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Luttes vertes Alberta & Sables Bitumineux : des sites contaminés à jamais

Discussion dans 'Webzine - actualité des luttes et partage d'articles de presse' créé par Ungovernable, 11 Octobre 2010.

  1. D'après l'Office national de l'énergie, il faut entre 2 et 4,5 barils d'eau pour extirper un baril de pétrole des sables bitumineux. Et comme on s'en doute, l'eau ressort très polluée de ce procédé. Les eaux usées décantent ensuite dans un bassin. Sur la photo, un site d'exploitation à Fort McMurray, en Alberta.

    (Québec) «J'aimerais savoir ce qu'il va advenir de ces énormes cuves d'eau contaminée (boue) résultant de l'extraction des gaz bitumineux de Fort McMurray en Alberta? Est-ce que le nombre de cuves va augmenter aussi longtemps que l'extraction se poursuit? Le territoire concerné sera-t-il à jamais contaminé?» demande Annette Beaulieu, de Québec.

    Dans son livre Au bout du pétrole, le physicien de l'Université de Montréal explique que les sables bitumineux ne contiennent qu'environ de 10 à 13 % de pétrole par unité de volume. Pour séparer le sable de l'or noir, il faut chauffer la mixture avec du gaz naturel - ce qui rejette évidemment beaucoup de dioxyde de carbone dans l'atmosphère, mais c'est une autre histoire - afin de le rendre plus liquide et de permettre au sable de se déposer.

    Mais comme les sables bitumineux sont de piètres conducteurs de chaleur, on injecte de la vapeur d'eau dans le mélange, ce qui fait pénétrer la chaleur plus profondément et aide à désagréger les grumeaux de sable.

    D'après l'Office national de l'énergie (ONE) il faut entre 2 et 4,5 barils d'eau pour extirper un baril de pétrole des sables bitumineux. Et comme on s'en doute, l'eau ressort très, très polluée de ce procédé. En outre, lit-on dans un rapport de l'ONE daté de 2006, Canada's Oil Sands. Opportunities and Challenges to 2015, «en dépit d'un peu de recyclage, presque toute l'eau prélevée [370 millions de mètres cubes par année, N.D.L.R.] pour traiter les sables bitumineux finit dans des étangs de résidus miniers».

    Alors oui, le nombre de ces «cuves» va continuer d'augmenter. D'après les derniers estimés, ces étangs occupent maintenant une superficie d'environ 170 kilomètres carrés - ou si l'on préfère, 47 fois celle du lac Saint-Charles.

    Une fois dans un bassin, écrit le ministre de l'Environnement albertain sur son site Web, la matière en suspension dans cette eau sale et huileuse finit par décanter et «se consolider», et ainsi «former une barrière relativement étanche à l'écoulement». Mais les fuites demeurent inévitables - au point où des mécanismes de récupération doivent être prévus à l'avance.

    Ces sites resteront-ils pollués? Cela dépend à qui l'on pose la question. Les pétrolières clament qu'il est possible de les réhabiliter. Le géant Suncor a même annoncé à la fin de septembre avoir obtenu une «surface dure» dans un de ses bassins nommé Pond 1, manière de dire qu'il n'y reste plus de liquide. L'endroit a été enterré sous 50 cm de terre et des arbres y ont été plantés. Mais les contaminants qui s'étaient déposés au fond du bassin depuis sa construction, en 1967, demeurent sur place.

    De plus, dénonce l'Institut Pembina, un groupe de recherche écologiste albertain, Suncor n'est parvenu à une «surface dure» qu'en transférant des eaux usées vers d'autres bassins de décantation - ce qui revient à faire le ménage de la cuisine en balançant tout ce qui traîne dans le salon. «La réhabilitation complète des étangs de résidus miniers n'a pas été pleinement démontrée. [... La technique] en est encore à ses premiers pas, et seul le temps dira si elle fonctionne vraiment», écrit l'Institut.

    «Une allégation revient assez fréquemment dans le discours des écologistes. Il s'agit de la fameuse Île de plastique, constituée de débris et grande comme le Texas, au milieu du Pacifique. J'ai fait des recherches, et cette histoire a tout de la légende urbaine. Pas moyen d'avoir une localisation précise (... ni d'image satellite). Bien sûr ce n'est pas le Climategate, mais se serait intéressant de mettre à jour la supercherie... si supercherie il y a», nous soumet Michel Bellemare, de Québec.

    Vérification faite, il semble que les «grandes plaques de déchets» existent bel et bien, mais que l'expression «île de plastique aussi grande que le Texas», que l'on voit ici et là sur Internet, est une grossière exagération.

    À l'échelle des océans, explique l'océanographe de l'INRS Yves Gratton, les courants forment de grands circuits ronds nommés gyres. Et quand un débris arrive au centre de ces gyres, il n'y a pas de courant pour l'emporter au loin, si bien que les déchets peuvent s'y accumuler.

    Mais tout est relatif : au cours d'une campagne d'échantillonnage menée dans la «grande plaque de déchet du Pacifique Nord» en 1999, l'océanographe américain Charles J. Moore a récupéré dans ses filets (aux mailles très serrées) près de 28 000 morceaux de plastique, pour la plupart minuscule, puisque leur densité revenait à environ 5 kg par kilomètre carré d'océan.

    Les mêmes filets ont en même temps repêché cinq fois plus d'organismes planctoniques - mais ceux-ci avaient une masse sèche de seulement 0,8 kg/km2. Ces détritus étaient, pour la plupart, de minces films et des fragments. Par comparaison, d'autres campagnes similaires avaient précédemment trouvé entre 0,046 et 1,2 kg/km2 de plastique dans la même région du Pacifique.

    Selon un autre océanographe, Pierre Larouche, un spécialiste de la télédétection à l'Institut Maurice-Lamontagne, il n'est pas surprenant que l'on n'ait pas d'image satellite de ces plaques. La plupart des morceaux de plastique sont nettement plus petits (quelques millimètres) que la résolution des satellites, ils sont très peu concentrés et beaucoup surnagent légèrement sous la surface de l'eau.

    La loi de la sélection naturelle avait mis 34 ans à choisir votre chroniqueur favori, mais voilà maintenant qu'elle s'acharne sur lui. Votre humble retournera donc en congé de paternité et vous reviendra dans quelques semaines.
     
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