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Rire de tout et de tous?

Discussion dans 'Discussion générale' créé par ninaa, 18 Août 2017.

  1. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  2. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Je cite ici des extraits d'une autre discussion:
    pour aider les anars dans leurs argumentaires contre les marxistes.

    1) Je rigole si je veux, quand je veux, jamais et de rien ni personne si ça me chante.
    2) Si on sort des formules abstraites quasiment tout le monde peut trouver des sujets et des gens dont ils n'auraient pas idée de rire.
    Le premier exemple qui me vient à l'esprit: je n'ai jamais ri du viol ni des personnes violées.

    A propos de cet exemple:
    Un "guide pratique du parfait petit violeur" de Fluide Glacial en 1981. Sans faire (quand même!) l'apologie du viol, les dessinateurs blaguent sur le sujet (des conseils pour bien violer, au second degré, avec petits dessins marants).
    Annie Goetzinger met clairement un pavé dans la mare (j'ai pas retrouvé le dessin je vais le décrire grosso modo): on voit une femme d'une quarantaine d'années (sans doute pour tordre le cou à l'idée que seules les femmes trop jolies et sexy se font violer), le dos tourné, l'air complètement dépressif, et ce commentaire clinique: "Marie T. 39 ans, internée suite à un viol, souffre de contusions sévères, graves lésions génitales, traumatisée, amnésique".

    Il y a quelques années j'ai participé à un fanzine plutôt tourné humour potache, souvent trash et cynique mais ça ne me dérangeait pas sur le principe, au contraire (j'avais fait entre autres une BD sur un zoophile amoureux de son ver solitaire...). J'étais la seule femme de l'équipe. Pour moi une limite a été franchie quand le fanzine a publié une photo de femme bosniaque en larmes (c'était pendant la guerre au Kosovo) avec ce commentaire humoristique (qui se voulait "second degré" évidemment): "Maintenant disponible en DVD porno "Bosniaques en chaleur".

    A propos de la célèbre phrase "on peut rire de tout mais pas avec n'importe qui" ça peut vouloir dire tout et n'importe quoi justement, c'est qui ce "n'importe qui" avec qui on pourrait rire du viol par exemple? Plutôt un violeur qu'une personne violée je suppose...
    Et surtout il faut avoir à l'esprit que quand on s'exprime en public (revue, livre, émission, forum...) on ne peut pas savoir qui reçoit notre "humour". C'est donc important à mon avis de se demander comment il pourrait être ressenti par des personnes concernées.

    [​IMG]

    [​IMG]
     
    Dernière édition: 19 Août 2017
  3. pschrsrgnc
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    pschrsrgnc Guest

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    Les faits graves suscitent d'autres instincts révélateurs, sarcasmes, ironie ,une médisance suggérée... déplacée.
    Non,on ne peut pas rire de tout.Cela devient une incompréhension si l'on outrepasse constamment. On participe à la victimisation d'autrui.
    D'où, l'importance de se rasséréner lors, des échanges.Une discipline perso que l'on devrait s'imposer.Mais comment être plein de mansuétude face à certains aspects révélateurs ? Même contenu ; on monte dans les tours ne serait-ce que par son attitude.
    Monter du doigt...c'est vilain !
     
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  4. henri belhache
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    henri belhache Guest

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    Quand je dis : les anars doivent savoir rire de tout et surtout de soi même,
    C'est pour une raison d'hygiène morale.....
    Parce que j'ai toujours été scandalisé par la peine de mort et le terrorisme....
    Parce que quand on a l'esprit de sérieux, le pire devient certain!
    Et c'est moi qui dit cela, un gars très sérieux et peu rigolo....
    Alors oui, oui, oui, Péremptoirement, rigolons!
     
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  5. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  6. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Rigoler ça fait du bien mais rien ne démontre que "le pire devient certain" si on n'aime pas rigoler. Alors que les exemples abondent de racistes et fachos qui ont de l'humour, à commencer par Dieudonné.
    Plus quelques autres (Cyprien, les Inconnus...):
    ça me fait gerber: sketchs racistes

    A propos de l'humour sous le régime nazi, extrait de l'interview ci dessous:
    Ces humoristes qui faisaient Führer

    Au delà des formules toutes faites, "rire de tous" - donc "rire de tous les individus" - (sauf exceptions dont aucune ne me vient concrètement à l'esprit?), ça équivaut à se foutre de leur gueule.
    Autant se moquer des puissants, des oppresseurs, des exploiteurs, de ceux qui sont adulés par les médias et l'ensemble de la société, sans être indispensable pour venir à bout de l'exploitation et de l'oppression, peut paraître tout à fait justifiable, autant je ne vois pas ce qui justifierait de se moquer des faibles, des opprimés, des exploités, de ceux qui sont déjà humiliés, rabaissés, dévalorisés par les médias et l'ensemble de la société.
    J'ai donné plus haut l'exemple du viol et des personnes violées. Je ne comprends toujours pas en quoi ça serait de "l'hygiène morale" de rire de personnes dont les souffrances ne sont déjà pas si souvent prises au sérieux.
     
  7. henri belhache
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    henri belhache Guest

    0
    Bonjour Ninaa

    Merci pour ta réponse que je trouve excellente. Et très sérieuse et très bien documentée.
    Je n'ai absolument rien à redire ou à contredire.
    Parce que tu dis des choses vraies.

    Mais tu ne réponds toujours pas à mon angoisse sur l'esprit de sérieux..
    Parce que l'humour nazi était un humour dirigé.
    On avait le droit de rire sur certaines choses,, mais absolument pas le droit de rire sur d'autres choses.
    Donc en fait, on n'avait pas le droit de rire du tout.
    C'était un humour de commande, obligatoire.
    Exactement comme dans la Russie stalinienne, où il était de bon ton de se foutre de la gueule des bourgeois....
    Et ne pas le faire aurait exposé à de très graves ennuis.
    Mais rire de tout....Il n'en n'a jamais été question: ni chez les nazis, les staliniens, les chrétiens, etc, bref tous les fanatiques
    qui se prennent au sérieux et qui militent par tous les moyens pour imposer leurs idées monstrueuses.
    C'est d'ailleurs bien le seul point commun qui relie toutes ses aberrations de la pensée.

    Amitié
     
  8. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  9. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    tu vois que chez les anars non plus rire de tout c'est pas la norme. C'est pas une question de fanatisme selon moi mais juste de prendre position. Y a des sujets sur lesquels on ne rit pas en certaines circonstances parce que c'est contre-productif par rapport au but qu'on s'est donné. On va pas rire des juifs devant un sketch de dieudonné alors qu'en parallèle on milite contre l'antisémitisme. C'est un sujet qu'on va prendre au sérieux.
     
  10. henri belhache
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    henri belhache Guest

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    Bien d'accord avec toi
    et l'antisémitisme est l'un des discourt le plus révélateur pour reconnaître que l'on a en face de soi un vrai salopard, potentiellement dangereux.
    Mais, moi maintenant, quand j'ai en face de moi des gens qui tiennent ce type de discourt, je ne me scandalise plus comme je l'aurai fait à 20 ans. Je rigole intérieurement en me disant: pauvre type, pauvre guignol manipulé. J'ai perdu la foi militante......de ma jeunesse.
    C'est comme cela, avec l'âge, j'ai de plus en plus d'ironie contre tous les excités du cerveau...et aussi contre mes propres certitudes.
    Et cela ne veut pas dire que je sois devenu un modéré, social-réformiste. ( quoique des fois, je me demande...) Juste un doute qui va grandissant....
     
  11. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  12. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    L'alternative ce n'est pas d'avoir "l'esprit de sérieux" ou de "rire de tout" (génocides, femmes violées...). Cela dit on peut très bien vivre en ne rigolant jamais de rien ni de personne et ne pas en être moins anarchiste. Louise Michel n'est pas connue pour ses blagues sur les blondes (ni sur quoi que ce soit) et je ne lui dénierais pas pour autant l'appellation "anarchiste".

    Cet humour n'avait rien "d'obligatoire" et il ne semble pas qu'on ait trouvé aucune trace de telles "commandes" du pouvoir envers les humoristes de l'époque. Si tu lis bien l'article tu verras que beaucoup de blagues sur Hitler circulaient alors qu'il était au pouvoir et que si ce n'étaient pas des "commandes" (l'article parle seulement de "laisser faire") c'était tout à fait autorisé.
    Comme l'explique très bien Herzog c'était un bon calcul de la part du pouvoir:

    [​IMG] On constate que la répression politique de l'humour n'était pas aussi sévère qu'on pouvait le penser.
    La vérité est qu'on pouvait plaisanter. Les blagues étaient monnaie courante, les dessins satiriques, nombreux, les sketchs de chansonniers amusaient les foules. L'humour aux dépens de Hitler était très répandu, dans toute la société.
    C'était donc une forme de résistance ?
    Non, c'est le contraire. C'était une soupape de sûreté, et c'est pour ça que le régime laissait faire. Les nazis ont bien compris que tout - les frustrations, les mécontentements - passait dans l'humour. Ce n'est pas parce qu'un quidam racontait une blague qu'il était dangereux. Du coup, personne ne se privait ! L'humour n'aidait pas à résister, mais à supporter. [​IMG]
    Ces humoristes qui faisaient Führer

    En France il existe depuis longtemps une tradition de moquerie du pouvoir (les "fous du roi"...). L'humour français est très axé sur la moquerie. "L'esprit chansonnier" très en vogue dans les années 1900 se perpétue dans des émissions comme les "Guignols". Loin de desservir les hommes politiques qu'elles caricaturent ces émissions les rendent souvent sympathiques, même s'il est arrivé que certains s'en offusquent (ce qui est souvent mal perçu y compris par leurs électeurs, qui pensent que les puissants doivent "savoir rire d'eux mêmes").
    Un exemple célèbre: d'après un sondage IPSOS il semblerait qu'en 2007 les Guignols aient aidé à l'élection de Chirac en le faisant passer pour quelqu'un d'un peu ridicule mais rigolo et sympathique.
    Polémique aux Guignols de L'info du 27 mars 2007 - France Inter

    Le Canard enchaîné est une institution quasi intouchable. Pourtant sur le fond je ne les considère absolument pas comme subversifs et encore moins révolutionnaires.
     
    Dernière édition: 20 Août 2017
  13. henri belhache
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    henri belhache Guest

    0
    Bonjour,
    Les arguments que tu développes dans ton message sont fort intéressants et incitent à la réflexion.
    Ils m'ont presque convaincu. Mais Herzog le dit lui même. A partir de 1942, tolérance zéro avec les humoristes.
     
  14. Fanya
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    Fanya Membre du forum Compte fermé Membre actif

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  15. social-démocrate
    " Qui a coulé le Titanic ?
    Iceberg, encore un Juif."

    Serge Gainsbourg

    ^_^
     
  16. henri belhache
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    henri belhache Guest

    0
    Bonjour,
    Je n'ai pas compris ce que tu dis là.
    S'il te plaît, peux tu développer ?
    Amitié
     
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  17. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  18. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Cette blague de Gainsbourg se moque des antisémites qui voient des complots juifs partout (beaucoup de noms juifs se terminent par "berg").
    Inutile de dire que ridiculiser les antisémites ne me choque pas le moins du monde!

    Herzog précise les raisons de ce revirement:
    Cette intolérance était un aveu de faiblesse. Il faut se sentir puissant pour supporter critique et moqueries. D'ailleurs rien ne permet de penser que ça aurait fait une différence sur les évènements si le pouvoir avait continué à laisser s'exprimer les humoristes. Cette réaction peut tout à fait ressortir de sensibilité individuelles, comme c'est le cas ici et maintenant face aux satiristes: certains politiciens laissent pisser et d'autres veulent porter plainte.

    Liberté d'expression en France: le cas particulier de l'humour:

    De « Charlie » à Dieudonné, jusqu'où va la liberté d'expression ?
     
    Dernière édition: 21 Août 2017
  19. pschrsrgnc
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    pschrsrgnc Guest

    0
    Tout n'est pas humour,
    Forme d'esprit qui consiste à dégager les aspects les aspects plaisants et insolite de la réalité avec,un certain détachement
    Le rire en résulte !
    Jaune,on devient verts,vire au rouge et l'on dit qu'il est noir cet humour !
    L'incompréhension, toute relative, dépend du positionnement idéologique que l'on s'octroie. (Comme les mots et leurs sens :)!Péjoratifs & stigmatisant.
    C'est thérapeutique la fonction zygomatique !L'auto dérision aussi!
    Se prendre trop au sérieux deviendrai personnellement liberticide au vu et entendu de certains étalements ?
    L'un dans l'autre,on est pas toujours compris .Évidemment les exemples émanant du star système sont florilège, eux sont 'targeted',nous moins...ouf!


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  20. henri belhache
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    henri belhache Guest

    0
    Bonjour,
    Bien que je trouve la thèse d'Herzog sur l'humour dans l’Allemagne nazie fort intéressante et instructive,
    il ne faudrait pas trop vite extrapoler, que l’humour, avec un grand H, absolument libre du pouvoir en place
    avait droit de cité, dans l'Allemagne nazie. Bien au contraire. Avec un pouvoir politique fondé sur la répression systématique et féroce
    de toute opposition , dès l’ascension de Hitler en 1933, Il n'y a pas besoin de commander ou de légiférer explicitement sur
    les formes d'humour autorisées ou pas...Elles s'imposent d'elle même, preuve d'ailleurs de la puissance de ce pouvoir terroriste,
    comme le dit si bien Ninaa. Mais l'humour de commande existe bel et bien, intériorisé dans la tête de la plupart des allemands,
    qui sentaient confusément les limites à ne pas dépasser dans l'expression publique de leur moqueries envers le régime.
    Bien que je ne sois pas un grand connaisseur de l’Allemagne nazie, je ne crois pas qu'il existais ou aurait pu exister
    un journal satirique tirant à boulets rouges sur le régime, à partir de 1933.
    De même, un particulier qui se serait ouvertement moqué de Hitler, en proclament pour rigoler,qu'il avait une ascendance juive,
    je suis bien sûr, qu'on lui aurait payé un allez simple vers un camps de concentration ou un hôpital psychiatrique.
    C'est du moins mon opinion. Alors, je n'ai pas de preuves pour conforter ma thèse. (Je ne suis pas un historien professionnel).
    Mais comment en aurait-il pu être autrement????? Si on admet qu'un des axes de la politique hitlérienne
    a toujours été de terroriser toute opposition politique. Et donc aussi les personnes à l'humour dévastateur et ravageur pour
    les objectifs suivis par le régime., s'ils s'exprimaient en public.
    Alors on pourra ergoter que les gens étaient poursuivis, non pour leur humour dévastateur mais pour leur opposition politique.
    Moi je répondrai: illusion idéaliste et conceptualisation abusive du mot opposition politique.
    Car l'humour ravageur contre un régime est déjà une forme d’opposition politique à ce régime.

    Alors, attention, la thèse d'Herzog a aussi des limites.

    L'humour, bon enfant, n'a jamais posé de problèmes dans aucune dictature, ni "démocratie" d'ailleurs.
    Il faut bien que le bon peuple s'amuse. ( de temps en temps), pour que la pilule passe.
    Par contre l'humour vraiment subversif pose un énorme problème du contrôle, à terme, des populations,
    que les gouvernements se doivent d'amener de gré ou de force, vers des lendemains qui chantent.....

    Amitié
     
  21. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  22. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Comment savoir s'il existait des "humours de commande intériorisés"? On n'est pas dans la tête des gens...
    Justement le documentaire d'Herzog démontre qu'il a fallu attendre 1942 et le début de la défaite pour censurer les critiques satiriques du pouvoir.
    Evidemment il devait y avoir certaines limites, parler des ascendances juives d'Hitler aurait probablement valu des ennuis. Mais ça n'a rien à voir avec l'humour: un journaliste qui en aurait parlé sérieusement n'aurait pas eu moins d'ennuis.

    En tout cas il n'est toujours pas démontré que l'humour ait un quelconque pouvoir subversif. Le fait que ça contrarie certains puissants (voir l'affaire "pov con" de Sarkozy) ne signifie pas que ça mettrait le système en danger, seulement qu'ils sont susceptibles à titre personnel.

    D'ailleurs l'humour visant des individus, fussent-ils au pouvoir, induit une confusion politique: ce que visent les anarchistes révolutionnaires c'est le pouvoir en lui même, l'Etat, le capitalisme. On s'en fout que tel président soit ridicule. Je ne pense pas par exemple que l'affaire "pov con" ait eu un gros retentissement sur l'électorat de droite. Et même si ça avait été le cas quelles auraient été les conséquences? Les gens auraient voté pour un de ses concurrents? La droite aurait du proposer un autre candidat?

    "Faut rire de tous", déjà je pense avoir expliqué en quoi je n'étais pas d'accord: pourquoi rire des opprimés?. Mais même concernant les oppresseurs il faudrait préciser de quoi on est censés devoir rire. Par exemple je trouve lamentable de se moquer du physique des hommes et femmes politiques.
     
  23. kuhing
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    kuhing Membre du forum Compte fermé Membre actif

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    Juin 2017
    Une petite reflexion de Simone de Beauvoir à ce sujet.
    Je l'ai toujours trouvée très pertinente.

    In "Pour une morale de l'ambiguïté"

    Ça doit être valable pour les femmes aussi.
     
  24. henri belhache
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    henri belhache Guest

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    pour exprimer une révolte

    Pourquoi opposes tu systématiquement humour et vraie opposition politique sérieuse? Pour le coup, ton exemple va plutôt dans mon sens.
    Un journaliste sérieux aurait eu les mêmes problèmes qu'un particulier sarcastique. C'est 2 manières différentes d'exprimer la même opposition. Et je ne vois pas en quoi, en droit, le sérieux serait plus efficace que le rigolo pour exprimer sa révolte ou sa colère. Et la faire
    comprendre à autrui. Moi, je pense souvent que c'est le contraire qui est vrai. Tout dépend du contexte, en fait.....

    Pense un peu aux libelles, chansons, quolibets, et journaux sarcastiques parisiens florissant dans le Paris pré-révolutionnaire d'avant 1789. Ils n'étaient vraiment pas tendres et souvent très orduriers contre la famille royale. A mon avis, cela a du jouer dans le déclenchement d'émeutes à Paris.....
    Amitié
     
  25. henri belhache
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    henri belhache Guest

    0
    Bonjour,
    On n'est pas dans la tête des gens mais on le sait ou bien on croit le savoir.
    Moi qui vit en communauté depuis si longtemps, en réunions perpétuelles,
    je sais très bien le type de blagues que je peux pondre en réunion, sans risques,
    et celles pour lesquelles, j'ai de grandes chances de me faire allumer.....
    C'est exactement cela l'humour de commande intériorisé.( par moi aussi).
    Et je sais que toi aussi tu le sais, vu que tu as une vie sociale très développée me semble t il.

    Amitié
     
  26. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  27. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Oui je vois ce que tu veux dire vu que j'ai été longtemps pigiste (journaliste free lance) je sais qu'il existe une censure "en amont", une autocensure des journalistes et surtout des rédac chefs, qui redoutent surtout les procès (raison pour laquelle j'ai pris l'habitude de demander des sources en cas de dénonciations d'individus). Dans les fanzines pas d'autocensure mais on a déjà eu affaire à la censure d'état.
    Cela dit il faut relativiser: la répression ne signifie pas forcément qu'on fait "trembler le pouvoir". C'est qu'il en faut quand même pas mal pour "faire trembler le pouvoir"!

    Tu as raison, on peut sans doute faire passer des idées par l'humour: d'ailleurs j'ai toujours pensé que tous les moyens de faire passer des idées étaient bons à prendre, débats, occupations, manifs, collages d'affiches et d'autocollants, musiques engagées, articles, émissions, films, sketchs et spectacles (humoristiques ou non) et... discussions sur les forums.

    En revanche je pense qu'aucune de ces méthodes, si elles sont toutes intéressantes, ne devrait être "obligatoire". Je rappelle que j'ai créé ce topic en réponse à ces phrases en particulier:

    Donc je continue à penser que l'humour, si c'est un moyen comme un autre de faire passer des idées, n'est pas non plus une obligation. On peut ne jamais rire de rien et être quand même anarchiste. Et il y a sûrement des marxistes (et même des fachos) qui sont de fort joyeux lurons.

    A titre purement personnel j'ai participé à une émission de cul et d'humour sur Radio libertaire (avec Gudule, de Fluide glacial) avant de m'intéresser à la politique. Je faisais des BD trash et plutôt humoristiques. J'ai pas arrêté de rigoler mais depuis que j'ai pris conscience du monde qui m'entoure, les injustices et les horreurs m'inspirent rarement l'hilarité. Peut-être si je refaisais une émission juste sur le cul?

    Sur le blog de Gudule (récemment décédée):
    grands moments de solitude 73 (tome 2) - Le blog de Gudule
     
  28. henri belhache
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    henri belhache Guest

    0
    Bonjour,
    Alors, excuse moi, si je me suis mal exprimé. ( pour moi, l'écriture est une chose laborieuse et pas évidente!)
    Quand j'écris " qu'un anar doit savoir rire de tout et de tous" , Je ne pensais pas en termes d'obligation mais d'idéal moral personnel, jamais atteins d'ailleurs.
    Bien sûr, comment arriver à rire de la souffrance des autres, de ses proches, de ses enfants ?
    C'est très très difficile et pour le coup, si j'y arrivais vraiment, alors je me considérais vite comme un monstre inhumain..
    Et pourtant, l'humour peut être un anti-poison très efficace contre le désespoir qui nous accable suite à la mort d'un de nos proches par exemple.
    Le rituel de la réunion de famille pour banqueter suite aux funérailles d'un proche en est un bon exemple....
    On mange, on boit, (souvent on s'enivre), on chante parfois, on rigole de tout et de rien, on évoque le passé du disparu, et puis aussi, il arrive qu'on se foute de la gueule du regretté défunt, en se moquant des défauts et vices qu'il eut ici-bas......Et souvent même, la boisson aidant, on passe du rire aux larmes en un instant, à l'évocation du cher disparu.....Le sérieux et la moquerie inextricablement mêlé dans un même discours d'hommage au mort.

    Alors, après la réunion, on se sens un peu mieux.....