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La situation s'échauffe au Brésil

Discussion dans 'Luttes Internationales' créé par Makhx, 15 Juin 2013.

  1. Makhx
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  2. libertaire, anarchiste, auto-gestionnaire, anti-fasciste
    Les communautés indigènes au Brésil survivent, mais pour combien de temps?

    Pour comprendre la situation, à travers les paroles de quelques communautés massacrées.

    "Massacre de la communauté Guarani-Kaiowà" : http://www.pirate-punk.net/message.php?t=27007


    Une autre communauté : les Munduruku (les Munduruku sont le peuple le plus nombreux de la région du sud de l’état du Pará avec actuellement 12 000 personnes).

    Face à la gravité de la situation, le peuple Munduruku, à la tête du mouvement de résistance aux barrages en Amazonie, révèle une partie de sa cosmogonie et donne une leçon d’humanité au gouvernement des blancs qui, par son arrogance, son mépris, son autoritarisme et son étroitesse de vue, met en péril la vie des peuples originaires qui occupent depuis des millénaires cette terre aujourd’hui appelée Brésil.

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    "Non aux barrages en Amazonie !"


    Lettre des Munduruku au gouvernement brésilien.

    "Messieurs,

    Face aux faits relatés sur notre situation, nous communiquons que nous sommes révoltés de la manière avec laquelle le gouvernement brésilien nous traîte. Nous constatons le manque de respect envers nos peuples, la Constitution est bafouée et devient caduque, car nos droits ne sont plus garantis. Maintenant, notre propre territoire est devenu un champs de bataille sur lequel nous sommes exterminés, assassinés par les Forces Armées du gouvernement. Nous n’avons plus le droit de crier pour être entendus et personne ne nous porte secours quand nous en avons besoin. Les policiers des Forces Armées devraient nous apporter la sécurité et nous protéger. Mais nous constatons que ce n’est pas le cas, c’est tout le contraire. Le gouvernement utilise la violence pour réaliser par la force les études pour construire ses projets sur les terres indigènes. Nous n’avons jamais été consultés et personne ne nous a informés des projets du gouvernement sur nos terres. Et quand le gouvernement parle de dialoguer, il est déjà en train de construire les usines hydro-électriques sur nos rivières. Quand nous prenons position contre la décision du gouvernement, il dit qu’il n’accepte pas notre décision, ce qui compte, c’est la décision du gouvernement.
    C’est ce que le ministre Gilberto Carvalho lui même a dit lors de la réunion du 4 juin : « Que vous le vouliez ou non, les usines hydro-électriques de São Luiz do Tapajós, de Belo Monte et du Teles Pires vont être construites. » Alors, à quoi sert que nous soyons consultés si notre décision n’est pas prise en considération ? Où sont nos droits, le droit d’être respectés ?

    Même la loi qui protège l’environnement n’existe plus, les autorisations environnementales sont émises bien qu’il est connu que ces projets vont affecter et vont détruire la nature, ainsi que la vie des personnes qui vont être affectées, mais cela n’est pas pris en considération, le risque qu’elle vont courir, et leurs vie ne seront plus jamais pareils. La vie des animaux en danger d’extinction, les poissons et l’ensemble de la biodiversité. La population Munduruku et les autres habitants qui dépendent des ressources naturelles, leur subsistance provient du fleuve et de la forêt. Nous voulons que soit garanti notre droit, le respect pour nos vies, le respect de notre terre, le respect pour notre culture. Quelle institution est-ce qui autorise ces projets alors que c’est l’organisme qui devrait protéger l’environnement ?
    Pourquoi voulez-vous nous détruire ? Ne sommes-nous pas citoyens brésiliens ? Sommes-nous si insignifiants ? Qu’est-ce que le gouvernement allègue contre nous ? Il nous déclare la guerre pour en finir avec nous et ensuite remettre nos terres aux latifundiarios et à l’agro-industrie, aux hydro-électriques et aux entreprises minières ? Le gouvernement prétend nous spolier parce que nous ne lui offrons aucun bénéfice.

    Le cours du Teles Pires a déjà été dévié par la construction de l’usine hydro-électrique sur la chute d’eau de Sete Quedas. Nous demandons que le gouvernement mette fin à ces projets illégaux en territoire Munduruku.
    Nous demandons aux autorités que soit accélérés les processus de jugement de l’usine hydro-électrique de Belo Monte sur le Xingu, ainsi que sur le Teles Pires et sur le Tapajós, dans le Pará.
    Nous n’avons jamais été consultés, mais les travaux ont déjà commencés sur nos territoires. S’il y a eu des études, nous ne l’avons jamais su. Que nos revendications soient respectées avec urgence :
    - Que les Forces Armées quittent nos terres.
    - Que les études soient stoppées.
    - Que les constructions de barrages soient arrêtées.
    - Que nous soit expliqué tout ce qui va se produire sur nos terres, que nous soyons écoutés et que notre décision soit respectée.


    Signé par les représentants Munduruku.

    Brasília, le 8 juin 2013. "

    Source : http://www.cimi.org.br/site/pt-br/?system=news&conteudo_id=6962&action=read
    Traduit du portugais par le camarade CL.​
     
    Dernière édition par un modérateur: 16 Juin 2013
  3. Makhx
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  4. libertaire, anarchiste, auto-gestionnaire, anti-fasciste
    Lien : "Une tribu amazonienne menace de déclarer la guerre au gouvernement" : http://www.blogapares.com/bresil-un-tribu-amazonienne-menace-de-declarer-la-guerre-au-gouvernement/


    La situation chauffe au Brésil, et la police réprime, ce qui évidemment fait monter encore plus la tension.

    Sur Rio, il y a aussi des mouvements depuis pas mal de temps, notamment en raison des expropriations pour la coupe du monde et les JO pour faire des stades, des parkings, des centres commerciaux...

    Il faudrait construire un soutien planétaire afin de boycotter les JO (trop court pour la coupe du monde). Les Européens, aux US, Canada ou d'ailleurs.

    Pour ceux qui sont intéressés par la question indigène (et qui ont un compte FB), il y a Soutien Européen au Brésil Indigène, une page qui présente des traductions en français : https://www.facebook.com/SEIABRESIL

    Image : http://rioonwatch.org/wp-content/uploads/2013/05/communities-removed-chart.jpg
    Les chiffres du nombre de familles déplacées (i.e expulsées) et menacées à Rio.
     
  5. KickTick
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  6. extrême-gauche, révolutionnaire
    Ca à l'air tendu, hier les manifestants ont pris d'assault les parlements de rio et de Brazilia :ecouteurs:
     
  7. Makhx
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  8. libertaire, anarchiste, auto-gestionnaire, anti-fasciste
    Phrases de dirigeants sportifs au sujet des manifestations au Brésil en ce moment :

    ► Joseph Blatter - Président de la Fifa:
    - "Le football est plus fort que l'insatisfaction des gens."

    ► Marco Polo Del Nero - Président de la Fédération Pauliste de Football:
    - "Combien ils étaient ? Mille ? Il y en a 199 millions qui travaillent et ceux là veulent créer des problèmes."

    ► José Maria Marin - Président de la CBF:
    - "Il serait préférable que toute l'attention se porte sur le football."


    Quelques photos de ces derniers jours...
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    "Mille" oui. Ça me rappelle l'approximation totale du SSPVM les 22, pendant les manif au Québec, quand ils disaient qu'on était quelques milliers tout juste alors que les avenues principales étaient totalement bouchées.
     
  9. Makhx
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  10. libertaire, anarchiste, auto-gestionnaire, anti-fasciste
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    "NE VENEZ PAS A LA COUPE DU MONDE DE FOOT AU BRÉSIL EN 2014

    Notre gouvernement dépense des milliards pour construire des stades qui pourraient coûter la moitié et qui n'apporteront aucun bénéfice à la population. Des milliers de familles ont déjà été expulsées de chez elles pour laisser la place aux grand projets "d'urbanisme" motivés par la coupe du monde. Bien que beaucoup de gens meurent dans les hôpitaux en raison du manque d'investissement, et que la violence contre les citoyens dépasse toutes les limites, notre gouvernement est sourd et aveugle aux besoins de la population.

    Les Brésiliens en ont marre. Cette coupe du monde est un désastre.

    Si vous avez des amis qui prétendent aller au Brésil pour la coupe du monde, expliquez-leur qu'il faut boycotter cet événement."

    traduction du portugais par le camarade CL.​

    "Les manifestations ont en outre dégénéré dans plusieurs villes. Des heurts violents ont éclaté à Rio de Janeiro. Plusieurs dizaines de personnes ont été blessées lors d’affrontements avec les forces de l'ordre qui utilisent des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Des vitrines ont été brisées, un magasin pillé. Dans la capitale, Brasilia, le ministère des Affaires étrangères a été pris pour cible. L'une des portes d'entrée du bâtiment a été brisée et les forces de l'ordre sont parvenues de justesse à repousser les contestataires. Au moins, trois d'entre eux ont été sérieusement blessés.

    Des scènes d'affrontements qui se sont répétées à Salvador de Bahia, Vitoria, Belem... Des minibus de la Fifa, organisatrice de la Coupe des confédérations, qui se déroule actuellement dans le pays et du Mondial-2014 au Brésil, ont aussi été pris pour cible. Des événements dont le coût s’élève à 11 milliards d'euros."

    Source : Metro (je l'avais sous la main...) - http://www.metronews.fr/info/bresil...-dans-les-rues-jeudi-soir/mmfu!GQHLqbwC0sUYY/
     
  11. KickTick
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  12. extrême-gauche, révolutionnaire
    Apparement des rixes entre communistes et fascistes. Tu connais le mouvement libertaire au Brésil sinon ? Si il y en à ?
     
  13. Makhx
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  14. libertaire, anarchiste, auto-gestionnaire, anti-fasciste
    J'ai demandé à mon camarade du coup, qui est lui-même militant brésilien et donc s'y connaît mieux que moi...

    La société brésilienne est assez conservatrice dans sa grande majorité, et aussi assez peu politisée.
    Le mouvement libertaire est très minoritaire, et fait l'objet de nombreuses attaques de la part de la classe dominante qui l'assimile aux casseurs (manipulés par cette classe dominante, conservatrice et nostalgique d'un passé assez récent, et que tu vois bien évidemment en gros plan dans les médias pour décrire l'entité de ce qui se passe).

    Ce qui est intéressant est l'apparition d'un mouvement réellement populaire né en dehors des partis. Cela pose d'ailleurs des problèmes : a-partisan ne veut pas dire anti-partisan. On a vu des agressions de manifestants liés à tel ou tel autre parti (principalement PT, le parti au pouvoir). Heureusement, les a-partisans ont dénoncé cela comme étant de la dictature.

    Ce mouvement, déclenché par le Mouvement Passe Livre, qui se bat depuis de nombreuses années pour que les transports publics soient... publics (si possible gratuits) et permettent aux citoyens l'accès à la citoyenneté (ça va beaucoup plus loin qu'une simple diminution des tarifs) est ouvert à tout dialogue, notamment avec les libertaires.

    Mais d'après lui le mouvement libertaire s’accroit de plus en plus. Des assemblées populaires se mettent en place avec comme principe l'horizontalité (qui est aussi une caractéristique du Mouvement Passe Livre). Bien sûr, cela déconcerte les politiciens professionels qui ne savent plus vraiment à qui s'adresser, ils veulent des leaders comme interlocuteurs, mais il n'y en a pas...
     
  15. Makhx
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  16. libertaire, anarchiste, auto-gestionnaire, anti-fasciste
    Mais depuis ces journées de manifs, de petites victoires ont un peu réchauffé les cœurs, bien que ça soit encore très tendu, et que l'on peut s'attendre au pire encore.

    Après ces quelques jours plutôt chauds, et la victoire de l'annulation de l'augmentation des tarifs des transports dans plusieurs villes, le mouvement se réorganise pour continuer à lutter (le Mouvement Passe Livre est ouvertement anti-capitaliste, la lutte n'est donc pas terminée). De plus en plus de gens demandent une réforme politique afin que les pouvoirs publics redeviennent publics. Vaste chantier, mais pourtant indispensable.
    Petit à petit, les divers mouvements (noirs, indigènes, féministes...) vont opérer des alliances.

    Le gouvernement fédéral a aussi été obligé de suspendre les études des projets hydro-électriques dans le bassin du Tapajós (en Amazonie) suite à la pression indigène. Chose qui était impensable il y a peu.

    Bref, il semble que le "pouvoir" (politique surtout) est quelque peu ébranlé. Mais il nous faut faire très attention à un possible coup d'état, il y a de nombreuses "coïncidences" troublantes : régulation de la loi de succession en cas de vacances du gouvernement, nomination d'une nouvelle ambassadrice US dont les contacts sont suspects (USAID, poste au Paraguay peu avant le coup d'état institutionnel)...
     
  17. Makhx
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  18. libertaire, anarchiste, auto-gestionnaire, anti-fasciste
    Ronaldo : "On ne fait pas une coupe du monde avec des hôpitaux."



    Les indiens du Brésil sont menacés par la faim​


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    "Le représentant indigène Joaquim Cardoso a voyagé la semaine dernière depuis le Maranhão où il vit, jusqu'à Porto Alegre (Rio Grande do Sul) pour participer à la 7º rencontre Nationale du Forum Brésilien de Sécurité et Souveraineté Alimentaire et Nutritionel (FBSSAN).
    Il a emporté des tenis, un jeans et une chemise et s'est efforcé d'utiliser un portugais formel pour s'adresser aux autres représentants des mouvements sociaux et aux chercheurs et autorités sur le sujet. Mais, en coulisse, Joaquim a peu parlé et n'était pas souriant. Il avait la tête ailleurs. Il avait laissé au Maranhão ses cinq enfants et son épouse, et n'avait pas de nouvelles d'eux. Menacé de mort par les entreprises du secteur du bois qui agissent non loin de sa terre indigène, à Governador, proche de la municipalité de Amarantes, il craignait que quelque choses ne se produise avec sa famille pendant son absence. Depuis janvier, les indiens de son village, de l'éthnie Gavião, souffrent de la faim en raison du conflit. Mais les causes du problème sont cependant loin d'être résolues. La Fondation Nationale de l'Indien (Funai) accompagne le cas, mais elle est loin d'avoir suffisemment de poids face à ce problème.
    "Nous avons l'espoir de recevoir la protection du gouvernement, mais rien ne se passe. Notre gouvernement ne réussit pas à faire appliquer la Constitution de 1988 qui nous donne le droit à notre terre afin que notre survie soit garantie. Je suis venu au forum pour pouvoir parler de notre situation, mais je suis très inquiet. Ma maison se trouve en bordure de la route et mes enfants sont petits, ils ne savent pas se défendre. Je me demande souvent quelles erreurs j'ai pu faire car on me dit souvent que je suis sur un territoire qui n'est pas à moi. Mais nous n'avons rien fait, nous voulons juste notre terre", dit Joaquim qui est membre du comité gestionnaire de la Funai, la gorge serrée.

    C'est cette lutte pour le droit à un bout de terre qui est la toile de fond des assassinats, comme celui de Celso Rodrigues, de l'éthnie Guarani-Kaiowá, tué par balles par des "pistoleiros" alors qu'il se rendait à son travail, au matin du mercredi 12 juin 2013, dans le Mato Grosso do Sul. Et c'est aussi ce qui se trouve derrière les manifestations qui ont eu lieu à Brasilia pendant toute la semaine. Plus de 150 indiens , principalement Munduruku, ont occupé le siège de la Funai depuis le lundi 10 juin.

    Que veulent-ils ? Le dialogue. Ils veulent que la Constitution brésilienne soit respectée, ainsi que la Convention 169 de l'Organisation Internationale du Travail (OIT), qui prévoit la consultation préalable des populations indigènes avant l'autorisation de tout projet qui a des impacts sociaux et environnementaux sur le territoire et les personnes. Ce n'est pourtant pas ce qui se passe pour les projets en cours dans le nord du pays. La construction du barrage de Belo Monte se poursuit à toute vapeur, et c'est ce que voulaient montrer les indiens qui ont occupé le chantier pendant huit jours fin mai.
    Dans le bassin du Tapajós, le projet n'en est qu'à son stade initial, mais le processus est le même. L'exigence d'audiences publiques n'a pas été respectée, et lorsque s'ouvre un espace pour le dialogue, il est considéré insuffisant par les peuples traditionnels et par les chercheurs qui accompagnent les villages.
    Comme le gouvernement n'a pas pris en compte les manifestations locales, les Indiens ont pris l'avion et se sont rendus à Brasilia pour faire pression et obtenir une réunion avec Dilma Rousseff ou avec le président du Suprême Tribunal Fédéral (STF), Joaquim Barbosa. Ils n'ont pas réussi, mais ont en revanche attiré l'attention de tout le pays (une attention vite détournée par les manifestations urbaines de ces derniers jours - NDT).

    Selon le service de presse de la Funai, l'organisme maintient une équipe de dialogue, composée par le médiateur de l'institution, des adjoints de la présidence, de la Direction de la Promotion du Développement Durable et des Procureurs Fédéraux Spécialisés, afin de dialoguer pacifiquement avec les indigènes. Bien que les Indiens ont une liste de revendications, la Funai affirme qu'ils ne l'ont pas encore présentée aux autorités.

    Selon Delzi Castro, membre de la Commision Spéciale de Violations des Droits de l'Homme à l'Alimentation Adéquate, du Secrétariat des Droits de l'Homme (SDH), et du FBSSAN, les populations indigènes sont parmi les plus affectées par les violations des Droits de l'Homme au Brésil.
    "Il y a des centaines d'Indiens menacés de mort. Il y en a d'autres centaines incarcérés suite à des conflits avec les bûcherons. La relation de force est complètement inégale. La prison Harrim Amorim Costa, à Dourados, a la plus grande population carcérale d'indigènes de tout le pays", explique-t-elle. Delzi Castro s'intéresse à la sécurité alimentaire des villages indigènes depuis des années.


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    Manifestation indigène à Belém ​

    165 conflits en terres indigènes en 2012

    Les chiffres montrent la dure réalité des Indiens au Brésil. Selon le rapport "Conflits à la Campagne", de la Commission Pastorale de la Terre (CPT), publié en avril 2013, il y a eu 165 cas de conflits avec des populations indigènes relatifs à l'occupation et à la possession de terre. Le total représente 15,5% des 1067 conflits enregistrés dans tout le Brésil. Le Conseil Indigéniste Missionnaire (Cimi), quant à lui, a comptabilisé le nombre d'Indiens assassinés, la plupart en raison de disputes pour la possession de la terre. En 2012, selon l'organisme, 57 morts ont été enregistrées.

    Dans un article publié par le Correio da Cidadania, Eduardo Gudynas, chercheur du Centre Latinoaméricain d'Écologie Sociale, dévoile ce qui est à l'origine de ces données : "les violations des droits ne sont plus une conséquence mais une condition de la logique économique."
    La politique développementiste du gouvernement, qui donne la priorité à la croissance économique à tout prix, est une clef pour comprendre la question indigène dans le pays. Ce que de nombreux chercheurs ont répété à plusieurs reprises, c'est que les droits indigènes, les droits environnementaux et les droits quilombolas (les quilombolas sont des communautés descendantes des esclaves noirs. Ces communautés ont un statut spécifique et des droits garantis par la Constitution - NDT) sont des entraves à cette conception de développement du pays.

    Pendant ce temps, le lobby ruraliste continue à défendre l'agro-industrie, un des principaux motifs de l'augmentation de la concentration de terres et de l'expulsion des peuples traditionnels de leurs territoires d'origine. La plus récente attaque des ruralistes vient de la Proposition d'Amendement Constitutionel (PEC) 215, qui transfère du pouvoir exécutif au Congrès National l'approbation de démarcation et de ratification des Terres Indigènes déjà homologuées. Les représentants indigènes considèrent cette proposition comme un affront à la garantie des droits des peuples. C'est ce qu'a affirmé le représentant de l'Articulation des Peuples Indigènes, Paulino Montejo, qui se trouve à Brasilia à la recherche de dialogue avec les parlementaires au sujet de cette PEC :
    "Le lobby ruraliste nous attaque sérieusement. Nous avons besoin du soutien de la société brésilienne. La PEC est une atteinte à nos droits et elle est en train d'être légitimée par le gouvernement. Les peuples indigènes sont attaqués pat l'état brésilien. "

    Les Indiens Kayapó viennent eux aussi de présenter une lettre de dénonciation de la PEC 215. Plus de 400 caciques et représentants Mebengôkre/Kayapó de tous les villages des Terres Indigènes Kayapó, Menkragnoti, Badjonkôre, Baú, Capoto/Jarinã, Xicrin do Catete, Panará et Las Casas, situées dans les états du Pará et du Mato Grosso, se sont réunis au début du mois pour débattre de cet amendement. Ils font eux aussi partie des manifestations qui ont lieu à Brasilia.

    Selon Sônia Guajajara, de la Coordination des Organisations Indigènes d'Amazonie Brésilienne (COIAB), qui a accompagné les protestations réalisées fin mai au chantier de Belo Monte, ce qui est en jeu est le pouvoir de décision de la société civile brésilienne sur le modèle de développement du pays :
    "La relation est complètement inégale. La société n'est pas écoutée, et les indigènes sont parmi les plus affectés par cette situation."

    Pendant ce temps là, les Indiens meurent tous les jours victimes de la faim, due au manque d'accès à la terre. C'est ce qu'a affirmé l'ex-président du Conseil National de Sécurité Alimentaire (Consea), Francisco Menezes, chercheur de l'Ibase et référence sur le sujet depuis plus de 20 ans, lors d'une interview récente au Canal Ibase :
    "La non démarcation de terres indigènes est un facteur qui tue. Ne pas considérer cela est un choix du pouvoir public, car, bien que ce phénomène soit peu divulgué, des milliers de personnes, principalement des enfants, meurent d'inanition sur le bord des routes. Cela se produit en raison du manque de terre, après que les éthnies aient été expulsées de leurs territoires. Le cas des Guarani-Kaiowá (qui a pris une dimension nationale, voire internationale, suite à leur lettre qui annonçait qu'ils lutteraient jusqu'à la mort si nécessaire) est un exemple de cela. La Justice prend son temps, mais les personnes meurent."

    En raison de la gravité de la situation, le FBSSAN a créé une commission pour accompagner la situation d'insécurité alimentaire dans les villages indigènes.
    Pendant ce temps là, les Indiens attendent toujours une réunion avec la présidente. Depuis le début de son gouvernement, il y a deux ans et demi, Dilma Rousseff n'a toujours pas reçu les représentants indigènes. "


    - par Camila Nobrega
    Canal Ibase http://www.canalibase.org.br/fome-ameaca-povos-indigenas-no-pais/
    13/06/2013
    traduit du portugais par le camarade CL​
     
  19. Makhx
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  20. libertaire, anarchiste, auto-gestionnaire, anti-fasciste
    Encore quelques photos de ces derniers jours...

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  21. NweeL
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    Solidarité à nos camarades brésiliens et à ceux qui les soutiennent !
    Merci beaucoup pour toutes ces infos !
     
  22. Makhx
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  30. KickTick
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    Tellement énorme la vidéo.

    La question est : il avait quoi sur sa banderole, le mec ?
     
  32. Après quelques recherches, chuis tombé sur des commentaires, dont un émanant d'un des vigiles présents au stade (à Genève)... Chais pas si c'est vrai à 100 % (quoiqu'il semblait vraiment bien au courant)
    Le mec n'avait rien d'autre comme message qu'un coucou à sa maman ! Si, si !

    Le vigile qui tabassait le keum fut licencié 2 jrs après et les autres vigiles ont fait grève contre leur employeur car ce dernier n'en a eu rien à foutre du vigile qui était resté à terre et qui fut lynché par la foule !

    V'là ce que j'ai pu trouver comme info... non vérifiable mais que j'ai trouvé néanmoins sérieuse !
     
  33. KickTick
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  34. extrême-gauche, révolutionnaire
    Sa mère doit avoir honte de lui :ecouteurs:
     
  35. Makhx
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  36. libertaire, anarchiste, auto-gestionnaire, anti-fasciste
    C'est ce que j'ai lu dernièrement oui... Mélange d'infos... :p

    UNE OFFENSIVE ANTI-INDIGÈNES ET ANTI-CONSTITUTIONELLE DU CONGRÈS NATIONAL, ORCHESTRÉE PAR LE PUISSANT LOBBY RURALISTE (GRANDS PROPRIÉTAIRES TERRIENS ET AGRO-INDUSTRIE)

    [​IMG]
    Une fois de plus, les députés tentent de restreindre les droits indigènes


    Ce qui est en jeu avec le projet de loi 227/2012

    Le paragraphe 6 de l'article 231 de la Constitution Fédérale, spécifique aux populations originaires du pays, établit que :
    "§ 6º - Sont nuls et non avenus, sans produire aucun effet juridique, les actes dont l'objet est l'occupation, la domination et la possession des terres auxquelles se réfère cet article, ou l'exploration des richesses naturelles du sol, des rivières et des lacs qui y sont existants, sauf en cas d'intérêt public de l'Union, selon ce que définira une loi complémentaire, qui ne gênerera pas la nullité ou l'extinction directe à l'indemnisation ou à des actions contre l'Union, à moins que, conformément à la loi, cela concerne les améliorations découlant d'une occupation de bonne foi."

    Cela signifie que pour établir quelles sont les situations exceptionnelles qui peuvent restreindre le droit à l'usufruit exclusif des indigènes sur leurs terres, le Congrès National doit établir une loi qui complète la Constitution. Cette loi doit définir ce qui est pertinent, important, pour l'intérêt public de l'Union, c'est à dire l'État National.

    Dans une première tentative de réglementation de ce dispositif, le projet de loi complémentaire 260 de 1990 établissait, pour préciser le paragraphe 6 de l'article 231 de la Constitution Fédérale, comme situation d'intérêt public de l'Union :
    a) un danger imminent d'agression externe;
    b) une menace grave et imminente de catastrophe ou d'épidémie;
    c) la nécessité d'exploiter les richesses naturelles indispensables à la souveraineté ou au développement national.
    Un tel projet de loi n'a pas abouti, et jusqu'à aujourd'hui, ce qui est pertinent pour l'intérêt public de l'Union n'est pas défini.
    Pour profiter de cette brèche, les député fédéraux ont élaboré une proposition qui rend légitime tout type d'utilisation et d'occupation des terres indigènes en bafouant ouvertement la Constitution Fédérale.

    Le texte du nouveau projet de loi complémentaire, qui porte le numéro 227/2012, approuvé par la Commission de l'Agriculture de la Chambre des Députés, est le suivant :
    "Art. 1º Pour la finalité à laquelle se réfère le paragraphe 6 de l'article 231 de la Constitution Fédérale, sont pertinents pour l'intérêt public de l'Union les actes et les faits suivants :
    I - les colonies rurales créées par le Pouvoir Public dans des programmes de réforme agraire et de colonisation;
    II - l'exploitation et l'utilisation des gisements minéraux;
    III - l'utilisation des ressources hydriques;
    IV - l'utilisation et l'occupation de terres publiques destinées à la construction d'oléoducs, de gazoducs, de routes et de voies ferrées, de ports fluviaux et maritimes, d'aéroports et de lignes de transmission;
    V - la concession et la vente de terres publiques situées en zone de frontière;
    VI - les occupations de terres publiques en zone de frontière résultantes de la formation de noyaux populationnels, de villages et de regroupements urbains;
    VII - les camps d'entrainement militaire et les zones destinées à des installations policières et militaires des forces armées et de deux autres organismes de sécurité;
    VIII - les actes dont l'objectif est la légitime occupation et la possession de terres privées jusqu'au 5 octobre 1988.
    Art. 2 Tout véhicule est libre de circuler sur les voies de communication et de transport terrestre ou fluvial qui traversent les terres indigènes, et l'établissement de péage de toute nature est interdit.
    Art. 3 Sont libres de circuler sur les terres indigènes, et toute entrave à leur circulation est interdite :
    I - les forces armées;
    II - la police fédérale;
    III - les membres du Pouvoir Législatif de l'Union, des États et des municipalités;
    IV - les fonctionnaires des organismes gouvernementaux liés à la santé et à l'éducation des indigènes.
    Art. 4 L'usufruit des terres indigènes ne remplace pas les intérêts établis par la politique de défense nationale.
    Art. 5 Cette loi complémentaire entrera en vigueur à la date de sa publication."

    Cela signifie que, si ce projet est approuvé, il y aura tellement d'exceptions au droit de l'usufruit exclusif des Indiens sur leur terres que ce droit deviendra une exception et ne sera plus la règle.

    Ainsi par exemple, toute occupation non indigène faite avant octobre 1988 (la date de la promulgation de la Constitution Fédérale) deviendra légitime, contrairement à ce que dit la Constitution qui considère nuls de tels titres de propriété. Si ce projet est approuvé, il n'y aura plus aucune démarcation de terres indigènes dans le pays, car toutes concernent des terres revendiquées par quelqu'un qui se considère propriétaire, et c'est justement pour cela que l'assemblée constituante de 1988 avait déclaré ces titres de propriété comme nuls. De plus, le projet permet que les colonies de la réforme agraire soient implantées sur les terres indigènes, poussant les sans terres et les indigènes les uns contre les autres et préservant le latifundio de la réforme agraire.

    L'un des points les plus alarmants du projet est qu'il permet la "concession de terres publiques dans les zones de frontière". Comme 100% des terres indigènes sont publiques (ce sont des biens de l'Union), cela signifierait que les Terres Indigènes Raposa Serra do Sol et Yanomami, situées presque intégralement sur des zones de frontière, seraient sujettes à être vendues aux enchères à des fazendeiros ou à des exploitants de bois qui souhaiteraient en exploiter le sol ou les forêts.

    Pour résumer, ce projet détourne ce qui a été établi par la Constitution Fédérale, qui exige des règles à l'implantation de projets importants d'infrastructure pour le pays (ports, barrages, routes et autres), et déclare pratiquement toute activité comme pouvant s'établir sur les terres indigènes. Ce serait la décaractérisation complète de l'article 231 de la Constitution qui cherchait à garantir aux Indiens les ressources naturelles nécessaires à leur survie.


    Source : http://www.socioambiental.org/pt-br/blog/blog-do-ppds/o-que-esta-em-jogo-no-plp-2272012
    Traduit du portugais par le camarade C.L.
     
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