Histoire Mouvement des droits civiques

Anarchie 13 · 21 Juin 2016

Comme je m'intéresse en ce moment au black panther party / à la black liberation army (et pourquoi pas au weather underground organization) je me suis dit que ça pourrait être utile de compiler les textes qui tournent autour de cette période et des orgas révolutionnaires du mouvement des droits civiques (même s'il me semble que la WUO était avant tout contre la guerre du vietnam).

J'ai déjà posté un texte d'Assata Shakur militante noire-américaine au BPP et à la BLA sur le topic "abolition des prisons" : Abolition de la prison

Je commence avec le texte suivant que je viens de lire.
Je précise au passage qu'il me semble qu'il y a des copyright dessus, vu que je suis à l'université j'ai accès gratuitement à des textes normalement payant et c'est le cas de celui-là. ça me pose aucun problème moral, la propriété tout ça... mais comme c'est pas moi qui prend les risques et plutôt anarchOi (ungovernable pardon ). Je le précise au cas où vous penseriez qu'il vaille mieux le retirer (mais je crois me souvenir qu'un mec s'était déjà plaint pour son film et qu'anarchOi l'avait envoyé bouler, c'est pourquoi je me permets quand même de le mettre). Si ça pose pas de problème j'en mettrais d'autres parce que du coup c'est l'occaz' de rendre libre d'accès des articles que des gens trouvent bon de faire payer... Comme on dit dans le rap indé "l'important c'est que ça tourne".

Les dirigeants américains n'aiment pas les révolutionnaires, surtout lorsqu'ils sont noirs. Pour venir à bout des Black Panthers, leurs services secrets n'ont pas hésité à recourir à l'assassinat.

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1Depuis le 3 juillet 1982, Mumia Abu-Jamal est devenu un intouchable. Il survit dans une prison de Pennsylvanie, derrière une vitre en Plexiglas, retranché du monde des vivants en attendant une exécution par injection létale (1). Un mort en sursis pour ceux qui, il y a environ vingt-trois ans, l'ont condamné pour le meurtre d'un policier, et muré. Mais un mort qui bouge, se bat et déclare à ses visiteurs : "Je suis un prisonnier politique." De tous les condamnés qui peuplent aujourd'hui les couloirs de la mort du système carcéral américain (2), il est le seul à revendiquer ce statut. En revanche, parmi ceux qui vivent dans les prisons de haute sécurité, en isolement complet ou au sein de la population carcérale - soit 1 500 000 personnes environ (3) -, une centaine clament comme lui le droit de bénéficier du statut de prisonnier politique. Ou de celui de prisonnier de guerre.

2Anciens militants du Black Panther Party (BPP) et de la Black Liberation Army (BLA), de l'American Indian Movement (AIM), indépendantistes portoricains, tous libérés à la fin des années 1990, militants issus de la gauche radicale blanche (Weather Underground), tous ou presque ont en commun un combat qui a trouvé sa première expression dans les luttes contre la guerre du Vietnam au milieu des années 1960 et dans celles du mouvement des droits civiques. L'opposition à la guerre, les assassinats de Malcolm X (1965) et de Martin Luther King (1968), ont radicalisé une génération de militants. Mais, à l'image des autres démocraties occidentales, l'Etat américain ne reconnaît pas le statut de "détenu politique" ni celui de "prisonnier de guerre", énoncé dans les conventions de Genève (4).

3Par exemple, MM. Geronimo Pratt (BPP) ou Leonard Peltier (IM) se considèrent comme les combattants de peuples minoritaires en lutte pour leur droit à l'autodétermination contre un régime colonial. Leur reconnaître le statut qu'ils demandent reviendrait pour les Etats-Unis à reconnaître le bien-fondé de leur combat. Ce serait d'autant plus impensable que tous ont été reconnus coupables de chefs d'inculpation relevant du droit commun : assassinats, vols à main armée, attentats. Les policiers, procureurs, juges et journalistes ne les ont jamais décrits autrement que comme des terroristes et des criminels. Et contre eux, le pouvoir politique aura employé quasiment tous les moyens, depuis l'utilisation d'une loi anti-Mafia jusqu'à des campagnes répressives, dont le Congrès a, par la suite reconnu le danger (5).

Premières victimes de cet arsenal répressif : les Black Panthers. Ils forment le groupe de prisonniers politiques le plus nombreux, environ une cinquantaine de personnes. Créé à Oakland, en Californie, en octobre 1966, par deux étudiants en droit, Huey P. Newton et M. Bobby Seale, le BPP s'inspirait en partie du discours de Malcolm X. Utilisant une rhétorique marxiste, il chercha à organiser les ghettos. Son programme en dix points comportait une série de revendications politiques et sociales et réclamait le droit à l'autodéfense. Se voulant une avant-garde révolutionnaire, les Black Panthers ne cherchaient pas seulement à libérer les Noirs de leur environnement répressif : "Pour nous, il s'agit d'une lutte de classes entre la classe ouvrière prolétarienne, qui regroupe les masses, et la minuscule minorité qu'est la classe dirigeante. Les membres de la classe ouvrière, quelle que soit leur couleur, doivent s'unir contre la classe dirigeante qui les opprime et les exploite. (...) Nous croyons que nous menons une lutte de classe, pas un combat racial (6). "
4Les Panthères organisèrent des cantines scolaires pour les enfants des ghettos, des associations de locataires, des dispensaires, des distributions de vêtements. Ils éditaient un journal, enrôlaient les plus motivés et impressionnaient les autres. Le BPP n'a probablement jamais compté plus de 5 000 militants entre 1967 et 1971, mais son aura dépassa alors largement sa puissance numérique dans les centres-villes déshérités.

5Dès l'été 1967, le FBI s'alarme et recentre l'un de ses programmes de contre-espionnage, le Cointelpro (7), en direction des mouvements nationalistes noirs : "Le but est de démasquer, briser, fourvoyer, discréditer, ou au moins neutraliser les activités des organisations nationalistes noires qui prêchent la haine (8). " Avec l'aide vigilante des services locaux de police, ces instructions seront appliquées à la lettre. Dans un entretien accordé au New York Times, le 8 septembre 1968, John Edgar Hoover déclarait que le BPP "constitue la plus grande menace qui soit contre la sécurité interne du pays".

6Pour les Black Panthers, les trois années qui suivent seront dévastatrices. A l'utilisation des techniques de répression classiques (filatures, écoutes téléphoniques, lettres anonymes, agents doubles), le FBI, via le Cointelpro, ajoutera en effet l'assassinat. Pour la seule année 1970, trente-huit militants sont tués lors de raids organisés par les polices locales contre les bureaux du BPP. Le 4 décembre 1969, le leader des Panthères de Chicago, Fred Hampton, est exécuté dans son lit. Son garde du corps, William O'Neal (qui s'est depuis suicidé), avait été recruté par le FBI de Chicago deux ans plus tôt : c'est lui qui fournit aux policiers le plan de l'appartement, leur permettant de viser juste (9).

7Quelques mois plus tard, M. Geronimo Pratt, un des membres les plus en vue du BPP de Los Angeles, est arrêté pour le meurtre d'une femme blanche, commis dans une banlieue de Los Angeles alors que, selon de multiples témoignages - confirmés par les comptes rendus des agents infiltrés du FBI -, il assistait à Oakland à une réunion de son organisation. Au moment du procès, ces éléments du dossier disparurent mystérieusement. Condamné à perpétuité, M. Geronimo Pratt est toujours emprisonné, même si, aujourd'hui, les représentants du système judiciaire californien et les médias américains s'accordent à dire qu'il a été victime d'une machination.

8Les querelles et dissensions fomentées par le Cointelpro au sein même du BPP amplifient les divergences internes nées de l'affrontement politique entre, à Oakland, le "ministre de la défense", Huey Newton, et, en exil à Alger, M. Eldridge Cleaver, "ministre de l'information" et responsable de la section internationale du BPP (10). Fin 1970, les militants noirs, divisés, de moins en moins soutenus par la gauche libérale blanche (elle aussi soumise aux attaques du Cointelpro), en viennent à s'entre-tuer. Certains des partisans de M. Eldrige Cleaver fondent alors la Black Liberation Army (BLA), clandestine. Fin 1971, le BPP se retrouve décimé par la répression, son audience diminue inexorablement et ses dirigeants replient leur action sur leur base d'Oakland. En parallèle, ils décident de réintégrer le jeu politique "normal" en soutenant des candidats démocrates aux élections locales. Les militants radicaux les plus chevronnés sont soit en exil, soit en prison. Ils vont y être rejoints par les soldats de la BLA exposés à un nouveau programme de contre-espionnage : Newkill (11), directement mis au point, à la Maison Blanche, par le président Richard Nixon, le ministre de la justice John Mitchell, et Edgar Hoover, l'inamovible directeur du FBI. MM. Anthony Jalil Bottom, Albert Nuh Washington, Herman Bell, en font toujours les frais, détenus à vie dans des pénitenciers de haute sécurité de l'Etat de New York.

9Une seconde vague répressive aura lieu au début des années 1980 et visera de nouveaux activistes du mouvement noir, mais aussi des militants indépendantistes portoricains et des radicaux blancs. A l'automne 1981, dans l'Etat de New York, des militants de la BLA et des radicaux blancs du Weather Underground (12) attaquent un fourgon de transport de fonds de la Brinks pour s'emparer d'argent destiné à alimenter leur lutte ; le braquage, raté, se termine par une fusillade, au cours de laquelle trois policiers sont tués. Dans les mois et les années qui suivent, une fantastique opération de répression aboutit à l'arrestation de dizaines de militants, clandestins ou non, dont certains vont être jugés en vertu de la loi RICO (Racketeer Influenced Corrupt Organizations) votée par le Congrès en 1970.

10La loi RICO avait été élaborée pour lutter contre le crime organisé. L'objectif était de fournir aux procureurs les moyens de poursuivre en justice les membres de gangs criminels accusés d'avoir participé à au moins deux actes répréhensibles sur une période de temps donné, en permettant de les condamner automatiquement à vingt ans de prison. Sous la présidence de Ronald Reagan, la loi RICO servit plusieurs fois à condamner des membres d'organisations politiques, notamment après l'attaque de la Brinks. Ainsi MM. Sekou Odinga (BLA), David Gilbert (ex-SDS) et Mme Marilyn Buck (ex-SDS-BLA) purgent d'extravagantes peines de prison sans possibilité de libération sur parole : quatre-vingts ans pour Mme Buck, soixante-quinze ans pour M. Gilbert, quarante ans pour M. Odinga. Aux vingt années de la loi RICO s'ajoutent, en effet, des condamnations encore supérieures pour ceux qui furent reconnus coupables d'avoir participé à l'évasion, réussie, de Mme Assata Shakur en 1979 (13). A titre de comparaison, un militant anti-avortement accusé, en 1986, d'avoir perpétré une dizaine d'attentats à l'explosif contre des cliniques pratiquant l'interruption volontaire de grossesse a été condamné à dix ans de prison, et libéré sur parole quarante-six mois plus tard (14).

11Ainsi, depuis un quart de siècle, les mouvements nationalistes noirs et leurs alliés ont payé le plus lourd tribut à la répression et continuent de la subir. Si le programme Cointelpro a officiellement été abandonné en 1971, lorsque son existence fut fortuitement découverte par un commando étudiant parti fureter dans un bureau du FBI (15), ses effets se prolongent. La note envoyée par Edgar Hoover à l'ensemble de ses agents, le 25 mars 1968, fut exécutée à la lettre. Le Cointelpro devait "empêcher la coalition des groupes nationalistes noirs (...), empêcher la naissance d'un "messie" qui pourrait unifier et électriser le mouvement nationaliste noir. (...) Il faut faire comprendre aux jeunes Noirs modérés que, s'ils succombent à l'enseignement révolutionnaire, ils seront des révolutionnaires morts".

12Une autre note, datée du 3 avril, expose précisément les termes de l'alternative : "Ne vaut-il pas mieux être une vedette sportive, un athlète bien payé ou un artiste, un employé ou un ouvrier (...) plutôt qu'un Noir qui ne pense qu'à détruire l'establishment et qui, ce faisant, détruit sa propre maison, ne gagnant pour lui et son peuple que la haine et le soupçon des Blancs ?"

PEGGY PIERROTLIVRES
FREEDOM. Une histoire photographique de la lutte des Noirs américains. Sous la direction de Manning Marable, Leith Mullings et Sophie Spencer-Woods

- Phaidon, Paris, 2004, 510 pages, 65 euros.

Six cents photographies, dont beaucoup inédites, en noir et blanc ou en couleurs, relatent le long et douloureux parcours des Noirs américains vers l'égalité. Commentée par des universitaires spécialistes, la sélection de clichés commence aux années de l'esclavage pour aboutir aux années 2000. C'est toute l'histoire d'une lutte opiniâtre qui est ainsi retracée, donnant à voir aussi bien les grands événements (la guerre de Sécession ou la grande marche du 28 août 1963 à Washington) que les actes - souvent héroïques - des anonymes. Des clichés parfois durs qui saisissent le quotidien de la ségrégation et de la violence raciste.

Notes
[1] Le 1er octobre 1990, la Cour suprême des Etats-Unis a refusé de revenir sur la sentence. Le 2 mai 1995, après une interruption de trente-trois ans, la Pennsylvanie a procédé à l'exécution d'un condamné à mort. Le 1er juin 1995, M. Thomas Ridge, gouverneur de Pennsylvanie, a signé l'ordre d'exécution de M. Mumia Abu-Jamal.

[2] Au 1er janvier 2005, les Etats-Unis comptaient 3 355 condamnés à mort. La Californie (639 condamnés) arrivait en tête de ce palmarès, suivie du Texas

[3], de la Floride

[4] et de la Pennsylvanie

[5]. Mais, pour les exécutions, le Texas l'emporte largement. Après l'élection d'un gouverneur républicain, M. George Pataki, succédant à M. Mario Cuomo, abolitionniste déclaré, l'Etat de New York vient de rétablir la peine de mort, désormais en vigueur dans trente-huit Etats sur cinquante..

[6] Cf. Jean-Paul Jean, "En Europe et aux Etats-Unis, la prison, machine à gérer l'exclusion", Le Monde diplomatique, juillet 1995. En juin 2004, plus de 2,1 millions de détenus peuplaient les prisons américaines, locales, d'Etat ou fédérales.

[7] Convention de Genève relative au traitement des prisonniers de guerre, 12 août 1949. Résolution 3 103 de l'Assemblée générale.

[8] United States Senate, Final Report of the Select Commitee to Study Governmental Operations With Respect to Intelligence Activities, US Government Printing Office, Washington, 1976 (plus connu sous l'appellation Rapport Church, du nom du sénateur qui présidait cette commission d'enquête sénatoriale). Geronimo Pratt a été libéré le 29 mai 1997 après 27 années de détention.

[9] Bobby Seale, A l'affût : Histoire du parti des Panthères noires et de Huey Newton, Gallimard, Paris, 1972.

[10] Counter Intelligence Program, créé en 1956 par Edgar Hoover (directeur du FBI de 1924 à 1972) pour surveiller les activités des membres et sympathisants du Parti communiste américain.

[11] Counter Intelligence Program-Black Nationalist-Hate Grops-Racial Intelligence, from Director, FBI (100-448006), 4 mars 1968.

[12] Clayborne Carson et al., The Eyes on The Prize Civil Rights Reader, Penguin Books, New York, 1991.

[13] Huey Newton mourra en août 1989 au cours d'un règlement de comptes entre dealers de drogue. Après son retour d'Alger, Cleaver rejoindra la secte Moon, soutiendra Ronald Reagan et fréquentera les milieux fondamentalistes chrétiens. Sur sa période de militant révolutionnaire, cf. le film de William Klein, Eldridge Cleaver, Black Panther

[14]. Eldridge Cleaver est mort le 1er mai 1998.

[15] New York Killing of Police Officers.

[16] Weather Underground, ou Weathermen, ou Weatherpeople, militants du SDS (Students for a Democratic Society) qui se constituent en fraction lors de la 9e convention nationale du SDS à Chicago en juin 1969. Les Weatherpeople mettent en avant la lutte armée et s'organisent clandestinement. Parmi leurs chefs, Mme Bernardine Dohrn, qui restera clandestine jusqu'au début des années 1980, et Mme Kathy Boudin, libérée après plus de 20 ans de prison le 17 septembre 2003.

[17] Mme Assata Shakur, BPP/BLA, arrêtée le 2 mai 1973 dans le New Jersey après une fusillade avec la police. Maintenue en détention préventive jusqu'à ce qu'elle s'évade en 1979. Depuis, Mme Assata Shakur vit réfugiée à Cuba.

[18] Special International Tribunal on the Violation of Human Rights of Political Prisoners and Prisoners of War in United States Prisons and Jails, 7-10 décembre 1990, Hunter College New York.

[19] Dans la nuit du 8 mars 1971, des étudiants de l'université de Swarthmore (Penn.) s'introduisent dans le bureau du FBI de Media (Penn.) et saisissent l'intégralité des dossiers. Dans son numéro du 2 avril 1971, le Phoenix, journal du campus de Swarthmore, publie quelques-uns d'entre eux. Ils concernent le Cointelpro.

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Je cite quand même la source : Combesque Marie-Agnès, « Lorsque le FBI liquidait les Panthères noires », Manière de voir 8/2005 (n°82) , p. 54-54

ninaa · 22 Juin 2016

Il est question des Black panthers dans ce très bon documentaire sur le Weather underground (en espérant que le lien soit toujours valide...):
The Weather Underground (2003) de Sam Green & Bill Siegel VOST - Nouveau lien !
Oui à la base le Weather underground était contre la guerre du Vietnam mais cette cause était liée à une contestation plus large.

allpower a dit: ↑

The Weather Underground
réalisé par Sam Green & Bill Siegel
2003
VOST
1h32

Documentaire clair et rigoureux, "The Weather Underground" retrace le parcours, de sa création à sa dissolution, du groupe éponyme, regroupant des étudiants d’extrême-gauche, réunis à l’origine pour dénoncer la guerre du Vietnam menée par les États-Unis. Actifs entre 1965 et 1975, ces jeunes pacifistes dérivent rapidement vers l’action violente, en organisant plusieurs attentats contre diverses institutions américaines.

Télécharger thewea.avi - Multi Upload - MultiUp.org

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allpower · 22 Juin 2016

Tirés de mes archives...

95 photos/illustrations sur les blacks aux USA
Télécharger Divers_Blacks.rar - Multi Upload - MultiUp.org

+ de 600 photos/affiches/dessins sur les Black Panthers
Télécharger Black_Panther_Party_1966-1982.rar - Multi Upload - MultiUp.org

allpower · 22 Juin 2016

Lutte armée aux États-Unis (mai 1970)
Sommaire :
I. Lutte armée aux États-Unis
II. Manifeste des Weathermen
III. Entretien avec Eldridge Cleaver

(A lire ou à télécharger)
[infokiosques.net] - Lutte armée aux Etats-Unis

Anarchie 13 · 22 Juin 2016

Super, tu gères

Klik · 30 Juin 2016

J'trouve ça vachement bien de rendre publique et gratuit de consultation des textes qu'il faut normalement payer pour voir ! Merci à toi ! Si tu en à d'autres, ça pourrais être bien !

Anarchie 13 · 30 Juin 2016

Oui, j'ai accès à plein. Ils sont payants parce que ce sont des textes parus dans des revues. Ce sont des revues scientifiques alors du coup ça couvre pas mal de sujet et c'est pas forcément militant, par contre l'avantage c'est que c'est bien documenté en général. Après y a parfois du jargon scientifique aussi et perso je les trouve pas forcément intéressant, mais ça, ça dépend des auteurs et du type de texte. Tout ça pour dire qu'ils sont pas forcément tous intéressant donc j'en lis que quand je fais des recherches sur un sujet et si le texte est pas forcément pertinent je le mets pas ici, donc si vous avez des sujets sur lesquels vous voulez des textes de revues auxquels vous avez pas accès ou que vous savez peut-être pas ou cherché, dites-le moi, hésitez pas, parce que y a peu de chance que je les cherche de moi-même ou que je tombe dessus par hasard.

Klik · 30 Juin 2016

Anarchie 13 a dit: ↑

onc si vous avez des sujets sur lesquels vous voulez des textes de revues auxquels vous avez pas accès ou que vous savez peut-être pas ou cherché, dites-le moi, hésitez pas,

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Si tu as des trucs sur l'antifascisme en France, dans les années 80/90, ça pourrais être cool

Anarchie 13 · 30 Juin 2016

Ok, je vais chercher, si je trouve je poste dans un topic déjà créé parce qu'à mon avis il en existe déjà.

Klik · 30 Juin 2016

Anarchie 13 a dit: ↑

Ok, je vais chercher, si je trouve je poste dans un topic déjà créé parce qu'à mon avis il en existe déjà.

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Merci à toi !

allpower · 4 Juillet 2016

Panther
réalisé par Mario Van Peebles
1995
VOST
2h05

En 1966, à Oakland, en Californie, Boby Seale et Huey P. Newton fondent le Black Panther Party. Ce film raconte la genèse du mouvement d'émancipation des Noirs américains et leur lutte contre la police californienne. Ce film retrace les efforts de l'organisation des "Black Panthers" de 1966 à 1968. Les "Black Panthers", partisans du self-défense sont surtout composés d'activistes qui veulent améliorer les conditions de vie de la population noire d'Oakland et surtout celles des enfants. Impliqués également en politique, le FBI les surveille de près car Edgar Hoover, chef du FBI, les compare à de dangereux terroristes...

A (re)voir absolument !

Lien de téléchargement

http://www.multiup.org/download/b9e0477313108bb2f771077238642685/panth.avi

manolis · 4 Juillet 2016

C'est pas ben grave...
J'ai tiqué sur le nom du réalisateur... Tiens, c'est peut-être son fils...
Ben non, et l'affiche le confirme, c'est Melvin Van Peebles, pas Mario.
Si je ne dis pas d'âneries, il a traîné avec la bande d'Hara-Kiri, il y a longtemps.
Et, je viens de vérifier, Mario existe bien, c'est son fils, mais il ne fait pas dans le très politiquement engagé. Il semble même plutôt s'être spécialisé dans la série télé tout-venant, celle qui fatigue pas trop les boyaux de la tête. (il y a une notice Wiki, il a su se vendre, ce garçon...)

allpower · 4 Juillet 2016

manolis a dit: ↑

C'est pas ben grave...
J'ai tiqué sur le nom du réalisateur... Tiens, c'est peut-être son fils...
Ben non, et l'affiche le confirme, c'est Melvin Van Peebles, pas Mario.
Si je ne dis pas d'âneries, il a traîné avec la bande d'Hara-Kiri, il y a longtemps.
Et, je viens de vérifier, Mario existe bien, c'est son fils, mais il ne fait pas dans le très politiquement engagé. Il semble même plutôt s'être spécialisé dans la série télé tout-venant, celle qui fatigue pas trop les boyaux de la tête. (il y a une notice Wiki, il a su se vendre, ce garçon...)

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Ben en fait c'est bien Mario, qui a réalisé ce film.
Et c'est l'adaptation du roman de son père Melvin (le réalisateur de "Sweet Sweetback's Baadasssss Song" !)

manolis · 5 Juillet 2016

Bon. Faudrait que j'apprenne à lire....

ninaa · 5 Novembre 2016

Je viens de regarder le doc sur les Black Panthers suggéré par allpower. Je ne pense pas que ce soit le même que celui là? Sinon, "Panthers" ajoute-t-il beaucoup d'éléments d'information et de réflexion par rapport à "The Black Panthers, all power to the people?"
Jusqu'ici tout va bien
Il est en à un moment donné question de suivre une stratégie mao pour lutter contre le pouvoir en place. Mais il est clair que l'histoire de ce mouvement est beaucoup plus complexe.
Je ne les suivrais pas sur toutes leurs bases (électoralistes, hiérarchisés...) mais en effet il faut replacer ça dans le contexte de l'époque.
En tout cas moi ce qui m'a énormément choqué en voyant ce documentaire ce ne sont pas les limites politiques de ce mouvement, ni les conflits et abus de pouvoir en interne (problèmes communs à n'importe quelle organisation), mais la situation sociale et politique des Noirs, Indiens, etc.
Les violences policières systématiques, la misère, les assassinats programmés, les inégalités sociales, les arrestations et emprisonnements...
Tout cela pouvait justifier l'appellation de départ "Black Panther party of auto défense"!

allpower · 5 Novembre 2016

c'est clair que les Black panthers n'étaient pas anars !
Ça se saurait !!!
Néanmoins, leur travail fut remarquable, tant pour avoir aidé à la prise de conscience de toute une génération que pour leurs actions sociales et gratuites : Bouffe (ce qui a inspiré le mouvement Food not bombs), vêtements, soins (cliniques et campagnes de vaccination et d'informations), transports (ambulance et bus vers les prisons), conseils juridiques, avocats, aide à domicile, ...Sans causer de l'agit-prop (via zines/tracts/...), des manifs, conférences, débats, des campagnes de soutien, bref, le travail politique classique.
Dire aussi qu'ils ont inspiré (et travaillé) avec l'American Indian Movement, les brown berets (mexicains), les Young Lords Party (portoricains), les Young patriots (blancs "du sud" comme ils se revendiquaient), les Yellow panthers...
Qu'ils ont aussi travaillé avec l’ultra-gauche américaine (dont les Weather Underground & les Diggers), le Gay Liberation Front, ainsi qu'avec les mouvements féministes...
C'était il y a un demi siècle et ils/elles continuent à rester une foutue référence ! Ce qui ne veut pas dire sans critique !
Le film "Panther" est une fiction qui se veut retracer l'histoire du BPP... Les événements-clés y sont... mais c'est clair que ça reste une fiction !
Je conseille, pour approfondir (ou même découvrir) l'excellent reportage d'Agnès Varda datant de 1968 : "Black Panthers" (qui aborde beaucoup de sujets !)
(Sinon il y a plein d'autres docs et surtout des textes/biographies pour vraiment bien capter leurs pensées et buts... Dont pas mal déjà traduits en français)

ninaa · 6 Novembre 2016

allpower a dit: ↑

Lutte armée aux États-Unis (mai 1970)
Sommaire :
I. Lutte armée aux États-Unis
II. Manifeste des Weathermen
III. Entretien avec Eldridge Cleaver

(A lire ou à télécharger)
[infokiosques.net] - Lutte armée aux Etats-Unis

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Anarchie 13 a dit: ↑

Comme je m'intéresse en ce moment au black panther party / à la black liberation army (et pourquoi pas au weather underground organization) je me suis dit que ça pourrait être utile de compiler les textes qui tournent autour de cette période et des orgas révolutionnaires du mouvement des droits civiques (même s'il me semble que la WUO était avant tout contre la guerre du vietnam).

J'ai déjà posté un texte d'Assata Shakur militante noire-américaine au BPP et à la BLA sur le topic "abolition des prisons" : Abolition de la prison

Je commence avec le texte suivant que je viens de lire.
Je précise au passage qu'il me semble qu'il y a des copyright dessus, vu que je suis à l'université j'ai accès gratuitement à des textes normalement payant et c'est le cas de celui-là. ça me pose aucun problème moral, la propriété tout ça... mais comme c'est pas moi qui prend les risques et plutôt anarchOi (ungovernable pardon ). Je le précise au cas où vous penseriez qu'il vaille mieux le retirer (mais je crois me souvenir qu'un mec s'était déjà plaint pour son film et qu'anarchOi l'avait envoyé bouler, c'est pourquoi je me permets quand même de le mettre). Si ça pose pas de problème j'en mettrais d'autres parce que du coup c'est l'occaz' de rendre libre d'accès des articles que des gens trouvent bon de faire payer... Comme on dit dans le rap indé "l'important c'est que ça tourne".

Les dirigeants américains n'aiment pas les révolutionnaires, surtout lorsqu'ils sont noirs. Pour venir à bout des Black Panthers, leurs services secrets n'ont pas hésité à recourir à l'assassinat.

Cliquez pour agrandir...

1Depuis le 3 juillet 1982, Mumia Abu-Jamal est devenu un intouchable. Il survit dans une prison de Pennsylvanie, derrière une vitre en Plexiglas, retranché du monde des vivants en attendant une exécution par injection létale (1). Un mort en sursis pour ceux qui, il y a environ vingt-trois ans, l'ont condamné pour le meurtre d'un policier, et muré. Mais un mort qui bouge, se bat et déclare à ses visiteurs : "Je suis un prisonnier politique." De tous les condamnés qui peuplent aujourd'hui les couloirs de la mort du système carcéral américain (2), il est le seul à revendiquer ce statut. En revanche, parmi ceux qui vivent dans les prisons de haute sécurité, en isolement complet ou au sein de la population carcérale - soit 1 500 000 personnes environ (3) -, une centaine clament comme lui le droit de bénéficier du statut de prisonnier politique. Ou de celui de prisonnier de guerre.

2Anciens militants du Black Panther Party (BPP) et de la Black Liberation Army (BLA), de l'American Indian Movement (AIM), indépendantistes portoricains, tous libérés à la fin des années 1990, militants issus de la gauche radicale blanche (Weather Underground), tous ou presque ont en commun un combat qui a trouvé sa première expression dans les luttes contre la guerre du Vietnam au milieu des années 1960 et dans celles du mouvement des droits civiques. L'opposition à la guerre, les assassinats de Malcolm X (1965) et de Martin Luther King (1968), ont radicalisé une génération de militants. Mais, à l'image des autres démocraties occidentales, l'Etat américain ne reconnaît pas le statut de "détenu politique" ni celui de "prisonnier de guerre", énoncé dans les conventions de Genève (4).

3Par exemple, MM. Geronimo Pratt (BPP) ou Leonard Peltier (IM) se considèrent comme les combattants de peuples minoritaires en lutte pour leur droit à l'autodétermination contre un régime colonial. Leur reconnaître le statut qu'ils demandent reviendrait pour les Etats-Unis à reconnaître le bien-fondé de leur combat. Ce serait d'autant plus impensable que tous ont été reconnus coupables de chefs d'inculpation relevant du droit commun : assassinats, vols à main armée, attentats. Les policiers, procureurs, juges et journalistes ne les ont jamais décrits autrement que comme des terroristes et des criminels. Et contre eux, le pouvoir politique aura employé quasiment tous les moyens, depuis l'utilisation d'une loi anti-Mafia jusqu'à des campagnes répressives, dont le Congrès a, par la suite reconnu le danger (5).

Premières victimes de cet arsenal répressif : les Black Panthers. Ils forment le groupe de prisonniers politiques le plus nombreux, environ une cinquantaine de personnes. Créé à Oakland, en Californie, en octobre 1966, par deux étudiants en droit, Huey P. Newton et M. Bobby Seale, le BPP s'inspirait en partie du discours de Malcolm X. Utilisant une rhétorique marxiste, il chercha à organiser les ghettos. Son programme en dix points comportait une série de revendications politiques et sociales et réclamait le droit à l'autodéfense. Se voulant une avant-garde révolutionnaire, les Black Panthers ne cherchaient pas seulement à libérer les Noirs de leur environnement répressif : "Pour nous, il s'agit d'une lutte de classes entre la classe ouvrière prolétarienne, qui regroupe les masses, et la minuscule minorité qu'est la classe dirigeante. Les membres de la classe ouvrière, quelle que soit leur couleur, doivent s'unir contre la classe dirigeante qui les opprime et les exploite. (...) Nous croyons que nous menons une lutte de classe, pas un combat racial (6). "
4Les Panthères organisèrent des cantines scolaires pour les enfants des ghettos, des associations de locataires, des dispensaires, des distributions de vêtements. Ils éditaient un journal, enrôlaient les plus motivés et impressionnaient les autres. Le BPP n'a probablement jamais compté plus de 5 000 militants entre 1967 et 1971, mais son aura dépassa alors largement sa puissance numérique dans les centres-villes déshérités.

5Dès l'été 1967, le FBI s'alarme et recentre l'un de ses programmes de contre-espionnage, le Cointelpro (7), en direction des mouvements nationalistes noirs : "Le but est de démasquer, briser, fourvoyer, discréditer, ou au moins neutraliser les activités des organisations nationalistes noires qui prêchent la haine (8). " Avec l'aide vigilante des services locaux de police, ces instructions seront appliquées à la lettre. Dans un entretien accordé au New York Times, le 8 septembre 1968, John Edgar Hoover déclarait que le BPP "constitue la plus grande menace qui soit contre la sécurité interne du pays".

6Pour les Black Panthers, les trois années qui suivent seront dévastatrices. A l'utilisation des techniques de répression classiques (filatures, écoutes téléphoniques, lettres anonymes, agents doubles), le FBI, via le Cointelpro, ajoutera en effet l'assassinat. Pour la seule année 1970, trente-huit militants sont tués lors de raids organisés par les polices locales contre les bureaux du BPP. Le 4 décembre 1969, le leader des Panthères de Chicago, Fred Hampton, est exécuté dans son lit. Son garde du corps, William O'Neal (qui s'est depuis suicidé), avait été recruté par le FBI de Chicago deux ans plus tôt : c'est lui qui fournit aux policiers le plan de l'appartement, leur permettant de viser juste (9).

7Quelques mois plus tard, M. Geronimo Pratt, un des membres les plus en vue du BPP de Los Angeles, est arrêté pour le meurtre d'une femme blanche, commis dans une banlieue de Los Angeles alors que, selon de multiples témoignages - confirmés par les comptes rendus des agents infiltrés du FBI -, il assistait à Oakland à une réunion de son organisation. Au moment du procès, ces éléments du dossier disparurent mystérieusement. Condamné à perpétuité, M. Geronimo Pratt est toujours emprisonné, même si, aujourd'hui, les représentants du système judiciaire californien et les médias américains s'accordent à dire qu'il a été victime d'une machination.

8Les querelles et dissensions fomentées par le Cointelpro au sein même du BPP amplifient les divergences internes nées de l'affrontement politique entre, à Oakland, le "ministre de la défense", Huey Newton, et, en exil à Alger, M. Eldridge Cleaver, "ministre de l'information" et responsable de la section internationale du BPP (10). Fin 1970, les militants noirs, divisés, de moins en moins soutenus par la gauche libérale blanche (elle aussi soumise aux attaques du Cointelpro), en viennent à s'entre-tuer. Certains des partisans de M. Eldrige Cleaver fondent alors la Black Liberation Army (BLA), clandestine. Fin 1971, le BPP se retrouve décimé par la répression, son audience diminue inexorablement et ses dirigeants replient leur action sur leur base d'Oakland. En parallèle, ils décident de réintégrer le jeu politique "normal" en soutenant des candidats démocrates aux élections locales. Les militants radicaux les plus chevronnés sont soit en exil, soit en prison. Ils vont y être rejoints par les soldats de la BLA exposés à un nouveau programme de contre-espionnage : Newkill (11), directement mis au point, à la Maison Blanche, par le président Richard Nixon, le ministre de la justice John Mitchell, et Edgar Hoover, l'inamovible directeur du FBI. MM. Anthony Jalil Bottom, Albert Nuh Washington, Herman Bell, en font toujours les frais, détenus à vie dans des pénitenciers de haute sécurité de l'Etat de New York.

9Une seconde vague répressive aura lieu au début des années 1980 et visera de nouveaux activistes du mouvement noir, mais aussi des militants indépendantistes portoricains et des radicaux blancs. A l'automne 1981, dans l'Etat de New York, des militants de la BLA et des radicaux blancs du Weather Underground (12) attaquent un fourgon de transport de fonds de la Brinks pour s'emparer d'argent destiné à alimenter leur lutte ; le braquage, raté, se termine par une fusillade, au cours de laquelle trois policiers sont tués. Dans les mois et les années qui suivent, une fantastique opération de répression aboutit à l'arrestation de dizaines de militants, clandestins ou non, dont certains vont être jugés en vertu de la loi RICO (Racketeer Influenced Corrupt Organizations) votée par le Congrès en 1970.

10La loi RICO avait été élaborée pour lutter contre le crime organisé. L'objectif était de fournir aux procureurs les moyens de poursuivre en justice les membres de gangs criminels accusés d'avoir participé à au moins deux actes répréhensibles sur une période de temps donné, en permettant de les condamner automatiquement à vingt ans de prison. Sous la présidence de Ronald Reagan, la loi RICO servit plusieurs fois à condamner des membres d'organisations politiques, notamment après l'attaque de la Brinks. Ainsi MM. Sekou Odinga (BLA), David Gilbert (ex-SDS) et Mme Marilyn Buck (ex-SDS-BLA) purgent d'extravagantes peines de prison sans possibilité de libération sur parole : quatre-vingts ans pour Mme Buck, soixante-quinze ans pour M. Gilbert, quarante ans pour M. Odinga. Aux vingt années de la loi RICO s'ajoutent, en effet, des condamnations encore supérieures pour ceux qui furent reconnus coupables d'avoir participé à l'évasion, réussie, de Mme Assata Shakur en 1979 (13). A titre de comparaison, un militant anti-avortement accusé, en 1986, d'avoir perpétré une dizaine d'attentats à l'explosif contre des cliniques pratiquant l'interruption volontaire de grossesse a été condamné à dix ans de prison, et libéré sur parole quarante-six mois plus tard (14).

11Ainsi, depuis un quart de siècle, les mouvements nationalistes noirs et leurs alliés ont payé le plus lourd tribut à la répression et continuent de la subir. Si le programme Cointelpro a officiellement été abandonné en 1971, lorsque son existence fut fortuitement découverte par un commando étudiant parti fureter dans un bureau du FBI (15), ses effets se prolongent. La note envoyée par Edgar Hoover à l'ensemble de ses agents, le 25 mars 1968, fut exécutée à la lettre. Le Cointelpro devait "empêcher la coalition des groupes nationalistes noirs (...), empêcher la naissance d'un "messie" qui pourrait unifier et électriser le mouvement nationaliste noir. (...) Il faut faire comprendre aux jeunes Noirs modérés que, s'ils succombent à l'enseignement révolutionnaire, ils seront des révolutionnaires morts".

12Une autre note, datée du 3 avril, expose précisément les termes de l'alternative : "Ne vaut-il pas mieux être une vedette sportive, un athlète bien payé ou un artiste, un employé ou un ouvrier (...) plutôt qu'un Noir qui ne pense qu'à détruire l'establishment et qui, ce faisant, détruit sa propre maison, ne gagnant pour lui et son peuple que la haine et le soupçon des Blancs ?"

PEGGY PIERROTLIVRES
FREEDOM. Une histoire photographique de la lutte des Noirs américains. Sous la direction de Manning Marable, Leith Mullings et Sophie Spencer-Woods

- Phaidon, Paris, 2004, 510 pages, 65 euros.

Six cents photographies, dont beaucoup inédites, en noir et blanc ou en couleurs, relatent le long et douloureux parcours des Noirs américains vers l'égalité. Commentée par des universitaires spécialistes, la sélection de clichés commence aux années de l'esclavage pour aboutir aux années 2000. C'est toute l'histoire d'une lutte opiniâtre qui est ainsi retracée, donnant à voir aussi bien les grands événements (la guerre de Sécession ou la grande marche du 28 août 1963 à Washington) que les actes - souvent héroïques - des anonymes. Des clichés parfois durs qui saisissent le quotidien de la ségrégation et de la violence raciste.

Notes
[1] Le 1er octobre 1990, la Cour suprême des Etats-Unis a refusé de revenir sur la sentence. Le 2 mai 1995, après une interruption de trente-trois ans, la Pennsylvanie a procédé à l'exécution d'un condamné à mort. Le 1er juin 1995, M. Thomas Ridge, gouverneur de Pennsylvanie, a signé l'ordre d'exécution de M. Mumia Abu-Jamal.

[2] Au 1er janvier 2005, les Etats-Unis comptaient 3 355 condamnés à mort. La Californie (639 condamnés) arrivait en tête de ce palmarès, suivie du Texas

[3], de la Floride

[4] et de la Pennsylvanie

[5]. Mais, pour les exécutions, le Texas l'emporte largement. Après l'élection d'un gouverneur républicain, M. George Pataki, succédant à M. Mario Cuomo, abolitionniste déclaré, l'Etat de New York vient de rétablir la peine de mort, désormais en vigueur dans trente-huit Etats sur cinquante..

[6] Cf. Jean-Paul Jean, "En Europe et aux Etats-Unis, la prison, machine à gérer l'exclusion", Le Monde diplomatique, juillet 1995. En juin 2004, plus de 2,1 millions de détenus peuplaient les prisons américaines, locales, d'Etat ou fédérales.

[7] Convention de Genève relative au traitement des prisonniers de guerre, 12 août 1949. Résolution 3 103 de l'Assemblée générale.

[8] United States Senate, Final Report of the Select Commitee to Study Governmental Operations With Respect to Intelligence Activities, US Government Printing Office, Washington, 1976 (plus connu sous l'appellation Rapport Church, du nom du sénateur qui présidait cette commission d'enquête sénatoriale). Geronimo Pratt a été libéré le 29 mai 1997 après 27 années de détention.

[9] Bobby Seale, A l'affût : Histoire du parti des Panthères noires et de Huey Newton, Gallimard, Paris, 1972.

[10] Counter Intelligence Program, créé en 1956 par Edgar Hoover (directeur du FBI de 1924 à 1972) pour surveiller les activités des membres et sympathisants du Parti communiste américain.

[11] Counter Intelligence Program-Black Nationalist-Hate Grops-Racial Intelligence, from Director, FBI (100-448006), 4 mars 1968.

[12] Clayborne Carson et al., The Eyes on The Prize Civil Rights Reader, Penguin Books, New York, 1991.

[13] Huey Newton mourra en août 1989 au cours d'un règlement de comptes entre dealers de drogue. Après son retour d'Alger, Cleaver rejoindra la secte Moon, soutiendra Ronald Reagan et fréquentera les milieux fondamentalistes chrétiens. Sur sa période de militant révolutionnaire, cf. le film de William Klein, Eldridge Cleaver, Black Panther

[14]. Eldridge Cleaver est mort le 1er mai 1998.

[15] New York Killing of Police Officers.

[16] Weather Underground, ou Weathermen, ou Weatherpeople, militants du SDS (Students for a Democratic Society) qui se constituent en fraction lors de la 9e convention nationale du SDS à Chicago en juin 1969. Les Weatherpeople mettent en avant la lutte armée et s'organisent clandestinement. Parmi leurs chefs, Mme Bernardine Dohrn, qui restera clandestine jusqu'au début des années 1980, et Mme Kathy Boudin, libérée après plus de 20 ans de prison le 17 septembre 2003.

[17] Mme Assata Shakur, BPP/BLA, arrêtée le 2 mai 1973 dans le New Jersey après une fusillade avec la police. Maintenue en détention préventive jusqu'à ce qu'elle s'évade en 1979. Depuis, Mme Assata Shakur vit réfugiée à Cuba.

[18] Special International Tribunal on the Violation of Human Rights of Political Prisoners and Prisoners of War in United States Prisons and Jails, 7-10 décembre 1990, Hunter College New York.

[19] Dans la nuit du 8 mars 1971, des étudiants de l'université de Swarthmore (Penn.) s'introduisent dans le bureau du FBI de Media (Penn.) et saisissent l'intégralité des dossiers. Dans son numéro du 2 avril 1971, le Phoenix, journal du campus de Swarthmore, publie quelques-uns d'entre eux. Ils concernent le Cointelpro.

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Je cite quand même la source : Combesque Marie-Agnès, « Lorsque le FBI liquidait les Panthères noires », Manière de voir 8/2005 (n°82) , p. 54-54

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Histoire - Mouvement des droits civiques

ninaa · 6 Novembre 2016

Et aussi (sur le même topic):

allpower a dit: ↑

Tirés de mes archives...

95 photos/illustrations sur les blacks aux USA
Télécharger Divers_Blacks.rar - Multi Upload - MultiUp.org

+ de 600 photos/affiches/dessins sur les Black Panthers
Télécharger Black_Panther_Party_1966-1982.rar - Multi Upload - MultiUp.org

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ninaa · 8 Novembre 2016

je viens de regarder "Panthers" et je
le
trouve
super
Génial!!!!!!
Quelques différences avec le documentaire "The Black panthers, all power to the people":
- Les dérives autoritaires (en particulier de Huey Newton après sa sortie de prison) ne sont pas évoquées dans "Panthers".
- La fiction insiste plus sur l'influence du petit livre rouge de Mao (sans pour autant décréter que les BP sont globalement "maoistes").
- Les liens des Black Panthers avec les soutiens blancs (en particulier les opposants à la guerre au Vietnam) sont plus explicites. Des citations disant clairement que les BP ne veulent pas faire la guerre aux Blancs ni inverser la domination. A des Blancs qui viennent offrir leur soutien ils disent: "Nous avons besoin de nous organiser nous mêmes pour lutter pour nos propres droits. Organisez-vous de votre côté, nous aurons besoin les uns des autres".
Un point commun aux deux films, on en ressort totalement écoeurés par les injustices dont sont victimes les Noirs. La misère, mais aussi les violences policières et les emprisonnements arbitraires.

Allpower, te serait-il possible de faire un cycle sur le sujet?

allpower · 16 Novembre 2016

Je remets ici les posts qu'il y avait eu sur la discussion Agenda :
15-11-2016: Rencontre: Black Panthers, discrimination et... (Paris, Île-de-France, FR)

ninaa a dit: ↑

mardi 15 novembre 2016 à 19h
Lieu : Paris 10e
Bourse du Travail de Paris
Salle Ambroise Croisat
3 rue du château d’eau
Métro République

Rencontre publique avec Albert Woodfox et Robert King
Discrimination raciale et prisons aux Etats-Unis
15 nov.: Rencontre avec deux figures des Black Panthers - discrimination, prisons aux États-Unis / Paris 10e

A l'heure où les discriminations raciales et les violences policières aux Etats-Unis font rage et où on assiste à la naissance d'un nouveau mouvement de contestation « Black Lives Matter », venez rencontrer Albert Woodfox et Robert King. Ces 2 figures du mouvement des Black Panthers se mobilisent depuis des décennies contre les discriminations raciales, les conditions carcérales aux Etats-Unis et appellent à la libération des autres prisonniers politiques aux Etats-Unis..

Ces deux militants ont été enfermés à l'isolement pendant des décennies. Albert Woodfox, récemment libéré après 43 ans à l'isolement - un triste record -, et une mobilisation internationale pour sa libération, s'exprimera pour la première fois en France.

Connaître leurs histoires : Les actions et actualités d'Amnesty International

Cette rencontre exceptionnelle donnera la parole à Robert King et Albert Woodfox pour aborder :

L'expérience de la détention à l'isolement aux Etats-Unis, et leurs décennies de lutte, depuis la prison et en dehors, pour survivre dans cet environnement totalement déshumanisé et faire reconnaître leur innocence
L'importance de la solidarité internationale
Leurs combats actuels et leur regard sur les Etats-Unis à l'heure où les discriminations, le racisme, mais aussi de nouveaux mouvements de revendication des droits (Black Lives matter…) sont revenus au premier plan de l'actualité dans le pays.

Événement organisé avec le soutien de l'union syndicale Solidaires

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allpower a dit: ↑

Une rencontre qui ne peut être qu'intéressante !!!

2 des Trois d'Angola !
Le troisième, Herman wallance, étant décédé en 2013...

http://img4.hostingpics.net/pics/173018ang.jpg[/URL]

Je joins 2 liens d'Amnesty (celui mis plus haut étant dead)
[URL='https://www.amnesty.fr/liberte-d-expression/actualites/albert-woodfox-transmettez-ma-gratitude-a-ceux-qui-ont-ecrit']Albert Woodfox : transmettez ma gratitude à toux ceux qui ont écrit pour moi [/URL]
[URL='https://www.amnesty.fr/liberte-d-expression/actualites/etats-unis--40-ans-a-lisolement']Etats-Unis : 40 ans à l’isolement [/URL]

Ainsi qu'un lien pour choper la brochure "Albert Woodfox parle"
[URL='http://www.bboykonsian.com/Albert-Woodfox-parle-Le-dernier-des-trois-d-Angola_a3131.html']Albert Woodfox parle - Le dernier des trois d'Angola [/URL]

A voir une interview très intéressante de Robert King datant de 2014
[MEDIA=dailymotion]x210en8[/MEDIA]

Et pour finir, je ne peux que conseiller cette BD...
[URL='http://www.hostingpics.net/viewer.php?id=544511panthers.jpg'][IMG]http://img4.hostingpics.net/pics/544511panthers.jpg

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mc² a dit: ↑

merci pour ces infos et documents !

Lien de téléchargement

http://www.la-boite-a-bulles.com/info/rights/Panthers%20in%20the%20hole_BD_avril.pdf

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mc² a dit: ↑

En anglais seulement $:\$
The Revolution has come!
ou ici avec des sous-titres anglais

Monday, October 17, 2016

This week we bring you a special sedition on the anniversary of one of the most bad-ass and sophisticated revolutionary organizations in the United Snakes… The Black Panther Party.

We kick things off by setting the stage in AmeriKKKa during a time of weekly riots in urban centers in response to police killings of black youth. After the break we look at the brutal repression unleashed on the Panthers by J. Edgar Hoover and his FBI program COINTELPRO. We close things up with a special interview with former panthers JoNina Abron-Ervin and Lorenzo Komboa-Ervin about the legacy of this group.

You can listen to our entire interview with JoNina and Lorenzo here.

Download HD MP4 (478 mb) * SD MP4 (109 mb) * MP3 (23 mb) * OGV (107 mb) * Torrent * Translate
Using TOR? Try our archive.org page

Track Selection:

1. XOC – Super Mario Theme
2. Matilda – When I grow up
3. Isaac Hayes – Walk on By (Emcee hip hop instrumental remix)
4. Digital Martyrs – Welcome to the Party
5. CJ Beats – Best U Ever Had
6. Dead Prez – I’m a AfricanPublic Enemy – Shut ‘em down
7. El-P – Dead Disnee
8. James Brown – Say It Loud, I’m Black And I’m Proud

Want to learn more about the Black Panthers? Below is a list of resources.

The Black Panthers: Vanguard of a Revolution

All Power to the People: The Black Panther Party and Beyond

Lorenzo Komboa Ervin – Anarchism and the Black Revolution

Malcolm X Grassroots Movement – Let Your Motto be Resistance: A handbook for organizing new Afrikan and oppressed communities for self-defense

Ward Churchill – The COINTELPRO Papers

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allpower a dit: ↑

Excellent doc !

Merci !

Notamment la p'tite interview de Lorenzo Kom'Boa Ervin,

ancien BP et militant anarchiste...

Extrait traduit :
Après votre période chez les Panthers, vous avez été plus tard influencé par l'anarchisme, tout en restant critique envers le mouvement anarchiste dans son ensemble. Qu'est-ce qui a déclenché ce changement politique ?
Et quelles sont, selon vous, les limites du mouvement anarchiste qui entravent son potentiel révolutionnaire aux USA ?
Au moment où je suis allé en prison en 1969, le Black Panther Party était en train d'être attaqué et détruit.
Donc, lorsque j'étais en prison, à l'isolement, j'ai cherché quelque chose d'autre en termes d'organisation. En outre, j'avais vu certaines des erreurs qui avaient été faites par le BPP et d'autres organisations en donnant trop d'importance au leadership plutôt qu'aux luttes de masse.
Quand je suis devenu anarchiste, je me suis rendu compte que ce qui m'attirait c'était l'idée que le pouvoir devait être entre les mains des gens plutôt qu'entre les mains de l'Etat.
Et puis aussi les critiques envers l'Etat.
Je trouvais ça très bien, et étant un prisonnier politique, mon cas fut soutenu par l'Anarchist Black Cross qui venait de se réformer au Royaume-Uni.
Je pense toujours que l'anarchisme a une sérieuse valeur politique.
Le problème est l'organisation, et l'échec à établir des liens avec les communautés.
On met trop l'accent sur l'activisme et pas suffisamment l'accent sur l'organisation communautaire.

Un peu plus d'infos sur Lorenzo :
Entretien avec Lorenzo Kom’Boa Ervin militant et auteur de « Anarchism and Black Revolution »
C’est du Racisme, Imbécile! Lorenzo Kom’boa Ervin

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