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Fascisme & extrême-droite Montée de l'extrème droite : Pourquoi?

Discussion dans 'Webzine - actualité des luttes et partage d'articles de presse' créé par Anar45, 4 Juin 2012.

  1. Anar45
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    Anar45 Ginger and proud. Membre actif

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    Oct 2011
  2. anarchiste, internationaliste
    Des émissions véhiculant des discours antisémites, des persécutions contre des immigrés en plein centre-ville, des agressions prenant comme cible les partisans de partis de gauche. Non, il ne s’agit pas d’images d’archives de l’entre-deux-guerres, c’est bel et bien à la Grèce du XXIe siècle où tout cela se passe. Ou pour être plus précis c’est tout simplement en Europe que ces incidents se multiplient jour après jour. Des discours racistes du Front national en France ou de la Ligue du Nord en Italie, aux massacres d’Oslo par le représentant d’une droite islamophobe et antimarxiste, en passant par les référendums à caractère xénophobe lancés par l’UDC en Suisse et les pogroms anti-Rom et anti-juifs en Hongrie, une nouvelle géographie de la haine se dessine sur l’ensemble du continent européen.



    Aucune société ne semble être à l’abri de ce déferlement de rhétoriques et pratiques d’exclusion, de discrimination et de persécution prônées et professées par les différents courants d’extrême droite. La montée de ces partis voire même leur entrée au Parlement, dans un contexte de crise économique aux conséquences sociales dramatiques, ne peut que nous rappeler les souvenirs cauchemardesques d’une époque de l’histoire européenne et mondiale que l’on croyait, du moins qu’on espérait, à jamais révolue.



    Certes, la crise économique et plus précisément sa gestion néolibérale, hostile à toute idée d’Etat social, constituent un cadre incontestablement propice à la progression des idées d’extrême droite, reposant notamment sur la désignation de l’Autre comme bouc émissaire. Néanmoins, le pourcentage obtenu lors des dernières élections législatives par les deux partis de l’extrême droite (LAOS et Aube dorée) en Grèce serait révélateur à mon avis d’au moins deux phénomènes bien antérieurs à la crise. Il s’agit d’une part de la diffusion dans l’espace public de discours et de pratiques racistes et xénophobes et leur banalisation, et d’autre part du rapport de la société grecque à son histoire.


    Une stigmatisation politique et médiatique depuis 20 ans


    Depuis les années 1990, la Grèce devient pour la deuxième fois de son histoire un pays d’accueil pour immigrés et réfugiés (la première remontant aux années 1920 et l’accueil réservé aux populations de la Turquie actuelle, suite au traité de Lausanne, était tout sauf chaleureux). Des titres et des reportages sensationnels ou encore une lecture étriquée des statistiques ont familiarisé et accoutumé les spectateurs, auditeurs ou lecteurs, à des amalgames dangereux entre immigration et criminalité. Parallèlement, on constate la diffusion dans l’espace public et dans les discussions privées de clichés et préjugés racistes, ceux désignant les Albanais comme "voleurs" en sont les premières démonstrations déplorables.



    Dès lors tout acte de délinquance, que les immigrés en soient réellement ou fictivement les auteurs, est surmédiatisé, dans une surenchère de cannibalisme et de lynchage médiatique. D’autre part, leurs conditions de vie misérables ou encore leur contribution à l’essor superficiel et artificiel de l’économie grecque basé en grande partie sur l’exploitation de leur labeur, ne sont qu’accessoirement évoqués ou complètement occultés par la plupart des médias.


    De surcroît, l’emploi de termes tels qu’"opération balai" pour désigner les opérations d’arrestation d’immigrés par la police ou leur expulsion forcée inculque petit à petit au public la représentation de l’immigré comme un paria, allant jusqu’à associer sa présence à un danger pour la santé publique. Il s’agit des propos de certains représentants des partis politiques n’ayant a priori aucune filiation avec les formations d’extrême droite, ayant une double finalité ou au moins aboutissaient à un double résultat : contourner le débat sur les responsabilités des politiques néolibérales appliquées par les gouvernements successifs de ces vingt dernières années à propos de la situation de crise économique et sociale, ou encore esquiver le débat sur les responsabilités des dirigeants grecs eux-mêmes, qui auraient laissé se perpétuer voire même favoriser les pratiques de corruption.



    La stigmatisation systématique de l’immigré a vu naître des centres de détention adoptant une logique de marginalisation, afin de l’identifier encore davantage à un danger potentiel pour le reste de la société. Enfin, des incidents tels que le refus de permettre à des élèves d’origine albanaise de porter le drapeau grec lors des défilés scolaires, à l’occasion de la fête nationale, ont démontré à quel point les principes d’un racisme différentialiste/culturaliste, traduits par l’opposition à l’intégration au sein d’une société de tout individu considéré comme différent aux critères de la définition de la nation établis par les architectes de l’identité nationale, sont profondément ancrés dans les mentalités d’une partie de la société grecque.

    Une mémoire collective tronquée

    Cette mentalité découle d’une lecture de l’histoire insistant sur une continuité, une supériorité et une exemplarité supposées de la nation grecque, ingrédients incontournables de toute narration nationaliste du passé, ignorant ou minimisant au contraire, la participation de l’Etat grec dans des pratiques d’assimilation forcée, de colonisation ou d’exactions commises envers de populations se retrouvant au sein de ses frontières, lors de ses campagnes d’expansion territoriale.



    Les réactions nationalistes d’une partie de la société au début des années 1990, contre le choix du nom de Macédoine pour l’appellation d’un nouvel Etat voisin issu de la dissolution de l’ex-Yougoslavie, constituent une manifestation éloquente de cet état d’esprit.



    Quelques années plus tard, au moment des débats sur la suppression de l’indication de la confession sur les cartes d’identité, un délire obscurantiste allait dévoiler les rapports étroits entre un nationalisme politique et un nationalisme religieux, sous prétexte que l’identité nationale était mise en danger. Dans une société qui attend encore sa laïcisation, l’Eglise orthodoxe de Grèce a délibérément occulté que l’origine de cette pratique renvoyait à l’Occupation allemande et à la politique nazie d’extermination des communautés juives. Cela nous amène également à nous interroger sur l’affaiblissement d’une mémoire collective face à cet événement de l’histoire grecque et mondiale.



    Ce phénomène n’est qu’un des aspects que revêtent le déni et l’oubli de la composition ethnolinguistique et confessionnelle plurielle de la société grecque dans le passé et le présent. Dans un pays où les discours et les gestes proches de l’idéologie de l’extrême droite se sont progressivement infiltrées au sein des différentes couches de la société et où les héritiers intellectuels des régimes monarcho-fascistes ou des nostalgiques de la dictature des colonels existent toujours, la montée des partis d’extrême droite, dans un contexte de crise de confiance envers les deux partis qui ont dominé la scène politique en Grèce depuis le rétablissement d’un régime démocratique en 1974, était prévisible.

    Dénoncer et agir

    Au-delà de la dénonciation de ce phénomène, la nécessité d’agir est plus urgente que jamais alors que l’on compte chaque jour de nouvelles victimes des agressions racistes. Avant toute chose, il faudrait impérativement commencer par assurer la protection des individus ciblés par ces actes souvent très violents. On a longtemps soupçonné des affinités idéologiques d’une partie des policiers avec les responsables de ces actes, derrière l’inertie voire l’indifférence des forces de l’ordre dans des incidents d’agression raciste. L’analyse sociologique du vote du 6 mai dernier, démontrant les pourcentages élevés obtenus par les partis d’extrême droite au sein de la police ne peut plus justifier l’ajournement d’une opération de réévaluation des critères de recrutement au sein de ce service.


    La mise en place par l’Etat d'une politique de réaménagement urbain, dans des quartiers où son désinvestissement progressif a conduit à la dégradation des conditions de vie des habitants, offrant un terrain propice aux membres du parti néo-nazi qui y font régner la terreur envers tout individu dont l’orientation idéologique, sexuelle, confessionnelle, ou tout simplement sa physionomie ne correspond à leur modèle, constituerait une proposition possible mettant en valeur la mixité sociale comme un atout et non pas une faiblesse de la société.


    D'autre part, dans le domaine de l’éducation, on devrait essayer de présenter non seulement une version grécophone et chrétienne orthodoxe de l’histoire de l’Etat grec, mais il faudrait insister davantage sur l’écriture d’une histoire plurielle de l’espace auquel il correspond actuellement, mettant en avant les apports et témoignages multiples de différentes communautés ethnolinguistiques et confessionnelles continuent à façonner la société grecque.



    Enfin, si on dépassait le cadre de la nationalité ou de l’identité nationale pour désigner un individu, en le remplaçant par celui de la citoyenneté, une citoyenneté inspirée non pas par celle de la démocratie athénienne où les femmes, les esclaves et les métèques étaient exclus, mais plutôt par le modèle d’une société où tout individu indépendamment de ses caractéristiques ou préférences personnelles serait inclus et respecté et dans laquelle, alors on pourrait espérer voir le spectre de l’extrême droite peu à peu disparaître.

    http://leplus.nouvelobs.com/contribution/564218-aube-doree-extreme-droite-en-grece-la-crise-n-explique-pas-tout.html
     
  3. herope
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    herope Membre du forum Membre actif

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  4. anarchiste
    Dire non

    L'histoire le montre : la montée du fascisme ou du nazisme est le constat que le seul recours que trouve la population face aux difficultés économiques est le repli sur elle-même avec pour conséquence un nationalisme exacerbé et des boucs émissaires comme unique exutoire à leur frustration !
    Nos armes : refuser, diffuser nos idées, se confronter et faire savoir que d'autres n'accepteront jamais un état facho !
     
  5. jeunevoleur
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    jeunevoleur Membre du forum Membre actif

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  6. jeunevoleur
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    Mar 2008
    Parce que selon toi c'est la population qui décide de la forme de gouvernement?
    Et la population c'est une masse informe d'individus aux intérêts communs?
     
  7. Anar45
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    Anar45 Ginger and proud. Membre actif

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  8. anarchiste, internationaliste
    Hitler est arrivé au pouvoir de manière démocratique, hein
     
  9. Sullivan
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    Sullivan Glandeur rêveur Membre actif

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  10. libertaire
    "Démocratique", de la démocratie au sens actuel. Et ici on est d'habitude relativement tous d'accord pour dire que ça vaut pas grand chose, et reflète assez peu les volontés et intérêts du "peuple" (notion qu'on peut critiquer parce que ça donne l'impression que c'est très homogène, ce qui n'est pas forcément le cas, mais on va pas encore rouvrir un débat là-dessus..etc). Je pense que c'est à ce niveau là que portait la critique de Surlazone (détrompe moi si je me goure hein).

    Sinon Hitler a été élu démocratiquement oui & non il me semble. Je cite juste un passage de l'article wikipedia sur lui, ça sera plus clair et plus vrai que si j'écris un truc moi-même dessus vu que c'est pas non plus un sujet que je maitrise à fond :

     
  11. Anar45
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    Anar45 Ginger and proud. Membre actif

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    Oct 2011
  12. anarchiste, internationaliste
    Oui bien entendu, mais c'est pour dire tout de même. Si je me souviens bien le score du nsdap a l'époque (43.9% que tu cite) était le plus haut score réalisé lors de ce scrutin.
    Mais, hitler faisant le jeu de la bourgeoisie et de la vielle aristocratie en propageant ses idées, a, malgré la réticence d'hindenburg a le faire, été nommé chancelier.
    Enfin c'était plutôt pour dire, que même d'une manière plus ou moins démocratique comme les éléctions, les partis fascistes peuvent êtres mis au pouvoir par une "majorité".
    Je crois que je m'exprime pas bien là...
     
  13. jeunevoleur
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    jeunevoleur Membre du forum Membre actif

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    Mar 2008
    Tu va tout à fait dans le sens que je voulais donner, même si on pourrait l'exprimer plus clairement, et comprendre que la démocratie que nous connaissons n'est qu'une forme de la domination. Une fois que ceci est dit et compris, intégré comme une base, savoir si Hitler a respecté à la lettre les règles en vigueur n'a plus aucun intérêt.

    La suite logique c'est que la montée du fascisme, des nationalismes, n'est pas le fait de la population. Population concept flou et trompeur qui laisserait croire que nous vivons dans un capitalisme qui aurait aboli les classes. Mais alors à qui profite le crime? A l'ordre. C'est à dire à ceux qui trouvent intérêt à la perpétuation de ce monde, aux institutions qu'ils servent et qui les servent.

    Je ne crois pas que la bourgeoisie, la classe politique, choisissent consciemment la voie du fascisme ou du nationalisme ou de la prochaine forme en gestation (et qui peut tout à fait utiliser des concepts équivalent au fasciste). C'est un processus de sauvegarde qui se met en branle en corrélation avec la crise qui traverse le système capitaliste. Par la voie légale et par tout autre moyen.
    Si la persuasion, le chantage, le bourrage de crâne, la peur, suffisent à la social-démocratie à se maintenir, elle se maintiendra, en s'adaptant le cas échéant et en adaptant son arsenal législatif et répressif. S'ils ne suffisent pas reste la guerre civile, le coup d'état.
     
    Dernière édition par un modérateur: 5 Juin 2012
  14. herope
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    herope Membre du forum Membre actif

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  15. anarchiste
    Quoi que

    Les meilleurs score du FN sont fait en général dans les banlieues dites ouvrières !

    Alors soit les salariés sont des veaux soit tout simplement on a abandonné le terrain ?
     
  16. jeunevoleur
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    jeunevoleur Membre du forum Membre actif

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    Mar 2008
    Tu vois une contradiction avec ce que j'essaye de te dire?

    Et sinon Les banlieues dîtes ouvrières n'existent quasiment plus, en France. Au sens ou on l'entend socialement. Moins d'ouvriers quantitativement, et disparition de la culture et du monde ouvrier. Banlieues habitées par des prolétaires et du lumpen, plutôt. Et c'est différent. Il n'y a plus le PC qui chapeaute et organise, d'autres partis y font leur beurre, cela me laisse ni chaud ni froid. Et quelle est la proportion de votant en banlieue? Peau de zob! Mais de toute façon on s'en fout du résultat du vote car il est, de toute façon, toujours conforme.

    Le changement de la forme politique (ce que certains appelle improprement "monté du fascisme" sans prendre en compte le fait que nous ne sommes pas en 1920 et que les conditions sont différentes) est un processus constant dans le temps mais sujet à fortes variabilités en fonction des crises. Et ce processus n'est pas le résultat d'élections, c'est le résultat d'un mode d'organisation sociale.
     
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