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Anarchisme pure ?

Discussion dans 'Activisme, théories et révolution sociale' créé par punkapatride, 9 Septembre 2008.

  1. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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    Jan 2009
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  2. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Bon pour ne pas ouvrir un nouveau sujet je relance celui là. J'ai discuté avec un marxiste qui m'a dit que le communisme était l'absence d'état et qu'une nation avec un état ne pouvait pas être considérer comme communiste. (Bon déjà le communisme est internationaliste donc un pays communiste serait difficilement envisageable.). Bref je voulait savoir ce que vous en pensiez.
    Si c'est vrai quelle différence avec l'anarchisme ? Différence de moyen ? (passage par la dictature du prolétariat pour le communisme, pas de passage par le pouvoir pour l'anarchisme ?)
    Différence économique ?...

    D'après ce que j'ai lu le marxisme viserait plutôt la dictature du prolétariat et une fois la propriété privée abolie, l'égalité établie... L'état tendrait de plus en plus vers sa disparition la situation où il n'existe plus étant le communisme en tant que tel. Donc ce serait de l'anarcho-communisme en gros non ?
     
  3. jeunevoleur
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    jeunevoleur Membre du forum Membre actif

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    Mar 2008

    Pour faire très simple :
    Le communisme c'est la définition de la société sans classes.
    L'anarchisme c'est le rejet du principe d'autorité.

    Les deux sont donc indissolublement liés : Une société sans classe ne peut être qu'anarchiste.
     
  4. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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    Jan 2009
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  5. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Pourquoi on les distingue alors ? Il me semblait que les communistes voulaient uniquement la suppression des classes "économiques", plus de bourgeois plus de prolétaire, tout le monde avec le même salaire. Mais un état assurant le maintient de l'économie en répartissant les richesses et en déprivatisant les entreprises... puis l'état au fur et à mesure deviendrait moins influent lorsque le peuple deviendrait plus "mature". Enfin avant ce marxiste je n'avait jamais entendu parler de suppression de l'état pour le communisme. Donc bref si le communisme est l'absence de (toutes les) classes et de l'état pourquoi on distingue communisme, anarcho-communisme et anarchisme.
     
  6. Skh
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    Skh Colonne Vertébrale Membre actif

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    Nov 2010
  7. libertaire, internationaliste, auto-gestionnaire
    - Parce que le communisme marxiste censé garder l'Etat comme moyen de transition a montré qu'il était capable de le garder pendant plusieurs décennies
    - Parce que par principe un anarchiste voudra de base détruire l'Etat avant même d'envisager la suite (ou le boycotter)
    - Parce que de nombreux anarchistes ne sont pas communistes, et que certains individualistes se reconnaissent parfaitement dans cette phrase de Brassens :
    "Sitôt qu'on est plus de quatre on est une bande de cons"

    Je suis pas spécialiste du sujet, mais pour avoir un peu lu Kropotkine, Marx parle de sujets comme "la nature humaine" pour justifier ses théories ce qui est difficilement acceptable pour un anar, même communiste.
    La communisme c'est l'absence de classes mais aussi une mise en commun des biens. Le marxisme (ou tous les courants dérivés) l'a fait par l'intermédiaire de l'Etat mais en aucun cas n'a supprimé les classes. Le communisme libertaire préconise plutôt le principe d'autogestion, ou quasi (exemple contemporain, la révolution espagnole)
     
    Dernière édition par un modérateur: 31 Mai 2011
  8. jeunevoleur
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    jeunevoleur Membre du forum Membre actif

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    Mar 2008
    Parce qu’il ne faut pas confondre communistes et communisme. Parce que vouloir le communisme cela ne veux pas toujours dire être de gauche.

    Texte présent sur infokiosques.net (dans différentes versions imprimables...)
    http://infokiosques.net/spip.php?article555

     
    Dernière édition par un modérateur: 1 Juin 2011
  9. jeunevoleur
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    jeunevoleur Membre du forum Membre actif

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    Mar 2008
    Pour faire suite à SKH :

    L’individualiste et la Société
    Par Le Retif (15 juin 1911)
    vendredi 10 juillet 2009


    Le mot société est synonyme de groupement. Aujourd’hui la plupart des hommes constituent un immense groupement, qui, quoiqu’il se subdivise en un nombre infini de sous-groupements (races, nationalités, classes sociales, groupes idéologiques), peut néanmoins être considéré comme un tout. C’est cet ensemble, cette formidable collectivité que nous désignons par ces mots : la société.


    Considérer la société comme un assemblage d’individus et lui dénier toute importance, toute vie propre, ainsi que l’ont fait certains théoriciens est simpliste, trop simpliste. C’est méconnaître la psychologie sociale, la psychologie des foules, et ce qui est plus étonnant, les résultats des observations les plus élémentaires. A la vérité l’observation nous montre et l’étude nous confirme que du fait qu’ils se trouvent rassemblés par des intérêts, des aspirations, ou des hérédités semblables, les hommes se modifient. Une psychologie nouvelle se crée, commune à tous les membres de l’association. Ils constituent désormais une foule ; et cette foule a une mentalité, une vie, une destinée distincte de celles des individus dont elle est composée.

    L’existence d’une société est donc régie par des lois aussi immuables que les lois biologiques régissant l’existence des individus.

    Maintenant posons la question : ces lois sont-elles favorables à l’individu ? Sont-elles en harmonie avec ses intérêts ?

    Dans un excellent petit Précis de Sociologie, Georges Palante a écrit :
    « Une société, une fois formée, tend à se maintenir », en vertu de quoi « toutes les énergies individuelles seront sur tous les domaines - économique, politique, juridique, moral - étroitement subordonnées à l’utilité commune. Malheur aux énergies qui ne se plient pas à cette discipline. La société les brise, ou les élimine sans hâte comme sans pitié. Elle apporte dans cette exécution le mépris le plus absolu de l’individu. Elle agit comme un instinct aveugle, irrésistible, et implacable. Elle représente sous une forme terriblement concrète cette force brutale que Schopenhauer a décrite : "La volonté de vie séparée de l’intellect".
    En dépit des utopies optimistes, toute société est et sera exploiteuse, usurpatrice, dominatrice et tyrannique. Elle l’est non par accident mais par essence. »

    Cela suffit - d’autant plus que cette « loi générale de conservation sociale » admise par presque tous les sociologues contemporains, nous la sentons tous les jours peser douloureusement sur nos épaules.

    Et si l’on y ajoute la loi de conformisme social consistant en ce que toute société organisée exige de ses membres une certaine similitude de conduite, d’allures et même d’opinions et d’idées et qui entraîne comme conséquence une loi d’élimination des individus rebelles à ce conformisme, le conflit entre l’Individu et la Société nous apparaît dans toute son ampleur.

    *

    Un coup d’œil jeté autour de nous confirmera d’une façon éclatante la conclusion à laquelle nous sommes arrivés par des voies théoriques.

    Quoi de plus inique en effet que le prétendu contrat social, au nom duquel chacun est écrasé par tous ! Tu seras ouvrier, tu seras soldat, tu seras prostituée, car les nécessités sociales l’exigent, et car un contrat que nul ne te demandera jamais d’accepter t’y oblige. Tu obéiras à la loi ; tu seras le serviteur de la tradition ; tu vivras selon l’usage et la coutume... Pourtant tradition, loi, usage te gênent, entravent ton développement, te font souffrir. Obéis, plie, abdique ! sinon tes voisins te blâmeront et te tracasseront : l’opinion publique se gaussera de toi et réclamera contre ton insolence les pires châtiments, la loi te frappera. Affamé, diffamé, honni, déshonoré, tu seras le réfractaire que l’on étrangle implacablement.

    Telle est la réalité. "Moi", je n’ai ni patrie, ni argent, ni propriété à défendre.
    Qu’importent mes intérêts à la société ? Elle a besoin de soldats ; donc, elle m’impose patrie, caserne, uniforme...

    "Moi", je ne suis plus dupe des morales surannées régissant la vie des foules ; j’aspire à aimer librement... Mais il faut au corps social des amours respectueuses de la loi et si je ne me marie pas devant le maire, la loi et l’opinion me réserveront leurs rigueurs...

    J’aime le travail. Mais je veux l’accomplir librement... Le salariat me met dans l’alternative d’être esclave, voleur, - ou de crever de faim...

    Et que l’on incrimine pas une forme d’organisation sociale - capitaliste autoritaire - plutôt que toute autre. Certes, il ne nous est pas difficile de concevoir une société incomparablement moins mauvaise, plus logique, plus intelligemment organisée. Mais en outre de ce que sa réalisation plus ou moins lointaine est une hypothèse des plus controversables, il ne faut pas nous dissimuler qu’elle présenterait toujours des graves obstacles au développement de l’individu.

    L’hypothèse d’un lendemain collectiviste nous présage une lutte féroce entre l’Etat et les quelques individualités désireuses de conserver leur autonomie. Même compris dans le sens le plus large - celui de nos camarades anarchistes-communistes - un groupement social tendra inévitablement à imposer à ses membres un seul et même credo idéologique... Ce sera encore la lutte entre l’Individu et la Société. Au lieu de lui disputer sa liberté et sa vie matérielle, il lui disputera son indépendance intellectuelle et morale. Et rien ne nous dit qu’aux Hommes de l’avenir - si cet avenir doit se réaliser - les péripéties de cette lutte ne seront aussi douloureuses que ne l’est aux hommes de ces jours la bataille pour le pain, pour l’amour, pour l’air libre !

    Dans tout groupement social l’individualiste restera un rebelle.

    *

    Parce que nous constatons l’antagonisme existant entre l’individu et la société, il ne faudrait pas nous croire insociables. A plusieurs reprises cependant, des adversaires ont cherché à créer cette confusion.

    La vie en société a des avantages, que nul d’entre nous ne songera jamais à contester. Fort bien. Mais égoïstes, désireux de vivre selon notre pensée, nous ne voulons pas accepter ses inconvénients même inéluctables. C’est un des traits caractéristiques de l’individualiste : Il ne se résigne pas, même devant ce qui est fatal.

    Si l’on entend par individu sociable celui qui ne gêne pas, ou gêne le moins possible son voisin, l’individualiste est sociable au premier chef. Par intérêt d’abord ; gêner c’est le plus souvent s’exposer à être gêné. Il laisse donc les autres vivre à leur guise, à condition toutefois qu’ils lui rendent la pareille. Il n’ignore pas les avantages de « l’association librement consentie », association temporaire de bonnes volontés, dans un but d’utilité pratique ; mais il ne veut pas non plus être dupe de l’idole Solidarité et se laisser absorber par une coterie, une chapelle ou une secte...

    S’il est fort - et nous pensons qu’il n’est pas possible de s’affirmer soi sans être fort - il est d’autant plus sociable.

    Les forts sont généreux, étant assez riches pour être prodigues : les révoltés les plus énergiques, les plus indomptables ennemis de la société, ont toujours été de grands cœurs.

    Le Rétif, dans l’anarchie N°323, 15 juin 1911.
     
  10. Skh
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    Skh Colonne Vertébrale Membre actif

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    Nov 2010
  11. libertaire, internationaliste, auto-gestionnaire
    Deux affirmations à brûle-pourpoint (les deux plus flagrantes) reposant sur une simple citation qui n'est ni un argument, ni un exemple, mais un point de vue. Difficile de savoir quels supplices une société ferait connaître à l'individu (ou pas) quand on se calque sur celle qu'on vit. Et il n'y a rien de fatal.

    Mais c'est intéressant du coup, ça faisait un moment que je voulais en discuter sans vraiment savoir sous quelle forme.

    La révolution libertaire ne devrait pas se limiter à supprimer l'Etat, les classes, les patrons et l'argent... Sinon effectivement le doux surnom d'anarcho-autonome nous irait parfaitement bien, ça ne serait rien de plus que de la politique non représentative. La communisme libertaire étant difficilement envisageable sans changement de mentalité, ce changement pourrait être poussé jusqu'à un travail sur sois pour mettre fin à toutes ces petites dominations entre individus.

    Alors certes, le droit chemin de cette hypothétique société voudra qu'on évite de tabasser son voisin et de prendre les 3/4 de la nourriture produite collectivement pour son propre compte... C'est ce genre de raisonnement (considérer que c'est une pression de la société sur l'individu) qui fait dire à certaines personnes que vivre l'anarchie est impossible. C'est qu'un exemple. Mettre fin au conformisme, libérer l'esprit des préjugés, des regards moralisateurs qu'on jète aux gens sans même s'en rendre, pour moi ça n'est qu'à ce moment là que la révolution serait achevée. Enfin je pense qu'elle le serait jamais vraiment en fait, y'aurait toujours des points de désaccord et des petits gestes collectifs qui gênent l'individu... Mais pas grand chose de comparable avec le fait d'être une marchandise. On a pas besoin d'être individualiste pour contester les codes de la société (de toute société).

    Pour faire le lien avec la discussion précédente, la communisme libertaire est aussi et surtout une forme d'organisation économique. Il nécessite un minimum de compassion entre les individus mais n'implique pas en lui-même un altruisme démesuré. On peut très bien l'imaginer dans un contexte de pression énorme du groupe sur l'individu ou au contraire organisé en très petites structures de décision de sorte d'arriver facilement au consensus tout en ayant un comportement individualiste au niveau des codes de société (qu'il n'y en ait pas en fait). Je vois pas trop en quoi tout ça serait contradictoire.
     
    Dernière édition par un modérateur: 1 Juin 2011
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