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Mumia Abu-Jamal - Désespoir en Palestine (2002)

Discussion dans 'Bibliothèque anarchiste' créé par Ungovernable, 2 Juin 2009.

  1. “ (...) [Une] société qui s’accoutume au recours à la violence pour résoudre ses problèmes, tant mineurs et qu’importants, est une société dans laquelle les racines des relations inter humaines sont atteintes”
    Ignacio Martin-Baro, S.J., in Ecrits pour une psychologie de la libération (1994)


    21 mars 2002 - La guerre désorganise les vies humaines, détruit la santé et les biens, mais un conflit armé décime également la santé mentale individuelle et collective.

    Pour que ce qui concerne celle-ci, un problème est rarement traité, celui des blessures de l’âme, de l’esprit. Encore plus rarement évoqué, l’impact de la guerre sur les pauvres, les jeunes, les dépossédés. Quel sont les effets d’un conflit armé sur les opprimés, les damnés, les démunis ?

    Le Dr. Eyad Sarraj, psychiatre palestinien, a écrit, il y a plusieurs années, que l’occupation israélienne avait un caractère si négatif, et des effets si dévastateurs sur la psyché des Palestiniens, que “la chose étonnante (était) non pas que des attentats-suicides se produisent”, mais bien “le fait qu’ils soient tellement rares”. Le Dr. Sarraj notait :

    “Je pense qu’il s’agit d’actes de désespoir absolu, marquant le stade extrêmement grave atteint dans un conflit apparemment sans issue. Depuis le déracinement des Palestiniens, en 1948, causé par le terrorisme juif de l’Irgoun, dirigé par Yitzhak Shamir et Menahem Begin, nous avons tout tenté. Nous avons misé sur Nasser et le nationalisme arabe, ce qui nous a valu d’être envahis, en 1956, dans nos maisons de fortune des camps de réfugiés. Ce n’est que parce que l’URSS a menacé de bombarder Londres et Paris, et seulement grâce à la détermination du président américain Eisenhower que l’occupation d’alors a pris fin.

    Puis vint le désastre consécutif à la guerre arabo-israélienne de 1967, Israël s’emparant, après une guerre-éclair de six jours, du Sinaï conquis sur l’Egypte, du Golan conquis sur la Syrie, et volant aux Arabes palestiniens tant la Cisjordanie que la bande de Gaza.

    Plus de trente années durant, les Palestiniens ont dû vivre sous l’occupation militaire israélienne (qu’ils appellent la Nakba), avec des cartes d’identité spéciales, des permis de résidence, des restrictions extrêmement sévères à leurs déplacements internes, des “passeports” faisant état d’une “nationalité : indéterminée” et l’omniprésence perpétuelle de l’occupant, affectant les moindres gestes quotidiens. Ils ont dû vivre en étrangers sur la terre de leurs pères, une terre surchargée de colonies israéliennes, de barrages de contrôle militaire et de désespoir.

    Pour les Palestiniens, rien n’a fonctionné comme promis. Les résolutions de l’ONU proclament leur droit au retour, leur droit à un Etat, la fin de l’occupation israélienne. Mais, sur le terrain, rien ne change. L’armée écrase leurs maisons au bulldozer, des francs-tireurs descendent leurs gamins qui lancent des pierres. Des dirigeants sont liquidés à domicile, les F-16 vrombissent dans le ciel durant la nuit. Et, dans cet espoir sans fond, des jeunes hommes (et désormais des jeunes femmes, aussi ! ) s’entourent la taille de ceintures de mort. Leur seule prière ? Ne pas mourir — seuls...

    Mumia Abu-Jamal, en direct du couloir de la mort.
    [traduit de l'anglais par Marcel Charbonnier]
     
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