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Actualité militante Chroniques d'un État Policier au Québec

Discussion dans 'Webzine - actualité des luttes et partage d'articles de presse' créé par Ungovernable, 10 Juin 2012.

  1. Depuis quelques jours, Montréal est en état de siège. Des flics PARTOUT, le SPVM promet 2 flics pour chaque coin de rue pour sécuriser le Grand Prix de F1 qui est perturbé par les anti-capitalistes. En moyenne 5 flics par wagon de métro, et entre 20 et 30 sur les quais qui attendent pour nous fouiller. Tout ceux qui ont le "profil typique" d'un manifestant se font systématiquement fouiller et arrêter. Les manifs se font prendre en souricière dès le départ et comme d'habitude il y a des arrestations de masses. Les anti-capitalistes sont automatiquement ciblés et arrêtés préventivement. Bref, l'État Policier se poursuit au Québec avec son lot de profilage politique par la police-politique du SS-PVM. Des journalistes du journal Le Devoir se sont prêtés au jeu, voici leur expérience :



    Carrés rouges, vos papiers!
    La présence policière demeure par ailleurs imposante tant sur le site du circuit Gilles-Villeneuve que sur les lieux des festivités à Montréal et dans le métro.
    Sont-ils réels, ces contrôles d’identité dans le métro pour les porteurs de carrés rouges, dont on entend parler depuis le début du Grand Prix de Montréal? Ceux qui affichent être contre la hausse des frais de scolarité se font-ils désormais fouiller, inviter au poste de police le plus près, comme on le raconte sur les réseaux sociaux depuis plusieurs heures? Samedi, deux journalistes du Devoir ont entrepris de tirer l’affaire au clair en épinglant sur leur poitrine des carrés rouges avant de s’engouffrer dans la gueule du métro. Résultat? Interpellation rapide, détention pour fin d’enquête. «On fait juste ça, du profilage criminel», a indiqué de suite un des agents du Service de police de la ville de Montréal (SPVM) lors de la fouille de nos journalistes.

    Samedi, 13h50: Sous le plein soleil, les journalistes Raphaël Dallaire Ferland et Catherine Lalonde se retrouvent Place Émilie-Gamelin. Sacs au dos, ils s’épinglent chacun un carré rouge, elle ajoute de plus un carré noir. Lui porte un foulard, rouge, autour du cou, ample, qui laisse son visage à découvert. Elle, sous le bras, trimballe deux grands cartons blancs. Des pancartes? Même pas, ni des affiches. Juste deux larges cartons, vierges. Direction: métro Berri-UQAM.

    Dans le métro, avant d’accéder au quai, Raphaël se fait interpeller. Quatre policiers demandent à fouiller son sac «pour raisons de sécurité.» Les agents du SPVM sont fermes et courtois. «On fouille tout le monde, indique l’agente Norbert, parce qu’on s’est fait lancer des bouteilles de bière en feu hier. On a même fouillé un gars qui avait sa poche de hockey.» Pourtant, Catherine est passée sans problème.

    Sur les quais du métro, quelques minutes plus tard, nos journalistes, toujours non identifiés, demandent à une demi-douzaine de personnes, de tous âges, portant des sacs plus gros que les leurs, s’ils se sont fait fouiller. Cinq répondent non. Le seul qui a vécu la même expérience est un jeune homme, dans la vingtaine, qui portait le carré rouge au moment où il s’est fait intercepter.

    Direction: Parc Jean-Drapeau, sur l’île Sainte-Hélène, où se trouve le site du Grand Prix de la F1. La présence policière est très, très forte. Un agent par wagon de métro, au moins une demie-douzaine à la sortie, certains criant le chemin à suivre pour assurer la fluidité de la circulation. Trois camionnettes de la police sont bien en vue, collée sur les portes du métro. Impossible de faire quinze pas sans croiser un nouvel agent. La foule est dense, familles ou groupes d’amis se dirigent vers l’entrée officielle, plusieurs avec une glacière au bout du bras. Les journalistes, toujours incognito, suivent ce flot sur quelques mètres.

    En retournant vers le métro, histoire de rebrousser chemin, les deux journalistes croisent François Arguin, 37 ans, microcaméra au poing, qui filme, dit-il, toutes les manifestations depuis le début de la grève étudiante, et qui les aborde, étonné de voir des carrés rouges en ce lieu. «Moi je n’ai pas mis le mien exprès parce que je voulais pouvoir filmer sans problème.»

    Quelques mètres plus tard, à quelques secondes des portes du métro, plusieurs policiers enserrent le trio, qui poursuivait sa marche, «pour fouiller vos sacs et vous demander de répondre à des questions». Deuxième fouille, donc, en moins de quinze minutes. Un groupe d’agent est formé autour de Raphaël Dallaire Ferland et Catherine Lalonde, un autre autour de François Arguin. Ils sont, en tout, seize agents pour trois individus. L’attitude, pour la même intervention, est beaucoup, beaucoup plus nerveuse que celle adoptée par les agents qui patrouillaient le métro.

    Les journalistes coopèrent, mais retournent une question pour chacune qu’on leur pose. Pourquoi nous fouiller? «Parce que vous arborez un signe révolutionnaire», répondra un agent, visiblement excédé, «pis parce que je suis tanné du monde comme vous.». Il porte une gaze à l’avant-bras, qui semble protéger une blessure. Pourquoi nous? N’est-ce pas du profilage? «On fait juste ça, du profilage criminel», poursuit le même agent. Le parc Jean-Drapeau ne serait plus un lieu public ? «Aujourd’hui, c’est un lieu privé ouvert au public,» enchaîne un autre, sortant des sacs une mangue, un programme de saison de danse, des carnets de notes, des stylos. Rien d’illégal, rien qui ne laisse présager aucune intention criminelle. Pourquoi ne pourrions-nous pas en être? «Les organisateurs ne veulent pas de vous ici.» Le SPVM, aujourd’hui, répond donc aux besoins et désirs des organisateurs du Grand Prix ? «Tout à fait,» dira le matricule 5323, le répétant fièrement une deuxième fois lorsqu’on lui redemandera.

    À la demande des journalistes, les deux principaux agents donnent leurs numéros de matricule, insistant pour qu’on les écrive. «Prenez-les, vos notes, pour la déontologie pis toute. Vous appellerez mon patron, monsieur Simoneau, il va être content de vous entendre dire que je fais une bonne job. Envoye, Préfontaine, donne-le ton matricule toi aussi, t’es-tu game?», nargue le matricule 5323, qui ne semble pas craindre un seul instant le moindre recours. Un seul agent, après avoir donné son numéro, ajoutera plus humainement «Moi c’est Stéphane, by the way.»

    Les agents demandent aux journalistes de s’identifier. État d’arrestation? «Vous allez rencontrer un enquêteur, à cause de vos intentions criminelles.» Était-ce la bouteille d’eau découverte dans le sac qui dévoilait quelques volontés malveillantes ? Ou le pull ? Pourquoi des intentions criminelles ? «Arrête de nous écoeurer avec tes questions,» sera la réponse dont on devra se contenter.

    Pas besoin d’aller au poste, l’enquêteur est sur place. Direction: un carré d’herbe juste devant la Biosphère, transformée en poste de police en plein air. Un homme y est menotté, un drapeau fleurdelisé chiffonné entre ses mains. Une jeune femme, menottée, mais souriante, se joindra plus tard au groupe. François Arguin survient, escorté, en colère: ses menottes le font souffrir, on lui a confisqué sa caméra. «On ne sait pas ce qu’il va faire avec ses images», indique un agent. «Par une journée comme aujourd’hui, ça suffit pour être envoyé chez l’enquêteur», précise un autre. On oblige Arguin à s’asseoir, sans lui demander de le faire, en lui pressant fermement l’abdomen. «Man, c’est comme un camp de concentration light, icitte.» L’agent blessé au bras monte le ton: «Tu penses que c’est ça, un camp de concentration ? J’ai eu de la famille, moi, dans des camps de concentration, t’as aucune idée de quoi tu parles. Ça n’a rien à voir, parle pas de ça.» Un gradé surgit, et un des agents nous indique que voilà le patron et enquêteur. On en déduit qu’il s’agit de Simoneau. Arguin continue d’essuyer la colère de l’agent. «Je peux-tu lui montrer c’est quoi, un camp de concentration ?», demande ce dernier à son chef. Réponse: «Non. Y’a des caméras.»

    Attente. Les journalistes tentent de connaître l’état de leur situation. Il leur faudra insister à de nombreuses reprises, en appeler de leurs droits pour arracher un «vous êtes détenu pour enquête.» Après une dizaine de minutes, on les informe qu’ils ne seront «pas détenus, finalement. Nous allons vous expulser du site. Vous pouvez juste prendre le métro vers Berri ou Longueuil.» À partir de ce moment, l’attitude des policiers change, beaucoup plus pondérée. Arguin se fait remettre sa caméra. Les agents ont effacé, sans son consentement, les images qu’il avait prises sur le site. Pourquoi cette libération soudaine, après la prise d’identités des journalistes ?

    Le trio est escorté jusqu’au métro par trois agents. On entend le Matricule 3121, au téléphone, en chemin, dire à son interlocuteur «aucun détenu sur les trois. J’suis déçu.» Ce n’est qu’au sortir du wagon, métro Berri-UQAM, que nos journalistes sentent qu’ils ont récupéré leur pleine liberté de circuler.
     
  2. Anar45
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    Anar45 Ginger and proud. Membre actif

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  3. anarchiste, internationaliste
    Gerbant, si c'est pas du fascisme ça!
     
  4. christhi
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    christhi Expert en sinistre Membre actif

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  5. anarchiste, situationniste, chaos/Nihiliste, individualiste
    C'est du fascisme, oui. Combien de'exemples de plus tu veux avant de passer à l'étape suivante... étant "qu'est-ce que tu fais par rapport à ça?"

    On est sous un régime fasciste officiellement depuis la Loi 78, et implicitement depuis des années, et c'est un problème qui se vit un peu partout à l'échelle Occidentale.

    Le temps de se questionner et s'indigner par rapport à ça est passé depuis longtemps. Pendant qu'on manifeste gentilment et qu'on s'indigne, le train du capitalisme, comme celui des Camps de la Mort par le passé, continue de rouler...
     
  6. Anar45
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    Anar45 Ginger and proud. Membre actif

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    Oct 2011
  7. anarchiste, internationaliste
    J'ai vu quelques extraits de manifs au 20h. Ils se mouillent pas trop et disent trop rien, vous avez eu droit a 30 secondes, mais ils ont un peu incriminé la flicaille.
     
  8. [​IMG]

     
  9. christhi
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    christhi Expert en sinistre Membre actif

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    Avr 2007
  10. anarchiste, situationniste, chaos/Nihiliste, individualiste
    Ce même État fasciste pointe aussi des écrans de télé sur toi, comme des fusils. Libère-t-en!

    Les médias de masse ne sont bien-sûr pas tous totalement les mêmes. Y a les journalistes du Devoir qui ont récemment été ciblés par la Police pour avoir fait le "test" de porter des carrés rouges sur la place publique. Ça, c'est du vrai journalisme! S'ils auraient travaillé pour la Presse, ils se seraient fait virer par leurs patrons (les sbires de Desmarais) pour s'épingler un carré rouge.

    Mais combien de gens lisent le Devoir? Y a même plus d'articles de La Presse sur les pages Twitter de la grève que du Devoir! Ça craint...
     
  11. jeunevoleur
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    jeunevoleur Membre du forum Membre actif

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    Mar 2008
    Qu'ils sont gros, les porcs! Et qu'ils sont moches. Manif contre la F1?
     
  12. crrrrouu
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    crrrrouu . Membre actif

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    France
    Je sais pas de quel 20h tu parles, mais aujourd'hui sur France 2 : "les interpellations se font en général dans une ambiance bon enfant" ou un truc du genre. Ils ont montré un seul débordement, 4 flicards qui plaquent une nana sur une voiture parce qu'elle les a provoqué (vérité, où es-tu?), en montrant ça comme un fait exceptionnel. Alors l'incrimination de la flicaille, c'est pas le top du top.
     
  13. christhi
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    christhi Expert en sinistre Membre actif

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  14. anarchiste, situationniste, chaos/Nihiliste, individualiste
    Ouais... ces mêmes chiens bâtards qui vont décrier les "abus répressifs" du gouvernement de Putin, et sa loi anti-manifs, passée quelques semaines après le gouvernement Charest. La schizophrénie médiatique n'a pas de fond. C'est pour ça surtout que je vous conseille, pour votre santé mentale, de vous en libérer... :D
     
  15. Anar45
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    Anar45 Ginger and proud. Membre actif

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  16. anarchiste, internationaliste
    Bien entendu ! J'suis pas assez con pour regarder ça tout seul, c'est juste que mon pater n'est pas foutu de bouffer sans la tv, donc je butine au passage.
     
  17. crrrrouu
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    crrrrouu . Membre actif

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    France
    T'inquiètes pas, j'ai pas l'habitude de regarder France 2, là c'était exceptionnel :D

    Oh comme je te comprends
     
  18. christhi
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    christhi Expert en sinistre Membre actif

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  19. anarchiste, situationniste, chaos/Nihiliste, individualiste
    Les ondes télé aussi ça se brouille dans la cuisine... pas juste les oeufs! ;)
     
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