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cartographie de l’extrême droite française

Discussion dans 'Anti-fascisme et luttes contre l'extrême-droite' créé par ninaa, 23 Mars 2018.

  1. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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    France
  2. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    cartographie de l’extrême droite française (printemps 2018)
    13 mars 2018 34
    Comme chaque année, nous mettons à jour notre cartographie de l’extrême droite française : nous attendions un peu le congrès du FN pour tenir compte d’un éventuel changement de nom, mais les choses traînent un peu en longueur… Alors on a mis les deux noms ! Pour le reste, il y a comme chaque année quelques disparus et quelques nouveaux venus. On s’excuse d’avance pour celles et ceux qui seront déçu(e)s de ne pas être sur la carte : il a fallu faire des choix, et il y a toujours des oublié(e)s. Pour les autres, on espère que cette nouvelle version de notre schéma vous sera utile pour vous y retrouver et combattre efficacement les idées de l’extrême droite, et celles et ceux qui les portent.

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    1. LE RASSEMBLEMENT NATIONAL, ex-FRONT NATIONAL
    Fondé en 1972 entre autres par les néofascistes d’Ordre nouveau, le Front National (FN) rassemblait au début des années 1980 différents courants de l’extrême droite, des plus traditionnels aux plus radicaux, sous l’autorité de son président Jean-Marie Le Pen. La scission de 1998 a affaibli le parti durant plusieurs années, jusqu’au congrès de Tours de 2010, où Marine Le Pen a succédé à son père avec la volonté affichée de s’affranchir des courants historiques du nationalisme français. Le FN a sous sa présidence joué les équilibristes entre une ligne nationale-républicaine incarnée par Florian Philippot, et un courant national-conservateur menée par Marion Maréchal-Le Pen. Ce «nouveau» FN a tenté de rassembler autour de lui des groupuscules souverainistes comme le SIEL dans l’espoir de fondre le FN dans le paysage. En réalité, il a surtout permis à des personnalités comme Robert Ménard de profiter du FN sans s’engager à ses côtés, et à des radicaux comme Philippe Vardon, l’ex-leader des Identitaires, de s’inviter dans un FN prétendument dédiabolisé (d’autant qu’on trouve, au plus près de Marine Le Pen, des anciens du GUD comme Axel Loustau ou Frédéric Chatillon qui n’ont rien renié de leurs engagements de jeunesse). Arrivée au second tour de l’élection présidentielle de mai 2017, Marine Le Pen a déçu les attentes de son camp et le FN a connu depuis un an des troubles internes, avec le départ au lendemain de l’élection de celle qui se fait désormais appeler Marion Maréchal, et celui de Philippot en septembre dernier parti créer son propre mouvement, les Patriotes. Lors de son congrès de refondation, le Front national a changé de nom pour devenir le Rassemblement national.

    2. Les républicains
    Une grande partie de la droite conservatrice s’est lancée depuis bien longtemps (comme le Parti socialiste du reste quand celui-ci se retrouve au pouvoir) dans une course à l’échalote avec l’extrême droite sur les questions liées à la sécurité, à l’immigration et à « l’identité française ». Depuis l’arrivée à sa tête de Laurent Wauquiez, le parti libéral-conservateur a pris un virage à droite encore plus net, appuyé par le travail en son sein de différents courants et autres think tanks comme Sens Commun, qui assure un lobbying ultra-conservateur ou Oser la France qui opère une politique de la main tendue en direction des petites formations «souverainistes».

    3. Les souverainistes
    Le « souverainisme » est un cache-sexe du nationalisme qui s’est construit en opposition à l’Union européenne dans les années 1990, et dont l’un des pionniers est le Mouvement pour le France fondé par Philippe de Villiers. De nombreuses petites formations de ce courant tentent chacune de leur côté de fédérer les autres autour d’elle, et de créer des passerelles entre les partis nationalistes et les autres mouvements, de droite ou de gauche (le «souverainisme» de gauche étant lui aussi une réalité). Certains ont soutenu Marine Le Pen au second tour de la présidentielle de 2017, comme le CNIP ou Nicolas Dupont-Aignan,le président de Debout la France, mais sans donné suite à des accords électoraux. D’autres, comme les Patriotes de l’ex-numéro 2 du FN Florian Philippot rêvent d’un souverainisme des deux rives» Enfin, d’autres, comme l’UPR de François Asselineau, pimentent leur souverainisme d’une dose de complotisme.

    4. Les néoréactionnaires
    Collectif réactionnaire soutenu par la droite catholique, la Manif pour Tous (LMPT) a organisé en 2012-2013 des manifestations massives contre le projet de loi sur le mariage homosexuel. Mobilisés sur le thème de la défense de la famille traditionnelle et de l’homophobie, ses militants étaient invités à privilégier l’entrisme. Si LMPT semble aujourd’hui s’être essoufflé, d’autres structures, plus discrètes, comme l’Avant-Garde, cherchent toujours à rassembler diverses tendances conservatrices pour faire du lobbying. Elles pouvent compter sur des sites ou des revues, comme l’Incorrect, et sur des chroniqueurs comme Eric Zemmour ou Elisabeth Levy, ou politique comme Jean-Frédéric Poisson, président du Parti Chrétien Démocrate, qui n’hésite pas à affiches ses positions anti-avortement.

    5. Les catholiques traditionnalistes
    Les réseaux catholiques traditionnalistes sont denses, disposent de médias (le journal Présent, seul quotidien nationaliste ou Radio Courtoisie) et même d’une association contre la «christianophobie» et le «racisme anti-blanc», l’Agrif.

    Avec comme mot d’ordre «Dieu, Famille, Patrie», Civitas en est la principale organisation d’agitation politique. Animé par Alain Escada, Civitas compte dans ses rangs Alexandre Gabriac, un ancien du FN et de l’Œuvre française (ouvertement pétainiste et aujourd’hui dissoute), qui anime sa branche jeune, France Jeunesse Civitas.

    La lutte contre l’IVG est l’un des principaux combats politiques des catholiques traditionnalistes : les « Marches pour la vie » organisées chaque année rassemblent plusieurs milliers de personnes. Si les petits groupes qui prient devant les cliniques rassemblent des personnes âgées, des jeunes sont aussi parfois investis dans cette lutte, à l’instar des Survivants, apparus en 2016. La Fondation Lejeune, qui existe depuis 1996, associe un travail de recherche scientifique sur les maladies génétiques, et un engagement militant contre l’avortement.

    6. Les nostalgiques du FN à Papa
    Ironie de l’histoire, Jean-Marie Le Pen, fondateur et président du FN pendant 40 ans a été depuis 2015 mis au ban du parti par sa propre fille. À près de 90 ans, difficile de lui donner un avenir politique, mais son charisme lui permet de jouer les vedettes au sein de l’extrême droite radicale et de rassembler quelques ex-frontistes au sein des Comités Jeanne.

    Fondé en 2009 par Carl Lang, ancien n°2 du FN, le Parti de la France tente d’incarner ce qu’était le Front des années 1980, c’est-à-dire une structure institutionnelle regroupant toutes les tendances de la mouvance nationaliste, y compris les plus radicales. Allié aux Comités Jeanne, ses résultats électoraux restent insignifiants, et sa composition militante, allant de notables d’extrême droite aux skinheads, a tout de l’auberge espagnole.

    Synthèse Nationale (SN) est une revue dirigée par Roland Hélie, dont la ligne éditoriale est « pas d’ennemi à l’extrême droite ». Tous les ans, SN organise une «Journée nationale et identitaire», qui a regroupé l’an passé, entre autres, Jean Marie Le Pen, Alain Escada, Carl Lang, Steven Bissuel, Richard Roudier et Serge Ayoub

    De son côté, la Ligue du Sud a été créée en 2005 avec les Identitaires et des anciens du FN par l’actuel maire d’Orange, Jacques Bompard, ancien membre fondateur du FN, et élu maire en 1995 sous cette étiquette. La Ligue du Sud se caractérise par son implantation locale, sa fidélité à des positions radicales et une indépendance assumée à l’égard du FN.

    7. Les groupuscules radicaux
    Né à la fin du XIXe siècle, l’Action française (AF) est le plus vieux mouvement nationaliste en activité. Mouvement royaliste autrefois école de formation d’extrême droite, l’AF, présidé par S. Blanchonnet, organise toujours des rassemblements ou des débats, mais depuis un an environ, se signale aussi par quelques actions « coup de poing », attirant à lui une nouvelle génération de militants.

    Le GUD n’existe plus qu’à Paris où l’activité des gudards se résume à des collages de stickers et quelques conférences. À Lyon en revanche, le GUD mené par Steven Bissuel est devenu en mai 2017 le Bastion social, une pâle imitation de la Casapound italienne. En occupant durant deux semaines un lieu où il prétendait aider les « Français de souche », le Bastion Social s’est fait de la publicité sans véritablement n’aider personne. Depuis, d’autres lieux se sont ouverts sous ce nom à Strasbourg, Chambéry, Aix en Provence ou Marseille, servant de lieu de réunion plutôt que de lieu d’accueil « social ».

    Les Identitaires tentent depuis leur création en 2002 de se démarquer de l’extrême droite traditionnelle. Sans référence idéologique, ils ont misé sur la communication et Internet. Génération identitaire, sa structure jeune, est ainsi mise en avant lorsqu’il veut faire le buzz. Mais les Identitaires ne sont pas arrivés à se créer un espace politique distinct : le départ au FN de Philippe Vardon, son principal leader, a affaibli sa position.

    D’autres groupuscules encore plus confidentiels se revendiquent ouvertement du fascisme historique. C’est le cas du Parti Nationaliste Français (PNF) qui s’inscrit dans la continuité l’Œuvre française dissoute à l’été 2013, proche des nostalgiques de Vichy ou de l’Algérie française. Il est aujourd’hui quasiment inexistant. Dans la même veine, on peut également par charité citer la Dissidence française de Vincent Vauclin.

    8. Les skinheads d’extrême droite
    S’il n’existe pas d’organisation skinhead fédérant tous les groupes au niveau national, il existe des bandes informelles locales, qui pour la plupart ont une durée de vie très limitée, mais qui se font remarquer par leur activisme violent. Depuis la dissolution en 2013 des JNR et de Troisième Voie de Serge Ayoub (qui s’est recyclé depuis en fondant un club de bikers les Black 7 France), les skins d’extrême droite se sont de nouveau éparpillés dans la nature. Pour les distraire, certains comme Pride France (qui organise des tournois clandestins de free fight) ou d’autres organisent des concerts néonazis, dont l’objectif est cependant autant mercantile que véritablement militant.

    9. L’extrême droite sur internet
    Ancien du GRECE et du Club de l’Horloge, Jean-Yves Le Gallou a quitté le FN au moment de la scission, avant de créer en 2003 un think tank d’extrême droite, Polémia, qui prétend faire la promotion de la « réinformation », qui consiste à redonner aux thèses d’extrême droite une certaine visibilité dans l’espace médiatique, en développant en particulier ses propres médias.

    Prétextant une information « plurielle » et la volonté de se démarquer des médias « officiels », des sites comme Breizh Info ou Lengadoc info se sont spécialisées dans les tribunes offertes à l’extrême droite. Loin d’offrir une information honnête, elles ne font que relayer ses contre-vérités racistes et sexistes. Certains sont sans conteste ancré à l’extrême droite (comme Méridien Zéro ou TV Libertés) tandis que d’autres adoptent une stratégie confusionniste plus ou moins volontaire.

    Créé en 2007, Riposte laïque exprime son islamophobie obsessionnelle sur son site et offre un tribune à de nombreux militants nationalistes aussi isolés qu’eux, comme Richard Roudier de la Ligue du Midi.

    Fondé par Alain Soral en 2007, Égalité & Réconciliation avait à l’origine comme ambition de regrouper nationalistes de droite et patriotes de gauche. Mais depuis, E&R n’est plus que le fan-club de Soral, qui se caractérise par un antiféminisme et un antisémitisme virulents. Le négationnisme peut en tout cas remercier E&R et Dieudonné qui auront contribué à faire connaitre ses thèses délirantes : ainsi, Robert Faurisson est devenu une « vedette » chez les « dissidents », et Vincent Reynouard a pu étendre son auditoire.

    Dans le sillage d’E&R, qui a mis le pied à l’étrier à certains d’entre eux, divers individus, comme Daniel Conversano ou Ismail Ouslimani alias Raptor Dissident,se sont fait un nom sur Internet à travers des vidéos dans lesquelles ils exhibent leurs racisme, leur sexisme ou leur amour du nazisme en toute décontraction. De vieux briscards comme Henri de Lesquen, devenu dans un premier temps malgré lui une icône geek, peuvent parfois faire ainsi un come-back à moindre frais. Cet activisme virtuel, qui consiste principalement à s’inviter les uns les autres pour dire toujours la même chose, peut donner l’illusion d’une communauté soudée : mais l’égocentrisme de ces « stars » éphémères débouche davantage sur des embrouilles et des « clashs » que de véritables projets politiques.

    La Horde

    La Horde – cartographie de l’extrême droite française (printemps 2018)
     
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  3. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  4. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Extrême droite : le GUD se lance dans la baston sociale
     
  5. ninaa
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  6. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Chronologie historique du Front National
    Réalisé en partenariat avec le site REFLEXes, et en complément de notre schéma de l’extrême droite contemporaine, voici une frise chronologique centrée sur le FN, mais qui évoque la plupart des autres groupes nationalistes : cette perspective historique est nécessaire, car si la très grande majorité de ces formations est née dans les années 2000, elles sont toutes, de par l’histoire de leur formation ou celle de leurs dirigeants, ancrées dans l’histoire de l’extrême droite telle qu’elle s’est construite depuis la création du Front national.


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    La Horde – Chronologie historique du Front National
     
  7. Barbe_Noire ou l'un de ses multi-comptes
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    Barbe_Noire ou l'un de ses multi-comptes Pirate & corsaire Expulsé par vote

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    Août 2016
    Très intéressant merci ninaa.
    Ca c'est super puant. Les islamistes se sont fait une énorme pub dans tous les coins du monde où ils sont actifs, et ce depuis des années, en s'occupant du social. C'est hyper rentable.
     
  8. Barbe_Noire ou l'un de ses multi-comptes
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    Barbe_Noire ou l'un de ses multi-comptes Pirate & corsaire Expulsé par vote

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    Août 2016
    OUI, parce que dans les pays concernés, les gouvernements sont faibles et/ou corrompus et que les populations visées sont a-cultivées (j'évite d'écrire incultes) et bien plus pauvres (c'est lié je sais) que dans d'autres contrées.
     
  9. blop des plages
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    blop des plages Membre du forum Expulsé par vote Membre actif

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    Avr 2018
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    Dire qu'on chantais no passaran dans les concerts
    Sorti des 14% qui se sont multipliés, rien à changé
     
  10. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  11. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Cartographie de l’extrême droite française : version janvier 2019
    17 janvier 2019 37
    Voici la neuvième version de notre cartographie de l’extrême droite française, que nous présentons dans toute sa diversité depuis bientôt huit ans sous la forme d’un schéma régulièrement mis à jour : des mouvements ou personnalités qui avaient été oublié.e.s y apparaissent désormais, ainsi que de nouveaux regroupements qu’on espère éclairants pour qui s’intéresse à cette partie du spectre politique hexagonal, et souhaite en comprendre les différentes tendances et orientations.

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    Comme on peut le remarquer, si l’on compare ce schéma aux versions précédentes (celles de 2013, 2014, 2015, 2016, 2017 ou 2018), de plus en plus de personnalités et de moins en moins de groupes ou mouvements constituent aujourd’hui ce qu’on peut qualifier d’extrême droite (pour une tentative de définition de ce concept flottant, voici ce qu’on en pense ici). Cet état de fait sont le signe d’une part que l’extrême droite, comme les autres tendances politiques, n’est pas épargnée par la crise du militantisme, et qu’elle est de plus en plus polarisée autour d’individus qui souvent ne représentent pourtant qu’eux-mêmes. Alors que nous avions, dans les premières versions, privilégié les groupes ayant une activité de rue, délaissant ainsi des mouvements pourtant importants (comme la Nouvelle Droite, désormais présente), force est de constater également que le militantisme virtuel est aujourd’hui prédominant dans le paysage de l’extrême droite, et qu’il nous faut bien en tenir compte.

    Globalement, la nébuleuse d’extrême droite en France peut se diviser en quatre grandes “familles” (à ce propos, n’hésitez pas à jeter un coup d’œil à notre jeu des sept familles) : les “électoralistes” qui jouent le jeu parlementaire et se présentent aux élections, qu’on peut opposer aux “activistes” qui eux font plutôt de l’agitation extra-parlementaire, pour certains en recourant à la violence ; les “réactionnaires”, qui se distinguent en général plus par leurs prises de position que par leur actions concrètes, et qui historiquement constitue la principale tendance de l’extrême droite en France ; et enfin, faute de mieux, une famille “médias” qui regroupe non seulement les moyens de communication au service de la propagande d’extrême droite, mais aussi celles et ceux qui en forgent les concepts, ou qui les popularisent d’une façon ou d’une autre. Des zones hachurées permettent de placer les groupes ou personnalités qu’on pourrait placer dans deux familles à la fois (comme par exemple des médias réactionnaires).

    Nous nous sommes également efforcés, lorsque cela était possible, de dégager des tendances au sein de ces familles, et d’une famille à l’autre : celles et ceux qui militent pour l’union des droites, celles et ceux qui au contraire se positionnent comme “ni de droite, ni de gauche”, les think tanks… Pour des raisons de lisibilité et également de contrainte physique, certains groupes ou personnalités n’ont pu être associés à ces regroupements, alors qu’il aurait fallu le faire. Ainsi, le SIEL est certainement l’un des pionniers dans l’effort d’unifier les droites, ou du moins de faire tomber ce qui sépare la droite dite “républicaine” de l’extrême droite ; mais il n’était pas possible de le rendre lisible sur le schéma, d’autant que le SIEL est davantage aujourd’hui préoccupé par la question migratoire depuis son rapprochement avec Renaud Camus, comme le montre le mot d’ordre de “la ligne claire”, la liste qu’il présentera aux prochaines élections européennes.

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    Nous avons également essayé d’indiquer, quand cela était possible, un lien indiquant l’origine politique de certains militants, pour mettre en valeur les passerelles qui existent d’une structure à l’autre, ou bien les scissions qui ont pu se produire. Mais toutes n’apparaissent pas sur le schéma : ainsi, Richard Roudier était un militant de la première heure des Identitaires, avant de créer sa propre structure, la Ligue du Midi. De la même façon, nous avons, par un petit logo, indiqué l’islamophobie ou l’antisémitisme de certain.es, ce qui ne signifie pas que les autres groupes ou individus ne sont aucunement islamophobes ou antisémites, mais que ces racismes ne sont pas, selon nous, centraux dans leur propagande ou leurs actions.

    Présentation des différentes familles et regroupements
    En complément du schéma, voici une présentation plus détaillée des éléments qui le composent, avec, aussi souvent que cela était possible, des liens pour en savoir plus.

    LES PARTISANS DE L’UNION DES DROITES


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    Une partie de la droite conservatrice s’est lancée depuis longtemps dans une course à l’échalote avec l’extrême droite sur les questions liées à la sécurité, à l’immigration et à « l’identité française ». Depuis l’arrivée à sa tête de Laurent Wauquiez, le parti les Républicains a pris un virage à droite encore plus net, appuyé par le travail en son sein de différents courants et autres think tanks qui opèrent une politique de la main tendue en direction des formations «souverainistes».

    Le « souverainisme » est un cache-sexe du nationalisme qui s’est construit en opposition à l’Union européenne dans les années 1990. De nombreuses formations de ce courant, tel le Rassemblement pour le France de Christian Vanneste, tentent chacune de leur côté de fédérer les autres soit autour d’elle, comme Debout la France et son président Nicolas Dupont-Aignan, soit en lançant des appels à l’unité, comme l’appel d’Angers en avril 2018 à l’initiative des époux Ménard. Certains ont soutenu Marine Le Pen au second tour de la présidentielle de 2017, comme le CNIP, mais sans donner suite à des accords électoraux.

    Si certains, comme Thierry Mariani, passé des Républicains au Rassemblement national, ou l’ex-FN Jacques Bompard, dont la Ligue du Sud a été créée en 2005 avec les Identitaires et des anciens du FN, sont de vieux briscards, la nouvelle génération n’est pas en reste, comme Eric Tegnèr, candidat malheureux à la présidence des Jeunes républicains, qui appelle avec son collectif Racine d’Avenir à ne pas avoir d’ennemis à droite.

    Mais parmi les souverainistes, d’autres refusent l’étiquette « de droite », et se déclarent « ni de droite ni de gauche », comme les Patriotes de Florian Philippot, qui rêvent d’un « souverainisme des deux rives », le nationalisme de gauche étant lui aussi une réalité, jusqu’à proposer un rapprochement avec la France insoumise. Enfin, d’autres, comme l’UPR de François Asselineau, pimentent leur souverainisme d’une dose de complotisme, et s’amuse à brouiller les cartes en profitant du confusionnisme ambiant.

    LE RASSEMBLEMENT NATIONAL (ex-FN)
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    Fondé en 1972 entre autres par les néofascistes d’Ordre nouveau, le Front National (FN) rassemblait au début des années 1980 différents courants de l’extrême droite, des plus traditionnels aux plus radicaux, sous l’autorité de son président Jean-Marie Le Pen. La scission de 1998 a affaibli le parti durant plusieurs années, jusqu’en 2011 où Marine Le Pen a succédé à son père avec la volonté affichée de s’affranchir du folklore nationaliste. De 2011 à 2017, le FN a sous sa présidence joué les équilibristes entre une ligne nationale-républicaine incarnée par Florian Philippot, et un courant national-conservateur menée par Marion Maréchal. Ce «nouveau» FN a permis à des personnalités comme Robert Ménard de profiter du FN sans s’engager à ses côtés, et à des radicaux comme Philippe Vardon, l’ex-leader des Identitaires, de s’inviter dans un FN prétendument normalisé (d’autant qu’on trouve, au plus près de Marine Le Pen, des anciens du GUD comme Axel Loustau ou Frédéric Chatillon qui n’ont rien renié de leurs engagements de jeunesse). Arrivée au second tour de l’élection présidentielle de mai 2017, Marine Le Pen a déçu les attentes de son camp et le FN a connu depuis un an des troubles internes, avec le départ de Marion Maréchal, qui a fondé depuis une école pour former de futurs cadres nationalistes l’ISSEP, et celui de Philippot, parti créer son propre mouvement, les Patriotes. Lors de son congrès de refondation, le FN a changé de nom pour devenir le Rassemblement national.

    Les néo-réactionnaires
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    Collectif réactionnaire soutenu par la droite catholique, la Manif pour Tous (LMPT) a organisé en 2012-2013 des manifestations massives contre le projet de loi sur le mariage homosexuel et pour la défense de la famille traditionnelle, ses militants étant invités à faire de l’entrisme. Si LMPT semble s’être essoufflé, d’autres structures, plus discrètes, comme l’Avant-Garde, cherchent toujours à rassembler diverses tendances conservatrices pour faire du lobbying.

    Elles peuvent compter sur des sites ou des revues, comme Causeur ou L’Incorrect, et sur des chroniqueurs comme Eric Zemmour ou Charlotte d’Ornellas, ou politique comme Jean-Frédéric Poisson, président du Parti Chrétien Démocrate, qui n’hésite pas à afficher ses positions anti-avortement. Dans ce courant, on trouve des personnalités assez influentes, comme Patrick Buisson, homme de médias et conseiller politique.

    Les catholiques traditionnalistes
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    Les réseaux catholiques traditionnalistes sont denses, disposent de médias (tels le journal Présent, seul quotidien nationaliste, ou Radio Courtoisie) et même d’une association contre la «christianophobie» et le «racisme anti-blanc», l’Agrif.

    Avec comme mot d’ordre «Dieu, Famille, Patrie», Civitas en est la principale organisation d’agitation politique. Animé par Alain Escada, Civitas est un parti politique voulant imposé sa foi à toute la société, à travers un discours ouvertement islamophobe et plus discrètement antisémite.

    La lutte contre l’IVG est l’un des principaux combats politiques des cathos tradis : les Marches pour la vie organisées chaque année rassemblent plusieurs milliers de personnes. Si les petits groupes qui prient devant les cliniques rassemblent des personnes âgées, comme leur doyen Xavier Dor, des jeunes sont aussi investis dans cette lutte, à l’instar des Survivants, apparus en 2016. La Fondation Lejeune, qui existe depuis 1996, associe un travail de recherche scientifique sur les maladies génétiques, et un engagement militant contre l’avortement.

    Les groupuscules activistes
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    Né à la fin du XIXe siècle, l’Action française (AF) est le plus vieux mouvement nationaliste en activité. Mouvement royaliste autrefois école de formation d’extrême droite, l’AF organise toujours des rassemblements ou des débats, mais aussi des actions « coup de poing », attirant à lui une nouvelle génération de militants. À noter à ce propos qu’une fracture générationnelle sépare les anciens restés fidèles à l’antisémitisme historique du mouvement et à la nostalgie vichyste, des jeunes qui, tout en se référant toujours plus ou moins à Maurras, veulent dépoussiérer l’AF pour la rendre plus « sexy ».

    Les Identitaires tentent depuis leur création en 2002 de se démarquer de l’extrême droite traditionnelle. Sans référence idéologique, ils ont misé sur la communication et Internet. Génération identitaire, sa structure jeune, est ainsi mise en avant pour faire le buzz. Mais les Identitaires ne sont pas arrivés à se créer un espace politique distinct, et ne survivent que grâce au dynamisme de ses homologues autrichiens ou italiens. Par ailleurs, plusieurs de ses cadres mènent en parallèle une carrière au sein du Rassemblement national.

    Le GUD, un mouvement étudiant d’inspiration nationaliste-révolutionnaire apparu à la fin des années 1960, est devenu en mai 2017 le Bastion social, une pâle imitation de la Casapound italienne. En occupant à Lyon durant deux semaines un lieu où il prétendait aider les « Français de souche », le Bastion Social s’est fait de la publicité sans véritablement n’aider personne. Depuis, d’autres lieux se sont ouverts sous ce nom, mais pas toujours avec succès et souvent sous la pression d’antifascistes, certains ayant même déjà fermé leurs portes. À Paris, le GUD s’est refait une jeunesse en se rapprochant des ultras venus du stade, avec la formation d’un groupe informel, les Zouaves, rassemblant des gudards mais aussi des militants de l’Action française ou des Identitaires.

    Pour ce qui est des skinheads d’extrême droite, qui restent bien souvent l’image du militant d’extrême droite dans l’imaginaire collectif, il n’existe pas d’organisation les fédérant, mais plutôt des bandes informelles locales, parfois violentes. Depuis la dissolution en 2013 des JNR et de Troisième Voie de Serge Ayoub (qui s’est recyclé en fondant un club de bikers), les skins d’extrême droite se sont éparpillés dans la nature, malgré des tenatives comme la Division nationaliste révoultionnaire (DNR). Pour les distraire, certains comme Pride France (qui organise des tournois clandestins de combat libre) ou d’autres organisent des concerts néonazis, dont l’objectif est cependant autant mercantile que véritablement militant.

    Les nostalgiques
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    Plusieurs formations tentent de maintenir la flamme du Front national des années 1980. Ironie de l’histoire, Jean-Marie Le Pen, fondateur et président du FN pendant 40 ans a été depuis 2015 mis au ban du parti par sa propre fille : à près de 90 ans, difficile de lui donner un avenir politique, mais son charisme lui permet de jouer les vedettes au sein de l’extrême droite radicale.

    Fondé en 2009 par Carl Lang, ancien n°2 du FN, le Parti de la France, c’est-à-dire une structure institutionnelle regroupant toutes les tendances de la mouvance nationaliste, y compris les plus radicales. Ses résultats électoraux restent insignifiants, et sa composition militante, allant de notables d’extrême droite aux skinheads, a tout de l’auberge espagnole. Synthèse Nationale (SN) est une revue dirigée par Roland Hélie, dont la ligne éditoriale est « pas d’ennemi à l’extrême droite ». Tous les ans, SN organise une « Journée nationale et identitaire », qui regroupe entre autres has been, Jean Marie Le Pen, Alain Escada, Carl Lang, Richard Roudier et sa Ligue du Midi et Serge Ayoub…

    D’autres groupuscules encore plus confidentiels se revendiquent ouvertement du fascisme historique. C’est le cas du Parti Nationaliste Français (PNF) qui s’inscrit dans la continuité de l’Œuvre française dissoute en 2013, proche des nostalgiques de Vichy ou de l’Algérie française. Il est aujourd’hui quasiment inexistant. Dans la même veine, on peut également par charité citer la Dissidence française de Vincent Vauclin, ou des personnalité comme Hervé Ryssen, antisémite revendiqué, qui, en s’associant au PNF, tente de vaincre leur isolement.

    Les outils de propagande
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    Prétextant une information « plurielle » et la volonté de se démarquer des médias « officiels », des sites locaux comme Breizh Info ou Lengadoc info se sont spécialisés dans les tribunes offertes à l’extrême droite. Loin d’offrir une information honnête, ils ne font que relayer ses contre-vérités racistes et sexistes. Certains sont sans conteste ancrés à l’extrême droite (comme Méridien Zéro ou TV Libertés) tandis que d’autres adoptent une stratégie confusionniste plus ou moins volontaire. À noter que Russia Today ou Sputnik, deux médias pilotés par le gouvernement de Vladimir Poutine, jouent la même partition, en offrant à l’extrême droite une surexposition et en la présentant de façon complaisante.

    D’autres sites, comme Riposte laïque ou Égalité & Réconciliation, assurent aussi la diffusion de la propagande d’extrême droite. Ils sont animés par des collectifs dont l’activité, faute de militants, reste cantonnée à internet et l’organisation de débats, malgré une volonté affichée de faire aussi de l’activisme.

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    Créé en 2007, Riposte laïque exprime son islamophobie obsessionnelle sur son site et offre une tribune à de nombreux militants nationalistes aussi isolés qu’eux. Sur une ligne très proche, on trouve le SIEL de Karim Ouchikh et le Conseil National de la Résistance Européenne de Renaud Camus, le promoteur de la fumeuse théorie du « Grand Remplacement ».

    Fondé par Alain Soral également en 2007, Égalité & Réconciliation avait à l’origine comme ambition de regrouper nationalistes de droite et patriotes de gauche. Mais depuis, E&R n’est plus que le fan-club de Soral, qui se caractérise par son antiféminisme et son antisémitisme virulents. Le négationnisme peut en tout cas remercier E&R et Dieudonné qui auront contribué à populariser ses thèses délirantes, défendues par Vincent Reynouard a pu étendre son auditoire.

    Cet activisme virtuel, qui consiste principalement à s’inviter les uns les autres pour dire toujours la même chose, peut donner l’illusion d’une communauté soudée : mais l’égocentrisme de ces « stars » éphémères débouche davantage sur des embrouilles et des « clashs » que de véritables projets politiques.
    Dans le sillage de Soral, qui a mis le pied à l’étrier à certains d’entre eux mais avec lequel tous sont fâchés ou presque, divers individus, comme Daniel Conversano ou Ismail Ouslimani alias Raptor Dissident, se sont fait un nom sur Internet à travers des vidéos dans lesquelles ils exhibent leurs racisme, leur sexisme ou leur amour du nazisme en toute décontraction. De vieux briscards comme Henri de Lesquen, devenu dans un premier temps malgré lui une icône geek, peuvent parfois faire ainsi un come-back à moindre frais.

    Les think tanks
    L’extrême droite a bien compris que, pour réhabiliter sa vision inégalitaire du monde et pouvoir à nouveau s’imposer dans le débat public, il lui fallait au moins autant lutter sur le terrain des idées que dans la rue.

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    Depuis les années 1970, deux groupes de réflexion, le Groupement de Recherche et d’Étude pour la Civilisation Européenne (GRECE) et le Club de l’Horloge (devenu le Carrefour de l’Horloge) vont y travailler, donnant naissance à ce que les observateurs vont appeler la Nouvelle Droite. Alain de Benoist est le principal représentant de ce courant, et le seul à être véritablement un intellectuel. Esprit plutôt libre, il n’est d’aucune chapelle, ce qui lui permet, en particulier à travers la revue Éléments, de brouiller les cartes. En revanche François Bousquet, qui tient la Nouvelle Librairie à Paris, milite pour l’union des droites.

    Ancien du GRECE et du Club de l’Horloge, Jean-Yves Le Gallou a lui quitté le FN au moment de la scission, avant de créer en 2003 Polémia, qui prétend faire la promotion de la « réinformation », qui consiste à redonner aux thèses d’extrême droite une certaine visibilité dans l’espace médiatique, en développant en particulier ses propres médias.

    La Horde

    La Horde – Cartographie de l’extrême droite française : version janvier 2019
     
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