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Les gilets jaunes

Discussion dans 'Discussion générale' créé par pilou-ilou, 15 Novembre 2018.

  1. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  2. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    On pourrait discuter du principe d'autogestion (et de production), là aussi la forme ça compte mais moins que le fond (faut-il autogérer et produire de la merde inutile voire nuisible?).
    Mais concernant les motivations des politicards elles sont à peu près aussi sincères que la notion de commerce "équitable" pour un hypermarché...
     
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  3. YoungResignation
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    YoungResignation Membre du forum Membre actif

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    Déc 2018
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  4. anarcho-communiste
    Oui, je comprends ce que tu veux dire.

    Mais historiquement, beaucoup de révoltes libertaires sont passé par la prise en autogestion des systèmes de production (usine et autre) n'est ce pas ?
     
  5. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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    Fev 2014
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  6. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Le problème ne se posait pas du tout dans les mêmes termes en Espagne 36 (une "révolution" qui n'a d'ailleurs pas eu que des aspects positifs d'un point de vue libertaire, loin de là...), à l'époque il n'y avait pas la même logique de production-consommation, les mêmes problèmes de pollution...
    Et puis je ne vois pas comment on pourrait imaginer des bulles anticapitalistes tant qu'on sera dans une société globalement capitaliste.
    Je pense entre autres à l'exemple récent des FRALIB, qui ont repris leur usine de tisane après la liquidation de leur usine par la multinationale UNILEVER. Après avoir recherché (en vain) un repreneur pour diriger l'usine, dragué divers politiciens (y compris de l'UMP...), crié "les flics avec nous"... ils se sont résolus à l'autogérer. Le résultat c'est que d'une part, ils ont du investir leurs indemnités de licenciement, se séparer d'une partie des employés, et qu'il est impossible de rémunérer des dizaines d'employés uniquement avec des circuits "alternatifs": le gros de leurs revenus provient d'un contrat avec une chaine d'hypermarchés... On a vu plus libertaire...
     
  7. [Refusé]
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    [Refusé] Membre du forum Expulsé par vote Membre actif

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    Sept 2018
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    Nina.a :,à leur échelle comment
    veux tu que les circuits de distributions classiques soit ignorés ?
    J'aimerais obtenir la réponse car; il y a un chiffre d'affaire à accomplir, des bilans prévisionnels à rendre,des commandes et des stocks à gérer, des rémunérations à effectuer et des bénéfices à
    réinvestir si il y a un excédent.
    Ce n'est pas une assoce loi 1901,c'est une entreprise...
     
  8. pilou-ilou
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    pilou-ilou Membre du forum Membre actif

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  9. libertaire, anarchiste, féministe, anarcho-syndicaliste, syndicaliste, auto-gestionnaire, synthèsiste, anarcho-fédéraliste, anti-fasciste, anti-autoritaire
    A mon avis le bloc de tout les partis et syndicats ( enfin ceux qui se prétendent syndicat ) essayent de concert de faire rentrer dans le moule du système les G.J., pour mieux les contrôler les engluer tout ceci pour les neutraliser. Un peu comme les podémos qui sont entrés dans le système pour donner pas grand chose par la suite. Parce que c'est pas quand on à l'intérieur d'un fruit pourris qu'on arrive à le détruire, non on pourrit avec.
    Les syndicats s'ils avaient voulut être efficaces; c'est dès le début qu'il aurait fallut se rallier aux G.J. vraiment au tout début. Ainsi ils aurait été vu comme de solide soutien pouvant bloquer le pays et ainsi obtenir pas mal de chose du gouvernement qui dans ce cas ce serait fait caca sous lui, de peur. Encore une occasion ratée pour les syndicats mais c'est pas étonnant.
    Mais bon comme les syndicats sont adossés au système ils ont pas intérêt que le système s'effondre vu qu'ensuit ils existeraient plus.
    De plus qui nous dit qu'une liste de candidats Jaunes n'est pas téléguidée par des partis pour étouffer un mouvement social. En gros on divise de plus en plus les gens pour les décourager. Puis la liste et le candidats s'évanouissent dans la nature après la première élection.
    Mener un mouvement social ça s'improvise pas, surtout quand on s'attaque à gros très gros.
     
  10. pilou-ilou
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    pilou-ilou Membre du forum Membre actif

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  11. libertaire, anarchiste, féministe, anarcho-syndicaliste, syndicaliste, auto-gestionnaire, synthèsiste, anarcho-fédéraliste, anti-fasciste, anti-autoritaire
    Page 3 du canard enchaîné de cette semaine. Le fichage des GJ par la police. Pas étonnant du tout.
     
  12. [Refusé]
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    [Refusé] Membre du forum Expulsé par vote Membre actif

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    Sept 2018
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    Intéressant Pilou Ilou ton info : V pêcho le canard après....
    Ça ne m'étonne pas et c'est
    revendiqué par bcp de politiques
    le flicage.
    Vs avez entendu parler de 'la
    cellule Richelieu'* (si ce n'est pas
    1 fake news,ça peut!) ce serait
    presque flippant.
    *1 cellule de cyberkeufs au service du gouvernement qui
    hacke :manifestant.e.s,
    opposant.e.s etc...
    Comme à l'accoutumée vous
    me direz,à part que les effectifs
    et les techniques évoluent !
     
  13. KickTick
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    KickTick Membre du forum

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  14. extrême-gauche, révolutionnaire
    Franchement c'est typiquement le genre de truc que je trouve débile. Moi le gars dès que j'ai vu la vidéo, j'ai trouvé que c'était une tête à claque et ça m'a pas fait rire (bon j'avoue la fin m'a fait sourrir quand même c'est innatendu). Mais globalement les gens comment ils savent que c'est un royaliste ? Bah ils savent pas. J'aurais dit la même chose, ou toi la même chose, la vidéo aurait tourné tout autant hein.

    Là encore je sais pas dans quelle réalité vous vivez. Dans certaines villes de l'Ouest le mouvement est à 100% noyauté par les mouvances anarchistes ou "l'ultra gauche" libertaire, surtout dans l'ouest industriel (Nantes, Rennes, St Nazaire, Rouen...). C'est eux qui font le plus d'agitation, de propagande, qui parlent le plus, dont les médias locaux tournent etc.

    Bref, la question de toute façon n'est pas là.

    La société actuelle est une société réactionnaire, la réalité est celle de la guerre de tous contre tous, des individus entre eux dans la société, des nations entre elles dans le monde. Les classes elles mêmes sont divisés, le travail est divisé selon le genre ou la nationalité (nation au sens culturel du terme). Je sais pas si tu as déjà bossé, par exemple, dans une usine, un hopital ou un restaurant mais c'est super visible. La bourgeoisie détiens des médias et y fait passer chaque jours un flux d'informations qui forge une grille d'analyse fausse, idéaliste, dont la radicalisation mène à des idées fascistes. Les fascistes eux mêmes ont des moyens énorme (il suffit de voir par exemple le procès des GUDars Parisiens qui ont pris au max 3 mois de sursis -là ou un gilet jaune lambda pour les mêmes choses aurait pris 6 mois ou un an ferme- qui sont tous des bourgeois).

    Et même avec tout ça, avec cette hégémonie culturelle réactionnaire, avec toutes les trahisons de la gauche, des pseudos-révolutionnaires envers le prolétariat, ce dernier montre sans cesse qu'il peut se révolter, percer cette hégémonie, s'organiser et se battre. En 2005, dans les banlieues, la gauche disait déjà "ce sont des lumpens réactionnaires et musulmans, sexistes, qui brulent les voitures de leurs voisins (oubliant que là ou les cités étaient majoritairement blanches, ce sont des blancs qui se sont révoltés, et je crois pas qu'ils soient musulmans)". A Villiers le Bel, la gauche était encore là "non mais ils cherchent pas la justice, c'est même plus la vengence, c'est des pillages et de la haine gratuite". Et aujourd'hui, quand des centaines de milliers d'ouvriers et d'ouvrières se mobilisent, gagnent en conscience au point aujourd'hui de se préparer à organiser une grève générale, on est encore à les traiter de "fascistes" ! c'est dingue.

    Malgrès les hoax racistes et fascistes qui tournent sur les reseaux sociaux, malgrès les tentatives d'orienter le débat sur l'immigration et l'identité nationale, malgrès la présence de la droite, on à un mouvement ouvrier, qui appel à la grève générale pour gagner des choses sociales et démocratiques, qui ignore le sujet de l'immigration et de la sécurité (archi présent depuis 20 ans dans le débat public pourtant), ou les femmes créent des espaces autonomes, ou les occupations, convergences avec d'autres secteurs en lutte, aide et solidarités sont innombrables et il y encore des puristes idiots pour dire "gneugneu fascistes". Je suis désemparé, sérieusement.
     
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  15. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  16. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Oui, c'est exactement ce que j'ai voulu dire, désolée si ce n'était pas assez clair:

     
  17. IOH
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    très bonne remarque.
     
  18. IOH
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    Quand on se rassemble, on "se politise", qu'on le veuille on non.
    «J’ai 46 ans, je n’avais jamais lu un livre de ma vie. Tu sais ce que je fais, depuis deux jours — enfin, la nuit, plutôt, quand on rentre du rond-point?» Lucie sourit : «Il lit la Constitution.»
    [B][/B]


    [​IMG]

    «Avant, j’avais l’impression d’être seule»


    [​IMG]
    François Bard. – «La guerre c’est maintenant», 2018
    © ADAGP, Paris, 2019 - Galerie Olivier Waltman, Paris, Londres, Miami
    On pousse la porte : la réunion hebdomadaire des «gilets jaunes» commence. Au fil de la soirée, près de cent cinquante personnes se saisissent du micro : ceux qui se retrouvent à la rue parce qu’ils ne peuvent plus payer leur loyer, ceux qui dépendent des Restos du cœur… Leurs blessures et leurs colères, longtemps privées — «des soirées passées à gueuler devant la télé» —, ont franchi d’un seul coup le seuil de l’espace public. Elles ont une cible : M. Emmanuel Macron, de vagues ministres, d’obscurs députés et d’autres élus de toutes obédiences — «les politiques», confondus dans une haine plébiscitaire. Dans la discussion, plutôt chaotique, tout ramène à eux : les fins de mois «qui commencent le 10», les dos brisés, les retraites de misère, le montant des loyers, les hôpitaux sans personnel… Un mot d’ordre emporte l’adhésion sous les hourras : «Macron, démission!» Hilare, un animateur interroge : «Qui est contre?» Une quinquagénaire lève timidement la main.

    «Allez-y, madame, dites-nous pourquoi.

    — Rassurez-vous, je le déteste, sinon je ne serais pas depuis trois semaines sur les ronds-points. Mais je me demande : s’il dégage, on met qui à la place?»

    Un brouhaha s’ensuit. Le débat ne porte presque jamais sur les responsabilités du secteur privé, dont la classe politique est le paravent parfait. Ici, nul ne parle de propriété privée des moyens de production, et encore moins de capitalisme : le cadre économique est accepté tel quel, même s’il faudrait en corriger les excès. Que les patrons gagnent moins, que leurs salariés vivent décemment : une «économie morale» (1), en quelque sorte.

    Les journalistes de BFM TV extraient en catimini un des animateurs de la tribune pour un entretien filmé. Quelques personnes s’en aperçoivent et, plutôt que BFM TV, c’est l’animateur qui est expulsé avec fracas : «On ne veut pas de porte-parole!» La réunion se termine brutalement. «Le plus dur, c’est d’arriver à s’organiser, tempête Rémi (2) en quittant la tribune. Là, on déconne : on discute, on ne décide rien, et il y a de moins en moins de gens à chaque fois…

    — On en parlera demain en comité restreint», le rassure Jean-Claude.

    Les animateurs de la soirée avaient pourtant pris soin de préciser qu’ils n’étaient ni représentants ni élus, qu’ils n’imposaient rien et que chacun pouvait prendre leur place. «C’est vrai, reconnaît Rémi, mais le comité restreint, on est obligés, sinon ça n’avance pas…»

    «Jungle de Calais» au sud du rond-point, «Notre-Dame-des-Landes» au nord
    À La Poterie, toutes les sorties de rond-point sont ornées de braseros et de cabanes — jaunes. «C’est quoi, ce délire?» Katia désigne des toilettes blanches neuves, trônant sur la route. «C’est un cabinet ministériel!», lui lance son amie Liliane, et une tornade d’éclats de rire attise les flammes du barbecue. Si les élus sont unanimement renvoyés aux lieux d’aisance, les clivages politiques sont nets : le carrefour est à ce point divisé idéologiquement qu’une assistante maternelle en fait le tour en incitant les gens à «se parler entre eux». Peine perdue : la sortie sud, dite «jungle de Calais», accueille tout le monde, y compris les étrangers. Au nord, «Notre-Dame-des-Landes» s’entoure d’une aura inquiétante : plusieurs sans-abri y ont élu domicile — un domicile d’ailleurs imposant. Ces quasi-maisons contrastent avec la sortie ouest : chez «M. et Mme tout-le-Monde», on ne fait qu’un petit feu dans un bidon qu’on range le soir après avoir balayé la chaussée. En revanche, la «vieille France» a installé à l’est une sono qui diffuse Eddy Mitchell, et, pour le dîner, plusieurs retraités font mariner sous un barnum des spécialités locales entre cochon et châtaignes… «On ne fait pas de politique» est un leitmotiv d’autant plus présent qu’il s’agirait du seul moyen de sauvegarder l’unité du mouvement : dans le cas contraire, l’agora que constitue chaque rond-point se transformerait illico en ring de boxe.

    Dans ce forum de discussion permanent, l’absence de militants est frappante. Des thèses complotistes circulent et suscitent des débats passionnés : ici, tout le monde hait les médias traditionnels, accusés de «mentir» et de «manipuler». On s’informe donc en continu sur les réseaux sociaux. C’est par ce biais que l’extrême droite, qui n’a aucun effectif local, compense son absence sur le terrain. La gauche syndicale et politique est invisible. Mais elle s’emploie ailleurs à diffuser ses thèmes, sur Facebook et sur Telegram. Le mouvement ouvrier, ou ce qu’il en reste, mobilise pourtant régulièrement, dans diverses villes d’Ardèche, plusieurs centaines de personnes qui manifestent à l’appel de confédérations ou de partis nationaux. Sur la plupart des points de blocage, aucun n’a daigné se déplacer : les «gilets jaunes» seraient «fascistes», «manipulés», et rejetteraient les forces organisées.

    [​IMG]
    François Bard. – «Le vent soufflait», 2018
    © ADAGP, Paris, 2019 - Galerie Olivier Waltman, Paris, Londres, Miami
    La seule intervention d’un responsable local a consisté à apporter une pile de tracts et de bulletins d’adhésion en chantant les louanges de son organisation : il a été très mal reçu. Et quand un adhérent a proposé, «plutôt que d’évangéliser les masses, de commencer par leur fournir une sono», l’accueil n’a pas été plus chaleureux. Au bout de quatre semaines de conflit, et à l’issue de plusieurs réunions, «aucune position officielle» n’avait été adoptée par les instances syndicales locales sur le mouvement des «gilets jaunes». On allait donc convoquer une nouvelle réunion pour décider du sort de la sono… Il est vrai également qu’à Huveaune quelques militants se sont investis, créant «trois commissions : actions, revendications, organisation». Nous avons été invité à participer à l’une d’entre elles. Mais, sur le rond-point, tout le monde, ou presque, ignorait son existence…

    Dans ce contexte, la décision des syndicats du transport routier d’annuler une grève programmée pour dimanche 9 décembre, au lendemain d’une nouvelle manifestation des «gilets jaunes», a sonné comme une confirmation : «Ils pouvaient nous filer un coup de main, crie Sylvette, ils ont gagné grâce à nous, et nous, on va se faire avoir! Tous des connards!» Tonnerre d’applaudissements. Hostiles, vraiment? Les «gilets jaunes» auraient été heureux de rompre leur isolement, conscients que l’arrivée de syndicats renforcerait tous les combats en cours… Le temps passant, et la répression grandissant, la question de l’organisation devient centrale, obsessionnelle, même : comment se coordonne-t-on? Contre les mouchards? Pour les actions? Comment décide-t-on? Sur les barrages? Entre ronds-points? De ville à ville? Loin de refuser de s’organiser, tout le monde cherche comment s’y prendre, tâtonne. «C’est curieux, remarque Dominique, une militante associative comme égarée sur un barrage filtrant. Ils n’ont pas l’air de connaître les assemblées générales, les ordres du jour, les tours de parole, les relevés de décisions, et un truc tout con : le mandat impératif et révocable…»

    Seule issue envisagée par certains : présenter une liste aux européennes
    Curieux, en effet. Mais à aucun moment Dominique n’a songé à partager ses connaissances avec ceux qui s’habillent de jaune. Produit de la longue histoire du mouvement ouvrier, cette culture politique a mis longtemps à s’inventer. Abandonnés par ceux et celles qui auraient pu leur fournir ces outils, les «gilets jaunes» ont été contraints de tout reprendre à zéro. Or, dans une telle lutte, chaque jour compte… Reprises avec enthousiasme par plusieurs responsables politiques, les références à la Révolution française sont omniprésentes dans la mobilisation : guillotines élevées sur les ronds-points avec mannequin à la tête tranchée, Mme Brigitte Macron surnommée «Marie-Antoinette», jusqu’à la circulation de «cahiers de doléances» studieusement remplis par les manifestants… et fournis par les municipalités, qui promettent de «faire remonter». Pourtant, à l’époque, les paysans luttaient conjointement avec les bourgeois révolutionnaires des villes.

    Si 1789 est évoqué, le mouvement ouvrier est oublié : 1830, 1848, la Commune, 1917, 1936, 1944… Seul Mai 68 est évoqué de temps à autre, car certains de ses protagonistes sont présents sur les routes barrées. De l’histoire ouvrière on a fait table rase. De ses organisations multiples, qui concernaient tous les aspects de la vie sociale, aussi. Ainsi, de nombreux acteurs de ce mouvement qui se déclare «apolitique» et «sans porte-parole» entrevoient comme seule issue… de présenter une liste aux élections européennes. Les partis de masse ayant disparu depuis longtemps, toutes les formations sont désormais confondues dans le même opprobre électoraliste, mais on finit par vouloir les imiter, puisque aucun autre modèle n’est disponible. Conséquence : des lycéens de La Villéon ont refusé que les «gilets jaunes» se joignent au blocage de leur établissement, au motif qu’ils refusaient «toute récupération politique»…

    Gaëlle, Ludovic et Lucie se retrouvent une semaine plus tard pour la réunion hebdomadaire de Branceilles. L’assistance est moins nombreuse. En introduction, les animateurs énumèrent les quatre actions prévues pour le week-end. Seuls les points et les heures de rendez-vous sont donnés : «Ce qu’on va faire, c’est surprise!» Un maçon proteste : «Mais attendez, mettez-nous au courant! Vous avez tout décidé, et on saura au dernier moment? On est tous “gilets jaunes”, quand même!» La présence de policiers infiltrés est invoquée pour expliquer la confidentialité — le fonctionnement du «comité restreint», moins. Le maçon s’énerve : «La semaine dernière, on a discuté des heures et on n’a rien décidé, et là, on discute cinq minutes et tout est décidé!» Jean-Claude et Rémi s’assombrissent. Ils promettent d’«améliorer l’organisation» la prochaine fois.

    L’échange finit par s’engager. Une créativité extraordinaire est à l’œuvre : initiatives pratiques, artistiques, refus de se rendre à une quelconque convocation des autorités sans qu’elle soit filmée… La sociabilité, surtout, revient en force : «Avant, j’avais l’impression d’être seule, se souvient Lucie. Seule dans ma merde, je n’osais en parler à personne, on s’isolait, on avait honte. Regarde! Tu as vu le nombre de potes que j’ai, maintenant?» Ludovic prend sa fille dans ses bras. «J’ai 46 ans, je n’avais jamais lu un livre de ma vie. Tu sais ce que je fais, depuis deux jours — enfin, la nuit, plutôt, quand on rentre du rond-point?» Lucie sourit : «Il lit la Constitution.»

    Pierre Souchon
    Journaliste.
     
  19. ninaa
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  20. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    La différence c'est que "la gauche" (je ne me sens pas concernée) accusait les jeunes des cités sans preuves, alors que l'omniprésence des idées réacs voire fascites chez les gilets jaunes est tout à fait avérée. On a déjà expliqué en quoi cette comparaison avec les émeutes de 2005 n'étaient pas pertinentes:
    Quand on se rassemble on se "politise"!

    [​IMG]
     
  21. KickTick
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  22. extrême-gauche, révolutionnaire
    Si t'arrives pas à capter la comparaison, c'est pas moi le problème. Les gauchistes des 20 dernières années ont toujours eu peur de la masse et toujours trouvé des excuses pour les attaquer et jamais les suivre quand ils ne sont pas à l'avant garde ou quand ce ne sont pas leurs méthodes écculées.

    Quand aux "jeunes de cité", pour avoir vécu là bas mes 20 premières années, le niveau de conscience est à peu près le même que dans le reste de la société. Et pour rappel la seule revendication audible en 2005 c'était "Sarkozy démission" et entre deux interwiew ou ça parle d'emplois et de problèmes sociaux tu as aussi des gens qui parlent de "juifs de la finace" et autre... Et alors ?

    Et pour info Le Pen s'est quand même opposé à toutes les revendications sociales des GJ et à même envoyé une lettre à tous les médias avant l'acte III pour se désolidariser des débordements... la différence entre 2005 et aujourd'hui ? Les secteurs qui se mobilisent votent encore, les mobilisations sont dans les "centre de l'ennemie" (les centres villes bourgeois) donc ce n'est pas la guerre comme en 2005... bref il y à des votes à récupérer. Mais sinon c'est un mouvement de prolétaires, qui demandent la justice et la dignité.
     
  23. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  24. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Si tu sais pas lire mon précédent message c'est pas moi le problème.

    Non pas possible, il y aurait UN facho qui ne soutiendrait pas le mouvement??? {choqué}

    Ah mais non, en fait, pas du tout, Jean-Marie Le Pen aussi soutient les Gilets jaunes!

    Pour info pas mal de Gilets jaunes dénoncent les casseurs (c'est pas bon pour les élections...).

    Et lui aussi - comme son électorat - voit dans les Gilets Jaunes "un mouvement prolétaire qui demande la justice et la dignité":

    Un topic (pas exhaustif évidemment) à propos de l'omniprésence de l'extrême droite chez les Gilets jaunes:

    Les Gilets jaunes et l'extrême droite?
     
  25. YoungResignation
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    YoungResignation Membre du forum Membre actif

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  26. anarcho-communiste
    Oui, enfin apparemment on a surtout affaire à des maoistes, plutôt à de l'ultra gauche autoritaire que libertaire, en fait. Après je suis pas allé vérifier moi même.
    Dans quel monde on vit ?
    Dans le même que le tiens à priori, mais peut être pas dans la même ville, dans le même quartier, le même patelin. Tu nous pardonnera de pas être capable de tout voir, tout apprécier de nos propres yeux ? (En plus, je sais que ca peut paraitre complètement dingue pour certains, mais yen a même qu'on pas les moyens d'avoir une voiture ! ohlala ! < j'espere que l'ironie est lisible)
    Qu'est ce que t'essaye de prouver en fait ?
    Toi peut être que t'as sillonné toute la France pour affirmer les choses comme ca ?
    Et par ce que dans certains coin c'est pas fasciste, ca annihile automatiquement tout les autres coins ou c'est fasciste ?
    Sérieusement ?
    Ca commence à profondément me fatiguer.
     
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  27. IOH
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    IOH Membre du forum

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    Appel des Gilets Jaunes de DIE – 21 janvier 2019
    « Nous, Gilets Jaunes du rond-point de Die dans la Drôme, faisons les constats suivants
    après dix semaines de luttes:
    Le refus du pouvoir exécutif, et donc de Macron, d'apporter une réponse politique
    immédiate aux revendications des Gilets Jaunes n'est en rien remis en question par
    l'organisation du Grand Débat National. Le Grand Débat National, ce grand cirque dans
    lequel le pouvoir choisit les questions, comme si en plus de deux mois il n'avait pas été
    capable de comprendre ce qui est écrit sur les tracts et pancartes des Gilets Jaunes, comme si
    en plus de deux mois il n'avait pas été capable de comprendre ce que des Gilets Jaunes ont
    tant répété dans les médias? Le Grand Débat National, ce grand cirque dont les réponses
    sont déjà fournies par le pouvoir qui a d'ores et déjà annoncé qu'il maintiendrait le cap des
    ses réformes et ne changerait pas de politique. Le Grand Débat National, ce grand cirque
    imaginé par les marionnettes de l'oligarchie ultra-libérale, est une pure imposture, une basse
    opération de communication, une campagne électorale qui ne dit pas son nom.
    La seule vraie réponse apportée jusqu'à aujourd'hui est une féroce répression:
    plus de 10000 interpellations
    plus de 5600 garde-à-vue
    plus de 1000 condamnations
    plus de 2000 blessés
    plus de 100 blessés graves, éborgnés, mutilés, brisés
    et 12 morts dont l'un au moins est imputable aux armes utilisées par les forces de la
    répression
    Depuis quelques jours, les amendes se multiplient dans une tentative de frapper au
    portefeuille le peuple en colère et de le réduire au silence quand les coups de matraque n'ont
    pas suffit.
    Et pour demain, les pantins qui nous gouvernent pour le compte des milliardaires et
    des multinationales, nous annoncent la venue des interdictions de manifester, ce qui porte
    atteinte à un droit constitutionnel. Cette doctrine est issue de la gestion des hooligans dans
    les stades de foot. Mais nous, nous ne considérons pas que la politique, dont nous nous
    sommes emparé en descendant dans la rue et en occupant les rond-points, soit pareille à un
    spectacle sportif. Nous ne sommes pas des hooligans, nous sommes le peuple en colère qui
    exige justice et qui entend exercer sa souveraineté. Ces nouvelles dispositions, si elles
    devaient être traduites dans la loi, sont liberticides, anticonstitutionnelles et démontrent une
    fois de plus, une fois de trop, que nous ne vivons pas en démocratie. Le droit de manifester
    ne peut dépendre de l'arbitraire d'un pouvoir administratif.
    Nous sommes effondrés d'apprendre que le Ministre de l'Intérieur, Castaner le joueur
    de poker, demande d'intégrer dans chaque unité de force de l'ordre 2 Binômes Observateur-
    Tireur équipés de fusils-mitrailleur HK G36. Qui est violent ? Qui est prêt à tirer sur le
    peuple non armé ?
    Nous approuvons la stratégie d'organiser des manifestations préalablement déclarées
    pour permettre à tout un chacun de dire sa colère et ses revendications en toute sécurité.
    Nous soutenons les actions ponctuelles de blocage des flux économiques ou de
    réappropriation de NOS autoroutes par la gratuité des péages.
    Nous estimons important que des manifestations spontanées et impromptues
    continuent à avoir lieu. Elles participent au caractère insaisissable et irrécupérable du
    mouvement.
    Mais nous sommes également conscient que nous devons élargir la palette de nos
    moyens d'action. Et puisque les directions syndicales semblent dormir, alors nous ferons
    avec elles comme avec nos pseudo-représentants: on les court-circuite et on le fait nousmêmes
    !
    C'est pourquoi nous appelons à propager partout l'appel à la Grève Générale du travail
    et de la consommation pour les 4, 5 et 6 février 2019.
    Ils nous frappent ? Nous frapperont l'économie !
    Ils nous amendent ? Nous amenderons l'économie !
    Les 4, 5 et 6 février, on ne bosse pas, on ne consomme que le strict nécessaire et on
    commence à les mettre à genoux. GREVE GENERALE ! »
     
  28. IOH
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    IOH Membre du forum

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  29. YoungResignation
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    YoungResignation Membre du forum Membre actif

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  31. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  32. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    S'il faut virer tous les fachos du mouvement des gilets jaunes il va y en avoir du boulot, rien qu'avec l'électorat du RN ça fait déjà pas mal de monde! Et s'il faut virer en plus tous les réacs, autoritaires, sexistes, racistes (qui ne sont pas tous d'extrême droite) c'est un vrai travail de titan!

    La révolte des cités en 2005 ne pouvait évidemment pas être récupérée par l'extrême droite, ni par aucun parti politique, elle ne pouvait évidemment pas déboucher sur la création d'un parti.
    Alors que la plupart des Gilets jaunes se désolidarisent des casseurs, les révoltés de 2005 ne pouvaient évidemment pas la jouer "BCBG" puisque l'essence même de cette révolte était de casser et brûler!

    Jouez aux jeu des sept erreurs entre la révolte de 2005 et le mouvement des Gilets jaunes:



    [​IMG]
    [​IMG]
    Révoltes des banlieues en 2005

    [​IMG]
     

    Fichiers attachés:

  33. pilou-ilou
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    pilou-ilou Membre du forum Membre actif

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  34. libertaire, anarchiste, féministe, anarcho-syndicaliste, syndicaliste, auto-gestionnaire, synthèsiste, anarcho-fédéraliste, anti-fasciste, anti-autoritaire
    Tu as des articles sur les villes de l'ouest que tu cites? Non que je ne te crois pas, mais parce ça m’intéresse de savoir ce qu'il ce passe la bas, car j'ai pas l'occasion de me déplacer.