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Le confusionnisme est-il une question de termes et de symboles ?

Discussion dans 'Anti-fascisme et luttes contre l'extrême-droite' créé par Anarchie 13, 28 Janvier 2019.

  1. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  2. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    L'utilisation de drapeaux tricolores, la marseillaise et le recours au terme de "peuple" sont dénoncés par certains comme du confusionnisme chez les gilets jaunes.
    Les fascistes ont l'habitude d'utiliser des termes, des tournures de phrase, etc... qui font révolutionnaires. Dans leur cas on parle de confusionnisme parce qu'à côté ils ont un autre discours structuré qui est raciste, identitaire, ultra-nationaliste...

    Mais est-ce-qu'utiliser un symbole qui est historiquement rattaché à l'existence d'une nation (comme un drapeau ou un hymne) équivaut toujours implicitement à soutenir un sentiment nationaliste ?
    Je dis ça parce que je suis en train de lire un discours de la Pasionaria, une militante du parti communiste espagnol pendant la guerre d'Espagne. Et y a plein de passages du style "les réactionnaires et les fascistes souillent l'Espagne, nous sommes la vraie Espagne"...
    Pourtant c'est difficile de la taxer de "fascisante" étant donné que ce discours est en même temps une attaque directe contre les fascistes (franquistes, mussoliniens et hitlériens). D'ailleurs la Pasionaria est la militante qui a popularisé le slogan "No Pasaran".
    De la même façon plusieurs fois dans son texte elle emploie le terme "peuple". Ce qui est aujourd'hui critiqué chez les gilets jaunes parce que ce serait "confusionniste" voir aux relents nationalistes.
    Pareil pour un autre discours de José Diaz du parti communiste espagnol qui fait tout un topo sur "nous sommes l'espagne de la science, de la lutte contre l'obscurantisme, de ceux qui ont renversé la monarchie et lutté contre les réactionnaires, les fascistes sont l'espagne des aristocrates, de la monarchie, etc...". Bref que y aurait une histoire nationale progressiste (mais nationale quand même) et une histoire nationale réactionnaire. J'ai l'impression que le délire est de dire "le nationalisme des bourgeois sert à défendre des idéaux réactionnaires alors que le patriotisme des "masses populaires" cache en fait un attachement aux événements qui ont permis plus d'émancipation, d'égalité, etc...".

    Du coup c'est ça la question que je me pose. Y aurait une contradiction à dire que le PCE est confusionniste ET que le confusionnisme fait le lit du fascisme alors qu'en même temps les militants communistes luttaient armes à la main contre les franquistes.
    En plus j'ai pas l'impression que concrètement ce genre de discours soit en eux-mêmes un obstacle à l'expansion de la lutte au niveau international(iste). Genre c'est très peu probable que ces discours ait poussé des communistes dans les bras des fascistes. Ou qu'ils aient été générateurs de tension avec les prolétaires des autres pays, sachant qu'en Espagne y avait des brigades internationales qui sont venus faire front contre les fascistes.
    Après je ne connais pas super-bien la période, je me renseigne.

    Perso je suis entre deux. Je pense que les symboles nationaux flattent le sentiment nationaliste qu'on le veuille ou non mais on peut pas non plus interpréter l'usage d'un symbole que d'une seule façon. Comme si le symbole avait le même sens pour tout le monde alors que généralement on parle juste du sens qu'il a pour soi-même.
    Je pense que c'est pas pertinent de parler de confusionnisme juste parce quelqu'un dit "peuple" et pas "prolétariat" par exemple (par exemple vis-à-vis des GJ de Commercy y a eu des remarques là-dessus). Faut voir le message que la personne essaye de faire passer globalement et le contexte.
     
  3. Stéphane Bazoches
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    Stéphane Bazoches Membre du forum Membre actif

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    Je suis pas certain d’avoir tout bien compris à ton texte, je le relirai, mais pour moi le confusionnisme ça consiste à essayer d’établir des passages rhétoriques entre extrême droite, droite et gauche.

    Par exemple, le discours contre le « système », « les médias », la « mondialisation », etc. c’est typique du confusionnisme ambiant parce que ça peut rassembler des gens de bords politiques différents. FI et RN, surtout RN, sont coutumiers de ce genre de discours avec des mots valises dans lesquels on peut mettre plein de trucs différents.

    Quant au nationalisme, pour moi, c’est le discours, qui permet de masquer les rapports de classes en faisant croire aux gens qu’ils font tous partie d’une entité, la Nation, supérieure aux autres. Des discours de Barrès (sur la terre et les morts) au début du XXème siècle aux discours plus récents sur « l’identité nationale » les discours natios sont tous des discours qui ont pour but de masquer les divisions sociales de la société.

    Si on veut parler dans ces termes (« la Nation » ou « le peuple ») pour moi, il y a ceux qui disent qu’on appartient à une nation quand on parle sa langue, quand on a son nom sur des tombes dans les cimetières, etc., en gros quand on a un passé commun, et ceux qui disent qu’appartiennent à la même nation ceux qui sont d’accord sur un projet politique. En gros qui veulent avoir un avenir en commun.

    Ceci dit je ne crois pas que les exemples que tu utilises soient pertinents pour la raison suivante : se revendiquer « espagnol/e » ou d’une «Espagne » quand l’Espagne est bombardée par des avions allemands ou martyrisée par l’armée franquiste, c’est très différent d’une situation en temps de paix.

    Pour caricaturer mon discours : je ne me suis jamais défini comme « français » mais si demain le Luxembourg ou la Suisse essayaient d’envahir la France ou de bombarder des villes françaises, c’est possible que je dise (ça serait la première fois de ma vie et l'idée ne me plait pas trop hein) que je me sens français.

    Donc les gens qui disent, en temps de paix, qu’ils sont le « peuple français » et qui se baladent avec des drapeaux BBR, c’est pas (du tout) mon truc et et pour moi « l’utilisation de drapeaux tricolores, la marseillaise et le recours au terme de "peuple" » font, en tant que symboles-valises, partie du confusionnisme des gilets jaunes.
     
  4. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  5. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Est-ce-qu'il faut que ce soit intentionnel ?

    Après j'ai lu ce que t'as dit, juste Franco était espagnol c'était pas qu'une question d'invasion étrangère. Mais si t'as bien compris ce que je voulais dire, je suis assez d'accord. Même si pour moi c'est plutôt l'inverse que je dirais si le Luxembourg attaque la france. Je préférerais insister sur le fait que c'est pas le fait d'être français qui me définit et que je pourrais très bien m'entendre avec des luxembourgeois et que je ne veux pas être vu comme un ennemi à cause de ma nationalité.
    Alors que justement au contraire que des gens (fascistes, gouvernements, bourgeois...) me jugent comme ennemi à cause de mes convictions ça me dérange pas, je trouve ça normal.
     
  6. Stéphane Bazoches
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    Stéphane Bazoches Membre du forum Membre actif

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    Pas forcément… Je crois que ceux qui utilisent ce que j'appelle des symboles-valises (drapeaux, hymnes nationaux) ou des mots-valises comme "système" sont pas intentionnellement confus mais que ça alimente le confusionnisme.

    C'est pour ça que que j'ai aussi écrit : "martyrisée par l’armée franquiste"


    Alors ça, complètement d'accord !

    Ben oui.
     
  7. Ziggy-star
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  8. plateformiste, internationaliste, auto-gestionnaire, révolutionnaire, gauchiste, veganarchiste
    Les communistes de cette époque ont toujours eu tendance à se placer dans une perspective nationaliste (ou indépendantiste) donc ça ne me semble pas très étonnant.
    Ensuite sur la question des symboles, bien sûr ceux-ci ont le sens qu'on leur donne. D'ailleurs les représentations évoluent dans le temps, le drapeau et la marseillaise étaient lié à la république et à la gauche face aux monarchistes, cependant le contexte à changer, comment ne pas voir que ces symboles sont aujourd'hui lié à l'idée nationaliste.
    Sur l'usage "abusif" du mot peuple ça me semble évident qu'il y a une volonté de marquer une division peuple/elite qui dans dans la perspective nationaliste ne peut se résoudre que par l'arrivée au pouvoir d'un homme fort et l'instauration d un régime autoritaire. De plus, il y a dans cette idée une forme d'anti-intellectualisme (mais c'est un autre débat).
    Pour finir sur le confusionnisme, je pense que revendiquer (sens) en utilisant un symbole (représentation) qui dit (semble dire) autre chose est plutôt le reflet de la non-conscience de l'idéologie présupposée qu'une volonté de manipuler. Même si le résultat est le même.
     
  9. Ziggy-star
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    Ziggy-star Membre du forum Membre actif

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  10. plateformiste, internationaliste, auto-gestionnaire, révolutionnaire, gauchiste, veganarchiste
    Sur l'identité en tant qu'identification a un pays (ou un espace géographique), je pense qu'il faut distinguer se définir et se revendiquer. Je pense que l'identification est inévitable et le fait de le savoir permet justement d'établir une identification plus large parce que égalitaire. Évidemment l'identité est une construction sociale (même si parfois complètement déterminée) et donc implique un rapport évolutif à celle-ci mais en voir la spécificité permet également de distinguer la similitude.
     
  11. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  12. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Puis j'ai lu un peu plus depuis et le PCE avait l'air d'un bon parti de trouduc quand même. Apparemment ils ont calomnié des membres du POUM en les accusant d'être des agents fascistes (notamment le mec de Dolorès Ibarruri alias la Pasionaria) et en ont exécuté et torturé des membres sur ordre de Staline.
    Est-ce-que vous en savez plus là-dessus ? Y avait vraiment des balances parmi le POUM ou tout est inventé ?
    De toute manière ils ont soutenu la répression contre le POUM et la CNT à Barcelone quand ils demandaient que le peuple soit armé et que les ressources soient mieux partagés avec le front notamment. Mais faut que je me renseigne encore là-dessus.

    Après autant l'hymne national et le drapeau national je suis d'accord, mais pour le mot "peuple" je crois pas qu'il ait réellement une signification politique bien claire.
     
  13. Stéphane Bazoches
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    Stéphane Bazoches Membre du forum Membre actif

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    La guerre d'Espagne c'est pas ma spécialité mais c'est sûr que le PCE était la courroie de transmission du PCUS un peu à la manière de ce qu'étaient les partis communistes dans les « démocraties populaires » d’après seconde guerre mondiale (purges, enlèvements et massacres à tout va, sous la direction du NKVD).

    Sur le sujet des acteurs dans la guerre d'Espagne, je te fais un copier/coller de deux articles du Monde sur des livres qui sont des récits de combattants :

    Amère guerre d'Espagne

    Sygmunt Stein s'est engagé en 1936 dans les Brigades internationales. Son récit, enfin traduit en français, écorne l'un des grands mythes du XXe siècle.
    Par Nicolas Weill Publié le 14 juin 2012

    La mythologie du communisme ressemble à un vaste champ de ruines. Pourtant, une légende a obstinément résisté à l'ouverture des archives et au verdict de l'histoire, celle des Brigades internationales. Ces dizaines de milliers de volontaires, qui ont convergé du monde entier vers l'Espagne républicaine pour combattre les rebelles nationalistes menés par Franco de 1936 à 1938, continuent à représenter le fleuron de la lutte antifasciste. Longtemps, leur épopée a fait oublier la "grande terreur" soviétique et ses millions de victimes, avant même que la victoire de l'URSS sur l'Allemagne nazie ne recouvre d'une neige épaisse, dans bien des mémoires, les fosses des goulags et de la famine organisée.

    Le témoignage du journaliste yiddishophone et ancien militant komminternien Sygmunt Stein (1899-1968) risque pourtant de porter l'ultime estocade à ce dernier des grands récits de l'ère du communisme. Ayant consigné ses souvenirs de la guerre d'Espagne à son retour à Paris, il perdit son manuscrit dans la tourmente de l'Occupation. Il les réécrivit cependant pour le journal new-yorkais de gauche en yiddish Forverts en 1956. L'ouvrage qu'il en a tiré (1961) a attendu cinquante ans sa traduction française.

    De cette aventure internationale, à en croire ce témoignage, rien ne subsiste de glorieux ; derrière des apparences épiques, presque tout y apparaît mesquin ou criminel. Secrètement écoeuré par les procès de Moscou, Stein militait à Prague pour la "République autonome juive" inventée par Staline au Birobidjan (extrême-orient russe) - un moyen, avoue Stein, de drainer les subsides de la bourgeoisie juive tchèque vers les caisses du communisme. C'est encore plein d'illusions qu'il décide de rejoindre l'Espagne. Lassé de son travail d'intellectuel organique du parti, il veut se battre pour une révolution qui reste son idéal.

    Or, arrivé à Albacete, le centre des Brigades internationales sur le sol de la République, il va être immédiatement affecté à la propagande et va comprendre, au coeur de l'appareil, le véritable rôle que l'URSS veut faire jouer à ces volontaires armés de l'antifascisme. Tout en faisant payer au prix fort les munitions démodées qu'il envoie avec parcimonie au camp républicain, Moscou a expédié en guise de combattants toute une armada de commissaires politiques et de tueurs du NKVD. Les Brigades internationales participent ainsi à l'écrasement, en Catalogne, au mois de mai 1937, de la gauche dissidente du Parti ouvrier d'unification marxiste (POUM) et des anarchistes. Pour Stein, les Brigades ont surtout été "la Légion étrangère de Staline qui s'apprêtait à asservir le peuple espagnol" ; le POUM serait mort de l'avoir compris. Stein, qui s'attendait à une épopée prolétarienne, se retrouve ainsi complice d'une battue d'opposants. Les combats donnent autant d'occasions d'éliminer des "suspects" d'une balle dans le dos tirée par un des liquidateurs infiltrés dans la troupe.


    Un anarchiste dans la guerre d’Espagne

    Un témoignage dense et passionné du conflit de 1936-1939 est éclairé par un collectif d’historiens militants. Captivant.
    Par André Loez Publié le 27 juin 2016

    Les Fils de la nuit. Souvenirs de la guerre d’Espagne, d’Antoine Gimenez & les Giménologues, préface de François Godicheau, Libertalia, « Ceux d’en bas », 2 volumes et un CD-Rom sous coffret, 998 p., 22 €.

    ¡A Zaragoza o al charco! Aragon 1936-1938. Récits de protagonistes libertaires, des Giménologues, L’Insomniaque, 448 p., 20 €.


    Il y a presque quatre-vingts ans, les 17 et 18 juillet 1936, les troupes des généraux Sanjurjo, Mola et Franco prenaient les armes contre la République espagnole. Leur coup de force inaugurait cette répétition générale du second conflit mondial qu’on a l’habitude d’appeler la « guerre d’Espagne ». Mais cette dénomination reste un peu étroite, ou trompeuse, pour comprendre tout ce qui s’est joué alors. Car il faut aussi parler de « guerre sociale d’Espagne » pour saisir la dimension révolutionnaire de la période, aujourd’hui mise en lumière par de singulières parutions.

    Avec Les Fils de la nuit, on plonge en effet dans le quotidien du combat et de l’expérimentation libertaire, en Aragon et en Catalogne, aux côtés d’Antoine Gimenez. C’est sous ce nom qu’un anarchiste d’abord appelé Bruno Salvadori, « en marge de la société et du code pénal », Italien venu de France rejoindre la fameuse colonne Durruti aux abords de Saragosse, a mis par écrit dans les années 1970 un témoignage dense et passionné. Son texte intrigue et captive pour plusieurs raisons.
    Il y relate son expérience de la guerre, des luttes sociales, mais aussi de la vie ordinaire bousculée par les combats dans les villages des bords de l’Ebre où vont cohabiter, des mois durant, paysans pauvres et volontaires de tous horizons. Rythmé et presque cinématographique dans son écriture, il fait alterner les descriptions saisissantes des embuscades et des coups de main, qui opposent son groupe aux phalangistes et aux « fascistes », avec des notations politiques ou même intimes et érotiques.

    Comme pour conjurer la mort de ses camarades, tant de fois advenue dans ces pages, le narrateur multiplie les conquêtes féminines et les brèves aventures. Ces passages ne sont pas forcément les plus déliés (« Comme un fauve soulevant sa proie, je la soulevai pour l’emporter dans sa chambre ») mais ils ont leur importance, car la révolution, Antoine Gimenez la voulait, aussi, sentimentale et sexuelle, afin d’abattre « toutes les barrières que la morale hypocrite de la société avait dressées ».

    Il accorde également une large place à la parole et aux discussions : débats enflammés avec ses compagnons sur la société future, débarrassée de l’injustice sociale et du curé, « allié indéfectible du capitalisme » ; efforts de scolarisation pour ces travailleurs de la terre « essayant de bien tenir entre leurs doigts calleux le frêle bâtonnet de la plume que le poids de leur main, habituée à manipuler les lourds outils des champs, écrasait sur le papier ».

    Il s’agit, enfin, d’un témoignage précieux sur les désillusions et le délitement qui surviennent dès l’automne 1936, lorsque les impératifs de la guerre aboutissent, non sans tensions dans le camp républicain, au ralentissement ou au reniement de l’effort révolutionnaire. Alors, les volontaires internationaux doivent se plier à une discipline militaire plus forte. Surtout, les rapports sociaux ne sont pas transformés autant qu’on avait pu l’espérer : « L’argent, cette peste, avait recommencé son œuvre. »

    Aussi empli de vigueur et de mystère que terriblement imprécis sur les dates et les lieux, ce document avait tout pour fasciner. Mais de cette séduction, un groupe de chercheurs a su faire un travail tout à la fois militant, éditorial et historien. Il en résulte un appareil de notes absolument colossal qui, presque à la manière de Feu pâle, de Nabokov (Gallimard, 1965), accompagne dans un second volume (de plus de 700 pages) le témoignage, l’éclaire et le complète, le contredit parfois.
    Et comme si cela ne suffisait pas, sur les traces d’Antoine Gimenez, les « Giménologues » (c’est ainsi qu’ils se nomment, prolongeant par ce pseudonymat le jeu de masques du personnage qu’ils suivent) ont publié un second livre, ¡A Zaragoza o al charco!, issu de la même enquête et donnant à lire d’autres voix libertaires, d’autres témoignages et documents, apportant ainsi de nouvelles touches à ce tableau labyrinthique.

    Carnets, récits, photos, cartes et biographies : en menant un travail aussi vivant qu’opiniâtre auprès des acteurs et de leurs descendants, dans les dépôts d’archives et la presse d’époque, ce collectif d’auteurs nous donne les moyens de reconstruire et de comprendre un passé révolu, et, peut-être encore davantage, l’intensité et l’altérité de ses idéaux. L’un des protagonistes des Fils de la nuit les résume ainsi : « Une vie collective possible, sans dieu ni maître, donc avec les hommes tels qu’ils sont. »

    Signalons, sur le même thème, la réédition de La Tragédie de l’Espagne, écrit en 1937 par Rudolf Rocker, figure majeure de l’anarcho-syndicalisme en Allemagne puis en exil (Editions CNT-RP, 178 p., 12 €).

    André Loez (Historien et collaborateur du "Monde des livres")
     
  14. Anarchie 13
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  15. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Ah ouais... C'était à ce point...
     
  16. Stéphane Bazoches
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    C'était à ce point là oui…

    Si ça t'intéresse aussi, allpower avait mis des liens pour le film de Ken Loach sur la guerre d'Espagne (Land and Freedom). J'ai regardé et je crois que certains liens (1fichier et dl.free) sont toujours valides.

    Film - Land and Freedom (1995) de Ken Loach VOST - Nouveau lien !
     
  17. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  18. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Ah ouais je voulais le voir en plus merci.
    J'ai entendu sur une émission sur France culture que Ken Loach était pro-POUM et du coup qu'il a assimilé au POUM des réflexions / problématiques qui se sont en fait posé à la CNT.
     
  19. Un très bon doc sur cette guerre civile dans la guerre civile...

     
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  20. Anarchie 13
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  21. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    A ce propos je viens de lire ça :

    Sygmunt Stein, Ma guerre d’Espagne. Brigades Internationales : la fin d’un mythe, Paris, Seuil, 2012, 266 p., 19 €

    Je ne connais pas ce site plus que ça, j'étais déjà tombé dessus plusieurs fois en surfant mais c'est tout.
    bon on a complètement changé de sujet...
     
  22. KickTick
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  23. extrême-gauche, révolutionnaire
    En dehors des "millions de morts", "famines organisée" et autres bêtises démontés 100 000 fois par les historiens (et je parle pas d'historiens communistes, je parle bien d'historiens libéraux, trotskystes, réactionnaires, etc..), le texte partagé sur la guerre d'Espagne tiens du mythe (comme à peu près toute la littérature francophone anarchiste sur la guerre d'Espagne).

    Déjà ça, c'est totalement faux. Le PCE est quasi inexistant avant la guerre d'Espagne, c'est un des plus petits PCE d'Espagne. Si il accepte bel et bien les décisions du Kommintern (prises par tous les partis communistes, et pas juste par le PCUS, les plus influents étant de fait certes le PCUS mais aussi le KPD, le PC d'Inde etc) sur la stratégie du Front Populaire, le PCE n'applique pas du tout la ligne politique proposée par le PCUS, mais plutôt la ligne du PCF ou du PC d'Italie. Le PCE refuse la ligne antifasciste par la base, qui aurait signifié des pourparlers avec la CNT et le renforcement de la révolution démocratique lancée par la CNT, le renforcement d'un front antifasciste à la base avec une démocratie à la base (qui aurait été dominé par la CNT dont les membres auraient été majoritaires de fait), la préparation à la révolution communiste, préparation de la guerilla et de bases d'appui dans l'arrière de l'armée franquiste... méthode qui ont été appliqué dans l'est pendant la seconde guerre mondiale, en chine, au vietnam... Le Kommintern (ligne de Dimitrov, qui lui même félicite comme un modèle d'unité ouvrière l'insurection de 34 mené par les anar', et la décrit comme exemple pour construire l'antifascisme) travail au sein des partis à former des cadres sur sa ligne, mais ne contrôle certainement pas tous les partis (exemple en France ou le Kommintern s'arrache les cheveux sur la ligne de Thorez, essaye d'organiser la préparation à lutte armée contre la futur invasion et le régime quasi fasciste mis en place en 38, alors que la tête du PCF négocie son droit de faire parraitre des journaux, affiche les noms et visages des militants, participe au Front Populaire sur une base électoraliste, etc...)

    Le PCE s'est fourvoyé (selon la ligne du PCUS) comme appendice de la sociale démocratie plutôt que comme moteur du Front Antifasciste (comme tous les partis des pays occidentaux mis à part l'allemagne d'ailleurs). Alors oui, Moscou à envoyé pas mal d'armes, de spécialistes, etc : mais au départ, les armes sont à destination des milices (on peut retrouver des images de tag de barcelone "viva staline" "viva lenin" "viva ussr" signé par ... la cnt ou la FAI.

    Mais au moment ou à peu près tout le monde s'accord à dire que c'est peine perdu, que les milices ne pourront pas tenir, et bien l'urss décide de ne plus envoyer d'armes pour rien aux milices et de n'en envoyer que à l'armée régulière, seule à même selon eux de tenir tête aux franquistes. Avec les spécialistes qui vont avec, etc... et les méthodes bureaucratiques qui vont avec (nos armes, nos choix, pas de contradiction). La bonne vielle méthode soviétique basée sur les cadres et non sur les masses. Mais le fait est que les soviétique ont d'abord soutenu les antifascistes quels qu'ils soient, ensuite, le Kommintern (basé sur de nombreux PC et pas juste celui d'US) à envoyé des volontaires, et seulement ensuite il est intervenu pour dire "stop, c'est la merde, vous vous faites torgnoler, maintenant sois vous restez indépendants sans nous sois on vous aide mais avec nos méthodes".

    Là encore ça tiens de la mythologie anarchiste le coup de mai 37. Si les brutalités sont avérés, il faut pas oublier que les anar' sont pas en reste dans la brutalité politique contre les rouges. En plus de ça, en 37, c'est surtout la question de la téléfonica qui fait partir les quelques balles. On est loin d'une bataille rangée entre rouges et noirs, on à plutôt quelques échanges de tirs entre anarchistes et un conglomérat de membres de la cnt, des bi, de la police républicaine, etc... tu as des anar dans les deux camps. Et c'est loin d'être une guerre civile, ce sont des échanges de tirs dont la plupart de barcelone n'entedra parler que le lendemain...
     
  24. KickTick
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  27. extrême-gauche, révolutionnaire
    Pour répondre à Anarchie sur le message principal du topic, je pense qu'il faut différencier plusieurs choses : la volonté de l'extrème droite de mélanger des symboles de gauche, du mouvement révolutionnaire, et ceux de droite, de la réaction : ici c'est un problème.

    Mais quand une immense masse, à son niveau politique, se met en mouvement, ce qui lui permet de mieux comprendre, de mieux entendre les discours révolutionnaires basés sur la réalité, ou est le problème d'avoir des drapeaux Français, de parler de "peuple" et de "nation" ? Il faut bien que les gens parlent et ils ne sont pas nés avec des symboles et des idées révolutionnaires dans la tête. Ce discours et ces mots sont forgés par 40 ans d'abscence de militantisme et sociabilité révolutionnaire, "rouge" au sens large, et donc par 40 ans de discours réactionnaire. Pourtant dans ces discours et ben se fortifient plein de discours, d'idées, de thèses, qui permettent de mieux comprendre le monde que "le peuple" contre "l'élite".

    Ca veut pas dire qu'on doit devenir patriote, ou différencier le patriotisme du "peuple" et celui des bourgeois, d'ailleurs il y à toute une partie du prolétariat qui "nike la france". Mais on peut pas s'arrêter à ça...

    A ce titre, on pourrait dire que les communards étaient des "confusionnistes" avec leus drapeaux bleu-blanc-rouge, leurs appel aux "citoyens" à aller voter, les appels au "peuple de Paris", leur gouvernement militaire... et pourtant.
     
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  28. Anarchie 13
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  29. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    C'est quoi tes sources kicktick ?

    J'ai lu plutôt l'inverse comme quoi le PCE refuse la révolution, certes, mais au nom du front populaire antifasciste. Et que c'est en accord avec la vision de Staline.
    Tu dis aussi qu'il n'est pas piloté par le PCUS, j'avoue que je sais pas à partir de quel degré d'ingérence on peut parler de pilotage mais de ce que j'ai lu c'est bel et bien sur ordre des bolchéviques qu'il a réprimé le POUM.

    ça par exemple, c'est bien le PCE qui a milité pour qu'il y ait une armée régulière contre la CNT et le POUM qui étaient plutôt favorables à armer le peuple, non ?

    C'est plus ou moins ce que j'ai compris aussi. Mais la répression sur le POUM et notamment sur sa direction après coup, emprisonnement, torture dans des prisons du PCE (même pas du gouvernement républicain).

    Pour ton dernier message
    La question qui je me pose c'est pourquoi quand "une immense masse se met en mouvement" on devrait oublier les individus qui ont peut-être des idées politiques très arrêtées ? Comment savoir le sens qu'ils mettent derrière le drapeau français ou le mot "peuple" ?
    Enfin, je pense que le terme "confusionniste" peut-être bien comme insulte mais pas comme catégorie d'analyse politique.
     
  30. Stéphane Bazoches
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    Stéphane Bazoches Membre du forum Membre actif

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    Ma source : Romain Ducoulombier, Histoire du communisme, Que sais-je ?, PUF, 2014, page 47
     
  31. Stéphane Bazoches
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    Stéphane Bazoches Membre du forum Membre actif

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  32. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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    Jan 2009
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  33. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Images de la guerre d'Espagne (1): cinéma, photos et mémoire. La révolution sur les Ramblas.
     
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