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Peut-on se passer du nucléaire?

Discussion dans 'Écologie' créé par ninaa, 8 Octobre 2018.

  1. mAtth
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    mAtth Connard désabusé. Membre actif

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    Fev 2010
    Oui, la batterie électrique reste un problème.
    Le barrage est une forme de batterie, l'eau stockée en haut de la chute c'est de l'énergie directement utilisable.
    Sinon à grande échelle, on fait ça aussi Pompage-turbinage — Wikipédia (ça donne une idée de la misère que c'est de stocker de l’électricité.)
     
  2. mAtth
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    mAtth Connard désabusé. Membre actif

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    Fev 2010
    Évidement, à l’échelle d'une communauté autonome, le problème est assez différent, mais le fait est qu'à l'echelle d'un pays (ou d'une région) on peux balader du courant d'un bout à l'autre pour une déperdition d'à peu prêt 7% (en fait un peu plus d'après wiki)
    "En France, le coût estimé des pertes en ligne est de 2 à 2,2 % depuis 2007 selon le gestionnaire RTE, de 6% selon le gestionnaire ERDF qui exploite environ 95% du réseau de distribution. En incluant l’autoconsommation des postes de transformation et les pertes dites « non techniques » (fraudes, erreurs humaines, etc.), les pertes d’électricité en France entre le lieu de production et de consommation avoisinent 10% en moyenne."
     
  3. Bon direct, dire que je n'y connais quasi rien et que c'est pas vraiment mon sujet de prédilection...
    Néanmoins, je ne pense pas qu'il faille calculer en fonction de "communauté autonome" ou de "maison de baba cools"
    Il y a plein d'immeubles, des entreprises, des bâtiments publics qui ont opté pour l'autonomie énergétique. Beaucoup de frais d'investissement mais qui au bout de quelques temps sont rentabilisés. Ce n'est donc pas une vision utopique ou politiquement radicale.
    Si la motivation et surtout l'aide au financement étaient en accord avec la volonté de se passer du nucléaire, je pense que ça serait jouable !
    Hélas, y a tellement de thunes en jeu que les grosses entreprises énergétiques (nucléaires ou "vertes") ne risquent pas de faire un pas dans ce sens ! Bref, encore une fois une question de thunes !
    L'avantage qu'il y aurait en plus, si chaque immeuble, chaque entreprise, ou autres étaient autonomes énergétiquement, c'est que ce pouvoir qu'est l'énergie ne risquerait plus de tomber aux mains de n'importe quel despote (financier ou politique) entraînant une dépendance totale et donc un asservissement.
    Bref, Autonomie, Ecologie et Lutte politique !
    Sur ce, je décroche... A demain !
     
  4. mAtth
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    mAtth Connard désabusé. Membre actif

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    Fev 2010
    En soit, je suis plutôt d'accord et même, c'est en ce sens que j'imagine une transition sans nucléaire (et par communauté autonome, c'est ce que j'entendais ) , cela dit, je ne maitrise pas suffisamment le sujet pour l'instant, mais j'y vois quand même un inconveignant.
    La production est standardisé; sur le réseau EDF c'est 230V 50hz en domestique par exemple.
    Le tout est "propre" ce qui permet de faire tourner tout ce dont on a besoin sans trop endommager le matériel (électronique comme pour le son ou les serveurs, mais aussi électrique, comme les moteurs).

    Après, si c'est bien fait, ça doit être jouable. M'enfin, ça c'est un postulat personnel qui ne repose pas sur grand chose.
    Ni l'état, il suffit de voir les formations proposés dans le domaine pour comprendre qu'on ne forme pas des technicien(ne)s en énergies renouvelables ( c'est à peine si on y est sensibilisé en fait ).

    Bonne nuit.
     
  5. Oui c'est beaucoup d'hydroélectricité, mais comme souligné par mAtth c'est un des moyens de production d'électricité avec le moins d'inconvénients.

    Parmis les côtés négatifs il y a que ces barrages sont souvent construits sur des terres autochtones. Aussi, il y a un petit impact sur la faune.

    Si le sujet vous intéresse voici un EXCELLENT documentaire qui aborde l'hydroélectricité et ses impacts en détail. C'est un documentaire très critique donc on entendra surtout parler des côtés négatifs plutôt que des avantages de l'hydroélectricité, mais c'est quand même très pertinent.
     
  6. Ziggy-star
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    Ziggy-star Membre du forum Membre actif

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    Fev 2017
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  7. plateformiste, internationaliste, auto-gestionnaire, révolutionnaire, gauchiste, veganarchiste
    Pour moi ça change juste la nature et l intensité du problème, artificialiser l' environnement me semble pas être une alternative convenable au nucléaire
     
  8. Merci ! Je le prends !

    Sinon, par rapport à ce que j'avais écrit hier (page 2), j'ai écrit quelques conneries... (j'avais dit que je n'y connaissais quasiment pas :)
    Il ne s'agissait pas de récupérer du 9v mais du 12v... Et il s'agissait de l'installation pour les camions. Les transformateurs 12v vers 220v sont maintenant beaucoup plus stables (même si toujours chers) et les appareils électriques (et surtout électroniques) morflent quasiment plus !
    Pour ce qui est des installations pour une maison, on obtient facilement du 220v et avec un bon régulateur, il n'y a aucun problème...

    Entièrement d'accord, c'est pour cela que je suis d'avantage pour pleins de petites installations autonomes

    De mémoire, ça en cause un peu dans ce doc :
     
  9. mAtth
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    mAtth Connard désabusé. Membre actif

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    Fev 2010
    Vous ne pensez pas que pleins de barrages autonomes seraient plus préjudiciable qu'un seul collectif?
     
  10. mAtth
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    mAtth Connard désabusé. Membre actif

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    Fev 2010
    Pas tout à fait en rapport avec la fin du nucléaire (encore que), mais en rapport avec la transition énergétique (notamment la fin du pétrole) et les piles à hydrogène:

     
  11. Toute ma vie, j'ai milité pour l'abolition total du nucléaire. Mais dernièrement, j'ai découvert la fusion nucléaire. Il y a 2 types de nucléaires. Présentement toutes les centrales utilisent la fission nucléaire, qui cause tous les dangers et catastrophes que nous connaissons déjà.
    Mais il y a aussi la fusion nucléaire, qui est un processus complètement différent. Ça fait 5 ou 6 documentaires que je regarde sur le sujet et c'est présenté comme une solution aux changements climatiques qui serait complètement sans danger et sans aucun risque de catastrophes.

    Il y a quelques compagnies dans plusieurs pays qui travaillent sur différentes techniques de fusion nucléaire. Jusqu'à maintenant, aucune d'entre elles n'ont réussi à produire la fusion nucléaire, mais les recherches progressent. D'autres personnes comme Elon Musk pensent que c'est impossible. Donc tout ça est encore au niveau théorique et on ne sait pas comment un réacteur de fusion nucléaire fonctionnerait réellement lorsque terminé

    Ma question est existe-il des arguments CONTRE la fusion nucléaire ? Est-ce qu'il y a un truc que j'ai loupé qui ferait en sorte que la fusion nucléaire serait une mauvaise idée ? Ou est-ce vraiment l'énergie révolutionnaire du futur qu'on nous présente ?
     
  12. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  13. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Le point de vue de Green Peace:

    La fusion nucléaire, c’est l’avenir ?
    Nucléaire

    L'idée de produire de l’électricité grâce à la fusion nucléaire est aussi vieille que l'histoire de l'industrie nucléaire. Tous les pays nucléarisés ont un jour ou l'autre imaginé ce type de réacteur "miraculeux" qui tirerait son énergie du deutérium (de l’hydrogène) et du tritium (une matière moins radioactive que l’uranium). Cela dit à ce jour, aucun projet de recherche n’a montré de résultats concluants malgré les dizaines de milliards d’euros déjà engloutis.

    En France, le projet de “Réacteur thermonucléaire expérimental international” (ITER) a déjà coûté 20 milliards d’euros, contre 5 milliards initialement budgétés. Selon le calendrier officiel d’ITER, les premiers essais interviendront vers 2025 et seront suivis, s’ils s’avèrent concluants, de nouveaux essais dans les décennies qui suivent. En somme, pas de projets de fusion nucléaire avant 2050, dans le meilleur des cas. Soit bien trop tard pour faire face à l’urgence climatique. En outre, cette technologie produirait aussi des déchets radioactifs, qu’il faudra gérer pendant des centaines d’années et pour lesquels aucune solution de stockage sûre n’existe ou n’a été budgétée aujourd’hui.

    La fusion nucléaire reste un mirage sur papier glacé qui coûte d’ores et déjà des milliards d’euros d’argent public sans aucune garantie de résultat. C’est de l’argent qui n’est pas investi dans les économies d’énergie et le développement de technologies renouvelables qui, à horizon 2050, permettraient de se passer entièrement de nucléaire, de gaz fossile et de charbon.

    La fusion nucléaire, c’est l’avenir ?
     
  14. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  15. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Reporterre (juillet 2021, mais les arguments restent valables sur le fond):

    (La conclusion):

    Le gouffre d'Iter ne décourage pas les projets de fusion thermonucléaire
     
  16. Merci, c'est intéressant. Je ne savais pas que la France sponsorisait son propre projet de réacteur à fusion. Selon le texte, ça semble être un gros projet et ça ne ressemble pas à ce que j'ai vu dans les documentaires qui présentaient plutôt de très petit réacteurs sans problème d'étanchéité. Comme la fusion est un concept qui n'a pas été prouvé, chaque compagnie travaille sur sa propre version avec des fonctionnements différents. Il semble que certains concepts, comme celui de la France, soit plus risqué que d'autres. Évidement je ne suis pas assez spécialiste pour expliquer les différences.

    L'argument principal semble être que c'est un mauvais investissement des finances publiques dans ce qui pourrait fort probablement être une utopie impossible à réaliser. Sinon difficile à remettre en question le côté "miraculeux" si ce serait un succès.

    Mais en dehors des gouvernements, il y a aussi de nombreuses entreprises privés qui y travaillent. D'autres sont financés à coup de milliards par Wall Street. Au Canada, il y a aussi une compagnie qui développe sa propre technologie, General Fusion

    Voici le réacteur de General Fusion. Rien à voir avec celui de France, le scientifique travaille à quelques centimètres du réacteur avec presque aucune protection, et le réacteur est très petit.
    [​IMG]

    Le réacteur de General Fusion est alimenté au Deuterium qui est de l'hydrogène sous forme d'eau, les quantités utilisées sont très petites. C'est sans danger et on peut même en boire donc aucun risque.
    Dans ce vidéo le youtubeur qui visite l'usine de General Fusion boit du Deuterium dans un verre d'eau :


    Si ces entreprises privés veulent bruler leur fric dans ces recherches, je n'y voit pas d'inconvéniant. Au pire, les bankers de Wall Street vont perdre des milliards. Au mieux, le concept sera prouvé et ensuite il y aura des milliers d'autres entreprises qui se lanceront dans la course. Mais il ne faut pas que ça serve de prétexte pour l'inaction face aux changements climatiques en attendant le miracle.

    Bref, ce que je retiens c'est que le nucléaire est un concept avec plus de zones grises que ce que j'ai pensé pendant des années et je réalise qu'il faut garder un esprit ouvert et être prêt à remettre nos positions en questions si jamais le progrès scientifique venait à prouver le "miracle". Je reste (très) sceptique en attendant les preuves.
     
  17. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  18. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Les écologistes évoquent aussi le problème de la gestion des déchets, à l'origine de la lutte à Bure:

    BURE: La lutte continue!

    [​IMG]
     
  19. ninaa
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  20. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Derrière le projet Iter, des montagnes de métaux toxiques et de déchets radioactifs
    [​IMG]
    [2/3] Présenté comme un projet «propre» qui contribuera à la lutte contre le changement climatique, le futur réacteur nucléaire Iter nécessite pourtant quantité de métaux polluants ou cancérogènes, et produira de nombreux déchets radioactifs.

    [2/3] Iter, la réalité derrière les promesses de la fusion nucléaire] Iter, le futur réacteur international, se veut la vitrine de la fusion nucléaire, dont les qualités, selon ses promoteurs, surpassent celles de la fission, en usage dans les centrales classiques. Enquête au cœur d’un projet démesuré, aux conséquences sanitaires et environnementales désastreuses.

    • Volet 1 : Le futur réacteur nucléaire Iter : un projet titanesque et énergivore
    • Volet 3 : Le gouffre d’Iter ne décourage pas les projets de fusion thermonucléaire

    Saint-Paul-lez-Durance (Bouches-du-Rhône), reportage

    «Si je viens travailler chaque matin, c’est parce que je crois qu’il n’y a pas d’alternative à la fusion nucléaire pour lutter contre le changement climatique. Il faudra alimenter tout le parc de véhicules électriques, l’éolien et le solaire ne suffiront pas», explique à Reporterre Laban Coblentz, directeur de la communication d’Iter, depuis le bureau vitré qui domine le gigantesque chantier du réacteur expérimental situé dans les Bouches-du-Rhône. En théorie, une réaction de fusion nucléaire ne produit pas de gaz à effet de serre, «le sous-produit principal est l’hélium, un gaz inerte non toxique», selon l’Organisation Iter. Mais dans le scénario le plus optimiste où la réaction de fusion nucléaire serait maîtrisée, une filière de production d’électricité ne verrait le jour qu’après 2070. [1] Pour remplacer les énergies fossiles et espérer contenir l’élévation des températures avant la fin du siècle, il serait trop tard.

    Ce problème mis à part, peut-on considérer qu’Iter contribuera à 100% à la lutte contre le changement climatique, comme l’a justifié dernièrement l’Europe lors de l’affectation de 6,6 milliards d’euros au projet? [2]

    Sur le site Iter de Cadarache, la construction d’une quarantaine de bâtiments monumentaux a déjà nécessité d’excaver 3 millions de mètres cubes de terre, de produire 150 000 m³ de béton, d’installer une ligne THT et un poste électrique de 4 hectares. Pour refroidir les aimants supraconducteurs du réacteur, Air Liquide a bâti sur le site la plus grande usine cryogénique du monde, alimentée avec de l’hélium (produit à partir de méthane) importé du Qatar. Pour réaliser les calculs nécessaires au paramétrage de la réaction de fusion, Iter utilise des supercalculateurs qui, à partir de 2035, généreront chaque jour 2,2 pétaoctets de données, soit l’équivalent de 20 000 disques durs d’ordinateurs grand public — et leur traitement sera d’autant plus énergivore qu’ils nécessiteront deux sauvegardes quotidiennes. Mais l’aspect le plus préoccupant du bilan environnemental de la fusion réside dans les quantités inédites de métaux nécessaires à un tel réacteur.

    [​IMG]
    Vue d’ensemble du site d’Iter, le 6 mai 2021. © Iter Organization/EJF Riche
    Contaminations, maladies ou cancers
    Prenons un métal peu connu, le niobium. Le principe de la réaction de fusion qui aura lieu dans le tokamak d’Iter — sorte de bouteille magnétique — nécessite de confiner un plasma porté à plus de 150 millions de degrés Celsius au moyen de gigantesques champs magnétiques. Pour les produire, 10 000 tonnes d’aimants supraconducteurs, les plus grands jamais conçus, sont en chemin vers Iter. Leurs bobines sont faites de deux alliages de métaux précieux : le niobium-titane et le niobium-étain.

    «La taille exceptionnelle des aimants d’Iter [...] a bouleversé le marché mondial des supraconducteurs, s’enthousiasme l’Organisation sur son magazine Iter Mag. La machine va utiliser plus du cinquième de la production annuelle mondiale de niobium-titane; quant au niobium-étain, sa production […] a dû être multipliée par six pour répondre aux seuls besoins d’Iter.» Au total, Iter utilisera près de 450 tonnes de niobium. Et ce n’est qu’un réacteur expérimental : nous sommes loin d’une vraie filière qui consommera beaucoup plus de métaux. Que cela signifie-t-il concrètement?

    Bien que l’Organisation Iter n’ait pas été en mesure de nous indiquer l’origine de ses métaux, on sait que le niobium est le métal-chéri de Jair Bolsonaro, le président d’extrême droite du Brésil, qui le considère «plus important que le pétrole» [3]. De fait, 85% du niobium extrait dans le monde provient de deux mines brésiliennes. Dans l’État du Minas Gerais, la Companhia Brasileira de Metalurgia e Mineração (CBMM), principal producteur mondial, «contamine les eaux souterraines du bassin d’Araxá depuis au moins trente-six ans, dénonçait en 2018 Rodrigo de Castro Amédée Péret, mobilisé au sein de l’Action franciscaine pour l’écologie et la solidarité. À la suite d’une contamination des eaux au baryum, au chrome, au plomb, au vanadium et à l’uranium, de nombreuses familles ont souffert de divers types de maladies, comme le cancer, les maladies rénales et cardiovasculaires. Environ 200 familles vivant dans la région ont dû quitter leur domicile après la découverte de la contamination. Par l’intermédiaire de l’Association des résidents de Barreiro, ces familles ont pu obtenir devant les tribunaux que le gouvernement de la ville fournisse de l’eau minérale aux résidents qui y vivent encore.» [4]

    [img src="https://reporterre.net/IMG/jpg/extracao_de_niobio__3251545692_1_.jpg" width="640" height="480" alt="" loading="lazy />
    Extraction de niobium au Brésil, en 2009. Wikimedia Commons/CC BY 2.0/Thiago Melo
    Pour répondre à la demande croissante en niobium [5], le président brésilien est en train de mettre en place une procédure d’exception permettant d’exploiter prochainement les gisements du bassin du Rio Negro, dans une réserve naturelle de la forêt amazonienne où vivent vingt-trois peuples autochtones, dont les Yanomami [6]. L’énergie de fusion «100% climat» nécessite d’ores et déjà de détruire les territoires les plus préservés de la forêt amazonienne et d’en exproprier les derniers habitants.

    «Le béryllium agit comme un poison cancérigène.»

    Autre métal indispensable à la fusion nucléaire : le béryllium. Réfractaire, bon conducteur thermique et ultrarésistant, il servira à recouvrir les parois de la chambre à vide du tokamak d’Iter — surface qui sera la plus proche du plasma thermonucléaire. «Le béryllium, ce n’est pas soutenable», reconnaissait en 2019 Alain Bécoulet, physicien et ingénieur en chef d’Iter [7]. Et pour cause : ce métal figure sur la courte liste des éléments naturels les plus toxiques au monde, aux côtés de l’arsenic et du mercure. «Le béryllium agit comme un poison cancérigène, décrit dans un rapport de 2011 le Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM), et peut rester détectable dans l’urine jusqu’à dix ans après l’exposition.» Même inhalé à des doses infimes, il provoque deux maladies graves, la bérylliose et le cancer du poumon.

    Dans la majorité de ses usages, en électronique, on l’utilise à l’échelle du gramme; la construction du réacteur d’Iter en consomme 12 tonnes! Alors que la production mondiale de béryllium est estimée à plus de 300 tonnes par an, «on envisage l’utilisation de plusieurs centaines de tonnes de ce métal» pour les futurs tokamaks de fusion qui pourraient voir le jour après Iter, s’inquiète une équipe de scientifiques russes qui se demandent comment recycler ce béryllium une fois qu’il aura été irradié dans un tokamak. [8]

    [img src="https://reporterre.net/IMG/jpg/vvs6_inssat2_final_position_1_1_.jpg" width="1200" height="800" alt="" loading="lazy />
    L’un des secteurs de la chambre à vide du tokamak d’Iter, le 6 avril 2021. © Iter Organization
    Des produits et déchets radioactifs
    L’extraction et le raffinage du béryllium posent déjà d’épineux problèmes du seul fait de son extrême toxicité. S’y ajoute le fait que la plupart des gisements contiennent également de l’uranium : on imagine la dangerosité des montagnes de résidus stockés à proximité des sites miniers. Le béryllium d’Iter sera extrait aux États-Unis, en Russie et en Chine. La principale mine chinoise, Koktokay no 3, dont l’existence n’a été rendue publique que récemment [9], est située dans le Xinjiang, la région autonome ouïghoure soumise par Pékin à d’incessantes violations des droits humains.

    Le béryllium russe — et peut-être chinois — est raffiné dans l’usine métallurgique d’Ulba, à l’extrême est du Kazakhstan. Contrairement aux conditions d’extraction du béryllium en pays ouïghour, quelques données existent sur l’état sanitaire de la ville d’Ust-Kamenogorsk. Selon une équipe de chercheurs kazakhstanais, les rejets cumulés de ce bassin industriel ont abouti à une situation de «crise environnementale» : ils font état d’une «incidence croissante des cancers» et des «maladies respiratoires», notant que «la quantité de composants hautement polluants tels que le béryllium» présents dans l’air de la ville «n’est pas mesurée». [10]

    Bombardée de neutrons, la couverture en béryllium du tokamak d’Iter va se désagréger rapidement — la durée de vie de ce métal dans un réacteur de fusion serait de cinq à dix ans [11]. Il faudra non seulement remplacer ses modules régulièrement, mais évacuer après chaque expérience les poussières de béryllium. «Ces poussières ont beaucoup de défauts, pointe Joëlle Elbez-Uzan, directrice de la sûreté à Iter. D’abord, c’est du béryllium. Ensuite, elles seront fortement irradiées. Enfin, elles sont pyrophoriques [explosives].» Tout un système de filtration est prévu dans la ventilation des installations pour éviter leur propagation. «Elles seront évacuées par des aspirateurs géants entièrement automatiques, chauffées dans un four puis fixées dans des matrices en ciment dont on étudie la composition pour éviter les explosions. On les mettra ensuite dans des fûts étanches pour les stocker avec les autres déchets radioactifs.»

    [img src="https://reporterre.net/IMG/jpg/lid_removal_day-2_6b_1_.jpg" width="1024" height="662" alt="" loading="lazy />
    Durant la construction du futur réacteur, en avril 2020. © Iter Organization
    Des déchets radioactifs? L’une des promesses de la fusion nucléaire n’est-elle pas, justement, de ne pas en créer? «L’un des gros avantages de cette filière nucléaire, affirmait en 2020 Alain Bécoulet sur France Culture, c’est qu’on ne promène pas de produits radioactifs ni à l’entrée ni à la sortie.» Reprenons ces arguments. Pas de produits radioactifs en entrée? Cela n’est valable qu’à l’état de pari sur l’avenir. La réaction prévue à Iter nécessite du tritium radioactif, il proviendra des réacteurs de fission nucléaire à eau lourde du Canada qui en produisent.

    Un jour peut-être, ce ne sera plus nécessaire, si la couverture de la chambre à vide en béryllium permet de produire du tritium au sein même du tokamak, à partir de lithium soumis aux neutrons. Mais l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) considère que «cet objectif, qui est une condition sine qua non de l’exploitation industrielle des réacteurs à fusion de type tokamak pour la production d’électricité, est difficile à obtenir». [12]

    «À ce stade, on ne peut pas dire que la fusion est une énergie propre et sans déchets.»

    Pas de produits radioactifs à la sortie? C’est manifestement faux. «Lors d’une expérience de fusion, analyse Michel Claessens, ancien directeur de la communication d’Iter, dans son livre Iter, étoile de la science, à peine 2% du tritium sera consommé, les 98% restants se répandront dans les conduites et les matériaux. On ne peut donc éviter la contamination de l’eau de refroidissement par du tritium.» [13] Il faudra constamment récupérer le tritium absorbé par les parois pour essayer de le réinjecter dans le réacteur, et séparer le reste de ce tritium de l’eau de refroidissement pour le fixer dans des matrices, comme le béryllium, avant de le stocker. Plus encore, il faut garder à l’esprit que l’ensemble du gigantesque tokamak de 23 000 tonnes (trois fois le poids de la tour Eiffel), irradié tout au long des expériences, deviendra lui-même un monceau de déchets nucléaires. Autant de métaux qu’il sera presque impossible de recycler.

    En réalité, l’Organisation Iter a toujours — discrètement — précisé que le réacteur générerait bel et bien des déchets radioactifs, mais «pas de déchets de haute activité à vie longue» — ceux qu’on envisage d’entreposer à 500 mètres sous terre pour plusieurs dizaines de milliers d’années. On aurait a minima 40 000 tonnes de déchets à stocker pour cinquante ans, dont le béryllium irradié devenu, du fait de sa teneur en uranium, déchet de moyenne activité à vie longue [14]. Dans les réacteurs de fusion, «le niveau de radioactivité par kilo de déchet devrait être inférieur à celui des réacteurs de fission, résume Daniel Jassby, physicien émérite en fusion nucléaire de l’université de Princeton, mais leur volume et leur masse devraient être supérieurs.» [15]

    «À ce stade, reconnaît Joëlle Elbez-Uzan, on ne peut pas dire que la fusion est une énergie propre et sans déchets. Mais l’objectif est prometteur.» Face à «l’empreinte carbone considérablement élevée» d’Iter, Daniel Jassby se demande au contraire «comment cette énergie dépensée pourrait être finalement compensée par le succès du réacteur» et estime que «ce ne sera évidemment pas le cas».

    Derrière le projet Iter, des montagnes de métaux toxiques et de déchets radioactifs
     
  21. Oui mais encore là énorme différence avec la fission nucléaire. Un réacteur standard produit des tonnes de déchets radioactifs et ces déchets resteront radioactifs pendant des MILLIERS années

    Dans un réacteur à fusion nucléaire, la seule chose qui est radioactive est le réacteur lui-même donc c'est un problème seulement à la fermeture. Le déchet produit est beaucoup plus petit, et la grosse différence est que c'est radioactif pendant seulement 50 ans donc beaucoup plus gérable

    Fusion power - Wikipedia

    Je suis d'accord que le réacteur de France a l'air d'avoir un impact environnemental significatif, mais je ne crois pas que ce soit le cas pour le réacteur compact de General Fusion. J'ai fais plusieurs recherches pour trouver des infos sur le type de composantes utilisées et si il y a des déchets radioactifs produits, mais je ne trouve rien... Je n'ai même pas pu confirmé si le réacteur lui-même est radioactif comme indique la page wikipedia sur la fusion nucléaire en général. Tous les articles parlent simplement de "aucun déchet radioactif", comme celui ci :
    'The last energy source we’ll ever tame': B.C. startup's $400M U.K. plant aims to harness nuclear fusion technology | Financial Post
     
  22. Cet article explique les différences entre ITER et General Fusion

    ANALYSIS | Could a Canadian company's new project finally make fusion power a reality? | CBC Radio
     
  23. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  24. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Tu as raison il faudrait dépasser les préjugés (même si jusque là la méfiance était tout à fait justifiée...) qu'on peut avoir dès qu'il est question de "nucléaire".

    Tout comme il fallait arriver à dépasser la réaction de rejet épidermique quand il a été question de vaccin "à ARN messager"...

    En France même le réseau "Sortir du nucléaire" relaie des articles favorables au principe (même si la technologie ne semble pas encore au point).

    Le Canada pourrait offrir la fusion nucléaire au monde en 2030

    Il faut espérer que ça marche, car je ne crois pas un instant que la plupart des gens (moi comprise) vont renoncer au confort - leur ordinateur par exemple... au nom du climat.

    Ce qui à mon avis ne doit pas empêcher de rester prudents, et de continuer à s'informer depuis des sources critiques.
     
  25. ninaa
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  26. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Quelques précisions sur la Faites du nucléaire !

    Octobre 7, 2022 – Par Rebellyon
    Samedi 8 octobre se tiendra place Carnot la Faites du Nucléaire, organisée par l’association Les Voix du nucléaire.

    Précisions sur ce «mouvement citoyen» et leurs arguments pro nucléaire.

    Les Voix du nucléaire ne sont pas un mouvement citoyen

    Contrairement à ce qu’annonce le groupe sur ses supports de communication, les Voix du nucléaire ont été créées et sont animées par des personnes ayant des liens d’intérêt très clairs avec l’industrie du nucléaire. Par exemple, la présidente Myrto Tripathiet et le vice président et trésorier Claude Jaouen ont été cadre chez AREVA, le responsable éditorial Florent Le Goux est ingénieur chez ORANO MINES, d’autres cadres sont ingénieur dans un institut financé par ORANO, EDF et TECHNIC ATOME ou encore conseiller auprès du gouvernement sur les questions liées au nucléaire…

    Côté financements, le site web a le mérite d’être clair : «Même si on n’est pas autorisé à donner les noms, ces montants (110 000 €) nous ont été accordés par des entreprises affiliées à l’industrie nucléaire.»

    Dès lors, les arguments défendus par l’organisation et la sincérité de son engagement doivent être mis en doute tout comme sa volonté de se présenter comme un mouvement citoyen indépendant. Mais qu’est-ce qu’on essaie de nous cacher? Les voix du nucléaire sont en fait, très simplement, l’une des figures du puissant lobby du nucléaire français.

    Le nucléaire n’est pas une solution écologique

    EDF nous vante sa production d’«énergie décarbonée» alors que si l’on considère la filière dans son ensemble (extraction minière, production très énergivore, des combustibles, construction des centrales, production d’électricité, démantèlement des centrales anciennes, gestion des déchets nucléaires) l’industrie est très polluante. Malgré les slogans martelés depuis notre enfance, elle entraîne bien des émissions de CO 2 mais aussi des pollutions de tout ordre, à toutes les étapes.Loin de chez nous, au Niger, l’industrie nucléaire ravage de larges pans de territoire pour extraire le précieux minerai d’uranium (bonjour la soi-disant indépendance énergique de la France!). Plus près de chez nous, à Bure dans la Meuse, on veut construire un centre d’enfouissement de déchets nucléaires hautement radioactifs qui resteront dangereux pour les 100 000 années à venir. Quel

    béton pourra assurer la sécurité des habitants pour une durée de 100 000 ans?

    Enfin, en cas d’accident nucléaire, les risques sont gigantesques. Les radiations qui ont suivi les catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima produisent leurs effets jusqu’à aujourd’hui (larges territoires inhabitables, augmentation des cas de cancers,mutations génétiques…). Non, l’atome n’est décidément pas l’ami du vivant!



    Le nucléaire empêche les peuples à choisir ce qu’ils veulent


    La production d’énergie nucléaire implique une gouvernance centralisée, technocratique et opaque qui ne nous laisse aucune prise sur les choix politiques la concernant.

    L’industrie nucléaire demande tellement de savoir-faire techniques et sophistiqués que sa réappropriation est impensable, au-delà des questions qui ne sont pour le moment pas résolu : que fait-on des déchets?

    Comment peut-on arrêter une centrale?

    Il existe d’autres voies

    Nous refusons de devoir choisir entre les deux options que l’on nous vend comme étant les seules possibles : le nucléaire ou les pénuries. Nous ne voulons ni de la catastrophe climatique ni de la menace nucléaire. Nous pensons que nous pouvons imaginer la production et la distribution de l’énergie dans un tout autre cadre : la sortie de l’industrie énergétique par l’autonomisation et la décentralisation des moyens de production et des réseaux pour retrouver des technologies maîtrisables et réappropriables.

    Il s’agit de mettre fin au modèle de société productiviste qui nous a mené à la catastrophe en cours!

    Quelques précisions sur la Faites du nucléaire ! – Info Libertaire


    Source: Rebellyon.info
     
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