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LE CASTRISME EST MORT.

Discussion dans 'Activisme, théories et révolution sociale' créé par Ungovernable, 26 Février 2008.

  1. ou peu-etre pas... en tout cas la dictature de Fidel l'est.

    quelle belle fin pour l'étape finale de ce régime pseudo-communiste... un président et un vice-président... construction d'un état dit "démocratique" au lieu de la déconstruction/décentralisation des appareils étatistes... hahaha quel beau "socialisme"

    vous en pensez quoi?
     
    Dernière édition: 26 Février 2008
  2. Naphta
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    Naphta Membre du forum Expulsé par vote

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    Juin 2007
    Deux choses : Soit on évolue vers un socialisme à la française, soit Raul et son successeur seront conservateurs... Moi, je l'envisage comme ça du moins.
     
  3. le_vieux
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    le_vieux Vieux con Expulsé par vote

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    Jan 2008
    Le facteur économique sera prépondérant : la manne financière autour du tourisme va jouer un rôle essentiel.
    Le système éducatif et le système de santé qui sont, quoi qu'on pense de la dictature personnelle de Castro, deux réussites non négligeables pourraient en prendre un coup. Un médecin gagne plus d'argent en faisant faire deux tours de la ville à quelques groupes de touristes qu'en un mois à l'hôpital. Certaines denrées et certains produits ne sont accessibles qu'en payant en Pesos convertible (la monnaie des touristes).
    Jusqu'ici, le flot des touristes est plus ou moins contrôlé : les grands complexes accueillant des étrangers sont tous concentrés dans la presque-île de Varadero, véritable parc à boeufs pour bronzeurs clubmédisés.
    Ailleurs, restaurants et hôtels appartiennent à l'Etat. Des licences payantes permettent à certains de loger des touristes à domicile ou de fournir des repas payants. Certains ont déjà pratiquement transformé leur maison en mini hôtel ou en restaurant chic et une bourgeoisie local du tourisme est prête à éclore.
    La fin éventuelle d'un blocus américain et l'afflux de touriste ainsi provoqué, la libéralisation de l'économie du tourisme... risquent de voir Cuba se tourner de façon exclusive vers le tourisme, de redevenir le pays pute-à-riche qu'il était sous Batista, au détriment des programmes sociaux, éducatifs et sanitaires mis en place par le régime castriste.
     
  4. Naphta
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    Naphta Membre du forum Expulsé par vote

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    Juin 2007
    Ouais. Sur les constats, je suis ok, mais sur les réactions... ça fait déjà longtemps que Cuba n'a rien à filer à bouffer à ses habitants... D'ailleurs, les ricains pensent maintenir le blocus non ?
     
  5. le_vieux
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    le_vieux Vieux con Expulsé par vote

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    Jan 2008
    Pour ce qui est de la bouffe, Cuba n'est pas au bord de la famine. Faut aimer le riz et les haricots noirs par contre. Le manque se fait surtout sentir en terme de ressources énergétiques et de biens de consommation courante de fabrication industrielle.
    Le maintien du blocus américain va dépendre principalement des possibilités pour la bourgeoisie américaine d'investir dans l'activité touristique. Un infléchissement du discours des dirigeants cubains sera bien entendu le bienvenu, ainsi que la possibilité de retour aux affaires de la bourgeoisie cubaine en exil (y compris le crime organisé ??). Pour la bureaucratie post-castriste, la question va se poser de maintenir un semblant d'indépendance nationale, le moyen de rester au pouvoir, tout en cédant suffisamment aux exigences américaines...
    Le poids économique du blocus, la perspective de s'enrichir grâce à l'ouverture aux Etats-Unis, l'envie d'en finir avec la vieille dictature sont aussi des points d'appui pourles Etats-Unis, qui pourraient facilement jouer le jeu d'une "révolution orange" à la sauce tropicale. Ou mettre sur la table des négociations une telle possibilité lors de leurs discussion avec les dirigeants cubains.
    A noter que Cuba avait, en fin d'ère castriste, les yeux braqués sur le Venezuela chaviste (avec un programme assez original d'échange de pétrole contre des opérations chirurgicales, le médecin étant avec le rhum et le cigare un des rares produits cubains d'exportation) plus que ce qui reste des anciens "pays frères" (Chine, Corée du Nord, Asie du sud-est...)
     
    Dernière édition par un modérateur: 26 Février 2008
  6. ouais Castro et Chavez c'est des bons amis depuis longue date.... haha

    hahaha ouais, ca ma bien fait rire quand c'est arrivé...
    C'est parce que les américains refusent de le soigner dans leurs hopitaux! Donc y'a pas le choix de se tourner vers ses potes communistes :p
     
  7. le_vieux
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    le_vieux Vieux con Expulsé par vote

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    Jan 2008
    Il s'agit d'opérations d'ophtalmologie (principalement de la cataracte) gratuites réalisées au Venezuela au bénéfice de la population y compris la plus pauvre, mais l'opération continue avec financement Venezueliens et les médecins cubains sont également envoyés au Panama et au Nicaragua. L'objectif annoncé est de pratiquer, à terme, 6 millions d'opérations de ce type.
    Pour moi, un programme de santé d'une telle ampleur n'est pas qu'un sujet à plaisanterie. On a quelque chose qui n'est ni de la logique de la médecine payante, ni du saupoudrage humanitaire.

    Peut-être que Chavez lui aussi a été soigné à Cuba (j'en sais rien), mais c'était pas de ça que je parlais.

    A noter : depuis que Castro se balade un jogging Addidas, les ventes de la marque en Amérique du Sud ont progressé de 17%.
     
  8. Ce qui me fait rire, c'est pas la solidarité vénuzuellienne mais plutot le désespoir de Castro parce que touts les autres pays refusent de le soigner.

    mais comment des opérations gratuites par le venezuela peuvent etre bénéfique pour sa population, meme les pauvres? De toute facon, c'est bien tout ca, mais c'est pas grace a castro non?

    Pas sérieux? Haha.. Ca aussi c'est assez marrant.... Surtout pour un communiste anti-américain de son ampleur... Il porte un bel emblème de la mondialisation néolibérale.. Guevara aurait honte de lui

    J'espere qui le porte pas quand il va voir Hugo Chavez au moins ;)
     
  9. le_vieux
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    le_vieux Vieux con Expulsé par vote

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    Jan 2008
    Opérations gratuites POUR le Venezuela. C'est bénéfique pour la population pauvre du Venezuela, et des autres pays qui vont profiter du programme.
    Et c'est grâce, sinon à Castro, en tout cas à la révolution cubaine dans son ensemble et à la politique volontariste de l'état cubain qui a mis en place un système éducatif et un système de santé sans commune mesure avec ce qui se fait dans les autres pays de pauvreté équivalente.
    Si on veut faire le bilan du "castrisme", faut aussi voir ses aspects positifs. Et si on veut sérieusement en finir avec la société capitaliste, il faut connaître les réalisations des régimes où l'économie n'était pas dictée par le profit. Ne serait-ce que pour se demander si ça vaut vraiment le coup de tout envoyer bouler...

    Attention, j'ai pas dit que c'était le paradis sur terre là bas non plus ^^ (quoi que, le soleil, du bon rhum, des femmes superbes, de la bonne musique... Dommage que la ganja y soit fortement réprimée ;) )
     
  10. ahh ok je comprend maintenant... une sorte d'échange de services en fait. Bon j'étais pas beaucoup informé sur ca, c'est sur que ça a des cotés positifs

    ouais j'suis entièrement d'accord avec toi ce coté la. Même si je suis très loin d'être un partisan du castrisme ou du guévarisme je sait reconnaitre ses bons cotés aussi. Bien que cette révolution aurait pu mener à une catastrophe nucléaire et mener cuba en plein millieu d'un affrontement entre les 2 plus grosses superpuissances elle a quand même apporté du positif à cuba, pour la société et l'économie. En tout cas, ca peut pas être pire que sous Batista.
    Bref, l'étatisme et la dictature a détruit une révolution de plus.
     
  11. John-John Tralala
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    John-John Tralala Encore un compte libre ! Expulsé par vote

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    Juin 2007
    Adidas est une marque allemande, meme si ca signifie plus grand chose.

    Et puis, cette revolution n'a jamais eu de projet anti-etatiste ou anti-autoritaire. Y'a pas grand chose qui a ete detruit sur ce point.
     
    Dernière édition par un modérateur: 27 Février 2008
  12. Les récentes « ouvertures » du régime cubain laissent sceptiques les anarchistes
    cubains en exil. Dans le texte ci-dessous, ils nous font part de leurs interrogations.




    Des changements a Cuba ? Le point de vue du Mouvement libertaire cubain

    Des changements à Cuba ? Le point de vue des anarchistes du Mouvement Libertaire
    Cubain.
    Les récentes « ouvertures » du régime cubain laissent sceptiques les anarchistes
    cubains en exil. Dans le texte ci-dessous, ils nous font part de leurs interrogations.

    Face à ce qui se passe dans l'île ces derniers temps, le Mouvement Libertaire
    cubain - MLC (groupe affinitaire de l'anarchisme cubain à l'extérieur) se fait
    entendre pour donner une réponse aux interrogations et défis qui sont posés,
    aujourd'hui, à la société cubaine, ceci sans compromis aucun avec la liberté,
    l'égalité et la solidarité comme l'ont toujours historiquement soutenu les
    anarchistes cubains.

    Oui, quelque chose paraît avoir commencé à sentir autrement à Cuba ; une fragrance
    dans l'air du temps de l'ère post-Fidel. Déjà, pour le moment, cette éloquence qui
    occupait tout l'espace et ce jusqu'au 26 juillet 2006 n'est plus présente comme
    elle l'a été pendant presque un demi -siècle. Depuis lors, le « commandant » abattu
    a commencé à écrire, mais on sait déjà que l'écriture n'exerce pas le même
    envoutement que la parole et moins encore quand elle sera élusive, erratique, et
    manque d'intérêt pour celui qui se tient en dehors de la célébration du culte.
    Peut-être est-ce pour cela que sont plus nombreux que l'on pouvait le prévoir ceux
    qui montrent aujourd'hui dans des rues et les places, dans des vidéos à la dérobée
    et dans des blogs « faits maison », un désir suggestif de libérer de ses liens la
    parole des gens eux-mêmes. Les vieux commentaires confidentiels et prudents du
    passé se sont transformés aujourd'hui en une clameur qui atteint jusqu'aux premiers
    violons de l'orchestre gouvernemental qui n'ont d'autre alternative que de
    reconnaître certains états de fait ce qui était impensable quelques années plus
    tôt. Le vice-président Carlos Lage, par exemple, a dit récemment au VIIème congrès
    de l'Union Nationale des Écrivains Cubains (UNEAC) : « La double morale, les
    interdictions, une presse qui ne reflète pas notre réalité comme nous le voulons,
    une inégalité que nous refusons, des infrastructures détériorées, sont les
    blessures de la guerre, mais d'une guerre que nous avons gagnée. » C'est un langage
    de transition, sans doute, parce qu'ils ne peuvent maintenir encore très longtemps
    l'air final du triomphalisme de guerre pour ensuite admettre des blessures qui sont
    trop, beaucoup trop importantes pour un régime politique qui a été conçu et se
    présentait au monde comme « révolutionnaire » et comme « socialiste » ; y compris
    en acceptant que la victoire guerrière ne serve à une autre chose que le maintien
    de l'élite du pouvoir.

    Plus direct et pointu que celui de Lage a été, par exemple, le langage utilisé par
    Alfredo Guevara (le cinéaste cubain Alfredo Guevara, un des fondateurs du Nouveau
    Cinéma Latino-américain et président du Festival de La Havane, écrit ses mémoires)
    dans le congrès mentionné de l'UNEAC, en s'en prenant aux bastions mêmes de la
    fierté « révolutionnaire » telles que les réalisations éducatives. Sur ce sujet,
    Guevara s'est demandé : « Comment l'école primaire comme la secondaire sont-elles
    arrivées à être régentées par des critères insensés et ignorants des principes
    pédagogiques, psychologiques élémentaires, et violateurs de droits familiaux,
    renonçant à être formatrices des enfants et adolescents, et par conséquent
    fondatrices du futur ? » Il a ajouté que « rien ne pourra jamais être construit
    solidement à partir de dogmes, d'obstination, d'ignorance de la réalité vraie, ou
    en ignorant les lanceurs d'alertes de l'expérience et des citoyens ». Un clair
    exemple de désaccord voire de regret que Guevara a rapidement étendu au monocorde
    Institut cubain de Radio et Télévision - placé sous la supervision directe du
    Département Idéologique du Parti Communiste ? dépendance qualifiée « de moyens de
    communication néo-coloniaux avec une programmation bêtifiante et dominés par une
    ignorance tellement extraordinaire qu'ils ne se rendent pas compte qu'ils se font
    les alliés du capitalisme avec une dialectique aussi grossière » Ces discours,
    cependant, malgré leur virulence et de leur charge de constatations amères,
    n'arrivent pas encore à pénétrer dans la critique de fond du pouvoir ni à mettre en
    évidence qu'il est en survie.


    Vieux parfums dans des flacons nouveaux ?

    En effet, la ligne du pouvoir ne paraît pas avoir changé trop au-delà de la perte
    de son composant charismatique. Il ne sera pas Moïse pour conduire le peuple hébreu
    à travers la mer Rouge ni pour rompre, en colère, les tables de la Loi et tous
    savent qu'il n'y aura aucune opération de marketing capable de transformer Raùl
    Castro en séducteur ! Alors, le discours étatique, soudainement privé de ses rêves
    plus inspirateurs, ne dispose pas d'autres ressources que les espoirs minimaux et
    les appels à l'efficience. Aujourd'hui tout le monde sait - et maintenant par voix
    de l'actuelle haute hiérarchie de l'État ou de son principal organe de presse - que
    Cuba ne peut pas produire les aliments dont a besoin sa population, que
    l'agriculture se trouve dans une situation de ruines et sans solution immédiate,
    que les systèmes de transport sont toujours vétustes, qu'une bonne partie de la
    population de La Havane en condition de travailler ne se tracasse pas pour obtenir
    emploi parce que cela n'en vaut pas la peine, que l'alimentation en eau est encore
    déficitaire, etc. Tout le monde sait aussi « que l'excès d'interdictions et de
    mesures légales font davantage de dommages que de profits » parce que, quelques
    mois avant Lage, Raúl Castro l'a dit lui-même de cette manière dans son discours de
    fin d'année dans l'Assemblée Nationale du Pouvoir Populaire. Personne ne doute
    maintenant, que tout cela doit changer et il en reste très peu qui ne se sont pas
    rendus compte encore que le crédit arrive à terme et que les patiences sont
    épuisées. Pour la grande majorité des gens, les changements doivent être immédiats
    - hic et nunc, diraient les Romains - ou ils ne se produiront jamais.

    Mais, bien sûr, les changements sont entre les mains des mêmes têtes qui devraient
    être rendues responsables de la situation et c'est pourquoi on ne peut attendre
    d'elles ce qu'elles n'ont pas fait jusqu'à présent. C'est pourquoi les «
    changements » qui ont été mis au point sont proches de la banalité : autorisations
    pour vendre certains médicaments dans les pharmacies de quartier ou les téléphones
    cellulaires auxquels jusqu'à hier on accédait par le biais de quelque ami venu de
    l'étranger, autorisations pour que les paysans achètent des outils agricoles, des
    semences et des engrais, et aussi pour l'usufruit permanent de terres étatiques
    improductives, autorisations pour que ceux qui disposent des devises convertibles
    puissent accéder aux ordinateurs, aux DVD et aux alarmes de voitures et
    autorisations aussi pour que tous les cubains puissent se loger dans les hôtels qui
    jusqu'à présent étaient uniquement réservés pour les touristes étrangers. Ce n'est
    pas la levée de ces interdictions qui cause la surprise, mais le fait que tant de
    choses aient été interdites ! Pendant ce temps, reste toujours en suspens une
    autorisation fondamentale entre tant d'autres, et sans laquelle les Cubains devront
    attendre encore longtemps pour que l'autorisation d'effectuer un voyage à
    l'extérieur ou une simple excursion soit autre chose qu'un chemin de croix.

    Le vétéran « commandant » redevient colérique ou angoissé dans son lit de
    convalescent et, dans une lettre envoyée au congrès de l'UNEAC, il dit son
    inquiétude à propos d'une éventuelle avalanche d'artefacts électroménagers : «
    est-il possible de garantir la santé mentale et physique par rapport aux effets non
    encore connus de tant d'ondes électro-magnétiques face auxquelles ni le corps ni
    l'esprit humain ne sont préparés ? Un congrès de l'UNEAC ne peut se passer
    d'aborder ces sujets épineux ». Et son rugissement apocalyptique ne cesse d'attirer
    l'attention ; surtout parce que lui-même a été pendant toutes ces années le Cubain
    le plus exposé à « tant d'ondes électroniques ». Son exhortation envers un congrès
    d'intellectuels et d'artistes reste énigmatique puisqu'elle devrait s'adresser, en
    principe, à des pratiquants d'autres disciplines. S'agirait-il d'une recherche
    tardive de derniers alliés ; d'une dramatique demande d'aide en direction de ceux
    qui peuvent partager son atavisme autoritaire ?

    Au-delà de ces allées et venues il faudra déjà se faire à l'idée que le torrent de
    « libertés » qui s'approche n'est pas généralisé et occulte des mesures punitives
    dures ou des interdictions déjà classiques et absurdes : ne pas payer son billet
    dans le bus peut être considéré comme un « fait de vandalisme » et vaut à ses
    auteurs une peine de prison, tandis que ceux qui veulent avoir leur propre blog
    seront radicalement bloqués au motif que l'utilisation supposée de certains
    programmes mettrait en danger la « sécurité nationale ». Quelques interdictions
    considérées « excessives » commencent à disparaître d'elles-mêmes, mais rien de
    cela n'affecte pour le moment l'infraction institutionnalisée frappant les libertés
    essentielles, comme le démontre pleinement le harcèlement dont sont l'objet les
    espaces de la contre-culture juvénile. L'exemple en sont les « ennuis » dont font
    l'objet les membres de la bande de rock Porno pour Ricardo et plus spécialement son
    chanteur Gorki Aguila.


    Autogestion : arôme de liberté et égalité en solidarité

    Un parfum différent flotte sur Cuba, oui, mais pour autant il ne faut pas se faire
    trop d'illusions sur la stratégie de recomposition qui paraît conduire les pas de
    son « avant-garde » fossilisée. À notre avis, la flexibilisation en cours répond à
    quelques raisons basiques, politiques et économiques. Entre les raisons politiques,
    il convient d'indiquer d'abord la nécessité de donner à comprendre qu'un changement
    d'orientation se produit et que ce changement constitue le signe distinctif de la
    transition de l'un à l'autre Castro et, en second terme, l'urgence pour encourager
    des espoirs minimaux dans une population qui a commencé à montrer de plus en plus
    clairement son croissant mécontentement. Entre les raisons économiques, entre
    autres les mesures sont orientées vers un captage toujours plus important de
    dollars qui améliore les caisses de l'État qui ne sont pas capables de répondre aux
    nécessités d'importation du pays, les subventions vénézuéliennes n'y suffisant pas,
    un apport de devises auquel tous n'ont pas les moyens de contribuer. En pariant sur
    le moyen terme, la recherche la plus difficile consiste sûrement à trouver la
    manière dont le pays pourrait récupérer son niveau de productivité perdu ainsi
    qu'une production alimentaire suffisante avant que la situation ne devienne
    carrément insupportable. Sur ce chemin, et sans que cela réponde à un projet
    d'ensemble cohérent, il s'agit d'adopter des mesures empruntées au « modèle chinois
    » et combinées avec d'autres prises sur le « modèle vietnamien », comme l'a
    récemment reconnu Omar Everleny, professeur universitaire et haut dirigeant du
    Centre d'Études de l'Économie cubaine. Raúl Castro, pendant ce temps, a été plus
    éloquent dans son discours de fin d'année et a joint a ses voeux pour 2008 un « et
    travailler dur ».

    Le régime politique veut paraître plus souple, mais cela ne paraît pas être autre
    chose qu'une opération survie, un cautère sur une jambe de bois que l'obstination
    et la fierté du « commandant en chef » empêchaient de placer. L'immense toile des
    organes de répression et de contrôle de l'État est intacte mais, malgré tout, il
    faut souligner qu'à Cuba il y a une saine tendance à l'élargissement d'un discours
    différent du discours officiel : avec d'autres contenus, avec d'autres nuances,
    avec d'autres rythmes et par d'autres moyens qui ne sont pas ceux sur lesquels le
    gouvernement maintient encore un strict contrôle. Pour le moment, les critiques sur
    l'étatisation complète de l'économie et les revers qu'elle a connus tout au long
    des décennies de planification centralisée entraînant le radical détachement que
    les travailleurs cubains éprouvent envers la structure productive « socialiste », a
    amené quelques analystes à la récupération de propositions autogestionnaires, sujet
    sur lequel les anarchistes on beaucoup de choses à dire..

    Et premier ce qu'il faut dire est que « autogestion » n'est pas un mot pour faire
    joli dans un discours ni un palliatif mais une conception intégrale antagoniste du
    capitalisme privé ou étatique, une conception qui rivalise avec tout autre modèle
    de production, de distribution ou d'échange et qui existe en régime de complétude,
    sans obstacles ni médiatisation, et seulement dans la mesure où elle peut être
    généralisée à tous les domaines du travail social. En définitive, l'autogestion ne
    peut pas être comprise comme un bébé éprouvette, comme une pratique relevant de
    quelque expérience minimaliste isolée mais comme un modèle de relations entre des
    êtres libres, égaux et solidaires placés en position de décider individuellement et
    collectivement de leurs propres vies. De même que la planification étatique
    centralisée et la concurrence de marché, caractéristiques du capitalisme privé,
    exigent d'être totales, l'économie autogestionnaire requiert sa propre vocation de
    plénitude, une vocation qui la porte à s'exprimer dans des domaines qui ne sont pas
    proprement économiques et qui prennent en compte toute la vie des gens.
    L'autogestion n'est pas un décor mais un principe, ce n'est pas un modèle réduit
    d'occasion mais un projet émancipateur et révolutionnaire au moyen duquel repenser,
    à partir des gens eux-mêmes, la société cubaine.

    Ceci étant dit, nous sommes nombreux à craindre que les prétendus raisonnements «
    autogestionnaires » qui circulent à Cuba ne puissent aller au-delà de la recherche
    d'une reconnaissance des travailleurs par les entreprises étatiques et d'une
    productivité croissante : choses que peut-être le gouvernement peut penser accorder
    au compte-gouttes à de petites coopératives agricoles liées à l'approvisionnement
    alimentaire. Mais cela n'est pas une autogestion généralisée et véritable mais un
    nouveau tour de vis gouvernemental qui permet à l'élite du pouvoir de se maintenir
    et de renouveler sa capacité d'instrumentation des travailleurs.

    L'autogestion comme la conçoivent les anarchistes ne peut davantage être pensée
    qu'à partir du déploiement des libertés populaires et de l'autonomie des
    organisations de base. Autrement dit, les prétendus « autogestionnaires » qui se
    montrent aujourd'hui a Cuba ne traiteront qu'une partie du problème tant qu'ils ne
    seront pas capables de reconnaître qu'il n'y a pas d'autogestion possible dans le
    cadre d'une configuration constamment répressive, d'une prédominance exubérante des
    organes militaires et policiers, d'un contrôle monopolistique par le parti unique
    de tous les mécanismes d'expression et de décision de la société cubaine et d'un
    alignement disciplinaire récurrent des organisations « de masses » à l'élite au
    pouvoir. Tant que cela ne changera pas, on pourra toujours dire que quelque chose a
    commencé à sentir différent à Cuba mais il sera tout aussi possible de dire que
    l?appareil de gouvernement continuera en agissant comme le désodorisant le plus
    efficace ! Une fois de plus il faudra opter non pour la foi dans le coûteux
    appareil de domination mais pour la confiance dans la capacité des gens pour
    conquérir et élargir leurs propres espaces de liberté. Rappeler ces choses à une
    date emblématique comme le 1er mai est pour le Mouvement Libertaire cubain une
    énième affirmation de sa vocation anarchiste et socialiste, c'est l'évocation émue
    de nos lointaines racines et, surtout, la réaffirmation profonde d'un horizon
    émancipateur et de notre fraternité reconnaissable entre toute, avec les peuples du
    monde qui combattent pour leur liberté.

    Mouvement Libertaire cubain, mai 2008


    [ texte repris du site http://www.avoixautre.be ]
     
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