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Actualité militante Témoignage d'une Résidente de Pointe-Saint-Charles et membre du Centre social autogéré

Discussion dans 'Webzine - actualité des luttes et partage d'articles de presse' créé par Ungovernable, 1 Juin 2009.

  1. La rage bouillonne en moi : L’éviction du Centre social autogéré renforce ma haine envers ce système pourri
    Date:
    31 May 2009 - 11:o0pm

    Lettre ouverte à mes voisines, mes voisins,

    Soyez rassuré.es, chers voisins, chères voisines, je suis saine et sauve chez nous, avec ma petite de 6 mois. Vous avez surement vu, à la télé, l’éviction brutale du Centre social autogéré qui avait mis pied à terre dans l’ancienne manufacture de chandelles sur la rue Saint-Patrick. Je vous écris pour vous expliquer ma version des faits.

    Hier après-midi, j’étais en train d’allaiter Jalène dans la cour du Centre social. Je passais un moment agréable au soleil, avec plusieurs autres familles, quand les policiers ont chargé la clôture. Ils se sont rués sur la porte d’entrée du bâtiment pendant qu’un d’eux lisait l’avis d’éviction au mégaphone. Par le trou qu’ils avaient réussi à scier dans la porte, ils ont vaporisé l’intérieur du bâtiment avec du poivre de Cayenne. Heureusement nous n’étions pas à l’intérieur du bâtiment et nous avons réussi à nous échapper.

    Malgré les propos contraires du porte-parole de la police, je vous assure que c’était la première fois qu’on nous lisait un avis d’éviction. Je suis bien placée pour le savoir car j’étais au cœur des communications depuis l’ouverture la veille au soir. Et, j’avais toujours eu l’intention de quitter les lieux avec mon poupon immédiatement après réception d’un avis d’éviction. Jamais je n’ai eu l’intention de nous mettre en danger.

    Ça fait deux ans que vous m’entendez parler de ce Centre social autogéré qui me tient tant à cœur. Que je vous parle des nos activités. Que je vous explique pourquoi nous avons choisi d’occuper un bâtiment. Que je vous parle d’autogestion, de démocratie, d’autonomie, d’entraide et de respect.

    J’ai pu vivre 20 heures de ce rêve. Les sourires pleuvaient. Tout le monde participait à la prise de décision. On avait réussi à établir une rotation des tâches. Les gens échangeaient leurs savoirs. En quelques heures on avait aménagé un établi, une cuisine fonctionnelle, des toilettes, un espace pour dormir. Un peu plus tard, on a réussi à installer le système électrique, un ordinateur connecté sur Internet et un cinéma maison. En soirée, on a eu droit à une fanfare et un spectacle de jonglerie. Dimanche matin, on a aménagé la salle de spectacle et la cour, planté des fleurs et tenu un atelier sur l’autodéfense juridique. On a accueilli plein de monde, du quartier et d’ailleurs, dont plusieurs ont amené de la nourriture ou des meubles. Tout ça sans chef et sans subventions du gouvernement.

    Cette éviction brutale ne fait que raffermir ma conviction que le système est pourri à ses racines. Ce système dans lequel un riche propriétaire de Hampstead peut choisir de raser le dernier bâtiment manufacturier sur les berges du Canal de Lachine dans un quartier populaire. Qui n’a qu’à ouvrir son portefeuille pour que les élu.es municipaux se fendent en quatre pour cautionner son projet de construire un bloc de condos de six étages à la place, malgré l’opposition de résident.es qui habitent en face. Qui n’a qu’à faire un seul téléphone pour que les forces policières déploient antiémeutes et « snipers » pour expulser le Centre social de son bâtiment. Qui, d’un clin d’œil, réprime des dizaines de personnes qui refusent d’accepter qu’une petite minorité détienne tout le pouvoir et la richesse, qui refusent d’accepter que les riches et les puissants puissent influencer à leur guise les décisions d’aménagement urbain. Qui a dû se lever ce matin, soupirant de soulagement, quand il a vu que les médias de masse avaient gobé les mensonges des policiers. Moi je me suis réveillée ce matin avec la rage qui bouillonnait en moi.

    Cette rage nourrit ma révolte.

    Je suis fière de ce que nous avons réussi à faire. J’assume entièrement mes actes. Et demain, je recommencerai. Car la seule lutte qu’on perd c’est celle qu’on abandonne.

    Je vous invite à venir m’en parlez la prochaine fois qu’on se croisera dans les rues de la Pointe. Si ce n’est pas déjà fait, peut-être aurez-vous maintenant envie de vous joindre à nous, ceux et celles qui travaillons à construire une société meilleure.

    Anna Kruzynski
    Résidente de Pointe-Saint-Charles et membre du Centre social autogéré
    Dimanche le 31 mai 2009
     
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