Fascisme & extrême-droite Un antifasciste du groupe "Faute De Frappe" poignardé par un néonazi

Dans la nuit de vendredi à samedi, vers 1 h du matin, un trentenaire reçoit trois coups de couteau aux Bastions, lors de la Fête de la musique. La police annonce alors l’ouverture d’une enquête et dit privilégier la piste de l’altercation entre deux individus. Selon nos informations, c’est pourtant suite à une «explication» entre groupes rivaux – fascistes d’un côté, antifascistes de l’autre - que les coups ont été portés.

La scène se déroule environ une heure après le concert d’un groupe genevois issu du «milieu punk» pour reprendre les mots choisis par un porte-parole de la police cantonale que nous avons contacté ce mardi après-midi. Selon plusieurs sources, une poignée de fascistes se trouve à proximité de la scène. Plusieurs sympathisants d’extrême gauche auraient perçu cette présence comme une provocation. Et c’est alors qu’une bagarre éclate.

Au cours de cette explication, le chanteur du groupe genevois qui s’était produit entre 23 h à minuit, reçoit trois coups de couteau: au ventre, à la cuisse et à la main. Il doit être conduit à l’Hôpital. Opéré, il a dû rester quatre jours en observation. Il devait retrouver son domicile ce mardi après-midi.

Quant à l’agresseur présumé, il est actuellement recherché par la police qui dit l’avoir identifié. Ce Français de 27 ans, connu de la justice genevoise, fréquente les milieux d’extrême droite. Sur le Web, on a notamment pu voir une photo de lui aux côtés du chef du groupe fasciste italien Casapound.

Porte-parole de la police cantonale, Patrick Pulh confirme qu’un individu est recherché. Il refuse, en revanche, d’entrer en matière sur le caractère politique de l’agression. Quoi qu’il en soit, les mouvements antifascistes annoncent déjà qu’un rassemblement «en soutien à notre ami poignardé par un néonazi» aura lieu samedi, à 14 h, sur la plaine de Plainpalais.

 

Coups de couteau aux Bastions: suspects libres
Prévenus de lésions corporelles graves, voire de tentative de meurtre, les ex-détenus confirment le caractère politique de la rixe

L’un a obtenu sa libération jeudi dernier, l’autre trois jours plus tôt. Selon nos informations, les deux suspects de la rixe de la Fête de la musique, arrêtés à la fin du mois dernier, ont donc quitté la prison de Champ-Dollon.

Contestant avoir poignardé le chanteur d’un groupe punk après le concert des Bastions, ils ont néanmoins été prévenus de lésions corporelles graves, voire de tentative de meurtre.

Drapeaux nazis brûlés

Entendus par la procureure Rita Sethi-Karam, les deux hommes ont récemment confirmé le caractère politique de la rixe. Durant cette dispute, survenue le 23 juin à 1 h du matin, le chanteur du groupe Faute de Frappe a été poignardé à trois reprises: «J’ai une cicatrice de vingt centimètres au ventre», confiait-il dans nos colonnes (nos éditions du 30 juin). La semaine dernière, l’artiste devait se rendre devant les enquêteurs pour une nouvelle audience. Mais, d’après nos renseignements, le malchanceux a eu un accident de vélo et la rencontre a été repoussée.

A ce stade de la procédure, la magistrate doit faire face à des versions contradictoires. Autrement dit, chacun se renvoie la balle, résume une source proche du dossier. Après l’agression, les enquêteurs se sont rendus chez l’un des prévenus et ont aperçu, par sa fenêtre, des drapeaux aux emblèmes nazis. Lors de son interpellation, le lendemain, le prévenu a déclaré les avoir brûlés. Contestant être fasciste, il explique que son coïnculpé se définit comme fasciste et qu’il aurait des tatouages avec des emblèmes d’extrême droite.

Surpris par la libération

Lors de son audition, l’intéressé estime que la rixe des Bastions avait une connotation politique en raison «de la mouvance» qui organisait ce concert punk. Se définissant nationaliste, il soutient n’appartenir à aucun groupe organisé mais précise avoir participé à des événements mis sur pied par des groupes d’extrême droite. Agé de 27 ans, il reconnaît avoir été pris en photo, il y a un an et demi, dans un établissement public, aux côtés d’un militant italien de Casapound, un mouvement qui se targue d’incarner le fascisme du IIIe millénaire.

Contre l’avis du Parquet

Contacté hier soir, Me Nicola Meier, avocat de la victime, se montre visiblement étonné par la libération des deux prévenus: «Je suis surpris, à ce stade de la procédure, des décisions rendues par la justice. Mais j’attends de prendre connaissance de l’ensemble du dossier avant de m’exprimer.»

Quant à la procureure, elle confirme avoir donné son feu vert pour la libération du premier détenu lundi dernier: «Les charges pesant sur lui sont moins importantes. Je lui ai ordonné de ne pas prendre contact avec des témoins potentiels, de se présenter régulièrement au poste de police et de répondre aux convocations de la justice.» Après cette libération, le second suspect a saisi le Tribunal des mesures de contrainte (TMC) pour décrocher, lui aussi, sa libération provisoire. Contre l’avis de la procureure, le TMC a approuvé cette sortie de prison. Moyennant les mêmes conditions imposées au premier prévenu. Cette décision fait l’objet d’un recours.

Avocate d’un des suspects libérés, Me Magali Buser n’a pas souhaité faire de commentaires à ce stade de la procédure. Tout comme Me Mike Hornung, avocat du second suspect.