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M ICROPOLITIQUE DES GROUPES Pour une écolog ie des pratiques collectives

Discussion dans 'Bibliothèque anarchiste' créé par Marc poïk, 16 Juin 2017.

  1. Marc poïk
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    Marc poïk Sous l'arbre en feuille la vie est plus jolie Membre actif

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    David VERCAUTEREN

    MICRO-POLITIQUE DES GROUPES
    Pour une écologie des pratiques collectives
    [​IMG]

    Livre format PDF 135 pages


    Ouvrage extrêmement intéressant sur les fonctionnement collectif au sein groupes militants ou les collectifs de travail. En partant des problèmes de relations de pouvoir, des dynamiques collectives, d’essoufflement ?

    Ces difficultés ne sont pas un mal nécessaire et inéluctable mais davantage une conséquence de notre incapacité à transformer ces difficultés en culture. Comment se fait-il en effet que la récurrence de ces difficultés n’engendre la plupart du temps aucune mémoire collective ni aucun apprentissage. Pour l’auteur, cela tient au manque d’attention portée par les groupes à leurs pratiques de groupe. La plupart des groupes se focalisent en effet davantage sur les objectifs à atteindre, les programmes à tracer, les agendas à remplir mais ne portent que peu d’attention à l’écologie de leurs pratiques collectives, à leurs propres manières de faire et de s’envisager. Or c’est justement ces pratiques collectives qui font en grande partie nos réussites et nos échecs. Pour l’auteur, on n’est pas groupe, on le devient et la possibilité de ce devenir est à construire. Pour y arriver, nous avons besoin de cette mémoire, de cette culture des précédents pour ne pas répéter sans cesse les mêmes erreurs et renouveler nos usages, savoirs et pratiques. Cet ouvrage nous invite à cultiver davantage la micropolitique de nos groupes, à accorder plus d’attention aux mouvements, aux singularités, aux affections et aux forces de nos groupes comme autant de signes des rapports qui les traversent.

    Pour y parvenir, la première chose à faire serait, pour ne plus les commettre, de recenser les erreurs commises par la plupart des groupes. David Vercauteren en identifie un certain nombre : la psychologisation, l’idéologisation du conflit, la naturalisation de la hiérarchie, la substantalisation du pouvoir… Il nous propose « d’apprendre sur les mille et une manières de cultiver et de protéger nos groupes. Notre richesse n’est pas seulement dans les « outils » que nous avons réussi à stabiliser (bâtiment, journaux, subventions…), dans les connaissances apprises lors de nos activités et/ou dans nos éventuelles victoires partielles sur tel ou tel champ, mais aussi dans une culture de soi qui s’y crée, dans les techniques qui s’y inventent et dans les savoirs qui s’y élaborent et s’y transmettent. » (p.200).

    Loin de se limiter au recensement des erreurs, cet ouvrage se veut avant tout une invitation à renouveler nos usages et nos pratiques. Pour ce faire, il retrace plusieurs expériences collectives qui ont entrepris cette reconquête de leurs savoirs en créant de nouvelles pratiques, en inventant des « artifices » pour amener le groupe à modifier ses habitudes. Pas de recette magique mais une série d’artifices anti-hiérarchiques qui aideront à n’en pas douter les groupes à se débarrasser de leurs passions tristes !

    Un ouvrage à lire par tout ceux qui s’intéressent à la question du fonctionnement des groupes et qui sont en recherche de pistes concrètes et de réflexions approfondies.
     
  2. ninaa
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  3. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Ce livre est très intéressant et utile et c'est une bonne base de débat:
    Discussion autour du livre « Micropolitiques des groupes » - Anarchistes Ivry
    Ce qui frappe avant tout dans les exemples vécus cités ce sont les similitudes avec des situations qui concernent pourtant des groupes qui n'ont pas grand chose à voir sur le fond mais tout à voir sur la forme.
    Un passage m'a particulièrement frappée; celui qui souligne une erreur courante dans des collectifs à visée autogestionnaire. Vu que la société exige des "représentants" légaux, on va nommer quelqu'un à un poste de pouvoir étant bien entendu que ce pouvoir sera "fictif" (président d'association, comptable, interlocuteur de la banque...). Avant de réaliser que la banque par exemple se fout pas mal de ce qui est décidé en AG, congrès... entre militants: pour le Capital et l'Etat ce pouvoir est bien réel. Et si ce "représentant fictif" décide d'en abuser on n'aura que ses yeux pour pleurer!

    Quelques critiques cependant: si le bouquin répertorie très bien quasiment tous les problèmes qui se posent dans des groupes militants "autogestionnaires", il donne peu de réponses crédibles.
    Quasiment toutes les solutions proposées reposent sur l'idée que les conflits sont dus à des malentendus ou sur de la mauvaise volonté. Or si on se réfère aux exemples vécus ou racontés on se rend vite compte qu'au contraire, c'est sur des malentendus que repose la bonne entente des débuts.
    Dès qu'on commence à se connaître, à communiquer, des différences inconciliables peuvent apparaître. Aplanir les différences? Mais sur la base de laquelle des parties en conflit?

    Un exemple de différend impossible à résoudre autrement que par la scission:
    Dans un collectif de Mal logés qui pratiquait des occupations d'immeubles on trouvait aussi bien des anarchistes, autonomes... que des gens "de gauche" très confiants dans les élus. Au départ le groupe était quand même uni en apparence: notre première action collective a consisté à occuper un bâtiment du service des eaux. Nous étions plusieurs dizaines et avons exigé de négocier tous ensemble (avec un relatif succès: ouverture d'un robinet devant le squat...). Très vite des leaders se sont imposés, ignorant les décisions prises en AG. Production de tracts signés du collectif sans consultation préalable (comment l'empêcher?). A la deuxième occupation (EDF, pour avoir l'électricité) ces quelques personnes se sont présentées par surprise comme une "délégation" du collectif. Les autres ont tenté de protester mais trop tard, la "délégation" était déjà dans le bureau de la direction! Qu'est-ce qu'on aurait pu faire? Leur sauter dessus pour les empêcher de confisquer la parole?
    Le pire ça a été quand une "délégation" est allée trouver un élu sans en avertir personne, et est revenue avec une proposition de l'élu: on se "débarrassait des sans papiers", on arrêtait d'ouvrir des squats, et il mettrait les mal logés en règle sur le dessus de la pile pour obtenir un HLM! Comment aurait-on pu concilier les deux positions (légaliste et illégaliste)?

    Bref dire "y a qu'à arrêter de se disputer" c'est bien dans l'abstrait mais dans les faits ça revient souvent à demander à l'une des parties (ou aux deux) de fermer sa gueule. En fait je ne vois pas de cas où les conflits aient reposé sur des malentendus ou sur une "volonté de nuire". Même ces autoritaires étaient convaincus de faire pour le mieux pour le collectif.

    La seule solution c'est le plus souvent la scission: le hic c'est qu'on a le choix entre être pas assez nombreux pour agir et être nombreux mais ne pas pouvoir agir parce qu'on est en rupture profonde sur les objectifs et les méthodes.
     
  4. Marc poïk
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    Marc poïk Sous l'arbre en feuille la vie est plus jolie Membre actif

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    Tu soulèves deux points auquel je vais tenter de réponde. Le livre est paru il y a déjà un certain temps. Depuis , connaissant entre autre un des auteurs leur pensées et pratiques ont évoluées et toujours aujourd’hui ils continuent à apprendre. Thierry est très pointilleux là dessus.
    Sur le mélange des "idéologies" oui on a tous le même problème. Soit on reste entre nous et on est le nombre qu'on est ce qui peu suffire parfois ou selon la lutte on est bien obligé d'élargir le cercle aux croyants en la puissance étatique. Le clash arrive très souvent entre anarchistes et gauchistes on ne parle pas toujours le même langage. Mais en pratique on met de coté nos différences d'idéaux afin de servir la lutte. Par chez moi on y arrive en laissant aux divers groupes la totale liberté d'agir. Les assemblées n'étant pas un lieu de décisions mais d'approbation en vue d'un consensus d'action commune. Et même le consensus d'action accepté par tous il n'est pas interdit d’en sortir mais alors sous une autre étiquette que celle que le groupe c'est donné. Le problème étant de se voir finir comme les anarchistes ont toujours fini, absorbés ou exterminé par ceux là même qu'ils ont aidé.
     
  5. ninaa
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  6. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Je suis toujours partie de cette idée et je ne connais pas grand monde (personne en fait) qui soit "sectaire" à la base, qui ne se soit pas dit au départ: "on va oublier nos différences et se concentrer sur la lutte".
    Malheureusement dans les faits ces différences d'idéaux sont inconciliables. J'ai cité un exemple (la proposition de "se débarrasser des sans papiers et d'arrêter les occupations": je ne vois vraiment pas comment on aurait pu mettre concrètement "nos différences d'idéaux de côté" et mener ensemble une lutte efficace?

    Ce même problème se pose très concrètement dans la plupart des squats entre légalistes et illégalistes. Ces positions renvoient à des problèmes très concrets. Il arrive que des municipalités ou proprios voient un avantage à officialiser l'occupation (ça revient à avoir des vigiles gratuits).
    Mais ce n'est pas sans contrepartie: le plus souvent les occupants sont interdits d'activités publiques. A Ivry la Mairie a exigé d'artistes de virer des colocataires opposants à la politique de logement de la ville (sous la menace de mettre fin à l'accord). De plus la plupart des squatters voient dans l'occupation illégale un message politique: le but n'est pas de reloger les mal logés un par un (on est pas des assistants sociaux), mais de lutter contre toute une logique capitaliste.

    L'exemple que j'ai cité plus haut (un tract signé du collectif par quelques individus sans concertation préalable, et contenant des appels à voter Machin) est hélas loin d'être isolé. Et je ne vois pas comment empêcher ces abus?
    Je pense aussi à une maison pour militantes âgées, censée être autogérée, en réalité sous la coupe d'une femme omniprésente dans les médias et qui a négocié un accord avec une mairie (sous conditions évidemment...) sans prévenir les autres femmes. Une fois que l'accord est signé, c'est trop tard, ce n'est plus un squat!

    Le problème du fric est récurrent: qui le gère? Comment doit-il être utilisé?

    Je pense à une affaire qui a violemment divisé une grosse organisation libertaire: le comptable qui gérait le fric commun voulait à tout prix acheter un local hors de prix à Paris. Les groupes n'habitant pas Paris n'étaient pas d'accord sur l'idée de s'endetter pour ce local Impossible de l'acheter et de ne pas l'acheter en même temps, impossible de satisfaire tout le monde, impossible de fonctionner chacun de son côté!

    Là aussi dans l'absolu l'autonomie de chaque groupe (s'ils ne mutualisent ni argent ni lieux, s'ils ne communiquent pas, s'ils ne font jamais d'action ensemble...) peut sembler une bonne solution: mais alors si les groupes n'ont aucun enjeu, aucun objectif commun, en quoi est-ce un groupe?

    Je voudrais donc bien avoir des détails sur des situations concrètes où des gens très différents politiquement ont été quand même efficaces dans la lutte. En tout cas je n'ai rien trouvé de tel dans le livre: les problèmes sont bien décrits mais pas d'exemples de solutions qui aient marché.
     
  7. Marc poïk
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    Marc poïk Sous l'arbre en feuille la vie est plus jolie Membre actif

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    Sur les collectifs auto-gestionnaires il n'y a pas grande solution. Bien souvent ils fonctionnent par groupe affinitaire.
    Question squat on en a un là qui tournait très bien mais va encore être expulsé et donc le morale des gens en prend un coup encore une fois. A force on perd même les bonne volontés. On en a eu un très bien sauf que comme c'était toujours les mêmes personnes qui supportait tout cela à viré à rien. Au final la ville qui tolérait notre présence nous a expulsé.
    Depuis janvier on a un groupe qui a cré un collectif pour gérer un local bien à nous mais cette fois en location via le secteur privé. L'idée en soit peut être intéressante sur le fait que au moins on aura plus à déménager. Sauf que là cela fait six mois que cela existe et tout compte fait le seul souci n'est même plus réellement la lutte mais la recherche du financement des lieux. Une énergie dingue passe là dessus. Question gestion ils l'ont fait sous forme d'association loi 1901 ( enfin je crois que en France vous appelez ça comme çà). Il y a un compte spécialement ouvert pour ce truc ou l'équipe de base à accès et les comptes ainsi que toutes les décisions financière sont ouverte à tous. Mais vu la recherche constante d'argent pour le financement du lieu on y perd de l'énergie.
    Un collectif qui a fonctionné c'est le D 19-20. Là sous la houlette des anars on a commencé la lutte contre le TAFTA en 2013. C'est un coté intéressant car il n'y avait aucun financement. On avait pas de lieu propre donc on squattait pour les réunions là ou on coulait bien nous ouvrir la porte. On ne lui a pas donné une forme juridique. C’était très anarchique vu qu'on ne demandait même pas l'autorisation de manifesté on s'imposait. On a réussi à bloquer le conseil des ministres européens ;) Ils étaient dedans et ne savaient plus sortir. ;) Le truc c'est qu'on est allé chercher les personnes et les groupes sensibles à cette cause. Les premiers avec qui on s'est allié ce sont les agriculteurs. Je ne te dis pas les palabres avec eux mais chacun a mit ses dissensions de coté et ça a très bien fonctionné. La lutte en 2013 était franchement anarchiste. S'en est suivit que pour continuer on a du chercher d'autres alliances et là on a eu les ONG et une partie des syndicats. Ils ont prit très vite le dessus , ont canalisé notre lutte pour en faire un machin pas anar du tout. Donc on leur à dit merde sans leur dire et on a fait ce qu'on voulait sans leur demandé.
    On a pas encore fait vraiment de débriefing là dessus mais c'est un de s plus grand exemple de lutte ou on à vu tant d'individus d'origines idéologiques différentes se mettre ensemble et réussir.
    Mais ceci est le coté lutte à proprement parlé. Les collectifs auto gestionnaires qu'ils soient squat ou pas sont des parties de l’ensemble. Le plus gros problème étant de ne pas se faire absorbé par les autres. Mais avec ce truc du TAFTA on constate qu'un grand nombre ont rejoins les rangs des libertaires et ça continue.

    Un genre d'auto gestion qui fonctionne très bien est clanic. Mais ils ne font pas de lutte revendicative. Ce sont des anars individualistes qui vivent leur anarchie individualiste dans un monde capitaliste qu'ils emmerdent.
     
  8. ninaa
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  9. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Effectivement comme dans les exemples que tu cites j'ai pu constater que c'est dans les moments d'adversité (et même d'affrontements) qu'on oublie que "les ennemis de nos ennemis ne sont pas toujours nos alliés". D'où l'apparente unité des cortèges de tête par exemple, ou quand un squat est attaqué par la police.
    Les différends inconciliables se présentent plutôt dans la gestion au quotidien, ou quand il faut établir des stratégies (solliciter les élus, les médias, voter, arrêter ou continuer la grève, les occupations, les actions illégales, etc.).

    Un exemple flagrant de l'adage "Les ennemis de nos ennemis etc.": la FNSEA à Notre dame des Landes. Eux ne font même pas semblant de s'associer, même momentanément, avec "ces connards de militants écolos", puisque leur but si l'aéroport ne se fait pas est de s'approprier les terres, chasser les zadistes (y compris par la violence), en polluant un max avec nitrates et pesticides.
     
  10. Marc poïk
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    Marc poïk Sous l'arbre en feuille la vie est plus jolie Membre actif

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    Ce que j'ai souvent eu comme réaction quand on mélange les idéologies dans les groupes de lutte c'est au moment ou tu dis: bè moi je ne vote pas. Tu verrais la tête des croyants aux élections tu es directement le damné ;) Si tu dis je suis anarchiste ça va ils vont tenter de te récupérer mais ne pas voter là c'est la limite à ne pas dépasser ;). Mais bon malgré nos différences on tisse des lien d'amitié même parfois car on reste des humains. Je rigole en ce moment car depuis la fin de la lutte contre les lois travail en Belgique on voit la ligne de séparation; les anars d'un coté dans leur local et les autres ;) Moi bien sur comme j'aime emmerder mon monde je vais partout ils devront me supporter.
     
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