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Salutations

Discussion dans 'Présentations des nouveaux membres' créé par Damona, 24 Mars 2023.

  1. Damona
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    Damona Membre du forum

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    Mar 2023
    Femme
    Bonjour à tous,

    Je suis Sophie, 36 ans, en concubinage et mère de deux enfants en bas âge. Je suis auteure et éditrice de science-fiction. Historienne et ethnologue de formation, je commence la lecture de "Pour une anthropologie anarchiste" de David Graeber et j'ai réalisé qu'il fallait que j'accepte cette réalité : je suis anarchiste et tout ce que j'écris est anarchiste. J'ai donc décidé de partir en quête d'êtres qui me ressemblent :ecouteurs:
     
    Ungovernable et anarch aiment ça.
  2. Excellent ! :)

    Bienvenue !
     
  3. Damona
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    Damona Membre du forum

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    Mar 2023
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    Merci beaucoup pour l'accueil :)
     
  4. anarch
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    anarch Membre du forum

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    Mar 2023
    Homme , 30 ans
  5. libertaire, anarchiste, auto-gestionnaire, synthèsiste, anti-fasciste, anti-autoritaire
    Bienvenue :) Inscription récente de mon côté et découverte assez récente également d'un anarchisme latent en moi, c'est cool de voir de nouvelles aspirations et d'avoir une autrice SF sur le forum !

    D'ailleurs je me suis essayé aussi (en amateur) à l'écriture de SF, et récemment de fantasy, avec un world building bien anarchiste, en mode, sans genre, sans classe, etc.

    On aura peut-être l'occasion d'en discuter sur le forum ;)
     
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  6. Damona
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    Damona Membre du forum

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    Mar 2023
    Femme
    Super, je ne peux que t'encourager à l'écriture :). La SF et la fantasy sont des genres qui révulsent l'intelligentsia en ce qu'ils sont précisément des menaces contre leur domination sociale, dans la mesure où ils ouvrent une réflexion sur des façons de vivre autrement. Le deuxième numéro de notre magazine, Exode Cosmic, propose, à travers son contenu artistique (serials, nouvelles, poèmes, BD, etc.) d'aborder les conséquences des structures sociales hiérarchiques dans les rapports sociaux afin, in fine, de mettre en avant les bénéfices qu'apporterait une société anarchique.
    Par son contenu éminemment séditieux, ces genres ne parviennent que très difficilement à être publiés. C'est pourquoi, avec Exode Cosmic, nous aimerions permettre aux auteurs et aux lecteurs de trouver un espace public d'expression artistique et idéologique, car nous sommes persuadés que l'action anarchique doit aussi passer par l'affiliation spirituelle des individus grâce à des contenus qui mêlent divertissement et sérieux questionnements :blackflag:
     
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  7. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  8. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Bienvenue !
    Je sais pas si on peut être aussi péremptoire que de dire que la fantaisie et la SF revulseraient l'intelligentsia (star wars, le seigneur des anneaux, game of thrones, on a régulièrement d'énormes succès dans ces genres).
    D'ailleurs il me semble que si la SF est généralement progressiste, tournée vers l'avenir et s'appuyant sur la science pour l'imaginer alors aue le fantastique est plutôt réactionnaire, tourné vers le passé, sans compter la présence de "races" et plutôt que la science il s'appuie sur la magie. Tolkien avait lui-même fait des descriptions des nains combinant plein de stéréotypes antisémites. Ça pourrait être un débat intéressant (bien que je ne sois pas spécialiste loin de là).

    Toujours est il que je suis tout à fait en accord avec la conclusion de ton dernier message et que la lutte s'exerce notamment au niveau culturel.
     
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  9. Damona
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    Damona Membre du forum

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    Mar 2023
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    Bonjour et merci :)

    Alors oui, j'aurais dû préciser l'intelligentsia française ^^ Les succès que tu cites sont anglo-saxons et dans ces pays, le genre science-fictif y est chéri car il est au service du capitalisme (globalement, il faut attendre les années 1950 pour que certains auteurs commencent à se servir du genre science-fictif pour critiquer le modèle socio-économique dans lequel ils vivent, et parce qu'ils sont affiliés à une mouvance marxienne, voir par exemple l'excellent Planète à Gogos de Pohl et Kornbluth -> Frederick Pohl & Cyril M. Kornbluth, Planète à gogos & Les gogos contre-attaquent | lelitteraire.com ). Il est vrai que la SF de l'âge d'or US (1930-1950) a largement contribué à vendre ce "mythe du progrès" ; il était en fait le pendant nécessaire du capitalisme, d'autant plus dans une société qui connaissait une crise économique majeure (1930). En Europe, c'est une toute autre histoire avec la SF :'D les seuls "succès" reconnus par la classe dominante sont Le meilleur des Mondes, d'Aldous Huxley, et 1984 de George Orwell ; œuvre dont elle se sert allègrement pour dénigrer et condamner le stalinisme, prouvant clairement et par là-même, qu'elle n'a rien compris à cette œuvre et en détourne sciemment le propos pour servir ses intérêts de classe. Et enfin, je précise que ces "succès" n'ont que très difficilement fini par être admis comme relevant de la SF, l'intelligentsia préférant l'étiquette "anticipation", pour faire moins "populaire" (parce que la SF est un genre populaire : si ça plaît aux masses, c'est que c'est forcément mauvais - pour l'intelligentsia je précise).
    Pour le ton péremptoire, j'en suis navrée, ce n'était pas mon intention mais il est vrai que lorsqu'on étudie ce genre, son histoire, les productions littéraires et leurs divers exégètes, on en tire des conclusions qui font consensus et qui sont considérées par les spécialistes comme des allants de soi et je l'oublie souvent quand je parle à des gens qui ne connaissent pas bien ce microcosme ':|. Pour la fantasy, je trouve que c'est tout aussi péremptoire de qualifier ce genre de raciste et réactionnaire, mais pourquoi pas :'D je ne suis pas spécialiste du genre fantasy alors j'avoue ne pas y avoir réfléchis.
     
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  10. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  11. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Qui appelles-tu "l'intelligentsia" ?
    Star wars par exemple a eu du succès en France également si je ne m'abuse, même si c'est une production anglo-saxonne.
    Harry Potter aussi (c'est bien de la fantaisie ?).
    Tu veux dire que ce seraient les critiques de la presse spécialisée l'intelligentsia qui n'aime pas la SF ?

    Sur le fantastique (surtout médiéval) je suis pas non plus spécialiste. C'est une critique que j'ai lue et qui me semble coller aux œuvres que j'ai vues et également cohérente avec les ficelles du genre (comme j'ai dit la magie, le fait que ce soit tourné vers le passé, mais aussi l'héroïsme par la violence et le combat bien souvent).
     
  12. Damona
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    Damona Membre du forum

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    Mar 2023
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    L'intelligentsia c'est la classe sociale qui domine les champs de la culture au sein d'une société, que ce soit pour sa création ou sa diffusion. Ce sont donc tous les écrivains, artistes, animateurs, comédiens, maison d'édition, académiciens, prix Goncourt, etc. jouissant d'une certaine notoriété car reconnus comme appartenant à cette classe dominante aidée par le pouvoir en place.

    Les productions science-fictives qui connaissent et jouissent de célébrité sont diffusées, relayées, encensées tant qu'elles ne prennent pas ouvertement position contre le gouvernement en place. A ce titre, Star Wars est un film purement dramatique, c'est-à-dire porté sur l'action, par opposition à des productions littéraires ou cinématographiques idéiques (c'est-à-dire centrées sur des idées), ou psychologiques (portées sur la psychologie des personnages), et toutes leurs combinaisons (psycho-dramatique, dramatico-idéique, psycho-idéique et psycho-dramatico-idéique). C'est-à-dire que, fondamentalement, il n'a pas vocation à proposer une réflexion idéique (voire le pitch très simpliste des méchants qui sont méchants parce qu'ils sont méchants et des gentils qui sont gentils parce qu'ils sont gentils) mais, de surcroît, il s'inscrit pleinement dans le cadre dominant de l'époque (cf le personnage édifiant de Han Solo qui est une caricature patriarcale, mais aussi l'idée d'une galaxie unie sous une même gouvernance, comme les USA veulent toujours le faire en imposant un capitalisme mondial et un Etat mondial dont ils seraient les leaders). Bref, Star Wars est le film de SF qui flatte, sans même vraiment le vouloir (je pense), les rapports de domination des années 70/80.
    A contrario, il y a de nombreux écrivains qui utilisent la SF pour critiquer, de manière détournée, les rapports de domination. Ceux-là sont généralement condamnés à une vie d'errance et de malheur :'D ou au moins, ils ne sont jamais diffusés, ni relayés... S'ils sont affiliés à la FI, comme Damasio, ils peuvent espéré avoir une fenêtre de pub sur blast, ou dans les colonnes de Marianne :'D
    En tout cas, si une SF politique t'intéresse, je peux te conseiller d'excellents ouvrages, et mieux encore, mon magazine :'D Il a vocation à œuvrer, de numéro en numéro, pour l'anarchisme :blackflag: (mais j'y vais crescendo et je suis également sensible à divertir les gens aussi, il ne faut pas non plus qu'ils aient l'impression de lire un tract politique ou que le narrateur leur fasse une leçon de morale comme un putain d'arrogant... je déteste les écrivains qui font ça)
     
  13. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  14. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Je vois mais la limite semble un peu vague pour l'intelligentsia. Sinon j'ai toujours du mal avec la critique comme quoi ne seraient validés que les films qui ne contestent pas le gouvernement ou l'état des choses. C'est pas le gouvernement qui fait de la critique de film, je pense que c'est plus subtil que ça voire même que la position vis-à-vis de l'État ne soit pas tellement primordiale pour être un succès critique ou commercial. Des fight club, irobot, hunger games, terminator ou matrix ou Mr. robot en serie (qui pour moi ne sont pas des films révolutionnaires contrairement à ce qu'ils prétendent voire même flirtent avec le fascisme) ont été des succès commerciaux (critiques je sais pas) alors qu'ils se veulent dénonciateurs. Je ne sais pas ce que tu en penses ?
     
  15. Damona
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    Damona Membre du forum

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    Mar 2023
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    Oui, c'est vrai. La distinction entre des "classes sociales" est toujours un peu flou, jamais hermétique et surtout théorique. C'est une façon de se représenter idéiquement la société ; ça ne veut pas dire que la théorie ne colle pas à la réalité, ça veut dire qu'elle tente de simplifier en représentant des faits sociaux qui ont toujours du mal à entrer dans des boîtes. Par exemple, il existe bien une classe de travailleurs... mais du coup les chômeurs en sont-ils exclus ? Est-ce que les travailleurs à l'usine (force musculaire) se considèrent comme appartenir à la même classe que les travailleurs de l'éducation nationale (force intellectuelle) ? etc.
    Après, l'intelligentsia ce n'est pas une classe que j'ai inventée hein :'D, le terme vient du philosophe polonais Karol Libelt (mi 19e). Il l'employait pour désigner la catégorie sociale des gens instruits, c'est-à-dire qui détiennent le savoir. Aujourd'hui le concept a évolué car, autant en 1844 les gens instruits étaient peu nombreux si bien qu'il y avait bien une catégorie sociale détenant le savoir, autant de nos jours, avec l'enseignement obligatoire jusqu'à 16 ans, le savoir s'est diffusé à l'ensemble de la population. Mais il y a toujours une classe sociale qui se revendique supérieurement intelligente à la masse populaire. Et si tu ne me crois pas, va faire un tour du côté, ne serait-ce, que des classes préparatoires littéraires ':(

    Ça c'est super intéressant ! Je n'y avais jamais pensé, merci :) Je me disais bien qu'il y avait vraiment un côté extrêmement dérangeant dans Fight Club, avec cette organisation militaire de mâles et le culte de la personnalité du leader... je n'arrivais pas à mettre un concept intellectuel là-dessus et ça paraît maintenant évident :'D
    Il ne faut pas confondre succès commercial et validation par l'intelligentsia (la classe dominant le domaine culturel dans une société) et d'ailleurs, les productions artistiques à succès sont justement, pour cette classe, le signe le plus manifeste que c'est indigne d'intérêt intellectuel ! C'est ce qui leur permet d'avoir l'impression d'être supérieur au reste de la société. Par exemple, dans le domaine de la peinture, les membres de cette classe s'extasient devant les œuvres de Soulages. Montre un Soulages à 3 millions d'euros à un mec qui se casse le cul à la plonge, il va te dire d'aller te faire foutre, son gamin de 3 ans dessine carrément mieux :'D Face à cela, l'intelligentsia arguera du fait qu'il n'est pas assez intelligent ou cultivé pour comprendre toute la beauté des œuvres de ce peintre reconnu et estampillé "artiste" par cette classe. Qu'elle est la différence entre le tagueur du quartier qui fait une magnifique fresque murale et un Jeff Koons ? Le premier est un inconnu de la classe populaire (donc pauvre) ; le second a été propulsé sur le devant de la scène médiatique par un ou plusieurs membres de l'intelligentsia. A la limite on pourrait se dire qu'à force de labeur et grâce aux réseaux sociaux, le talent finirait par payer, comme avec Banksy, bien que je doute qu'il ait percé tout seul et je reste persuadée que le talent n'a pas grand chose à voir avec la publicité.
    Et c'est ça la différence, le succès n'est qu'un résultat possible, ce qui importe, initialement, c'est la publicité (ou la propagande). C'est l'intelligentsia qui, par sa position dominante, a les moyens techniques (maison d'édition, galeries d'art, presse, réseau d'influence, etc.) et financiers d'octroyer ou non de la publicité à un artiste, donc de le faire devenir officiellement "artiste reconnu" et donc d'engendrer son succès, indépendamment du talent de l'individu ou de son œuvre.
    Et c'est une des raisons pour lesquelles l'intelligentsia française déteste la SF, et tout ce qu'elle appelle "les littératures de l'imaginaire" (comme s'il y avait plusieurs littératures... l'une digne de ce nom, noble, sérieuse, la seconde pour les pauvres et les incultes), parce que c'est enfantin (la magie, les robots...), parce que c'est populaire (oui, les classes populaires aiment se divertir après une putain de journée au service du capital), parce que c'est séditieux (potentiellement, en fonction des volontés de l'artiste, mais honnêtement, la SF est le genre littéraire le plus séditieux de la littérature), etc.


    Alors bien sûr des oligarques ou des empires commerciaux peuvent financer des artistes dont le contenu est subversif... Je pense à Michael Moore (qui n'est pas un artiste cela dit) et qui explique que s'il est financé c'est parce que les capitalistes sont tellement avides de fric qu'ils pourraient vendre la corde avec laquelle on va les pendre s'ils sont sûr d'en tirer un bon paquet. Honnêtement, je n'ai pas un seul exemple d'artistes anti-capitalistes qui défend à travers ses œuvres une société alternative et encore moins anarchiste, sauf à être financé par le domaine public (et encore, souvent la contestation pleine de bons sentiments convenus ne va pas très loin), à se financer soi-même (je pense par exemple au cinéaste Erik Gandini dont les documentaires restent connus d'un groupe extrêmement restreint de connaisseurs) ou être subventionné directement par son public via des plateformes de financement. Si vous connaissez, bien sûr, je serai très heureuse de découvrir leurs créations :)
     
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  16. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  17. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Pour ma part je réserve le terme de classe au prolétariat et à la bourgeoisie. Je ne considère pas les classes sociales à la façon des sociologues comme des catégories permettant d'appréhender la réalité. Je pense au contraire qu'elles existent en tant que telle, elles sont les (seules) puissances collectives porteuses d'un mode de production (le communisme pour le prolétariat, le capitalisme pour la bourgeoisie, le féodalisme pour la noblesse et le clergé, etc...).

    Mais outre cette discussion sur les termes, j'ai du mal à voir ce que tu nommes l'intelligentsia comme un tout homogène. Il y a bien des critiques ou des éditeurs qui apprécient des oeuvres que d'autres rejettent. Alors j'ai pas vérifié pour les œuvres que j'ai cité, je sais bien qu'un succès commercial n'est pas nécessairement un succès critique, mais je suppose que certains de ces films ou séries ont dû recevoir une approbation, sinon par toute la profession, au moins par certains critiques. Là je viens de regarder pour Mr. Robot sur AlloCiné elle a presque 5 étoiles par la presse. Je suis pas certain que ce soit réellement la posture politique, la prétention contestataire d'une œuvre qui fait qu'elle est rejetée ou validée par la critique. J'ai du mal à m'imaginer un critique faire "les personnages sont bien écrits, le scénario est excellent, les effets spéciaux magnifiques, les dialogues parfaits par contre ils disent qu'il faut renverser le gouvernement, c'est intolérable, donc ce sera une étoile".

    Après je suis complètement d'accord que y a des bourges qui se pignolent sur l'art contemporain - que je ne supporte pas - en cherchant de la profondeur derrière des "performances" (qui d'ailleurs se prétendent hautement subversives et contestataires).

    Après lorsqu'on est révolutionnaire probablement qu'on a aussi des principes qui ne nous permettent pas d'accepter n'importe quel compromis pour être financé, ce faisant on a moins de moyens et forcément on ne peut pas faire de film aussi quali que des grosses productions. Ça doit être moins vrai pour les romans. Je connais pas assez.
    Mais par exemple pour le rap, personnellement, je vais être volontairement provocant, mais je trouve ça "mérité" l'insuccès de certains groupes militants. Ça rejoint ce que tu disais dans un autre post, pour moi, si tu rapes un tract militant sur une instru éclatée tu peux pas juste te cacher derrière "les majors font taire ce qui est contestataire". La forme compte aussi, et même le contenu peut être amené de façon subtil voire ne même pas du tout aller chercher dans le registre politique.

    Bref pour résumer je pense que l'échec des productions artistiques qui se se veulent contestataires ou révolutionnaires ne sont pas nécessairement le fait du rejet par l'intelligentsia et que quand c'est le cas ce n'est pas nécessairement dû au discours contestataire ou révolutionnaire de l'œuvre.

    Malgré ça je pense qu'il y a un lien entre le format de l'œuvre (sur lequel selon moi s'exerce en réalité la critique) et son message politique. Et je pense que c'est plus là-dessus qu'il faut chercher les causes d'un potentiel rejet. Je dis peut-être n'importe quoi mais par exemple le fait de ne pas coller aux canons du genre en refusant d'avoir un héros qui fait une quête mais plein de personnages, en refusant de mettre en avant des combats, en refusant le spectaculaire en évitant la surabondance d'effets spéciaux, en adoptant un rythme plus lent que les blockbusters, etc... tout ça est politique et c'est peut-être ces choses là qui ne parlent pas aux critiques (mais potentiellement aussi au "peuple" qui est nourri aux blockbusters et à la consommation fast en général).

    Je pars un peu dans tous les sens mais j'espère que j'arrive à me faire comprendre malgré tout ?
     
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  18. Damona
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    Tu t'aperçois que c'est un tout homogène quand tu vas dans un salon littéraire, par expl, et que, tant que tu te présentes comme consommateur (lecteur), ils te font des grands sourires, mais que si tu oses te "prétendre" écrivain toi aussi, alors les sourires deviennent moqueurs, le ton devient sec et cassant, les yeux roulent dédaigneusement jusqu'au ciel, les sourcils se froncent d'agacement... Les arts forment un microcosme très fermé et hermétique et c'est encore plus vrai du monde littéraire dont les membres ont, de ce que j'en connais, un melon qui frise le cas pathologique :'D
    :'D je suis totalement d'accord, et c'est justement ça qui est difficile. Après, chacun ses goûts et ses dégoûts, perso, en littérature je suis hyper exigeante et il y a très peu d'écrivains qui trouvent grâce à mes yeux :'D Ce que j'attends d'une oeuvre c'est quelle soit divertissante, qu'elle suscite une réflexion qui reste toutefois aux alentours de mon champ idéologique (genre Finkelcrotte avec Soumission, c'est même pas la peine :molotov::toilet:) et que cette réflexion soit subtile et bien amenée. C'est ce que j'essaie de faire avec mes propres oeuvres et je ne sais même pas si j'y arrive bien :'D parfois je me dis, merde, les gens vont se faire chier à suivre les aventures imaginaires d'un perso imaginaire dans un monde imaginaire, ou" merde putain c'est bon avec ton tract politique là, on a compris, on vit dans une société de merde", etc. :'D

    Moi je pense pas : tu n'as pas tout à fait tort dans le sens ou, oui la subversion politique ne peut pas être la seule excuse en cas d'insuccès, mais il est évident que les bourgeois (du coup je vais appelé comme ça l'intelligentsia si tu préfères car, somme toute, ce sont des bourgeois) en tenant fermement les moyens financiers et matériels de diffusion médiatique ou publicitaire, entravent bon nombre d'artistes dont le contenu est jugé par eux mauvais ou dangereux. Alors ils se disent peut-être pas "grand Dieu, cela pourrait pousser les sans-dents à se révolter", mais plutôt "grand Dieu, que c'est indigne" car, par habitus de classe, les discours révolutionnaires ou séditieux leur apparaissent comme un genre de méprisable babillage d'attardés mentaux, j'en sais rien :'D
    Exemple, si ce que tu dis est vrai, on entendrait Hugo TSR ou Tagada Jones (etc.) sur RTL ou skyrock et Surplus, La consommation par la Terreur serait diffusé sur TF1 à 21h ;)

    Ouais t'as raison, c'est super pertinent comme remarque. J'avais jamais pensé à ça, évidemment le public est formé depuis l'enfance pour apprécier certains contenus, moi y compris. Bon, et puis c'est vrai que des combats épiques c'est beau à voir XD C'est pour ça, dans l'utopie on se fait un peu chier, un monde tout beau, tout propre où tout le monde est heureux, c'est souvent la fin de l'histoire ça ;)
    Bon après t'as bien compris que j'étais pas objective dans la mesure où je m'auto-édite sur une plateforme lowcost et si j'ai pas trouvé d'éditeur c'est pas parce que je suis subversive, c'est parce qu'il y a très très peu d'éditeurs SF en France, les grosses maisons d'édition qui publient les auteurs qui s'initient à l'exercice science-fictif (Finkelcrotte, Werber, etc) n'emploient pas le terme SF mais "anticipation" (ça fait carrément plus intello wesh), et c'est surtout que parce que je connais personne dans le milieu pour m'en entrouvrir les portes... Sérieux, quand je vois les grosses merdes qui sont dans les best-sellers, je suis dégoutée, frustrée, jalouse... Et puis jme dis, bah c'est pas grave, Davodka fait serveur lui aussi pour nourrir sa famille entre deux concerts :'D
     
  19. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  20. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Ah ouais... Des têtes à claques. Je supporterais pas.

    Ben je suis pas sûr justement. On vend aussi des produits marketing, y a la question des relations entre radios et majors, sans compter, concernant hugo TSR qu'il fait pas de la trap / afrotrap / variété (le style à la mode quoi). Je suis pas sûr que ce soit spécifiquement son discours qui pose problème. D'ailleurs, on diffuse des artistes d'une vulgarité qui feraient pâlir les bourgeois (type Gazo et Koba avec leur musique de pointeur "je la baise pendant que ses parents sont pas là"). Alors clairement c'est pas contestataires et je pense que le rap conscient dégoute plus parce qu'on se dit "ouais c'est chiant, pas divertissant" que vraiment parce qu'il s'en prend à l'état. Je serais plus nuancé quoi.
    Après on a des cas veridique de censure avec poursuites judiciaires etc (sniper, m. R, j'en passe)...

    Sinon j'ai l'impression d'être dans le même cas que toi dans le rap. Même si j'investis clairement pas autant de temps et d'efforts que toi.
     
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  21. Damona
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    Mais est-ce que les styles sont à la mode parce que les gens les aiment, ou parce que les médias disent qu'il faut les aimer, ou parce qu'à force de les entendre les gens se résignent à les aimer par esprit de conformisme (ou syndrome de stokholm :'D) ?

    Est-ce que ça serait pas une façon de les maintenir dans l'ignorance ? Dans le 2e numéro de mon super magazine j'ai fait une critique assez documentée de 1984, et parmi tout ce qu'Orwell dit d'excellent, il y a tout un paragraphe qui explique comment l'oligarchie s'évertue à rendre les classes populaires "bêtes". Honnêtement, je suis sûre que mon analyse te plairait et tu aurais beaucoup de choses à en dire : 1984 est le bouquin dont tout le monde parle sans rien y comprendre parce qu'ils s'évertuent à taire l'héritage marxien d'Orwell qui a INCONTESTABLEMENT (mais c'est évident putain, il faut vraiment être con pour pas le voir ou le faire exprès, ou ne pas connaître le matérialisme historique, autre possibilité) repris la dialectique civilisationnelle de Marx. Pour moi, 1984 est une théorie sociale romancée proposant un modèle théorique de gouvernance oligarchique inébranlable, et je remets en perspective 1984 avec la théorie d'Ibn Khaldoun et de Karl Marx, concernant la dialectique civilisationnelle (= le moteur qui met en mouvement les civilisations dans l'Histoire).

    Hé mais partage si tu veux :)
     
  22. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  23. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Je pense qu'il y a des deux. Je crois que dans notre spectre politique on aime bien mettre l'accent sur le matraquage médiatique mais qu'en réalité l'industrie culturelle joue aussi sur des mécanismes cérébraux. Typiquement y a des mélodies qui sonnent de suite bien à n'importe quelle oreille et on va construire les morceaux de façon à les faire arriver le plus vite possible (pour que l'auditeur sur la plate-forme de stream soit hameçonné le plus vite possible). Idem avec des gimmicks.
    Si ça marche c'est aussi peut-être parce que "naturellement" on aime ça et qu'on cherche pas plus loin. C'est facile d'accès, directement consommable, etc...
    Mais sans doute aussi qu'il y a une grande part d'apprentissage à force d'entendre les mêmes musiques et de conformisme (écouter ce que les autres apprécient et se fier à leurs avis pour être dans le groupe).

    Non, je suis convaincu que non. Ça voudrait dire que c'est d'une certaine manière planifié ce qui me semble complètement faux (et limite conspirationniste).
    Pour moi l'abrutissement ou plutôt le pourrissement de la culture est une conséquence involontaire du mercantilisme (je sais pas si le terme est approprié, je veux de vouloir vendre toujours plus toujours plus vite). Ça revient à ce que je disais au-dessus, on cherche juste des mélodies qui attirent l'oreille, des morceaux pas trop longs pour que ça rentre dans les formats des plateformes et maintenir les auditeurs jusqu'au bout, des gimmicks, de l'attitude dans les clips ou la voix...
    Ce qui d'ailleurs n'est pas automatiquement mal, si c'était au service du fond ça irait, mais là c'est juste au service du commerce.

    je poste quelques morceaux là La Sahbisance
    Mais j'aime pas trop ce que je fais. J'aime bien ce que j'écris mais pas trop mon interprétation. Je me cherche un peu.
     
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  24. Damona
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    Femme
    Oui je suis d'accord.

    Là, pas du tout d'accord. Alors bien sûr qu'il y a pas un groupuscule sectariste qui fomente des plans dans l'ombre pour manipuler toute la vie des gens à l'instar des marionnettistes de la caverne platonicienne.
    MAIS, il est évident qu'il existe au moins deux phénomènes sociaux qui ont pour vocation d'influencer la vie des foules, le premier ce sont tous les groupes de pensées (comme les think tank, les francs-maçons, etc.) qui réunissent dans un beau salon certaines gens des classes dominantes afin de travailler ensemble (échanger, explorer, etc que sais-je ?) sur l'avenir de l'humanité et, dans un autre temps, un phénomène beaucoup plus naturel et inconscient qui est celui d'une idéologie de classe qui influence les décisionnaires politiques, publics et culturels. La classe dominante est persuadée que le peuple est con et dangereux, bien sûr qu'il faut l'abrutir. Cf. Patrick Lelaye qui vend tu temps de cerveau disponible : il dit explicitement que ses programmes sont délibérément abrutissant pour que les spectateurs deviennent des aliénés du capital, si ça c'est pas une preuve manifeste qu'ils savent très bien ce qu'ils font et pourquoi ils le font !
    Alors encore une fois, je parlais de 1984, dans 1984 Orwell met à jour la palette d'outils qu'utilisent l'oligarchie pour être inébranlable. Bien sûr, Orwell fait le chemin inverse, il voit du bas ce que font les gens d'en haut et comme c'est un très bon analyste, ça donne l'impression que tout est super bien organisé. En réalité, bien sûr, c'est plus compliqué et opportuniste que ça. La classe dominante, bien qu'elle a une conscience de classe, n'est pas homogène car ils ont aussi leurs conflits, leurs intérêts divergents, leurs humeurs et leurs idées individuelles, etc. Et chacun y va de son idée, de sa production, de son invention et Orwell, quand il regarde ça, essaye de remettre de l'ordre pour proposer une grille de lecture simplifiée qui donne ce leurre d'ordre et de planification.

    Bon je sais pas si je me suis bien exprimée... Pareil je voulais répondre à l'autre post, j'ai lu le pavé mais je répondrai demain, là j'ai la flemme (ça y est, je suis contaminée, j'ai plus qu'à commander un uber pour qu'il me brosse les dents et me porte jusqu'à mon lit, ah mais non, j'ai mon conjoint pour ça ^^:'D)

    je poste quelques morceaux là La Sahbisance
    Mais j'aime pas trop ce que je fais. J'aime bien ce que j'écris mais pas trop mon interprétation. Je me cherche un peu.[/QUOTE]

    J'ai écouté rapidement quelque morceaux et je trouve ça vraiment pas mal. Bon, le rap c'est chaud. J'écris de la poésie aussi (plutôt highlevel mais très prout prout ^^) et je reconnais que le rap, c'est un type de poésie vraiment pas facile et tu t'en sort pas mal du tout, y a de bonnes punchlines qui font plaisir à entendre. Pour la voix, ça va venir. Si c'est ce que tu veux faire, lâche rien, continue et surtout aie confiance en toi. J'avais un pote jamaïcain qui chantait tout le temps. Il se baladait partout avec son bâton de rasta là, ses grosses locks sous son turban et il chantait partout tout le temps. Le mec en avait rien à foutre. Et c'est ça qui marchait aussi. Si tu crois pas en ce que tu fais, c'est sûr que ça marchera pas. Et le rap ça se crache à la gueule des gens, même quand ils ont l'air de chanter. Vraiment, rythm & poetry, quand tu écoutes le flow us, la façon dont ils accentuent des syllabes et tout... Tu peux pas te permettre de bégayer ou de pas être assuré dans le rap.
    Moi ce que je kifferai entendre, c'est du rap hardcore. Tiens j'ai découvert Al'Tarba récemment, et putain, autant j'ai vraiment du mal avec la voix de Dooz Kawa (je sais pas pourquoi) mais celle d'Al'Tarba en mode hardcore, je suis en kiff total avec le ptit gospel derrière là hummm, ah et puis ses textes putains, ses rimes sont énormes <3<3:'D

     
  25. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  26. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Effectivement on n'est pas d'accord. D'une part je pense que les think tanks servent pas à grand chose. Des gens se réunissent pour parler et espèrent au mieux influencer un peu l'opinion mais que c'est vain. Et je pense pas qu'ils cherchent à l'influencer en "abrutissant" le peuple. D'autant que tous ont une approche différentes, certains plus populistes, d'autres misérabilistes, d'autres se foutant de la masse et produisant des idées et discours à destination de certains groupes seulement, etc...
    Pour ce qui est de la conscience de classe de la bourgeoisie je ne crois absolument pas qu'elle les pousse uniquement à vouloir inconsciemment "abrutir" le peuple. Évidemment qu'ils vont éviter de promouvoir des théories qui les présentent comme des connards parce qu'eux mêmes ne se perçoivent pas comme ça (mais c'est pas de l'abrutissement en soi). Je pense que ce qui les pousse à balancer des émissions stupides c'est vraiment juste que ça rapporte. D'ailleurs y a des documentaires sur arte qui sont accessibles facilement et gratuitement pcq y a un public, juste les gens les regardent moins. Comme on peut te vendre des t-shirt avec un gros A dessus ou la tête du che Guevara. Si y a du fric à faire...
     
  27. Damona
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    Damona Membre du forum

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    Oui, l'abrutissement des prolétaires n'est pas leur seul objectif et il n'y a pas qu'un seul moyen de les maintenir dans l'abrutissement il y a aussi le trafic de drogues, la pornographie, le travail à l'excès, etc.
    Vraiment, tu devrais lire 1984. Je te mets un lien vers une partie de ma critique que j'ai publiée en libre-accès : Dossier 1984 (G. Orwell), partie II- C. L’abrutissement des prolétaires | lelitteraire.com

    C'est une théorie. Comme toute théorie, elle a volonté à représenter le monde pour lui donner du sens et de la cohérence et comporte donc une importante part de simplification.
    Mais bon, tant pis si on n'est pas d'accord sur ce point ¯\_(ツ)_/¯
     
  28. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  29. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Je l'ai lu et j'ai aussi vu le film. C'est sympa mais j'en ferai pas le B-A ba de mon analyse politique. Je persiste à penser que, non, "abrutir le peuple" ne fait pas partie des motivations de la bourgeoisie.
    Les bourgeois veulent surtout faire du fric. L'abrutissement n'est qu'une conséquence de la recherche de profit par les propriétaires de médias (au sens large).
    D'ailleurs contrairement à l'oligarchie dans 1984 (l'oligarchie est d'ailleurs la cible des fascismes) la bourgeoisie n'est pas une classe homogène, unie, organisée... Les bourgeois sont en concurrence les uns avec les autres, font partie de pays en concurrence les uns avec les autres ou de conglomérats en concurrence les uns avec les autres, etc...
     

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