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Les couloirs de la mort au Japon : au sommet de l'horreur

Discussion dans 'Webzine - actualité des luttes et partage d'articles de presse' créé par KickTick, 1 Mars 2013.

  1. KickTick
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    KickTick Membre du forum

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    Mai 2012
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  2. extrême-gauche, révolutionnaire
    Jeudi 21 février, trois condamnés à mort ont été pendus au Japon. Ces exécutions interviennent quelques mois après l'entrée en fonctions du gouvernement de Shinzo Abe, dont l'orientation à droite ne laisse guère supposer que le pays s'oriente vers l'abolition de la peine capitale : dix condamnés ont connu le même sort au cours du précédent et bref mandat de M. Abe (2006-2007). Les dernières exécutions n'ont guère suscité de grands débats. Selon les sondages, la majorité des Japonais est favorable à la peine de mort et les abolitionnistes sont peu entendus. Avec les Etats-Unis et la Corée du Sud, le Japon est le seul pays avancé à maintenir cette sentence.
    Bien que l'effet dissuasif de celle-ci soit objet de débat parmi les criminologues, l'Etat japonais argue du taux de criminalité le plus bas des pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour justifier non seulement la peine capitale mais aussi des conditions carcérales parmi les plus dures. En matière de droits des détenus et de présomption d'innocence, l'ordre public se paie cher dans l'Archipel.

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    Les exécutions par pendaison sont entourées du plus grand secret. Les familles ne sont informées qu'après. A l'isolement, sans possibilité de communiquer avec les autres détenus, les condamnés des "couloirs de la mort" attendent des mois, souvent des années leur dernier jour. Chaque jour, à l'aube, ils comptent les pas des gardiens dans le couloir : s'il y en a plus que d'habitude, c'est qu'il y aura ce jour-là une exécution. Masao Akahori a vécu trente et un ans cette angoisse de l'aube avant d'être rejugé et déclaré innocent. Une fois, les gardiens avaient ouvert sa cellule et étaient prêts à prononcer la formule fatidique "Le temps est venu" lorsqu'ils s'aperçurent qu'ils s'étaient trompés de condamné...

    Ils sont actuellement 134 qui attendent d'être exécutés, le plus grand nombre de l'histoire du Japon. Certains ministres de la justice instaurent un moratoire de fait en ne signant pas d'ordre d'exécution. Ce fut le cas de juillet 2010 à mars 2012. Mais la plupart appliquent la loi.

    Dans les "couloirs de la mort", comme dans les autres quartiers, les conditions de vie des détenus sont particulièrement dures. Il règne dans les prisons depuis la fin des années 1960 une discipline d'une rigueur extrême. Il est "interdit de parler et de regarder ailleurs que droit devant soi", rappellent des pancartes. Ateliers et cantines sont des lieux silencieux. Les prisonniers, en uniforme de toile verte, portant sandales et casquette, ne peuvent se parler que pendant les pauses de quinze minutes et après le dîner. Ils se déplacent au pas cadencé, balançant les bras le long du corps, les yeux fixés sur la nuque de celui qui les précède. Une fouille au corps a lieu deux fois par jour.

    Cette discipline, archaïque au regard de l'évolution de la condition pénitentiaire dans d'autres pays avancés (les prisons japonaises sont régies par une loi datant de 1908), permet d'éviter les problèmes de la plupart des prisons occidentales, font valoir les autorités nippones. Absence de mutineries, de drogue, peu d'agressions de gardiens ou de rixes, des évasions rares.

    Le pendant de cette rigueur, dans les 188 prisons et centres de détention du Japon, c'est une opacité qui autorise bien des abus d'autorité. Les mises à l'isolement peuvent dépasser soixante jours, et l'usage d'un "ceinturon à menottes", qui enserre la taille et immobilise les mains des détenus récalcitrants ou violents, est parfois à l'origine de suffocations. La dureté de la condition carcérale viserait à inculquer un "sentiment de honte" chez le prisonnier, dont le délit ou le crime relèverait d'une "perte de sens moral".

    Une autre expression du pouvoir discrétionnaire des autorités est la garde à vue. Le prévenu peut être interrogé par la police pendant vingt-trois jours sans la présence d'un avocat. Beaucoup "craquent" et avouent des délits ou crimes qu'ils n'ont pas commis. Les condamnations sont prononcées le plus souvent sur la base d'"aveux". Même si ce n'est pas le cas, un jugement revient dans la majorité des cas à une condamnation. A la fin 2012, un Népalais condamné à perpétuité a été reconnu non coupable d'un crime pour lequel il avait passé quinze ans en prison, bien qu'il ait toujours clamé son innocence. L'introduction du système de jury populaire en 2009 ne semble guère avoir changé les choses.
     
  3. Seekiu
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    Seekiu Membre du forum Membre actif

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    Déc 2012
  4. libertaire, anarchiste, auto-gestionnaire
    Il n'y a pas que dans les prisons que la discipline est dure. Le sentiment patriote est très fort la bas, les japonais vivent en partie pour leur pays. C'est d'ailleurs de là que vient la culture du manga, du cosplay de tout ce qui est fantaisiste et coloré, c'est une manière d'échapper à la rigueur institutionnelle en société.
     
    Dernière édition par un modérateur: 2 Mars 2013
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