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Mumia Abu-Jamal - États-Unis : La Répression permanente (2000)

Discussion dans 'Bibliothèque anarchiste' créé par Ungovernable, 2 Juin 2009.

  1. Selon l'Etat américain, il n'y a pas de prisonniers que l’on puisse qualifier de politiques dans ses prisons. D'ailleurs, beaucoup d'autres pays ont cette position.

    En fait, bien des individus ont été pris pour cible, poursuivis et jetés dans les goulags américains en raison de leurs opinions, de leurs engagements et/ou de leurs actions politiques. La récente libération de plusieurs indépendantistes Portoricains, à l'issue d'une longue détention dans les prisons fédérales constitue une preuve de la reconnaissance tacite de l'existenœ de prisonniers de guerre. Ou seraient-ils subitement devenus des prisonniers politiques après une décennie passée dans les prisons américaines ?

    Des dizaines de soldats de la Black Liberation Army sont encore aujourd'hui dans les goulags américains, certains depuis trente années. Sont-ils moins prisonniers politiques que leurs camarades Portoricains seulement parce que le pouvoir politique n'a pas eu le courage de les libérer ?

    Geronimo Ji-Jaga n'est pas devenu tout à coup un prisonnier politique parce qu'un juge du comté d'Orange en Californie a décidé que ses convictions violaient la constitution de cet état. Que dire de ses 26 années d'emprisonnement politique ? Quand Ji-Jaga a tenté d’obtenir sa liberté de parole des années auparavant, malgré un dossier exemplaire, on la lui refusa pour une seule raison: celle d’être "encore un révolutionnaire". Et pourtant, les Etats-Unis prétendent ne détenir aucun prisonnier politique.

    Il y a aussi les prisonniers politiques de MOVE que l'on peut également appeler, dans le sens exact du terme, prisonniers spirituels. Ils ont été condamnés à cent ans de réclusion dans les goulags de Pennsylvanie, malgré leur innocence, pour avoir refusé de renier leur adhésion aux enseignements de John Africa, le révolutionnaire légendaire, fondateur de l'organisation MOVE. Neuf hommes et femmes de MOVE (1) faussement accusés d'avoir tiré collectivement sur un flic de Philadelphie le8 août 1978 ont recu la peine maximale tandis que plusieurs autres membres de MOVE, terrifiés par la violence de l'Etat ont désavoué leur allégeance à MOVE. Ce qui leur a valu leur liberté. Pourtant les membres de MOVE sont, toujours en prison, 22 années après, parce qu'ils ont trop de principes pour renier John Africa ! Et non à cause de crime. Ne sont-ils pas des prisonniers politiques, spirituels de l'Etat ? Aux Etats-Unis, la loyauté est un crime.

    Lorsque le membre de MOVE Ramona Africa osa survivre à l'holocauste urbain du 13 mai 1985 (2), c'est elle et non les meurtriers d'enfants ou les poseurs de bombes de la ville, de l'Etat ou du gouvemement fédéral qui est allée en prison. Durant sept longues années infernales, Ramona a été enfermée dans les cellules de l'Etat alors que les meurtriers de Osage avenue obtenaient promotions, avancements et éloges. Etait-elle prisonnière de l'ordre politique ?

    Il y a beaucoup d'hommes et de femmes qui continuent de croupir dans les prisons américaines et dont les noms nous sont inconnus : Sundiata Acoli, les frères et soeurs Africa, Bashir Hameed, Mondo We Langa, Sekou Odinga, Russell Maroon Shoats, Joan Karl Loaman, Ray Luc Levasseur, Tom Manning, Yi Kikumara et bien d'autres encore . Pourquoi sont-ils inconnus ? Car il n'y a pas de prisonniers politiques aux Etats-Unis, n'est-ce pas ?


    Mumia Abu Jamal (Mai 2000)

    [1] Le 13 mars 1988, Merle Africa est morte d’un cancer en prison, dans des circonstances mystérieuses.

    [2] Mumia fait ici référence au bombardement militaire de la maison MOVE située rue Osage à Philadelphie le 13 mai 1985.
     
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