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Actualité militante Habitats autogérés et immeubles coopératifs, un remède à la crise immobilière

Discussion dans 'Webzine - actualité des luttes et partage d'articles de presse' créé par Ungovernable, 22 Août 2011.

  1. Et si pour échapper au marché spéculatif de l’immobilier, les habitants se regroupaient en coopérative ? C’est le pari que font une partie des Berlinois face à l’envolée des prix des loyers. Parce qu’il est de moins en moins facile de se loger dans la capitale allemande, des coopératives investissent dans des constructions communautaires accessibles aux habitants qui ne disposent pas d’apport financier. Des projets qui proposent une alternative à la propriété individuelle.


    David Scheller, 32 ans, en avait assez des « relations de pouvoir » avec ses propriétaires, du loyer doublé après le changement du système de chauffage, d’un mode de logement « où l’on ne peut rien déterminer soi-même ». Il s’est lancé dans un projet d’habitation autogérée avec un groupe d’amis et de connaissances. « Nous avons longtemps discuté pour savoir si nous voulions devenir propriétaires ou pas. La majorité s’est vite prononcée contre. Le principe de la propriété collective du Mietshäuser Syndikat nous a donc beaucoup intéressés. » Le Mietshäuser Syndikat, syndicat des maisons en location, s’est créé au début des années 1990. L’organisation regroupe aujourd’hui plus de 50 projets, soit environ 1.200 habitants. Une vingtaine d’autres est en cours.

    Le principe ? Chaque groupe d’habitants forme une société à responsabilité limitée (SARL) indépendante, propriétaire de l’immeuble. Ils louent ensuite leur logement à cette société, aussi longtemps qu’ils le veulent. La SARL ne peut pas expulser ses locataires. Ces sociétés ont chacune deux associés : l’association des habitants de l’immeuble et le Mietshäuser Syndikat. Cette structure permet une autogestion quasi-totale des maisons. Le syndicat ne s’en mêle que sur un point : la propriété. « Le principe est de retirer les immeubles du marché immobilier, explique Julian Benz, conseiller bénévole pour le syndicat à Berlin. Les maisons ne peuvent pas être vendues, même si tous les habitants le souhaitent. Le syndicat a droit de veto sur cette question. »

    Des crédits directs en guise d’apport

    Autre spécificité : le financement des projets. « Dans une coopérative classique, il faut toujours un capital de départ », regrette David Scheller. Or, le jeune homme ne possède pas d’économies, tout comme les autres membres du groupe. Mais le Mietshäuser Syndikat s’appuie sur un fonctionnement différent. Outre les prêts accordés par des banques, souvent à vocation sociale, la capital est apporté par des crédits dits « directs ». « L’origine des créditeurs est très différente selon la structure sociale des groupes, indique Julian Benz. Ce sont les habitants eux-mêmes, des amis, la famille, d’autres projets membre du syndicat ou des fondations. » Des contrats sont établis pour chaque crédit direct. « Mais le syndicat ne peut pas garantir le remboursement. Sinon, il nous faudrait une licence bancaire. » Le système marche donc sur la confiance et la solidarité. Car chaque locataire d’une maison membre paie une cotisation sur son loyer pour soutenir les nouveaux groupes d’habitation. Le montant ? À partir de 10 centimes d’euro par m2. « Elle augmente doucement au fur et à mesure des années, mais sa hausse est limitée : le loyer ne doit pas dépasser 80% du loyer habituel dans la zone, précise le conseiller. La plupart du temps, ils restent largement en dessous. »

    Reste que les immeubles vides sont de plus en plus rares à Berlin. « Ça devient vraiment difficile d’en trouver, surtout à l’intérieur des limites du périphérique. Nous avons cherché un bâtiment pendant un an, sans aucun résultat, témoigne David Scheller. Les investisseurs passent toujours devant. Ils sont plus rapides, avec plus de liquidités. Nous avions un peu perdu espoir au bout d’un moment. Et puis le syndicat nous a parlé d’un terrain libre et proposé un projet de construction neuve pour 20 habitants. » Le terrain de 800 m2 est situé dans le quartier très prisé de Prenzlauer Berg, dans le nord de la ville. « Nous avions le projet d’un immeuble neuf mais au coût de construction très bas », signale Oliver Clemens, l’architecte du projet. Soit 1.000 euros/m2, tout compris. « C’est très peu. Mais les standards sont différents sur des habitations communautaires. Il ne faut pas autant de pièces séparées, pas autant de salles de bains, tout ça aide à économiser. »

    Un loyer bon marché

    Il a fallu six mois avant que le syndicat n’accepte le projet. « Il trouvait ça risqué », rapporte l’architecte. L’une des SARL membres a fait faillite l’année dernière, la première fois depuis 20 ans d’existence. Le bâtiment était classé monument historique. « Les coûts de rénovation ont augmenté largement au-delà de ce qui était viable », souligne Julian Benz. Or, un projet en dépôt de bilan, c’est un immeuble revendu aux enchères judiciaires, des habitants sans logement, et, sur ce cas-là, quelques centaines de milliers d’euros de crédits directs envolés. « Nous allons essayer de rembourser les créditeurs grâce au fond de transfert solidaire, mais nous ne pouvons pas le garantir », insiste le bénévole.

    Finalement, le syndicat a acheté le terrain de Prenzlauer Berg en novembre pour 240.000 euros. Le coût global de la construction tourne autour d’un million d’euros. La banque sociale Gemeinschaftsbank (GLS) a prêté 640.000 euros. Et le groupe a recueilli 345.000 euros de crédits directs, à des taux de 0% à 3%. « Qu’on puisse collecter autant d’argent en six mois nous a impressionnés », se souvient le futur locataire. Un groupement de projets d’habitations a accordé à lui seul un crédit de 100.000 euros. Une fois la maison construite, le loyer moyen sera de 300 euros par mois et par habitant, charges et chauffage compris, soit entre 7 et 8 euros le m2. « C’est bon marché pour du logement neuf, fait remarquer Oliver Clemens.

    Quatre salles de bains, une bibliothèque, des manifestations publiques

    Les habitants ont participé à la conception de leur maison. Les membres du groupe, 15 aujourd’hui, ont travaillé pendant six mois avec les architectes Oliver Clemens et Robert Burghardt. « Nous avons d’abord mis au clair nos principes de vie en commun, raconte le jeune homme. Ensuite, nous les avons traduits en architecture. » « Au début, le groupe avait une vision très radicale de la communauté, relève Oliver Clemens. Par exemple, il voulait une seule grande cuisine. Finalement, il est apparu qu’il fallait un peu de hiérarchie dans le bâtiment. Nous avons opté pour une grande et quatre petites cuisines, pour les mangeurs de viande, les chats, les fumeurs, et pour se retrouver avec quelques amis. » L’immeuble, qui s’étend sur deux étages et des combles aménagés, comptera aussi quatre salles de bains et une petite bibliothèque. Toutes les pièces hors parties communes auront la même taille : 16 m2. « C’est petit, mais au total, la surface par habitant sera de 37 m2 », détaille l’architecte.

    Les pièces des combles, une grande salle, un bar, voire un atelier, seront ouvertes au public pour des manifestations associatives. Un escalier extérieur y mènera sans passer par les appartements. « Nous voulons nous ouvrir sur le quartier, y organiser des projets, confirme le futur habitant. En interne, les provisions seront communes. Et nous réfléchissons à différencier les loyers selon les revenus. » La construction prévoit aussi un standard énergétique basse consommation, avec en plus un chauffe-eau solaire et un système de récupération de l’eau de pluie. Les travaux doivent commencer cet été, pour une livraison au printemps 2012.

    20% de logements réservés à la location

    Un peu plus au sud de la ville, au bord de la Spree, la rivière qui traverse la capitale allemande, un autre projet de construction coopérative se prépare. Trois bâtiments devraient s’élever dans deux ans entre un ancien bâtiment industriel et un nouvel immeuble de bureaux, en plein centre de Berlin. Ils abriteront l’équivalent de 60 logements. La construction coûte deux fois plus cher que pour le projet du Mietshäuser Syndikat, soit 2.000 euros/m2. Mais 80% des membres de la coopérative financeront, avec leur apport, 12 appartements réservés à des locataires sans capital. Ceux-ci devront juste participer à hauteur de 1.000 euros. Ils jouiront cependant du même droit de bail à vie que leurs voisins, qu’ils pourront également transmettre à leurs enfants. Ils profiteront aussi du même droit de vote, soit une voix par habitant, quels que soient la taille de l’appartement ou le montant de l’apport personnel, comme c’est la règle dans une coopérative.

    « Nous avons déjà cédé huit appartements », indique Christian Schöningh, architecte et membre de l’équipe du projet. Chaque acquéreur d’un bail sur un appartement paie entre 1.700 euro et 2.400 euros/m2 selon la situation du logement, et 5% en plus pour financer les 12 logements locatifs [1].

    Surfaces commerciales et jardins partagés

    « Cela ne décourage personne, parce que la situation du terrain est exceptionnelle. Quoi que nous fassions, les gens viendraient quand même, poursuit Christian Schöningh. Ce qui effraie certains au début, c’est plutôt d’abandonner la propriété pour ce bail à vie, même si en pratique, c’est très semblable. » Puisque les membres de la coopérative peuvent vendre leur bail. « Mais ce modèle a l’avantage de concentrer l’intérêt sur l’utilisation des lieux plutôt que de rester fixer sur le bien immobilier. » Les locataires paieront entre 640 et 720 euros pour un appartement de 80 m2, charges et chauffage compris. « Ce n’est pas tellement bon marché pour Berlin pour l’instant, mais ça le sera en 2020. »

    La coopérative a acheté le terrain en décembre 2010. Les 7.500 m2 appartenaient jusqu’ici à l’État, mais n’étaient pas viabilisés. Avant de construire, il faut donc relier la parcelle à la rue, au réseau d’eau et d’électricité. 3.000 m2 doivent rester non-bâtis et devenir publics, avec des chemins vers la Spree. La coopérative envisage aussi des jardins partagés. Et les 1.200 m2 de rez-de-chaussée doivent « demeurer urbains », selon le développeur du projet. Une partie accueillera des surfaces commerciales ou professionnelles, également sous forme de location ou de bail à vie. Le reste est ouvert. « Il est déjà certain qu’un espace sera réservé aux enfants, même si nous ne savons pas encore sous quelle forme. Tout ça est très flexible, tout comme pour les logements. Si un couple avec enfants s’installe aujourd’hui dans un appartement de 100 m2, mais souhaite déménager dans plus petit quand les enfants partiront, la structure de notre coopérative le permet. »
     
  2. MisterRed
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    MisterRed PRAVDA PUNK TERROR Comité auto-gestion Membre actif

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    Juil 2011
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    On devrait faire la même chose à Paris...
     
  3. jeunevoleur
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    jeunevoleur Membre du forum Membre actif

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    Mar 2008
    Mais quelle charmante idée! Prenons le relais de l'état social puisqu'il se délite, Autogérons la merde en SARL, le pq sera gratuit pour tous.
     
  4. MisterRed
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    MisterRed PRAVDA PUNK TERROR Comité auto-gestion Membre actif

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    Juil 2011
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    tu peux approfondir s'il te plait?
     
  5. julejim
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    julejim Nouveau membre

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    Sept 2008
  6. anarchiste
    Il y a un projet en cours assez comparable sur Montreuil.

    C'est sûr que c'est toujours mieux que les fonctionnements "classiques", mais il ne s'agit que d'un palliatif, et je vois difficilement comment ça peut devenir un modèle global. Pour la minorité qui en profite, c'est pas inintéressant (on est quand même très proche de l'idée du phalanstère et de la cité ouvrière), mais ça ne s'adresse directement qu'à des personnes ayant déjà les moyens de se payer un logement, on y gagne sur le mode de vie, sur la cohésion sociale, la solidarité pas sur le plan d'un coup porté au boursicottage immobilier, sur le plan de l'autonomie ou encore sur la défense d'intérêt de classe.

    C'est de l'aménagement et ça me fait penser au "capitalisme à visage humain", une façon de maintenir la paix social. Personnellement je rejette pas l'idée, je la trouve plutôt sympa mais sur un plan purement militant c'est loin d'être la panacée, l'état est finalement toujours dans le coup.
     
  7. Sullivan
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    Sullivan Glandeur rêveur Membre actif

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    Sept 2008
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  8. libertaire
    Je pense avoir un peu cerné le point de vue de Surlazone (quel modestie de ma part hein xD), et je le partage au moins en partie, donc je me permet de te répondre :

    En gros le problème est le même que pour les élections, les mouvements sociaux type "défense des retraites", l'antifascisme (ok celui c'est pour te taquiner gentiment, mais c'est pas non plus totalement infondé^^)..Etc : c'est quasiment du réformisme, et ça "éloigne" de la Révolution hypothétique, parce que ça aménage le système, ça le nourrit en lui donnant d'autre forme, ça amortit ses chocs..etc.
    Donc en posant des "alternatives" aux problèmes du système, mais qui restent elles-même dans celui-ci, au lieu de le combattre, on le renforce.
    Je sais pas si je suis super explicite désolé.


    Un peu comme ça en fait ^^
     
  9. jeunevoleur
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    jeunevoleur Membre du forum Membre actif

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    Mar 2008
    Deux messages intelligents, clairs et construits à la suite, je ne te reconnais plus resistance!
     
  10. jeunevoleur
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    jeunevoleur Membre du forum Membre actif

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    Mar 2008
    Manquerait plus que ça!!!!!
     
  11. Mamelon
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    Mamelon résistant Membre actif

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    Oct 2005
    Les coopératives d'habitation existent un peu partout dans le monde. De ce que je sais, à Montréal, dans la plupart des coopératives il y a des logements sociaux ou les gens ne paient pas plus 25% de leur revenu, mais participent autant que les autres aux tâches: finances, entretien, ménage, réparation, comité bon voisinage conseil d'admninistration, etc. Les décisions importantes sont prises lors de réunions de membres et le CA peut-être révoqué.

    Peu importe que tu aies accès au logement à prix modique ou non, que tu aies une famille de 5 enfants etc, le prix du loyer est généralement en bas de celui du marché privé puisque le loyer ne va pas dans les poches d'un proprio privé mais dans le budget de la coop, que ce soit pour l'entretien, les travaux majeurs ou pour l'expansion de la coop.

    En quoi est-ce du capitalisme?
     
    Dernière édition par un modérateur: 26 Août 2011
  12. jeunevoleur
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    jeunevoleur Membre du forum Membre actif

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    Mar 2008
    Je vais pas me contenter des quelques mots avec lesquels tu décris ce qu'est ce projet, mais c'est très révélateur.



    Ainsi d'après toi cette coopérative de promoteur immobilier n'est pas capitaliste pour les raisons suivantes :

    - logement sociaux,
    - loyers modérés en dessous de ceux du marché (encore faut-il que le marché ne s'effondre pas, sinon ils auront des prix supérieurs)
    - autogestion
    - bénéfices reversé à la coop qui serviront à l'entretien, rénovation, "expansion" (en clair, l'achat d'autres biens immobilier) .


    Je passerai rapidement les arguments sur les logements sociaux, les loyers en dessous du marché puisque ce sont déjà des choses courantes chez les bailleurs privés ou sociaux.

    Reste donc l'autogestion de la coopérative. Cette coopérative est actrice sur le marché de l'immobilier, elle investit des fonds pour acheter des biens. Ces biens immobilier elle les loue pour avoir un retour sur investissement. C'est un des principe économique de base du capitalisme, derrière l'on peut toujours à la manière des banques équitables, ou du fayrtrade faire valoir des arguments d'ordre humaniste, éthiques, cela ne change rien au cadre social et économique.
    En l’occurrence dans l'exemple donné ces fonds serviront à l'entretien ou l'achat d'autres biens par la coopérative. Ils ne profiteront pas à un investisseur privé comme tu le dit mais à une coopérative d'investisseur, qui devra faire le choix de leurs utilisations (amélioration de leur cadre de vie ou nouvel investissement qui permettra encore de nouveaux profits)

    C'est très proche dans le principe des coopératives ouvrières, qui sont en fait des entreprises gérés par les ouvriers qui fonctionnent totalement sur le modèle capitaliste puisqu'elles sont sur le marché, qu'elles utilisent le travail humain pour faire des profits. Et supprimer la case patron ne supprime en aucun cas le capitalisme, ce n'est pas parce que les profits sont distribués équitablement et non à un seul qu'une coopérative ne serait pas capitailste.

    La coopérative de promoteurs immobilier, elle, n'utilise pas directement le travail humain, mais l'argent (ce qui est en gros la même chose) pour réaliser des profits. Ne pas passer par la case d'un entrepreneur privé ne supprime pas par enchantement le capitalisme. C'est juste un modèle de gestion différente d'une entreprise/société.

    Le but d'une coopérative et donc de tenter d'améliorer les conditions d'exploitation de ses membres. Ainsi chacun devient responsable de sa propre misère et de celle de son camarade, les ouvriers, locataires se devant désormais d'effectuer les tâches qui incombent au patron/propriétaire et de s'auto-exploiter, de s'auto-soumettre aux conditions du marché.

    Nous sommes là dans des tentatives de pallier au déficit social des états, ou encore dans des tentatives de moralisation du capitalisme (ce que juleetjim appelle improprement le capitalisme à visage humain)
     
    Dernière édition par un modérateur: 26 Août 2011
  13. Mamelon
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    Mamelon résistant Membre actif

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    Oct 2005
    Je ne parle pas de coopérative de promoteurs immobiliers ici mais de coopérative d'habitation.

    À la différence d'investisseurs, une coopérative d'habitation est un organisme à but non-lucratif, dont le but est surtout que les personnes y habitant (les membres) puissent se loger dans un endroit décent de façon abordable. Il n'est pas question ici de logique de profit (donc d'argent accumulée suite à des risques pris). La coopérative est "propriétaire"(au sens légal).

    Puisque les matériaux ne sont pas gratuits, ni la main-d'oeuvre, il faut mettre de côté de l'argent pour rénover. Je ne connais pas beaucoup le milieu squatteur mais il me semble que les personnes habitant les squat doivent à un moment chercher du financement pour entretenir le bâtiment ou encore créer des projets. Des concerts et autres activités sont alors organisés, avec une demande de contribution. Bien souvent, ce sont aussi les acteurs mêmes du projet qui déboursent de leur poche pour le garder en vie.

    Je me serais plutôt attendu à des critiques du légalisme.
     
  14. jeunevoleur
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    jeunevoleur Membre du forum Membre actif

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    Mar 2008
    Le milieu des squatteurs est bien trop disparate pour que l'on puisse faire des généralités. Sinon en effet certains squats fonctionnent comme tu le décris, d'autres très différemment.


    A but non lucratif veut simplement dire que l'ensemble des bénéfices devra être réinvesti et non pas directement versé sur le compte en banques des "membres".

    Reste donc l'autogestion de la coopérative. Cette coopérative est actrice sur le marché de l'immobilier, elle investit des fonds pour acheter des biens. Ces biens immobilier elle les loue pour avoir (car c'est une nécessité pour sa pérennité) un retour sur investissement. C'est un des principe économique de base du capitalisme, derrière l'on peut toujours à la manière des banques équitables, ou du fayrtrade faire valoir des arguments d'ordre humaniste, éthiques, cela ne change rien au cadre social et économique. Le but d'une coopérative et donc de tenter d'améliorer les conditions d'exploitation de ses membres. Ainsi chacun devient responsable de sa propre misère et de celle de son camarade, les ouvriers, locataires se devant désormais d'effectuer les tâches qui incombent au patron/propriétaire et de s'auto-exploiter, de s'auto-soumettre aux conditions du marché.

    C'est en effet de l'autogestion pure et simple au même titre que les coopérative ouvrière. Qu'est-ce que l'autogestion sinon la gestion du capitalisme par les prolétaires?

    Je ne vois pas en quoi critiquer le légalisme d'une coopérative à le moindre intérêt. L'on peut critiquer le légalisme au sein de luttes, de mouvements sociaux qui se posent comme des ruptures d'avec le vieux monde, mais le légalisme d'une entreprise de gestion de ce monde cela n'a pas de sens. Elle est forcément légaliste.
     
    Dernière édition par un modérateur: 26 Août 2011
  15. jeunevoleur
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    jeunevoleur Membre du forum Membre actif

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    Mar 2008
  16. Skh
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    Skh Colonne Vertébrale Membre actif

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    Nov 2010
  17. libertaire, internationaliste, auto-gestionnaire
    Je partage le point de vue de Surlazone en ce qui concerne les coops ouvrières ou plus généralement tout ce qui touche au travail et à la production. On se contente de virer le patron et on gère nous-même les logiques marchandes et productivistes, en entretenant notre propre salariat, nos propre besoins etc... Tout ce merdier capitaliste a commencé quand certains n'ont plus eu que leur force de travail à vendre, or du salariat autogéré reste du salariat, on reste dans la même logique.

    Mais là on parle de logement, ce système n'entretient rien dans la logique capitaliste il me semble. Personne ne se fait de gras là dessus, et quand on y pense le retour sur investissement (et éventuellement le profit) permet au groupement de retirer autant de logement du marché immobilier, et donc retiré des logiques marchandes. Ce retour est fictif, en fin de compte ce sont les gens qui réquisitionnent d'une certaines manière les logements, avec la garantie qu'ils ne retourneront pas de nouveau engraisser les entrepreneurs immobiliers. On pourrait même se dire, lorsqu'à un moment donné la SARL se cantonne à rentrer dans ses frais et rien de plus, que ces gens ont mis en commun X logements pour X personnes, logements qui n'ont alors ni besoin de propriétaire, ni besoin d'être loués.
     
  18. jeunevoleur
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    jeunevoleur Membre du forum Membre actif

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    Mar 2008
    Et en quoi sont-ils retiré du marché immobilier? Les biens sont d'abord achetés puis loués (on est bien au contraire en plein dans le marché et le capital par l'appropriation). A la limite tu pourrais dire que c'est un marché de niche. Une niche économique c'est un segment du marché pas assez profitable pour intéresser les gros investisseurs. Or le capitalisme à une offre pour chacun du plus pauvre au plus riche, puisqu'il y a partout du fric à faire circuler, même chez les plus miséreux.
    Je ne vois aucune différence notable d'avec les coopératives ouvrières. Ici forcément le profit (puisque profit il y a sinon le système n'est pas viable) ne vient pas du salariat mais d'un capital immobilier acheté soit au comptant soit avec des prêt "sociaux"!!!!!!!

    C'est quand même clair, non?



    "Quoiqu’ils en disent, les partisans de l’autogestion ne s’inscrivent pas dans la perspective de destruction du monde de la marchandise, le gestionnisme n’est rien d’autre que la gestion de la société capitaliste par les producteurs eux-mêmes. Pourtant force est de constater que ce mode d’exploitation de la force de travail sous une forme pseudo-libérée se présente aujourd’hui avec une évidence aberrante comme la voie à suivre pour s’acheminer progressivement vers une ère nouvelle, celle du socialisme, du communisme, d’un monde sans classe. Cela, c’est le discours. Lisse, séduisant, creux… La réalité rattrape vite ces bonimenteurs, car leur mince couche de vernis sur la vieille machinerie capitaliste ne peut pas faire illusion bien longtemps. Tout cela revient à rêver d’une société capitaliste pure, sans ses contradictions, sans misère ni exploitation, sans ces "détails" que l’on pourrait gommer par une gestion différente. Dans le fond, ils ne remettent en cause aucun des fondements mêmes de cette société : Ni le marché (où sont achetées les marchandises nécessaires au processus productif et où est vendue la marchandise finale à la valeur déterminée par ce même marché), ni l’ensemble du processus productif (aussi bien dans sa finalité que dans ses aspects techniques), ni la division du travail, ni le principe de l’achat et de la vente, ni l’existence d’unités autonomes productrices de valeur (appropriation privée)."

    http://www.infokiosques.net/lire.php?id_article=805 (j'ai pas pris le temps de tout lire, c'est assez volumineux, mais ça à l'air pas mal.)
     
  19. Skh
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    Skh Colonne Vertébrale Membre actif

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  20. libertaire, internationaliste, auto-gestionnaire
    Je n'ai pas vraiment d'arguments supplémentaires concernant l'article en lui-même, mais puisqu'on parle beaucoup d'auto-gestion, je pense que tu généralises et que tu te prêtes une vision biaisée/incomplète de ce qu'on peut en attendre. Je vais pas généraliser non plus et te dire que non, aucun partisan de l'auto-gestion ne raisonne ainsi. Je vais plutôt parler de ce que moi j'y vois.

    Par autogestion déjà je n'entends pas autogestion des entreprises, des banques, du secteur immobilier, du moule capitaliste, mais plus autogestion globale de la société, de manière très très locale, indépendamment de tout organisme/institution voulant imposer son point de vue. Ça englobe le droit légitime et absolu pour des habitants d'un quartier d'organiser "leur" quartier par exemple. Si ils décident à l'unanimité d'en faire de la merde sans obliger personne à en faire autant, grand bien leur fasse. Donc c'est plus une autogestion politique et sociale qu'économique.

    Une division supplémentaire, ce qui relève de l'actuel et ce qui est hypothétique dans un contexte post-révolutionnaire.

    Là tout de suite, auto-gérer la résistance. Ne pas laisser d'institution récupérer les combats. Ne pas permettre la mise en place de nouveau maître. Décider collectivement des meilleurs moyens. Mettre en place des pratiques, proposer des choses, se réapproprier l'espace, tout ça collectivement et sans qu'une voix compte plus que l'autre.

    Dans un hypothétique contexte post-révolutionnaire ben... Loin de moi l'idée de définir comment sera la société. Mais clairement, une pratique comme celle dont on discute n'aura plus lieu d'être quand on ira supprimé la propriété individuelle. Plus besoin d'auto-gérer les entreprises non plus, entreprises en tant que moyen d'exploitation il n'y aura plus. Pour les pratiques, la réappropriation de l'espace etc, ce sera toujours d'actualité je pense. Et surtout il y aura les nouvelles pratiques économiques à mettre en place collectivement (toujours très localement, selon moi) et à "administrer" (de manière autogérée).

    On est dans un contexte où on a le choix de rien du tout. Allez si, on peut faire pousser son potager, se fabriquer ses fringues, sa maison avec l'aide de quelques voisins. Ce que proposent les auto-gestionnaire, après la révolution libertaire, c'est de faire nous-même ce qu'on fait pour nous actuellement (pas de mettre les déviants en prison non, mais gérer nos vies).


    L'auto-gestion c'est simplement le droit pris par un groupe d'individus de décider seuls pour eux, et pour eux seuls (c'est beau.) Ni plus ni moins. Après on peut parler d'auto-gestion capitaliste, mais globalement je pense que tu te plantes un peu en voyant un.e réformiste en puissance en chaque anarchiste auto-gestionnaire.

    On veut pas auto-gérer notre exploitation, on veut autogérer la société et nos vies. Si tu es opposé à ça, qu'es-tu donc ?
     
    Dernière édition par un modérateur: 27 Août 2011
  21. jeunevoleur
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    jeunevoleur Membre du forum Membre actif

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    Mar 2008
    [​IMG]

    Mouais je crois surtout que tu mélanges deux concepts l'autogestion et l'auto-organsitation que tu définis comme ça :
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    Voilà des exemples typiques de saloperies auto-gestionnaires : http://www.autogestion.coop/ le projet dont l'on parle rentre tout à fait dans ce cadre d'alternativisme. Quelques exemples sur le site "des pratiques autogestionnaires" : "Argentine : la récupération d’entreprises par leurs salariés comme alternative au chômage" (BEARKKKKKK!!!), "Comment créer votre scop vous-mêmes" "Le lycée autogéré de Paris"... Voilà vraiment des choses intéressantes, gérer une entreprise capitaliste, créer une entreprise capitaliste, gérer une école...C'est très positif pour la construction d'un rapport de force contre le capital tout ça n'est-ce pas?

    [​IMG]

    Et pour finir un extrait d'une magnifique brochure de la fédération anarchiste à propos de l'autogestion (dont ils sont les tenants) : "les coopératives seraient en relation entre elles sur la base de l’échange et de la libre concurrence et se réguleraient au moyen de pactes qui donneraient lieu à une grande fédération". Cela à comme un petit goût amer dans la bouche, non?


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    Les images illustrant mes propos sont celles des partisans de l'autogestion. Un jour tout cela sera à eux, ils en crèvent d'envie de devenir des gestionnaires, il faudra tout brûler les bureaucrates au milieu.
     
    Dernière édition par un modérateur: 27 Août 2011
  22. Skh
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    Skh Colonne Vertébrale Membre actif

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    Nov 2010
  23. libertaire, internationaliste, auto-gestionnaire
    Tu m'as sélectionné la crème là, tu trouves que ça colle à mon discours ? Admettons que ce soit la même chose. Donc tu es contre l'idée d'une société autogérée. Tu vois quel mode d'organisation ?

    EDIT : T'as laissé les images les plus plaisantes, c'est presque de la mauvaise foi. Sinon, la citation, c'est du Proudhon, le paragraphe qui la comporte est un historique de la pensée auto-gestionnaire. Et ce n'est pas cité comme une fin en soit, puisque :

    "Dans la Première Internationale, malgré la
    méfiance marxiste et grâce à l'influence des disciples de Proudhon, la
    coopérative fut acceptée non comme un moyen révolutionnaire mais comme
    des essais ouvriers pour apprendre à diriger leurs affaires et en convenant que
    cela aidait à la préparation de la classe travailleuse ainsi qu'au renforcement de
    ses liens de solidarité."

    Mais une nouvelle foi tout partisan de l'auto-gestion n'a pas mangé de la brochure ML, ce que tu dénonces me fait vomir autant que toi.
     
    Dernière édition par un modérateur: 27 Août 2011
  24. jeunevoleur
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    jeunevoleur Membre du forum Membre actif

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    Mar 2008
    Non ce n'est rien il y a bien pire :

     
  25. jeunevoleur
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    jeunevoleur Membre du forum Membre actif

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    Mar 2008
    Et encore pire :


    J'arrête là c'est plus que je ne peut en supporter.
     
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