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Procès de deux gilets jaunes à Clermont Ferrand

Discussion dans 'Webzine - actualité des luttes et partage d'articles de presse' créé par KickTick, 14 Mai 2019.

  1. KickTick
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    KickTick Membre du forum

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    Mai 2012
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  2. extrême-gauche, révolutionnaire
    Téo et Tristan, deux jeunes gilets jaunes et militants antifascistes ont été condamnés à des peines exemplaires, aujourd’hui au tribunal de Clermont-Ferrand. Des peines de prison ferme pour dégradations de biens lors de la manifestation du 23 février. Des peines plus lourdes que celles des membres du Bastion Social qui, eux, avaient, frappé plusieurs personnes, et cassé une jambe. Une incompréhension du côté de la défense, des familles. Une satisfaction pour le crédit Mutuel…Retour sur l’audience.


    13H30. Quelques militants antifascistes, des syndicalistes, des représentants d’association se retrouvent devant le tribunal pour apporter leur soutien à Téo et Tristan, jugés pour dégradations de biens. Très vite, les consignes sont claires : les entrées sont filtrées. Pourtant, la salle d’audience est quasi vide. Hormis quelques étudiants, les journalistes et la famille des deux accusés. Maître Borie, avocat de la défense, s’agace un poil et va chercher quelques personnes restées dehors, forçant leur entrée dans le palais de justice. Les deux accusés entrent dans le box, menottés. Ils viennent de passer quelques semaines en préventive, tous les deux dans la même cellule. Tristan et Téo sont poursuivis pour les mêmes faits : dégradations d’un parking public, dégradation de la vitrine du Crédit mutuel, incendie de poubelles, et dissimulation de leur visage lors d’une manifestation. La poursuite pour des faits de violences sur les forces de l’ordre seront abandonnés. Aucun jet de projectiles sur des personnes n’ayant été prouvé.

    Le juge commence avec lassitude “ une fois de plus, le mouvement des Gilets Jaunes” ose-t-il annoncer. Il reparle de cette journée de manifestation du 23 février qu’il qualifie de ” nationale” ( ce n’était qu’un regroupement régional) et énumère les dispositions prises : un hélicoptère, 300 mille euros d’argent public dépensés pour la protection des biens publics. Il rappelle les 21 interpellations, les 7 blessés et les 18 vitrines abîmées. Il reconnaît que les investigations pour reconnaître les coupables présumés se sont faits notamment par les réseaux sociaux.

    Lorsqu’il décline l’identité des deux prévenus, il parle d’eux comme connus notamment pour leur investissement à faire disparaître le Bastion Social. Ils ont d’ailleurs été entendus pour la dégradation du local des néo-nazis, mais aucune poursuite n’a été prononcée contre eux.

    Le juge reconnaît que Téo aurait eu, lors de la manifestation du 23 février, dans la main un coktail molotov artisanal mais qu’il s’en débarrasse dans un fourré et ne le lance pas. Les vidéos sont assez floues. Nulle part, on les voit mettre le feu à une poubelle, on les voit seulement déplacer les poubelles ” pour faire barrage ” reconnaît Tristan. Les deux protagonistes avouent avoir dégradé la vitrine du Crédit Mutuel, “ un symbole ” pour eux. Car les deux jeunes hommes reconnaissent leur participation aux faits “ pour contester le pouvoir politique en place “.

    Les deux jeunes hommes seront arrêtés chez eux, dans leur appartement dans lequel ils vivent en colocation, deux mois après les faits. Lors des perquisitions, les forces de l’ordre retrouvent les habits et les masques mis lors de la manifestation.

    L’avocate de Clermont Agglo demande un renvoi, car elle n’a pas tous les chiffrages des dégradations en sa possession. L’avocat de la mutualité française lui demande un dédommagement de plus de 9000 euros à partager entre les deux prévenus.

    Le procureur, quant à lui, commence par un hommage aux Forces de l’Ordre. (Nombreux dans la salle…) Puis enchaîne par une petite phrase assassine en s’adressant à Téo : “ Toi qui dis avoir ces valeurs en hommage à ton grand-père résistant, tu devrais avoir honte, il doit se retourner dans sa tombe…” Téo se crispe, mais ne bronche pas. Puis le procureur dit que les deux jeunes gens voulaient ” casser du flic“, que lui-même a vu la manifestation de près puisque qu’il était au Palais de justice, et qu’il a vu une foule ” aveuglée de haine et des casseurs qui se défoulent parmi la foule“. Enfin, il s’amuse “ qui sont ces deux jeunes qui veulent réformer la société tout en en profitant? Une société qui paie l’apprentissage à l’un et les diplômes à l’autre? ” Le procureur s’acharne surtout sur Téo, qui est animateur sportif, maitre nageur, il a peur de le voir à nouveau auprès de mineurs. Il dit ne pas faire de ces deux jeunes gens un exemple, mais qu’il faut être sévère, qu’il faut penser à dissoudre la CARA, Cellule Antifasciste Révolutionnaire d’Auvergne dont les deux prévenus font partie. Petits rires étouffés dans la salle : La CARA n’est pas une organisation formelle, par définition ne peut être dissoute. Le procureur en vient à ses réquisitions : 3 ans d’emprisonnement dont 18 mois fermes, avec obligation de travailler, d’indemniser les victimes, de suivre un stage de citoyenneté, interdiction de fréquenter la place de Jaude, de se fréquenter, de fréquenter les membres de la CARA, de détenir une arme pendant 5 ans.

    Maître Borie, avocat de la défense reprend rapidement les choses en mains “ Je ne défends pas les Gilets Jaunes, ni même la CARA, je défends deux jeunes gens qui ont un travail. je rappelle ici que cette manifestation était malgré tout bien bizarrement organisée puisque les manifestants ont tous été obligés de se regrouper place de Jaude après des sommations et interdiction de continuer le parcours prévu. Moi, aussi, j’y étais à cette manifestation, et je dois dire que quand on veut que les choses arrivent, elles finissent pas arriver…” Maître borie dénonce la presse locale en montrant le journaliste de la Montagne et parle de la prophétie auto-réalisatrice” A force de titrer que cette manifestation allait mal tourner, elle allait évidemment mal tourner “ . Il pointe donc la responsabilité des médias qui pendant une semaine ont fait monter la pression, il dénonce une stratégie de regroupement sur la place après une foule paniquée par l’envoi de gaz sans raison. Il parle des pilleurs qui ne sont pas ceux dans le box, de ceux qui ont cassé des vitrines afin de voler notamment des téléphones portables. Il dit ne pas prôner la violence, mais malgré tout reconnaît que le mouvement des Gilets Jaunes, ça marche, le mouvement a fait plier le gouvernement à plusieurs reprises. Mais qu’il faut l’admettre dans ce tribunal, la répression est nouvelle en densité. Il rappelle les ordres du procureur de Paris de condamner fermement tous les Gilets Jaunes prévenus et le durcissement des lois et des condamnations depuis la naissance de ce mouvement.

    Puis, il s’en prend directement au procureur en lui exprimant son indignation quant à ses références à Vichy et ses hommages aux forces de l’ordre.

    Ensuite, il revient sur les faits : Aucune violence sur des êtres humains. Le repentir de Téo qui ne jettera jamais son cocktail Molotov. Et la pression du journal local qui pousse chacun à penser que cela va péter, et qu’il faut donc y être nombreux et prêts à en découdre…Puis, un petit clin d’oeil : “ Pourquoi le Crédit Mutuel plutôt que HSBC quelques mètres plus loin, ça aurait eu plus de sens, mais bref, ce n’est pas le débat...”

    Maître Borie rappelle que la seule chose restante du dossier c’est pourtant la dégradation du Crédit Mutuel. ” 3 ans d’emprisonnement requis, c’est de la folie, c’est ce qui a été requis la semaine dernière pour un homme qui a séquestré, violenté, martyrisé… Allons soyons raisonnables! ici, aucun blessé ! ”

    L’avocat sort une attestation du maître d’apprentissage de Tristan, laudatif à l’égard du jeune mécanicien. ” C‘est un gamin qui doit passer son bac pro avec un employeur qui veut le récupérer au plus vite et qui ne dit que du bien de lui…Téo a une promesse d’embauche dans un hôte, ce sont des jeunes insérés…Mais à chaque fois que l’on parle de Gilet jaune, vous faites de chaque procès un exemple…Alors Jugez Téo, Jugez Tristan sanctionnez les par une peine de principe mais jugez des personnes, ces gamins, et pas un mouvement…Nous sommes favorables aux amendes financières, mais pour eux, la détention ne sert à rien, autant qu’ils aillent chacun retrouver leur travail…”

    Finalement, la cour rendra son délibéré en rendant coupables les 2 prévenus de l’ensemble des faits reprochés sauf les violences sur agent dépositaire ( aucune preuve de jet de pierre sur les Forces de l’ordre) Téo est donc condamné à 1 an et 8 mois de prison dont 10 mois fermes, avec interdiction de se rendre sur la place de Jaude pendant 2 ans, interdiction de détention d’arme pendant 5 ans et 200 euros d’amende pour avoir dissimulé son visage. Tristan écope de 18 mois dont 10 avec sursis, et les mêmes condamnations. les deux jeunes hommes sont maintenus en détention. Ils devront aussi payer 9670 euros au Crédit Mutuel.

    Pour rappel, deux des trois membres du Bastion Social condamnés pour violences en réunion entrainant 60 jours d’ITT ( l’une des victimes a eu la jambe fracturée) étaient ressortis libres de leur procès.

    A la sortie de l’audience, donc, de nombreuses personnes s’interrogeaient, non sans ironie et cynisme : A Clermont-Ferrand, mieux vaut-il casser des jambes que des vitrines de Banques? Un policier reconnaît dans le couloir que les peines sont extrêmement lourdes. Les familles sont abattues par un tel verdict. Les parents de Tristan ne pouvaient s’attarder, ils devaient aller chercher le petit frère à la sortie de l’école, mais réfléchissaient à faire appel.

    Puis s’en suivra cette réflexion d’un des proches : “ Le plus injuste dans ce pays finalement c’est la justice elle-même…”

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  3. pilou-ilou
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    pilou-ilou Membre du forum Membre actif

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    Avr 2016
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  4. libertaire, anarchiste, féministe, anarcho-syndicaliste, syndicaliste, auto-gestionnaire, synthèsiste, anarcho-fédéraliste, anti-fasciste, anti-autoritaire
    De la pure justice de répression politique. Enfin je retire le mot justice de ma précédente phrase. en fait c'est de la répression politique.
     
    fredlamiral apprécie ceci.
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