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l'égalité

Discussion dans 'Activisme, théories et révolution sociale' créé par ?, 9 Avril 2006.

  1. on peut pas s'approprié une "propriétée" qui est déja propriétée collective (à personne en particulier mais à l'ensemble des personnes) si la propriété privée à été abolie.... c'est juste un principe de logique...
     
  2. chu_pas_unmouton
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    chu_pas_unmouton Membre du forum Membre actif

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    Jan 2006
    Je m'excuse mais sa vient de ou et ça quoi avoir avec mon post et si ce n'est pas pour moi bien sry.
     
  3. ?
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    ? Membre du forum

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    Avr 2006
    Pourquoi serait-elle à l'ensemble des personnes plutôt qu'a personne. Qu'est-ce qui fait que ce qui existe sur cette planète soit tout d'un coup la propriété de tous. Et si l'homme va sur la Lune, devient-elle propriété de tous. Moi, je l'ai déjà dit, ce qui, à mon avis, est le critère de la propriété c'est le travail. Si tu affirme que la propriété est celle de tous, alors dis-moi en vertu de quel critère nous pouvons dire qu'elle est telle. Si ton critère est solide, peut-être me convaiqueras-tu.
     
  4. chu_pas_unmouton
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    chu_pas_unmouton Membre du forum Membre actif

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    Jan 2006
    ok ce que tu dit sa vas bien mais si ces un effort collectif pour produire on quoi. On vas jouer a un jeu tu doit me dire a qui est la table ok celui qui donne le bois pour la construire celui qui fabrique le marteau celui qui fabrique les clou celui vas finalement l'assembler. le fermier qui vas donner la nourriture pour mettre dessus ou bob qui en aurais besoin mais qui n'a pas participer mais qui a fournie les chaise pour que l'on puisse s'assoire alors la table est a qui? on ce bat juste la mort? Ou bien on la partage? et chacun donne ce qu'il a . Je te laisse sur sa au lieu de s'approprier , partager
     
  5. chu_pas_unmouton
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    chu_pas_unmouton Membre du forum Membre actif

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    Jan 2006
    a oui et pour répondre a la question pourquoi pas justement
     
  6. ?
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    ? Membre du forum

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    Avr 2006
    L'important n'est pas de savoir à qui est la table en tant que table. La propriété peut être considérée de façon abstraite. La monnaie est, par exemple, une forme d'expression du travail matérialisé. Donc, l'important et que chacun reçoit une part de propriété qui soit fonction de son travail. Puis, comme je l'ai déjà dit, puisqu'une part de la société n'est pas en mesure de contribuer au travail matériel, il faut produire des surplus de valeur pour eux. Je crois qu'au fond, en tant qu'idéal, le prédicat marxien qui nous dit de chacun selon ses capacités à chacun selon ses besoins, n'est pas totalement faux (en tant qu'idéal bien sur). L'économie n'est que l'étude des rapports entre besoins et ressources. Donc, il ne faut que créé un équilibre, c'est justement ça qui est très compliqué. Nous avons des capacités différentes et des besoins différents, voila une réalité inébranlable. La question est de trouver comment, dans un contexte concret, créé une société qui prenne en considération ces deux caractéristiques (au niveau économique bien sûr, car il n'est pas ici question des problèmes politiques, qui pour leur part sont un autre problème)
     
  7. Oi_Polloi
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    Oi_Polloi Webmaster d'Anarkhia.Org Membre actif

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    Août 2005
  8. libertaire, anarchiste, anarcho-communiste, internationaliste, auto-gestionnaire, synthèsiste
    Il y a cinquante sept ans, Paul Goodman a estimé que moins de dix pour cent du travail qu’on effectuait alors suffirait à satisfaire les besoins humains fondamentaux.
     
  9. Oi_Polloi
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    Oi_Polloi Webmaster d'Anarkhia.Org Membre actif

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    Août 2005
  10. libertaire, anarchiste, anarcho-communiste, internationaliste, auto-gestionnaire, synthèsiste
    "Par le fait même de sa naissance, chaque être a le droit de vivre et d’être heureux, Ce droit d’aller, de venir librement dans l’espace, le sol sous les pieds, le ciel sur la tête, le soleil dans les yeux, l’air dans la poitrine, - ce droit primordial, antérieur à tous les autres droits, imprescriptible et naturel, - on le conteste à des millions d’êtres humains. Ces millions de déshérités auxquels les riches ont pris la terre - notre mère nourricière à tous - ne peuvent faire un pas à droite ou à gauche, manger ou dormir, jouir en un mot de leurs organes, satisfaire leurs besoins et vivre, qu’avec la permission d’autres hommes ; leur vie est toujours précaire, à la merci des caprices de ceux qui sont devenus leurs maîtres. Ils ne peuvent aller et venir dans le grand domaine humain sans, à chaque pas, rencontrer une barrière, sans être arrêtés par ces mots : n’allez pas dans ce champ, il est à un tel ; n’allez pas dans ce bois, il appartient à celui-ci, ne cueillez pas ces fruits, ne pêchez pas ces poissons, ils sont la propriété de celui-là.

    Et s’ils demandent : Mais, alors, nous autres, qu’avons-nous donc ? Rien, leur répondra-t-on. Vous n’avez rien - et tout petits déjà, au moyen de la religion et des lois, on, aura façonné leur cerveau pour qu’ils acceptent sans murmure cette criante injustice.

    Les racines des plantes s’assimilent le suc de la terre, mais le produit n’en est pas pour vous, leur dit-on. La pluie vous mouille comme les autres, mais ce n’est pas pour vous qu’elle fait croître les récoltes, et le soleil ne rayonne que pour dorer des blés et mûrir des fruits dont vous ne goûterez pas. La terre tourne autour du soleil et présente alternativement chacune de ses faces à l’influence vivifiante de cet astre, mais ce grand mouvement ne se fait pas au profit de toutes les créatures, car la terre appartient. aux uns et pas aux autres, des hommes l’ont achetée avec leur or et leur argent. Mais par quels subterfuges, puisque l’or et l’argent sont contenus dans la terre avec ces métaux ?

    Comment se fait-il qu’une partie du tout puisse valoir autant que le tout ? Comment se fait-il s’ils ont acheté la terre avec leur or, qu’ils aient encore tout l’or ? Mystère !

    Et ces forêts immenses ensevelies depuis des millions de siècles par des révolutions géologiques, ils ne peuvent les avoir achetées, ni en avoir hérité de leurs pères puisque alors il n’y avait encore personne sur la terre ! C’est à eux tout de même, car, depuis les entrailles de la terre et le fond de t’océan jusqu’aux plus hauts sommets des grands monts, tout leur appartient - c’est. pour que celui-ci puisse donner une dot à sa fille que ces forêts ont poussé jadis ; c’est pour que celui-là puisse donner un hôtel à sa maîtresse que les révolutions géologiques ont eu lieu. - Et c’est pour qu’ils puissent sabler le champagne que ces forêts se sont lentement converties en houille.

    Mais si les déshérités demandent : Comment ferons-nous pour vivre si nous n’avons droit à rien ? Rassurez-vous, leur répondra-t-on : les possédants sont de braves gens, et pour peu que vous soyez sages, que vous obéissiez à toutes leurs volontés, ils vous permettront de vivre, en échange de quoi vous devrez, labourer leurs champs. leur faire des habits, construire leurs maisons, tondre leurs brebis, émonder leurs arbres, faire des machines, des livres ; en un mot, leur procurer toutes les jouissances physiques et intellectuelles auxquelles ils ont seuls droit. Si les riches ont la bonté de vous laisser manger leur pain, boire leur eau, vous devez les en remercier infiniment. car votre vie leur appartient en même temps que le reste.

    Vous n’avez le droit de vivre qu’avec leur bon plaisir, et à condition que vous travaillerez pour eux. Ils vous dirigeront ; ils vous regarderont travailler, ils jouiront des fruits de votre labeur, car ils y ont droit. Tout ce que vous pouvez mettre en oeuvre dans votre production leur appartient également. Alors qu’eux nés en même temps que vous, commanderont toute leur vie - toute votre vie vous obéirez ; alors qu’ils pourront se reposer à l’ombre des arbres, poétiser au murmure de la source, revivifier leurs muscles dans les ondes de la mer, retrouver la santé dans les sources thermales, jouir du vaste horizon sur le sommet des montagnes, entrer en possession du domaine intellectuel de l’humanité et converser ainsi avec les puissants semeurs d’idées, les infatigables chercheurs de l’au delà - vous, à peine sortis de la première enfance, vous devrez, forçats de naissance, commencer à traîner votre boulet de misère, vous devrez produire pour que d’autres consomment, travailler pour que d’autres vivent oisifs, mourir à la peine pour que d’autres soient dans la joie.

    Alors qu’ils peuvent parcourir en tous sens le grand domaine, jouir de tous les horizons, vivre en communion constante avec la nature et puiser à cette source intarissable de poésie les plus délicates et les plus douces sensations que l’être puisse ressentir, - vous n’aurez pour tout horizon que les quatre murs de vos mansardes, de vos ateliers, du bagne et de la prison ; vous devrez, machine humaine dont la vie se réduit à un acte toujours le même, indéfiniment répété, recommencer chaque jour la tâche de la veille, jusqu’à ce qu’un rouage se brise en vous, ou qu’usés et vieillis, l’on vous jette au ruisseau comme ne procurant pas un bénéfice suffisant.

    Malheur à vous si la maladie vous terrasse, si, jeunes ou vieux, vous êtes trop faibles pour produire au gré des possédants. - Malheur à vous si vous ne trouver personne à qui prostituer votre cerveau, vos bras, votre corps, vous roulerez d’abîme en abîme ; - on vous fera un crime de vos haillons, un opprobre de vos tiraillements d’estomac, la société entière vous jettera l’anathème et l’autorité, intervenant la loi à la main vous criera : Malheur aux sans gîte, malheur à qui n’a pas un toit pour abriter sa tête, malheur à qui n’a pas un grabat pour reposer ses membres endoloris, - malheur à qui se permet d’avoir trop faim quand les autres ont trop mangé, malheur à qui a froid quand les autres ont chaud, malheur aux vagabonds, malheur aux vaincus ! - Et elle les frappera pour s’être permis de n’avoir rien, alors que les autres ont tout. - C’est justice, dit la loi. - Cela est un crime, répondrons-nous, cela ne doit pas être, cela doit cesser d’exister, car cela n’est pas juste.

    Trop longtemps, les hommes ont pris et accepté pour règle morale l’expression de la volonté des forts et des puissants ; trop longtemps, la méchanceté des uns a trouvé des complices dans l’ignorance et la lâcheté des autres ; trop longtemps, les hommes sont restés sourds à la voix de la raison, de la justice et de la nature : trop longtemps ils ont pris le mensonge pour la vérité. Et voici ce qu’est la vérité : Qu’est-ce que la vie, sinon un perpétuel mouvement d’assimilation et de désassimilation qui incorpore aux êtres les molécules de la matière sous ses diverses formes et les leur arrache bientôt pour combiner à nouveau de mille autres manières ; un perpétuel mouvement d’action et de réaction entre l’individu et le milieu naturel ambiant qui se compose de tout ce qui n’est pas lui ; telle est la vie. Par son action continue, l’ensemble des êtres et des choses tend perpétuellement à l’absorption de l’individu, à la désagrégation de son être, à sa mort.

    La nature ne fait du neuf qu’avec du vieux, toujours elle détruit pour créer, elle ne fait jamais sortir la vie que de la mort, et il faut qu’elle tue ce qui est pour donner naissance à ce qui sera. La vie n’est donc possible pour l’individu que par une perpétuelle réaction de lui-même sur l’ensemble des êtres et des choses qui l’entourent. Il ne peut vivre qu’à condition de combattre la désassimilation que lui fait subir tout ce qui existe, par l’assimilation de nouvelles molécules qu’il doit emprunter à tout ce qui existe.

    Ainsi les êtres, à quelque degré de l’échelle qu’ils soient placés, depuis les zoophytes jusqu’aux hommes, sont-ils pourvus de facultés leur permettant de combattre la désassimilation de leur organisme en s’incorporant de nouveaux éléments empruntés au milieu dans lequel ils vivent. Tous sont pourvus d’organes plus ou moins parfaits destinés à les avertir de la présence de causes pouvant amener une brusque désassimilation de leur être. Tous sont pourvus d’organes leur permettant de combattre l’influence désorganisatrice des éléments.

    Pourquoi auraient-ils tous ces organes s’ils ne devaient s’en servir ? s’ils n’avaient pas le droit d’en faire usage ?

    Pourquoi des poumons, sinon pour respirer ; pourquoi des yeux, sinon pour voir ; pourquoi un cerveau, sinon pour penser ; pourquoi un estomac, sinon pour digérer la nourriture ? Oui, cela est ainsi : par nos poumons, nous avons le droit de respirer ; par notre estomac, nous avons le droit de manger ; par notre cerveau nous avons le droit de penser ; par notre langue, nous avons le droit de parler ; par nos oreilles, nous avons le droit d’entendre ; par nos yeux, nous avons le droit de voir ; par nos jambes, nous avons le droit d’aller et de venir.

    Et nous avons le droit à tout cela parce que par notre être nous avons le droit de vivre. Jamais un être n’a d’organes plus puissants qu’il n’en doit avoir ; jamais un être n’a une vue trop perçante, une ouïe trop fine, une parole trop facile, un cerveau trop vaste, un estomac trop bon ; des jambes, des pattes, des ailes ou des nageoires trop fortes.

    Aussi par nos jambes avons-nous droit à tout l’espace que nous pouvons parcourir ; par nos poumons, à tout l’air que nous pouvons respirer ; par notre estomac, à toute la nourriture que nous pouvons digérer ; par notre cerveau, à tout ce que nous pouvons penser et nous assimiler des pensées des autres ; par notre faculté d’élocution, à tout ce que nous pouvons dire ; par nos oreilles, à tout ce que nous pouvons entendre, et nous avons droit à tout cela parce que nous avons droit à la vie et que cela constitue la vie. Ce sont là les vrais droits de l’homme ! Nul besoin de les décréter : ils existent comme existe le soleil.

    Ils ne sont écrits dans aucune constitution, dans aucune loi, mais ils sont inscrits en caractères inneffaçables dans le grand livre de la nature et imprescriptibles.

    Depuis le ciron jusqu’à l’éléphant, depuis le brin d’herbe jusqu’au chêne, depuis l’atome jusqu’à l’étoile, tout le proclame. Ecoutez la grande voix de la nature ; elle vous dira que tout en elle est solidaire, que le mouvement général éternel, qui est la condition de la vie pour l’univers, se compose du mouvement général éternel de chacun de ses atomes, qui est la condition de la vie pour chacune des créatures.

    Les mouvements des infiniments petits comme ceux des infiniment grands se répercutent et réagissent indéfiniment les uns sur les autres. Et, puisque tout réagit sur nous, nous avons droits de vivre et la vie n’est possible qu’à cette condition.

    Par le fait de notre naissance, nous devenons copropriétaires de l’univers tout entier et nous avons le droit à tout ce qui est, à tout ce qui a été et à tout ce qui sera. Chacun de nous acquiert par sa naissance droit à tout, sans autres limites que celles que la nature elle-même lui a posées, c’est-à-dire la limite de ses facultés d’assimilation.

    Or, vous dites : C’est à moi ce champ, c’est à moi ce bois, c’est à moi cette source, c’est à moi cet étang, cette prairie, cette moisson, cette maison ; à vous qui dites cela, je réponds : Quand vous aurez fait en sorte que votre propriété, fraction de ce grand tout qui, par son action constante sur mon organisme, me pousse, de même que vous, vers la tombe, cesse de m’y pousser, je reconnaîtrai que vous seuls avez le droit d’en jouir.

    Quand vous aurez fait en sorte que les influences désagrégatrices de la nature n’aient d’action que sur vous, vous seuls aurez droit de puiser dans la nature de quoi réparer ce que la nature vous enlève. Mais, tant que l’humidité agira sur moi comme sur vous, la source et l’étang seront à moi comme à vous.

    Tant que vous n’aurez pas empêché la chaleur du soleil de me faire transpirer comme vous, elle mûrira fruits et moissons pour nous comme pour vous.

    Sachez qu’un homme de vingt ans n’a pas en lui une seule des molécules qui constituaient son être dix ans auparavant ; aussi quand vous aurez fait en sorte que, soit par la pluie, soit par le vent, soit de toute autre façon, ce qui a été à moi ne s’incorpore à vos propriétés, vous aurez le droit de m’empêcher de m’incorporer en retour ce qui me revient de vos propriétés.

    Mais tant que vous n’aurez pas fait en sorte que nous puissions, nous les hors-parts, les parias, vivre sans nous assimiler constamment des éléments que nous prenons dans le grand tout, nous aurons droit comme vous à ce grand tout et à chacune de ses parties, car nous sommes nés comme vous, nous sommes semblables à vous, nous avons des organes et des besoins comme vous, et nous avons droit à lavieetau bonheur comme vous.

    Si nousétions d’espèce animale inférieure à vous, je comprendrais cette exclusion : notre organisation et notre mode de vie seraient différents ; mais puisque nous sommes organisés comme vous, c’est que nous sommes vos égaux et que nous avons des droits égaux aux vôtres sur l’universalité des biens.

    Et si vous me dites que telle chose est à vous parce que vous en avez hérité, je vous répondrai que ceux qui vous l’ont laissée n’avaient pas le droit de le faire. Ils avaient droit de jouir de l’universalité des biens durant leur vie comme nous avons le droit d’en jouir pendant la nôtre, mais ils n’avaient pas celui d’en disposer après leur mort, car, de même que par notre naissance nous acquérons droit à tout, par notre mort nous perdons tous nos droits, car alors nous n’avons plus besoins de rien.

    De quel droit ceux qui ont vécu voudraient-ils nous empêcher de vivre ?

    De quel droit un agrégat de molécules voudrait-il empêcher ses propres molécules de se réagréger d’une façon plutôt qu’une autre ? De quel droit ce qui fut voudrait-il empêcher ce qui sera ? Quoi, parce qu’un homme des temps a habité un coin de terre, il en pourrait disposer pour l’éternité ? Y a-t-il rien de plus stupide que cette prétention d’un être éphémère faisant des donations perpétuelles à des êtres, à des institutions passagères ?

    Nous ne devons pas respecter ces prétentions de gens qui veulent vivre alors qu’ils sont morts, qui veulent avoir droits à tous les biens, alors qu’ils n’en ont plus besoin, et qui veulent disposer après leur mort de choses dont ils n’avaient droit de disposer que selon leurs besoins pendant leur vie.

    Et si vous me dites qu’ils avaient droit d’en disposer, car cela était une partie du produit de leur travail qu’ils avaient économisée, je vous répondrai que s’ils n’avaient pas consommé tout le produit de leur travail, c’est qu’ils ont pu s’en dispenser ; s’ils n’en avaient pas besoin, ils n’y avaient pas droit, et par conséquent ne pouvaient en disposer en votre faveur, et vous céder des droits qu’ils n’avaient pas.

    Le droit cesse où s’arrête le besoin.

    De même, si vous me dites que telle chose est à vous parce que vous l’avez achetée, je répondrai que ceux qui l’ont vendue n’avaient pas droit de vous la vendre. Ils avaient le droit d’en jouir suivant leurs besoins, comme nous avons le droit d’en jouir selon les nôtres. Ils avaient le droit d’aliéner leur part de jouissance et de vie, mais non d’aliéner la nôtre : ils pouvaient renoncer au bonheur pour eux, mais pas pour nous, et nous n’avons pas à respecter des transactions qui sont passées en dehors de nous et contre notre droit.

    La nature nous dit : Prends, et non pas achète. Dans tout achat, il y a un dupeur et un dupé - l’un qui tire profit de la transaction tandis que l’autre est lésé. Mais si chacun prend ce dont il a besoin, personne n’est lésé, attendu que chacun ayant ainsi ce dont il a besoin, il a aussi tout ce à quoi il a droit.

    La transaction commerciale est certainement une des causes de corruption pour l’humanité.

    Il n’est pas inutile de remarquer à ce sujet que tout ce qui, dans le fonctionnement social actuel, est contraire aux règles de la philosophie naturelle est, en même temps, une source de maux et de crimes, et que si tous les individus avaient à leur disposition l’universalité des biens, s’ils étaient assurés d’avoir, demain et après, ce qu’il faut pour vivre et être heureux, ainsi qu’ils y ont droit, les neuf dixièmes des crimes seraient supprimés, car ils ont pour mobile ce que vous appelez vol.

    Il faut bien nous pénétrer de cette vérité que du moment qu’un homme vend quelque chose, c’est qu’il n’en a pas besoin ; que dès lors il n’a pas besoin d’en disposer et d’empêcher ceux qui en ont besoin de s’en emparer, attendu que par le fait même qu’ils en ont besoin, ils y ont droit !

    De même que le vol, la prostitution disparaîtrait par l’application de nos théories philosophiques. Pourquoi une femme se prostituerait-elle, alors qu’elle aurait à sa disposition tout ce qui peut assurer son existence et son bonheur ? Et comment un homme pourrait-il acheter puisqu’il ne pourrait lui donner que ce qu’elle aurait droit d’avoir ? Et ainsi de tous les crimes, de tous les vices, qui disparaîtraient parce qu’auraient disparu leurs causes.

    L’être humain n’est sain et complet que par le libre exercice de sa pleine volonté.

    D’où vient le mensonge, la duplicité, la ruse, sinon de la contrainte imposée aux uns par les autres ? Ce sont les armes des faibles, et les faibles n’y ont recours que parce que les forts les y contraignent.

    Le mensonge n’est pas le vice du menteur, mais bien de celui qui le contraint à mentir. Enlevez la contrainte, la coercition, le châtiment, et nous verrons si le menteur ne dit pas la vérité.

    Que les uns cessent de contester à d’autres le droit à la vie, au bonheur, et la prostitution, l’assassinat disparaîtront, car les hommes naissent tous également libres et bons. Ce sont les lois sociales qui font les mauvais et les injustes, esclaves ou maîtres, spoliés ou spoliateurs, bourreaux ou victimes ? Chaque homme est un être autonome, indépendant ; c’est pourquoi l’indépendance de chacun doit être respectée. Toute atteinte à notre liberté naturelle, toute contrainte imposée est un crime qui appelle la révolte.

    Je sais bien que mon raisonnement ne ressemble en rien à l’économie politique enseignée par M. Leroy-Beaulieu, ni à la morale de Malthus, ni au socialisme chrétien de Léon XIII qui prêche le renoncement aux richesses au milieu de monceaux d’or, et l’humilité en se proclamant le premier de tous. Je sais bien que la philosophie naturelle choque de front toutes les idées reçues, soit religieuses, soit morales, soit politiques. Mais son triomphe est assuré, car elle est supérieure à toute théorie philosophique, à toute autre conception morale, parce qu’elle ne revendique aucun droit pour les uns qu’elle ne revendique également pour les autres, et qu’étant absolue égalité, elle porte en elle-même l’absolue justice. Elle ne se plie pas aux circonstances de temps et de milieu - et ne proclame pas alternativement bon ou mauvais le même acte.

    Elle n’a rien de coimmun avec cette morale à double face qui a cours parmi les hommes de ce temps et qui fait qu’une chose est bonne ou mauvaise suivant les latitudes et les longitudes.

    Elle ne proclame pas, par exemple, que le fait de s’emparer d’une chose et ne laisser à la place que le cadavre du précédent possesseur est tantôt affreux, tantôt sublime. Affreux si l’affaire se passe aux environs de Paris, sublime si elle a lieu aux environs de Hué ou de Berlin. Et comme elle n’admet ni punition ni récompense, elle ne réclame pas, dans le premier cas, la guillotine pour les uns, l’apothéose pour les autres. Elle substitue à toutes les innombrables et changeantes règles morales inventées par les uns pour asservir les autres, et prouvant par leur nombre et leur mobilité même leur fragilité, la justice naturelle, immuable règle du bien et du mal, qui n’est l’oeuvre de personne, mais résulte de l’organisme intime de chacun. Le bien, c’est ce qui nous est bon, ce qui nous procure des sensations de plaisirs, et comme ce sont les sensations qui déterminent la volonté, le bien, c’est ce que nous voulons, le mal, ce qui nous est mauvais, ce qui nous procure des sensations de douleur, c’est ce que nous ne voulons pas. « Fais ce que tu veux », telle est l’unique loi que notre justice reconnaisse, car elle proclame la liberté de chacun dans l’égalité de tous.

    Ceux qui pensent que personne ne voudrait travailler, si on n’y était contraint, oublient que l’immobilité c’est la mort - que nous avons des forces à dépenser pour les renouveler sans cesse et que la santé et le bonheur ne se conservent qu’au prix de l’activité - que personne ne voulant être malheureux et malade, tous devront occuper tout leurs organes pour jouir de toutes leurs facultés, car une faculté dont on ne fait pas usage n’existe pas et c’est une part de bonheur de moins dans la vie de l’individu.

    Demain comme aujourd’hui, comme hier, les hommes voudront être heureux, toujours ils dépenseront leur activité, toujours ils travailleront, mais le travail de tous étant productif de richesse sociale, le bonheur de tous et de chacun en sera augementé, et chacun pourra jouir ainsi du luxe auquel il a droit, car le superflu n’existe pas, et tout ce qui existe est nécessaire.

    L’homme n’est pas seulement un ventre, il est aussi un cerveau : il a besoin de livres, de tableaux, de statues, de musique, de poésie, comme il a besoin de pain, d’air et de soleil ; mais, de même que dans sa consommation il ne doit être limité que par ses facultés de production et, consommant selon ses besoins, il ne doit produire que selon ses forces. Or, qui pourrait mieux que lui connaître ses besoins ? Personne ; par conséquent, l’homme ne doit produire et consommer que selon sa volonté. "
     
  11. ?
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    Avr 2006
    Très intéressant ce texte, et très rousseauiste aussi. De plus je me rend compte que les propos que tiennent les anarchistes puisent leurs fondements philosophique chez Rousseau. Je parle beaucoup plus du Rousseau du Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi le hommes que du Rousseau du Contrat social. Pourquoi est-ce que je dis ça? Parce que je crois que l'on comprend les choses, que ce soit des idées ou des objets matériels, en partie par leur genèse. Je vois l'origine philosophique de l'anarchisme (du moins, de ce que l'on me dit ici de l'anarchisme) dans Rousseau. Alors, ce dernier texte que tu me présente, il est formidablement cohérent et très beau dans sa forme. Mais, si ses fondements philosophiques s'écroulent, alors il devient sans valeur. Cet certitude en la nature (quelle nature??) voilà ce que je vois dans ce texte. La nature est égalité, la nature est bonne, la nature est la source du bien moral, voilà les fondements de ce texte (du moins selon moi). Donc, pour engager la réflexion, puisque tu as décidé de répondre par la voix d'un autre, j'en ferai autant. Voilà donc une autre vision des choses qui présentent d'autres fondements.

    "Des tarentules

    Regarde, voici le repaire de la tarentule! Veux-tu voir la tarentule? Voici la toile qu'elle a tissée: touche-la, pour qu'elle se mette à s'agiter.

    Elle vient sans se faire prier, la voici: sois la bienvenue, tarentule! Le signe qui est sur ton dos est triangulaire et noir; et je sais aussi ce qu'il y a dans ton âme.

    Il y a de la vengeance dans ton âme: partout où tu mords il se forme une croûte noire; c'est le poison de ta vengeance qui fait tourner l'âme!

    C'est ainsi que je vous parle en parabole, vous qui faites tourner l'âme, prédicateurs de l'égalité! vous êtes pour moi des tarentules avides de vengeances secrètes!

    Mais je finirai par révéler vos cachettes: c'est pourquoi je vous ris au visage, avec mon rire de hauteurs!

    C'est pourquoi je déchire votre toile pour que votre colère vous fasse sortir de votre caverne de mensonge, et que votre vengeance jaillisse derrière vos paroles de "justice".

    Car il faut que l'homme soit sauvé de la vengeance: ceci est pour moi le pont qui mène aux plus hauts espoirs. C'est un arc-en-ciel après de longs orages.

    Cependant les tarentules veulent qu'il en soit autrement. "C'est précisément ce que nous appelons justice, quand le monde se remplit des orages de notre vengeance" - ainsi parlent entre elles les tarentules.

    "Nous voulons exercer notre vengeance sur tous ceux qui ne sont pas à notre mesure et les couvrir de nos outrages" - c'est ce que jurent en leurs coeurs les tarentules.

    Et encore: "Volonté d'égalité - c'est ainsi que nous nommerons dorénavant la vertu; et nous voulons élever nos cris contre tout ce qui est puissant!"

    Prêtres de l'égalité, la tyrannique folie de votre impuissance réclame à grands cris l'"égalité": votre plus secrète concupiscence de tyrans se cache derrière des paroles de vertu!

    Vanité aigrie, jalousie contenue, peut-être est-ce la vanité et la jalousie de vos pères, c'est de vous que sortent ces flammes et ces folies de vengeance.

    Ce que le père a tu, le fils le proclame; et souvent j'ai trouvé révélé par le fils le secret du père.

    Ils ressemblent aux enthousiastes; pourtant ce n'est pas le coeur qui les enflamme, - mais la vengeance. Et s'ils deviennent froids et subtils, ce n'est pas l'esprit, mais l'envie, qui les rend froids et subtils.

    Leur jalousie les conduit aussi sur le chemin des penseurs; et ceci est le signe de leur jalousie - ils vont toujours trop loin: si bien que leur fatigue finit par s'endormir dans la neige.

    Chacune de leurs plaintes a des accents de vengeance et chacune de leurs louanges à l'air de vouloir faire mal; pouvoir s'ériger en juges leur apparaît comme le comble du bonheur.

    Voici cependant le conseil que je vous donne, mes amis, méfiez-vous de tous ceux dont l'instinct de punir est puissant!

    C'est une mauvaise engeance et une mauvaise race; ils ont sur leur visage les traits du bourreau et du ratier.

    Méfiez-vous de tous ceux qui parlent beaucoup de leur justice! En vérité, ce n'est pas seulement le miel qui manque à leurs âmes.

    Et s'ils s'appellent eux-mêmes "les bons et les justes", n'oubliez pas qu'il ne leur manque que la puissance pour être des pharisiens!

    Mes amis, je ne veux pas que l'on me mêle à d'autres et que l'on me confonde avec eux.

    Il en a qui prêchent ma doctrine de la vie: mais ce sont en même temps des prédicateurs de l'égalité et des tarentules.

    Elles parlent en faveur de la vie, ces araignées venimeuses: quoiqu'elles soient accroupies dans leurs cavernes et détournées de la vie, car c'est ainsi qu'elles veulent faire mal.

    Elles veulent faire mal à ceux qui ont maintenant la puissance: car c'est à ceux-là que la prédication de la mort est le plus familière.

    S'il en était autrement, les tarentules enseigneraient autrement: car c'est elles qui autrefois surent le mieux calomnier le monde et allumer les bûchers.

    C'est avec ces prédicateurs de l'égalité que je ne veux pas être mêlé et confondu. Car ainsi me parle la justice: "Les hommes ne sont pas égaux."

    Il ne faut pas non plus qu'ils le deviennent. Que serait donc mon amour du Surhumain si je parlais autrement?

    C'est sur mille ponts et sur mille chemins qu'ils doivent se hâter vers l'avenir, et il faudra mettre entre eux toujours plus de guerres et d'inégalités: c'est ainsi que me fait parler mon grand amour!

    Il faut qu'ils deviennent des inventeurs de statues et de fantômes par leurs inimitiés, et, avec leurs statues et leurs fantômes, ils combattront entre eux le plus grand combat!

    Bon et mauvais, riche et pauvre, haut et bas et tous les noms de valeurs: autant d'armes et de symboles cliquetants pour indiquer que la vie doit toujours à nouveau se surmonter elle-même!

    La vie veut elle-même s'élever dans les hauteurs avec des piliers et des degrés: elle veut scruter les horizons lointains et regarder au delà des beautés bienheureuses, - c'est pourquoi il lui faut des hauteurs!

    Et puisqu'il faut des hauteurs, il lui faut des degrés et de l'opposition à ces degrés, l'opposition de ceux qui s'élèvent! La vie veut s'élever et, en s'élevant, elle veut se surmonter elle-même.

    Et voyez donc, mes amis! voici la caverne de la tarentule, c'est ici que s'élèvent les ruines d'un vieux temple, - regardez donc avec des yeux illuminés!

    En vérité Celui qui assembla jadis ses pensées en un édifice de pierre, dressé vers les hauteurs, connaissait le secret de la vie, comme le plus sage d'entre tous!

    Il faut que dans la beauté, il y ait encore de la lutte et de l'inégalité et une guerre de puissance et de suprématie, c'est ce qu'Il nous enseigne ici dans le symbole le plus lumineux.

    Ici les voûtes et les arceaux se brisent divinement dans la lutte: la lumière et l'ombre se combattent en un divin effort.-

    De même, avec notre certitude et notre beauté, soyons ennemis, nous aussi, mes amis! Assemblons divinement nos efforts les uns contre les autres! -

    Malheur! voilà que j'ai été moi-même mordu par la tarentule, ma vieille ennemie! Avec sa certitude et sa beauté divine elle m'a mordu au doigt!

    "Il faut que l'on punisse, il faut que justice soit faite - ainsi pense-t-elle: ce n'est pas en vain que tu chantes ici des hymnes en l'honneur de l'inimitié!"

    Oui, elle s'est vengée! Malheur! elle va me faire tourner l'âme avec de la vengeance!

    Mais, afin que je ne me tourne point, mes amis, liez-moi fortement à cette colonne! J'aime encore mieux être un stylite qu'un tourbillon de vengeance!

    En vérité, Zarathoustra n'est pas un tourbillon et une trombe; et s'il est danseur, ce n'est pas un danseur de tarentelle! -


    Ainsi parlait Zarathoustra.

    Friedrich Nietzsche, "Des tarentules", Ainsi parlait Zarathoustra"

    Donc, si Nietzsche a raison, l'auteur dont tu as cité le texte a tord, et si cet auteur a raison, Nietzsche a tord (j'ai pris Nietzsche parce que le contraste était frappant). Donc, deux choix s'offrent à nous à présent. Soit nous continuons à nous envoyer de tels textes et laissont ainsi les penseurs penser entre-eux à défaut de n'être capable de le faire par nous même, ou soit nous nous interrogons par nous-mêmes sur la validité des fondements sur lesquels tu sembles t'appuyer. Ainsi pourrons-nous peut-être y découvrir la vérité (ou la fausseté). Alors, si tu m'explicais en quoi les fondements du textes que tu as cité sont défendables face à aux attaques dont elle peut être victime (celles de Nietzsche par exemple)
     
  12. Oi_Polloi
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  13. libertaire, anarchiste, anarcho-communiste, internationaliste, auto-gestionnaire, synthèsiste
    Il faudra que tu trouve un autre philosophe que Nietzsche pour contredir l'anarchisme car il touche énormément a l'anarchisme.
     
  14. ?
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    Avr 2006
    Ce n'est pas parce que Nietzsche touche a certains points de l'anarchisme qu'il est pour l'anarchisme. Je vois dans plusieurs valeurs et fondements des propos des anarchistes que j'ai jusqu'ici entendu beaucoup de chose auquel Nietzsche s'oppose. À moins que tu me dises que Nietzsche était anarchiste (ce qui serait absurde), je ne vois aucune raison de trouver un autre philosophe pour ébranler les fondements du texte dont tu m'as cité un extrait. Ce n'est pas parce qu'un penseur partage des visions qui peuvent se rapprocher de l'anarchisme qu'il l'est. Par exemple, je ne crois pas qu'il suffit dê croire en la liberté, en les capacité de l'homme et en sa bonté pour être anarchiste. Nietzsche nous parle dans le texte que j'ai cité (et à beaucoup d'autres endroit dans son oeuvre) de cette morale de l'esclave, c'est-à-dire la morale de l'homme du ressentiment. Je crois que si Nietzsche avait lu le texte que tu m'as présenté, il aurait probablement trouvé que c'est un texte qui reflète très bien cette morale. C'est en ce sens que je dis que Nietzsche vient ébranler les fondements de l'anarchisme, car pour lui, il s'emble très clair (entre autres dans la généalogie de la morale) que de tels mouvement sont issus de la morale de l'esclave, car l'esclave ne se perçoit qu'en réaction au maître. L'esclave n'agit pas, il ne fait que réagir (selon Nietzsche bien sûr).
     
  15. Oi_Polloi
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  16. libertaire, anarchiste, anarcho-communiste, internationaliste, auto-gestionnaire, synthèsiste
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    Avr 2006
    Ce texte est très intéressant et il ne fait que renforcer l'idée que certains liens se font entre les auteurs ou entre un auteur et un mouvement tout en se dissosiant du même coup. De plus, il ne faut pas oublier que la littérature des commentateurs de Nietzsche est très vastes et les débats entourant ses liens avec les autres mouvement ne sont jamais complètement tranché. Mais, ce qui reste certain, c'est que Nietzsche avait une haine profonde pour les mouvements populaires tels que les associations de travailleurs, les mouvements socialistes et anarchistes etc. Nietzsche voulait revenir à l'esprit aristocratique grec. Quoi qu'il en soit, les paralèles entre Nietzsche et Stirner sont tout de même à prendre en considération (avec précaution par contre)
     
  18. Oi_Polloi
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    Oi_Polloi Webmaster d'Anarkhia.Org Membre actif

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    Août 2005
  19. libertaire, anarchiste, anarcho-communiste, internationaliste, auto-gestionnaire, synthèsiste
    alors sa perception de la morale est tres altéré et c'est normal qu'il entre en complet désacord avec la philosophie de la nature comme jtai présenté plus tôt. Ca la été pareil pour le Darwinisme.
     
  20. ?
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    Avr 2006
    Oui, mais ce n'est qu'une explications parmis tant d'autres (une explications que je trouve un peu réductrice). Et puisque tu te permets de me renvoyer constamment à des textes (méthode que je ne préconise pas) alors en voici un qui, selon-moi, montre quelques dangers des idéologies (l'anarchisme en étant une, selon moi toujours) et qui explique aussi les dangers de tels réductionnisme le texte est une brève explication des thèses de Isaiah Berlin

    "Il a réfléchi sur la liberté de manière à défendre un pluralisme radical évitant les écueils du relativisme (Éloge de la liberté, 1969). D’une part, il ne cessera d’approfondir la notion de théorie et de système et, d’autre part, le sens de la liberté. Il est un des spécialistes de la pensée russe. On dira de lui : « C’est un sceptique qui aspire à la foi ». Il a créé une discipline nouvelle : l’histoire des idées. Il fera toute sa carrière d’intellectuel inclassable, mordant, inattendu, sans idéologie et sans école.

    * * *

    Si on découvrait un jour la Vérité, on se rendrait compte qu’elle n’est pas très intéressante. Les idées fausses gouvernent l’Histoire. La force des idéologies est sans rapport avec leur vérité. Le génie va de pair avec l’intolérance. Les idées ont leur vie propre, indépendante de leur auteur. La pensée n’existe que matérialisée dans un homme : quelqu’un avec qui dialoguer et argumenter. Même si elles sont vraies, certaines choses ne devraient pas être écrites. On ne peut avoir à la fois la connaissance et le bonheur.

    Il n’est pas facile de s’entretenir avec Sir Isaiah. L’homme est bourru, ironique, il trouve mes questions stupides et passe volontiers du coq à l’âne. Il a horreur des idées générales et se méfie de tout ce qui est simple.

    Pour Berlin, ce sont les idées qui façonnent l’Histoire. Malheureusement! Car la plupart d’entre elles, observe-t-il, sont folles et dangereuses. L’œuvre de Berlin consiste à retrouver le chemin de la liberté dans le dédale des idéologies.

    Quand les intellectuels, dans cent ans, étudieront notre époque, ils constateront que le XXè siècle a été dominé par deux phénomènes : le progrès des sciences d’un côté, la révolution russe de l’autre. Or, ces deux phénomènes, observe Berlin, sont des produits de l’idéologie dominante du XIXè siècle : la conviction que l’humanité est vouée au Progrès, et que ce Progrès doit être organisé. Un idéalisme qui est lui-même hérité de Platon! Traduit en termes politiques, on peut l’analyser de la manière suivante : il faut sacrifier la génération présente pour faire le bonheur des générations futures [2]. Alexandre Herzen, intellectuel russe du XIXè siècle, avait pourtant prédit l’échec de toute révolution. Il fut, en exil à Paris, un ardent partisan de la Révolution jusqu’à celle de 1848, raconte Berlin. C’est alors qu’il découvrit que les idéologies transforment les hommes en victimes ou en esclaves pour le bien des générations futures. Or, nota Herzen, seul le sacrifice est certain ; le bonheur futur, lui, ne l’est pas. Les révolutionnaires, ajoute Berlin, ont inventé une forme nouvelle de sacrifice humain sur l’autel des abstractions ― au nom de l’Église, de la Nation, du Parti, de la Classe, du Progrès, des forces de l’Histoire…

    La naissance des idées, explique Berlin, n’obéit à aucune logique historique, elle ne dépend que de l’apparition de génies, et celle-ci est imprévisible. Ainsi, Paris a-t-il été pendant deux cent cinquante ans le foyer des idées de gauche ― jusqu’en 1968, estime Berlin. L’autre berceau de l’idéologie progressiste a été Vienne. De là, entre 1860 et 1920, ont surgi une quantité spectaculaire de constructeurs de systèmes : Popper, Hayek, Bettelheim, Wittgenstein, Freud. Berlin, qui les a tous connus, les appelle les « monomaniaques de génie ». Ils adoraient, nous dit-il, pratiquer l’excommunication ― le génie va de pair avec l’intolérance. Tous voulaient que l’humanité « marche droit ». Ils ignoraient cette phrase de Kant : « Avec le bois tordu de l’humanité, il est impossible de faire quelque chose de droit. » Mais on ne peut pour autant tenir les idéologues pour responsables des conséquences de leurs systèmes. « Je n’estime pas, dit Berlin, que Hegel soit responsable de Marx, ni que Marx soit responsable du Goulag. Marx n’était certes pas un humaniste, il avait même un certain goût pour la violence. Mais le marxisme ne devait pas déboucher nécessairement sur ce que nous connaissons. Disons que le léninisme était l’un des débouchés possibles de Marx mais pas le seul envisageable. »

    Les idéologies ne s’inscrivent dans aucune nécessité historique, elles ne font qu’exprimer les préoccupations d’individus particuliers. Examinons le cas de Marx et de Disraeli qui sont à cet égard exemplaires. Tous deux sont juifs, mais se refusent comme tels. L’un et l’autre souhaitent s’intégrer à la société de leur temps, qui les rejette. Tous deux vont donc s’inventer des familles, des racines de substitution. Pour Marx, ce sera le prolétariat ; pour Disraeli, ce sera l’aristocratie. Marx ne connaît pas plus les prolétaires que Disraeli les aristocrates : ce sont, dans les deux cas, des produits de leur imagination, des catégories sociales mythiques auxquelles ils attribuent un destin prodigieux. Marx se fixera pour vocation de guider le prolétariat, et Disraeli de guider l’aristocratie. C’est ainsi que le monde a hérité du communisme et de l’impérialisme. « Car ce n’est pas parce que ces idéologies sont nées de préoccupations personnelles et limitées qu’elles n’ont pas, en tant que telles, une vocation universelle, explique Berlin. L’histoire des idéologies, ajoute-t-il, est faite de cette rencontre entre des destins particuliers et des préoccupations universelles. » Les idées mènent donc une vie propre, indépendante de leur auteur et des circonstances de leur naissance.

    Le succès d’une idéologie, explique Berlin, tient à sa simplicité et non pas à sa vérité. Plus une idéologie est élémentaire, attribuant par exemple une cause unique à l’Histoire, plus elle attire les foules. Par exemple, le marxisme est totalement inutile pour comprendre l’Histoire, il n’a jamais joué aucun rôle dans le développement économique, mais cela n’empêche pas qu’il y ait des marxistes. L’idéologie tient lieu de réflexion pour les masses sans culture. De surcroît, les idéologies du XIXè siècle ont des prétentions scientifiques : ceux qui y adhèrent y gagnent soudain le prestige de la connaissance. La répétition de slogans, mots de passe et catéchismes divers, tient lieu d’analyse : c’est très commode et pas fatigant. Enfin, l’idéologie exonère généralement les individus de toute responsabilité : il leur suffit de s’abandonner aux forces de l’Histoire, aux lois du Progrès, pour être dans le vrai. Ce qui leur arrive ne dépend plus d’eux, mais de leur condition sociale ou nationale. Cela vaut aussi bien pour le marxisme que pour le fascisme. Croire que l’Histoire a un sens nécessaire est le fondement de toutes les idéologies. Les historiens ne sont pas les derniers à le faire croire : « c’est leur fonds de commerce ».

    Toutes ces raisons, dit Berlin, expliquent le succès particulier des idéologies parmi la jeunesse. « Quand j’entends dire que la jeunesse a besoin d’idéal, ajoute-t-il, je soupire : ce fameux idéal ne sert qu’à remplacer la connaissance et la responsabilité individuelle. » Peut-être ne peut-on accéder à la fois à la connaissance et au bonheur? Il est vrai, ajoute Berlin, que la jeunesse occidentale actuelle est la première depuis des générations à qui on ne demande pas de se sacrifier pour quelque chose : il n’y a plus de « causes ». Mais la liberté n’a jamais beaucoup d’amateurs ― beaucoup moins que l’esprit de système… « Les systèmes ne sont jamais détruits par les arguments de leurs adversaires ; ils ne sont détruits que par l’Histoire. »

    Berlin est en désaccord avec Hayek lorsque celui-ci estime indispensable, pour lutter contre l’étatisme, de proposer une utopie libérale de substitution. Je pense comme Raymond Aron, précise Berlin, que « tout système est une prison, tout système aveugle ». D’ailleurs, ajoute-t-il, le libéralisme ne peut devenir un véritable système idéologique, puisqu’il n’a pas de pontife et qu’il se garde d’avoir réponse à tout. Berlin a sa définition personnelle du libéralisme, très extensive : « Être libéral, c’est non seulement accepter les opinions divergentes, mais admettre que ce sont peut-être vos adversaires qui ont raison! » Berlin croit-il en quelque chose? Mais oui, répond-il, je crois que le scepticisme est une valeur éternelle qu’il nous faut préserver. Nous flottons, conclut-il, sur un bateau sans gouvernail, et nous ignorons où est le port : il faut donc continuer à naviguer! »"

    Bien que je crois fermement que tu ne seras pas d'accord avec moi pour dire que ce qui est dit ici des idéologies est applicable aux anarchistes (du moins ceux avec qui je me suis jusqu'ici entretenu sur ce forum), je crois qu'en faisant une lecture attentive des différents commentaires que l'on peut lire sur le forum (et surtout des texte auxquels nous sommes constamment renvoyés) tu sauras découvrir ce que Berlin dénonce.
     
  21. Oi_Polloi
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    Oi_Polloi Webmaster d'Anarkhia.Org Membre actif

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    Août 2005
  22. libertaire, anarchiste, anarcho-communiste, internationaliste, auto-gestionnaire, synthèsiste
    Prends cette vision en question elle répond a Berlin.

    "Aucune idée n’est innée en nous : elles nous viennent toutes à l’aide des sens, du milieu dans lequel nous vivons. Cela est si vrai que s’il nous manque un sens, nous ne pouvons nous faire aucune idée des faits correspondants à ce sens. Par exemple, jamais un aveugle de naissance ne pourra se faire une idée de la diversité des couleurs, parce qu’il manque de la faculté nécessaire pour percevoir le rayonnement des objets. En outre, suivant nos aptitudes, que nous apportons en naissant, nous possédons, soit dans un ordre d’idées, soit dans un autre, une plus ou moins grande faculté d’assimilation provenant de la plus ou moins grande faculté de réceptivité que nous avons à ce sujet. C’est ainsi, par exemple, que les uns apprennent facilement les mathématiques, et que d’autres ont une aptitude plus grande pour la linguistique. Cette faculté d’assimilation qui est en nous peut se développer dans une proportion variant à l’infini de chacun à chacun, par suite de la multiplicité de sensations analogues perçues.

    Mais, de même que si nous nous servons presque exclusivement de nos bras, ceux-ci acquerront une plus grande force aux dépens d’autres membres ou parties de notre corps et deviendront plus aptes à remplir leur rôle à mesure que les autres le seront moins ; de même, plus notre faculté d’assimilation s’exercera par suite de la multiplicité des sensations analogues développées dans un ordre d’idées, plus, relativement à l’ensemble de nos facultés, nous présenterons de force de résistance à l’assimilation d’idées venant d’un ordre inverse. C’est ainsi que, si nous sommes arrivés à croire telle chose ou telle idée véritable et bonne, toute idée contraire nous choquera et que nous présenterons à son assimilation une très grande force de résistance, alors qu’elle paraîtra à un autre si naturelle et si juste qu’il ne pourra se figurer que, de bonne foi, l’on puisse penser autrement. De tous ces faits nous avons chaque jour des exemples, et je ne crois pas que l’on en conteste sérieusement l’authenticité. Ceci posé et admis, et comme tout acte est le résultat d’une ou plusieurs idées, il devient évident que pour juger un homme, pour arriver à conaître la responsabilité d’un individu dans l’accomplissement d’un acte, il faut pouvoir connaître chacune des sensations qui ont déterminé l’accomplissement de cet acte, en apprécier l’intensité, savoir qu’elle faculté de réceptivité ou quelle force de résistance chacune a pu rencontrer en lui, ainsi que le laps de temps pendant lequel il aura été soumis à l’influence de chacune d’abord, de plusieurs ensuite, et de toutes après.

    Or, qui vous donnera la faculté de percevoir et de sentir ce que les autres perçoivent et ressentent, ou ont perçu et ressenti ? Comment pourrez-vous juger un individu si vous ne pouvez connaître exactement les causes déterminantes de ses actes ? Et comment pourrez-vous conaître ces causes et toutes ces causes, ainsi que leur relativité entre elles, si vous ne pouvez pénétrer dans les arcanes de sa mentalité et vous identifier à lui de façon à connaître son moi parfaitement ? Mais il faudrait pour cela connaître son tempérament mieux que l’on ne connaît souvent le sien propre ; bien plus : avoir un tempérament semblable, se soumettre aux mêmes influences, vivre dans le mêm milieu pendant le même laps de temps, seul moyen de se rendre compte du nombre et de la force des influences de ce milieu, comparativement à la faculté d’assimilation que ces influences ont pu rencontrer en cet individu.

    Il y a donc impossibilité de juger nos semblables, résultant de l’impossibilité où nous sommes de connaître exactement les influences auxquelles ils obéissent et leur force des sensations déterminantes de leurs actes, comparativement à leurs facultés d’assimilation ou à leur force de résistance. Mais si cette impossibilité n’existait pas, nous n’arriverions au plus qu’à nous rendre un compte exact du jeu des influences auxquelles ils auraient obéi, de la relativité qu’il y a entre elles, de la plus ou moins grande force de résistance qu’ils auraient à leur opposer, de leur plus ou moins de puissance de réceptivité à subir ces influences ; mais nous ne pourrions pas pour cela connaître leur responsabilité dans l’accomplissement d’un acte, par cette bonne et magnifique raison que la responsabilité n’existe pas.

    Pour bien se rendre compte de la non-existence de la responsabilité, il suffit de considérer le jeu des facultés intellectuelles chez l’homme. Pour que la responsabilité existât, il faudrait que la volonté déterminât les sensations, de même que celles-ci déterminent l’idée, et celles-là l’acte. Mais bien au contraire, ce sont les sensations qui déterminent la volonté, qui lui donnent naissance en nous et qui la dirigent. Car la volonté n’est que le désir que nous avons de l’accomplissement d’une chose destinée à satisfaire un de nos besoins, c’est-à-dire à nous procurer une sensation de plaisir, à éloigner de nous une sensation de douleur, et, par conséquent, il faut que ces sensations soient ou aient été perçues pour que naissent en nous la volonté. Et la volonté, créée par les sensations, ne peut être changée que par de nouvelles sensations, c’est-à-dire qu’elle ne peut prendre une autre direction, poursuivre un autre but, que si des sensations nouvelles font naître en nous un nouvel ordre d’idées ou modifient en nous l’ordre d’idées préexistant. Cela a été reconnu de tous temps et vous le reconnaissez vous-mêmes tacitement, car, en somme, faire plaider devant vous le pour et le contre, n’est-ce pas prouver que des sensations nouvelles, vous arrivant par l’organe de l’ouïe, peuvent faire naître en vous la volonté d’agir d’une façon ou d’une autre, ou modifier votre volonté préexistante ? Mais, comme je l’ai dit en commençant, si l’on est habitué, par suite d’une longue succession de sensations analogues, à considérer telle chose ou telle idée comme bonne et juste, toute idée contraire nous choquera, et nous présenterons à son assimilation une très grande force de résistance.

    C’est pour cette raison que les personnes âgées adoptent moins facilement les idées nouvelles, attendu que dans le cours de leur existence elles ont perçu une multiplicité de sensations émanant du milieu dans lequel elles ont vécu, et qui les ont ammenées à considérer comme bonnes les idées conformes à la conception générale de ce milieu sur le juste et l’injuste. C’est aussi pour cette raison que la notion du juste et de l’injuste a sans cesse varié dans la cours des siècles, que, de nos jours encore, elle diffère étrangement de climat à climat, de peuple à peuple, et même d’homme à homme. Et, comme ces diverses conceptions ne peuvent être que relativement justes et bonnes, nous devons en conclure qu’une grande portion, sinon la totalité de l’humanité, erre encore à ce sujet. C’est ce qui nous explique également pourquoi tel argument qui emportera la conviction de l’un, laissera l’autre indifférent.

    Mais d’une façon ou d’une autre, celui que l’argument aura frappé ne pourra pas faire que sa volonté ne soit déterminée dans un sens, et celui que l’argument aura laissé indifférent ne pourra pas faire que sa volonté ne reste la même, et par conséquent l’un ne pourra s’empêcher d’agir d’une façon et l’autre d’une façon contraire, à moins que de nouvelles sensations ne viennent modifier leur volonté.

    Bien que cela ait l’air d’un paradoxe, nous ne faisons aucun acte bon ou mauvais, si minime soit-il, que nous ne soyons forcés de faire, attendu que tout acte est le résultat de la relativité qu’il y a entre une ou plusieurs sensations nous venant du milieu dans lequel nous vivons, et la plus ou moins grande faculté d’assimilation qu’elle peut rencontrer en nous. Or, comme nous ne pouvons être responsables de la plus ou moins grande faculté d’assimilation qui est en nous, relativement à un ordre de sensations ou à un autre, ni de l’existence ou de la non-existence des influences provenant du milieu dans lequel nous vivons et des sensations qui nous en viennent, pas plus que de leur relativité et de notre plus ou moins grande faculté de réceptivité ou de résistance, nous ne pouvons être responsables non plus du résultat de cette relativité, attendu qu’elle est non seulement indépendante de notre volonté, mais encore qu’elle en est déterminante. Donc, tout jugement est impossible et toute récompense, comme toute punition, est injuste, si minime soit-elle, et quelque grand que puisse être le bienfait ou le méfait.

    On ne peut donc pas juger les hommes, ni même les actes, à moins d’avoir un criterium suffisant. Or, ce criterium n’existe pas. En tout cas, ce n’est pas dans les lois qu’on pourrait le trouver, car la vrai justice est immuable et les lois sont changeantes. Il en est des lois comme de tout le reste. Car, si ces lois sont bonnes, à quoi bon des députés et des sénateurs pour les changer ? Et, si elles sont mauvaises, à quoi bon des magistrats pour les appliquer ?"
     
  23. ?
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    Avr 2006
    « plus notre faculté d’assimilation s’exercera par suite de la multiplicité des sensations analogues développées dans un ordre d’idées, plus, relativement à l’ensemble de nos facultés, nous présenterons de force de résistance à l’assimilation d’idées venant d’un ordre inverse. C’est ainsi que, si nous sommes arrivés à croire telle chose ou telle idée véritable et bonne, toute idée contraire nous choquera et que nous présenterons à son assimilation une très grande force de résistance, alors qu’elle paraîtra à un autre si naturelle et si juste qu’il ne pourra se figurer que, de bonne foi, l’on puisse penser autrement »

    Très juste. En effet, c’est non seulement en s’exposant à diverses expériences que l’on se protège contre le dogmatisme, mais c’est également en explorant les divers courants philosophiques et politiques. (Et c’est donc pour cela que quiconque lit le texte que tu nous présentes s’aperçoit rapidement qu’il est empreint d’un matérialisme et d’un empirisme qui, lui aussi, doit être confronté aux différentes thèses philosophiques).

    « mais nous ne pourrions pas pour cela connaître leur responsabilité dans l’accomplissement d’un acte, par cette bonne et magnifique raison que la responsabilité n’existe pas.

    Pour bien se rendre compte de la non-existence de la responsabilité, il suffit de considérer le jeu des facultés intellectuelles chez l’homme. Pour que la responsabilité existât, il faudrait que la volonté déterminât les sensations, de même que celles-ci déterminent l’idée, et celles-là l’acte. Mais bien au contraire, ce sont les sensations qui déterminent la volonté, qui lui donnent naissance en nous et qui la dirigent. »

    Voilà une thèse purement déterministe. Traduisons ce qu’elle veut dire dans un langage plus explicite. En fait, considérant que rien ne vient de rien (car en effet, il est impossible que quelque chose ne vienne de rien), nous déduisons que tout s’enchaîne dans une relation causale. Autrement dit, il doit soit y avoir une chaîne causale infinie, ou soit il y a une cause première dont tout découle. Donc, considérant que tout effet est déterminé par sa cause et que tout s’inscrit dans une relation causale, nous pouvons facilement conclure que tout est effet, mis à part la cause première, si cause première il y a. Ainsi, il est évident que tout est déterminé, sauf la cause première. Ceci, je ne le conteste pas, car le raisonnement qui mène à cette conclusion me semble suffisamment convainquant. Par contre, ce que le texte semble déduire de cette conclusion, c’est que la volonté est déterminé au sens où il n’y aurait pas de liberté en-elle et donc, comme le soutient l’auteur du texte, pas de responsabilité. Considérons les conséquences d’une telle affirmation. Si l’auteur dit vrai, il n’y a aucune place pour la liberté en ce monde. Le fait que j’écris ces mots en ce moment était déterminé depuis le début de l’enchaînement causal qui a donné naissance à notre univers. De plus, rien ne sert de continuer cette discussion, car l’issue en est déjà déterminée. Puis, cette tasse et ce livre qui sont à ma droite en ce moment même, leur position et leur état d’être actuel étaient eux aussi déterminés depuis le début. Finalement, de ce déterminisme découle également une disparition de la responsabilité (comme le fait savoir l’auteur). Ainsi, je ne suis pas responsable des gens que je pille, que je tue, que je viol … Tout ceci est déterminé. Donc, l’individu devient une machine sans liberté, sans volonté, sans responsabilité.

    Maintenant, voyons si cette thèse est vraie. J’ai déjà dit que le fait que tout se suit dans une chaîne causale est évident. Puis, j’ai par la suite appuyée la conclusion selon laquelle tout effet est déterminé par sa cause. Le problème est que l’auteur soutient (et ce de façon implicite) que la nécessité (et également la liberté, ceci également de façon implicite) ne peut cohabiter avec la responsabilité. C’est là, selon moi, le problème. En effet, une cause ne détermine son effet seulement en tant qu’il est effet. Il détermine son Existence en tant qu’effet, c’est tout. Donc, dans le cas de l’homme, ont peut affirmer que ce dernier est l’effet d’une cause et donc que cette cause détermine son existence. Par contre, l’homme n’est pas simplement effet, il est également cause. Autrement dit, il peut à son tour être cause, non pas en tant qu’effet, mais bien en tant que cause. C’est ce qui fait en sorte qu’il peut être l’auteur d’actions. En effet, si, comme le laisse entendre l’auteur, la volonté est déterminée par nos sensations, l’homme ne peut pas commettre d’actions, mais seulement des réactions. Mais, comme je l’ai démontré, la volonté, qui est en l’homme, est bel et bien un effet, mais elle est également cause. Ceci ne veut en rien dire que nos sensations n’ont pas d’impacts sur notre volonté. Ce que je dis, c’est que nos sensations influencent notre volonté, mais elle ne la détermine pas. La seule observation peut confirmer mes propos. En effet, si un effet n’est qu’un effet et rien d’autre, c’est-à-dire s’il n’est pas cause, il ne peut hésiter. Par exemple, la roche n’hésite pas avant de tomber de la falaise sous l’effet de la gravitation. Autrement dit, les enchaînements naturels n’hésitent jamais. Ce n’est que dans l’homme que l’hésitation existe. L’homme hésite parce que sa volonté est libre et donc, si elle est libre, ce dernier est responsable de ces actions.

    Ce point étant clarifier j’aimerais revenir sur les propos de Berlin. Ce que je reproche à ceux qui ne font que citer, c’est qu’ils remplacent leur pensée par celle du penseur qu’ils citent. Il me semble tout à fait impossible que deux personnes pensent exactement la même chose. C’est pour cela que lorsque l’on cite un auteur on doit le faire en appuie à notre pensée (notre texte) et non substituer l’auteur à nos propres pensées. Ayant donc commis ce grave péché lors de mon dernier commentaire, je souhaite préciser les passages qui, selon moi, sont pertinents à notre discussion, et ceux que je n’endosse pas.

    « La naissance des idées, explique Berlin, n’obéit à aucune logique historique, elle ne dépend que de l’apparition de génies, et celle-ci est imprévisible. Ainsi, Paris a-t-il été pendant deux cent cinquante ans le foyer des idées de gauche ― jusqu’en 1968, estime Berlin. L’autre berceau de l’idéologie progressiste a été Vienne. De là, entre 1860 et 1920, ont surgi une quantité spectaculaire de constructeurs de systèmes : Popper, Hayek, Bettelheim, Wittgenstein, Freud. Berlin, qui les a tous connus, les appelle les « monomaniaques de génie ». Ils adoraient, nous dit-il, pratiquer l’excommunication ― le génie va de pair avec l’intolérance. Tous voulaient que l’humanité « marche droit ». Ils ignoraient cette phrase de Kant : « Avec le bois tordu de l’humanité, il est impossible de faire quelque chose de droit. » Mais on ne peut pour autant tenir les idéologues pour responsables des conséquences de leurs systèmes. « Je n’estime pas, dit Berlin, que Hegel soit responsable de Marx, ni que Marx soit responsable du Goulag. Marx n’était certes pas un humaniste, il avait même un certain goût pour la violence. Mais le marxisme ne devait pas déboucher nécessairement sur ce que nous connaissons. Disons que le léninisme était l’un des débouchés possibles de Marx mais pas le seul envisageable. »

    Ici, je ne suis pas aussi radical que Berlin. Je ne crois pas qu’il y ait aucune détermination historique qui annonce les penseurs. Par exemple, le climat social du XIXe siècle était propice à l’apparition de la pensée de Marx. De plus, sans Hegel pas de Marx. Je crois seulement que les idéologies (comme le marxisme) qui subordonne les hommes à une nécessité de l’histoire n’ont aucune légitimité, puisqu’ils nient ainsi la liberté qui, selon moi (comme je l’ai démontré en début de texte) immanente à l’homme.

    « Le succès d’une idéologie, explique Berlin, tient à sa simplicité et non pas à sa vérité. Plus une idéologie est élémentaire, attribuant par exemple une cause unique à l’Histoire, plus elle attire les foules. »

    Voilà le point essentiel (selon moi) de ce court texte que je me suis (malencontreusement) permis de citer. Je crois que le monde (physique ou social) est infiniment complexe. Attribuer des explications simplistes aux problèmes de notre époque est probablement la source même de l’idéologie. L’exploitation, l’aliénation, l’orgueil, l’amour-propre… ne sont que quelques exemples de causes que l’on retrouve constamment dans le langage idéologique. De plus, l’idéologie est de plus en plus présente dans nos sociétés, et ce, même après les désastres engendrés par le nazisme et le communisme. Je ne citerai qu’un exemple, mais je suis conscient que ce n’est qu’une goûte d’eau dans l’océan. Le scientisme est, je dirais, l’idéologie la plus dominante en ce début de XIXe siècle. Souvent appuyé par l’idéologie utilitariste, qui est à l’heure actuelle le paradigme par excellence de notre raison, elle est souvent dévastatrice. Rare sont ceux qui contestent les études scientifiques. Vous voulez rendre un projet légitime, faite-lui passer le test de la science. Si le résultat est positif, vous n’aurez qu’à citer des études pour en attester la légitimité devant ceux qui vous regardent d’un air suspect. Il ne faut jamais ignorer qu’une théorie n’est scientifique que dans la mesure où elle peut être falsifiée (ce qu’à démontrer Popper). Si notre théorie ne peut être falsifiée, elle entre dans le champ de la métaphysique. Ceci, bien des gens semblent l’oublier. Le pire est que ce comportement de foi aveugle en la science est encouragé par le phénomène de vulgarisation. En effet, quoi de mieux pour l’homme moyen de consulter un livre de vulgarisation scientifique ou d’écouter un programme télévisé du même genre. Je ne ferai que reprendre les mots de Wittgenstein en disant que la vulgarisation est destinée à faire croire aux gens qu’ils comprennent quelque chose qu’en fait ils ne comprennent pas. Cette apparente simplicité (critère, selon Berlin, de l’idéologie) nourrit le dogme scientifique.
     
  24. Oi_Polloi
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    Oi_Polloi Webmaster d'Anarkhia.Org Membre actif

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    Août 2005
  25. libertaire, anarchiste, anarcho-communiste, internationaliste, auto-gestionnaire, synthèsiste
    C'est drole sa me rappele l'histoire de l'anarchiste Leon Czolgosz qui a tuer le président américain William McKinley a cause qui disait qu'il avait été influancer par Emma Goldman pendant une de ses conférence...

    Ce que tu m'amene comme argument c'est de la philo pour tourner en rond.
    Dite moi ce que vous voulez et je ferai en sorte de vous montrer comment vous en passer..

    Entre moi pis toi.. dit moi ce que l'humanité a a perdre!
    Nous avons raisons.. tu as simplement peur que sa marche pas comme on le veut.. tu peut m'amener des 100taine de philosophes.. la seule chose que tu va montrer c'est des gens qui ont peur de ce qu'ils ne conaissent pas et tente d'anticiper les fins pour s'évité de travailler pour arriver a ce but.. je percoit énormément de fatalisme et de défaitisme dans tes philosophes et auteurs. Pour ce qui est de toi je crois que c'est simplement la peur. Il faudrait que tu soit confronté a la vie en communauté pour comprendre ce que nous disons.
     
  26. ?
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    Avr 2006
    Je crois que ce que tu appelles peur, je l'appel prudence. Je crois que le fait de confronter ses idées à une d'autres idées (que ce soit libéralisme, réalisme, communisme, communautarisme et bien d'autres) nous fait prendre conscience de la complexité des problèmes et, de ce fait même, nous met sur nos gardes. De plus, un simple regard sur l'histoire peut nous en apprendre beaucoup. Je crois que sur ce point, l'un des meilleurs livres qui soit est "Le passé d'une illusion". Ce livre est un essai sur l'histoire de la progression de l'idée communiste dans la pensée occidentale. Le titre du livre veut tout dire. En fait, l'auteur nous montre comment une illusion est née, s'est nourrie et est, aujourd'hui, pratiquement morte. Je crois que ce livre est formateur en ce sens qu'il nous amène à reconnaître les signes qui annoncent la venue de systèmes idéologiques tels que le communisme. En ce sens, il éguise notre prudence. Tu as entièrement raison de dire que j'ai une certaine crainte. Le fait est que, selon moi, nous devrions tous avoir cette crainte (entendu que cette crainte ressemble plus à de la prudence qu'à de la peur).

    Je crois que la puissance de l'homme réside dans sa raison. Les idées, en tant que produit de la raison sont, selon moi, les créations les plus puissantes de l'homme. Beaucoup plus puissantes que toutes les armes de destruction massive connues. En ce sens, il est nécessaire de les manipuler avec précausion. Autrement dit, explorer tous les racoins des idées qui se présentent à nous. Encore une fois, l'histoire nous donne une leçon intéressante. Il suffit de se poser la question suivante: À quel moment les régimes idéologiques et autoritaires sont apparus au XXe siècle? Prenons les deux plus terribles, c'est-à-dire le communisme bolchéviuque en Russie et le National socialisme en Allemangne. Le premier surgit à un moment où la Russie, pays le plus arriéré d'Europe, est en pleine crise. Le pays est à bout de souffle et la guerre emplifie l'état de crise. Le Tsar a perdu sa légitimité et des mutineries commencent à apparaître dans l'armée impériale. En un mot, c'est la crise. Pour ce qui est de l'Allemagne, rappelons nous que l'économie allemande a été durement touchée par la guerre. Le traité de Versailles est considéré par plusieurs comme une vraie humiliation. La dette, l'inflation, le chaumage, ont un effet désastreux sur la nation. La crise économique de 1929 arrive à un bien mauvais moment pour la république de Weimar. Encore une fois, c'est la crise totale. Ces états de crise sont souvent à l'origine des révolutions rapides et violentes qui ébranlent les pays (bien que dans le cas de Hitler le changement de pouvoir se soit fait sans trop de violence). Ce climat est propice à l'avènement de leaders charismatiques transportants avec eux des idéologies qui s'appuient souvent (pour ce qui est du XXe siècle) sur la science.

    Ce comportement, on le retrouve chez plusieurs personnes qui se disent révolutionnaires. Ils nous disent qu'il faut agir tout de suite, que la révolution est nécessaire, que nous ne pouvons plus attendre... En d'autres mots, ils précipitent l'action. Ce comportement est essentiellement comparable à celui qui a été adopté par les leaders des régimes totalitaires qui ont pris le pouvoir en prônant une action directe et rapide dans un état de crise. En ce sens, mon attitude envers les différents discours politique est toujours de prendre le temps de bien juger avant d'agir. Comme je l'ai déjà dit, j'aime mieux agir une seule fois dans ma vie, mais bien agir que d'agir toute ma vie sans prendre le temps de bien juger de mes actions. La société est une construction humaine, mais c'est une construction très fragile. Un faux pas et tout peut s'écrouler. Si l'on construit les fondations croche, c'est tout l'édifice qui en sera affecté. Alors, c'est pour ces nombreuses raisons que je me questionne sur les fondements et que, le temps venu, je serai en mesure d'agir.
     
  27. Oi_Polloi
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    Oi_Polloi Webmaster d'Anarkhia.Org Membre actif

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    Août 2005
  28. libertaire, anarchiste, anarcho-communiste, internationaliste, auto-gestionnaire, synthèsiste
    C'est une des raisons pourquoi je prone la Non-Violence.

    Petit text que j'ai trouver sur la morale....