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Fascisme & extrême-droite Riposte laïque ou Poubelle xénophobe ?

Discussion dans 'Webzine - actualité des luttes et partage d'articles de presse' créé par Ungovernable, 23 Juin 2010.

  1. « Riposte laïque », tel est le nom d’un site Internet créé en mars 2007 et dont les positions politiques se rapprochent, sur certains points, de celles défendues par les sites de Respublica (dit de la Gauche républicaine) et de l’UFAL (Union des familles laïques), même s’il y a de plus en plus de l’eau dans le gaz entre ces différents défenseurs de la « laïcité républicaine ».

    Pendant toute une période on retrouvait d’ailleurs en partie les mêmes signatures sur ces sites (y compris un trotskyste et un libertaire notoires), sans que l’on comprenne s’il s’agissait de collaborateurs réguliers, d’articles simplement « empruntés » à des sites jugés proches ou plus prosaïquement d’individus sans principes qui publiaient leur prose n’importe où. (Nous ne les citerons pas ici, mais ils se reconnaîtront certainement.)

    Même si la revue Prochoix – qui fait elle aussi partie du « camp » des républicains laïques et féministes de gauche – s’est clairement démarquée de Riposte laïque dans son numéro de novembre 2007, et si depuis la polémique est devenue de plus en plus violente entre Prochoix et Riposte laïque, la dérive xénophobe était en cours depuis beaucoup plus longtemps dans ces milieux dits « féministes républicains laïques » qui ont absolument tenu à soutenir la loi contre les « signes religieux ostensibles » votée en 2005. Rappelons que cette loi était mauvaise non pas parce qu’elle réaffirmait le principe parfaitement sain d’une séparation entre les Eglises et l’Etat, mais

    - parce qu’elle ciblait, sans le dire, une religion (l’islam) et non toutes les religions, sources égales d’obscurantisme,

    - parce qu’elle intervenait dans un contexte international de criminalisation de l’islam et des musulmans,

    - et tout simplement parce qu’elle visait à exclure des jeunes filles de l’enseignement public pour mieux les remettre entre des mains de musulmans intégristes qui se réjouissent de pouvoir les présenter comme des victimes de l’intolérance « laïcarde » voire du racisme – ce qu’ils appellent improprement, et à dessein, « l’islamophobie ».

    Et cette loi fut adoptée tout en maintenant le principe de subventions publiques à l’enseignement privé (à 90 % catholique) et à l’Eglise catholique (directement en Alsace, et indirectement à travers l’entretien des églises qui sont considérées à la fois comme propriété de l’Etat et comme patrimoine national prêté aux catholiques).

    Cette dérive xénophobe et sécuritaire (où l’on voit Sarkozy, Hortefeux, Villiers et Le Pen, à droite, communier avec Chevènement, Royal, Dray, Valls et Boutih, à gauche, dans l’apologie de la police « républicaine » – de proximité ou pas –, des « centres fermés » pour jeunes délinquants et la dénonciation des « sauvageons » d’origine étrangère et de leurs parents jugés laxistes ou irresponsables) est en fait parallèle à une autre dérive, tout aussi catastrophique, celle de la gauche et de l’extrême gauche théocompatibles (1) qui voient dans l’islam la « religion des pauvres » ou des « opprimés » et dans le port du hijab à l’Ecole un symbole de protestation contre les carences… de l’Education nationale ou de révolte identitaire (2) !

    Ces deux dérives se nourrissent mutuellement, chacune renforçant les absurdités de l’autre, et plus les « républicains » vont vers la droite, plus les « gauchistes » (étiquette fort généreuse pour ces opportunistes sans principes) dans une fuite en avant éperdue, se livrent à une surenchère verbale qui les mène parfois, eux aussi, vers la droite, voire l’extrême droite. C’est ainsi que les Indigènes de la République se sont fendus d’un communiqué de soutien à Kemi Seba (dirigeant du groupuscule raciste et antisémite La Tribu Ka, groupuscule dissous aujourd’hui), après sa condamnation pour antisémitisme. Ce communiqué ne protestait pas contre la gravité de la peine (protestation qu’on aurait pu à la limite « comprendre » au nom d’une conception radicale de la liberté d’expression par exemple, comme lorsque Chomsky défendit le droit d’expression des négationnistes français tout en condamnant leurs thèses), mais ce texte prétendait qu’on n’avait condamné Kemi Seba que parce qu’il était « noir » !

    Et les Indigènes de la République de lister – avec raison – tous ceux (Finkielkraut, Sevran, Carrère d’Encausse, etc.) qui n’avaient pas été poursuivis pour leurs propos racistes anti-Africains. Le même communiqué ne faisait aucune mention des propos antisémites de Kemi Seba, ne les condamnait pas, et faisait l’impasse sur les alliances politiques passées par Kemi Seba avec le Front national. Si l’on suit le raisonnement tortueux des Indigènes de la République, il faudrait rester muet devant l’antisémitisme et ne pas le dénoncer (le fait que l’on soit opposé à la condamnation judiciaire de propos ou d’écrits antisémites n’empêche tout de même pas de prendre position contre l’antisémitisme !) sous prétexte que le racisme anti-Africains, lui, n’est pas condamné par la justice !

    Quant à la rhétorique de Riposte laïque, elle est proche, toute proche, de celle des nationaux républicains et des souverainistes de droite ou d’extrême droite. Ces gens de gauche dissimulent mal leur xénophobie inconsciente sous une légère couche de « féminisme laïque » ; ils expriment sans le moindre complexe les mêmes obsessions antimusulmanes (et l’on sait qu’en France de l’anti-musulmans à l’anti-« Arabes » il n’y a qu’un pas, passé colonial et présent néocolonial obligent) et participent à la même criminalisation de la jeunesse franco-maghrébine ou franco-africaine que prônent la droite et l’extrême droite.

    Avec cependant deux différences non négligeables :

    - côté négatif, Riposte laïque pratique un peu plus la litote, les sous-entendus, les insinuations et les allusions codées que ses adversaires politiques ouvertement réactionnaires. Il est donc parfois difficile de savoir si ce sont des xénophobes inconscients ou des manipulateurs habiles ;

    - côté (un peu plus) positif : Riposte laïque affirme vouloir lutter contre les effets délétères du « libéralisme » et surtout ce site se montre solidaires des grévistes et des mouvements sociaux, ce qui n’est pas le cas des Villiers, Le Pen, Mégret, etc., ni de l’UMP bien sûr.

    De l’opposition au port du hijab et de la burka dans l’espace public au refoulement des sans-papiers de l’Hexagone en passant par l’exploitation d’un crime odieux (l’assassinat de Ghossane, aspergée d’essence et brûlée vive) et de la douleur de sa mère, des fantasmes sur la Mafia chinoise aux divagations sur des « islamistes » de 8 ans qui terroriseraient leurs petits camarades franco-gaulois dans les cours d’école en y instituant des tribunaux islamiques, les militants de gauche de Riposte laïque font flèche de tout bois, de n’importe quel anecdote ou fait divers douteux.

    Mais leur vernis « social » cache mal leur sens unilatéral de la laïcité, car il est fondamentalement anti-islamique alors qu’en France ce sont les chrétiens qui sont majoritaires non seulement au niveau du nombre des lieux de culte, mais au niveau de la pratique religieuse sous toutes ses formes, et de la présence au sein des élites politiques et économiques.

    Par ses arguments douteux Riposte laïque renforce ainsi le camp des obscurantistes réactionnaires musulmans (Tariq Ramadan) ou des multiculturalistes théocompatibles de gauche ou d’extrême gauche (MRAP, Indigènes de la République, Blédardes, Ecole pour tous, collectif Les mots sont importants, certaines tendances de la LCR, la liste est hélas longue et sans doute incomplète) qu’ils prétendent combattre au nom de la laïcité, voire de l’universalisme républicains.

    Loin de clarifier des questions déjà suffisamment complexes et délicates à traiter et à démêler, ils surfent – consciemment ou pas – sur la xénophobie et le racisme d’une bonne partie des électeurs de gauche. Rappelons que les électeurs de gauche les plus « républicains » (ceux du PCF, de LO et de la LCR, et maintenant du NPA) sont aussi les plus sensibles à l’idée qu’il y aurait « trop » d’étrangers en France (cf. les sondages publiés dans l’ouvrage du CEVIPOF, les sociologues de Sciences Po, sur l’électorat d’extrême gauche).

    Cette xénophobie molle des électeurs de gauche nous offre sans doute une clé d’interprétation. Elle permet d’éclairer les motivations de ces « républicains » aux accents chevènementistes et souverainistes, qui cherchent à flatter les préjugés les plus bas de l’électorat de gauche. Et cela nous explique pourquoi la majorité de cette même gauche républicaine a toujours marginalisé (sous le gentil prétexte que tous les hommes et les femmes sont égaux, et que donc il n’y avait aucune raison de « privilégier » qui que ce soit en raison de son origine « ethnique » ou nationale) les militants d’origine africaine, antillaise ou maghrébine dans ses rangs, dans ses cadres, et à sa direction.

    On comprend pourquoi la gauche républicaine s’est majoritairement opposée à l’indépendance des colonies françaises, à commencer par celle de l’Algérie (rappelons-nous « L’Algérie c’est la France » de Mitterrand et les positions du PCF avant l’indépendance), et s’oppose toujours à l’indépendance des DOM-TOM. Et, par contrecoup, on comprend mieux (comprendre n’est pas approuver) les réactions « communautaristes » de groupes comme les afro-bourgeois du CRAN et les petits-beurgeois des Indigènes de la République (4) aujourd’hui.

    De nombreux militants et militantes du camp « républicain de gauche » ne cessent de dénoncer le « communautarisme » : ce concept n’est pas inutile pour comprendre certaines réalités, du moins anglo-saxonnes, mais il faut en user prudemment, dans la mesure où il a été popularisé par la droite conservatrice et parce que l’on est encore très loin d’un fonctionnement communautaire en France – même s’il n’est pas exclu qu’on y arrive un jour. Les arguments de cette « gauche républicaine » sont parfois justes en surface, mais ils seraient beaucoup plus crédibles si ces hommes et ces femmes ne niaient pas systématiquement l’existence du racisme et de la xénophobie en France, contrairement à ce que nous enseignent tous les sondages et toutes les enquêtes sur la question, mais aussi notre expérience individuelle et quotidienne, en tout cas pour tous ceux d’entre nous qui sont d’origine « étrangère » et dont le physique indique clairement aux Franco-Gaulois qu’ils côtoient les origines africaines, asiatiques ou latino-américaines.

    Le bêtisier qui suit (« Abécédaire de la xénophobie de gauche ») donne quelques échantillons de la prose national-républicaine de gauche aux tendances nettement xénophobes.

    Y.C.

    1/08/2008

    Post-scriptum du 12 juin 2010 :

    Ce texte a été écrit il y a presque deux ans alors que Riposte laïque n’était pas encore invitée à Radio Courtoisie ni au "Local" lieu de réunion de l’extrême droite parisienne. Depuis, sa dérive de plus en plus xénophobe n’a fait qu’augmenter, mais il n’est pas inutile de rappeler quel genre de gens soutenaient par exemple sa pétition contre le port du voile dans l’espace public en 2007. Parmi les signataires de ce texte, on peut espérer qu’un certain nombre aujourd’hui ne s’acoquineraient plus avec Riposte laïque, mais cette liste est significative.

    " Les premiers signataires : Michèle Vianès, présidente de Regards de Femmes, Anne Zélensky, présidente de la ligue du droit des femmes, Annie Sugier, présidente de la ligue internationale du Droit des femmes, Pierre Cassen, animateur de Riposte Laïque. Yvette Roudy, ancienne Ministre, Présidente de l¹Assemblée des femmes, Corinne Lepage, ancienne Ministre, Présidente de Cap 21, Françoise Hostalier, ancienne Ministre, députée, Jean-Robert Ragache, ancien Grand Maître du Grand Orient de France, Nadia Amiri, responsable d¹Histoires de mémoires, Jacques Myard, Député des Yvelines, André Gerin, Député, maire de Vénissieux (Rhône), Nicolas Dupont-Aignan, Député, maire de Yerres (Essonne), Robert Redeker, philosophe, Philippe Esnol, conseiller général des Yvelines, maire de Conflans-Sainte-Honorine, André Bercoff, écrivain, journaliste, Olga Trostiansky, Maire adjoint Paris, Saïd Ould-Khelifa, Cinéaste, Maryam Youssefi, militante féministe, Mohamed Pascal Hilout, initiateur du Nouvel Islam en France, Kébir Jbil, Président de l¹UFAL, Strasbourg, Halim Akli, Militant laïque en Algérie, Bernice Dubois, Conseil européen des fédérations Wizo, Jean-Paul Brighelli, enseignant, écrivain, Karim Labidi, Apostat tunisien de l¹islam orthodoxe : http://www.islamla.com, Malka Marcovich, historienne, consultante internationale droits des femmes, Evelyne Rochedereux, Présidente de CIBEL, Simon Blumental, Président d¹Algérie ensemble, Stéphane Arlen, Président de l¹association Faire Le Jour, Brigitte Bré Bayle, Présidente de l¹Ufal d¹Aix-Marseille, Françoise Pelissolo, militante féministe, Louis Chagnon, chargé de recherche, Robert Albarèdes, porte-parole des « Laïques en Réseau », maire honoraire (13850 Gréasque), Juliette Minces, Ecrivain, Micheline Montot, vice présidente du Comité du Vendômois de Défense de la Laïcité, Frédéric Bard, Président de Collectif Respect, Mireille Mavrides, élue PCF Marseille, Jean Michel Reynaud, Conseiller Economique et Social, Christine Tasin, Présidente de l¹Ufal du Poitou-Charentes et militante du MRC, Claude Jean Lenoir, Président du cercle Condorcet Voltaire du pays de Gex et de Genève, Pierre Baracca, président de l¹Ufal de Lille, Maguy Girerd, Présidente de Talents de Femmes, Farida Gaëlle Kadi, militante anarcha-féministe, Alice Braitberg, sociologue, Philippe Granarolo, philosophe, Suzy Candido, Présidente de l¹UFAL de Toulouse, Genovefa Etienne, ESISC, Huguette Chomski Magnis, responsable associative, Rosa Valentini, trésorière de l¹UFAL du 78, Maurice André, Amis de la Laïcité en Conflent 66, Harold Grenier, syndicaliste, Laurence Vuillemot, initiatrice de la pétition « Pour une laïcité pleine et entière », Yves Pialot, Président du « Cercle de Défense de la Laïcité » (34 - Saint Jean de Védas), Jean Claude Jullien, membre de « L¹Observatoire de la Laïcité du Pays d¹Aix en Provence », Jean-Claude Santana, Ufal Rhône, Antoine Thivel, militant laïque, Simon Midal, président de COL, Paule Segal, militante féministe, Odile Vernhet-Parrimond, militante féministe, Léon Tourtewitch, militant laïque, Jean Cantel, libre penseur, Anne Leroy, femmes en colère, psychologue, Mireille Popelin, secretaire de l¹UFAL du Rhône, Françoise Flamant, auteure, réalisatrice, Jacques Delemontez, Président de l¹UFAL 21 et penseur Libre, Serge Goldberg, Président Comité MRAP Saintes 17, retraité, Jocelyn Bézecourt, responsable du site www.atheisme.org

    Une autre pétition de Riposte laïque contre le hijab, et beaucoup plus récente celle-là (septembre 2009 : http://www.ripostelaique.com/Halte-...) montre que les réseaux de l’UFAL n’ont guère été affectés par sa dérive de plus en plus ouvertement xénophobe et ses discussions polies avec l’extrême droite, comme en témoignent les noms des "Premiers signataires : Yvette Roudy, ancienne ministre, Corinne Lepage, ancienne ministre, Jean-Pierre Plancade, sénateur de Haute-Garonne, Antoine Sfeir, directeur des Cahiers de l’Orient, Pierre-André Taguieff, directeur de recherche au CNRS, Anne-Marie Lizin, présidente honoraire du Sénat belge, Robert Redeker, philosophe, etc." Que du beau linge !

    On remarquera de plus qu’un certain nombre de responsables de l’UFAL (organisation qui condamne officiellement les positions de Riposte laïque) ont gardé de bonnes relations avec Riposte laïque puisque leurs responsabilités à l’UFAL apparaissent dans cette pétition (il s’agit du président de l’Ufal de l’Ardèche, du président de l’Ufal de l’Ouest Grenoblois, de la présidente de l’Ufal-Afl de Champ-sur-Marne et de la présidente de l’Ufal de St Egrève). Comme quoi il n’y a pas qu’au PS que prospèrent les apprentis Frèche, Boutih, Valls, Amara et tous ceux qui pratiquent le double langage vis-à-vis des travailleurs immigrés et des Français d’origine étrangère : républicain et laïque d’un côté, implicitement ou explicitement xénophobe de l’autre.

    1. Les dix commandements de la Gauche théocompatible (Ni patrie ni frontières n° 21-22)

    2. « Un sociologue au service du voile ou un paternalisme respectable », à propos d’un article de Said Bouamama (Ni patrie ni frontières n° 10).

    3. « « Caids » du 9-3, « islamistes » de 8 ans et mosquées « clandestines » » (Ni patrie ni frontières 18-19-20). L’un de ces textes a donné lieu à un « débat » (je dirais plutôt à une charge groupée) avec Jocelyn Bézécourt et un animateur de Radio libertaire que l’on peut écouter sur le site anarsonore http://anarsonore.free.fr/spip.php?...

    4.« Indi…gènes, indi…génat, indi…génisé, indi… gent » “Indi...gènes” ? “Indi...génat” ? “Indi...génisé” ? Des “concepts” indi...gents ! (Ni patrie ni frontières n° 10)

    Tous ces textes trouves se trouvent sur le site mondialisme.org, dans les numéros de la revue cités, et aussi dans la compilation n°5 "Religion et politique", et la compilation n° 2 « Islam, islamisme et "islamophobie" ».

    ***********

    Abécédaire

    de la xénophobie de gauche

    Commencé en 2008, cet abécédaire n’a jamais été publié, tout comme le texte qui l’introduit. Faute de temps, et aussi parce que lire la prose de Riposte xénophobe est un exercice pénible. Nous "enrichirons" (le terme ne convient vraiment pas à cette prose) au fur et à mesure avant de le publier dans la revue. Accrochez-vous....

    La plupart des citations ci-dessous sont extraites du site Riposte laïque qui prétend diffuser sa prose à 20 000 internautes. Nous n’avons aucun moyen de vérifier l’exactitude d’un tel chiffre. Il est probable que ce groupuscule a une influence très limitée, mais dans la mesure où il exprime crûment ce que beaucoup de « Français de souche » (ceux que les Indigènes de la République ont appelé, pour une fois avec humour, les… « souchiens ») pensent tout bas, il nous a semblé utile de démonter leurs « raisonnements » et leurs « arguments ».

    C comme « Coloré »

    « Il ne doit pas suffire de s’appeler « Kamel », « Rachida » ou « Rama » et arborer une nuance épidermique colorée pour avoir vocation irrépressible à être élu (s) au nom du peuple tout entier »

    Le procédé est tout à fait le même que celui utilisé par le Front national pour parler de « racisme antifrançais ». Il consiste à faire croire aux gens que les quelques miettes chichement distribuées à quelques Franco-Africains aux sommets du pouvoir sarkozien:seraient distribuées sur des critères (nom, couleur de peau) n’ayant rien à voir avec les capacités professionnelles des personnes suscitées et seraient suffisamment importantes pour empêcher des Franco-Français de représenter le « peuple tout entier ».

    Un argument particulièrement absurde quand on connaît la composition des conseils municipaux, généraux et régionaux, du Parlement, de l’Assemblée nationale, de la direction des partis politiques et des syndicats, des rédactions des grands quotidiens, des radios et des télévisions.

    On nage en plein fantasme raciste.

    H comme « Haine »

    « Voiles, burkas, tchadors, je vous hais », écrit Pascal Hilout dans Riposte laïque du 30 août 2007.

    Il serait plus utile de comprendre les causes de l’essor de ces prisons de tissu que portent ces jeunes filles et ces femmes musulmanes plutôt que de les « haïr », mais admettons un instant la légitimité de sa détestation. Pourquoi M. Hilout ne rajoute-t-il pas à sa liste la soutane des prêtres, la bure des moines, la croix des croyants et le voile des bonnes soeurs ? Car si l’on ouvre son poste de télévision, ou si l’on se balade dans les rues en France, on a quand même sacrément plus de chances de voir ou de rencontrer des chrétiens et des chrétiennes arborant des « signes religieux ostentatoires », des ecclésiastiques chrétiens, que des musulmanes emprisonnées dans un niqab ou une burka… !

    La haine de M. Hilout le pousse à réclamer l’interdiction des tenues vestimentaires dites « musulmanes » (en fait anté-islamiques ou traditionnelles) dans les rues (il mentionne complaisamment des « citoyens qui se désolaient de voir se multiplier les tchadors sur la place publique » et un photographe qui explique que « la présence des tchadors, dans l’espace esthétique et social de France m’insupporte ») et à vouloir expulser du territoire français (« jusqu’en Arabie », nous dit-il) ceux qui ne respecteraient pas les lois antimusulmanes qu’il appelle de ses vœux sur le territoire français.

    On remarquera que son ami photographe ne s’indigne pas de la présence policière massive et provocatrice dans les rues lors des manifestations, et dans certains quartiers, des contrôles policiers au faciès, des rafles pour ramasser les sans-papiers ni des taudis dans lesquels on entasse les pauvres, d’origine étrangère ou pas, en France. Tout cela ne choque pas le « sens esthétique et social » de ce républicain de gauche si délicat ! Quant à ceux qui se désolent de voir se multiplier les tchadors dans l’espace public, ils ont raison, c’est consternant mais ils feraient mieux de se préoccuper de la multiplication des SDF et des mendiants dans les rues…

    S’il n’y avait ni chômage ni misère, s’il l’on n’entretenait pas la concurrence entre les travailleurs de différentes origines (comme le fait de façon criminelle Riposte xénophobe), si l’on mettait fin au racisme institutionnel, si l’on mettait en place une éducation publique de qualité pour tous, il y aurait aussi beaucoup moins de raisons de se réfugier dans le giron de l’obscurantisme religieux, qu’il soit chrétien, juif ou musulman.

    I comme « Islamisation rampante »

    « Non à l’islamisation rampante de la société », s’exclame un certain Cyrano dans l’éditorial du 26 décembre 2007, reprenant à son compte un des thèmes favoris du Mouvement pour la France et du Front national. Pour faire bonne mesure il poursuit : « non à l’emprise chrétienne sur le politique, non à la ratification sans referendum du Traité de Lisbonne, ce texte qui est une aubaine pour les Eglises », ce qui lui permet de faire passer la première pillule.

    L comme Litotes xénophobes

    Mireille Popelin est l’auteure d’un article nauséabond : « Des violences urbaines sur piste de ski »(http://www .gaucherepublicaine.org/ lettres/516.htm#goArticle10), cette fois sur le site Respublica du 2 mars 2007.

    Ce texte évoque un incident survenu dans une colonie de vacances et Mme Popelin prend pour cibles des jeunes qui ont provoqué une bagarre générale dans une colonie de vacances. On remarquera que dans ses insinuations habiles cette dame fait bien attention de ne pas mentionner l’origine de ces jeunes tout en jouant sur tous les clichés xénophobes, puisqu’elle les accuse d’être des « caïds » (on sait de quelle langue vient ce mot et quelles associations d’idées il provoque), des profiteurs de l’argent public (« des communes compatissantes leur offrent des vacances que bien des travailleurs précaires (sous entendu franco-gaulois, Y.C.) ne peuvent pas se payer ») et de pseudo-victimes du racisme (ils « sont sûrement victimes de discriminations en Seine Saint-Denis »). Ce texte offre une excellente illustration des techniques utilisées par certaines personnes (habituellement d’extrême droite) pour éviter de tomber sous les coups de la loi… républicaine qui réprime l’incitation à la haine, au racisme et à la xénophobie.

    M comme « Mosquées clandestines »

    Les musulmans ont le droit, comme tous les autres individus vivant sur le territoire français, à bénéficier de lieux de réunion. Il est assez évident en France que l’Etat et particulièrement les maires ont, depuis des décennies, empêché la construction de mosquées ou la transformation de locaux privés en lieux de culte. Dans un tel contexte, même si en tant qu’athées nous ne pouvons nous réjouir de la multiplication des mosquées, nous n’avons pas non plus à nous solidariser des réactions xénophobes des riverains, des élus municipaux, ou des partis locaux qui souhaitent tirer parti du racisme anti-Arabes et des préjugés antimusulmans.

    Il reste cependant une question délicate : celle du financement public des lieux de culte, par l’intermédiaire de baux préférentiels ou de cessions de terrains à des prix défiant toute concurrence. Il est évident que les révolutionnaires y sont opposés, en tant que partisans de la séparation de l’Etat et des Eglises, MAIS à condition que cette mesure s’applique rétroactivement à tous les cultes. En clair que l’Etat remette en cause l’application du concordat en Alsace et cesse de payer pour l’entretien des Eglises.

    Cela supposerait donc une bagarre politique de longue haleine dont, pour le moment, on ne voit guère la possibilité et surtout l’issue (une telle campagne pourrait très bien aboutir à une loi encore plus favorable à l’obscurantisme religieux… au nom de la « tolérance » et du « respect des identités »). Il est donc plus avisé à l’heure actuelle d’expliquer ce que signifierait une véritable séparation des Eglises et de l’Etat sans pour autant se focaliser sur l’islam et en rappelant les inégalités qui existent entre les religions en France. Sinon, la dénonciation des « cadeaux financiers » faits à l’islam apparaît clairement pour ce qu’elle est : une expression de préjugés contre une seule religion.

    N comme « Nuances épidermiques »

    « il ne doit pas suffire d’arborer (…) une nuance épidermique colorée pour avoir vocation irrépressible à être élu (s) au nom du peuple tout entier » .

    Nous nous permettons de citer cette perle raciste une seconde fois car elle dévoile un racisme d’une naïveté confondante. En effet, le « blanc » est une couleur. Toute nuance épidermique est par définition « colorée ». Ce qui gêne Riposte laïque ce n’est pas donc pas la couleur (puisque le blanc en est une) mais certaines couleurs de peau.

    O comme Obsession des) « Origines »

    « Entre deux Français, il semble donc que la gauche a une préférence marquée pour le Français d’origine immigrée. »

    Un des principes de l’universalisme, notamment de l’universalisme républicain dont prétend se réclamer Riposte laïque, c’est de considérer les êtres humains, avant tout en tant qu’êtres humains, et non en fonction de leur carte d’identité, de leur lieu de naissance ou du lieu de naissance de leurs parents

    P commme « Prestations sociales » indues

    « On pourrait faire à l’égard des prestations sociales une remarque convergente, le premier budget des départements étant celui de l’action sociale, dont les journées d’hôtel que coûte l’accueil de famille sans logement avec enfants, y compris sans papiers dont les enfants qui sont scolarisés ne cesse de croître, s’inscrivent dans des dépenses publiques qui ont leurs limites et dont l’explosion met en grave danger le système de solidarité lui-même, dès aujourd’hui. Rappelons que ce système bénéficie à bien des familles d’origine immigrée ou étrangères souvent en difficulté en raison du caractère économique de leur immigration, dans des proportions ainsi bien supérieures à ce qu’elles représentent vis-à-vis de la population dans son ensemble. »

    Riposte xénophobe recycle un des thèmes classiques de l’extrême droite. Elle « oublie » de mentionner que la plupart des personnes secourues travaillent et donc contribuent à faire fonctionner le « système de solidarité » dont elles « bénéficient ». Elle « oublie » d’expliquer que la plupart des hôtels sont des taudis, souvent insalubres, et que l’accord financier entre les marchands de sommeil et les municipalités (de gauche ou de droite) ne peut que reposer sur des complicités et des intérêts sordides de part et d’autre. Enfin, elle attise les rivalités entre trois fractions de la population les franco-gaulois, les Français d’ « origine immigrée » et les étrangers, selon une logique fondée la préférence nationale – et même « ethnique » puisqu’elle cible les Français d’ « origine immigrée » exactement comme le Front national qui veut leur retirer la nationalité française.

    S comme « Salafistes fascistes »

    Il existe plusieurs formes de salafisme, certes toutes aussi réactionnaires les unes que les autres d’un point de vue athée, matérialiste et à fortiori révolutionnaire, mais il est difficile de les réduire toutes au « fascisme ». Certains salafistes sont partisans de vivre en communautés fermées – pas plus « fascistes » que les monastères catholiques, les communautés amish, ou celles des loubavitch juifs… D’autres prônent le terrorisme djihadiste comme al-Quaida ou le GSPC algérien, mais cette mouvance est-elle un courant religieux représentatif du salafisme ou un courant politique réactionnaire qui manipule la religion pour des objectifs terrestres ? Cela vaudrait la peine de réfléchir un peu à ces questions avant de mettre tous les salafistes (voire tous les musulmans) dans le même sac…

    U comme Union nationale

    On l’avait déjà compris en lisant leur prose national-républicaine mais c’est désormais parfaitement clair puisque Riposte laïque se réjouit d’avoir tenu une réunion avec Nicolas Dupont-Aignant, représentant du mouvement La France debout.

    V comme Varaut (Alexandre)

    On lira la version très jésuitique de Maître Varaut (http://www.resiliencetv.fr/modules/...) qui explique comment Philippe de Villiers a appelé Fanny Truchelut en 2006 (une jeune femme qui avait refusé que des femmes portent le voile dans les parties communes de son gîte rural, et qui a sans doute été victime d’une provocation) et lui a gentiment proposé l’avocat du Mouvement pour la France. D’après lui, un avocat ne prend pas parti pour les idées de ces clients, et ce monsieur de nous expliquer qu’il défend aussi bien des « femmes violées » que des « violeurs ». On croirait plus volontiers à son absence d’arrière-pensées politiques si cet avocat n’avait pas été député européen du MPF, parti xénophobe, entre 1999 et 2004.

    Ce qui est curieux c’est que Riposte laïque décèle immédiatement le danger du fascisme quand il est « étranger » et musulman (cf. sa campagne contre la mosquée salafiste de Champs-sur-Marne), mais devient aveugle quand il s’agit de Maître Varaut, avocat de Fanny Truchelut, leur copine « républicaine » et « féministe ».Sans doute me rétorquera-t-on que M. Varaut n’est pas un « fasciste » mais seulement un « conservateur » d’extrême droite.

    C’est sans doute pour la même raison que les nationaux-républicains de Riposte laïque ne demandent, à ma connaissance, l’interdiction ni du Front national de Le Pen, ni du Mouvement national républicain de Mégret ni du Mouvement pour la France de De Villiers… ? Vous savez ces partis qui réunissent les suffrages de 5 millions de Français catholiques et « bien de chez nous »… Des partis qui sont sans doute, pour Riposte laïque, bien moins dangereux que les quelques centaines ou, soyons larges, quelques milliers de gens influencés par le « salafisme ».

    W comme Gert Wilders

    Qui est donc cet individu dont Riposte laïque assure régulièrement la promotion et que ce site a même interviewé ? C’est le dirigeant aux Pays-Bas, du PVV (Parti libéral conservateur), organisation a remporté les élections municipales à Almere (une banlieue d’Amsterdam de salariés ne souhaitant pas se mélanger aux travailleurs immigrés) et est arrivé second à La Haye en mars 2010. Cette formation créée en 2006 a actuellement neuf sièges de députés sur 150 au parlement néerlandais. Elle avait obtenu 16,7% des voix aux élections européennes de juin 2009, arrivant deuxième derrière le parti chrétien-démocrate (CDA). Et il est à craindre que ce parti soit en deuxième position aux élections nationales de juin 2010 aux Pays-Bas.

    Ce parti xénophobe, sous la direction de Wilders, veut

    - faire voter au Parlement (en septembre 2009) une loi imposant le paiement de 1000 euros par an à celle qui veulent porter le hijab dans la rue

    - former des « commandos urbains » qui patrouillent dans les rues pour « augmenter la sécurité »

    - priver les gens ayant des problèmes psychologiques, et ceux travaillant depuis moins de 5 ans, de la Sécurité sociale,

    - réduire les impôts, ce qui aurait pour effet de licencier un tiers des fonctionnaires (300 000),

    - supprimer l’article n° 1 de la Constitution des Pays-Bas qui défend le principe d’égalité entre tous et interdit les discriminations

    - enlever la nationalité néerlandaise aux personnes naturalisées qui ne s’intègrent pas assez vite et les expulser

    - réduire le montant du salaire minimum,

    - appliquer le principe du « 3 strikes, you are out », selon lequel toute personne qui enfreint la loi à trois reprises est automatiquement condamnée à une peine d’emprisonnement à perpétuité, quel que soit le délit commis,

    - diviser par deux la (maigre) aide au tiers monde, etc.

    Tout comme Riposte laïque, Wilders mène croisade contre l’islam depuis des années. Pour arrêter l’« islamisation de la culture néerlandaise », il faut, d’après lui, stopper l’immigration ; de plus, tout immigrant qui n’est pas intégré doit quitter les Pays-Bas. « Adaptez-vous ou partez ! », proclame-t-il. Wilders justifie également le racisme : « Si des émeutes raciales devaient se produire, ce que je ne souhaite pas, elles n’auront pas forcément des conséquences négatives. »

    P.S. : Une version plus détaillée de cet article paraîtra en septembre dans le prochain numéro de la revue "Ni patrie ni frontières" consacrée aux "virus identitaires", quels qu’ils soient : nationalistes, religieux, "ethniques", etc.
     
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