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Histoire La riposte ouvrière au coup d'Etat fasciste à Barcelone (18 & 19 juillet 1936)

Discussion dans 'Webzine - actualité des luttes et partage d'articles de presse' créé par Ungovernable, 25 Janvier 2010.

  1. [FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Le 17 juillet un quarteron de Généraux (dont F. Franco) se soulèvent aux Canaries.
    Le 18 juillet l'appel au soulèvement militaire est diffusé dans toute la péninsule, le 19 juillet la contre offensive ouvrière (CNT & UGT) renverse la situation dans les grands centres urbains : Barcelone, Madrid, Bilbao, Valence, ...
    Ainsi commence au choix la guerre civile espagnole ou la révolution sociale.
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    [FONT=Times New Roman, Times, serif]La journée du 18 juillet s'écoula très lentement dans une chaleur lourde, étouffante, qui rendit l'angoisse de l'attente encore plus pesante. Un client, qui nous achetait le journal tous les jours, nous déclara, tout en jetant un coup d'œil à la première page : Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi les militaires sortent toujours de leurs casernes la nuit.
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    [FONT=Times New Roman, Times, serif] La question resta en suspens sans qu'aucun d'entre nous ne se hasarde à en faire le moindre commentaire. En effet, pourquoi ne sortaient-ils pas de leurs casernes à n'importe quelle heure du jour ?
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    [FONT=Times New Roman, Times, serif] Vers midi, quelqu'un passa au kiosque et nous dit qu'il avait appris "de bonne source" que la garnison de Séville était descendue dans la rue et avait déclaré l'état de guerre. Les heures [/FONT][FONT=Times New Roman, Times, serif]continuèrent à s'écouler lentement sans que rien ne laisse augurer un changement de situation. Vers les sept heures du soir, alors que nous nous apprêtions à fermer le kiosque, un gars du POUM (Parti ouvrier d'unification marxiste) vint nous annoncer, très nerveux : L'attente est finie. Cette nuit, ils descendent.
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    [FONT=Times New Roman, Times, serif] Il nous lança un "salut" d'une voix forte et enthousiaste, puis il s'éloigna à grandes enjambées.[/FONT]
    [FONT=Times New Roman, Times, serif]Mon ami et moi, nous nous regardâmes d'un air interrogateur. En principe, nous devions retourner dans notre quartier où les gars se retrouvaient tous les jours. Mais pourquoi ne pas faire un tour du côté du centre-ville pour voir ce qui se passait ?
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    [FONT=Times New Roman, Times, serif] Nous optâmes pour cette dernière solution, mais nous pûmes soin de bien mettre notre carte de la CNT dans notre poche, car le bruit avait couru qu'en cas de distribution d'armes, on exigerait la présentation de la carte syndicale. En arrivant sur les célèbres Ramblas, nous les trouvâmes pleines de monde. Les gens formaient des groupes qui discutaient de l'incertitude de la situation en faisant circuler toutes sortes de rumeurs confuses, d'autant plus aisément que l'information diffusée par la radio était des plus chiches.
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    [FONT=Times New Roman, Times, serif] Tout devenait rumeur, exagérée ou pessimiste, car chacun se demandait avec quelles armes on allait s'opposer à la troupe maintenant qu'il était évident que la Generalitat ferait tout sauf armer le peuple.[/FONT]
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    [FONT=Times New Roman, Times, serif][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Francisco Ascaso peut avant sa mort
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    [FONT=Times New Roman, Times, serif]Mon copain me proposa d'aller voir au Syndicat des transports, sur la Rambla de Santa Monica, situé en face de la caserne de Atarazanas, presque au bout de la célèbre avenue. En arrivant, nous vîmes que plusieurs camarades montaient la garde devant la porte, interdisant l'accès au local dans lequel devait sans doute se tenir une réunion d'information. Nous apprîmes par la suite que notre supposition était exacte et que les informateurs étaient les membres du Comité local de défense, quasiment au complet, avec Durruti et Garcia Oliver, les membres restants s'étant rendus dans d'autres lieux pour y remplir la même mission. En résumé, l'information consistait à prévenir les camarades que le gouvernement refusait d'armer le peuple et que, comme on était sûr à présent que le moment crucial de l'affrontement était pour cette nuit, on demandait à chacun de se procurer une arme par n'importe quel moyen, en attaquant des armureries ou de toute autre façon. Nous approchâmes d'un des groupes qui étaient en train de se former devant l'entrée du syndicat, sur la chaussée. Nous entendîmes quelqu'un qui disait :
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    [FONT=Times New Roman, Times, serif]Quel culot il a cet Escofet quand même (il s'agissait du commissaire général de l'Ordre public de Barcelone), d'envoyer un capitaine au syndicat pour réclamer les fusils que le marin Yagüe a réussi à piquer dans les navires marchands ancrés dans le port.[/FONT]
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    [FONT=Times New Roman, Times, serif][/FONT][FONT=Times New Roman, Times, serif]- Oui, mais Durruti lui en a donné pour son grade au capitaine des gendarmes. Si bien qu'il est reparti la queue entre les jambes et, paraît-il, dans une humeur telle qu'il aurait déclaré à son supérieur qu'il ferait mieux d'aller tenter sa chance lui-même. Escofet a dû penser qu'il avait intérêt à ne pas bouger de la préfecture de police, Via Layetana, où sa sécurité au moins était assurée.[/FONT]
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    [FONT=Times New Roman, Times, serif]Mon copain et moi, nous contemplions la scène les yeux brillants.
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    [FONT=Times New Roman, Times, serif] Nous quittâmes l'esplanade de la Rambla de Santa Monica pour remonter en direction de la place de Catalogne; mais en arrivant à la hauteur de la rue Fernando, nous tombâmes sur un groupe de jeunes gens qui sortaient de l'armurerie Berintany avec des fusils de chasse et quelques revolvers. C'étaient les premiers ouvriers que nous voyions armés, maîtres enfin de la rue, car aucun agent de police ne tenta de s'opposer au cambriolage et encore moins de désarmer les garçons. Nous assistâmes ensuite aux premiers instants marquants de ce 19 juillet en voyant descendre des automobiles sur lesquelles étaient peintes les lettres CNT-FAI, et qui klaxonnaient sans arrêt les six initiales tout au long des Ramblas. La situation était devenue irréversible. Le peuple, mal armé, mais plein d'ardeur, était prêt à faire front à toute éventualité.[/FONT]
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    [FONT=Times New Roman, Times, serif]Nous continuâmes à déambuler, remontant et descendant les Ramblas dans l'attente que se produise l'événement à la fois espéré et redouté. Il devait être deux ou trois heures du matin quand nous entendîmes des ouvriers dire qu'à la Generalitat, on était en train de distribuer des armes. Nous les suivîmes dans la rue Fernando jusqu'à la place Sant Jaime où se trouvaient -et se trouvent encore- le palais de la Generalitat de Catalogne et l'Hôtel de Ville de Barcelone, l'un en face de l'autre. La place était pleine de monde. Le palais de la Generalitat était cerné par un cordon de gendarmes chargés de le protéger et d'empêcher qu'on ne le prenne d'assaut. Le vacarme était énorme et les cris qui fusaient de la foule réclamaient tous la même chose : des armes ! des armes ! des armes ![/FONT]
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    Je ne saurais dire, pas plus aujourd'hui qu'à l'époque, combien de gens s'étaient rassemblés sur cette place, mais ce dont je suis sûr c'est que, comme on dit chez nous : on n'aurait pas pu y glisser une âme de plus.[/FONT]
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    [FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Dans les rues de Barcelone, sur le bus une banderole appelle à la mobilisation pour Zaragosse[/FONT]
    [FONT=Times New Roman, Times, serif]C'était une belle nuit étoilée.
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    [FONT=Times New Roman, Times, serif] La lune brillait haut dans le ciel et il soufflait une brise qui rafraîchissait ce suffocant mois de juillet. Cependant, personne ne regardait les étoiles; des centaines d'yeux étaient fixés sur le balcon de la Generalitat tandis que les voix, rauques à force de crier, continuaient à exiger des armes !
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    [FONT=Times New Roman, Times, serif]On supposait que le président de la Generalitat finirait par apparaître au balcon pour tranquilliser le peuple en l'assurant qu'on distribuerait des armes le moment venu. Tous les présents avaient été témoins de l'échec de la tentative de Lluis Companys, quand, faisant confiance à ses troupes, il avait proclamé la République catalane à l'intérieur d'une Espagne fédérale le 6 octobre 1934. Sa rébellion contre le gouvernement central de Madrid avait duré quelques heures à peine et Companys, abandonné par les siens, avait dû se rendre au général Batet, chef militaire de Barcelone. Il fallait éviter que le même scénario ne se répète : si on n'armait pas immédiatement le peuple, les militaires fascistes allaient déclencher une Saint-Barthélemy et instaurer leur dictature.[/FONT]
    [FONT=Times New Roman, Times, serif]Parmi les manifestants, le bruit courut que Durruti avait lancé un appel aux ouvriers du port de la Barceloneta, leur demandant de se rendre sur la place de Sant Jaime afin de faire pression sur Companys et, au cas où celui-ci refuserait de céder, de prendre le palais d'assaut. je ne savais trop que penser de tout ça, mais j'avais néanmoins le sentiment que si le président de la Generalitat continuait à refuser d'armer le peuple, on courait à la catastrophe. Je ne me souviens pas de l'heure qu'il était exactement. Par les haut-parleurs installés sur la place pour que l'on puisse écouter les informations émises de temps à autre par Radio Barcelone, on entendait des appels au calme... que personne ne voulait plus entendre tandis que tous les regards se concentraient sur le balcon auquel apparut, un bref moment, Companys, faisant des gestes avec les mains comme pour apaiser la multitude. Quand le président se fut retiré dans son bureau, le silence tomba sur la place et l'on ne perçut plus qu'une rumeur de fond. Quelqu'un à côté de moi regarda sa montre: il était cinq heures du matin; et à cet instant précis, le speaker de la radio annonça d'une voix tremblante :
    Citoyens de Barcelone, à l'heure où je vous parle, les troupes d'infanterie de la caserne de Pedralbes viennent de sortir de leur enceinte et de se mettre en marche dans l'avenue Diagonal en direction du centre- ville. Chacun à son poste.[/FONT]
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    Nous échangeâmes des regards angoissés, nous demandant ce que voulait dire ce "chacun à son poste".
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    [FONT=Times New Roman, Times, serif] À quel poste ? Pour faire quoi ?
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    [FONT=Times New Roman, Times, serif] Mais la voix du speaker s'était à peine éteinte dans les haut-parleurs que montait le hurlement des sirènes des navires ancrés dans le port, d'abord timidement puis de plus en plus fort, rejoint par celui des sirènes des mille fabriques de textile qui jalonnaient les quartiers ouvriers de Barcelone.
    C'était un moment tragique.
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    [FONT=Times New Roman, Times, serif] Plus personne ne demandait d'armes, personne ne disait mot, le silence s'était abattu comme par enchantement, signe de l'angoisse qui paralysait toutes les gorges. Les sirènes continuaient à déchirer l'air de ce matin de juillet. Nous savions tous que ce hurlement était le signal convenu par les comités de fabrique pour avertir les Barcelonais que l'heure tant anxieusement attendue était arrivée. Les gens se poussaient du coude les uns les autres, faisant mine de vouloir prendre d'assaut le palais de la Generalitat que l'on supposait contenir des armes. Les gendarmes qui montaient la garde voyaient par moments l'espace qui les séparait de la foule se rétrécir dangereusement. Il se produisit alors une chose véritablement insolite : l'un des gendarmes qui tenait son mousqueton à l'épaule tourna les yeux vers son arme, puis son regard glissa le long de son côté droit, jusqu'à la cartouchière à laquelle était fixé son revolver; un éclair d'intelligence dut alors lui faire comprendre qu'il avait une arme de trop et, rompant la discipline, il dégaina son revolver et le tendit à l'ouvrier le plus proche. Les autres gendarmes l'imitèrent et en un clin d'œil, trois cents personnes se virent ainsi armées. Les chanceux se frayèrent un chemin parmi la foule et dévalèrent la rue Fernando en direction des Ramblas. La multitude se dispersa et la place resta déserte. Lluis Companys, enfermé dans son bureau, se retrouva dans la solitude de son pouvoir délégitimé par l'acte spontané des gendarmes, lequel servit de détonateur à la révolution prolétaire en marche. En effet, la révolution avait commencé.[/FONT]
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    [FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]sur les barricades.[/FONT]
    [FONT=Times New Roman, Times, serif][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Peuple contre armée[/FONT][/FONT]
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    [FONT=Times New Roman, Times, serif]En quelques instants, la topographie urbaine de Barcelone changea. Un peu partout, on commença à élever des barricades avec les pavés des rues. Sur les Ramblas, au milieu même de la place Arc du théâtre, on dressa deux imposantes barricades, l'une tournée vers le port, l'autre vers la place de Catalogne. À l'angle formé par les deux barricades s'installa le centre dirigeant de la résistance à l'insurrection militaire. Là je pus voir les membres du Comité de défense de la CNT-FAI donner des ordres à des militants qui s'empressaient d'aller les exécuter, Il fallait déjouer la tentative de putsch en élaborant une contre-stratégie : marcher sur la ville, proclamer l'état de guerre et occuper les centres de pouvoir.[/FONT]
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    [FONT=Times New Roman, Times, serif]Il était difficile d'établir avec exactitude les effectifs de la garnison militaire de Barcelone car, comme on était en été, on avait accordé de nombreuses permissions de vacances, et encore plus difficile de savoir sur quels appuis civils comptaient les factieux. Toutefois, en totalisant les cinq casernes d'infanterie, de cavalerie et d'artillerie établies dans la ville, on pouvait estimer le chiffre des soldats à une dizaine de milliers, plus les renforts que ces derniers étaient susceptibles de recevoir en provenance des gardes civils, lesquels, d'après les bruits qui couraient, étaient divisés entre ceux qui demeuraient fidèles à la République et ceux qui avaient choisi de rejoindre la sédition.
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    [FONT=Times New Roman, Times, serif] Quant aux forces contrôlées par le Comité de défense CNT-FAI local, elles s'étendaient à la grande masse des ouvriers inscrits à la CNT, mais sans armes. On ne pouvait réellement compter que sur les groupes de militants de la CNT concentrés dans les huit comités de défense de district ou de quartier entre lesquels ils étaient répartis, et les groupes anarchistes (FAI). Seuls ces militants possédaient quelques armes, peut-être une centaine de revolvers de divers calibres, à peu près autant de fusils et de bombes de fabrication artisanale. Pour que ce modeste arsenal fût de quelque efficacité, il fallait imaginer une stratégie qui multipliât son effet.
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    [FONT=Times New Roman, Times, serif]Le Comité de défense avait mis au point le stratagème suivant: laisser les troupes avancer jusqu'au centre-ville sans les attaquer, puis élever des barricades sur leurs arrières afin d'empêcher leur repli dans les casernes. Les groupes d'ouvriers chargés d'accomplir cette mission investirent les égouts et les tunnels du métro ; c'est ainsi qu'ils se déplacèrent à travers la ville jusqu'à parvenir sur les arrières de l'ennemi et ériger rapidement des barricades. Cette stratégie révolutionnaire atteignit son but. Les soldats furent harcelés du haut des toits et de derrière les barricades.
    L'objectif était d'obliger les soldats à gâcher le maximum de munitions dans l'idée qu'une fois leurs réserves épuisées, ils se rendraient d'eux-mêmes. Mais il était évident que les choses n'allaient pas marcher comme sur des roulettes; en fait, on s'attendait bien à avoir à se battre, comme cela n'a pas manqué d'arriver sur la place d'Espagne et dans le Paralelo, voie dont les rebelles s'efforcèrent d'assurer la maîtrise afin de pouvoir contrôler le port maritime et la base d'hydravions qui s'y trouvait. On stoppa également l'avance es troupes sur a place de Catalogne, au carrefour de l'avenue Diagonal et du Paseo de Gracia, dans la rue Claris et sur le quai le long de la place du Palais.
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    [FONT=Times New Roman, Times, serif] Là, les ouvriers du port de la Barceloneta réussirent à arracher des mains des artilleurs de la caserne des Docks deux ou trois pièces d'artillerie. Cela se passait vers dix heures du matin, moment où des centaines d'ouvriers encerclèrent la caserne, empêchant les soldats d'en sortir. La nouvelle de la victoire courut comme une traînée de poudre parmi les défenseurs des barricades, Un docker nommé Lecha, un type de quelque deux mètres de haut, s'empara d'un des canons et, avec l'aide d'autres travailleurs du port, le tira jusqu'au Paseo de Colon. De là, ils tirèrent sur le bâtiment de la Capitainerie générale, siège de l'état-major des rebelles. À midi, les militaires du Paralelo étaient vaincus grâce à l'intervention d'un caporal d'infanterie qui tua d'un coup de fusil le chef qui les commandait. Après cela les soldats fraternisèrent avec le peuple et de nombreux fusils passèrent aux mains des ouvriers, de sorte que, bien que le rapport des armements restât inégal, le pouvoir prolétaire se renforçait considérablement.
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    [FONT=Times New Roman, Times, serif] À partir de treize heures, toutes les forces populaires se concentrèrent sur les Ramblas et aux abords de la place de Catalogne, face à la troupe qui s'était retranchée dans le central téléphonique et l'hôtel Colon, afin de donner l'assaut final aux deux derniers réduits qui résistaient encore. C'est alors que tous ceux qui se trouvaient là virent surgir de la rue Fontanella, sans que quiconque sache d'où ils sortaient, une compagnie de gardes civils, avec leur tête le colonel Escobar.
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    [FONT=Times New Roman, Times, serif] Nul ne s'opposa à leur passage et les gardes prirent position sur la place de Catalogne avec l'intention manifeste de marcher sur l'hôtel Colon. Aussitôt et comme par enchantement, les militaires cessèrent le feu tant à l'hôtel Colon qu'au central.
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    [FONT=Times New Roman, Times, serif] Il y eut un moment de flottement parmi les ouvriers qui restèrent comme paralysés, car personne ne savait réellement si les gardes civils venaient au secours des assiégés ou pour faire cause commune avec le peuple. Cependant, la situation s'éclaircit rapidement. Durruti, qui se trouvait parmi ceux qui assiégeaient le central téléphonique, donna l'ordre de se lancer sur l'édifice, lequel ne tarda pas à tomber entre leurs mains, les factieux ayant hissé le drapeau blanc. C'est ainsi que les ouvriers se rendirent maîtres du central téléphonique.[/FONT]
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    [FONT=Times New Roman, Times, serif]Les soldats retranchés dans l'hôtel Colon hissèrent eux aussi le drapeau blanc et se rendirent aux gardes civils. C'est alors que l'on comprit que l'intervention de ces derniers était destinée à empêcher les ouvriers de lyncher les chefs et officiers de l'armée qui avaient contraint les soldats à tirer contre le peuple. Tout cela se passait entre quatorze et quinze heures en ce 19 juillet, heure à laquelle on pouvait donner pour avortée la tentative de putsch. Les combats avaient duré une douzaine d'heures.[/FONT]
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    [FONT=Times New Roman, Times, serif]Mais pour en finir réellement, il fallait s'emparer de la caserne d'Atarazanas, sur la Rambla Santa Monica, juste en face du gouvernement militaire, dans laquelle se trouvaient encore pas mal d'officiers en train de tirer sur le peuple.[/FONT]
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    [FONT=Times New Roman, Times, serif]À seize heures trente, le général Goded, chef du soulèvement militaire, qui avait été conduit prisonnier au palais de la Generalitat, fit, à l'instigation de Lluis Companys, la déclaration suivante sur les ondes de Radio Barcelone: Soldats, le sort m'a été contraire et je me trouve prisonnier. je libère donc tous ceux qui m'ont suivi de leur engagement à mes côtés.[/FONT]
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    [FONT=Times New Roman, Times, serif] [/FONT][FONT=Times New Roman, Times, serif]Après la déclaration du général Goded, ce fut le sauve-qui-peut général.
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    [FONT=Times New Roman, Times, serif] Les officiers et responsables assiégés dans leurs casernes négocièrent leur reddition ou prirent la fuite comme ils purent.[/FONT]
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    [FONT=Times New Roman, Times, serif] La première caserne qui tomba aux mains des ouvriers fut celle de Pedralbes, qui fut immédiatement rebaptisée du nom de Mikhaïl Bakounine. Comme cela allait se passer avec les autres casernes, les armes de Pedralbes furent saisies par les travailleurs et la Barcelone angoissée de cinq heures du matin prit alors des airs de fête révolutionnaire.[/FONT]
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    [FONT=Times New Roman, Times, serif]J'avoue qu'en dépit de l'engagement dont j'avais fait preuve en partageant l'angoisse collective et maintenant le délire révolutionnaire, je n'avais pas eu l'occasion de tenir une arme dans les mains, et par conséquent je n'avais pas tiré un seul coup de fusil. je n'avais été qu'un parmi la ribambelle de gavroches qui avaient surgi au cours de cette fameuse journée, courant à droite et à gauche en essayant de se rendre utiles aux combattants, et qui partageaient à présent avec eux le goût de la victoire inespérée d'une cause que nous donnions au départ pour perdue. Le soir, après avoir parcouru la ville de barricade en barricade pour transmettre la consigne "CNT" en montrant ma carte syndicale, le réussis à atteindre le siège du Comité de défense. Ce dernier s'était déjà transformé en Comité révolutionnaire du quartier d'El Clot, dans la rue Internationale, lieu jusque-là occupé par l'Athénée libertaire de ce même quartier. J'y rencontrai de nombreux visages connus et nous nous racontâmes ce que nous avions vécu, chacun selon le rôle qu'il avait joué dans la fièvre de cette geste collective.[/FONT]
    [FONT=Times New Roman, Times, serif]
    [/FONT]
    [FONT=Times New Roman, Times, serif]Fourbu, les nerfs à vif, au milieu du remue-ménage suscité par la répartition des tâches de garde et de vigilance sur les diverses barricades du quartier, je me laissai tomber sur un matelas et sombrai dans le sommeil.[/FONT]
    [FONT=Times New Roman, Times, serif]
    [/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Extrait de Guerre d'Espagne (Edition Hazan -Lumière)[/FONT][FONT=Times New Roman, Times, serif] [/FONT]
    [​IMG] [FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Abel Paz
    Il rejoint rapidement la Colonne Durruti. Après 1939, il reste en espagne et participe à la guérilla anti-franquiste.
    Il passera onze années en prison.
    [/FONT]
     
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