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Luttes vertes Non au gaz de schiste (québec)

Discussion dans 'Webzine - actualité des luttes et partage d'articles de presse' créé par Ungovernable, 23 Septembre 2010.

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    En réponse à notre article dénonçant les risques et les problèmes associés au développement gazier au Québec, le président de la compagnie Questerre Energy - qui se hâte à forer dans nos terres avec une précipitation injustifiable - déplore que notre discours se fonde sur de «vieux mythes provenant des groupes de pression politiques américains» (Le Soleil et Le Devoir, 6 août 2010).

    Étonnant! Car il faut bien se rendre compte au contraire que les mythes persistants des groupes de pression les plus influents dans cette affaire - à la solde des compagnies pétrolières et gazières - soutiennent justement la précipitation d'un développement à risques qui ne profite qu'à une minorité, bénéficiaire de complicités politico-économiques.

    Mais les choses évoluent. Avec le constat alarmant des multiples problèmes générés par la récente activité gazière aux États-Unis, de nouvelles voix se font entendre, dont celle du Sénat de l'État de New York qui demande un moratoire sur toute exploration et exploitation, tant qu'on n'aura pas fait le bilan des dégâts, des risques et des possibilités d'amélioration des pratiques.

    Au Québec, il devient pour le moins extrêmement urgent de disposer des rapports de caractérisation de chacun des sites avant l'ouverture des chantiers et d'obtenir des études qui montreraient avec rigueur que l'activité gazière dans la vallée du Saint-Laurent ne présente pas les mêmes risques de contamination et d'accidents que dans les structures géologiques semblables du Nord des États-Unis.

    Les chiffres fournis par le représentant de Questerre Energy - en pleine campagne de promotion - nous laissent perplexes: manque de précisions et absence de mise en contexte. Par exemple, lorsqu'il affirme que l'exploitation du gaz de schiste au Québec prélèvera beaucoup moins d'eau que l'industrie des pâtes et papiers et autres activités, le calcul est-il basé sur l'ensemble des puits? Combien et sur quelle période? Et que signifie cette quantité d'eau dans une région comme la Montérégie, où les niveaux d'eau sont au plus bas? La comparaison à de pires problèmes d'usage privé de ressources communes n'est certes pas un argument convaincant.

    Par ailleurs, comment le «simple citoyen» peut-il interpréter l'énoncé suivant: «Les produits chimiques sont fortement dilués... ont une concentration de moins de 0,005%», alors que la vidéo promotionnelle de Questerre parle de 0,5% (soit 100 fois plus) et que le MRNF annonce 0,6%? Or lorsqu'on multiplie 0,5 (ou moins, si vous insistez!) par 10 millions de litres d'eau par fracturation, par huit fracturations et plus par puits et par un certain nombre de puits par municipalité ou région, on obtient une quantité inquiétante d'une soupe chimique dont les promoteurs ont tout avantage à banaliser la composition (en ne présentant entre autres qu'une liste de produits génériques).

    Lorsque le président de Questerre Energy écrit: «Plusieurs milliers de puits sont forés chaque année au Canada de façon sécuritaire et responsable», sans doute passe-t-il sous silence les inquiétudes soulevées en Alberta et en Colombie-Britannique, de même que l'analyse intitulée Energy Strategy - The Utica Shale Gas Play qui décrit les risques financiers pour les investisseurs potentiels, risques associés à des explosions de puits, des explosions et des feux dans les infrastructures de collecte de gaz, des bris mécaniques avec fuites de gaz, des déversements, ainsi que des accidents impliquant des personnes ou causant des dommages à l'environnement. Peut-être aussi monsieur le président ne connaît-il pas l'enquête que poursuit l'EPA, ni les rapports inquiétants de l'État de New York et de la Ville de New York, qui ne sont pourtant pas... des groupes environnementaux.

    L'auteur rappelle que notre gouvernement prépare une nouvelle loi pour «encadrer» l'industrie: «L'Association pétrolière et gazière du Québec participe à un task force qui associe l'industrie et le gouvernement pour développer un cadre de travail, essentiel pour un plein développement commercial.» Cela ressemble au loup qui travaille à la rédaction des lois de la bergerie.

    Au-dessus des lois

    Les divers arguments énoncés par le représentant de Questerre Energy doivent être ainsi revus et discutés un à un.

    La loi sur les hydrocarbures annoncée par le MRNF (loi «moderne», mais en quoi?) n'est pas en avance sur le développement mais bien en retard, d'où la demande répétée d'un moratoire appuyé par une dizaine de MRC représentant plus de 300 000 personnes ainsi que la plupart des grands groupes environnementaux nationaux.

    Nous réitérons que les activités minières se situent actuellement de fait au-dessus des lois dont elles contournent allègrement l'esprit. Entre autres, comment l'activité gazière peut-elle être compatible avec la protection du territoire agricole ou le respect du droit à un environnement sain pour les riverains? Comment peut-on penser que la mise à disposition de nouvelles ressources en hydrocarbures pourra contribuer au développement durable?

    Aucune étude globale n'a été faite sur les avantages économiques de la filière du gaz de schiste, ni sur sa contribution à la réduction des gaz à effet de serre. Des hypothèses contraires sont même avancées par des chercheurs. Nous rappelons que le gaz naturel est l'une des sources d'énergie dont le prix fluctue le plus, avec des hausses spectaculaires comme en 2001 et une chute des prix dans les années qui ont suivi, entre autres en raison du gaz de schiste. Les bénéfices privés liés aux activités gazières n'incluent pas les externalités environnementales et sociales, ni à l'échelle locale ni aux échelles régionale et nationale.

    Nous insistons sur l'importance de considérer l'avantage exceptionnel que nous donne notre abondante hydro-électricité comme tremplin pour développer un système d'énergies alternatives avantageux à long terme sur tous les plans - économique, social et écologique: le solaire, l'éolien, la géothermie, le biogaz, les économies d'énergie...

    Entre autres, l'efficacité énergétique permet d'augmenter les profits d'Hydro-Québec - de propriété publique - sans aucun dommage «collatéral». Si les filières alternatives sont actuellement coûteuses, c'est en grande partie parce qu'elles sont en concurrence directe avec des investissements publics pour les combustibles fossiles.

    Malgré tout, le développement de ces filières d'avant-garde avance à un rythme étonnant dans diverses régions du monde et le Québec s'apprête à manquer le départ, engagé de façon frénétique dans sa course obsolète aux hydrocarbures.

    * Lucie Sauvé, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en éducation relative à l'environnement, Université du Québec à Montréal; Pierre Batellier, coordonnateur développement durable et responsable pédagogique du DESS gestion et développement durable, HEC Montréal; André Bélisle, président, Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique; Johanne Béliveau, au nom du regroupement Mobilisation gaz de schiste; Martine Chatelain, présidente, Eau Secours!, Coalition québécoise pour une gestion responsable de l'eau; et Michel A. Duguay, professeur, faculté des sciences et de génie, Université Laval.







    Le virage du Québec vers le gaz menace son statut de puissance verte

    Les émissions de GES du Québec ont augmenté de 5,6% entre 1990 et 2007. C'est donc dire que le Québec doit réduire ses émissions de plus de 25% en 13 ans alors qu'il n'a pas réussi à les stabiliser en 17 ans. Dans ce contexte, la volonté du Québec de se doter d'une industrie gazière suscite des questionnements.

    PHOTO: MARCEL AUBRY, LE NOUVELLISTE

    Le Québec annonçait l'automne dernier une cible ambitieuse de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de 20% sous les niveaux de 1990 d'ici 2020. Fort de cette cible, le premier ministre Jean Charest se présentait au Sommet de Copenhague comme le champion nord-américain de la lutte aux changements climatiques. Cet engagement a suscité un concert international d'éloges sur le leadership du Québec et de son premier ministre.

    Un an plus tard, M. Charest avait peu à montrer comme résultats au New York Climate Week auquel il participait. Bien qu'il ait habilement esquivé la question à New York, son leadership est remis en question par le virage de son gouvernement en faveur de l'exploitation des hydrocarbures.

    Les émissions de GES du Québec ont augmenté de 5,6% entre 1990 et 2007. C'est donc dire que le Québec doit réduire ses émissions de plus de 25% en 13 ans alors qu'il n'a pas réussi à les stabiliser en 17 ans. De l'avis de tous les intervenants, l'atteinte de cet objectif ne peut se faire que si des virages majeurs sont opérés rapidement, notamment en transport et en aménagement du territoire. Un signal clair du gouvernement se fait toujours attendre à cet égard. Quant au secteur industriel québécois, il a déjà fait sa part en réduisant ses émissions de plus de 7%, soit plus que l'objectif de Kyoto.

    C'est dans ce contexte que la volonté du Québec de se doter d'une industrie gazière suscite des questionnements. Selon Équiterre, cette nouvelle industrie pourrait générer 1,9 Mt de GES, ou 18% de l'effort requis pour atteindre la cible du Québec pour 2020. La ministre Nathalie Normandeau soutient quant à elle que les émissions québécoises diminueront du fait du remplacement du mazout et de l'huile de chauffage par le gaz. Aucune étude ne vient à ce jour appuyer cette affirmation. Il est tout aussi probable que la consommation québécoise de gaz augmente en raison de la proximité et de l'abondance de la ressource qui en feront baisser le prix. Dans ce cas, le bilan serait une augmentation significative des émissions, ce qui impliquerait des efforts supplémentaires d'autres secteurs de l'économie pour faire place aux émissions de cette nouvelle industrie. Pour l'instant, Québec n'a pas de plan pour conjuguer ses aspirations de puissance gazière et de leader climatique.

    Le Québec se targue d'être une puissance de l'énergie verte, forte de sa puissance hydraulique peu émettrice de GES. Il faut relativiser cette prétention. La consommation d'électricité en Ontario a plafonné en 2006 alors qu'elle augmente encore au Québec, qui a aboli au printemps son Agence de l'efficacité énergétique. Pendant que la province voisine investit massivement dans les énergies propres, planifiant des parcs éoliens dans le lac Ontario, le Québec développe la filière gazière et souhaite semer des plateformes de forage dans le Saint-Laurent. Le New Jersey et l'Ontario se battent aujourd'hui pour occuper la deuxième place des puissances vertes derrière la Californie. Le Québec fait concurrence à la Pennsylvanie en développant ses ressources gazières.

    Avec sa cible ambitieuse de réduction des GES, le Québec demeure un chef de file dans la lutte aux changements climatiques. Mais sa crédibilité sera mise à mal s'il n'opère pas dès maintenant des virages déterminants en transport, aménagement et en énergie.

    Le leadership ne s'évalue pas sur des intentions, mais sur des résultats. En se lançant dans les combustibles fossiles moins d'un an après avoir pris l'engagement de réduire ses émissions de manière significative, le Québec signale à gauche, mais prend un virage à droite. Québec doit corriger sa trajectoire rapidement pour que son engagement ne soit pas perçu comme un simple exercice de relations publiques.






    Gaz de schistes: des solutions de rechange existent

    Plus de 200 personnes ont participé hier à une séance d'information sur le gaz de schiste à l'UQAM. Elles ont posé bien des questions et aussi entendu toutes les solutions de rechange à l'exploitation des hydrocarbures.

    «Il y a des filières extraordinaires qui sont actuellement ignorées par le gouvernement du Québec et par Hydro-Québec», a dit Daniel Breton, président de Maître chez nous 21e siècle.

    Parmi celles-ci, les biogaz produits à partir des déchets, une filière qui a été lancée en grande pompe l'an dernier, mais qui devra maintenant affronter la concurrence de l'énergie fossile.

    Et le secteur des biogaz est aussi prometteur du point de vue des emplois, selon Kim Cornelissen, une consultante qui est aussi membre de l'Association québécoise de lutte à la pollution atmosphérique (AQLPA). «Je reviens de Suède et ils comblent maintenant 20% de leurs besoins d'énergie en transport avec les biogaz tout en détournant 97% de leurs déchets des dépotoirs», dit-elle.

    Pierre Batellier, de l'École des Hautes Études commerciales, a posé une série de questions sur les supposées retombées positives des gaz de schiste.

    «Il manque une analyse sérieuse et indépendante des bénéfices et des coûts, dit-il. On parle d'indépendance énergétique alors qu'on donne pendant des décennies des droits sur le territoire à une compagnie comme Talisman. Et acheter du gaz albertain à Talisman ou du gaz québécois, ce n'est pas une façon d'arriver à l'indépendance énergétique. C'est surtout une façon de cultiver notre dépendance aux énergies fossiles.»

    Un autre conférencier a fait ressortir que l'exploitation des gaz de schiste va augmenter les émissions de gaz à effet de serre du Québec. «Actuellement, le secteur gazier représente 11 mégatonnes d'émissions annuelles, dit-il. Mais si on extrait le gaz ici, on brûlera encore la même quantité de gaz, mais il faudra ajouter les émissions liées à la production. Actuellement, ces émissions sont portées au compte de l'Alberta.»

    Le Québec s'est fixé comme objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20%. Ce sera difficile à réaliser si l'industrie du gaz de schiste se met en branle, selon Martine Ouellette, critique du Parti québécois en matière d'environnement. Mme Ouellette était présente à l'assemblée hier ainsi que trois autres députés du Parti québécois, en plus du député Amir Khadir de Québec solidaire.

    Il n'y a surtout aucune urgence objective à aller de l'avant avec ce projet, ont souligné plusieurs participants. «On nous met face à des urgences complètement factices, alors qu'on n'a jamais eu autant de surplus énergétiques au Québec», a dit André Bélisle, président de l'AQLPA.

    Les participants se sont donné rendez-vous demain pour une manifestation devant coïncider avec le début du Congrès mondial de l'énergie, une rencontre internationale de ce secteur industriel qui a lieu tous les trois ans et qui se déroule cette année à Montréal.
     
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