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Coronavirus... et anarchisme?

Discussion dans 'Discussion générale' créé par ninaa, 15 Mars 2020.

  1. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  2. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    L'article en question (sur Médiapart):

    No pass-aran

    Quoi qu'il en soit, sans vouloir généraliser, il suffit de jeter un coup d'oeil aux titres qui défilent en haut du forum (sur Info libertaire, donc), pour se rendre compte de l'ampleur du phénomène dans les milieux militants plus ou moins libertaires.
     
  3. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  4. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Rappel en ces temps troubles
    8 août 2021 par Floréal

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  5. Z. Garnier
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    Z. Garnier ni dieu ni maître oï oï oï ! Compte fermé

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    Juil 2019
    Homme
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    Je suis libertaire et pour le pass.

    Ce qui me gêne beaucoup dans les "textes militants" contre le pass, c'est qu'ils ne l'imaginent que comme stratégie politique liberticide. Comme les libertariens les plus allumés. Alors qu'il résulte aussi du sanitaire, de la santé publique.Au dela tout les contresens des concepts utilisés de façon péjorative pour discréditer l'adversaire macroniste, fasciste, libéral... Un peu de philo "anarchie" ne ferait pas de mal. Une "anarchie" avec des libertaires comme eux, ça ferait sérieusement peur.

    Le pass est imposé parce que la couverture vaccinale n'est pas assez élevée. Le virus circule beaucoup trop. Au-delà des intérêts de "contrôle social" du gouvernement, des inconvénients qu'il inflige personnes ne pouvant pas être vaccinées...

    Il faudrait aussi redéfinir ce qu'est ce "contrôle social". Je n'imagine pas du tout une société libertaire sans aucun contrôle social. Pour ce qui relève de la santé des personnes, des personnes qui ont commis des actes de violences extrêmes comme des agressions physiques avec coups et blessures, des viols, des assassinats...

    Le pass empêche la circulation du virus dans des lieux publics ou privés, empêche de contaminer des gens, de les rendrent malade, de les envoyer à l'hopital en soins critiques ou en réanimation ou à la morgue. Pendant une pandémie il est malheureusement nécessaire dans des pays où la vaccination est beaucoup trop basse. C'est un moindre mal.

    Sans ce pass, le variant Delta continuera de se propager. Chaque nouveau cas contaminé peut potentiellement engendrer un nouveau variant plus ou moins contagieux, faudrait pas l'oublier "les militants"...

    soit on s'oppose à un moyen de prévention et la pandémie suivra son cours. Soit on ne s'oppose pas à ce moyen qui peut l'endiguer sévèrement, avec les masques obligatoires, les gestes barrières, tout ce que les virologues et épidémiologistes conseillent.

    Si les Français avaient été moins hostiles à la vaccination, le pass n'aurait pas été imposé de si tôt. Peut-être jamais. Hors Covid, les Français sont parmi les populations européennes les plus réticentes aux vaccins. Les médecins qui recommandent l'obligation vaccinale le disent.

    Now j'espère que mon compte sera vraiment désactivé. Faites gaffe à vous.
     
    Anarchie 13 et allpower aiment ça.
  6. ninaa
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  7. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    C'est vrai, c'est la deuxième fois qu'il le demande, et malheureusement les membres ne peuvent pas désactiver leur compte eux mêmes...
     
  8. Je lui avais demandé une confirmation la 1ère fois (sans avoir de réponse)
    Je vais donc fermer son compte maintenant...
     
  9. Je lui avais demandé une confirmation la 1ère fois (sans avoir de réponse)
    Je vais donc fermer son compte maintenant...
     
  10. ninaa
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  11. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Personne ne doit être oublié ni mis de côté - Anarchie, confinement et crypto-eugénisme

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  12. ninaa
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  13. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Critiques de la gestion dite sanitaire et libéralisme militant
     
    Ganate apprécie ceci.
  14. ninaa
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  15. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Alors, on te voit plus aux soirées? Pour une santé communautaire.
    Publié le 3 janvier 2022

    Lettre ouverte par temps de pandémie. A tou-te-s les camarades insouciant-e-s qui se demandent pourquoi je n’agis plus avec elleux.

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    Version audio «Alors, on te voit plus aux soirées? Pour une santé communautaire.»
    Par Karakole Pour une santé communautaire. : karacole ; Toma : Free Download, Borrow, and Streaming : Internet Archive

    Alors, on te voit plus aux soirées ? Pour une santé communautaire.

    Voir aussi :
    Personne ne doit être oublié ni mis de côté - Anarchie, confinement et crypto-eugénisme
    Valérie Gérard : « Ce mouvement anti-pass ne construit rien de commun mais prône la destruction de toute communauté » (Tracer des lignes)
    AntiCovid tu perds ton sang-froid - Covido-négationnisme et luttes populaires
     
    Jaf et Anarchie 13 aiment ça.
  16. ninaa
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  17. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    FACE À LA PANDÉMIE, LE CAMP DES LUTTES DOIT SORTIR DU DÉNI.

    Par le collectif Cabrioles

    Face à la pandémie, le camp des luttes doit sortir du déni. | jef klak

    Alors que la pandémie de Covid-19 fait rage et touche en premier lieu les catégories les plus discriminées de la société, le gouvernement français laisse filer et des centaines de milliers de nouvelles contaminations ont lieu chaque jour. En cette journée de mobilisation interprofessionnelle, le collectif Cabrioles appelle à sortir du covidonégationnisme, et à nous emparer enfin des moyens de l’autodéfense sanitaire, en nous appuyant sur l’histoire des luttes populaires en faveur de la santé communautaire : pratiques de prévention et de réduction des risques, grève, autoréductions de masques FFP2, etc.


    Écouter une version audio du texte (merci à Karacole).

    12 janvier 2022

    Des centaines de personnes meurent chaque jour du Covid-19 depuis le début de l’année. Chaque jour. Des centaines de personnes sont admises chaque jour en soins critiques. Chaque jour. Des centaines de milliers de personnes se font infecter. Dont une part importante sera touchée par des formes persistantes de la maladie. Ces chiffres ne sont pas des chiffres. Ce sont des vies. Nous le savions encore lors de la première vague. Nous le ressentions. Mais les vagues se sont succédé. Et nous avons oublié. Le gouvernement brandit les chiffres. Et allège le protocole. Nous sommes désormais au cœur de la vague. Encore.

    De nombreux·ses scientifiques nous avaient averti·es : étant donnée la contagiosité de ce nouveau variant, quelle que soit sa virulence, cette vague serait un tsunami. Elle trouve en face d’elle un système sanitaire qui s’écroule, c’est-à-dire des soignant·es, des hommes et des femmes épuisées, évidées par la dévastation managériale, par deux ans de pandémie, et par son déni. Déni de l’enfer de leurs conditions de travail, déni de la gravité de l’épidémie et de celle de cette maladie qu’est le Covid-19. Et ce déni n’est pas, en France, le seul apanage d’un gouvernement qui mène une politique de darwinisme social assumée, ni de sa fausse opposition fascisante qui réclame à corps et à cris que ce programme crypto-eugéniste soit libéré de toute entrave. Ce déni est également partagé par une bonne part du camp des luttes, qui depuis deux ans accepte que dans le « monde d’après » 300 personnes parmi les plus précarisées de la population meurent chaque jour pendant des mois, d’une maladie dont les moyens de prévention sont désormais connus.

    Ce déni du camp des luttes a d’importantes conséquences politiques et constitue sûrement la principale source de notre sidération et de notre impuissance. Car ce déni de la réalité de l’épidémie nous rend inaptes. D’une part à comprendre comment celle-ci structure profondément la fascisation exponentielle qui l’accompagne. Et d’autre part à attaquer avec nos camarades zapatistes la gestion criminelle et irresponsable des gouvernements en proposant nos propres programmes d’autodéfense sanitaire inspirés de l’histoire des luttes – notamment celle du Sida – et des mesures autonomes de santé communautaires mises en place partout à travers le monde par des communautés populaires et des réseaux de lutte qui n’ont jamais eu le luxe de se lover dans le déni.

    Pourtant, de part en part, l’épidémie est politique. Partout, le Covid-19 a infecté et tué majoritairement des personnes pauvres, des personnes racisées, et des femmes. Ce sont les femmes, et pour beaucoup des femmes racisées, qui constituaient le gros des « troupes » envoyées se faire infecter en premières lignes lors des vagues successives de contamination et de mort. Les classes populaires sont celles qui connaissent les plus forts taux de maladies chroniques, celles dont les métiers essentiels et manuels ne peuvent être exercés à distance, mais également celles dont l’accès au soin est le plus entravé. Entraves toujours renforcées par le racisme et le sexisme institutionnel. Les territoires les plus paupérisés sont ceux qui ont été le plus touchés par le Covid-19, mais ce sont également les derniers à bénéficier du vaccin. Vaccins qui sont toujours réservés à l’usage exclusif des pays riches. La pandémie est entièrement structurée selon les rapports de domination qui gouvernent ce monde 1. Son déni est un luxe bourgeois, patriarcal, raciste et validiste.

    Aucune vague épidémique n’est une fatalité. Chaque vague est un choix politique. Il y a des gouvernements et des communautés populaires qui ont fait le choix d’agir systématiquement avant qu’une vague ne se forme, en menant des politiques de prévention proactives. Et d’autres, comme le gouvernement français, qui, passée la surprise de la première vague, ont systématiquement fait le choix de laisser la population se faire infecter massivement. Appliquant en cela la feuille de route des réseaux climatonégationnistes 2 de l’extrême-droite libertarienne qui prônent la politique eugéniste du « vivre avec ». « Vivre avec », c’est accepter que toute la population, mais plus particulièrement les classes populaires, et parmi elles ses franges les plus fragilisées que sont les femmes et les personnes racisées, mais aussi les personnes immunodéprimées, atteintes de maladie chronique ou handicapées, vivent dans la peur, se fassent infecter, contractent des Covid longs, ou en meurent.

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    Portrait d’Aïcha Issadounène par C215 à Saint-Ouen, la première victime du coronavirus parmi les caissières du groupe Carrefour. (VICTOR VASSEUR / FRANCE-INFO)

    Les sophismes du déni
    Du côté des luttes, passé l’émoi de la première vague et les envolées lyriques sur le « monde d’après », la réaction à la crise sanitaire a été étonnamment faible. Alors que la circulation du virus mettait à nu les rouages des rapports de domination et le caractère criminel de la logique capitaliste, peu de collectifs et de mouvements ont pris à bras-le-corps ce qu’impliquait la situation épidémique. Bon nombre ont au contraire minimisé sa gravité pour se focaliser uniquement sur la critique du gouvernement, assimilant bien souvent sans nuance tout moyen de prévention à de la répression autoritaire.

    Le déni du Covid en milieu militant s’est structuré autour d’un certain nombre de sophismes, ces sortes de raisonnements qui n’ont de logique que l’apparence. Deux d’entre eux ont pris une importance particulière.

    Le premier de ces sophismes dit ceci : les mesures de prévention comme le confinement ont été nécessaires à cause de la destruction du système sanitaire par les politiques néolibérales. Si tant de lits de réanimation n’avaient pas été fermés par la rationalisation managériale, l’hôpital aurait encaissé le choc et nous aurions poursuivi une vie normale. Ce raisonnement conduit à penser que la pandémie n’est pas intrinsèquement grave, mais qu’elle l’est devenue parce qu’elle s’est abattue sur un système sanitaire ravagé. S’il est indéniable que la destruction du système de soin a amplifié considérablement la violence pandémique, et d’abord pour les personnes les plus précarisées, ce raisonnement repose sur des implicites inquiétants : le rejet du principe de précaution face à une maladie inconnue dans ses effets à moyen et long terme, une banalisation des prises en charges en réanimation qui pourtant conduisent à plus d’un tiers de décès, sont toujours traumatisantes et entraînent de nombreuses séquelles, et enfin l’invisibilisation des Covid longs qui touchent au moins 10 % des personnes infectées mêmes asymptomatiques et ont des conséquences gravement incapacitantes.

    Cette lecture problématique, qui nie la gravité intrinsèque de la pandémie, a conduit les mobilisations à se focaliser exclusivement sur la juste exigence de moyens pour l’hôpital public, mettant complètement de côté la revendication, ainsi que la diffusion auto-organisée, de moyens de prévention efficaces visant à l’élimination du virus. Une politique émancipatrice et populaire d’autodéfense sanitaire ne devrait pas accepter que nous nous fassions infecter massivement, et encore moins que nous finissions en réanimation, mais devrait avoir pour objectif d’agir en amont, d’empêcher toute infection par un pathogène dangereux.

    Le second sophisme, peut-être le plus important, est celui-ci : face à la vague de révoltes mondiales qui a fait rayonner l’année 2019, les gouvernements occidentaux, fidèles à leur habitude d’agiter la terreur pour pacifier les populations indisciplinées, auraient sciemment exagéré la menace du Covid-19 pour discipliner les soulèvements populaires. Le virus offrirait une occasion de renouveler l’usage des techniques contre-insurrectionnelles de gestion des populations précédemment employées dans le cadre de l’antiterrorisme. Au vu de l’usage intensif de ces méthodes de gouvernement ces dernières années, il est compréhensible que cette suspicion ait saisi celleux qui les combattent. Partant de là, un grand nombre de camarades en ont tiré cette conclusion fallacieuse : la gravité de l’épidémie n’est pas réelle, c’est un prétexte à l’accroissement du contrôle.

    Et pourtant, à bien y regarder, on ne peut pas dire que les gouvernements se soient précipités sur l’occasion pour nous terrifier, c’est au contraire un déni sans nuance qui a dominé les premiers temps épidémiques. Macron nous invitant a nous rendre au théâtre, Trump nous assurant que la pandémie était un canular, et Johnson se vantant de serrer les mains des malades. Ce n’est qu’acculés, face à l’accumulation exponentielle des corps malades, qu’ils se sont vus forcés de réagir dans la plus grande improvisation.

    Mais faut-il vraiment choisir entre négation et stratégie du choc ? Les gouvernements capitalistes le font-ils ? L’histoire de l’écocide et du bouleversement climatique nous apprend que non. Bien que la gravité de la menace du chaos climatique soit immense, le libéralisme autoritaire a très bien appris à s’en servir comme prétexte pour accélérer son programme liberticide, et notamment la numérisation du monde et l’expansion du contrôle qu’elle induit, tout en ne faisant absolument rien en pratique pour l’enrayer si ce n’est mimer l’action en empilant des mesures cosmétiques. Tout ce qui se joue depuis des dizaines d’années dans le rapport du commandement capitaliste à la menace climatique s’est rejoué en accéléré face à la menace épidémique. Discours de façade, négation en pratique et usage opportuniste.

    Le principal piège dans lequel sont tombés les milieux militants est d’avoir cru aux écrans de fumée dressés par les gouvernant·es, d’avoir pris pour argent comptant leurs discours de façade qui les posaient en dirigeant·es rationnel·les suivant les recommandations scientifiques. Ce qu’ils et elles n’ont jamais fait. Et c’est ainsi que nous avons vu fleurir de mauvaises lectures de Foucault allant jusqu’à qualifier d’« hyper-rationaliste » un gouvernement qui affirme que les écoles ne sont pas des lieux de contamination, nie pendant plus d’un an le mode principal de transmission du Covid-19, l’aérosolisation, et prétend combattre l’épidémie par des moyens moqués de tous·tes : le couvre-feu, le masque en extérieur, et l’interdiction d’être debout dans les bars.

    Mais un autre signal de ce déni dans les milieux militants nous a semblé particulièrement alarmant : la reprise dans la bouche de certains camarades de la ritournelle eugéniste affirmant que le Covid-19 ne serait pas si grave car il n’affecterait « que les personnes âgées et les personnes vulnérables », les constituant de fait comme des quantités négligeables. Si l’on se rappelle qu’en France 20 millions de personnes souffrent de maladies chroniques, soit un tiers de la population, et que 20 % des Français·es ont plus de 65 ans, on mesure combien le nombre de vies négligeables n’a, lui, rien de négligeable. Quand bien même cela ne concernerait qu’une poignée de personnes, l’argument n’en serait pas moins abject, et la reprise d’une antienne d’extrême-droite du côté des luttes, un signal qui devrait nous inquiéter au plus haut point.

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    École de plein air aux Pays Bas contre la tuberculose
    (1918 – © Nationaal Archief / Wikimedia Commons)

    Le covidonégationnisme,
    carburant impensé de la fascisation

    De manière assez étonnante le phénomène majeur qui structure nos sociétés depuis deux ans, aussi bien sur les plans économique et géopolitique que dans ses dimensions existentielles et psychopolitiques, demeure largement absent des analyses qui tentent de comprendre la progression fulgurante du fascisme ces deux dernières années. La pandémie, puisque c’est elle, est comme l’éléphant au milieu de la pièce. Et cet éléphant détermine les mouvements de tous·tes, car tous·tes se contorsionnent pour ne pas le voir.

    Si les dynamiques de fascisation des sociétés occidentales gouvernées par le libéralisme autoritaire étaient bien avancées avant la pandémie 3, il semble que celle-ci a partout agi comme un catalyseur. Avec la centralité de la frontière dans les politiques de quarantaine, les réponses étatiques ont provoqué une accélération des nationalismes et des politiques racistes déjà fortement engagées. Mais ce sont les stratégies covidonégationnistes qui ont le plus contribué à nourrir ces forces funestes en réunissant gouvernant·es et fascistes dans une même célébration morbide.

    Dès le début de la pandémie, les forces de l’extrême-droite libertarienne se sont mises en branle pour nier la réalité de la pandémie. À l’avant-garde de ces mouvements, on trouve notamment les vastes réseaux libertariens de Koch Industries 4, multinationale pétrolière et deuxième plus grande entreprise privée des États-Unis. Les frères Koch comptent parmi les premières fortunes mondiales et sont connus pour injecter des milliards dans les mouvements climatonégationnistes et les réseaux fascistes de l’alt-right.

    Terrorisés par la mise à l’arrêt de l’économie et la possible revalorisation des systèmes de protection collective que la crise sanitaire pouvait provoquer, ils ont réorienté toutes leurs expériences, leurs relations et leurs stratégies forgées pour nier la crise climatique vers la négation de la pandémie. Inondation d’internet avec de la désinformation, production de pseudo-études de « scientifiques indépendant·es », promotion de traitements dangereux comme l’hydroxychloroquine, ces réseaux n’ont ménagé aucun effort pour exercer et diffuser leur savoir-faire. Et c’est jusqu’aux moindres éléments de langage du lexique viriliste des climatonégationnistes qui vont être accommodés à la sauce Covid : « hystérie alarmiste », « propagande anxiogène », « fanatiques du virus », les « carbocentristes » deviennent des « virocentristes », et les « réchauffistes » des « enfermistes ».

    Le Zetkin Collective a relevé trois formes de déni climatique 5 qui s’appliquent tout aussi bien à la pandémie. Le déni pur et simple prôné par les groupes les plus fascisants dénonçant une « plandémie ». Le déni interprétatif porté par la droite libertarienne qui tout en reconnaissant l’existence d’un problème en minimise l’importance et la gravité : grippette, rhume, « seules les personnes vulnérables sont concernées », « la prochaine vague n’existe pas ». Et enfin le déni implicatoire du néolibéralisme moderniste qui, tout en prétendant avoir une haute conscience du problème, ne fait absolument rien pour y répondre. L’extrême-droite libertarienne va soutenir et financer la promotion de ces trois formes de déni qui convergent toutes vers un même objectif : faire tourner l’économie et continuer à démanteler toute forme de protection collective.

    En octobre 2020, alors que les États-Unis d’Amérique culminent à plus de 600 000 mort·es du Covid-19, paraît la Great Barrington Declaration 6 – véritable Appel de Heidelberg de la crise pandémique. Rédigé par des scientifiques proches des réseaux Koch 7, ce texte qui revendique plusieurs milliers de signatures scientifiques, dont des « Dr Baguette de Pain » 8, est un manifeste pour l’« immunité collective » par l’infection de masse. Minimisant la gravité de l’épidémie qui, selon elles et eux, ne concernerait que « les personnes vulnérables », iels dénigrent toute forme d’intervention et de protection collective, et préconisent les écoles ouvertes et le « vivre avec ». C’est cette ligne qui sera propagée en continu par les organes médiatiques du libéralisme autoritaire en renouvelant leurs « expert⋅es » négationnistes au fur et à mesure que celleux-ci se voyaient démenti⋅es par les faits : après les Perrone et les Toubiana, viennent les Blachier et les Kierzek. C’est cette ligne qu’adopteront la plupart des gouvernements capitalistes, gouvernement français en tête : faire tourner l’économie quoi qu’il en coûte en termes de morts et de formes persistantes de la maladie, continuer à détruire le système de soin en fermant des milliers de lits, en profiter au passage pour intensifier le traçage numérique de la population. Aucune « imbécilité » des têtes gouvernementales derrière ce choix, mais un programme, une stratégie. Aucun pari non plus, si ce n’est sur la colère.

    Et ce pari sur la colère, iels vont le remporter, grâce au déni de la gauche radicale et des mouvements autonomes et libertaires, et avec une stratégie simple : laisser se constituer comme seul mouvement d’opposition un mouvement qui réclame, à corps et à cris, la fin de toute forme de protections collectives qu’il appelle « restrictions », un mouvement qui affirme tout haut un covidonégationnisme que le gouvernement applique déjà tout bas, un mouvement qui au fond demande au gouvernement d’aller plus loin dans son propre programme eugéniste et ultralibéral : le mouvement antimasque, anticonfinement, antivaccin, bref : provirus et antiprévention.

    C’est que la France n’occupe pas une place anodine dans le lancement mondial de l’offensive covidonégationniste. En février 2020 un microbiologiste marseillais, très implanté dans les réseaux de la droite ultralibérale et connu pour son climatonégationnisme assumé, se lance dans un coup marketing d’envergure. Quelques jours après avoir affirmé que le coronavirus ne ferait pas plus de morts que les accidents de trottinette, Didier Raoult annonce sur la base d’une étude frauduleuse qu’il a découvert le remède au Covid-19 : l’hydroxychloroquine. Ce contre-feu médiatique typique des marchands de doute va être unanimement salué par les réseaux internationaux de l’extrême-droite libertarienne, qui vont partout relayer la nouvelle pour nier la pandémie… et s’enrichir avec ce traitement inefficace et dangereux 9.

    Quelques jours plus tard, Emmanuel Macron apporte son soutien à Didier Raoult en lui rendant visite chez lui, à l’IHU-Méditerranée. En septembre 2021, alors qu’au Brésil la mafia étatique de l’hydroxychloroquine liée à Raoult est poursuivie pour crime contre l’humanité 10, Macron renouvelle son soutien en déclarant : « Il faut rendre justice à Didier Raoult qui est un grand scientifique. » Ce soutien du président français à l’icône mondiale de la désinformation médicale ne s’est jamais démenti, il est même avéré que Macron a régulièrement pris son conseil auprès du « guru da cloroquina », comme disent les Brésilien·nes.

    Dans un incroyable retournement de sens, rendu possible par le déboussolement pandémique, ce mandarin de l’industrie médicale va être transformé en héraut de la contestation, si bien que – comble du paradoxe – l’on trouva même un certain nombre de publications de la gauche radicale et du mouvement révolutionnaire pour relayer une défense du personnage et de son traitement.

    Les mouvements de désinformation antiprévention deviennent alors les seuls à s’organiser et à manifester pour contester le gouvernement sur le terrain de la gestion épidémique, et donc les seuls à même de capter la colère qui sourd de toutes parts ainsi que la désorientation générale qui succède au confinement du printemps 2020, à la gestion chaotique du gouvernement et à ses mensonges répétés. Par ailleurs, il faut ici soulever une hypothèse psychopolitique : si le bouleversement climatique pouvait encore être vécu comme quelque chose de lointain par la petite bourgeoisie occidentale, malgré des incursions de plus en plus fréquentes dans ses territoires d’habitation, la pandémie est le premier choc total et d’une telle violence venant faire vaciller les bases mêmes de son mode de vie impérial 11. Ce choc, les affects de crispation et de défense farouche d’une position dominante qu’il secrète, devrait faire l’objet d’une attention particulière pour penser les processus de fascisation en cours.

    Dès le mois de janvier 2021 ces mouvements antiprévention commencent à prendre la rue à l’appel d’une part de Florian Philippot, leader du parti d’extrême-droite Les Patriotes qui initia en France l’immonde usage de l’étoile jaune dans les manifestations antivaccination, et d’autre part, et de manière bien plus importante, du collectif de désinformation médicale Réinfocovid très lié aux catholiques intégristes, à plusieurs mouvements sectaires, mais surtout aux réseaux néonazis de la mouvance antisémite d’Alain Soral 12. Ce dernier affirme sans surprise depuis le début de la pandémie que celle-ci, à l’instar de la crise climatique, est un « complot sioniste ». Les animateur·ices de ces mouvements sont de fervent·es admirateur·ices de Didier Raoult, propagent les mythes écofascistes de l’« immunité naturelle » et l’appel à des « communautés enracinées », et sont bien souvent des rentier·es du marché ultralibéral du coaching et des médecines alternatives. Réinfocovid organisera des rassemblements contre les mesures sanitaires et la vaccination dans de très nombreuses villes de provinces, réunissant régulièrement plusieurs centaines de personnes.

    C’est sur ce terreau de mobilisations antiprévention menées par des leaders d’extrême-droite qui par leur omniprésence sur les réseaux sociaux inondent internet avec leurs discours covidonégationnistes et antisémites que se constituera le mouvement contre le passe sanitaire. Ces précédents auraient dû interdire toute comparaison avec le mouvement des Gilets Jaunes qui, aussi hétérogène qu’il fût, n’était pas directement précédé d’un mouvement idéologiquement et hiérarchiquement structuré. Et pourtant, c’est ce parallèle que mirent en avant un certain nombre de critiques radicales, allant même jusqu’à voir dans les conspiracistes des révolutionnaires en devenir, tout comme d’autres avant elles avaient réussi à faire de l’antisémitisme un « anticapitalisme tronqué » 13. C’est donc avec effroi que l’on a pu voir de nombreux groupes militants défiler sans sourciller au côté d’une extrême-droite galvanisée qui trouva là l’occasion d’exprimer son antisémitisme de manière débridée.

    Si attaquer ce nouvel avatar du contrôle et de la ségrégation numérique, qui n’a de sanitaire que le nom, était évidemment d’une nécessité absolue, penser le faire en rejoignant ce mouvement fut un pari pour le moins périlleux, si ce n’est suicidaire. Un mouvement qui, loin de s’en prendre aux dispositifs de contrôle, affublait des médecins de moustaches d’Hitler, agressait et menaçait de mort des soignant·es, attaquait des pharmacies, envahissait des hôpitaux et brûlait des centres de vaccination, sans jamais se faire inquiéter par un gouvernement trop content de se voir ainsi seconder dans son déni de la pandémie et sa tâche de destruction du système de soin. Parallèlement, le nombre d’agressions fascistes et de profanations antisémites bondirent, et l’on dénombra parmi les réseaux et groupuscules armés d’« ultradroite », démantelés quasi hebdomadairement à l’automne 2021 pour préparation d’attentats, de nombreuses personnes mobilisées dans les mouvements antiprévention proches des réseaux antisémites de Réinfocovid 14.

    À celleux qui peignent le combat antifasciste comme dépassé à l’heure de la cybernétisation du monde, nous rappellerons seulement que les deux géants de la Silicon Valley et cofondateurs de Paypal, Elon Musk et Peter Thiel, à l’instar d’autres patron·nes de la Valley, se sont farouchement opposés depuis le début de la pandémie à toutes mesures de protection. Le premier a maintenu ses usines ouvertes illégalement et en a profité pour rallier le trumpisme. Le second, proche conseiller de Trump et vieil ami de l’un des rédacteurs de la Great Barrington Declaration, est un partisan et grand soutien financier du suprémacisme blanc de l’alt-right 15 et des projets cybereugénistes du transhumanisme. En Thiel 16 et en l’alt-right, cette extrême-droite libertarienne qui sert de modèle à l’empire Bolloré, l’accélérationnisme suprémaciste et l’accélérationnisme cybernétique s’imbriquent parfaitement. Le chaos, tout les cybernéticien·nes le savent, produit de l’information, la valeur suprême.

    D’ailleurs, la société de renseignements par analyse de big data Palantir Technologies 17, notamment connue pour soutenir technologiquement l’administration américaine dans sa traque des migrant·es clandestin·es, a offert gracieusement ses services pour la supervision de l’épidémie et le déploiement des vaccins dans plusieurs pays, dont le Royaume-Uni et les États-Unis, mettant ainsi la main sur les données de santé de millions de citoyen·nes. Peter Thiel est le fondateur et l’actionnaire principal de cette société.

    Le covidonégationnisme a donc deux faces qui mettent en scène leur opposition pour mieux nous mener dans une impasse ultralibérale, eugéniste et raciste. Le capitalisme du désastre, à l’instar de ses politiques en faveur du dérèglement climatique, mène des politiques provirus et se réjouit du chaos pandémique. La crise, on commence à le savoir, est devenue son mode normal de gouvernement, sa manière de provoquer la sidération pour extraire encore de la valeur en étouffant les milieux vivants, et nos vies. Face à cela, nous n’avons qu’une issue : prendre au sérieux la pandémie.

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    Tract des Young Lords

    Bâtir l’autodéfense sanitaire
    Abandonner le terrain de la lutte contre la pandémie, c’est donc laisser l’extrême-droite porter le flambeau de la contestation, mais c’est aussi offrir à l’État le confort de se présenter, face à ces mouvements antiprévention qu’il a sciemment laissés prospérer, comme le seul acteur raisonnable, et ainsi de rendre désirable, pour la majorité de la population, les fausses solutions cybernétiques qu’il nous impose.

    Combattre le passe sanitaire et le monde qu’il produit, les combattre véritablement, ne pourra se faire sans combattre la négation de l’épidémie qui, d’où que vienne cette négation, nourrit les forces fascisantes. Combattre la gestion autoritaire du gouvernement ne pourra donc se faire sans élaborer, positivement, nos propres pratiques d’autodéfense sanitaire. Pour cela, nous avons le trésor de l’histoire des luttes populaires qui, loin de faire de la science une religion, ont su tirer le meilleur parti des connaissances scientifiques et médicales pour combattre les systèmes de domination et soigner la croissance des forces révolutionnaires.

    De même que nous ne pouvons raisonnablement envisager d’attaquer les politiques écocidaires qui ravagent la planète sans, dans le même temps, œuvrer à construire des mondes habitables ; nous ne pourrons combattre le « vive la mort » des fanatiques de l’économie sans élaborer nos propres manières de soigner les vies. À commencer par celles que le capitalisme invisibilise et tient pour quantités négligeables.

    Les mouvements de luttes et d’émancipation sont riches d’histoires de réappropriations collectives des pratiques de soin et des savoir-faire médicaux. Des Free Clinics des Black Panthers et des Young Lords aux réseaux clandestins d’accompagnement à l’avortement du mouvement féministe et à ses pratiques de self-help, de l’épidémiologie de combat développée par Act-Up aux actuels centres de santé communautaire, les luttes populaires ont su inventer un rapport politique au soin qui, partant des conditions sociales vécues et prenant pour base les connaissances scientifiques, décloisonne les positions d’expertise pour faire du soin un objet commun d’élaboration.

    C’est cet héritage vivant de la santé communautaire que des réseaux de luttes et des communautés populaires, partout dans le monde, ont su brandir dès les premiers temps de la pandémie. Dans de nombreux pays des Brigades de solidarité populaires se sont organisées pour fournir du matériel de protection sanitaire aux travailleur·euses en première ligne. Des milliers de femmes se sont mises à coudre des masques pour combler l’incurie étatique et approvisionner les soignant·es. Dans des favelas brésiliennes des habitant·es en lien avec des associations et des médecins ont mis en place leurs propres procédures de tester-tracer-isoler et ont obtenu des résultats édifiants 18. Au Chiapas, nos camarades zapatistes ont dès mars 2020 annoncé leurs propres mesures de confinement communautaire 19 et appelé les peuples du monde entier à organiser l’autodéfense sanitaire face à la négligence criminelle des gouvernements capitalistes.

    Pour combattre la pandémie et sa gestion autoritaire, nous devrons réussir à articuler plusieurs plans.

    D’abord, il nous faut dès à présent faire émerger de multiples fronts de lutte contre la politique provirus du gouvernement, ses injonctions moralisatrices individualisantes et sa tentative de diversion qui voudrait faire des non-vacciné⋅es les principaux responsables d’une situation criminelle qu’il a entièrement produite. Comme pour la lutte climatique, tous les moyens de pression populaires doivent être jetés dans la bataille. Il en va de nos vies, de celles des personnes immunodéprimées et celles atteintes de maladies chroniques, mais aussi de celles des enfants qui sont aujourd’hui massivement exposés au virus. Car il ne faut jamais l’oublier : les conséquences à long terme d’une infection par ce virus sont encore inconnues, et à côté du nombre inacceptable de formes graves et de décès, il y a le continent, volontairement invisibilisé par le pouvoir, des Covid longs qui touchent une part considérable des infecté·es, à tout âge.

    Demain, 13 janvier 2022, un grand mouvement de grève est annoncé dans l’Éducation nationale pour lutter contre l’absence de protocole sanitaire et la destruction de l’école par Jean-Michel Blanquer. Ce mouvement doit tout aux enseignant·es, parents et associations qui depuis des mois alertent sur la mise en danger de millions d’enfants et de personnels scolaires, et combattent cet organe majeur de désinformation qu’est la Société française de pédiatrie. Ce sera la première fois, en deux ans de pandémie, que des syndicats appellent à une action d’envergure pour que la santé des travailleur·euses et des usager·es soit protégée. En cela, elles et ils marchent dans les pas des premier·es à avoir construit un rapport majeur à l’épidémie : les lycéen·nes qui à l’automne 2020 multipliaient les blocages pour exiger « la fermeture des lycées et écoles tant que des fonds assurant la sécurité des enseignants, de l’administration et des élèves ne seront pas débloqués, avec mise à disposition de masques et matériel ainsi que la mise en place d’un réel protocole sanitaire 20 ».

    Les grèves et les blocages sont en effet particulièrement indiqués pour lutter contre les politiques provirus : ils font chuter les taux de contamination tout en faisant pression sur le gouvernement. Les camarades enthousiastes du journal CQFD résument : « La grève générale, best mesure antiCovid ever. Tous les principaux lieux de transmission du virus sont fermés (transports, écoles et facs, entreprises, commerces), réduction des risques en étant dehors, au grand air, pour manifester et cerise sur le gâteau, on destitue Macron. » Sans attendre la fameuse grève générale nous pouvons initier partout des grèves et des blocages pour refuser collectivement de travailler et d’étudier dans des lieux non protégés. On peut faire grève contre un virus et ses complices au pouvoir, définitivement, il en va même d’une nécessité vitale.

    Ensuite, il nous faudra élaborer une approche globale de lutte contre la pandémie qui vienne soutenir et nourrir ce mouvement offensif. Cette approche globale, si elle veut se tenir à distance de toute gestion autoritaire, pourra s’inspirer de la plus grande expérience française de lutte pour la santé communautaire : celle d’Act-Up et la lutte contre l’épidémie de Sida 21. En avril 2020 des acteur·ices de la lutte contre le Sida, interpellant le Conseil scientifique 22, attaquaient « une politique qui pénalise, culpabilise, exclut » et nous rappelaient que ce qui avait fait le succès de cette lutte était « la révolution du rapport entre savoirs et pouvoirs » qu’elle avait opérée en faisant des malades les premier·es acteur·ices de l’élaboration des politiques sanitaires.

    « La seule lutte efficace : celle qui lie de manière indissociable santé publique et droits humains, qui refuse de confier le pouvoir aux seuls scientifiques ou aux seuls politiques, qui fait de la participation des citoyens et de l’inclusion des populations minoritaires, démunies ou ostracisées, la clef du succès. » Iels donnaient à penser ce qui aurait pu être une guerre véritable contre le Covid-19 : réquisitions des stocks et des chaînes de production de matériels sanitaires, réquisitions de bâtiments publics et d’hôtels, pour loger les SDF et proposer un isolement aux personnes infectées, fermeture des centres de rétentions administratives… mais surtout : implication des communautés à tous les niveaux de la réponse sanitaire et multiplication des approches spécifiques aux contextes sociaux.

    C’est suivant la même volonté de penser une approche globale anti-autoritaire qu’un collectif soutenu par des acteur·ices des luttes a proposé il y a un an une importante synthèse intitulée « Zero Covid solidaire » 23. Refusant « le darwinisme social qui nous demande de sacrifier les personnes les plus fragiles face au Covid-19 » et « convaincus que l’on ne parviendra réellement à endiguer le virus que si les mesures mises en œuvre le sont de manière sociale, solidaire et volontaire », cet appel mêle avec intelligence une approche communautaire et un objectif « zero Covid ». Contrairement à la politique eugéniste du « vivre avec », l’objectif « zero Covid » vise l’élimination complète du virus région par région.

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    Préservatif rose géant posé sur l’obélisque de la Concorde par Act-Up à Paris, le 1er décembre 1993. (GERARD JULIEN / AFP)

    Pour ce faire, la stratégie « zéro Covid solidaire » implique de faire chuter drastiquement les taux de contamination, notamment en mettant temporairement à l’arrêt les activités économiques non essentielles ainsi que les lieux d’apprentissage, pour arriver à une situation « où chaque cas puisse être tracé individuellement ». Plutôt que par des mouchards technologiques, ce suivi des cas pourrait être effectué par des équipes d’arpentage épidémiologique mobiles qui prendraient en charge les tests ainsi qu’un véritable travail d’information et de prévention. Cette stratégie nécessite de mettre en œuvre une coordination inter-régionale à une échelle transnationale, ainsi que l’expropriation de financements auprès des grandes fortunes, des entreprises et des transactions financières pour garantir à tous·tes un revenu minimum. Cette proposition ne se présentait pas comme un programme définitif, mais comme une invitation au débat et à la discussion. Celle-là même que nous devons poursuivre.

    Enfin, il est désormais plus que nécessaire que le camp des luttes, la gauche radicale et les mouvements autonomes et libertaires, se place à l’avant-garde de la lutte contre la pandémie, en se réappropriant les outils de prévention et de réduction des risques et en les intégrant dans ses pratiques quotidiennes, ses espaces de vie et d’organisation. Pour cela, il sera nécessaire de multiplier les ateliers d’éducation populaire et de diffuser massivement les connaissances scientifiques et les pratiques adéquates à la lutte contre le virus. Seule l’émergence de forces qui mettent le soin et la prévention au cœur de leur pratique et qui portent un discours clair et fondé scientifiquement nous permettra de trancher dans la confusion, et donc de combattre la désinformation et la séduction des récits négationnistes.

    Aujourd’hui, orienter nos pratiques de prévention impose de partir des connaissances les mieux établies : les vaccins existant sont efficaces contre les variants connus, et l’immense majorité des contaminations se font par voie aérienne. Pour reprendre les mots d’une récente et importante « Lettre ouverte par temps de pandémie 24 » : « Le vaccin est nécessaire mais non suffisant. Que nos milieux soient ambigus, voire carrément antivaccins, est un naufrage. Le vaccin est nécessaire, car il réduit les formes graves et le risque d’hospitalisation. Il est insuffisant, car il n’annule pas la nécessité des autres mesures (masque, ventilation). »

    Il nous faut donc d’une part nous battre pour que tout le monde puisse avoir accès aux vaccins qui sont aujourd’hui exclusivement réservés aux pays riches, et surtout aux riches des pays riches. Mais il nous faut également développer une juste compréhension du principal mode de contamination du virus : celui-ci se transmet comme de la fumée que l’on inhale par le biais des aérosols que l’on émet lorsque l’on mange, parle, ou simplement respire. Ces aérosols s’accumulent dans l’air en l’absence d’aération, et leur taux de concentration ainsi que le temps d’exposition augmente le risque de contamination. Notre effort devra donc porter sur l’importance de l’usage des masques en intérieur et sur celle d’une aération régulière.

    Il y a là tout un champ de recherche low-tech à explorer pour produire nos propres purificateurs d’air et nos systèmes de ventilation de manière autonome. Mais il y a aussi des caisses de mutuelles sanitaires à créer pour pouvoir s’équiper en matériel de protection, soutenir les personnes isolées, et appuyer les mouvements de grève. Et pour lutter efficacement pour la gratuité des seuls masques réellement protecteurs, les masques de type FFP2, rien de tel que de s’organiser pour arracher cette gratuité dès maintenant, en lançant par exemple des campagnes coordonnées d’autoréduction dans les supermarchés.

    Tout nous indique que cette pandémie ne sera pas la dernière. La victoire du pouvoir est de nous anesthésier. De faire de nos vies des chiffres. De transformer nos mort·es en une macabre comptabilité. De nous rendre sourd·es aux peurs et aux douleurs de celleux qui nous entourent. Notre tâche est d’affûter notre sensibilité. Seules des forces prenant soin de leur faiblesses seront à même de mener des assauts conséquents.

    Face au capitalisme du désastre et à ses convergences fascistes et cybernéticiennes, il s’agit de faire exister, dans nos villages et nos quartiers, des formes ouvertes de communauté, mues par l’attention portée à la vulnérabilité. Un communisme du soin.

    Le collectif de la Parole Errante Demain définit ce communisme comme « une approche élargie du soin, où la communauté sociale elle-même se fait soignante – le “potentiel soignant du peuple” disait le psychiatre Lucien Bonnafé – à l’opposé de toute gestion de la population 25 ».

    Même le communisme est quotidien.

    Cabrioles
    Carnet de recherche pour l’Autodéfense Sanitaire face au Covid-19
    <cabrioles.noblogs.org>
    @CabriolesDouze


    1. À ce propos voir Pandémopolitique : réinventer la santé en commun, Jean-Paul Gaudillière, Caroline Izambert et Pierre-André Juven, janvier 2021, Éditions La Découverte ; « Le travail invisible derrière le confinement. Capitalisme, genre, racialisation et Covid-19 », Françoise Vergès, 29 mars 2020, Contretemps.eu ; « Comment lutter contre la “pandémie des pauvres” », Mathilde Goanec et Dan Israel, 20 novembre 2020, Médiapart.fr ; « Radiographie du coronavirus : La COVID-19, une maladie de pauvres ? », Nicolas Martin, 10 avril 2020, France Culture (Podcast et texte) ; « États-Unis : le coronavirus affecte majoritairement les Afro-Américains », Rodney A. Brooks, 28 avril 2020, National Geographic.
    2. Sur le terme « climatonégationnisme » : « Ces climato-négationnistes qui nous gouvernent », Johan Chapoutot, 4 septembre 2019, Libération, <liberation.fr/debats/2019/09/04/ces-climato-negationnistes-qui-nous-gouvernent_1749293>.
    3. La Possibilité du fascisme. France, la trajectoire du désastre, Ugo Palheta, 2018, Éditions La Découverte ; Face à la menace fasciste, Ludivine Bantigny, Ugo Palheta, 2021, Textuel ; « La possibilité de l’écofascisme », twoinou, novembre 2021, Perspectives Printanières, <perspectives-printanieres.info/la-possibilite-de-lecofascisme>.
    4. « How The Koch Network Hijacked The War On COVID », Walker Bragman, Alex Kotch, 22 décembre 2021, The Daily Poster, <dailyposter.com/how-the-koch-network-hijacked-the-war-on-covid>.
    5. Fascisme fossile. L’extrême-droite, l’énergie, le climat, Zetkin Collective, 2020, La Fabrique.
    6. « La déclaration de Great Barrington : Un manifeste de la mort », Andre Damon, 17 octobre 2020, Word Socialist Web Site, <.wsws.org/fr/articles/2020/10/17/pers-o17.html> ; « Que sait-on de la “Déclaration de Great Barrington”, qui recommande de limiter les mesures anti-Covid aux personnes vulnérables ? », Anaïs Condomines, 13 décembre 2021, Libération.
    7. « Climate Science Denial Network Behind Great Barrington Declaration », Nafeez Ahmed, 9 octobre 2020, Byline Times, <bylinetimes.com/2020/10/09/climate-science-denial-network-behind-great-barrington-declaration>.
    8. « 16 000 prétendus experts s’opposent aux reconfinements, dont Dr Baguette et Dr. Who », Marcus Dupont-Besnard, 9 octobre 2020, Numerama, <umerama.com/politique/656497-6-000-pretendus-experts-sopposent-aux-reconfinements-dont-dr-baguette-et-dr-who.html>.
    9. « Network of Right-Wing Health Care Providers Is Making Millions Off Hydroxychloroquine and Ivermectin, Hacked Data Reveals », Micah Lee, 28 septembre 2021, The Intercept, <theintercept.com/2021/09/28/covid-telehealth-hydroxychloroquine-ivermectin-hacked>.
    10. « Hydroxychloroquine, vaccins… Bolsonaro accusé de crimes contre l’humanité », J.C avec AFP, 20 octobre 2021, Le Progrès, <leprogres.fr/sante/2021/10/20/hydroxychloroquine-vaccins-bolsonaro-accuse-de-crimes-contre-l-humanite>.
    11. Le Mode de vie impérial, Ulrich Brand, Markus Wissen, septembre 2021, Lux Éditeur.
    12. « Qui sont les animateurs de Reinfocovid ? », juin 2021, La Horde, <lahorde.samizdat.net/Qui-sont-les-animateurs-de-Reinfocovid>.
    13. Antisémitisme 2/2 : La camaraderie pas épargnée, Le chant des meutes, août 2021, Radio Canut (Podcast), <audioblog.arteradio.com/blog/98688/podcast/170493/antisemitisme-2-2-la-camaraderie-pas-epargnee>.
    14. « “La République est juive” : les dessous du projet d’attentat d’une filière néonazie liée à Rémy Daillet », Vincent Gautronneau, Jérémie Pham-Lê, 29 octobre 2021, Le Parisien ; « 2021 : un an de violences de l’extrême droite », Rapports de force, 7 janvier 2022, <rapportsdeforce.fr/boite-a-outils/carte-2021-un-an-de-violences-de-lextreme-droite-010712334>.
    15. L’Alt-right : de Berkeley à Christchurch, Simon Ridley, 2020, Le Bord de l’eau ; « La “nouvelle droite” américaine. Les défenseurs du peuple blanc contre la démocratie », Laura Raim, novembre 2016, Revue du Crieur (no 5) ; « Alt-right” : la bataille linguistique contre les néo-nazis aura bien lieu », Corentin Durand, 14 août 2017, Numerama, <numerama.com/politique/213439-alt-right-la-bataille-linguistique-contre-les-neo-nazis-aura-bien-lieu.html>.
    16. « Peter Thiel, l’homme qui voulait achever la démocratie », Fabien Benoit, juillet 2018, Usbek & Rika ; « “NRx”, le mouvement néo-réac monarchiste de la Silicon Valley », Fabien Benoit, novembre 2018, Usbek & Rika ; « Eugénisme, individualisme, racisme… les racines obscures de la Silicon Valley », Marine Protais, mai 2019, l’ADN ; « Peter Thiel’s Free Speech for Race Science Crusade at Cambridge University Revealed », Nafeez Ahmed, décembre 2021, Byline Times.
    17. « Palantir met la main sur les données du NHS pour une livre sterling », Barthélemy Dont, 10 juin 2020, korii, <korii.slate.fr/tech/sante-royaume-uni-covid-19-palantir-acces-donnees-personnelles-nhs-1-livre> ; « Des pays européens, dont la France, se rapprochent de Palantir pour traquer le virus », Alice Vitard, 2 avril 2020, l’Usine Digitale ; « Seeing stones: pandemic reveals Palantir’s troubling reach in Europe », Daniel Howden, Apostolis Fotiadis, Ludek Stavinoha, Ben Holst, 2 avril 2020, The Guardian, <theguardian.com/world/2021/apr/02/seeing-stones-pandemic-reveals-palantirs-troubling-reach-in-europe>.
    18. « Covid: As lições da favela que reduziu mortes em 90% enquanto Rio vivia tragédia »,Nathalia Passarinho, 1er mai 2021, BBC News, <bbc.com/portuguese/brasil-56919419>.
    19. « Communiqué de l’EZLN face à la menace du coronavirus », EZLN, 16 mars 2020, Dijoncter.info, <dijoncter.info/communique-de-l-ezln-face-a-la-menace-du-coronavirus-1872>.
    20. « Appel à bloquer les lycées de France pour lutter contre l’insécurité sanitaire face au Covid-19 », Coordination lycéenne autonome Paris-Banlieue, 3 novembre 2020, Le Numéro zéro, <lenumerozero.info/Appel-a-bloquer-les-lycees-de-France-4990>.
    21. « Coronavirus : La réduction des risques et la solidarité, c’est nous », Gwen Fauchois, 12 mars 2020, <gwenfauchois.blogspot.com/2020/03/coronavirus-la-reduction-des-risques-et.html> ; « Gwen Fauchois : Les citoyens ne décident de rien mais sont responsables de tout. », entretien avec Aude Vidal, juin 2020, CQFD (no 188), <cqfd-journal.org/Gwen-Fauchois-Les-citoyens-ne> ; Le SIDA, combien de divisions ? », Act Up Paris, janvier 1994, Dagorno.
    22. « Lettre ouverte à Françoise Barré-Sinoussi et Jean-François Delfraissy », Collectif, 7 avril 2020, blogs de Mediapart, <blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/070420/lettre-ouverte-francoise-barre-sinoussi-et-jean-francois-delfraissy>.
    23. « Regagnons nos libertés par la stratégie Zéro Covid solidaire », Collectif Zéro Pandémie Solidaire, mars 2021, Basta !, <basta.media/Tribune-Regagnons-nos-libertes-par-la-strategie-Zero-Covid-Solidaire-strategie-zero-covid>.
    24. « Alors, on te voit plus aux soirées ? Pour une santé communautaire », Toma, janvier 2022, Paris-Luttes.info, <paris-luttes.info/alors-on-te-voit-plus-aux-soirees-15592>.
    25. La Parole Errante Demain, « Atelier de fabrication artisanale de masques », 10 mai 2020, <laparoleerrantedemain.org/index.php/2020/05/10/atelier-masques/>.
     
  18. ninaa
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    Déclaration anarchiste internationale sur la pandémie de Covid-19 : Personne n'est en sécurité tant que tout le monde n'est pas en sécurité !

    Declaração anarquista internacional sobre a pandemia da Covid-19: Ninguém está seguro até que todas e todos estejamos seguros!

    La pandémie de COVID-19 a affecté tous les aspects de la vie humaine. Elle a eu un effet dévastateur sur la santé physique et mentale des gens, sur les relations sociales et les communautés, sur nos moyens de subsistance et notre liberté de mouvement. Cela a également considérablement réduit notre capacité à organiser des manifestations politiques efficaces et renforcé l'État.

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    La situation a mis en évidence les problèmes fondamentaux du capitalisme mondial et son besoin de croissance et de profits continus. Le soutien de l'État à ces objectifs est à l'origine de l'origine, de la propagation et des conséquences tragiques de la maladie. La nécessité d'une révolution n'a jamais été aussi évidente.

    Cependant, alors que nous combattions cela, les faiblesses du mouvement ouvrier se sont également révélées. Nous avons vu un nombre croissant de décès, des services de santé surchargés, des travailleurs essentiels traités comme des coûts durables et économiques supportés par ceux qui sont le moins en mesure de payer, mais la résistance a été négligeable. Malgré cela, la pandémie a également généré des actions et des sensibilités clés pour la transformation sociale : solidarité, entraide, auto-organisation et internationalisme.

    Les coronavirus et autres maladies biologiques apparues au cours des dernières décennies sont causées par l'expansion du capitalisme mondial. Alors que le capitalisme s'empare de plus en plus des terres pour l'exploitation forestière, l'exploitation minière et l'agro-industrie, les animaux sauvages perdent leur habitat et entrent en contact avec les humains, créant ainsi un potentiel de propagation de maladies d'autres espèces aux humains. Cette situation est exacerbée par la demande croissante de viande d'animaux exotiques de la part des classes moyennes et supérieures du monde entier.

    Réponse des employeurs et de l'État
    Alors que certains pays ont suivi une stratégie "Covid Zero", la plupart ont opté pour l'atténuation plutôt que l'élimination. C'était en grande partie parce qu'ils voulaient que l'économie continue de fonctionner aussi longtemps que possible, en faisant passer les profits avant la santé des gens. Le résultat a été que la pandémie a duré beaucoup plus longtemps que nécessaire. Le travail considéré comme essentiel, qui figurait déjà parmi les moins bien rémunérés, a été surexploité car il a fait les frais de la crise. Le manque de systèmes de santé bien financés a causé de nombreux décès et de nombreux travailleurs ont été contraints de travailler en raison d'indemnités de maladie insuffisantes. Pendant ce temps, de nombreuses entreprises ont réalisé des bénéfices records et l'écart entre les riches et les pauvres s'est creusé.

    Pour certains gouvernements, la vaccination a été un élément principal de leur stratégie pour vaincre Covid. Si le vaccin est un élément clé de la lutte contre le Covid, les mesures de santé publique de base sont également vitales. Cependant, les gouvernements n'ont envisagé aucune mesure structurelle (comme le renforcement de la santé ou des transports, par exemple), se limitant presque exclusivement à la stratégie de vaccination. Ils ont préféré s'appuyer sur le vaccin car il procure d'énormes profits aux sociétés pharmaceutiques et, en éliminant toutes les mesures de santé publique, permet aux gens de travailler et de consommer.

    Le lancement du vaccin a également mis en lumière les inégalités mondiales. La plupart des vaccins ont été expédiés vers les pays les plus riches qui peuvent se les offrir. Les demandes de renonciation aux droits de brevet afin que davantage de vaccins puissent être produits ont été ignorées, ce qui démontre que pour les gouvernements, les bénéfices des sociétés pharmaceutiques sont plus importants. Chaque pays a suivi sa propre voie avec peu de coordination ou de solidarité internationale.

    Réponse de l'anarchisme organisé
    Nos organisations ont été impliquées dans de nombreuses luttes : pour des lieux de travail et des études sûrs, pour l'entraide et la solidarité dans les communautés, et pour résister aux attaques contre les travailleurs alors que les employeurs et les gouvernements cherchent à récupérer l'argent qu'ils ont dû dépenser.

    Le confinement a été une période difficile pour nous car notre activité politique habituelle n'était pas possible. Cependant, nous ne rejoignons pas le mouvement anti-confinement. L'anarchisme organisé croit en l'auto-organisation. L'application autoritaire des mesures sanitaires de confinement par les gouvernements s'avère parfois inefficace. La mise en œuvre de telles mesures par des canaux partagés et participatifs à tous égards aurait pu obtenir une meilleure acceptation et donc une plus grande efficacité.

    Ils ne proviennent pas de l'expérience des gens dans la communauté et sur le lieu de travail, mais sont développés avec d'autres agendas à l'esprit. Cela a conduit à des messages mixtes et contradictoires et a créé un désordre général, de sorte que les lignes directrices ont été largement ignorées, que ce soit par les individus, sur le lieu de travail ou dans d'autres institutions.

    Nos idées sont basées sur les principes de base de l'anarchisme organisé d'auto-organisation, de solidarité et d'entraide. Nous n'avons pas besoin que le gouvernement nous dise quoi faire, pas plus que nous n'avons à aller à l'encontre de notre propre bon sens simplement parce que le gouvernement veut maintenir l'économie. Bien sûr, il est difficile de faire ce qu'il y a de mieux quand on est dans des conditions de travail précaires. C'est pourquoi l'organisation et la lutte des classes sont un élément vital de toute stratégie.

    Créer un mouvement révolutionnaire
    L'anarchisme organisé croit que sans une société complètement nouvelle, une société sans capitalisme, sans État et sans hiérarchies, l'humanité luttera pour survivre. Tout d'abord, cette pandémie ne sera pas la seule. D'autres suivront, compte tenu de la relation d'exploitation de l'humanité avec les animaux et le monde naturel. Le capitalisme a fait ressortir les dangers potentiels sous-jacents. Le changement climatique et la perte désastreuse de biodiversité et d'habitats sapent la présence humaine sur Terre. Une fois de plus, le capitalisme et l'économie de croissance ont accéléré ce processus, pillant la terre pour toutes les ressources disponibles. On pensait, et beaucoup l'ont fait au début, que l'expérience de la pandémie inspirerait un nouveau mode de vie, avec plus d'entraide, de solidarité et de respect de l'environnement. Mais cet optimisme s'est perdu très vite. Nous revenons bientôt à la « normalité » avec des gouvernements désireux de faire en sorte que les gens consomment à nouveau. La promotion du transport aérien est un excellent exemple de mépris total pour le changement climatique. L'exploration des combustibles fossiles, l'exploitation forestière et la déforestation se sont poursuivies tout au long de la pandémie. Dans le désespoir de retrouver les bénéfices des entreprises, le changement climatique sera laissé pour compte pendant un certain temps.

    Dans la période à venir, les gens se concentreront principalement sur la résistance aux attaques du gouvernement et des patrons tout en cherchant à faire payer à la classe ouvrière le coût de Covid. Une grande partie de notre temps sera consacrée à mener ces batailles économiques. Nous devons nous assurer que la classe ouvrière est unie afin que nous puissions nous soutenir mutuellement et veiller à ce que les personnes les plus opprimées soient pleinement soutenues. Nous avons besoin de solidarité et d'entraide, plutôt que chacun lutte seul dans son lieu de travail, son syndicat ou son groupe social opprimé.

    Notre tâche historique est de continuer à soulever la nécessité d'une révolution. Nous ne pouvons pas continuer à nous concentrer uniquement sur les problèmes immédiats auxquels nous sommes confrontés, cherchant simplement à éviter le pire des attentats et à réclamer quelques miettes. Il faut remettre en question tout le système. Une stratégie sera basée dans un lieu particulier – une communauté, un lieu de travail – mais elle doit être fermement ancrée dans une perspective internationale. Nous pouvons apprendre de notre expérience de la pandémie, qui a contraint de nombreuses personnes à restreindre leur vie à leur environnement immédiat : leur maison, leurs voisins, leur communauté et leurs espaces verts. C'est en un lieu précis, autour d'enjeux que nous pouvons vivre par nous-mêmes, que se créent des mouvements pour un changement beaucoup plus grand.

    Cependant, adopter une perspective plus large est essentiel, car les changements nécessaires sont énormes et interdépendants. Les raisons pour lesquelles il y a des problèmes dans un certain lieu sont dues aux décisions prises dans les conseils d'administration des entreprises ou au résultat des forces du marché qui garantissent que le profit est le principal critère qui configure les lieux.

    Alors que le changement climatique est également un problème mondial, la pandémie a été beaucoup plus immédiate et personnelle. Personne ne peut nier le fait que nous sommes interconnectés. Cela signifie qu'il existe un potentiel pour développer des mouvements plus ciblés au niveau international. Le slogan « nous ne sommes pas en sécurité tant que nous ne sommes pas tous en sécurité » fait désormais partie de la façon de penser de nombreuses personnes. L'avenir dépend de la mesure dans laquelle nous pouvons nous appuyer sur les aspects positifs de la réponse populaire et créer un mouvement qui va au-delà des préoccupations et des revendications immédiates pour une rupture fondamentale avec le capitalisme et vers une société anarchiste.
     
  20. ninaa
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  21. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Covid 19 : faisons front pour construire l’autodéfense sanitaire et exiger des mesures solidaires
    Publié le 14 février 2022

    Covid 19 : faisons front pour construire l’autodéfense sanitaire et exiger des mesures solidaires

    Nous vous invitons à nous mettre en lien pour augmenter ensemble nos capacités d’agir sur ce sujet du covid.

    Il y a un an, nous faisions partie des initiateurs/trices de cette tribune «Pour une stratégie zéro covid solidaire» publiée sur Bastamag [1] et Médiapart [2]. Elle s’inspirait d’une campagne de nos ami.e.s allemand.e.s du collectif Zéro Covid [3] [4] qui eux-mêmes avaient rebondi sur un appel paneuropéen de scientifiques paru dans The Lancet le 18 décembre 2020 [5] .

    Entre temps la situation a changé. Il y a eu les vaccins, les multiples variants, les manifestations dites «anti-pass» et la continuité de la politique du gouvernement qui nous enfonce dans le «vivre avec le virus» et les conséquences néfastes qui vont avec...

    Ces derniers temps nous avons eu l’agréable surprise de lire des textes qui rejoignent grandement ce que nous disons peu ou prou depuis quasiment deux ans.

    • un appel à ce que le camp des luttes sorte du déni [6]

    • un texte contre le laisser-faire sanitaire, pour montrer que nous devons “ nous organiser ensemble et nous protéger tou·tes.” [7]

    • une critique de certains discours et pratiques de déni que nous avons pu aussi observer dans des milieux militants [8]

    • nous nous sentons également très proche politiquement de l’analyse de nos ami.e.s grecs [9] ou zapatistes [10]

    Voici en quelques lignes les bases sur lesquelles nous appelons à débattre et nous organiser pour construire ensemble notre autodéfense sanitaire :

    • Le refus du “vivre avec le virus” et ses conséquences néfastes (Indifférence aux victimes, abandon des plus vulnérables et des covid longs, état catastrophique du système de soins et souffrance profonde des soignant·e·s,...)
    • L’importance de défendre des revendications solidaires qui vont à l’encontre :
    1. des choix sanitaires du gouvernement (pass, haute propagation du virus notamment dans les écoles, refus de la levée des brevets sur les vaccins,...),
    2. de ce que propose le bolsonarisme sanitaire (refus des mesures barrières, refus des vaccins, “laisser faire la nature”, ... )
    3. et de ceux qui reprennent les conclusions de la déclaration de Great Barrington [11]
    • L’importance de défendre des pratiques de réduction des risques [12] et une autodéfense sanitaire sur nos lieux de sociabilité, les lieux militants, les lieux de travail et d’étude. Toutes ces pratiques ne sont pas tant des “sacrifices” que la recherche de la mise en cohérence de notre refus du darwinisme social et du validisme qui l’accompagnent.
    • L’intégration des enjeux écologiques pour tenter d’éviter que cette mauvaise blague pandémique ne se répète. Elle n’est peut-être qu’un avant-goût d’autres pandémies à venir, nous souhaitons prolonger notre réflexion sur les conditions de son apparition ainsi que des zoonoses en général.
    Nous vous invitons donc à nous mettre en lien pour augmenter ensemble nos capacités d’agir.

    Comité d’animation du collectif zéro covid solidaire / Zéro Pandémie Solidaire

    Contactez-nous soit par mail, soit via nos comptes twitter ou facebook, afin que nous puissions vous transmettre un framadate pour nous réunir tou.te.s ensemble.

    Mail : [email protected]
    Site : https://zero-covid.wixsite.com/accueil
    Page : Zéro Pandémie Solidaire
    Twitter : https://twitter.com/zsolidaire
    Groupe facebook : Log in to Facebook

    Note
    https://zero-covid.wixsite.com/accu...se-sanitaire-et-exiger-des-mesures-solidaires

    Notes
    [1] « Regagnons nos libertés par la stratégie Zéro Covid solidaire » - Basta!

    [2] Regagnons nos libertés par la stratégie Zéro Covid Solidaire!

    [3] Campagne Zéro Covid : « Le virus ne s'arrête pas aux portes des bureaux et des entreprises »

    [4] PANDEMIE: ZeroCovid, solidarité en temps de crise — FCE

    [5] https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(20)32625-8/fulltext

    [6] Face à la pandémie, le camp des luttes doit sortir du déni. | jef klak

    [7] Critiques de la gestion dite sanitaire et libéralisme militant

    [8] Alors, on te voit plus aux soirées ? Pour une santé communautaire.

    [9] La réalité du déni et le déni de la réalité – Αντίθεση

    [10] Communiqué de l'EZLN face à la menace du coronavirus et https://cabrioles.noblogs.org/une-montagne-en-haute-mer/

    [11] https://www.liberation.fr/checknews...nerables-20211213_7L5YAQGYFNBAPF4WNBNAUSSM5I/

    [12] https://lenumerozero.info/Reduction-des-risques-en-periode-de-Covid-4916
     
  22. ninaa
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  23. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    A propos d’un concert de soutien aux soignant·es suspendu·es

    Novembre 15, 2022 – Par CRIC Grenoble

    [​IMG]
    Bonjour,

    Je me baladais tranquillement sur un agenda contre-culturel grenoblois quand je suis tombée sur l’annonce d’un concert de soutien aux soignant·es suspendu·es, au Transfo le 19 novembre. Voilà, je suis tombée sur ça et je suis restée estomaquée et au bord des larmes.

    Je vais vous faire un petit résumé de la situation et je vais vous dire pourquoi ça ne va pas du tout…

    ça fait bientôt trois ans qu’on vit une pandémie mondiale de covid 19, qui a fait et continue de faire des millions de mort·es et de produire massivement du handicap. Face à cette pandémie le gouvernement français a pris des décisions et des mesures : certaines tout à fait absurdes et humiliantes, certaines inefficaces, il a pour sûr fait un usage opportuniste de la pandémie pour servir son agenda politique. Ok pas de problèmes je partage ces constats. Bon. Il demeure que la pandémie existe réellement et qu’elle a des effets conséquents et graves. A l’heure actuelle le gouvernement se lave d’ailleurs bien gentiment les mains de ces conséquences en essayant de faire croire qu’il n’y a plus de problèmes.

    Et dans cette situation pandémique, a un moment donné, en France on a eu la chance d’ avoir à disposition un outil collectif, certes imparfait et insuffisant, à compléter par d’autres mesures comme l’aération et le port du masque (ce que le gouvernement essaye de nous faire oublier) mais néanmoins fort utile. La vaccination. La technologie de ce vaccin était étudiée depuis longtemps, les essais cliniques ont été réalisés en bonne et due forme, ces vaccins présentent des effets secondaires, comme tous les vaccins, médicaments et même plantes ayant un principe actif. Ces vaccins même sans empêcher complètement les transmissions font quand même baisser les charges virales.

    Dire ça ce n’est pas défendre l’usage du pass sanitaire par le gouvernement.

    Par contre il serait peut être pas mal de rappeler que les soignant·es leur boulot c’est de prendre soin des malades, des personnes âgées, des personnes fragiles et immunodéprimées bref de nous, de nos proches, de tout le monde. De part cette place particulière iels étaient déjà soumis·es avant la pandémie à différentes obligations vaccinales, pour des raisons d’éthique et de soin collectif. Si il y a bien des choses à critiquer dans la médecine et les rapports de pouvoir qui la traverse, cela ne peut se faire depuis une posture morale qui la rejette comme un bloc homogène, qui serait néfaste sur tous les plans.

    Si pendant les premières semaines de distribution du vaccin, il est tout à fait compréhensible qu’il y ait eu des hésitations, désormais les agent·es qui refusent le vaccin le font pour des raisons idéologiques qui sont contraires aux intérêts collectifs et aux intérêts (dans certains cas on parle de survie) des personnes avec qui iels sont censé·es travailler.

    Quand iels font ce choix, iels ne sont pas les victimes d’un système d’oppression, iels choisissent, pour des raisons qui prennent souvent appui sur une idéologie réactionnaire, de s’opposer à un geste de protection collectif. Si ces personnes ont besoins de soutien, en tant qu’individus, très bien, c’est important qu’elles en obtiennent. Mais organiser un concert de soutien spécifiquement pour ell·eux, en tant que groupe, ce n’est quand même pas tout à fait pareil : c’est valoriser leur geste mortifère.

    Alors quand un site ou un lieu, qui se revendiquent des valeurs de solidarité et d’émancipation, relaient ou accueillent ce genre d’événement, c’est la honte, c’est un crachat au visage de tous·tes les autres soignant·es, c’est un crachat au visage de tous·tes celles et ceux qui ont perdu des proches pendant cette pandémie, c’est un crachat au visage de celles et ceux qui vivent avec des séquelles du covid, c’est un crachat au visage de celles et ceux qui sont à nouveau confiné·es depuis la fin des mesures de protection collectives…

    C’est le visage trempé, de larmes et de mépris, donc que je demande l’arrêt de la publicisation de cet évènement et son annulation.

    A.
     
  24. La critique envers le soutien de ce concert est plus que valable...
    Mais relayer le flyer sans cacher la date et le lieu est clairement contre-productif !!!
    Tu fais encore une fois, en toute naïveté, je l'espère, de la pub pour des connards !!!
    Bref, politiquement, c'est de la merde !!!
     
  25. ninaa
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  26. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Pourquoi ne pas dire tout simplement que tu n'es pas d'accord, sans ajouter que "politiquement, c'est de la merde"? On est sur un forum de débat, et en principe les insultes n'ajoutent rien.

    Ou alors si les insultes sont indispensables il faudrait également les faire au site Info libertaire, qui a carrément posté deux fois l'affiche, ainsi qu'à lauteure de l'article, qui a jugé utile de poster cette affiche sur le site d'origine.

    Personnellement je ne vois pas d'inconvénient à citer clairement l'évènement critiqué.

    Si après avoir lu cette critique des gens ne retiennent que l'annonce de l'évènement et décident d'y participer, c'est qu'ils sont définitivement indécrottables. Ce n'est pas en censurant cette annonce qu'ils seront plus convaincus.
     
  27. Si écrire "politiquement, c'est de la merde", c'est pour toi une insulte... T'es clairement pas pour un quelconque débat ! :)
    Tu relaies une affiche de merde, comme toutes tes photos de cégétistes et tes affiches provenant de la police/gendarmerie/armée...
    Franchement, ça pue et j'attends pas cela sur un forum anarchiste ! Tu pollues clairement ce forum avec tes photos de merde !
    Pour en revenir à ton relais perso d'un concert de merde, t'aurais pu tout simplement zapper le lieu et la date !
    Ça aurait éviter de leur faire de la pub !
    M'enfin, te connaissant, tu ne verras ce conseil que comme une "insulte" ! Ouin, Ouin ! :mdr:

    2-3 manips rapides et on évite de relayer une info de merde...
    [​IMG]
     
  28. ninaa
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  29. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Oui, je pense en effet que "politiquement, c'est de la merde" c'est une insulte, et je ne vois pas qui pourrait le prendre autrement. Je ne pense pas par exemple que l'auteure de l'article d'origine (qui donc a jugé utile de reproduire l'affiche qu'elle critiquait) aurait bien pris que tu lui dises "Politiquement, c'est de la merde".

    Pourquoi ne pas te contenter de dire: "Moi je n'aurais pas relayé cette affiche"? Tu te rends compte de l'ambiance que tu mets sur ce forum avec ces injures continuelles?

    Pour ma part je pense qu'il est utile de donner à voir précisément ce qu'on critique, comme la propagande de l'armée.
     
  30. ninaa
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  31. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Cet article a été publié en avril 2022 mais l'analyse reste d'actualité...

    Le coronavirus, la solidarité et la lutte anarchiste


     

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