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Faut il tout reconstruire ?

Discussion dans 'Politique et débats de société' créé par KickTick, 26 Février 2014.

  1. KickTick
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    KickTick Membre du forum

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  2. extrême-gauche, révolutionnaire
    Yop.

    J'espère que tous les actifs du forum vont pouvoir participer à ce débat, ou se forceront à ne pas avoir la flemme de répondre, et partagerons ce qu'ils peuvent partager.

    Je suis en train de chercher des gens autour de moi.

    Et franchement c'est moche à voir.

    Au niveau des organisations, le mouvement anarchiste est sclérosé. Quand je vois AL ou la FA, ils sont citoyennistes, souvent incapables de se remettre en question, porteur d'un anarchisme quasi raciste dans les faits. Les orgas comme l'ait sont groupusculaires. Ou dogmatiques, comme la cga. C'est presque des sectes.

    Pour ce qui est des organisations "intéressantes" (je pense à la cnt-f, l'ocl), elles n'ont aucun relai médiatique, aucune cohérence idéologique, pas de bases stables, pas de base "militante" (même si je déteste ce mot) dynamique, souvent des gens qui font rentrer à peine assez de sang neuf pour que l'orga continue à exister.

    En gros, j'ai l'impression que l'anarchisme est dans une phase de "survie", voir même d'effacement.

    On (les libertaires en général) à tout perdu, toutes les guerres, les guerres matérielles, les guerres idéologies. Le communisme est assimillé à l'URSS. L'antifascisme à perdu sa bataille, il tente de survivre tant bien que mal et avec lui l'organisation horizontale. La montée du fascisme ne suffit pas, l'antifascisme est en train de crever et ce qu'il reste de l'autonomie politique avec lui. Coté spectacle, coté idéologie, c'est perdu. On ne peut pas expliquer à toute la population, que non, les antifas ne sont pas des sionnistes à la solde du ps, des casseurs protégés, des flics en civil censés "décrédibiliser" le mouvement, etc. On à perdu la bataille historique : qui connait l'histoire de la révolution sociale espagnole, de l'insurection Ukrainienne, de la commune de Paris, des occupations de mai 68, de la révolution des oeillets, etc ?

    En 1900, l'anarchisme n'était pas un idéal, mais un projet politique, qui n'était pas une idée "utopique", mais simplement ce que chacun devais réaliser, et qui allait de toute façon se réaliser. Par la révolution, par la "conscientisation", etc. Aujourd'hui, c'est juste un rêve d'ado qu'on te somme d'abandonner au nom du réalisme. La encore la bataille est perdue.

    Les courants intéressants, le débat d'idée, ne se pose pas sur du concret mais sur de la théorie, elle même basée sur de la théorie... En gros, c'est très loin du public.

    Au niveau des alternatives "concrètes". Y'a quoi ? Les squats semblent être des citadelles assiégés, qui ne pourront pas tenir, qui vivent avec un épée de damoclès au dessus de la tête. Les seuls endroit "stables" sont sans doutes les tanneries de dijon, la zad de nddl, et surement le transfo de Paris... C'est maigre.

    Pourtant le situation devrait être un terreau fertile à l'utopie. Au quotidien, on sens que la situation est intenable, que tout le monde craque, que le moral est au plus bas, matériellement c'est de plus en plus catastrophique pour un paquet de gens (enfin je me rend pas trop compte, chez moi c'est depuis que je suis petit que pas mal de gosses de mon école bouffaient pas le midi par soucis financiers). 6 millions de chômeurs, 6 millions de personnes qui ont le temps de réflechire, de se cultiver, d'agir.

    Pourtant y'a rien qui émerge. Les derniers best sellers anar sont des romans ou le seul espoir viens d'une catastrophe qui obligerait les gens à être solidaire (coucou Julien Coupat).

    En gros j'ai l'impression que c'est la grosse, grosse merde.

    Mais en même temps, y'a rien, y'a du vide. Y'aurait moyen de repartire vraiment de 0, de reconstruire les théories en les liant avec les pratiques. De recréer des nouvelles orgas, qui ne se basent pas sur un travail militant séparé de la vie, mais sur un nouveau "way of life".

    Avec internet y'aurais moyen de se coordoner internationalement, facillement (je parle pas des mythes de l'unité ou quoi, juste qu'on arrive à se mobiliser à plus de 50 lors des actions de solidarité internationale).

    Faudrait repartire de 0, arrêter avec l'antimilitantisme primaire, l'anti idéologisme, et puis ne pas tomber dans le léninisme non plus. Réussire à enfin utiliser correctement internet, avoir des médias de diffusion de masse, récuperer internet pour que chacun ait accès aux idées libertaires.

    Le problème c'est que ça fait quoi, un an que je suis dans le truc et j'ai l'impression que ça fait un an que je pédale dans la semoule et que j'ai l'impression que tous ceux qui essayent de construire le font sur des bases instables.

    On est pas capable de s'entendre entre libertaires également. Je parle pas d'unité, de je sais pas quoi, mais quand je vois les orgas à la con ou les totos qui se tapent entre eux, je me dis que si c'est pour se faire la guerre en permanance la société libertaire je préfère l'éviter... la dessus aussi faudrait bosser parce que mr lambda, il aura du mal à se dire que l'anarchisme c'est possible avec tout le monde quand ce n'est même pas possible entre anarchistes.

    En gros, j'ai l'impression qu'il faut tout reconstruire.

    A mon échelle, j'essaye de construire un groupe solide avec des gens que je kiff et franchement je pense que dedans personne voudra se mettre en contact avec un truc aussi bancale que l'anarchisme Français.

    Y'a des initiatives isolés mais elles prennent souvent le chemin des anciennes : les querelles intestines au mouvement les détruisent et elles se retrouvent à l'état de groupuscules sans dynamique.
     
  3. DasViking
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    DasViking larbin Membre actif

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    Mai 2012
  4. libertaire, anarchiste, individualiste
    Je prendrai peut-être le temps de répondre plus en détail une prochaine fois, mais je veux juste soulever un détail :
    Les autres, je sais pas. Mais nddl... non-violence, civisme et indépendantisme... avec des partis de gauche pour soutenir le tout. Y'a sans doute des anars là-bas, mais le mouvement global n'est qu'altermondialiste. Certainement pas anarchiste.

    (je fais ici bien entendu des généralités, et ne cite que les revendications majoritaires que j'ai pu entendre, il se peut que je me plante)
     
  5. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  6. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Pour les orgas comme pour toute forme de lutte, le problème je crois est l'institutionnalisation. Je ne suis pas un professionnel de l'histoire du syndicalisme révolutionnaire, mais il me semble que les organes révolutionnaires naissent dans un contexte particulier. Je parle de ceux qui durent (CGT par exemple ou CFDC/CFDT et même la CNT en opposition à de nombreux nouveaux syndicats qui n'ont pas de passé historique). Au fond ce passé est leur seule réelle force, c'est ce qui fait qu'ils dominent dans leur domaine.
    Mais une fois leur lutte étouffée elle se sclérose comme tu le dis, elles tentent de résister au temps afin d'être prête pour un nouvel événement et elles perdent tout leur intérêt. Je ne pense pas qu'on doive chercher la lutte dans ces orgas.
    Y a qu'à voir comment les syndicats se torchent avec la charte d'Amiens (qui me semble d'ailleurs bien utopique car lorsqu'on repeint sa maison c'est qu'on compte pas déménager dans la semaine).
    Les luttes sont englouties par le système et il faut changer de forme de contestation (car au niveau du contenu je pense que la contestation est toujours aussi présente) si tu veux rester révolutionnaire. On peut aussi voir ça comme le système s'enrichit des luttes et se réforme en fonction. Mais pour un révolutionnaire c'est pas plaisant comme vision.

    Après les querelles que tu dénonces je ne pense pas qu'elle soit aussi stériles que ça. Elles témoignent même de perspectives complètement différentes. Je dirais entre réformisme et révolutionnarisme. Mais si c'est pas facile à résoudre c'est que selon le sujet des gens peuvent être révolutionnaires alors que sur d'autres sujets ils sont réformistes (même en se pensant révolutionnaires). C'est pas évident pour tout le monde que le parlementarisme ou la représentativité ou la monnaie sont des tares. Certains pensent qu'on peut lutter contre le capitalisme en épargnant la démocratie. Bref, la question ne peut pas être balayée d'un revers de main. Pas stériles mais interminables par contre.

    Enfin bref, tout ça pour dire qu'il faut relativiser. Ne pas oublier qu'on ne voit qu'une partie de la réalité et qu'on l'interprète selon des grilles d'analyse qui nous sont propres. En tout cas partir de l'idée qu'il faut changer le monde me semble plutôt une mauvaise chose. Pas parce que le monde est parfait mais parce que j'ai beaucoup de mal à prendre des décisions pour les autres. Avec ton groupe affinitaire tu peux toujours changer ton quotidien. C'est d'après moi le mieux à faire. Mais je suis pas non plus un prophète.

    Je sais pas si j'ai répondu à ta question mais voilà j'ai écrit ce par quoi j'ai été inspiré ><. Peut-être que c'est aussi parce que je pense qu'il faut détruire les phénomènes sociaux et pas en construire.

    edit : je savais pas vraiment où poster ça alors comme c'est un peu en lien :

    http://socio.ens-lyon.fr/agregation/conflits/conflits_fiches_mathieu_2004.pdf
     
    Dernière édition par un modérateur: 26 Février 2014
  7. KickTick
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    KickTick Membre du forum

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  8. extrême-gauche, révolutionnaire
    Comme dans tous les mouvements de masse, y'a plein de gens qui veulent pas aller à l'affrontement. Mais dans ce mouvement, les partis de gauche sont eclipsés. Et le site de l'assemblée de la ZAD (et les différents sites autonomes qui leurs servent de relai médiatique) ont soit appellé clairement à refuser la non violence (zad.nadir.org c'est le site de l'assemblée à publié un texte contre la non violence, des manuels de "guerilla bocagère, etc), soit refusé de la condamner. La coordination des opposants à aussi refusé de condamner la violence, voir même l'à encouragé.

    Et sur le site directement les pratiques sont anti autoritaires. Après, c'est pas forcément des anar en sois mais la pratique est là.

    C'est sûr. Mais ça suffit pas, si tu veux pas vivre dans une citadelle assiégée.
     
  9. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  10. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Disons que ça peut changer ta perception du monde plus que le monde à ton échelle.
    Après "c'est pas ce qu'il y a de mieux à faire" c'est une question de point de vue. Les mouvements nationaux et coordonnés font plus de bruits mais un renversement radical de la société à cette échelle ça n'arrive que très rarement, la plupart du temps ils ne grappillent que des peaufinements du système en place. Alors en effet les initiatives individuelles ne bouleverseront pas l'ensemble de la société mais au niveau de la radicalité elles iront beaucoup plus loin. Car tu n'as pas le soucis de l'image, du racolage, du consensus... Tu ne cherches pas à la fois à convenir à tous et à ce que tous conviennent à ton mouvement. Ça peut paraître égoïste, et ça l'est en un sens, mais d'un autre côté c'est aussi refuser de forcer autrui à quoique ce soit et se contenter de vivre comme on l'entend.
    Après si tu arrives à durer, à mon avis tu peux construire quelque chose d'intéressant. Plus qu'une "bulle alternative au sein du capitalisme" comme ils disent dans ton article. Quelque chose à la fois en rupture totale avec le système mais en cohésion avec les premiers impliqués. En lutte contre les conseils d'administration lointains mais entretenant des relations cordiales avec les employés et autres personnes directement en contact avec ton groupe. C'est plutôt comme ça que je vois les choses. Après tout on lutte contre des institutions, des dogmes, des règles et pas contre des personnes.

    Enfin. C'est toujours la même question : veux-tu changer le monde ? Avec le risque, si tu réponds oui, de tomber dans le prosélytisme.
     
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