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L'autogouvernance pourrait-elle être un argument anarchiste ?

Discussion dans 'Politique et débats de société' créé par Barbe_Noire ou l'un de ses multi-comptes, 3 Avril 2017.

  1. Barbe_Noire ou l'un de ses multi-comptes
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    Barbe_Noire ou l'un de ses multi-comptes Pirate & corsaire Expulsé par vote

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    Tiens, je retombe sur cet article lu il y a déjà quelques semaines.

    La video est intéressante bien que l'animateur ne se base essentielement que sur le seul exemple de Buurtzorg.
     
  2. kyrtezie
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    kyrtezie Membre du forum

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    Mar 2017
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    J'ai l'impression que c'est une appropriation de l'auto-gestion pour la vider de son sens. Il s'agit d'une autonomie très limitée. L'auto-gouvernance a pour projet de sauvegarder la structure capitaliste.
     
  3. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  4. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    L'autogestion n'empêche pas le capitalisme non plus.

    Les entreprises libérées nos profs nous ont dit que c'était du blabla pour pas grand chose.
    Pour moi le pb du pouvoir en entreprise ne peut pas se régler sans régler le pb du capital. Même si ce sont les salariés qui décident en consensus des directions à prendre, ça n'empêche pas que pour que l'entreprise dure elle doit faire du fric. Ni que pour faire du fric elle doit investir afin de produire suffisamment vite et à faible coût pour rester concurrentielle. Dans un monde capitaliste la différence entre autogestion et gestion autocratique c'est surtout qui va gérer la façon dont on fait du profit. Mais ça change pas que la règle c'est : faire du profit.

    En plus on nous a expliqué que dans le "management participatif" ou tous ces genres de management produisent souvent pas mal de stress sur les salariés. Plutôt que de leur confier des tâches avec une procédure pour les mener à bien où ils ont juste à suivre la procédure, on les livre à eux-mêmes : on te donne des objectifs et c'est à toi de décider des moyens que tu emploies. Sauf que bon faut comprendre les objectifs, toutes les difficultés que tu rencontres entre les moyens que tu veux utiliser et ceux que tu peux utiliser c'est à toi de les résoudre, etc...
    En plus le fait de choisir comment on rempli des objectifs ça ne donne pas plus de sens au travail si ces objectifs te conviennent pas. Et comme généralement ce sont des objectifs chiffrés tu retombes dans le productivisme.
    Les cadres se font arnaqués comme ça, du coup pour remplir des objectifs qui vont sans cesse grandissant ils doivent faire des heures supplémentaires à foison. Sauf qu'ils ne peuvent pas le reprocher à leur patron vu que c'est eux qui choisissent cette façon de procéder soi-disant.

    D'autant plus que ça renforce l'individualisme à fond. T'as ton projet, ton budget, tes objectifs, les autres ont les leurs, si tu veux plus de budget faut montrer que ton projet est plus intéressant que celui des autres, etc...

    Donc je suis plutôt sceptique.
     
  5. Barbe_Noire ou l'un de ses multi-comptes
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    Barbe_Noire ou l'un de ses multi-comptes Pirate & corsaire Expulsé par vote

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    Août 2016
    ... c'est une façon de faire, très capitalistique et court-termiste, mais hors sujet. As-tu regardé la vidéo ?

    Là encore, c'est un point de vue, un exemple parmi des dizaines d'autres possibles mais, je le regrette ici alors que cette tendance (par tel ou telle à répondre hors sujet) me semble assez récurrente.

    Dommage.
     
  6. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  7. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Non j'ai juste lu l'article, elle dure 1h45 c'est trop...
    Et c'est pas "une façon de faire", les orientations d'une entreprise ne sont pas des choix faits librement en-dehors de toute influence, ce sont des adaptations à l'environnement dans lequel elles évoluent. Une entreprise pour durer doit faire du profit, c'est pas un choix ça.
    Après je veux bien que lors d'une période prospère les acteurs d'une entreprise aient une plus grande marge de manoeuvre et puisse s'octroyer de meilleures conditions de travail. Toujours est-il que c'est subordonné au profit de l'entreprise.

    Ce n'est pas "un point de vue", c'est une thèse qui fait relativement l'unanimité parmi les sociologues qui étudient les méthodes de management. C'est pas idéologique comme position, ça s'appuie sur des faits empiriques : stress et souffrance au travail (mesuré par l'absentéisme, les retards, le turn-over, les "burn-out", les "RPS"...), entretiens avec des salariés de ces entreprises, analyse de l'organisation du travail, observation de comment ça se passe au quotidien...
    Si ça n'avait été que mon avis encore je veux bien que ce soit "un point de vue", mais celui-ci est partagé par des sociologues qui ne sont pas proche de moi idéologiquement.

    Le mec dont il est question dans l'article est un consultant, faut pas l'oublier, c'est pas un chercheur. Il fait du biz en vendant des bonnes façons de manager à des entreprises. S'il veut que son commerce marche il a plutôt intérêt à ce que ses conseils n'entrainent pas de perte pour les entreprises qu'il a comme clientes.

    Maintenant je vois pas où est le HS, tu demandes si l'autogouvernance peut être un "argument anarchiste", ben je pense que je réponds. D'après moi ça n'a rien à voir avec l'anarchisme ni de près ni de loin, c'est une méthode de management qui concerne avant tout ceux qui sont intéressés par l'organisation des entreprises capitalistes. Déjà pour moi l'anarchisme est nécessairement anticapitaliste. Ensuite abolir les hiérarchies ou les assouplir au sein d'une seule organisation c'est une vision gestionnaire / corporatiste et pas socialiste. L'anarchisme s'intéresse aux rapports de pouvoir dans l'ensemble de la société, pas juste au sein d'une entreprise.
    L'assujettissement de la production à la recherche de profit et donc l'aliénation des travailleurs n'est absolument pas remise en cause. La compétition entre entreprises n'est pas non plus remise en cause, or la compétition c'est bien un ensemble de rapports de pouvoir. Soit une entreprise se fait dicter la marche à suivre, les technologies à utiliser pour produire suffisamment vite et d'une qualité suffisante pour que ses produits soient choisis contre ceux d'une autre, soit l'entreprise dicte la marche à suivre si elle est dans une bonne phase. Ces rapports ne sont pas contestés mais encouragés dans l'article. Un des arguments c'est d'ailleurs la réussite économique des entreprises ayant adopté l'autogouvernance. C'est normal, si y avait pas cet argument les entreprises adopteraient jamais ça, alors même si la réussite économique a rien à voir avec l'autogouvernance faut dire que si.
     
  8. Barbe_Noire ou l'un de ses multi-comptes
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    Barbe_Noire ou l'un de ses multi-comptes Pirate & corsaire Expulsé par vote

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    Août 2016
    Je me faisais l'autre jour, sans rire, la réflexion que, si j'avais une seconde vie, je ferais bien "socio" moi.

    Mais je suis aujourd'hui limité à faire avec mon inculture et mon peu de goût pour ce qui m'apparait être les (trop) longs débats stériles. Plein de tares, de manques donc, qui me rendent les échanges parfois difficiles mais j'essaie de vous comprendre, de devenir explicite. Bast ...

    Pour te répondre, dans le cas présent, l'entreprise (ses dirigeants) peuvent tout à fait choisir telle ou telle stratégie, en toute connaissance de cause ou non.

    De mémoire (j'avais suivi la vidéo il y a déjà plusieurs semaines), le dirigeant a réorganisé le fonctionnement de sa société dans une perspective tout à fait novatrice par rapport à ce qui se faisait jusqu'alors.
    Si, "classiquement", l'entreprise (en temps qu'entité) doit, pour survivre, s'adapter et se développer dans un environnement donné (Darwin sort de ce conseil d'administration !), la financiarisation de l'économie (la rentabilité à très court terme si tu préfères) a fait qu'il faille effectivement être "immédiatement" rentable.

    C'est ainsi que la pérénité du tissu industriel (R&D, investissements matériels) a été sacrifié aux dividendes "dus" aux fonds de pension et autres requins. Passons.

    Les décisions qui ont amené à une refonte globale du fonctionnement de cette "société" d'infirmier(e)s (je ne me souviens plus de son statut juridique) sont basées sur le constat qu'à terme la qualité des soins, la qualité de service, bien qu'elle eut un surcoût réel à court terme (plus de temps passé auprès de chaque patient, plus de personnel nécessaire), permettait de substantielles économies sur le moyen et long terme (prévention, moindre coût en matière de soins, d'hospitalisation, motivation et donc rentabilité accrue du personnel impliqué dans un véritable projet de société etc etc ...).

    Donc, si l'on conserve mon image, l'entité entreprise (comme le flic héros d'un autre fil de discussion et tout à fait capable de faire des choix personnels) aurait pu faire le choix "raisonnable" d'une rentabilité immédiate alors que son dirigeant a préféré se projeter dans une vision plus globale. Cynisme plus qu'humanisme ? Sans doute car l'entreprise doit vivre et se reproduire et a parfaitement réussi à se développer au point de devenir leader de son marché.

    Stratège plus que tacticien, le dirigeant a donc bien fait un choix malgré (tout en tenant évidemment compte de) l'environnement (concurrentiel, législatif etc) de l'entité-entreprise.


    C'est, chronologiquement parlant, l'exact inverse qui s'est produit !

    Par l'amélioration de la qualité du service (écoute, temps de présence auprès des patients) le personnel infirmier n'avait pas comme objectif d'améliorer à court terme ses propres conditions de travail mais savait (intuitivement et du fait de son expérience professionnelle, de son empathie) combien le travail bâclé était néfaste.

    Le chef d'entreprise et le personnel "de base", en "imaginant" ce qu'une meilleure prise en charge qualitative de la patientelle pourrait avoir de bénéfique à long terme, ont revu le fonctionnement de la structure, l'organisation du travail ... ce qui a eu pour conséquence l'amélioration des conditions de travail des salariés (alors, rappellons-le, qu'ils visaient - point de vue salarial - l'amélioration de la prise en charge des patients voire - point de vue patronal - l'augmentation de facto de la rentabilité de l'entreprise).


    Qu'est-ce qu'une thèse si ce n'est un point de vue, à un moment donné et en fonction des connaissances acquises à ce moment ?

    Tu es dans la théorie (sociologique du management), je connais un peu la pratique ...


    Je crois que tu fais erreur mais, entre nous, ça me saoûle et j'ai la flemme de chercher.


    OK
     
  9. Marc poïk
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    Marc poïk Sous l'arbre en feuille la vie est plus jolie Membre actif

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    Ce documentaire est tout au plus de l'anarchisme capitalisme ( libertarien ). Ou comment manipuler encore un peu mieux les masses pour que le capital engrange d'énorme bénéfice.
    Ce côté "anarchiste" qui reprend de nos idées pour en faire de l'exploitation capitaliste m’écœure grandement. C'est la société des parvenus. Décidément je vais vraiment devoir faire un écrit sur le refus de parvenir car ça n'est plus dans la tête d'un grand nombre.
     
  10. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  11. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    La financiarisation de l'économie c'était pas un choix des patrons, c'est justement le contexte auquel les patrons et leurs entreprises ont dû s'adapter. Je ne vois donc pas comment le choix aurait pu être fait de "l'humanisme".

    Ben ouais, du coup c'est bien ce que je dis, c'est sous réserve de rentabilité que ces changements "humanistes" ont été apportés.

    Peu importe que l'objectif initial ait été l'amélioration des conditions de travail ou celle des soins, ce que je voulais dire c'est que l'amélioration des conditions de travail (et des soins) n'est possible que parce que du fric rentre.
    Si jamais la tendance s'inverse la direction ou même les salariés seront dans l'obligation de revoir leurs méthodes de travail pour que leur structure perdure. Où alors changer de statut afin, par exemple, d'obtenir des aides de l'état.

    Ouais, supposons, alors comment tu veux que je te donne autre chose qu'un point de vue ?

    Je connais aussi vite fait la pratique, je vois comment les responsables et le président gèrent là où je travaille et j'ai suivi une formation RH à mon grand dam. Si je ne vais pas plus avant dans la pratique du management c'est par dégoût. Toujours est-il que la gestion c'est rien de sorcier, c'est comment déterminer des objectifs et comment y arriver (ce qui signifie : comment faire travailler ceux qui doivent remplir ces objectifs actuellement). La pratique du management c'est ce qu'on fait tous les jours quand on réfléchit avant d'agir sauf que là ceux qui réfléchissent ne sont pas ceux qui agissent. En tout cas c'est mon "point de vue".

    Maintenant avant la "financiarisation de l'économie" le monde n'était pas rose non plus. Ce genre d'initiatives n'a de l'avenir que dans le cas où on retourne sur un marché national à mes yeux. L'importance qu'a prise la finance c'est une conséquence de la mondialisation. Je veux bien que si on revient sur un marché national on limite l'ingérence des fonds de pension, des banques et tout ça, au profit de l'état (qui n'est pas forcément moins attiré par le profit à court terme d'ailleurs). Mais j'y crois pas. Avant on avait des colonies qui permettaient à l'état de gagner des thunes en exploitant d'autres pays et de réinvestir ces thunes en métropole pour y avoir des services publics avec moins d'exigences de rentabilité.
    Mais dans une économie mondialisée je vois pas d'avenir pour ce genre d'initiatives. Pour une qui a réussie (pour combien de temps ?) combien ont échouée ?
    Je veux pas faire le spécialiste mais d'après moi l'argent c'est le nerf de la guerre et une entreprise qui n'est pas suffisamment rentable elle se fait évincer du marché. Si l'autogouvernance est adoptée c'est que c'est rentable, pas que ça permet un meilleur traitement des maladies. C'est pas une question de cynisme, c'est une question que si t'es pas rentable, les autres entreprises offriront de meilleures prestations, une meilleure com', bref, elles s'accapareront les clients et ton entreprise "humaine" ne fera plus de thunes au point où elle pourra même plus recouvrir ses frais.
    Si faire des soins de qualité et avoir de bonnes conditions de travail est plus rentable comme tu dis, comme le dit le consultant et comme le disent pas mal d'économistes "de gauche", tant mieux, mais je vois pas pourquoi alors c'est pas généralisé.
    Mais qui sait ce que nous réserve l'avenir.

    En tout cas quand nos profs utilisaient le terme "entreprise libérée" ils nous ont bien fait comprendre que c'était une arnaque. Et pourtant ce sont certainement pas des marxistes.
     
  12. Barbe_Noire ou l'un de ses multi-comptes
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    Barbe_Noire ou l'un de ses multi-comptes Pirate & corsaire Expulsé par vote

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    Ce que je voulais dire par là c'est que je me méfie a-priori de tout ce qui est thèse, de toute théorie en opposition avec la pratique. Je déteste les dogmes.

    J'ai bien aimé ceci


    Comprenons-nous bien, je ne prône pas tel ou tel modèle de gestion mais voulais partager cette expérience avec vous (je trouve toujours intéressant de s'informer) et recueillir vos points de vue.
     
  13. Oni21
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    Désolé j'avais pas vu ta discussion, et j'en ai créé une parallèle sur le même sujet. Ça m'apprendra car j'en prends pour mon grade.

    Sinon, si l'on écarte toute la dimension capitaliste de la proposition des organisations Opales (profit, patron, etc.), je trouves intéressant l'analyse de l'évolution de l'organisation d'un point de vue historique. De plus, pour ceux qui auront pris le temps de voir ou lire la proposition, on voit qu'une entreprise (et oui elles peuvent être non capitaliste, je ne suis pas primitiviste) peut s'organiser à grande échelle sans contrôle des travailleurs. Faire confiance, prendre des avis, partager des temps sur son lieu de travail qui n'ont rien à voir avec celui-ci nous permet d'être épanoui et n'empêche pas l'entreprise de produire. De plus dans les cas cités, on voit qu'il y a une extrême souplesse et adaptation au contexte évolutif.

    J'essaye de faire changer mon service, mais dur, dur. Soit mes supérieurs me prennent pour un utopiste, soit mes collègues sont inquiets de comment cela va se passer entre eux et cherche (au moins pour certains) à préserver leur près carré. Moi j'adore l'idée qu'il n'y ait plus de fiche de poste et que l'on puisse s'ajuster les uns les autres sans contraintes.

    Anarchie13, l'organisation Opale n'est pas une entreprise libérée qui répond à une autre définition, à mon sens. Les objectifs dans une organisation Opale non capitaliste peuvent tout à fait s'envisager en étant fixé par les travailleurs. Je crois d'ailleurs qu'il y a des exemples.
     
  14. Anarchie 13
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  15. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Une entreprise non-capitaliste c'est pas possible puisque le capitalisme repose sur la propriété privée des moyens de production. Une entreprise c'est bien une organisation privée dont le but est de produire, même si ce sont les salariés qui la possède, elle n'est pas propriété collective. Ou alors quelque chose m'échappe.

    edit : pour moi si le mode de production n'est pas capitaliste ça veut dire que les travailleurs produisent pour répondre aux besoins de la collectivité c'est-à-dire y compris de ceux qui ne travaillent pas dans l'entreprise. ça, ça implique qu'il ne produisent pas selon leur bon vouloir tant que ces besoins ne sont pas comblés. Pour que ça se fasse il faut qu'on ne puisse plus vendre ce qui est produit (ou l'échanger ce qui est exactement la même chose), c'est-à-dire la fin du système marchand. voilà ce que serait, pour moi, une entreprise non-capitaliste.
     
  16. Oni21
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    Entièrement d'accord avec toi anarchie 13. Mais comment appelles tu ta structure de production qui répond aux besoins exprimés ? Moi je l'appelle entreprise, car ce concept n'est pas lié à la propriété privée ou à la consommation. Mais peut-être que je me trompes sur la définition.
     
  17. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  18. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    ben ouais le terme "entreprise" ne me parait plus approprié car il n'y a pas de capital privé. Autrement dit tu ne peux pas dire "telle machine, tel terrain, tel travailleur appartiennent à tel personne (morale) = entreprise". Un travailleur qui va dans une usine produisant des pièces pour les moteurs peut le lendemain aller cuisiner dans un réfectoire. Le réfectoire de la-dite usine d'ailleurs peut alors être un lieu où se retrouvent des gens qui travaillent partout voir ne travaillent pas. Bref je sais pas si tu vois ce que je veux dire, mais le fait qu'une entreprise soit propriété privée actuellement ça marque des frontières bien concrètes. Tout le monde n'a pas le droit de manger dans le réfectoire de ton entreprise aujourd'hui, d'utiliser les outils qui s'y trouvent (les ordis par ex) et encore moins de les emmener ailleurs ou de les utiliser à d'autres fins que l'éducation de jeunes (dans ton cas). Alors que si c'est propriété collective, tout ça devient possible et même banal (à mon avis). Et tu peux pas vraiment tracer de frontière entre une entreprise et une autre.
     
  19. Oni21
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    En regardant sur le web les définitions de l'entreprise proposé, il est souvent fait mention d'une direction, de système marchand, etc.

    Je te propose l'acronyme UOP : Unité Organisationnelle de Production.

    Par contre si je rejoins l'idée que les UOP doivent répondre à un besoin et ne pas produire pour produire, je suis souvent sans arguments sur les moyens à mettre en oeuvre sur la répartition qui doit-être faite. Car il est plus que probable qu'au moins dans un premier temps il n'y ait pas assez pour tout le monde, donc qui aura l'usage en premier, comment décidons-nous ? Mais cela est un autre sujet et mérite une discussion à part.

    Je regardais ce matin une vidéo intéressante sur la tension individualisme - communauté entre les visions de Proudhon et de Marx:



    Et il y a un vrai sujet sur la question de l'auto-gouvernance. Comment nous organisassions-nous pour avoir un cadre collectif partagé et une liberté et une autonomie individuel. Je suis très réservé sur les idées communistes qui pour moi écrase l'individu. L'égalitarisme cache pour moi un totalitarisme.
     
  20. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  21. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Pourquoi ? On est en surproduction actuellement si je n'm'abuse et beaucoup de façons de produire ne sont pas appliqués à cause de leur manque de rentabilité ou manque de volonté politique.

    Le communisme c'est ce que j'ai dit : la production n'a de raison d'être que parce qu'il y a des besoins à épancher. Contrairement à aujourd'hui où la raison d'être de la production est le profit (d'où des situations aberrantes de gaspillages, de surproduction, de désastre écologique, de répartition inégalitaire des ressources, ceux qui ont le plus de besoins travaillent plus et obtiennent drastiquement moins que les connards de rentiers qui les emploient...).
    Je n'ai lu nulle part où Marx avait parler de planification. J'ai même lu de la plume de quelqu'un qu'on ne peut certainement pas accuser de marxisme (Raymon Boudon) qu'il n'en avait jamais parler. La planification telle qu'elle a eu lieu en URSS n'est pas communiste (si c'est bien ça que tu entends par "égalitarisme").
    Après je pense aussi que nos façons de voir les choses sur ce sujet dépend pour beaucoup de notre classe sociale. La petite-bourgeoisie est plus intéressée (politiquement) par sa liberté individuelle, l'idée de "création", d'"innovation", de libre-entreprise (dit en des termes actuels), de démarcations. Et ce pour des raisons matérielles : la petite-bourgeoisie n'est pas une classe sociale, ce sont des prolétaires qui ont bénéficié d'un contexte historique particulier pour s'élever. Aujourd'hui, par rapport aux prolétaires sans statut (les non-cadres, les non-fonctionnaires...) la petite-bourgeoisie a des privilèges (et pas les mêmes selon la PCS) d'où son envie de les préserver en se "démarquant" du prolétaire. D'où la promotion de la méritocratie, du carriérisme, de la libre-entreprise comme valeurs.
    C'est une lecture discutable mais pour ma part elle me semble se vérifier dans mon environnement, dans les revendications portées par les petits-bourgeois, etc...
    Par conséquent je mets ces préoccupations de côté. Elles ne visent pas l'émancipation des humains du salariat mais le maintien de différenciations (qui trouvent d'ailleurs leur origine dans une répartition inégales des fruits du travail du prolétariat dans son ensemble).
     
  22. Oni21
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    Entièrement d'accord sur la surproduction actuelle et ses dérives. Mais reconnaît que si l'on envisage un changement de paradigme de production, on va devoir produire d'autres biens et autrement. Exemple les meubles, ils devront être conçu durable et recyclable pour moi. Or actuellement en dehors d'un menuisier (qui est hors de prix) et de tes petites mains (ce qu'on ne peut demander à tout le monde), ça s'avère vite impossible. Les entreprises actuelles cherchant le profit produisent de la merde à bas coût donc ne sont pas utilisable en l'état.

    D'autre part, la société humaine créera de nouveaux besoins, des évolutions qui nécessiteront aux UOP de se réorganiser, s'adapter à la demande. Il me semble irréaliste que ses capacités soient absolus à ce point. Et donc pour moi, on en revient aux décisions de répartition qui ne sont pas résolus...et sur lesquels je sèche. Car à partir du moment où l'on priorise selon des critères, les risques de voir réapparaître des dominants est énorme.

    J'entends ton propos sur les "petits bourgeois" dont pour toi je dois faire partie. Je précise mon propos précédent, nous n'avons pas tous les mêmes besoins, aspirations, caractères, identités, etc. Nous n'avons donc pas nécessité à avoir les mêmes choses. Et je te rejoins sur le fait que Marx n'est pas parlé de planification et que ce système lié à l'URSS à démontré son inefficacité. Par contre, je me méfie des dérives de l'égalitarisme. Je ne veux pas être comme mon voisin qui lui-même ne veut pas être comme moi. La dictature de la communauté reste une dictature. Et c'est cette tension qu'il faut résoudre entre notre individualité et liberté, et la nécessité d'évoluer dans un cadre de règle préservant une solidarité entre les membres et une sécurité.