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Banlieue Rouge (Tattou-Age)

Discussion dans 'Archive' créé par Ungovernable, 20 Mai 2007.

  1. En plus d'être le chanteur-guitariste de Banlieue Rouge, Safwan est aussi un excellent tatoueur. Entrevue réalisée à son studio pendant une scéance de tatouage, pas sur moi malheureusement.



    C'est quoi le lien entre tatoo et Punk-Rock pour toi ?


    Safwan : Peut-être l'identification de la personne, la prise de conscience de son identité. Le punk-Rock, c'est quelque chose d'assez démonstratif, le tatouage peut l'être aussi, des fois c'est très personnel. Le lien le plus direct, c'est que souvent les gens qui affectionnent l'un affectionnent
    l'autre, mais il n'y a pas vraiment de lien direct. Le tatoo est quelque chose d'ancestral, presqu'autant que la musique mais il faudrait que je réfléchisse à cette question-là.

    Qu'est-ce qui t'a amené à faire du tatoo ?


    Safwan : Tu sais que je faisais beaucoup de dessin, pour des affiches de concert, pour le groupe, etc. Et vu que j'avais de l'intérêt pour le graphisme, un moment donné j'ai découvert que le tatoo, c'était un domaine au niveau graphique, au niveau de la création dans les arts visuels qui était super ouvert et intéressant et que c'est une job très gratifiante, c'est-à-dire que tu vas faire un dessin et ça va rester. Pas juste imprimé sur un mur ou sur un logo de t-shirt ou sur un disque, mais à vie sur la personne qui le porte, c'est ça qui est le fun. C'est le fun à faire et il y a tout un côté technique qui est ben intéressant dans le tatouage. Le défi du dessin à un moment donné, si tu as envie de rester dans les mêmes paramètres de dessin que tu as, tu finis par avoir couvert un peu tout, tandis que dans le tatoo c'est jamais terminé, il y a toujours quelque chose à voir, à apprendre, à fignoler, à améliorer, à essayer. C'est ça qui m'a amené à faire du tatoo. Je me suis rendu compte que les possibilités étaient quasiment infinies, ça m'a poussé à aller voir plus loin.

    Comment as-tu commencé à tatouer ? Par plaisir ou pour en faire une profession ?

    Safwan : C'est le genre de truc que tu ne peux absolument pas faire à moitié, la vision juste pour le fun elle vient juste entre "est-ce que je veux en vivre ?" ou "Je vais en faire et je ne me soucierai pas du côté sous de l'affaire". Malheureusement pour ben du monde,faire du tatouage ça prend du bon équipement, des bons produits, l'espace qui est adapté,donc forcément un moment donné,t'es obligé de tenir compte de tout ça. Ce qui m'a intéressé à ça, c'est d'être confronté à ce milieu-là assez facilement.Les dessins que je faisais, y'avait du monde qui les montrait à d'autres, qui les faisait circuler et il y a des tatoueurs qui sont venus me voir pour me demander de leur faire des dessins. Je trouvais souvent que de la manière dont ils rendaient le dessin que moi j'avais fait, que ça pouvait être mieux, fait que je me suis dit que je pourrais essayer de le faire. Et ces gens-là m'ont dit qu'ils pensaient que j'avais les aptitudes, donc ils m'ont montré les bases qu' eux connaissaient à l'époque et depuis j'ai été un petit peu plus loin, j'ai avancé, j'ai rencontré des gens. Et cette année, j'ai eu l'occasion de voyager avec Banlieue Rouge, je suis allé en Europe et là j'en ai profité pour aller visiter des tatoueurs européens que ça faisait vraiment longtemps que je voulais rencontrer. Et qui justement étaient amateurs et qui sont venus aux concerts, ils ont bien aimé ça et ils sont bien dans cette mouvance-là.

    Depuis combien de temps est-ce que tu fait du tattouage ?


    Safwan : Ça fait environ 2 ans. J'ai eu la chance pendant ces 2 années-là, au moins pendant 1 an et demi, de tatouer sur une base régulière, c'est-à-dire que c'est mon occupation jour pour jour. Et ça, ça m'a aidé à progresser super vite. Et j'ai eu une autre chance de ne pas commencer tout seul chez moi, j'ai eu des gens pour m'épauler, pour m'empêcher de faire les erreurs qu' eux avaient fait et à ne pas aller dans une direction plutôt qu'une autre. Il y a des notions qui sont techniques, qui sont ben plattes mais nécessaires, au niveau de la stérilisation, de la fabrication des aiguilles, du micro-réglage de tes machines, la compréhension de qu'est-ce que c'est, tout le procédé, la dermatologie du tatouage. J'ai eu la chance d'avoir des gens qui me l'ont expliqué. Pas juste des traités, pas juste de la paperasse, de la théorie. Et aussi beaucoup d'amis qui m'ont dit "J'en ai un bout de peau, aweyes, vas-y, roules-moi ça". Et ça, ça m'a donné un super gros coup de main, c'est clair. Les premières personnes qui m'ont montré à tatouer m'ont pas nécessairement appris la meilleure manière, mais ils m'ont montré ce qu'ils savaient et déjà, c'est beaucoup mieux que rien.

    Qu'est-ce qui t'inspire quand tu crées tes propres dessins ? Est-ce que tu préfères le tribal ou le figuratif ?


    Safwan : Le tribal, j'aime ça créer ça parce que c'est des formes efficaces. Il y a une longue tradition, la tradition polynésienne, les Maoris, les Néo-zélandais, ça m'inspire beaucoup à ce niveau-là, mais moi ce que je vais créer, à la base, c'est ce que les gens ont catégorisé comme NEW-SCHOOL. Les gros traits bien solides, les couleurs bien flashantes. J'aime ça que ça colorbomb, que ça ressorte beaucoup. À partir de là, ce qui m'inspire, c'est les sujets classiques du tatouage et les rézumis, les tatouages japonais. Je trouve qu'ils ont des sujets et des façons d'amener leurs formes vraiment intéressantes, que je refais à la façon occidentale, parce que je suis influencé par où je vis. Mais le tatoo, c'est la personne qui vient te voir et qui te dit : "j'aimerais avoir ça". C'est cette personne qui t'amène l'imagerie, l'idée de départ et tu brodes à partir de ça, dans les paramêtres que la personne t'a donnés, ce qui est aussi un défi de mettre ta touche dans quelque chose qui n'est pas ton idée.

    Est-ce que tu crois que tu as atteint ton plein potentiel ?


    Safwan : Honnêtement,non. C'est sûr que non. C'est un petit peu cette chance qu'on voulait se donner en ouvrant notre propre studio, un studio qui suit les normes d'éthiques dans le cadre de ce qu'on voulait avoir pour travailler. Si on se donne un an et demi bien rempli comme en ce moment, on va atteindre un niveau qui s'acquiert avec l'expérience, expérimenter différentes sortes de peau, de dessin, d'endroits. On a eu la chance de se faire amis avec des tatoueurs très cotés dans le monde, parmi les meilleurs et qui méritent leurs réputations. Et on continue, on a des projets, on veut aller à San Francisco se mettre sur un plan international. Encore un an et demi et je devrais avoir atteint un bon niveau. Déjà, j'ai un niveau défendable, ce dont je n'étais pas sûr mais que j'ai pu me rendre compte en voyageant, voir ce que les autres faisaient, ailleurs que dans les magazines. Je suis content de ce que je fais, j'aime ce que je fais et les gens, en général, aiment aussi ce que je
    fais, ils partent avec le sourire et reviennent me voir avec le sourire, c'est un bon indice.