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Washington discuterait avec des responsables égyptiens le départ de Moubarak

Discussion dans 'Luttes Internationales' créé par Ungovernable, 4 Février 2011.

  1. Selon le New York Times, les Etats-Unis discuteraient avec des responsables égyptiens des modalités d'un départ immédiat du président Hosni Moubarak. Ils réfléchiraient à transfert du pouvoir à un gouvernement de transition dirigé par le vice-président Omar Souleimane.

    Les Etats-Unis seraient-ils en train de lâcher un peu plus Moubarak? Selon le New York Times de jeudi, la Maison-Blanche discuterait avec des responsables égyptiens des modalités d'un départ immédiat du président égyptien Hosni Moubarak. Bien que le raïs ait refusé de démissionner du poste qu'il occupe depuis près de 30 ans, ces responsables réfléchiraient à un scénario dans lequel le vice-président Omar Souleimane, soutenu par les militaires, engagerait immédiatement un processus de réforme constitutionnelle. Le quotidien américain cite des responsables de l'administration Obama et des diplomates arabes. Le projet est destiné à recueillir le soutien de l'armée égyptienne.

    Selon le journal, l'idée serait de former un gouvernement de transition auquel seraient invités à participer des groupes d'opposition, les Frères musulmans compris, afin d'enclencher un processus qui mènerait à des élections libres et équitables en septembre.


    Contacté par l'AFP, le porte-parole de la Maison Blanche, Tommy Vietor, n'a pas confirmé ces informations mais a déclaré: "Le président a dit que c'est maintenant l'heure d'entamer une transition pacifique, dans l'ordre et significative, avec des négociations crédibles et ouvertes". "Nous avons discuté avec les Egyptiens de plusieurs modalités pour faire avancer ce processus, mais toutes ces décisions doivent être prises par le peuple égyptien", a ajouté Tommy Vietor. Pour sa part, un haut responsable américain a déclaré : "Il est tout simplement erroné d'affirmer qu'il n'existe qu'un seul plan américain en
    cours de négociations avec les Egyptiens".

    Moubarak aimerait partir mais craint le chaos

    Jeudi,Hosni Moubarak a assuré à la chaîne de télévision américaine ABC qu'il aimerait quitter le pouvoir mais qu'il ne peut le faire par crainte du "chaos" qui s'installerait alors dans son pays. Le Times souligne que l'issue des discussions dépend d'un certain nombre de facteurs, dont la tournure que prennent les manifestations et la dynamique au sein du gouvernement au Caire. Cette information a été publiée peu après que la secrétaire d'Etat Hillary Clinton eut appelé le pouvoir égyptien à entamer "immédiatement" un dialogue avec l'opposition.

    De son côté, le vice-président américain Joe Biden a appelé son homologue égyptien et "s'est prononcé pour des négociations immédiates, crédibles et rassemblant toutes les parties afin que l'Egypte opère une transition vers un gouvernement démocratique qui réponde aux aspirations du peuple égyptien", selon la Maison Blanche.
     
  2. "un gouvernement de transition dirigé par le vice-président Omar Souleimane
    ."
    "former un gouvernement de transition auquel seraient invités à participer des groupes d'opposition, les Frères musulmans compris"

    beurk...
     
  3. La rue reste mobilisée, discussions en coulisses

    LE CAIRE - L'opposition égyptienne a réussi sa deuxième grande journée de mobilisation en réunissant des centaines de milliers de personnes à travers le pays sans toutefois faire fléchir un Hosni Moubarak dont la succession, objet d'ambitions, est au coeur de négociations en coulisses.

    Pour ce deuxième rassemblement majeur, baptisé «jour du départ» qui coïncidait avec les prières du vendredi, les adversaires du président entendaient démontrer que leur détermination ne fléchissait pas.

    La précédente manifestation, mardi, avait abouti à des concessions de la part de Moubarak qui avait annoncé son intention de ne pas briguer un sixième mandat lors de l'élection présidentielle prévue en septembre.

    Cette fois, le chef de l'État n'a pas cédé de terrain. Il est resté sur la position affichée la veille lors d'un entretien avec la chaîne américaine ABC.

    Certes, le raïs admet, à 82 ans, qu'il en assez après trois décennies à la tête de l'Égypte, mais il affirme qu'un départ anticipé plongerait son pays dans le chaos et risquerait de livrer le pouvoir aux Frères musulmans. Moubarak continue d'affirmer être le dernier rempart face aux risques d'anarchie.

    Résonnant comme un écho à ces propos, le «guide suprême» de la Révolution iranienne, Ali Khamenei, s'est exprimé pour la première fois publiquement sur la crise politique égyptienne.

    Il a salué un «mouvement de libération islamique» et a prédit que les États-Unis subiraient une «défaite irrémédiable» dans la région.

    L'allié de 30 ans

    La possibilité de voir se reproduire en Égypte un scénario identique à celui de la révolution iranienne de 1979 constitue une crainte de la Maison blanche. L'Égypte est l'un des deux pays à avoir signé une paix avec Israël et elle joue un rôle de contrepoids à l'égard de l'Iran dans la région.

    Malgré cela, Washington continue de faire pression sur son allié de 30 ans et Barack Obama a espéré vendredi que son homologue égyptien parviendra à prendre la «bonne décision».

    «L'avenir de l'Égypte sera décidé par son peuple», a dit le président américain lors d'une conférence de presse commune avec le premier ministre canadien, Stephen Harper.

    «Ayant accompli cette rupture psychologique, ayant pris la décision de ne pas se représenter, je pense que la chose la plus importante qu'il doit à présent se demander, c'est comment rendre cette transition efficace, durable et légitime», a souligné Obama à l'adresse d'Hosni Moubarak, qui a annoncé qu'il ne briguerait pas un sixième mandat.

    En marge de ces appels publics, les Américains ont reconnu qu'ils discutaient avec leurs partenaires égyptiens pour trouver les moyens d'une «transition ordonnée» et d'un départ anticipé du président Moubarak.

    «La seule chose qui fonctionnera, c'est faire progresser une transition ordonnée qui commence tout de suite, qui engage tous les partis, qui mène à des pratiques démocratiques, des élections libres et équitables, un gouvernement représentatif qui réponde aux revendications du peuple égyptien», a expliqué Obama.

    Le premier ministre égyptien, Ahmed Chafik, a lui estimé que «plus de 95% du peuple égyptien voteraient pour que le président achève son mandat et ne se retire pas».

    Conseil de sages

    Dans ce contexte, le vice-président, Omar Souleimane, va recevoir samedi des personnalités indépendantes qui proposent un règlement de la crise aux termes duquel il assumerait les pouvoirs présidentiels au cours d'une période de transition.

    Cette option, qui se ferait avec l'appui de l'armée, acteur central dans le jeu politique en Égypte, était évoquée jeudi soir par le New York Times citant des responsables américains et des diplomates arabes.

    Un «Conseil des sages» doit rencontrer Souleimane pour étudier une solution fondée sur la Constitution et permettant à Moubarak de transmettre son pouvoir à son adjoint, une option qui a l'aval des États-Unis et des cinq principales puissances de l'Union européenne.

    Les sages pourraient se fonder sur l'article 139 de la Constitution, selon lequel le président peut nommer un ou plusieurs vice-présidents et définir leurs compétences.

    Mais l'article 82 complique le processus en prévoyant une délégation de pouvoir à un vice-président sans fournir à ce dernier les attributions nécessaires à la conduite des réformes constitutionnelles promises par Moubarak.

    S'il reste en fonction, Hosni Moubarak voit son pouvoir être l'objet de nombreuses ambitions. L'ancien ministre des Affaires étrangères et actuel secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, s'est rendu au Caire à l'occasion de la manifestation.

    Interrogé sur Europe 1, il a déclaré qu'il n'excluait pas de se présenter à l'élection présidentielle tout en affirmant ne pas croire que Moubarak quittera son poste de manière anticipée.

    De son côté, l'ancien lauréat du prix Nobel de la paix, Mohamed ElBaradeï, a démenti les affirmations selon lesquelles il n'envisageait pas de se présenter à la présidentielle.

    «Si le peuple égyptien souhaite que je poursuive ce processus de changement, je ne le décevrai pas», a déclaré l'ancien directeur général de l'AIEA sur la chaîne Al Jazeera.
     
  4. Egypte: démission du bureau du parti de Moubarak, toujours au pouvoir

    De hauts responsables du parti au pouvoir en Egypte ont remis samedi leur démission, une "étape positive" pour les Etats-Unis qui ont toutefois jugé "vital" le maintien du président Hosni Moubarak pour assurer une transition vers la démocratie.

    "Les membres du comité exécutif ont démissionné de leurs postes", a annoncé en fin de journée la télévision d'Etat égyptienne. Washington a aussitôt qualifié ces démissions d'"étape positive vers un changement politique nécessaire", tout en ajoutant: "Nous attendons des gestes supplémentaires".

    "En tant que président du Parti national démocrate (PND), le président Hosni Moubarak a décidé de nommer Hossam Badrawi secrétaire général du parti", a précisé la chaîne, écartant les rumeurs sur la démission du raïs de la tête de son propre parti.

    Le fils du président, Gamal Moubarak, a été évincé du poste de président du comité politique du PND, au profit également de M. Badrawi, connu pour avoir de bons rapports avec l'opposition.

    Gamal Moubarak, 47 ans, était jusqu'à récemment considéré par beaucoup comme le successeur potentiel de son père, au pouvoir depuis 1981.

    Si Washington avait appelé vendredi M. Moubarak à s'effacer le plus rapidement possible, un émissaire du président Barack Obama pour l'Egypte, Frank Wisner, a déclaré samedi qu'il devait "rester en place pour mettre (les) changements en oeuvre".

    "Je considère donc que le maintien à la direction du pays de M. Moubarak est vital. C'est l'occasion pour lui de déterminer ce qu'il laissera, il a consacré 60 ans de sa vie au service de son pays; c'est le moment idéal pour lui pour montrer la voie à suivre", a-t-il dit.

    Sur la place Tahrir, emblème de la contestation antigouvernementale dans le centre du Caire, des milliers de manifestants demandaient toujours samedi soir le départ immédiat du président Moubarak.

    La démission de la direction du parti présidentiel "c'est comme des cartes que l'on jette sur la table afin de plaire à la rue", a dit Mahmoud Momen, un homme d'affaires de 46 ans.

    "Les piliers du régime s'écroulent, ce qui signifie que la révolution de la jeunesse a causé un important séisme", a affirmé de son côté Farid Ismaïl, un membre en vue des Frères musulmans.

    M. Moubarak n'a montré aucun signe d'une volonté de démissionner: il a réuni samedi le Premier ministre Ahmad Chafic, qui avait exclu la veille une transition entre M. Moubarak et le vice-président Omar Souleimane, ainsi que le ministre du Pétrole, le chef de la Banque centrale et le ministre des Finances.

    C'est la première fois qu'il le faisait depuis le limogeage le 29 janvier du précédent cabinet sous la pression de la rue.

    Pour le chef du mouvement d'opposition Kefaya, Georges Ishaq, cette réunion "est une preuve qu'il (M. Moubarak) s'accroche à sa position et veut montrer au peuple qu'il est toujours là".

    Pour autant, à l'étranger, la presse faisait état de plusieurs scénarios pour assurer une sortie digne à M. Moubarak.

    Selon le New York Times, M. Souleimane et les chefs de l'armée examinent des hypothèses visant à limiter l'autorité de M. Moubarak.

    Il pourrait être suggéré au raïs d'aller dans sa résidence de Charm el-Cheikh, ou de partir pour l'une de ces habituelles cures médicales annuelles en Allemagne, qui serait cette fois prolongée. M. Souleimane formerait alors un gouvernement de transition et lancerait un dialogue avec l'opposition en vue de réformes.

    Dans une interview à Der Spiegel, un porte-parole du mouvement d'opposition influent des Frères musulmans, Rachad Bayoumi, a affirmé que son groupe ne voulait pas que la contestation "soit présentée comme une révolution islamique".

    "C'est un soulèvement du peuple égyptien", a-t-il dit après un appel du numéro un iranien, Ali Khamenei, à un régime islamique en Egypte.

    De son côté, l'opposant le plus en vue, Mohamed ElBaradei, qui comme le chef de la Ligue arabe Amr Moussa n'a pas exclu de se présenter à la succession de M. Moubarak, a souhaité discuter avec l'état-major afin d'organiser "une transition sans effusion de sang".

    La Russie a demandé, via son ambassade au Caire, à M. ElBaradei de chercher "une sortie de crise", selon une source diplomatique russe.

    Sur la place Tahrir, des milliers de manifestants s'apprêtaient à y passer une nouvelle nuit, bravant le couvre-feu.

    Des affrontements entre policiers et manifestants antigouvernementaux durant les premiers jours de la contestation, puis entre militants pro- et anti-Moubarak mercredi, ont fait environ 300 morts et des milliers de blessés, selon l'ONU, un bilan non confirmé par d'autres sources. Depuis jeudi, les manifestations se déroulent dans le calme.

    La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a salué la "retenue" des autorités égyptiennes vendredi. Mais elle a aussi prévenu que la marche vers la démocratie au Moyen-Orient, qu'elle a soutenue, présentait des "risques de chaos".

    Face à la situation instable, la Bourse du Caire, fermée depuis le 30 janvier, ne rouvrira pas lundi comme prévu, mais d'après les médias officiels, les tribunaux reprennent dimanche leurs activités.

    Un terminal gazier approvisionnant la Jordanie, et Israël sur une section, a été la cible d'une attaque à l'explosif dans le Sinaï, mais il n'était pas clair dans l'immédiat si ce sabotage était lié à la révolte populaire.

    Un incendie, à l'origine encore floue, a touché une église de Rafah, également dans le Sinaï.

    Par ailleurs, la chaîne satellitaire qatarie Al-Jazira a annoncé la libération du directeur de son bureau du Caire et de l'un de ses journalistes.
     
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