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Présentation

Discussion dans 'Présentations des nouveaux membres' créé par Camusar, 21 Décembre 2021.

  1. Camusar
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    Camusar Membre du forum

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    Bonjour !
    Tout d'abord je vous prie de m'excuser de m'être inscrite deux fois, une première fois comme « Camusard » reniant mon sexe, j'ai mes excuses j'expliquerai peut-être cela un jour ; de plus je regrette aussi le « d » final parce que je préfère le « ar » qui rime avec « anar » (smile). Je pense que vous saurez arranger ça...
    Vous me demandez de me présenter.
    Eh bien : je suis une dame âgée qui fait ses premiers pas sur un forum (de ce fait je serai preneuse de tous les conseils que vous voudrez bien me donner).
    Je ne suis plus aussi dynamique que plus jeune, mais je suis encore capable de faire partager mes découvertes et mes enthousiasmes lorsque ces découvertes le méritent et j'ai du temps pour découvrir.
    Ma plus récente découverte est que l'anarchisme n'est pas ce que je croyais et que le terme "libertaire" peut être considéré comme synonyme. Je reviendrai sur tout cela. Je veux finir de me présenter à grands traits.
    Je suis d'une famille bourgeoise, petite bourgeoisie, mais bourgeoisie quand même, père et mère pharmaciens, mais travailleurs, dévoués aux malades. Papa catholique, d'extrême droite mais ayant aidé des juifs de la famille de maman à se mettre à l'abri pendant la guerre, maman non croyante, effacée...J'ai cru en Dieu enfant et adolescente. Je suis agnostique, pas athée (j'y reviendrai plus tard si, du moins, cette position ne m’exclut pas de ce forum). Eu un premier mari qui m'a attirée vers le communisme mais suis restée peu politisée. Ne vote que depuis que je suis retraitée dans un petit village...et parfois blanc...Je considérais que la politique comme la(es) religion(s) que je rejette totalement, divise(nt .
    Aujourd'hui ayant lu le livre de Michel Onfray ,"l'ordre libertaire - la vie philosophique d'Albert Camus", j'ai envie d'échanger avec des anarchistes non-violent ( non-violence à la façon de Camus, de Gandhi aussi qui reconnaissait que la non-violence absolue était impossible). J'ai vu aussi le film "l'amour et la révolution" de Yannis Youlountas que j'ai trouvé beau.
    Alors commençons ces échanges.

    Premier sujet : le meeting de J.L.Mélenchon ; il fait état de références libertaires : Louise Michel, la Commune, et dans la mesure où il remettrait son mandat en question si le référendum et la nouvelle constitution qu'il semble vouloir faire rédiger par tous, le demandaient ,sa candidature est tentante...qu'en pensez-vous ? ( je n'ai pas encore lu son programme)

    Deuxième sujet : le Covid en Martinique. Il y aurait dans le contexte d'un important contingent d'habitants opposés au vaccin la possibilité de réaliser une étude statistique comparative de l'incidence de la maladie chez des non vaccinés s'engageant à suivre sérieusement les gestes frontière et cette incidence chez les vaccinés. Si ça vous paraît une idée pas trop farfelue ou si ce n'est pas déjà en route, y aurait-il un moyen (téléphone libertaire) de suggérer aux anti-vaccins d'entreprendre une telle étude ? Une telle action partant ainsi de la base populaire me paraît tout à fait dans l'esprit libertaire...

    Merci de votre attention
     
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  2. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  3. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Bienvenue!

    A propos d'Onfray:

    Michel Onfray

    Front Populaire de Michel Onfray

    A propos de Mélenchon:

    Mélenchon

    (ce topic n'a pas été nourri depuis un moment, peut-être parce qu'on ne tire pas sur les ambulances?)

    Tu devrais trouver de meilleures références dans le sous forum "bibliothèque anarchiste"...
     
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  4. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  5. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Bonjour et bienvenue !
    Pour répondre à tes questions :

    Mélenchon n'a rien à voir avec l'anarchisme et pour moi ça va même au-delà puisqu'il est une arnaque qu'on peut difficilement qualifié de gauche. De fait c'est un opportuniste qui a construit son mouvement à partir du "non" au référendum sur la constitution européenne avec des positions souverainiste (le souverainisme étant pour moi un cache-sexe au nationalisme social donc forcément un chemin qui mène davantage vers le fascisme que vers l'anarchisme). Depuis il a renié tour à tour tous les symboles qui pouvaient le rattachés un temps soit peu à la gauche : abandon des drapeaux rouges au profit des drapeaux français, abandon de l'internationale comme hymne au profit de la marseillaise, pour ce qui était le plus flagrant.
    Aujourd'hui il est encore dans le souverainisme avec comme axe principal la critique de l'UE, la critique de l'OTAN, la critique des états-unis et la critique des institutions transnationales en général style FMI, OMC... Ce sont toutes des institutions détestables par contre il ne faut pas s'y tromper, en faire la cause de tous les problèmes revient à nier qu'elles sont des produits du mode de production capitaliste et que le véritable ennemi c'est lui. ça me dérange d'autant plus que c'est le point de départ du fascisme (et je pense que c'est pour ça qu'ils s'envoient des fions avec Marine Le Pen, ils se sont reconnus comme concurrents et non ennemis et donc veulent chacun faire passer l'autre pour un imposteur afin de se présenter comme le véritable parti du peuple et de la souveraineté). D'où aussi des remarques frisant l'antisémitisme de la part de Mélenchon qui ne sont pas anodines du coup (la figure du juif dans le fascisme étant justement l'incarnation des institutions supra-nationales et de la finance qui feraient obstacle à la souveraineté populaire). Et d'où aussi le soutien de Mélenchon à l'industrie militaire française ce qui est là aussi à l'opposé des valeurs, non seulement anarchistes, mais même bien plus largement de gauche et par contre parfaitement cohérent avec le souverainisme et l'impérialisme.
    Bref c'est un panorama très court et tranché mais c'est ce qui me fait dire que quand Mélenchon cite des auteurs ou des événements appartenant au mouvement ouvrier ou plus particulièrement à l'anarchisme il s'agit de populisme, de récupération, d'apparence et non de convictions profondes. Et je pense la même chose de sa constitution "rédigée par tous". C'est une antienne et surtout à l'extrême-droite qui a notamment été défendue par Etienne Chouard. De manière général l'extrême-droite adore l'idée du référendum qui était aussi une arme de De Gaulle. Ce serait long de critiquer le principe du référendum alors je me contenterais de dire que dans cette société ce ne sont pas les constitutions qui font les sociétés contrairement à ce que prétend l'idéologie libérale bourgeoise (avec son "contrat social"). Autrement dit, 1) ce n'est pas un choix de faire rédiger une constitution, 2) ce qui sera dans la constitution ne sera pas le résultat de la volonté du peuple, 3) l'adoption de la constitution ne dépendra pas que de la force de caractère de Melenchon et enfin 4) le fait qu'elle soit appliquée et non détournée voire réécrite dans le mois qui suit Mélenchon ne peut pas le garantir, ça ne dépend pas que de lui.

    Je ne suis pas sûr de comprendre mais j'ai l'impression que tu postules que les anti-vaccins seraient "le peuple". Je ne crois pas le tromper en disant que sur ce forum nous sommes en grande majorité favorables au vaccin. Des études ont déjà été menées et sont déjà menées. Alors dans l'absolu ça ne me dérangerait pas qu'une étude de plus soit menée par contre j'ai l'impression que derrière cette idée il y a des intérêts assez douteux. Enfin je ne suis pas sûr que ça changerait quoi que ce soit car le refus du vaccin ne repose pas, je pense, sur une réflexion rationnelle quant aux effets de la vaccination mais plutôt sur des choses du genre la défiance vis-à-vis de la science, des industries pharmaceutiques, le conspirationnisme, etc... D'ailleurs en soi proposer que cette étude soit menée par "le peuple" (mais qui est "le peuple" dans cette histoire) c'est une manière de dire que les études scientifiques ne sont pas crédibles / valables. Hm... Du coup je suis perplexe.

    Voilà je ne prétends pas que ma vision reflète LA position anarchiste mais j'espère quand même avoir apporté des éléments de réflexion comme tu le souhaitais ?
     
  6. Pas de problème, mais faudrait que tu nous dises quel pseudo tu veux garder pour qu'on puisse enlever l'autre !
    Camusard ou Camusar... A toi de nous le dire !
     
  7. Camusard
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    Camusard Nouveau membre Compte fermé

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    Nov 2021
    Supprimer Camusard avec un"d". MERCI
     
  8. Ça marche !
    Par contre, vu que tu causes actuellement sous ce pseudo, tu vas te retrouver "bloquée"... :)
     
  9. A toi maintenant de revenir sans un "d"... :)
     
  10. Camusar
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    Camusar Membre du forum

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    Bonjour,
    Comme je l'ai dit c'est la première fois que je vais sur un forum, de plus, je ne suis plus toute jeune et pas très doué avec l'informatique. Je reste gênée par Camusard avec un "d" qui apparaît quand je ne le demande pas. Ensuite, je ne sais pas comment faire des réponses, poursuivre des discussions. Je vois que les utilisateurs sélectionnent des morceaux de texte auxquels ils veulent particulièrement répondre, comment font-ils ? Merci de me guider....
     
  11. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  12. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Il faut surligner la partie du texte (avec la souris) alors on voit apparaître "répondre", on fait clique gauche sur ce "répondre" et la partie du texte apparaît dans ta réponse.
     
  13. Camusar
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    Camusar Membre du forum

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  14. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  15. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Salut, tu as bien réussi à citer des passages du message. Maintenant si tu veux pouvoir y répondre comme on le fait il faut que tu écrives ton message en-dehors des balises. Ce qu'on appelle des balises ce sont les [ QUOTE] et [/QUOTE[. Lorsque tu écris entre ces deux balises le texte apparait en format "citation" (c'est pourquoi je les ai écrit avec une erreur sinon mon texte serait en citation et tu ne verrrais pas les balises). Par conséquent, si tu veux que ton message apparaisse en-dehors de la citation il faut que tu l'écrives en-dehors de ces balises.

    Effectivement Onfray a écrit beaucoup sur l'anarchisme et se considère lui-même libertaire. Néanmoins il faut se méfier car ce n'est pas le premier faux-nez fasciste ou réactionnaire. En fait quand tu te penches plus précisément sur la politique et son histoire tu vois que rien n'est simple. Maurras, une référence d'extrême-droite fondateur de l'Action Française un groupuscule royaliste disait par exemple que "la monarchie c'est l'anarchie + 1", il a été proche du cercle Proudhon (du nom d'un "anarchiste" parmi les plus connus même si aujourd'hui il est très controversé). Mussolini a été un syndicaliste révolutionnaire avant de fonder le mouvement fasciste. Donc les Onfray et Chouard s'inscrivent dans la même dynamique à mon avis. Soral (qui est un antisémite dirigeant du parti Egalité et Réconciliation fasciste actuellement) édite aussi des livres de Bakounine (un autre grand nom de l'anarchisme). C'est je pense quelque chose d'important de comprendre ce phénomène pour les militants antifascistes - et que je comprends pas encore très bien.

    Pour ce que tu dis vis-à-vis des vaccins je suis à la fois d'accord, la science devrait être démocratique et ainsi sans doute on éviterait beaucoup de délires. Par contre je ne suis pas persuadé que ce soit possible dans ce monde capitaliste. Malheureusement mener une étude scientifique c'est quelque chose de tout de même assez alambiqué à quoi il faut être formé. D'autre part il y a les questions éthiques aussi pour mener une étude scientifique. Et plus politiquement derrière le mouvement antivax il y a des conspirationnistes qui ne remettent pas en cause les conclusions des études scientifiques mais la science elle-même, sa démarche et même plus exactement la rationalité. Pour moi le complotisme est du fascisme, il est une révolte romantique au sens où le romantisme est une critique de la rationalité, des Lumières, de la modernité avec l'idée que les calculs, les statistiques déshumanisent le monde et qu'il faut revenir à la sensibilité et accepter que des choses ne peuvent pas être connues par la science. C'est pourquoi parmi les antivax on a tout le régiment des médecines dites "alternatives" qui sont représentées. Bref je ne suis pas sûr que ces gens là puissent être convaincus et soient prêts à se soumettre à la discipline et la rigueur d'une étude scientifique. Enfin il y a aussi des gens qui auront tout intérêt à ne pas respecter une méthode scientifique pour obtenir les résultats qu'ils veulent et lorsqu'ils recevront des critiques sur leur méthode ils auront toujours la réponse "ah voyez quand on a des résultats véritablement indépendants l'élite nous traine dans la boue" sans accepter que les critiques sont le béaba de la science.
    Bref je vais vite j'espère être clair quand même mais je pense que le complotisme est un problème très profond et éminemment politique que ça ne suffira pas de les inciter à faire une étude.
     
  16. Camusar
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    Camusar Membre du forum

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    MERCI
     
  17. ninaa
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  18. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    A propos du livre d'Onfray sur Camus:

    Albert Camus, le mouvement libertaire et Michel Onfray ou Le bon, la brute et… Michel Onfray
    7 mars 2012 par Floréal

    « La politique et le sort des hommes
    sont formés par des hommes sans idéal et sans grandeur.
    Ceux qui ont une grandeur en eux ne font pas de politique »

    Albert Camus (Carnets)

    Dans l’article (1) plutôt anodin qu’il consacre au livre L’Ordre libertaire. La vie philosophique d’Albert Camus, de Michel Onfray (2), Olivier Todd suggère toutefois une interprétation des plus pertinentes : « Plutôt qu’une biographie de Camus, ce livre ne serait-il pas une autobiographie d’Onfray ? »
    L’affirmation assez judicieuse qui fait semblant de se cacher derrière cette forme interrogative se trouvait déjà en partie corroborée par le « dossier » que l’hebdomadaire Le Point, sous la plume du journaliste caméléon Franz-Olivier Giesbert – pour l’heure plus camusien que Camus lui-même – consacre au dernier-né des ouvrages du philosophe momentanément préféré des médias. Ce dossier s’ouvre sur une double page dont la mise en forme ravirait, à n’en pas douter, les lecteurs psychanalystes de l’hédoniste maussade et nietzschéen. Si le titre énorme et quelque peu ridicule, en caractères gras – « l’homme qui avait toujours raison » –, fait bien référence à Camus, ce dernier n’a toutefois droit qu’à une petite photo en noir et blanc, en bas de page, quand les trois quarts de la surface imprimée sont occupés par une photo couleur de… Michel Onfray. Suit l’équivalent papier de la pénible séance diapos du samedi soir chez les cousins revenus de vacances, avec les photos du pèlerinage algérien de Michel Onfray sur les traces de Camus (Michel Onfray à la basilique Notre-Dame d’Afrique, Michel Onfray devant l’immeuble du quartier Belcourt d’Alger où Camus résida, Michel Onfray dans la campagne, sur les hauteurs de Tipasa, Michel Onfray dans une chambre d’hôtel où dormit Camus). Autant d’occasions de flatter le narcissisme évident et très peu camusien du touriste philosophe (3), tout en faisant passer au second plan celui qu’on est censé célébrer.

    Mais plus encore que dans cet exercice de racolage publicitaire fort immodeste, la sagace intuition d’Olivier Todd éclate à la lecture même de L’Ordre libertaire. L’auteur – Onfray – s’y livre en effet, principalement, à cette périlleuse et navrante entreprise de ralliement post-mortem du personnage étudié – Camus – à ses propres thèses et marottes du moment : un hédonisme solaire, un nietzschéisme exacerbé sauce normande, un mépris souverain envers le mouvement libertaire, principalement dirigé, dans le cas présent, contre ces militants qui eurent l’outrecuidance de se pencher sur l’œuvre de Camus avant lui, et enfin l’exaltation de ses nouvelles et étranges lubies, l’Etat et le capitalisme libertaires.
    On laissera le lecteur juger des postulats politico-philosophiques d’Onfray, en rappelant simplement que leur fonction essentielle, ici, est de montrer, avec des tours de passe-passe parfois grotesques et l’aide involontaire de Nietzsche et de Proudhon, qu’Albert Camus fut avant tout un Michel Onfray avant la lettre. Il suffit pour s’en convaincre de remplacer, dans certains chapitres de cet ouvrage, le nom de Camus par celui de l’auteur, et vous aurez sous les yeux tout ce qu’Onfray expose et ne cesse de répéter depuis plusieurs années quant à sa propre philosophie. Camus, Nietzsche, Proudhon… On a connu par le passé des tricheurs qui parvenaient à faire voter les morts. Plus fort encore, Michel Onfray ressuscite ces trois-là pour leur faire dire en quelque sorte tout le bien qu’ils pensent de Michel Onfray et de ses théories. Il devrait y avoir une loi interdisant aux intellectuels de tripatouiller ainsi les cadavres !

    Si l’on était en droit de se réjouir, en revanche, de voir enfin abordé le détestable rôle joué par le couple Sartre-Beauvoir et la sale petite clique des Temps modernes dans la campagne de dénigrement dont Camus fut la cible en un temps où la pesanteur stalinienne amenait les « compagnons de route » et les intellectuels encartés au Parti communiste à rivaliser dans l’abjection, on reste, là encore, très gêné par la manière avec laquelle Michel Onfray aborde cette question. Là où il prétend pourtant faire œuvre philosophique, on s’étonne une fois de plus de le voir céder à son penchant pour les raccourcis fumeux, le quasi-ragot, la charge lourde et l’à-peu-près des faits. Quand tous les écrits de Camus sont incontestablement marqués par le sens de la mesure, Michel Onfray, lui, verse là, plus encore qu’à son habitude, dans cette acrimonie hargneuse davantage propre au pamphlet ou au billet d’humeur venimeux.
    Déjà, dans un piètre article qu’on espérait pour lui avoir été écrit à la hâte, Michel Onfray avait esquissé naguère, pour Siné Hebdo, ce qu’il développe ici de l’opposition Sartre-Camus (4). Dressant la liste de ses griefs contre Sartre en y mêlant son obsession solaire, Onfray n’était pas loin de reprocher au philosophe germanopratin d’être né et d’avoir grandi au nord de la Loire. On était en droit de se demander alors si cette curieuse approche météorologique des caractères pouvait expliquer à elle seule que l’hédoniste morose, natif d’Argentan, arbore le plus souvent les traits chagrins du fameux Droopy des dessins animés (« You know what ? I’m happy ») ? On espère en tout cas que les futurs biographes de Michel Onfray hostiles à son œuvre auront autre chose à lui reprocher que d’avoir vu le jour sous les cumulonimbus de Normandie…

    Mais le pire, dans cet ouvrage, là où se vérifient l’extrême suffisance et ce qu’il faut bien appeler la malhonnêteté de Michel Onfray, réside dans ce qu’il avance, ce qu’il oublie et ce qu’il ignore sur le mouvement libertaire et ceux de ses militants qui ont par le passé laissé témoignages et réflexions sur Camus et son œuvre. « Tout ce qu’a produit jusque-là le mouvement libertaire est nul. Mais attention, tenez-vous bien, Moi-Onfray, j’arrive ! » Voilà à quoi pourrait se résumer l’exercice d’autosatisfaction, de dénigrement et de mensonges – au mieux par omission – auquel il se livre.
    Sur ce chapitre, Lou Marin, dans un excellent article (5), rend compte, à propos du livre de Moi-Onfray, des nombreux oublis, marques de mépris et âneries diverses et variées qui permettent, avec raison, de prétendre que ce dernier milite ardemment « contre l’historiographie anarchiste dans son livre sur Albert Camus ». Il est utile d’y revenir ici.
    Renvoyant le mouvement libertaire dans son ensemble à la médiocrité dans laquelle il n’a jamais cessé de l’enfermer, Moi-Onfray prétend faussement que « la question politique chez Camus avait été très peu traitée, et, quand elle l’avait été, mal traitée ». Quant aux quelques militants anarchistes cités, et traités avec un mépris stupéfiant, le philosophe des profondeurs estime que « leur argumentation reste en surface ». Ayant donc décrété sans intérêt la production libertaire sur Camus, Moi-Onfray s’attarde toutefois sur elle un moment, avec la forfanterie puérile d’un caïd de cour de récréation qui montrerait ses biceps aux petits copains. Sans dire un mot de leur contenu, le penseur considérable se met en effet, bizarrement, à additionner les pages qui furent rédigées par des militants anarchistes au sujet de Camus, dans le seul but de montrer que le total accumulé représente bien peu au regard de ses grosses 600 pages à lui. La comptabilité remplaçant la réflexion et l’analyse, on a beau chercher, on ne trouve nulle trace de ce concept chez Nietzsche…
    Le problème, quand on a pour modeste ambition de réviser l’ensemble du savoir humain, comme semble vouloir le faire notre philosophe, est qu’il est évidemment bien difficile de tout lire et de tout connaître. Et, en l’occurrence, les lacunes de Michel Onfray sont hélas nombreuses et surtout très révélatrices du cruel manque de rigueur et de sérieux dont souffrent ses écrits.

    [​IMG]Les travaux de Lou Marin, Teodosio Vertone, Progreso Marin, ainsi que les actes de l’important colloque organisé en 2008 à Lourmarin, sur le thème « Albert Camus et les libertaires », sont les seuls qui ont retenu l’attention de notre historien à courte vue, pour être d’ailleurs systématiquement dépréciés. Du très riche colloque de Lourmarin, auquel il ne fut pas convié – sans doute est-il important de le préciser –, Michel Onfray, pour mieux le disqualifier, ne veut retenir, par deux fois, qu’une seule intervention sur « Le football comme outil d’éducation », plutôt récréative et qu’il est seul à prendre très au sérieux et à condamner de manière ridicule. Quant aux autres contributions, pourtant fort intéressantes, pas un mot. De la même façon, Michel Onfray écarte avec dédain l’ouvrage capital, indispensable à qui s’intéresse au sujet, de Lou Marin (6), victime là encore des condamnations couperets du procureur hédoniste pour avoir souligné le rôle essentiel joué par Rirette Maîtrejean auprès de Camus dans sa connaissance approfondie de la pensée libertaire, ce qu’Onfray, contre toute évidence, qualifie de « légende ». C’est que, sans nier, bien au contraire, les quelques influences ayant précédé la rencontre décisive de Camus avec Rirette Maîtrejean, en 1940, Lou Marin, arguments solides à l’appui, dessine un portrait de lui qui ne colle pas avec la construction purement intellectuelle et non désintéressée de Michel Onfray, qui préfère nous livrer sans rire un Camus nietzschéen pur jus au sortir, ou presque, de l’adolescence. [Par parenthèse, signalons ici au Michel Onfray comptable qu’il a omis d’inclure dans son calcul évoqué plus avant le nombre important de pages que comptent les actes du colloque de Lourmarin et l’ouvrage de Lou Marin.]
    Au chapitre des influences philosophiques dont s’est nourri Albert Camus, son obsession maladive amène Michel Onfray à tartiner du Nietzsche jusqu’à la nausée. Si Camus n’ignorait bien sûr pas cet auteur, il est tout bonnement aberrant – qui plus est sous la plume d’un philosophe évoquant les influences philosophiques sur un autre philosophe – de ne pas traiter autrement que de façon anecdotique l’influence fondamentale de Simone Weil sur la pensée de Camus. Comme le rappelle Lou Marin, que Michel Onfray veut ignorer, Albert Camus travailla à l’édition des Ecrits historiques et politiques de cette philosophe, fit éditer sept de ses ouvrages. L’importance capitale que lui accordait Camus dans l’évolution de sa pensée méritait à l’évidence un traitement pour le moins égal à celui consacré à un Nietzsche surévalué.
    Si les jugements fantaisistes proférés par Michel Onfray sur les quelques travaux évoqués ci-dessus incitent déjà à la prudence quant au sérieux de son travail, ses oublis ou silences concernant d’autres auteurs libertaires en disent tout aussi long sur cet aspect. Maurice Joyeux, Robert Proix, André Prudhommeaux, Pierre Monatte, Fernando Gomez Pelaez, Jean-Paul Samson, Sylvain Boulouque, Freddy Gomez ; c’est en vain qu’on cherchera, dans l’ouvrage de Michel Onfray, les noms de ces militants ou proches du mouvement libertaire, comme la moindre allusion à leurs écrits sur Camus. Pas plus qu’on ne trouvera le moindre commentaire sur les souvenirs de Roger Grenier ou les analyses dignes de considération de Morvan Lebesque, Fabrice Magnone, Christine Fauré ou Hélène Rufat. Rien ! Cette ignorance est d’autant plus inimaginable que certains de ces personnages, comme les militants Maurice Joyeux (7) et Fernando Gomez Pelaez, ou le journaliste et écrivain Roger Grenier, furent des amis très proches d’Albert Camus. Sur ces amitiés libertaires de Camus, d’ailleurs, bien réelles et s’étendant au-delà du seul territoire français, il faut malheureusement constater que soit Onfray les ignore, soit il les passe sous silence, ce qui, dans un cas comme dans l’autre, le désigne comme un piètre biographe, d’autant qu’il était aisé pour lui d’en prendre connaissance puisque certains en ont laissé témoignage ou que d’autres en ont parlé (8).


    [​IMG]Au risque de passer pour un « gardien du temple » (9) aux yeux de ce libertaire-nietzschéen-de-gauche résolument moderne, on s’étonnera toutefois que Michel Onfray tienne tant à ce qualificatif de « libertaire » quand il prend soin, dans nombre de ses écrits et actes, de s’asseoir allégrement sur tout ce qui fonde cette pensée. C’est bien sûr son droit, mais que dirait-on, à l’inverse, d’un philosophe allant partout répétant qu’il est ennemi de la finance, des banques, de la hiérarchie, de l’inégalité sociale et économique, du travail, de la propriété, et qui se présenterait comme un capitaliste ultralibéral ? Qu’il est un guignol, assurément !…
    La négation de l’Etat est au cœur de la pensée libertaire ? Pas de problème, Michel Onfray lui est favorable. La participation au jeu politicien classique est condamnée et combattue par les anarchistes ? Pas de souci, Michel Onfray s’y délecte. Le parasitisme des partis politiques et la confiscation de la vie sociale à leur seul profit sont dénoncés par les militants libertaires ? Aucune importance, Michel Onfray les soutient tour à tour, pourvu qu’ils soient « de gôche », à défaut d’être nietzschéens. Les anarchistes prônent l’égalité économique ? Michel Onfray aussi, peut-être, mais ça vous a un côté poussiéreux, ringard, passéiste, dix-neuvième siècle, alors il appelle ça « capitalisme libertaire» (sic) ! Les anarchistes rappellent qu’ils voient dans l’urne électorale le cercueil des illusions ? Michel Onfray se fait illico pilier d’isoloir (« abstention, piège à cons ! »). Et tout à l’avenant.
    Bien sûr, pour faire passer cette bouillie en lui accolant le qualificatif de « libertaire » et se vautrer comme il le fait dans la politicaillerie la plus banale comme la plus vulgaire, Michel Onfray éprouve le besoin de se cacher derrière des motivations « nobles ». Mieux vaut une société sans peine de mort plutôt qu’avec, écrit-il par exemple pour justifier ses déplacements jusqu’au bureau de vote, comme si de chaque élection dans ce pays dépendait le retour de cette barbarie. A ce stade de la réflexion philosophique, Michel Onfray pouvait tout aussi bien ajouter que mieux vaut être riche et bien portant que pauvre et malade sans que le niveau général de son livre baisse vraiment. Est-il par ailleurs vraiment nécessaire, de la part d’un libertaire à ce point moderne, d’invoquer ainsi constamment les mânes de Nietzsche et de Proudhon pour passer en quelques mois du trotskiste Besancenot au radical-mondain Montebourg, puis de Montebourg au socialisme césarien de l’ultra-jacobin Mélenchon ?

    Pour terminer, il convient de faire remarquer également combien les écrits de Michel Onfray – qu’il s’agisse de religion, de Sartre, de psychanalyse freudienne ou du mouvement libertaire – sont invariablement marqués par un incontestable ressentiment, attitude, soit dit en passant, très peu philosophique et nullement nietzschéenne. Ne parlons pas de la modestie et de l’humilité…
    Ce qui est écrit ci-dessus ne doit bien sûr pas vous décourager de lire cet ouvrage. Vous pourrez dire, ayant tourné la dernière page : « J’ai lu le livre d’Onfray sur Camus. Je n’ignore plus rien de Michel Onfray. »

    _____________________________

    (1) « Sartre-Camus : cessez le feu ! », Le Monde, vendredi 13 janvier 2012.
    (2) L’ordre libertaire. La pensée philosophique d’Albert Camus, de Michel Onfray, Flammarion, 2012.
    (3) Au micro de RTL, le 5 février, Michel Onfray déclarait : « Le Point a fait un beau dossier sur mon livre » (sic).
    (4) Ce numéro de Siné Hebdo méritera de figurer un jour dans un florilège de la bêtise journalistique. En désaccord avec Onfray sur l’antagonisme Camus-Sartre, l’ineffable Siné y allait en effet de son édito pro-sartrien et ne pouvait s’empêcher lui non plus de jouer les profanateurs de sépulture en affirmant que, s’il vivait encore, Albert Camus voterait aujourd’hui François Bayrou.
    (5) « Onfray contre les libertaires », de Lou Marin, Le Monde libertaire n°1658 (2 au 8 février 2012).
    (6) Albert Camus et les libertaires (1948-1960), écrits rassemblés par Lou Marin, Egrégores Editions, 2008.
    (7) On doit à Maurice Joyeux l’intéressant Albert Camus ou la révolte et la mesure, édition La Rue.
    (8) Voir la biographie, excellente celle-là, d’Herbert Lottman, Albert Camus, Seuil, 1978, ainsi que l’éclairante contribution de Freddy Gomez, « Fraternité des combats, fidélité des solitudes », parue dans le livre cité ci-dessus de Lou Marin.
    (9) C’est là l’une des expressions désagréables que Michel Onfray réserve régulièrement aux militants connus et disparus du mouvement anarchiste, et dont Gaston Leval fait ici les frais. Pour en avoir connu et côtoyé quelques-uns, je puis témoigner qu’ils étaient des hommes hautement estimables, à qui l’exil, les années de prison et les aléas d’une vie militante agitée, plus périlleuse que la fréquentation assidue des plateaux télé, n’ont pas toujours permis d’entreprendre un réexamen complet de la pensée humaine depuis l’Antiquité.

    Albert Camus, le mouvement libertaire et Michel Onfray ou Le bon, la brute et… Michel Onfray
     
  19. Jaf
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    Jaf Nouveau membre

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    Jan 2022
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  20. anarchiste
    Bonjour et bienvenue ( à nous deux)

    Yannis et maud ont fait deux autres films

    Je lutte donc je suis


    Ne vivons plus comme des esclaves


    J'ai contacté Yannis qui m'a confirmé la sortie du prochain film pour bientôt
    Je brûle d'impatience
    Bien amicalement une famille greco-bretonne
     
  21. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  23. Jaf
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    Jaf Nouveau membre

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    Jan 2022
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  24. anarchiste

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