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Iran : manifestations contre le régime

Discussion dans 'Luttes Internationales' créé par Ungovernable, 14 Février 2011.

  1. Le vent de contestation qui souffle au Moyen-Orient gagne l'Iran. Une vaste manifestation était prévue près de la place Azadi (Liberté) à Téhéran. Il s'agit officiellement de soutenir les mouvements démocratiques en marche dans les autres pays arabes. Mais le régime en place se sent menacé. Le rassemblement a été interdit et les forces anti-émeutes ont été mobilisées pour bloquer les manifestants. Silencieux au départ, certains manifestants ont alors commencé à crier des slogans anti-gouvernementaux, comme "mort au dictateur". Des incidents ont alors éclaté. La police a fait usage de gaz lacrymogènes et de billes de "paintball" pour disperser la foule. Les forces de sécurité ont arrêté plusieurs dizaines de manifestants.




    « Mort au dictateur ! » ont scandé les contestataires qui ont brûlédes bennes à ordures, lundi à Téhéran. Crédits photo : AP/AP
    Des manifestations ont été durement réprimées lundi par le pouvoir, qui craint la contagion égyptienne.

    Pari tenu. Après plus d'un an de silence, les insoumis de Téhéran ont osé reprendre, lundi, le chemin de la contestation. Rassemblés par grappes éparses -pour tenter de contourner les cordons sécuritaires déployés à travers la capitale -, ils sont plusieurs milliers à s'être déplacés, à pied ou en voiture, de la place Imam Hossein à la place Azadi (Liberté), dans l'ouest de la capitale. Dans les contre-allées, à l'abri du regard des officiers de police, les plus enhardis se sont même risqués à crier quelques slogans. «Mort au dictateur !» ou encore «Libérez les prisonniers politiques !», peut-on entendre sur quelques vidéos d'amateurs transmises au Figaro . Une jeune femme, présente sur les lieux, raconte avoir également noté de nouveaux slogans, inspirés des révoltes du monde arabe, comme «Moubarak ! Ben Ali ! Nobaté Seyed Ali !» («Moubarak ! Ben Ali ! Au tour de Seyed Ali» - en référence à Ali Khamenei, le guide suprême).

    Sur d'autres images, en provenance de villes de province - Ispahan, Tabriz, Kermanchah -, on peut voir les manifestants faire le v de la victoire, les doigts tendus vers le ciel. Une victoire qui reste néanmoins relative. En fin d'après-midi, les rassemblements pacifiques ont viré, dans plusieurs endroits, en accrochages entre manifestants et forces de l'ordre. Ces dernières ont chargé la foule avec du gaz lacrymogène. Les contestataires, eux, ont brûlé des bennes à ordures renversées sur la chaussée. Plusieurs blessés ont été signalés des deux côtés. «On s'attend à des clashs pendant la nuit», prévenait, en fin de journée, Arash, un manifestant joint par téléphone.

    Officiellement, la manifestation, lancée à l'initiative des deux principaux leaders de l'opposition, Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, avait pour objectif de «soutenir la lutte des peuples égyptien et tunisien» contre la «dictature», en saisissant au pied de la lettre les discours anti-Moubarak du pouvoir iranien. Officieusement, il s'agissait d'une journée «test» pour la dissidence iranienne, largement fragilisée par une répression sans merci. Depuis plusieurs mois, la «vague verte» née de la contestation postélectorale de juin 2009 - et dont l'activisme, à travers Facebook, Twitter et YouTube inspira les résistants tunisiens et égyptiens - peine à se ressaisir. L'expulsion de nombreux étudiants de l'université, l'arrestation de milliers de manifestants, la condamnation de journalistes et dissidents à de lourdes peines de prison - voire à la pendaison pour certains - ont rendu quasi impossible toute nouvelle forme de mobilisation.

    «Un nouveau départ»

    En fin de semaine dernière, l'étau s'était resserré d'un cran avec l'interpellation d'une vingtaine de personnes proches des ténors de l'opposition et le brouillage stratégique des programmes en persan de la chaîne britannique BBC - très regardés par les jeunes. Lundi, Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi ont même été empêchés de sortir de chez eux par des agents en civil. Craignant une contagion venant d'Égypte, les autorités avaient fait couper leurs lignes téléphoniques. Contactés sur place, plusieurs manifestants ont également fait part de leurs craintes d'être convoqués par les services de renseignements dans les jours à venir. «Mais ça valait quand même le coup d'aller manifester», précise l'un d'entre eux, qui y voit «un nouveau départ». Pourtant, il sait que les obstacles au changement sont encore très nombreux. Selon lui, on ne peut pas comparer l'Iran à l'Égypte ou à la Tunisie. «Les Tunisiens ont eu la chance d'avoir l'armée de leur côté. Ici, ce n'est pas le cas. Et puis, en Tunisie comme en Égypte, les couches défavorisées ont joué un grand rôle dans les manifestations. En Iran, le mouvement vert, encore très citadin, devrait en tirer des leçons pour l'avenir», dit-il.


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    L'opposition iranienne parle de dizaines d'arrestations

    publié le 14/02/2011 à 17:o9, mis à jour le 14/02/2011 à 19:34
    Des dizaines de partisans de l'opposition ont été arrêtés lundi en Iran où les forces de sécurité ont été massivement déployées pour empêcher des rassemblements de soutien aux soulèvements en Egypte et en Tunisie, a-t-on appris auprès de l'opposition.

    A Téhéran, où les forces de l'ordre ont eu recours aux gaz lacrymogènes, plusieurs dizaines de manifestants ont été interpellés alors qu'ils tentaient de gagner la grande place Azadi (Liberté) malgré l'interdiction des autorités, rapporte le site internet de l'opposant Mirhossein Moussavi.

    "Des témoins disent que dans certains quartiers de Téhéran, les forces de sécurité ont arrêté des dizaines de manifestants", indique Kaleme.

    A Ispahan, la troisième ville du pays, des incidents ont également éclaté entre les forces de sécurité et les opposants au régime qui défiaient eux aussi l'interdiction des autorités.

    "Il y a eu des affrontements entre les forces de sécurité et des manifestants à Ispahan, et plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtés", a dit un témoin joint par téléphone dans cette ville du centre de l'Iran.

    Cette journée de mobilisation constituait un test pour l'opposition réformiste iranienne, qui n'était plus descendue dans les rues depuis un rassemblement marqué par la mort de huit personnes en décembre 2009.

    Policiers en tenue antiémeutes, forces de sécurité déployées autour des principales places de la ville, miliciens à moto: à Téhéran, les autorités avaient déployé d'importants moyens de sécurité pour mettre en échec les projets de l'opposition.

    Des incidents limités ont été signalés en plusieurs endroits de la mégalopole aux 12 millions d'habitants, où le réseau de téléphonie mobile avait été coupé dans les quartiers entourant la place Azadi.

    C'est là que les dirigeants de l'opposition Mirhossein Moussavi et Mehdi Karoubi avaient appelé leurs partisans à se regrouper malgré les mises en garde des autorités contre toute "crise de sécurité" en cas de relance des manifestations antigouvernementales qui s'étaient multipliées à l'issue de l'élection présidentielle controversée de juin 2009.

    Joint par Reuters, un témoin a parlé de plusieurs milliers de manifestants tentant de rallier la place Azadi. "Mort au dictateur", scandaient certains d'entre eux tandis que d'autres avaient choisi, eux, de défiler en silence.

    Un autre témoin a rapporté que des voitures de police dont l'intérieur était dissimulé par des rideaux noirs étaient garées près de la prison Evin.

    Mirhossein Moussavi et Mehdi Karoubi, dont les domiciles étaient encerclés par les forces de sécurité, n'ont pu participer à la marche dans Téhéran, ont dit leurs entourages.

    "Mirhossein Moussavi et Zahra Rahnavard (son épouse-NDLR) essaient toujours de quitter leur maison pour se joindre aux manifestants mais les forces de sécurité les en empêchent", écrivait en fin d'après-midi le site Kaleme. Les téléphones fixe et portable de l'opposant sont restés coupés.

    L'ayatollah Ali Khamenei, "guide suprême" de la révolution iranienne, a qualifié les soulèvements en Egypte et en Tunisie de "réveil islamique" similaire à la révolution de 1979 en Iran qui a renversé le chah.

    Mais l'opposition y voit davantage de similitudes avec les manifestations qu'elle a organisées après l'élection de juin 2009, selon elle entachée de fraudes en faveur du président Mahmoud Ahmadinejad.

    Le président turc Abdullah Gül, dont la visite à Téhéran coïncidait avec cette tentative de mobilisation, a invité les dirigeants des pays du Moyen-Orient à écouter les revendications de leurs peuples, sans toutefois faire allusion directement à l'Iran.

    "Nous voyons que parfois, quand les dirigeants ne prêtent pas attention aux exigences de leurs nations, ce sont les peuples qui prennent l'initiative pour obtenir satisfaction", a-t-il dit.







    Les États-Unis créent un compte Twitter pour s'adresser aux Iraniens

    Le département d'État a commencé dimanche a écrire des micro-messages sur le site Twitter en persan pour s'adresser aux Iraniens, en insistant sur la nécessité que Téhéran laisse sa population manifester pacifiquement et librement comme en Égypte.

    Au moment de lancer ce nouveau compte Twitter, USAdarFarsi, les États-Unis évoquent «le rôle historique» que les médias sociaux jouent chez les Iraniens. «Nous voulons vous rejoindre, dans vos conversations au quotidien», est-il écrit dans ce message.

    Les États-Unis ont aussi accusé dimanche les autorités iraniennes de faire preuve d'hypocrisie en saluant la révolte égyptienne tout en interdisant les défilés anti-gouvernementaux en Iran.

    «L'Iran a montré qu'il saluait les Égyptiens pour leur action mais qu'il jugeait illégal et illégitime ce type de comportement quand il s'agissait de son propre peuple», est-il écrit dans un des trois messages qui avaient été mis en ligne lundi matin.

    «Les États-Unis appellent l'Iran à autoriser son peuple à profiter des mêmes droits universels, à se rassembler et à manifester pacifiquement qu'au Caire», est-il écrit dans un autre message.

    En Iran lundi plusieurs milliers de personnes tentaient de se rassembler en différents points du centre de Téhéran, alors que la police et les forces anti-émeutes largement déployées essayaient de les en empêcher, selon des témoins et plusieurs sites d'opposition.

    Le persan est la langue officielle en Iran et une des langues officielles en Afghanistan et au Tadjikistan.
     
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