irakiens ne flanquaient pas les prématurés koweitiens par terre pour s’emparer de leurs couveuses. Ce n’était qu’un sketch joué par des acteurs, réalisé par une agence de communication à la demande du gouvernement américain ! »

    Au lieu de hurler au scandale, on se contenta de grommeler : « Ah oui, quand même, ils exagèrent… Mais bon, ce qui est fait est fait, à quoi bon revenir là dessus ? »

    Déjà, pour les antimilitaristes (de principes, pas de circonstances !) une question se profilait : si le gouvernement avait envoyé des appelés… s’ils étaient revenus traumatisés, mutilés ou les pieds devant… si le moindre attentat avait été commis en France… Si une baisse importante de niveau de vie avait suivi la guerre… Bref, si nous mêmes avions du subir le tiers du quart des avatars endurés par les Irakiens, n’aurions-nous pas pu constater un regain d’antimilitarisme parmi nos concitoyens ?

    Les pires soupçons se confirmèrent pendant la guerre au Kosovo. Bien sûr, je ne me souviens pas avoir vu des millions de manifestants réclamant une intervention militaire. Mais puisque de toute façon, on ne nous demandait que de faire la claque une fois la décision prise : « Les Serbes massacrent les Kosovars ? Y a qu’à leur foutre sur la gueule ! Pour ce que ça coûte ça serait dommage de s’en priver… » Surprise, même Charlie Hebdo se fit le relais de la propagande de l’Otan. Ceux qui se posaient des questions se faisaient traiter de collabos.

    On nous resservait bel et bien la même soupe que la première fois (frappes chirurgicales, promesse d’épargner les civils, puis bavures-mille-pardons-mais-c’est-pour-leur-bien, etc.) assortie de l’argument choc : Milosevic = Hitler, il faut à tout prix intervenir avant un nouveau génocide. Grossier, mais follement efficace pour vaincre les dernières réticences. Hitler, génocide, deux mots qui ont toujours eu le don de paralyser toute réflexion. Quand les mobiles et les mensonges des belligérants apparurent un peu plus clairement, il était trop tard une fois de plus !

    Beaucoup de gens, même dans nos rangs, se figuraient sincèrement que cette guerre serait la der des ders ! Le Kosovo, après l’Irak ? Deux accidents de parcours, une simple coincidence. Bien sûr, en ex-Yougoslavie, la guerre mettrait plus de temps à être aussi bien digérée… Mais pour nous, une demi-heure après, c’était une affaire enterrée. L’idée s’installait pour de bon : la guerre, au fond, c’est pas si grave quand ça se déroule loin de chez nous.

    Le conflit en Aghanistan a généré plus de malaise. Déjà, Ben Laden dans le rôle d’Hitler, et les Américains dans celui de victimes de l’Holocauste faisaient un peu erreur de casting. Pour justifier les morts de civils en Afghanistan, il fallait trouver mieux que la vengeance ou la lutte contre le terrorisme. Tir rapidement rectifié : « Et les pauvres Afghans opprimés par les talibans, si on volait à leur secours ? » « Ah bon d’accord, comme ça ça va. Mais vous aviez encore juré qu’il n’y aurait pas de victimes civiles et dès le premier jour, y en a eu ? Bah, au fond, vous avez raison, on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs. »

    Donc, dans la continuité des deux premiers conflits, la guerre, si honnie dans le principe, fut accueillie une fois de plus avec une bienveillante tolérance. C’est vrai qu’on a mis le paquet pour faire avaler la pilule. Mais elle est d’autant plus facile à avaler que pour résumer mon point de vue, le gros de la troupe s’en fout un peu. Si les journalistes de Charlie Hebdo avaient pu craindre qu’un ami, un fils, un frère… puisse faire les frais de cette guerre, peut-être auraient-ils été moins ardents à applaudir l’intervention.

    Effet pervers de la fin du service militaire ?

    Le pouvoir et la majorité sont avec nous, et puisque l’armée de métier a remplacé l’armée de conscrits, rassurons-nous : aucune « gueule cassée » ne viendra casser la nôtre pour avoir conseillé de partir la fleur au fusil !

    Le Monde libertaire, 17 octobre 2002

    « Objectif zéro morts » (chez nous) - Anarchistes Ivry

    [​IMG]
     
  10. Encore un texte de merde !
    Oubliant que dans une guerre/conflit/embrouille, il y a toujours un agresseur et un agressé !
    Bref, encore du blablabla de bobo/baba-cool franchouillarde qui ne connaît rien à la réalité historique et géo-politique !
     
  11. ninaa
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  12. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Super argumentation! Me voilà à la fois convaincue et renseignée sur les raisons des guerres!
     
  13. ninaa
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  14. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Publié par le Réseau européen contre le commerce des armes (ENAAT), Stop Wapenhandel, et le Transnational Institute (TNI)

    [​IMG]Attiser les flammes
    Comment l’Union européenne alimente une nouvelle course aux armements.

    mardi 29 mars 2022, par Topuzogullari Sayat

    Au moment d’écrire ce rapport en mars 2022, une guerre a éclaté en Europe de l’Est après l’invasion illégale de l’Ukraine par les troupes russes. Vers la fin de l’année 2021, les conflits dans les Balkans étaient sur le point de dégénérer. Les tensions dans la mer de Chine méridionale ne cessent de menacer la stabilité régionale et mondiale. La guerre et la violence sont toujours présentes en Afghanistan, en Irak, au Sahel, en Syrie, et au Yémen, entre autres. Une grande partie des pays les plus puissants du monde ont recours aux armes, détachent et envoient des troupes, constituent des réserves d’équipement militaire et se préparent activement à la guerre. Retrouvez ce nouveau dossier avec la contribution de Tony Fortin de l’Observatoire des armements.

    L’Union européenne ne fait pas exception. En contradiction avec son principe fondateur de promotion de la paix, l’UE s’est également engagée dans une voie visant à s’imposer comme puissance militaire mondiale. L’histoire a toutefois démontré que, loin de contribuer à la stabilité et à la paix, le militarisme ne fait qu’alimenter les tensions, l’instabilité, la destruction et la dévastation.

    Dans un moment décisif et en réponse à la guerre en Ukraine, l’Union européenne (UE) a annoncé qu’elle allait, pour la première fois, financer et fournir des armements létaux à un pays attaqué, dans le cadre de la Facilité européenne pour la paix. Bien que cette décision soit sans précédent, elle était prévisible. L’Union est sur une voie militariste depuis quelques années. Cette tendance remonte à l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne en 2009, qui a donné une base légale pour la création d’une politique de sécurité et de défense commune. Moins d’une décennie plus tard, l’UE a franchit une nouvelle étape en créant des lignes budgétaires spécifiques pour le financement de projets militaires. Ce changement de cap a clairement engagé l’UE dans une nouvelle voie très préoccupante, où les problèmes politiques et sociaux seraient traités non pas par le dialogue et la diplomatie, mais par la guerre et le militarisme.

    Le Fonds européen de la défense (FED 2021-2027) a accordé un budget sans précédent de 8 milliards d’euros pour la recherche et le développement (R&D) de nouvelles technologies militaires. Il est trop tôt pour analyser l’impact du FED car il vient à peine d’être lancé. C’est pourquoi cette recherche analyse ses deux programmes précurseurs : l’Action préparatoire pour la recherche en matière de défense (PADR 2017-2019) avec un budget de 90 millions d’euros pour financer la recherche militaire, et le Programme européen de développement industriel dans le domaine de la défense (EDIDP 2019-2020) avec un budget de 500 millions d’euros pour financer le développement de matériel et de technologie de défense. Avec ces lignes budgétaires, près de 600 millions d’euros d’argent public européen ont été accordés, entre autres bénéficiaires, à des sociétés privées très lucratives vendant des armes et des technologies militaires, ainsi qu’à des centres de recherche privés. Ces projets pilotes dévoilent des tendances extrêmement préoccupantes concernant le militarisme européen. Si ces tendances se reproduisent dans le cadre du FED, dont le budget total est 13,6 fois supérieur à celui des programmes précurseurs, les résultats pourraient potentiellement être catastrophiques. En augmentant le financement de la R&D militaires de 1250% d’un cycle budgétaire à un autre, l’UE est de plus en plus encline à investir dans la guerre plutôt que dans la construction ou le maintien de la paix.

    Ces lignes budgétaires ont pour objectif de rechercher et développer de nouveaux armements et d’améliorer les armes existantes en intégrant des technologies de pointe, telles que l’intelligence artificielle et des systèmes sans pilote ou autonomes. Les fonds encouragent particulièrement le développement des « technologies perturbatrices » qui, une fois déployées, changeront radicalement la conduite de la guerre. Après la poudre à canon et les armes nucléaires, les spécialistes en matière de conflits décrivent les armes autonomes comme étant la troisième révolution dans l’armement. Ces armes sont essayées et testées, et pourraient finalement se voir banalisées malgré de graves questions d’ordre éthique et juridique encore irrésolues. En accordant des milliards d’euros au développement de nouvelles technologies de défense, l’UE alimente une troisième course aux armements très préoccupante, qui pourrait finir par rendre le droit de la guerre obsolète.

    Tant les appels à projets de l’UE que les sociétés d’armement utilisent le même langage, parlant de défense collaborative, d’interopérabilité, de compétitivité industrielle, d’esprit d’initiative et d’innovation, sans se soucier de l’instabilité, de la mort et de la destruction que provoquera certainement le déploiement d’armes développées avec les budgets de défense européens. Mais les guerres n’éclatent pas par hasard, elles sont le résultat final de nombreuses années de choix et de stratégies politiques. En décidant d’investir dans des armes novatrices, l’UE ne met pas simplement en place une stratégie de défense pour faire face à une éventuelle attaque ; elle encourage le militarisme, alimente activement une course aux armements très dangereuse et attise les flammes de la guerre.

    Ce rapport révèle que :

    Les processus de décision et les budgets de l’UE ont été accaparés par des sociétés très lucratives qui exploitent ces espaces politiques à leur profit. Cela montre le niveau d’influence que les lobbyistes de l’armement ont sur l’élaboration des programmes de l’UE.

    • Nous montrons que neuf des 16 représentants du Groupe de Personnalités sur la recherche en matière de défense, constitué en 2015 par la Commission européenne (CE), étaient affiliés à des sociétés, des instituts de recherche et un lobby du secteur de l’armement. Parmi ces neufs représentants figurent six sociétés (Airbus, BAE Systems, Indra, Leonardo, MBDA, et Saab), deux instituts de recherche (Fraunhofer et TNO), et un groupe de lobby (AeroSpace and Defence Industries Association of Europe).
    • La proposition de la CE qui a mené à la création du Fonds européen de la défense a été établie sur la base d’un rapport présenté par le Groupe de Personnalité. Des sections entières de ce rapport ont été reprises textuellement dans la proposition de la CE relative à un Fonds européen de la défense.
    • Les entités qu’ils représentaient devaient réaliser de plantureux bénéfices grâce aux lignes budgétaires dont ils avaient influencé l’élaboration. Concrètement, les participants au Groupe de Personnalités ont reçu jusqu’à maintenant plus de 86 millions d’euros, soit 30,7 % du budget alloué. L’ensemble des fonds alloués n’a pas encore été rendu public, il est donc probable que ces entités recevront un montant encore plus élevé.
    L’UE finance sciemment les sociétés d’armement impliquées dans des pratiques hautement discutables qui sont loin de respecter les normes relatives aux droits humains et l’État de droit, deux des valeurs fondamentales de l’UE. Le fait que l’UE se servirait de l’argent public européen pour financer sciemment des entités impliquées dans des contrats d’armement douteux et hautement controversés, qui produisent des armes nucléaires ou qui sont soupçonnés de corruption, soulève de sérieuses questions sur le type de normes que l’UE applique au moment de consacrer des centaines de millions d’euros à des dépenses militaires.

    • Concrètement, les sept principaux bénéficiaires de ces fonds européens sont impliqués dans des exportations d’armes très controversées vers des pays en proie à des conflits armés, ou dirigés par des régimes autoritaires et où les droits humains sont fréquemment bafoués.
    • De même, nous avons constaté que l’UE finance indirectement l’armement nucléaire car un grand nombre de ces bénéficiaires sont également impliqués dans le développement, la production ou le maintien d’armes nucléaires.
    • Nous avons également constaté que, parmi les huit bénéficiaires principaux, cinq ont récemment fait l’objet d’allégations sérieuses de corruption. Ces cinq bénéficiaires sont Leonardo, Safran, Thales, Airbus, et Saab.
    [​IMG]

    Bien que toutes les informations concernant les fonds alloués dans le cadre du PADR et du PEDID ne soient pas encore disponibles, l’UE finance actuellement 62 projets de recherche et d’innovation militaires pour un montant total de 576,5 millions d’euros (le montant total est en réalité plus proche des 600 millions d’euros mais l’argent dépensé en frais administratifs et internes n’a pas été inclus ici).

    • Jusqu’à présent, les chiffres montrent que 68,4 % du budget est destiné à la France, à l’Allemagne, à l’Italie et à l’Espagne.
    • Il s’agit des des plus grands exportateurs d’armes de l’UE, et où sont basées les principales sociétés d’armement.
    • Des sociétés de ces quatre pays coordonnent 42 des 62 projets (67,7 %).
    • La France est la grande gagnante, recevant plus d’un quart des fonds alloués (26,44 %).
    • Le géant italien de l’armement Leonardo, la plus grande société d’armement de l’UE, est le premier bénéficiaire avec 28,7 millions d’euros. Les autres sociétés figurant dans le top 5 (y compris leurs filiales dans l’UE) sont la société espagnole Indra (22,78 millions d’euros), les sociétés françaises Safran (22,33 millions d’euros) et Thales (18,64 millions d’euros), et la société trans-européenne Airbus (10,17 millions d’euros).
    • D’autre part, près de la moitié des États membres de l’UE reçoivent chacun moins de 1% des fonds.
    • Non seulement ces lignes de financement soutiennent les phases de recherche et de développement de l’industrie de défense, mais elles incitent activement les États membres de l’UE à acheter les armes et technologies connexes, à les ajouter à leur arsenal de défense, ou promeuvent leur exportation vers des pays non-européens. Le résultat final sera des armées européennes ultra équipées et l’affirmation de l’UE en tant que puissance militaire mondiale, ainsi que des armées non-européennes tout autant meurtrières dont la capacité militaire aura été renforcée par les exportations d’armes européennes.
    • En 2020, les ventes militaires combinées des huit principaux bénéficiaires des budgets analysés s’élevaient à plus de 42 milliards de dollars américains. Cela confirme que le Fonds européen de défense sert principalement à financer les sociétés d’armement les plus grandes et les plus rentables d’Europe.
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    Les contrôles appliqués pour approuver le financement de nouvelles armes létales sont loin de respecter les normes juridiques et éthiques les plus élémentaires, de sorte que la technologie, une fois déployée, pourrait menacer de changer définitivement la conduite de la guerre.

    • Notre rapport se concentre sur quatre types spécifiques d’équipement : (1) les projets disruptifs de défense et de protection, (2) les outils disruptifs mixtes, (3) les outils non- disruptifs mixtes, et (4) les projets disruptifs de systèmes de combat.
    • Au moins 22 des 34 projets analysés ont pour objectif de développer des équipements disruptifs qui, à l’avenir, pourraient être utilisés pour se défendre ou pour attaquer. Le développement ou l’utilisation de systèmes sans pilote sont inclus dans au moins 12 des 34 projets. L’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) comme outil disruptif fait partie d’au moins six projets. Certes, la recherche et le développement d’armes létales entièrement autonomes ne sont pas encore autorisés par ces programmes ; mais d’autres armes automatisées, systèmes autonomes et technologies controversées sont en cours de développement. Il est à craindre que cela ne devienne une pente glissante où des armes telles que les ‘robots-tueurs’ finissent, peut-être involontairement, par bénéficier d’un financement. Ces développements ont eu lieu sans véritable débat sur les incidences juridiques et éthiques extrêmement importantes du déploiement d’armes ‘intelligentes’ en temps de guerre.
    • La procédure d’évaluation des risques juridiques et éthiques de l’UE se base essentiellement sur les autoévaluations des candidats (principalement des sociétés privées) souhaitant bénéficier d’un financement de l’UE. Ces évaluations se limitent en fait à cocher des cases. Les responsabilités conférées aux États parties en vertu du droit international humanitaire sont transférées à des acteurs privés, ce qui entraîne une déréglementation de fait de l’une des sources d’argents les plus meurtrières venant de Bruxelles. Les tentatives de la société civile pour obtenir davantage d’informations sur ces procédures n’ont pas été traitées de manière adéquate et des informations délibérément refusées, ce qui suscite de vives inquiétudes quant à la transparence et au contrôle démocratique.
    • Une fois opérationnelles, les technologies financées peuvent engendrer des violations du droit européen et international. L’expérience montre que même lorsqu’il y a un humain dans la boucle décisionnelle, les personnes qui programment ou utilisent du matériel technique sont beaucoup plus prédisposées au ‘biais de l’automatisation’ et à être influencées par les informations générées par ordinateur, plutôt qu’à rechercher d’autres formes de vérification. Dans le passé, cela a conduit des armées à abattre leurs propres avions de chasse ou ceux des forces alliées. Le Médiateur européen a jugé préoccupant « qu’il n’y ait pas d’évaluation détaillée de la conformité des projets avec le droit international ».
    • Des préoccupations spécifiques concernent les nouvelles armes à feu basées sur le laser et les systèmes électromagnétiques, les systèmes d’intelligence artificielle, les dispositifs électroniques et la cyber-réaction, les systèmes sans pilote, les drones de combat, et les systèmes de localisation, de suivi et de désignation des cibles. En particulier, on ne voit pas très bien comment les armes ‘intelligentes’ pourraient distinguer précisément les civils des combattants armés dans des situations de guerre.
    Le FED et ses programmes précurseurs ont pour but de renforcer la « compétitivité mondiale » de la base industrielle et technologique de défense européenne. Il y a un décalage complet entre les technologies créées et les conséquences qu’elle auront au-delà des profits qu’elles généreront.

    Elles stimuleront inévitablement les exportations d’armes de l’UE et alimenteront la course aux armements dans le monde, ce qui conduira à son tour à davantage de guerres, des destructions encore plus massives, des pertes humaines considérables, et davantage de déplacements forcés. Alors que nous sortons d’une pandémie mondiale, il n’a jamais été aussi évident que nous devons repenser notre définition de la sécurité et nous demander ce qui nous fait nous sentir en sécurité. Est-ce l’investissement dans l’armement, les infrastructures militaires et les armées ? Ou est-ce en garantissant l’accès à un système de santé publique opérationnel et à l’éducation, en améliorant l’accès aux services sociaux, et en luttant contre le dérèglement climatique et les autres défis auxquels nous sommes confrontés ? En allouant des milliards d’euros à des projets de défense, l’UE a fait un choix politique.

    Elle a choisi de donner la priorité aux profits des sociétés d’armement très lucratives plutôt qu’au bien-être des citoyens. Elle alimente ainsi l’instabilité et la probabilité de guerres, au lieu de les endiguer.

    AUTEURS : Mark Akkerman, Pere Brunet, Andrew Feinstein, Tony Fortin,
    Angela Hegarty, Niamh Ní Bhriain, Joaquín Rodriguez Alvarez, Laëtitia Sédou,
    Alix Smidman, Josephine Valeske
    ÉDITRICE : Deborah Eade
    DESIGN : Evan Clayburg

    Publié par le Réseau européen contre le commerce des armes (ENAAT), Stop Wapenhandel, et le Transnational Institute (TNI) Amsterdam, mars 2022

    Le contenu du présent rapport est susceptible d’être cité ou reproduit à des fins non
    commerciales, à condition que la source des informations soit dûment mentionnée.
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    Documents joints
    Attiser les flammes - Observatoire des armements
     
  15. Si mes 3 lignes anti-bouffonne ignonrante & pacifiste t'ont suffi à comprendre "les raisons des guerres", c'est que t'es vraiment à la ramasse !!! :)
    Reste bien planquée dans ta p'tite résidence très bobo et continue à écrire (comme en 2002) pour ta petite fédération anarchiste adorée qui ne se mouille jamais quand il s'agit de la vraie vie !
    Tchao le troll pro-poutine !
    Ouin, ouin ! Papa Russie, arrête de taper sur la gueule de maman Ukraine !
    Ouin, ouin ! Maman Ukraine, pose ce couteau et ne cherche pas à planter papa Russie même s'il te tape dan la gueule !
     
  16. ninaa
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  17. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Ta démonstration est si brillante, tellement bien étayée et argumentée, as-tu pensé à rédiger un article sur cette base? Et pourquoi pas un livre?

    Je n'adore pas spécialement la Fédération anarchiste mais elle se mouille largement autant que toi dans "la vraie vie". Les militants participent à des actions, à des manifs, à des luttes syndicales, de précaires, de sans papiers, de logement, antifascistes, de solidarité internationale... et créent des structures auto-organisées.

    Au fait, en quoi tu te mouilles "dans la vraie vie" pour donner à des gens dont tu ignores tout des leçons de militantisme?

    Pour info, les militants de la Fédération anarchistes sont loin d'être unanimes sur la question de la "résistance armée" (voir le dossier "Ukraine" du Monde libertaire). Le Monde Libertaire

    Cela dit le débat ne se résume pas à des bordées d'injures gratuites (voir les différents avis et propositions d'actions de soutien à l'Ukraine dans le dossier "solidarité Ukraine" du Monde libertaire).

    En revanche bien entendu tout le monde (y compris moi) a bien compris qu'il y a un état agresseur, dans ce cas, l'état russe (dans l'article ci dessus, les agresseurs étaient le gouvernement des USA mais aussi, entre autres, de la France - ce qui ne signifiait pas que j'étais "pro Saddam Hussein évidemment - pas plus que les autres militants du collectif contre la guerre et l'embargo dont je faisais partie).
    Il y a aussi des victimes, les civils de tous les pays (et les conscrits de tous les pays).

    En revanche, je pense que tous les militants de la Fédération anarchiste sont d'accord sur la solidarité concrète à apporter à ces victimes.
     
    Dernière édition: 21 Avril 2022
  18. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  19. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    L’Internationale des Résistants à la Guerre exprime sa solidarité avec toutes celles et ceux qui résistent à la guerre et à ses causes.

    Déclaration de l'IRG - [UNION PACIFISTE]

    Nous, les résistants à la guerre, tenons à souligner qu’aucune guerre quelle qu’elle soit n’a notre soutien et, en même temps, nous luttons pour supprimer toutes les causes de guerres. Notre soutien et notre solidarité vont à toutes celles et à tous ceux qui résistent de manière non-violente à la guerre en Ukraine. Nous tenons à approuver le courage des personnes arrêtées récemment en Russie.

    I - La guerre en Ukraine se montre clairement comme une invasion militaire par une puissance étrangère à laquelle s’opposent des résistances aussi bien armées que non-violentes. WRI exige une cessation immédiate de toute action militaire en Ukraine ainsi que le retrait de toutes les troupes russes vers la Russie.

    Nous condamnons sévèrement toute activité guerrière et tout spécialement celles contre la population civile à travers toute l’Ukraine, y compris contre la population civile dans la région du Donbass contrôlée par la Russie. Nous sommes aux côtés de toutes celles et de tous ceux qui sont déterminés à résister de manière non-violente aux actions militaires en Ukraine, de même nous sommes aux côtés des personnes qui, en Russie, se sont indignées contre cette guerre en dénonçant ouvertement l’intervention militaire russe en Ukraine. Nous nous réjouissons de voir que quelques membres des armées de Russie et du Belarus ont refusé de combattre ou se sont empêchés de le faire.

    II – Nous lançons un appel à tous les gouvernements du monde d’ouvrir leurs frontières à quiconque refuse de participer à la guerre en Ukraine. Il convient d’accorder asile à quiconque obéit à sa conscience qui lui interdit de tuer une personne humaine. – et ce quelque soit le côté du conflit où il se trouve.Le même droit est à accorder à quiconque s’expose à des persécutions pour critiquer ou travailler contre les politiques militaires de son propre gouvernement, que ce soit en Ukraine, en Russie, dans un pays de l’OTAN ou n’importe où ailleurs.

    Le droit à l’objection de conscience doit être protégé et préservé dans absolument tous les pays, mais particulièrement dans les États en guerre,Car aucun Etat ne devrait recourir à la conscription afin de renforcer son armée.

    III - Nous pensons que les causes de la guerre en Ukraine sont davantage susceptibles de pouvoir être débattues plutôt que de fournir des prétextes à cette guerre-ci. Tel que nous observons actuellement leconflit en cours, nous constatons qu’il a ses racines dans une histoire bien plus longue et hautement militarisée.

    Malheureusement, la plupart des média principaux refusent d’organiser la tenue d’un débat sérieux pour savoir, dans un premier temps, comment on en est arrivé là et ce qui pourrait être fait en vue d’une désescalade du conflit, le plus rapidement possible.

    Personne ne devra être exclu arbitrairement d’un tel débat parce qu’ils ou elles auraient des doutes sur les politiques et conduites de leurs gouvernements dans le déroulement de la guerre en Ukraine. L’absence d’un tel débat est l’illustration-même de la logique binaire de la guerre.Il est question d’une éventuelle menace nucléaire et les gens ont le droit de connaître tous les aspects et dimensions de la situation en Ukraine.Les critiques envers la politique de l’OTAN qui se déploie vers l’Est, ou bien les critiques d’envois d’aides militaires vers l’Ukraine par l’OTAN, avec l’argument que c’est là verser de l’huile sur le feu, ont droit de s’exprimer et d’être entendues.

    V - Nous lançons un appel à toutes et à tous, partout dans le monde, d’exprimer leur opposition à la guerre, de toutes les manières qu’elles jugent appropriées. Depuis un simple message dans les médias sociaux ou par une petite action symbolique, en organisant ou en participant à des protestations contre la guerre – toute initiative contribue à la mosaïque de la résistance à la guerre à travers la planète.

    CESSEZ L’INVASION DE L’UKRAINE !

    CESSEZ L’EXPANSION DE L’OTAN !

    CESSEZ TOUTES LES GUERRES, TOUTES LES INVASIONS ,

    TOUTES LES OCCUPATIONS DANS LE MONDE ENTIER !
     
  20. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  21. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    J'ai pas pris le temps de lire tous les textes mais globalement je pense qu'en temps de guerre il faut avant tout lutter contre les dirigeants de son propre pays. Le nôtre étant membre de l'OTAN. La guerre actuelle dépasse l'agression de l'Ukraine par la Russie, elle reflète avant tout le conflit OTAN Russie et plus loin encore la concurrence US Chine pour la place de superpuissance économique et l'Ukraine a été sacrifiée dans ce cadre là.
    Et se ranger dans une position strictement anti-russe sans s'opposer aux intérêts et aux manœuvres de l'OTAN c'est faire le jeu de l'OTAN et préparer la future mondialisation de la guerre.
    Ceci dit ça ne signifie pas s'opposer aux luttes de libération nationale et notamment à l'embryon qu'il peut y avoir d'une telle lutte en Ukraine. Au contraire même, s'opposer aux ingerences de l'OTAN et de ses pays membres dont la France en Ukraine ne doit se faire qu'au profit d'une lutte entièrement aux mains du peuple ukrainien.
    Est ce que là dessus on est d'accord ?
     
  22. On avait droit à la neuneu bisounours, mais maintenant on a un expert en stratégie géopolitique qui préfère taper sur l'OTAN que sur l'agresseur actuel qu'est le gouvernement de Poutine...

    Les civilEs tuéEs, toturéEs et violéEs vous en seront éternellement reconnaisantEs !!!
     
  23. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  24. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Pour ma part je n'ai pas d'a priori favorable (euphémisme) pour tout ce qui concerne le meurtre de personnes même pour "une cause juste".
    A propos de la violence en général, j'ai souvent eu affaire à des gens qui vantaient la "légitime défense" dans ces termes: "Et si on attaquait tes enfants tu ne tuerais pas pour les défendre?"
    Evidemment je ne peux pas jurer que le dos au mur je ne devrais pas me résoudre à une aussi horrible éventualité.
    Mais je suis certaine que je n'en serais pas fière, que je n'injurierais pas quelqu'un qui n'a pas réussi à tuer, que je ne poserais pas fièrement avec une arme de mort.
    C'est ça qui m'effraie le plus dans la situation actuelle: tu l'avais noté toi même, on parle de tuer "des milliers de soldats russes" comme si c'était anodin, ou pire, excitant (voir les photos de combattants tout fiers avec des fusils d'assaut et des uniformes trop stylés).
    Vous avez idée des dégats physiques que ça fait, ce genre d'armes?
    C'est tout sauf stylé, c'est moche, ignoble, horrible.

    Si encore on était certains que ces meurtres commis par de petites unités indépendantes, face à une armée suréquipée, feront une différence pour faire cesser la guerre.
    Mais c'est très loin d'être certain: pour l'instant on dirait plutôt que ça sert de prétexte à une surenchère. Les forces sont inégales, on nous l'a assez répété. C'est bien pour ça que le président d'Ukraine fait appel à de grandes puissances pour qu'on fournisse à l'armée officielle des armes vraiment "performantes".

    Guerre en Ukraine : on fait le point sur les livraisons d'armes et l'aide militaire récemment promises à Kiev

    On a quand même eu quelques échos - plus que vraisemblables - comme quoi dans ce conflit l'indépendance était plus que compliquée. Difficile d'échapper à la récupération de l'armée officielle, difficile de fonctionner en véritable autonomie.

    En tout cas vu les enjeux (de vie et de mort pour ceux qu'on encourage à combattre) il semble indispensable de réfléchir avant d'agir.

    Sur Mondialisme.org Coleman rapporte une polémique intéressante sur le sujet.

    Débat sur la guerre en Ukraine (3) : A propos de la « résistance armée »
    samedi 9 avril 2022, par Yves

    Ceci est une contribution individuelle d’un camarade d’Angry Workers of the World. En tant que groupe, nous n’avons pas adopté de position collective sur tous les aspects de la guerre actuelle et sur la façon de s’y référer, mais nous pensons que la controverse qui l’entoure est toujours productive et mérite d’être partagée avec d’autres.

    (...)

    En Ukraine, il ne semble pas non plus que la résistance armée ait été une nécessité immédiate face à un potentiel génocide ethnique, comme ce fut le cas dans quelques situations d’escalade pendant la guerre en Yougoslavie. Il existe suffisamment de preuves que la résistance armée sous la forme actuelle de guerre ouverte en Ukraine aura augmenté la probabilité de destruction massive comme à Marioupol.

    L’autre différence majeure entre les deux situations est le type de guerre à laquelle nous avons affaire. Pendant la guerre de Yougoslavie, vous auriez pu aller quelque part avec des AK47 pour soutenir une unité de travailleurs indépendants. Dans la guerre actuelle, le niveau de technologie utilisé (des missiles antichars aux armes hypersoniques en passant par les attaques par télécommunication) est largement hors de portée pour des « unités indépendantes de travailleurs ». En ce sens, vous trouverez peut-être des travailleurs qui, individuellement, se battent en ayant leurs propres motivations (par exemple, la défense de leurs libertés futures), mais dans des conditions objectives qui empêchent la possibilité de sortir des intérêts nationalistes et impérialistes des parties belligérantes – nous reviendrons plus tard sur la question de savoir s’il s’agit ou non de « parties égales ».

    À l’époque de la lutte contre l’apartheid, le camarade qui a écrit cette contribution ne s’est pas joint à ceux qui brandissaient les drapeaux de l’ANC, mais il a soutenu les éléments de la classe ouvrière qui critiquaient la politique de l’ANC. Pourquoi propager maintenant le mythe d’une « résistance populaire » en Ukraine si nous n’avons pas trouvé d’initiatives de la classe ouvrière sur le terrain ? J’ai le sentiment que l’absence d’un mouvement pacifiste et la facilité avec laquelle une grande partie de la soi-disant gauche – des Verts en Allemagne aux mercenaires intellectuels de la « gauche travailliste » comme [le journaliste et essayiste] Paul Mason au Royaume-Uni – appelle au réarmement « contre la Russie » devraient encore plus nous inciter à réaffirmer que nous ne paierons pas pour leur crise et leurs guerres.

    (...)

    Simon Pirani brandit une sorte d’épouvantail quand il prétend que la gauche « anti-impérialiste » explique l’agression de l’État russe simplement comme une réaction directe à l’expansion de l’OTAN (et défend donc le droit de la Russie à envahir l’Ukraine). Certains groupes le font, mais les critiquer est une tâche facile. Face à ces groupes, Simon tient à préciser qu’il n’y a pas de « parties égales » dans cette guerre, et que la Russie est l’agresseur. Faut-il y voir une déclaration morale ? Ou une description de l’inégalité de la puissance militaire entre les deux camps ? Quand y aura-t-il jamais des « parties égales » dans une guerre ?

    (...)

    Mais pouvons-nous faire la distinction entre une « puissance capitaliste faible » militairement agressive et un « capitalisme développé » pacifique ? Du point de vue du système mondial, il est impossible de dissocier « l’agression de la Russie » des interventions américaines au Moyen-Orient, de la « forteresse Europe » meurtrière, des camps de travail forcé chinois et des accaparements de terres en Afrique. Où sont les parties égales ici ? Le fait que l’armée russe ait du mal à s’imposer en Ukraine n’est pas principalement dû à la nature vaillante et au courage patriotique de ses citoyens, comme le gouvernement veut nous le faire croire, mais au degré extrême de militarisation assuré par l’intermédiaire des États de l’OTAN avant que la guerre n’éclate, ce qui signifie que ces pays ont pu fournir en temps utile des armes, des formations et des renseignements à l’armée ukrainienne.

    Cela signifie-t-il que nous devons garder le silence ou ne pas condamner l’attaque de l’État russe ? Non, bien sûr.

    Mais cela implique que nous devrions également nous concentrer sur le fait que, dans le système actuel, la guerre fait partie intégrante de la politique de tous les pouvoirs étatiques et que les travailleurs devraient faire ce qu’ils peuvent pour éviter de combattre les guerres de leurs patrons. Simon tire des conclusions différentes et soutient la fourniture d’armes à l’État ukrainien et aux militants de gauche qui luttent contre l’invasion de l’armée russe. Pense-t-il qu’« une fois qu’on est dedans, il faut s’en sortir » et que l’augmentation de la fourniture d’armes pour l’armée ukrainienne aujourd’hui raccourcira la guerre et évitera des pertes de vies humaines à l’avenir ? Cela reste flou.

    Ce qui est clair, et qui rend la demande de poursuite des livraisons d’armes si dangereuse, c’est que les États-Unis, et dans une certaine mesure le gouvernement britannique, ont intérêt à ce que la guerre se poursuive. Leur objectif est de créer un autre Afghanistan pour la Russie, de servir d’exemple à la Chine/Taiwan et d’alimenter la région en armes au compte-gouttes. Cela coûtera des dizaines de milliers de vies.

    Quiconque soutient la poursuite de la guerre par la fourniture d’armes doit expliquer pourquoi cela vaut la peine de risquer de nouvelles morts et de nouvelles atrocités – Simon le fait en parlant d’une « guerre populaire » en Ukraine et d’un « mouvement révolutionnaire » en Syrie. S’il y a eu un soulèvement populaire en Syrie, il a été rapidement réprimé et les seigneurs de la guerre de tous bords, d’ISIS aux gangs tribaux, ont pris le dessus. La question de savoir si l’on peut ou non parler d’une « guerre populaire » en Ukraine concerne également la dernière contribution que je traiterai plus loin [celle de Mouvement communiste, NdT].

    Qualifier la guerre en Ukraine de « guerre populaire » est une mystification dangereuse car la plupart des travailleurs essaient d’éviter de se laisser entraîner dans cette « guerre populaire ». Rien qu’en 2017, près de 700 000 personnes ont quitté l’Ukraine (occidentale) en direction de l’Union européenne, des centaines de milliers d’autres depuis, auxquels viennent s’ajouter les 2 à 3 millions de personnes qui ont quitté le pays depuis le début de la guerre. Y a-t-il déjà eu une guerre ou une invasion dans l’histoire où les gens ont réagi par une fuite aussi immédiate et aussi importante ? Combien sont revenus se battre ? Les derniers chiffres font état de 80 000 personnes. Cela nécessiterait une enquête plus approfondie – combien de personnes se sont effectivement « engagées », quel est l’impact de la conscription (et parler de « guerre populaire » en période de conscription obligatoire est problématique).

    L’expression « guerre populaire » a-t-elle un sens en général ? Peut-être la guerre du Vietnam ou la guerre des partisans contre l’occupation nazie en Italie ou en Grèce. Il s’agissait peut-être de « guerres populaires » quant à la forme (guérilla) et au contenu (promesse de redistribution sociale), mais, en fin de compte, « le peuple » a été utilisé contre « les travailleurs » par des dirigeants qui ont contrôlé la reproduction matérielle de l’armée. Pour autant que je le sache, nous ne sommes même pas proches d’une telle situation en Ukraine aujourd’hui. La prochaine mesure à l’ordre du jour du gouvernement ukrainien après la fin de la guerre sera très probablement une nouvelle libéralisation des droits de propriété foncière, qu’il pourra présenter comme des « concessions nécessaires envers nos bienfaiteurs ».

    POUR LIRE L'ARTICLE EN ENTIER:

    Débat sur la guerre en Ukraine (3) : A propos de la « résistance armée » - mondialisme.org
     
  25. Un discours qui était en vogue durant la 2ème Guerre Mondiale sur l'intérêt d'un mouvement de Résistance !
    Un discours puant et clairement collaborationniste !
    A gerber !!!
     
  26. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  27. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Seule la première citation est de moi, les deux autres font partie de l'article (cité par mondialisme.org) qui mériterait un développement un minimum argumenté.
     
  28. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  29. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    A propos de la résistance française: au delà du mythe, on peut en effet se demander quel a été l'intérêt d'un point de vue militaire.

    https://www.geo.fr/histoire/quel-a-...stance-dans-la-liberation-de-la-france-204603

    Sans parler de la récupération politique, qui je l'espère ne fait aucun doute pour personne, ou de la prétendue "indépendance politique" des mouvements de résistance, la nécessité de réfléchir avant d'agir était déjà au coeur du problème.
    Inutile de dire qu'aujourd'hui comme à cette époque, je ne peux qu'approuver sans réserve toutes les actions qui consistent à venir en aide aux victimes (le sauvetage des Juifs, l'aide à la population ukrainienne).
    Et bien sûr soutien sans réserve aux déserteurs de tous pays.

    Réfléchir ça veut dire faire la part bénéfices/risques. Et pas seulement pour soi même.
    Ma mère a failli mourir et tout son village avec après une action irréfléchie de résistants (le meurtre d'un soldat sur une route à proximité de Pause). Vu le risque de représailles il valait mieux que les actions en vaillent la peine. Or c'est pas évident de déterminer quelles actions étaient assez "efficaces" d'un point de vue militaire pour justifier ces représailles.
     
  30. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  31. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Juste une parenthèse à propos de l'anecdote citée plus haut, ce serait drôle si ce n'était pas si horrible. Horrible et pas du tout stylé, comme tout ce qui concerne la guerre.

    CRAS Alidor - Maitron
    Cet Alidor cité par le maîtron des fusillés était mon grand oncle, grand planqué pendant toute la guerre à ce qu'on m'a dit. Donc voilà que des résistants tuent un soldat près de son village. Les Allemands débarquent en force, avec tanks et armes lourdes, et font aligner la population (dont ma mère et d'autres enfants) devant l'église. Ils semblent déterminés à massacrer tout le monde. Ils font fouiller les maisons et découvrent donc des armes chez le jeune FFI, qui sera fusillé comme son père. Alidor est pris de panique et tente de s'enfuir, malheureusement il se prend les pieds dans ses pantoufles et s'étale. Les militaires s'acharnent sur lui, apparemment ça les défoule et ils laissent partir le reste de la population.
    Il sera quand même considéré comme héros de la résistance puisqu'un immeuble sur l'île Lacroix à Rouen portera son nom et son profil sur un bas relief doré...
     
  32. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  33. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Je ne fais pas de géopolitique et pour remettre les choses au clair je ne "préfère" pas taper sur l'OTAN ou sur Poutine. Mais qu'est ce que tu préconises concrètement ?
    l'OTAN doit continuer de fournir des armes aux ukrainiens ? Tout en sachant que ça crée une dépendance pour un camp qui a aussi des visées impérialistes et que l'OTAN ne choisira probablement pas d'armer les communistes ou anarchistes d'ukraine mais plutôt les nationalistes ?
    Tu penses que l'OTAN devraient même envoyer des troupes ?
    Parce que qu'on insulte Poutine ou l'OTAN (pour ma part je fais les deux sans problème) c'est pas vraiment ça qui changera la situation des ukrainiens.

    Parce que pour ma part je soutiens la lutte des ukrainiens contre l'envahisseur pour autant je ne soutiens ps que cette lutte soit accaparée, avec la complicité des médias occidentaux, par les nationalistes ukrainiens qui ne sont pas, loin s'en faut, pour l'indépendance de l'Ukraine, quoi qu'ils prétendent, mais vont l'assujettir à l'impérialisme atlantiste.
     
  34. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  35. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Il semble qu'il y ait une pression pour faire adhérer l'Ukraine en accéléré à l'UE, ce qui impliquerait (et c'est sans doute un des buts) que la Russie soit en guerre non plus contre l'Ukraine mais contre un état de l'UE et justifierait une escalade guerrière.
     

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